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22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 18:43
Rose Blanc. Brochure UFF - Antoine Porcu, Héroïques I - Femmes en résistance (Le Geai Bleu, 2006)

Rose Blanc. Brochure UFF - Antoine Porcu, Héroïques I - Femmes en résistance (Le Geai Bleu, 2006)

Rose Blanc - Documentation photographique de l'Humanité - Source: Antoine Porcu, Héroïques I - Femmes en résistance (Le Geai Bleu, 2006)

Rose Blanc - Documentation photographique de l'Humanité - Source: Antoine Porcu, Héroïques I - Femmes en résistance (Le Geai Bleu, 2006)

Antoine Porcu, Héroïques I - Femmes en résistance (Le Geai Bleu, 2006)

Rose Blanc: Catalane révolutionnaire

" Originaire de la petite ville d'Erlu dans les Pyrénées-Orientales, Rose Blanc est la cadette d'une famille d'agriculteurs. A 14 ans, elle est placée comme bonne à tout faire au domicile d'un inspecteur de police. De santé délicate, elle ne peut continuer son humble et dur travail. Il n'est pas question de retourner à la ferme. Un de ses oncles la recueille et l'inscrit à l'école Pigier. Elle obtient son diplôme de sténodactylo, ce qui lui ouvre les portes de son premier travail. 

En 1937, elle adhère à l'Union des jeunes filles de France (UJFF). Militante active, elle est élue secrétaire régionale. L'organisation de la solidarité aux républicains espagnols est une activité primordiale pour les foyes UJFF de cette région frontalière avec l'Espagne. Rose Blanc accompagne Danielle Casanova jusqu'au front de Madrid. Elles sont porteuses des fruits de la solidarité organisée dans toute la France. Lorsque les républicains espagnols vaincus se réfugient en France, Rose Blanc organise leu accueil et leur soutien. Appelée à la direction nationale de l'UJFF, Rose monte à Paris. L'exode la ramène à Perpignan en vélo, avec une machine à écrire sur le porte-bagages.  Dès son arrivée, elle s'active pour reconstituer l'organisation des Jeunes communistes dont elle assure la direction départementale. Sa mission: reconstituer l'organisation en se déplaçant de ville en ville. Marseille, Lyon et Paris sont les principales villes où Rose apporte ses qualités d'organisatrice.

A Paris, elle est logée rue Chabrières, dans le XVe arrondissement. Le travail clandestin occupe tout son temps. Elle va d'un arrondissement à l'autre, assure le contact entre les différents groupes, la répartition du matériel de propagande, les armes.

En cette année 1942, la répression policière est brutale. Son appartement est localisé. Quatre inspecteurs des Renseignements généraux se saisissent de Rose Blanc. Emprisonnée à Fresnes, remise à la Gestapo, elle est déportée à Auschwitz. Avant son départ, elle adresse une dernière lettre à ses parents: 

"Il n'y a pas à espérer une libération individuelle. Mon dossier est très chargé et les interrogatoires ont été significatifs pour la police que j'ai exaspérée par mon mutisme. Malgré les menaces, je suis restée ferme comme un roc. Quelle honte de voir les policiers français servir obséquieusement les bourreaux hitlériens. Nous rougissons pour eux et leur avons montré par notre tenue exemplaire ce que voulaient les femmes françaises. Je ne déplore pas ma vie actuelle. Bientôt le peuple de France récoltera le fruit de nos souffrances. Son bonheur sera notre meilleure récompense". 

Rose Blanc a 24 ans lorsqu'elle disparaît à Auschwitz.  

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https://legeaibleu.wordpress.com/ - Possibilité de réserver le livre dans le Finistère, deux tomes d'Héroïques d'Antoine Porcu au Geai Bleu: dupont.ismael@yahoo.fr

https://legeaibleu.wordpress.com/ - Possibilité de réserver le livre dans le Finistère, deux tomes d'Héroïques d'Antoine Porcu au Geai Bleu: dupont.ismael@yahoo.fr

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22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 16:11
Emile Fromentin: brestois, engagé dans la Marine, militant communiste à Rouen, déporté et mort à Auschwitz en août 1942

 Emile Fromentin est né le 5 décembre 1887 à Brest (Finistère) au 31 rue du Moulin. 

Il habite au moment de son arrestation au 40 rue du Rempart-Martinville à Rouen (Seine-Inférieure / Seine-Maritime), il est mécanicien-ajusteur.
Emile Fromentin est le fils de Jean, Marie, Pierre, Désiré Fromentin, 33 ans, deuxième maître magasinier de la flotte, et de Marie, Ambroisine Paul, son épouse, 20 ans.  
Conscrit de la classe 1907, Emile Fromentin signe un engagement volontaire dans la Marine, à la mairie de Brest le 11 décembre 1903. Il est incorporé aux équipages de la Flotte le même jour. Il est « apprenti marin » destiné à l’école des mécaniciens le 15 juillet mai 1904. Emile Fromentin passe au grade de matelot de 3ème classe le 5 septembre 1905. Il est vraisemblablement engagé dans la campagne de Chine (Tonkin) en 1905-1907 si l’on en croit un de ses tatouages. Il est engagé dans la campagne d’Algérie (« guerre ») du 15 février au 11 mars 1908. Il est réduit au grade d’apprenti marin le 12 juin 1908 par le conseil de discipline siégeant à bord, et envoyé à la 2ème compagnie de discipline par le conseil de discipline siégeant à bord du croiseur-cuirassé le « Du Chayla » le 26 août 1908 et dirigé sur le dépôt d’Oléron le 27 septembre 1908. Puis il est dirigé le 14 novembre sur la « portion centrale » de Biskra (i.e. portion où siège le conseil d'administration du corps et un ou plusieurs bataillon).  Il y arrive le 24 novembre 1908. Le 11 mars 1909, il est condamné par le conseil de guerre de Constantine à deux ans de prison et 15 F d’amende pour « outrage public ». Il est gracié du restant de sa peine le 9 octobre 1909 et le 9 novembre 1909 il passe à la 3ème compagnie de fusiliers de discipline (dépendant des Bataillons d'Infanterie Légère d'Afrique (BILA). Le 11 janvier 1910, il passe au 4ème Bataillon d’Afrique à Constantine. Chasseur de deuxième classe le 26 janvier 1910. Il passe dans la réserve de l’armée active le 6 novembre 1911, « certificat de bonne conduite refusé ».
Emile Fromentin épouse Julia Alphonsine Burel, le 27 janvier 1913 à la mairie de Saint-Pierre Quilbignon (rattachée à Brest en 1945). Le couple a un garçon, Eugène, qui naît le 18 décembre de cette même année à Recouvrance (faubourg de Brest). L'enfant décède le 17 mai 1917.
Emile Fromentin est « rappelé à l’activité » par le décret de mobilisation générale du 1er août 1914. Il arrive au corps le 5 août 1914. Il est alors domicilié à Bordeaux, à La Bastide, 98 avenue Thiers. S’il manque à l’appel le 30 septembre 1914, il est finalement embarqué pour le Maroc, où il est affecté à la Compagnie de marche du 11ème groupe spécial le 21 août 1917 (Oujda et Médénine). Le 21 mai 1918, il est réhabilité par la cour d’appel de Rabat et affecté à la compagnie A du Maroc Oriental. Il est « rayé des contrôles «  le 24 juillet 1918 (les Bat’ d’Af’ à Vannes) et démobilisé à Brest le 15 mars 1919.
Entre 1919, 1920 et 21 il est à plusieurs reprises arrêté et condamné en correctionnelle à des amendes et courtes peines de prison pour  « port d’arme prohibée » (Bordeaux, Le Havre). En août 1920, il habite Dunquerque au 12 rue de Nieuport.
On ignore son parcours entre 1920 et 1939. On sait seulement qu’il divorce de Julia Burel le 20 mai 1933 et qu'en 1936 il bénéficie de la carte du combattant au titre du 11ème groupe spécial.
On retrouve Émile Fromentin à Rouen en 1939 : selon les services de police, il est membre de la commission de propagande du Parti communiste pour la région et selon un rapport du 21 mars 1939, il est secrétaire de la cellule du quartier Saint-Hilaire où il habite. Pour les services de police, son épouse serait l’un des assesseurs de la cellule (sous le nom de Léa Fromentin). Comme nous savons qu'Emile est divorcé depuis 1933, il ne peut s'agir de son épouse, mais sans doute un membre de sa famille.
Les troupes allemandes entrent dans Rouen le dimanche 9 juin 1940 et au Havre, le jeudi 13 juin 1940 pendant que brûlent les bacs à pétrole de la Shell à Petit-Couronne. Après la capitulation et l’armistice du 22 juin, La Feldkommandantur 517 est installée à l’hôtel de ville de Rouen. A partir de 1941, les distributions de tracts et opérations de sabotage par la Résistance se multipliant, la répression s’intensifie à l’encontre des communistes et syndicalistes. Dès le 22 juillet 1941, le nouveau préfet régional (René Bouffet) réclame aux services de Police spéciale de Rouen une liste de militants communistes. Une liste de 159 noms lui est communiquée le 4 août 1941 avec la mention : « tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et par tous les moyens ». Ces listes, comportent la plupart du temps - outre l’état civil, l’adresse et le métier - d’éventuelles arrestations et condamnations antérieures. Elles seront communiquées à la Feldkommandantur 517, qui les utilisera au fur et à mesure des arrestations décidées pour la répression des actions de Résistance. 
Emile Fromentin est  connu des services de police, comme «communiste militant» (fiche au DAVCC), ce qui explique son arrestation, le 21 octobre 1941 lors des arrestations ordonnées par les autorités allemandes en représailles au sabotage (le 19 octobre) de la voie ferrée entre Rouen et Le Havre (tunnel de Pavilly)
 
Une centaine de militants communistes ou présumés tels de Seine-Inférieure sont ainsi raflés entre le 21 et 23 octobre. Écroués pour la plupart à la caserne Hatry de Rouen, tous les hommes appréhendés sont remis aux autorités allemandes à leur demande, qui les transfèrent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122) entre le 25 et le 30 octobre 1941. La moitié d’entre eux d’entre eux seront déportés à Auschwitz. Il est interné avec d'autres Rouennais (bâtiments A2 et A3).
Le 8 décembre 1941, en réponse aux demandes du Haut commandement militaire dans le but de former un convoi de 500 personnes vers l’Est, la Feldkommandantur 517 de Rouen établit une liste de 28 communistes : «actuellement au camp de Compiègne et pour lesquels est proposé un convoi vers l’Est. Cette liste a été complétée de quelques personnes arrêtées à la suite de l’attentat du Havre du 7 décembre 1941».
Emile Fromentin est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000» (1170 déportés immatriculés à Auschwitz dans la série des « 45.000 » et des « 46.000 »). Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT  ) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les «Judéo-bolcheviks» responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
 
Emile Fromentin meurt à Auschwitz le 25 août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz
 
Source:
Claudine Cardon-Hamet

Le convoi d’otages parti de Compiègne vers Auschwitz le 6 juillet 1942 occupe place particulière dans la déportation. Placé sous la bannière de la croisade hitlérienne contre le "judéo-bolchevisme" et dispositif de "la politique des otages" destinée à dissuader les résistants communistes de poursuivre leurs attaques contre des officiers et des troupes de l'armée d'occupation, il s’apparente par ses origines aux fusillades massives d'otages communistes et juifs de septembre 1941 à juillet 1943 et aux premiers convois de Juifs de France dirigés sur Auschwitz-Birkenau entre mars et juin 1942.

Sur les 1170 hommes (plus de 1100 "otages communistes" et 50 "otages juifs") qui furent immatriculés le 8 juillet 1942 à Auschwitz entre les numéros 45157 et 46326 - d'où leur nom de "45000" - seuls 119 restaient en vie au jour de la victoire sur le nazisme.

L’histoire de ce convoi atypique - dont les premières recherches furent entreprises en 1971 par Roger Arnould (résistant déporté à Buchenwald et auteur de plusieurs ouvrages édités par la FNDIRP) - a fait l'objet d'une thèse de doctorat d’Histoire soutenue par Claudine Cardon-Hamet en 1995 et de deux ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » (éd. Graphein, Paris, 1997 et 2000, épuisé) qui publie le contenu de sa thèse avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) - et le livre grand public Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 (éd. Autrement, collection Mémoires, Paris, 2005, mis à jour en 2015) édité avec le soutien de la Direction du Patrimoine et de l'Histoire et de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 15:04
Photo et commentaire Martine Barosco Le Luc: Les 4 copains, quand ils étaient dans le maquis, du côté de Commana. Eugène a droite, Maurice au milieu, François Michel le beau-frère d'Eugène Le Luc, et à gauche Édouard Breneol

Photo et commentaire Martine Barosco Le Luc: Les 4 copains, quand ils étaient dans le maquis, du côté de Commana. Eugène a droite, Maurice au milieu, François Michel le beau-frère d'Eugène Le Luc, et à gauche Édouard Breneol

Une rue du quartier de Troudousten porte le nom d'Eugène Le Luc aujourd'hui à Morlaix

Les jumeaux Eugène et Maurice Le Luc auraient eu 100 ans aujourd'hui.

Maurice Le Luc a été fusillé le 7 juin 1944 à l'aube de ses 24 ans.. Jeune communiste combattant de la Cie de Morlaix du Bataillon F.T.P. "Yves Giloux", il a pris part à de nombreuses actions contre l'occupant avec le groupe F.T.P. "Justice". Il diffusait les tracts de la résistance du PCF, de la JC, du Front National (organisation de rassemblement de la résistance créée par le PCF).  Il est blessé lors d'un combat avec l'occupant puis fusillé. Son frère Eugène a témoigné sur son activité à l'origine du groupe FTP de Morlaix.

"Ce fut en juin 1942, témoigna Eugène Le Luc à l'étudiante en histoire Jeannine Guichoux, auteur d'un mémoire de maîtrise sur la résistance à Morlaix, que je fis la connaissance de William et de Bob. Le réseau des Francs-Tireurs et Partisans Français, dont l'existence se signala dès septembre 1941, nous avait annoncé l'arrivée à Morlaix de deux chefs venant de Paris pour y former un groupe de résistance. Au jour et à l'heure indiquée, je m'étais donc rendu à la gare. Deux jeunes gens passèrent devant moi, et firent le signal convenu. Je m'avançais; il n'y eut pas de longues présentations. William et Bob transportaient des grenades, des mitraillettes et des revolvers. J'ai d'abord caché les chefs dans un hangar de la ville.  

Comme le réseau des FTP préconisait l'action à outrance, William me chargea de recruter tous les jeunes gens susceptibles d'entrer dans notre groupe. Nous étions d'abord quatre qui assistions à une réunion organisée par Mr Caron, dit William, dans un local mis à notre disposition par Me Mahéo. 

Etaient présents: Caron (William Henri)

                            Fontet Robert, dit Bob

                            Le Luc (Eugène) de Ploujean

                            Frelin (Emile) horloger à Morlaix, et des inconnus étrangers à Morlaix, dont William répondait.

Au cours de cette réunion, il fut décidé que les premières missions du groupe Justice consisteraient à faire de la propagande patriotique. Des tracts, tapés à la machine à écrire, au domicile de M. Frelin, furent distribués, et devinrent par la suite un petit journal régulier, ayant pour titre "Le Combattant".   

Des indiscrétions furent commises et la personnalité de Mr Frelin faisant l'objet de commentaires fâcheux risquant d'être captés par les services de la police de l'occupant, il fut décidé que la machine à écrire serait provisoirement placée chez un membre du groupe, possédant une chambre meublée, chez M. Sillau, au lieu-dit "Pont-Bellec", en St Martin des Champs. 

Notre quartier général se trouvait chez Mme Mahéo, 3, Place Thiers, chez laquelle nous entrions par le four St-Mélaine. C'est là que William et Bob avaient leur chambre gratuitement depuis octobre 1943. " 

 

"Maurice s'est engagé dans la Marine à 16 ans après le décès de sa mère. C'est après qu'il a rejoint son frère dans le maquis en Bretagne. Pendant la guerre, son bateau a été coulé et il a été prisonnier des Anglais en Syrie. Quand il a été libéré, on lui a demandé s'il voulait aller rejoindre De Gaulle en Angleterre, il a refusé puisqu'il avait été maltraité par les Anglais quand il était prisonnier en Syrie. Il a dit qu'il préférait aller rejoindre son frère dans la résistance. Il s'est fait prendre lors d'une mission à Tréguier, il a été blessé et emprisonné à Lannion puis transféré dans une prison de Rennes puis à celle de Angers ou il a été fusillé le 7 juin 1944 par la milice à l'aube de ses 24 ans.."

Eugène et Yvonne Michel se sont mariés le 12 avril 1944, mon père qui était en prison pour avoir essayé de libérer son frère après une action de résistance a pu sortir de la prison de Lannion accompagné de policiers pour se marier à Morlaix, il s'est échappé après la cérémonie de la mairie, ses garçons d'honneurs ont menacé de tout faire sauter, ils avaient des grenades dans leurs poches. Eugène en a profité pour s'échapper. Mais ensuite, il était recherché par la milice et sa tête à été mise à prix par les Allemands. Ce fut un mariage explosif....

(Témoignage de Martine Barosco Le Luc, la fille d'Eugène Le Luc)*

En juillet 1944, Eugène Le Luc prit le commandement du groupe "Justice". Quelques jours après, il fut arrêté en même temps que son adjoint qui fut torturé et exécuté à Sizun, par les troupes du maréchal nazi, destructeur de la ville de Brest. Avant qu'il ne fut interrogé, et torturé, le nouveau chef du groupe "Justice", Le Luc, invoquant un malaise, réussit à s'évader au nez et à la barbe d'une sentinelle allemande. Il regroupa sa formation, et continua à harceler l'occupant, dans la région de Brennilis, et de Commana. 

 

 

La résistance FTP à Morlaix: le témoignage d'Eugène Le Luc recueilli par le Télégramme et Jeannine Guichoux (mémoire universitaire)

Extrait de l'article du Télégramme au moment du décès d'Eugène Le Luc le 1er juillet 2005:

Figure de la Résistance dans le pays de Morlaix, Eugène Le Luc s'est éteint, hier, à l'âge de 84 ans. Il y a cinq ans, Marylise Lebranchu, à l'époque ministre de la Justice, lui avait décerné la Légion d'honneur.

(...) Un livre ne suffirait pas à raconter l'existence de cet homme d'exception, né en 1920 dans la rue Gambetta. Cette vie n'aura d'ailleurs pas toujours épargné celui qui avait eu la douleur de perdre sa mère dès l'âge de 16 ans. Homme de convictions, il avait adhéré aux Jeunesses socialistes dès 1936 et s'était lié, après la guerre, au ministre Tanguy-Prigent.

Responsable du groupe «Justice»

En 1940, révolté par l'occupation allemande, il avait adhéré aux idées du général de Gaulle et était entré dans la clandestinité. C'est dans ce cadre qu'en juin 1942, Eugène Le Luc avait rejoint le groupe «Justice», dont il allait devenir le responsable. Attaques de train et maquis allaient alors se succéder jusqu'à sa première détention durant 27 jours. Deux années durant, celui que la Résistance appelait «Méfiance» avait passé son temps à côtoyer la mort, caché avec son groupe de 20 hommes dans les monts d'Arrée. Cette vie de résistant, le Ploujeannais acceptait de la raconter sans faux-fuyants, l’œil vif et l'esprit alerte, à plus de 80 ans. Le souvenir se faisait plus douloureux à l'évocation du tragique destin de son frère jumeau, Maurice, emprisonné à Lannion en mars 1944 et fusillé à Angers quelque temps plus tard.

Mariage éclair en pleine Occupation

Emprisonné à deux reprises, Eugène Le Luc était parvenu à s'échapper autant de fois. Et c'est dans des conditions difficiles que le 12 avril 1944, malgré l'occupation allemande, celui dont la tête était mise à prix avait épousé à la sauvette, à la mairie de Morlaix, sa femme Yvonne. Ce mariage éclair allait être synonyme d'un long bonheur de plus de 60 ans de vie commune, concrétisé en mai 2004 par une célébration de leurs noces de diamant. Trois ans auparavant, Eugène Le Luc avait fini par accepter d'être décoré de la Légion d'honneur. Un honneur qu'il avait refusé 36 ans plus tôt, estimant qu'il ne devait pas être mis plus en avant que ses collègues. C'est la ministre de la Justice, Marylise Lebranchu, qui l'avait fait chevalier.

Outre ses faits de résistance, Eugène Le Luc était un ébéniste reconnu sur la place de Morlaix.

 

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1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 73/ Frantz Boucher (1924-1944)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 72/ François Echardour (1925-1988)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 71/ Marie Le Manchec (1914-1999)

100 ans d'engagements communistes en Finistère: 70/ Charles Moigne (1894-date de décès inconnue)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 69/ Jean Le Tréis (1884-1970)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 68/ François Tanguy (1925-1987)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes: 67/ François Tournevache (1919-1993)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 66/ Jos Quiniou (1900-1976)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 65/ François Gaonac'h (1901-1978)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 64/ Paul Lespagnol (1949-2003)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 63/ Jean-Marie Le Scraigne (1920-2016)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 62/ Le docteur Tran

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 61/ Jean-Marie Plonéis (1934-2018)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes dans le Finistère: 60/ Guillaume Bodéré

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes dans le Finistère: 59/ Pierre Salaun

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 58/ Guy Laurent (1940-1994)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 57/ Eugène Kerbaul (1917-2005)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 56/ Pierre Cauzien (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 55/ Albert Jaouen (1909-1976)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 54/ Pierre Hervé (1913-1993)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 53/ Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier (1910-2007)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 52/ Yves Le Meur (1924-1981)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 51/ Jean Burel (1921-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 50/ Jacob Mendrès (1916-2012)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 49/ Henri Tanguy dit Rol-Tanguy (1908-2002)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 48/ Carlo de Bortoli (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 47/ Robert Jan (1908-1987)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 46/ Denise Roudot (1933-2002)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 45/ Paul Le Gall (né en 1925)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 44/ René Le Bars (1933-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 43/ Louis Le Roux (1929-1997)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 42/ Pierre Corre (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 41/ Daniel Le Flanchec (1881-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 40/ Joséphine Pencalet (1886-1972)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 39/ Sébastien Velly (1878-1924)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 38/ Edouard Mazé (1924-1950)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 37/ Guy Liziar (1937-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 36/ Henri Moreau (1908-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 35/ Alphonse Penven (1913-1994)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 34/ Michel Mazéas (1928-2013)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 33/ Pierre Guéguin (1896-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 32/ Jean-Louis Primas (1911-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 31/ François Paugam (1910-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 30/ Angèle Le Nedellec (1910-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 29/ Jules Lesven (1904-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 28: Raymonde Vadaine, née Riquin

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 27/ Jeanne Goasguen née Cariou (1901-1973)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 26/ Gabriel Paul (1918-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 25/ François Bourven (1925-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 24/ Yves Autret (1923-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 23/Pierre Jaouen (1924-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 21/ Joseph Ropars (1912-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 20/ Paul Monot (1921-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 19/ Jean-Désiré Larnicol (1909-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 18/ Jean Le Coz (1903-1990)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 17/ Alain Cariou (1915-1998)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 16/ Jean Nédelec (1920-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 15/ Alain Le Lay (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 14/ Pierre Berthelot (1924-1986)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 13/ Albert Abalain (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 12/ Andrée Moat (1920-1996)

1920-2020: cent ans d'engagements communistes en Finistère: 11/ Jean Le Brun (1905-1983)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 10/ Denise Larzul, née Goyat (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 10:21
Suzy Medrzycka épouse Cohen - Source Lecteurs de l'Humanité, photo tirée du livre d'Antoine Porcu au Geai Bleu: Héroïques - Femmes en résistance II, avec une préface de Pierre Outteryck

Suzy Medrzycka épouse Cohen - Source Lecteurs de l'Humanité, photo tirée du livre d'Antoine Porcu au Geai Bleu: Héroïques - Femmes en résistance II, avec une préface de Pierre Outteryck

Militante communiste, ancienne maire adjointe de Levallois-Perret et conseillère générale des Hauts-de-Seine, Suzy Cohen est décédée le 22 août 2011, à l’âge de quatre-vingt-six ans.

Issue d'une famille juive polonaise, les Medrzycka, des ouvriers pauvres contraints d'émigrer en France pour échapper à la montée du fascisme et de l'antisémitisme en Pologne, comme à la misère, Suzy vient au monde le 12 février 1925 dans le Paris populaire. A 14 ans, elle quitte les bancs de l'école et devient soudeuse dans des différentes usines parisiennes. En août 41 et juillet 42, son père, puis sa mère sont arrêtés, conduits à Drancy, puis déportés à Auschwitz. Ils ne reviendront jamais du camp de la mort. Entrée dans la Résistance en 1942, Suzy a eu une vie très active (1). À seize ans, elle travaille dans la même usine que Paulette Sarcey, qui la met en contact avec Henri Krasucki, alors chef d’un groupe de résistants dans le 20e arrondissement de Paris. Il lui confiera sa première action de résistance : un lancer de tracts au cinéma Bagnolet. S’ensuivront des transports clandestins de matériel d’imprimeries, des collages d’affiches et des inscriptions contre l’occupant, notamment dans le quartier Pelleport à Paris. En 1943, alors âgée de 18 ans, Suzy est contrainte de quitter Paris. Des amis de la résistance du 20e arrondissement l'informent que Paulette Sarcey et Henri Krasucki sont arrêtés par la police. Une amie résistante lui remet une fausse carte d'identité et elle part à Lyon chez son oncle et sa tante, des résistants lyonnais socialistes juifs. Suzy agit avec eux puis rejoint un groupe de combat de la M.O.I et de l'Union de la jeunesse juive.  Elle s'initie à l'utilisation des armes et participe à leur transport. Les 24 et 26 août, avec le groupe FTP Carmagnole, elle participe aux combats lors de l’insurrection de Villeurbanne.

De retour à Paris après la Libération de la capitale, elle revient à Paris, où elle a la joie de revoir son amie Paulette Sarcey, rescapée des camps de la mort. En 1946, elle épouse Maurice Cohen, juriste au journal de la CGT la Vie ouvrière, et milite activement au Parti communiste. En 1965, elle est élue au conseil municipal de Levallois-Perret, où elle sera première adjointe au maire. Elle sera aussi élue au conseil général des Hauts-de-Seine.

Devenue artiste peintre et docteur en sciences de l’éducation, elle réalise de nombreuses expositions et publie plusieurs ouvrages sur l’enfance: "L'école des bébés" en 1979 aux éditions sociales; "De la crèche à l'école" en 1995 aux éditions Nathan, "Handicapés: l'accueil depuis l'enfance" en 1999, "Sa vie c'est le jeu" en 2003 aux PUF.

Sources:

Antoine Porcu - Héroïques. Femmes 
en Résistance II, Éditions Le Geai bleu, 2007

L'Humanité, Carnet - 2011 https://www.humanite.fr/tribunes/carnet-478188

 

lire aussi:

Portrait de résistante communiste: 11. Suzanne Lanoy, une enseignante en résistance (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 10. Olga Bancic, héroïne de la résistance FTP-MOI parisienne (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste: 9. Renée Losq, une grande dame de la résistance nantaise (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 8. Marie Louise Kergourlay Résistante de Guingamp à Paris (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 7. Yvonne Abbas (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 6. Hélène Le Chevalier, résistante costarmoricaine et militante du secours populaire clandestin (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 5. Jacqueline Lautier dite Ginette (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste : 4 - Marie-Claude Vaillant-Couturier (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - 3 - Maï Politzer 1915-1943 (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste: 2 - Madeleine Braun, cofondatrice du Front National, première femme vice-présidente de l'Assemblée Nationale (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste - France Bloch-Sérazin, Chimiste de la résistance armée, 1913-1943 (100 ans d'engagements communistes)

 

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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 05:55

Débat avec les historiens Frédérick Genevée, Jacques Girault, Jean-Louis Robert. Animé par Guillaume Roubaud-Quashie

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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 11:48
Centenaire du PCF - Conférence de Adeline Blaszkiewicz-Maison, Fréderic Genevée, Jacques Girault sur le Congrès de Tours ce samedi 14 novembre

Le centenaire du PCF trouvera une traduction plus numérique que nous l'avions prévu.

A partir de ce samedi 14 novembre, nous vous donnerons rendez-vous tous les mardis et samedis à 18h pour des débats Facebook autour du centenaire du congrès de Tours. (Les vidéos seront ensuite disponibles sur la chaîne YouTube du parti.)

Ce samedi, c'est l'histoire du congrès de Tours qui est au programme. Avec Adeline Blaszkiewicz-Maison, doctorante à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, Frédérick Genevée, président du Musée de l'histoire vivante, Jacques Girault, professeur émérite à l'université Paris-XIII - Villetan

Mardi, ce sera Picasso et, au-delà, la relation du PCF et des artistes au milieu du XXe siècle.

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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 08:15
Massacres du 13 novembre 2015: il y 5 ans déjà, le massacre terroriste au Bataclan et à Paris, nous n'oublions pas...
Ni oubli ni pardon !
L'intégrisme religieux quel qu'il soit est source de haine, de division et de crime odieux ! Le projet islamiste djihadiste qui n'a rien à voir avec est un projet barbare, totalitaire et dément.
Il y a 5 ans, 130 hommes et femmes étaient tués.
130 vies fauchés, autant de familles endeuillées.
Tout cela pourquoi, parce qu'ils ou elles étaient journalistes, policiers, professeurs ? Non car ils assistaient à un match de foot, buvaient un verre en terrasse ou participaient à un concert.
5 ans après, notre pays reste endeuillé, reste marqué. Chacun de nous se souvient du lieu où il était à l'annonce de cette attaque, chacun de nous se souvient de ce tragique vendredi 13 novembre 2015.
Aujourd'hui, rendons hommage à ces 130 vies fauchés, aux 130 familles en deuils, à l'ensemble des victimes.
 
Enzo de Gregorio, militant du PCF Pays de Morlaix et du MJCF
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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 07:00
Le parti des communistes - Histoire du Parti communiste français de 1920 à nos jours - Julian Mishi, éditions Hors d'Atteinte, 2020, 24,50€

Le parti des communistes - Histoire du Parti communiste français de 1920 à nos jours - Julian Mishi, éditions Hors d'Atteinte, 2020, 24,50€

Essai. Cent ans d’histoire sous le prisme du communisme
Jeudi 12 Novembre 2020
Un siècle après le congrès de Tours, le sociologue Julian Mischi publie une histoire du PCF à partir de la pratique de ses militants.

Le 30 décembre 2020 marquera le centenaire du Parti communiste français. Plus exactement, ce sera l’anniversaire du dix-huitième congrès du Parti socialiste, section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), réuni à Tours du 25 au 30 décembre 1920. Une large majorité des délégués y a approuvé les vingt et une conditions posées par Lénine aux partis ouvriers désireux d’adhérer à la nouvelle internationale, fondée à Moscou en 1919. À l’issue de ce congrès naît le Parti communiste (SFIC) , ce n’est qu’en 1926 qu’il adoptera son nom définitif de Parti communiste français.

Le congrès de Tours va fortement et durablement modifier le rapport de forces au sein de la gauche au profit des communistes et des couches populaires, en permettant notamment la constitution et la victoire du Front populaire en 1936. Plusieurs ouvrages paraissent en cet automne 2020, parmi lesquels cette histoire du PCF de Julian Mischi, le Parti des communistes. Chercheur en sociologie, il avait déjà publié deux essais sur le communisme français : Servir la classe ouvrière (PUR, 2010) et le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires (Agone, 2014). Il continue de creuser le sillon. « Chercher à comprendre l’histoire du mouvement communiste, sa réalité populaire et ses apories tragiques résonne fortement avec les préoccupations politiques et théoriques de ceux qui ne se satisfont pas aujourd’hui de l’ordre des choses néolibéral. »

Les significations d’un mot plus que jamais diverses

La genèse de la naissance de ce parti, qui a dominé la gauche pendant un demi-siècle et fut même le premier parti de France au lendemain de la Libération, remonte à la Première Guerre mondiale et à la victoire des bolcheviks, en octobre 1917. Au nom de la défense du prolétariat, trahi par les élites socialistes qui votèrent les crédits de guerre et participèrent au gouvernement d’union sacrée, des militants progressistes donnent de la voix dans la SFIO et la CGT. Féministes, anarchistes, des socialistes et des syndicalistes forment le creuset de ce qui sera le courant communiste, qui constitue la majorité au congrès de Tours, derrière Marcel Cachin et Paul Vaillant-Couturier.

Entre espoirs et découragement, cette histoire du PCF couvre un siècle de combats politiques de la classe ouvrière et des peuples colonisés. Sous le prisme de l’histoire du Parti communiste, le livre parcourt l’histoire du XXe siècle. La dernière partie est consacrée à la période de déclin qui affecte le PCF depuis trois décennies. Et pourtant, la roue de l’histoire continue de tourner. Julian Mischi observe : « La faillite du socialisme autoritaire de type soviétique a jeté le doute sur l’idée de propriété sociale des moyens de production et les politiques de planification. Mais – pour ne prendre qu’un exemple –, à l’heure de l’urgence climatique, peut-on rejeter d’emblée toute idée de planification économique ? »

Les significations attribuées au mot « communiste » demeurent plus que jamais diverses, note l’auteur dans sa conclusion : « Il renvoie à une histoire tragique pour les peuples et les communistes eux-mêmes. Il est même associé, avec le cas de la Chine, à un acteur central de la mondialisation capitaliste. Mais il reste aussi, pour beaucoup de celles et ceux qui le revendiquent, lié à l’idée d’une alternative au capitalisme qui vise à l’égalité sociale et à l’établissement d’un pouvoir politique effectivement exercé par le plus grand nombre, non monopolisé par les élites sociales. »

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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 20:10
Persécution et résistance des communistes sous Vichy en 1941 - Mendès France témoigne dans ses "Ecrits de Résistance" rédigés pendant les heures sombres de l'occupation

J'ai eu beaucoup de plaisir il y a quelques mois à lire cette nouvelle édition intégrale des "Écrits de résistance" de Pierre Mendès France (publiés par les éditions du CNRS en 2018), qui fut le plus jeune député de France, élu dans l'Eure, puis un soutien et ministre du Front Populaire, raison pour laquelle, en plus de ses origines juives et de sa volonté de continuer le combat après l'occupation de la France par les Nazis, il fut emprisonné d'abord au Maroc, puis en Algérie et à Clermont-Ferrand, jugé et condamné de manière complètement arbitraire pour désertion et trahison alors qu'il avait rejoint l'Afrique du Nord pour continuer la lutte à bord du "Massilia", avant de s'évader de prison, de vivre en clandestin pourchassé pendant plus de six mois en France occupé, puis de rejoindre Londres et la France Libre, pour laquelle il servira avec beaucoup de courage comme pilote, comme Émile Ajar dit Romain Gary. Son témoignage sur l'héroïsme et le pittoresque des équipes de pilote de la France Libre, comme celui de Romain Gary dans La Promesse de l'Aube, est passionnant et émouvant, d'autant plus que la majorité de ces hommes sont morts en mission de combat. En 1942, Mendès France raconte sa captivité et son procès, et à cette occasion il se fait chroniqueur de la persécution qui frappait les communistes en 1941. Ces quelques lignes qui en disent long sur son admiration et son empathie à chaud vis-à-vis des communistes dans la Résistance méritent d'être cités à l'heure où des donneurs de leçon prêts à tous les révisionnismes historiques, comme Michel Onfray, voudraient nier l'implication précoce des communistes dans la Résistance Nationale.

Ismaël Dupont

Témoignage de première main de Mendès France sur la persécution visant les communistes dans la région de Saint-Etienne et Clermont Ferrand en 1941:

« Pendant les derniers mois de mon séjour à Clermont-Ferrand, j'ai vu arriver à la prison de plus en plus de prévenus communistes. C'était le début de la période durant laquelle les militants communistes, ou qualifiés communistes, furent traqués d'une manière impitoyable, période qui atteignit son apogée à partir de la guerre germano-russe, c'est-à-dire, après mon évasion.
Un jour, c'était un jeune instituteur, orphelin de guerre, bien noté, qui était condamné à cinq ans de prison pour une distribution de tracts assez insignifiants.
Un autre jour, c'était cet enfant de dix-neuf ans dont j'ai parlé, que Perré faisait condamner à vingt ans de travaux forcés. D'ailleurs, les soldats qui étaient poursuivis pour désertion, pour manque de respect à leurs supérieurs, pour vol, etc, faisaient toujours l'objet de recherches spéciales au cours desquelles on essayait d'établir qu'ils étaient ou avaient été communistes ; on n'était pas exigeant pour les preuves ! Si l'on pouvait réunir quelques éléments de présomptions d'une affiliation, même ancienne, au parti, la condamnation était automatiquement doublée ou triplée.
Le tribunal militaire de Clermont-Ferrand jugea ainsi un jour une tenancière de café, veuve de guerre, qui n'avait jamais eu la moindre activité politique. Des consommateurs qui étaient venus dans son établissement avaient abandonné sur une table, en s'en allant, un tract communiste, soit par négligence, soit dans l'espoir que quelqu'un le ramasserait et le lirait. Quelques minutes plus tard, des  gendarmes consommant à leur tour, constatèrent la présence du tract et dressèrent procès-verbal contre la propriétaire du café. Celle-ci fut inculpée de « reconstitution de ligue dissoute » ! (C'était la qualification classique de tous les faits de propagande communiste.). Le tribunal la condamna à six mois de prison et à la fermeture de son établissement, c'est-à-dire à la perte de son gagne-pain. La pauvre femme, qui n'avait jamais été communiste jusque-là, l'est certainement devenue après pareille mésaventure.
 
(…) Le même jour, le tribunal avait à examiner le cas d'un vieux bonhomme qui était le maire d'une petite commune du Puy-de-Dôme. Il avait été communiste autrefois, s'était incliné devant la dissolution du parti et avait continué à administrer paisiblement son village. Il était revenu de l'autre guerre avec la croix de guerre et avec la médaille militaire et était âgé d'environ soixante-cinq ans. Un habitant de la commune, ancien communiste, lui aussi, étant mort, il l'avait accompagné jusqu'au cimetière ; là, il avait lu un petit discours pour saluer le défunt, rappeler qu'ils avaient partagé les mêmes sentiments et exprimer l'espoir que, plus tard, les circonstances étant devenues meilleures, leur idéal pourrait enfin se réaliser. Une lettre anonyme dénonça ce discours – prononcé sur le bord d'une tombe, et qui n'avait provoqué sur l'instant ni protestation, ni incident – comme un acte de propagande communiste. Le vieux maire fut inculpé, à son tour, de reconstitution de ligue dissoute et, en dépit de son âge, jeté en prison.
 
(…)
Généralement, les sanctions étaient sévères, surtout dans les derniers temps de mon séjour à Clermont-Ferrand. Presque tous les jours, nous voyions arriver à la prison deux, trois, quatre ouvriers venant de Saint-Etienne, du Puy, de Thiers ou de Clermont-Ferrand même. On les renvoyait rapidement devant le tribunal et les peines distribuées s'élevaient, le plus souvent, à plusieurs années de prison, et parfois, à dix, quinze ou vingt ans de travaux forcés.
Les militants communistes manifestaient, il faut le dire, un magnifique courage. Leur attitude était en tous points parfaite. Ils se tenaient très bien, n'avaient jamais d'incidents avec les gardiens ou avec d'autres détenus, leurs cellules étaient toujours les plus propres. Ils avaient entre eux une sorte de discipline et de solidarité que l'on ne prenait jamais en défaut. Un nouveau venu arrivait-il, il était aussitôt entouré, aidé, encouragé. On le rassurait, on lui venait en aide. Les prévenus communistes recevaient tous des colis alimentaires qui arrivaient avec une régularité exemplaire. Leurs femmes et leurs enfants étaient soutenus, au besoin, pécuniairement. Nous avions pour cette organisation silencieuse une véritable admiration ».
 
Mendès France, Liberté, liberté chérie… (1940-1942), Écrit en 1942 (chapitre 5, En Prison) publié dans Pierre Mendès France , Écrits de résistance, Biblis Inédit, CNRS Editions, 2018 p.161 à 163

 

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 18:39
Suzanne Lanoy - Source: Lecteurs de L'Humanité - Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Suzanne Lanoy - Source: Lecteurs de L'Humanité - Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Portrait de résistante communiste:

11. Suzanne Lanoy, une enseignante en résistance

(100 ans d'engagements communistes)

Suzanne Lanoy, Suzanne Blin de son nom de jeune fille, naît à Bully-en-Gohelle le 8 juillet 1913.

Suzanne Blin était la fille d’un cheminot des mines, Paul Blin, et d’Hélène Demailly. Elève du cours complémentaire de Bully-les-Mines (Pas-de-Calais) de 1924 à 1929, elle fit de brillantes études à l’École normale d’institutrices d’Arras (Pas-de-Calais) où elle entra avec le numéro 1 en 1929. Admise en 4e année à l’ENI de Rennes (Ille-et-Vilaine), puis surveillante à l’ENI de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) où elle fut sanctionnée en 1935 (aucune trace ne figurait dans son dossier), elle fut reçue première au concours du professorat des écoles normales et des écoles normales supérieures en 1935. Institutrice stagiaire dans le Pas-de-Calais, à Fleurbaix puis au cours complémentaire d’Hesdin, elle exerça dans les ENI de La Roche-sur-Yon (Vendée) de 1935 à 1936 puis de Douai (Nord) de 1936 à 1940, date de la fermeture par le gouvernement de Vichy, des ENI considérées comme des foyers de laïcisme et de républicanisme. De 1940 à sa mort en 1944, elle enseigna à l’école primaire supérieure de Douai, rue Fortier. En mars 1940 à Douai, elle épousa René Lanoy un instituteur. Un garçon naquit en 1942.
En 1934, Suzanne Blin adhéra au Parti communiste et mit ses connaissances au service du mouvement ouvrier. De 1936 à 1939, elle donna des conférences à la Maison de la Culture à Lille, ainsi qu’aux militants ouvriers à Douai. En 1936, elle devint la secrétaire parlementaire du député-mineur de Douai, Henri Martel.

Dès l'automne 1940, un groupe d'instituteurs d'Arras décide de ne pas accepter la trahison et l'occupation allemande. Suzanne en fait partie, distribuant les journaux et tracts du Parti communiste, puis du Front National constitué en 1942. Elle appartient au Front National des instituteurs du Nord et du Pas-de-Calais. Leur publication prend le titre de "La Pensée libre". Suzanne est la rédactrice de ce journal destiné aux enseignants et aux intellectuels. À la fin de 1942, elle créa un nouveau journal du Front National : Vaincre.
La qualité du travail et les résultats obtenus firent désigner René Lanoy, en avril 1943, comme responsable départemental du Front National du Pas-de-Calais, responsabilité qu’il exerça jusqu’à la Libération sous le pseudonyme de « Gilbert ».

Après la répression des mineurs de charbon, une répression féroce s'abat sur le Nord et le Pas-de-Calais. Les arrestations se comptent par centaines. Le Front National du Pas-de-Calais est décapité. Tous ses membres sont arrêtés. La résistance se réorganise peu à peu. Au début de 1943, Suzanne Lanoy prend l'initiative de réunir à son domicile des professeurs et des instituteurs, tous illégaux. Suzanne qui a enseigné à l'Ecole normale d'instituteurs jusqu'à ce que Pétain décrète la fermeture de ces établissements se voit confier la responsabilité du groupe. Membre du PCF depuis 7 ans, elle a acquis un sens de l'organisation et du contact populaire. Elle exerce son métier de professeur au collège Marceline Desbordes-Valmore le jour. Les nuits sont en grande partie consacrées à l'action illégale. Avec René son mari, elle travaille à la réorganisation du Parti et des Comités de femmes. Ils reconstituent des comités du Front National dans le Douaisis et le Cambresis. Suzanne, fichée aux renseignements généraux, devient une cible prioritaire de la police. Elle est convoquée au commissariat une première fois, questionnée toute la journée, puis remise en liberté, faute d'éléments probants sur son travail illégale. Les Renseignements Généraux vont ensuite pister Suzanne avec la Gestapo. 

La police allemande eut vent de l’activité clandestine de René Lanoy ; elle perquisitionna à son domicile le 1er mars 1944 et découvrit un poste TSF et des documents ayant servi à la rédaction des journaux clandestins. Suzanne est arrêtée à son domicile à sept heures le matin, en l'absence de René. On trouve un poste de radio derrière un mur et des documents analysant la situation militaire dans le Nord et le Pas-de-Calais, ainsi que des sabotages effectués dans la région par les F.T.P.F.

Suzanne Blin-Lanoy fut conduite au siège de la police allemande, le Sichereitsdienst (service de sécurité SS), quai du Maréchal-Foch à Douai et y fut sauvagement torturée pendant cinq jours alors qu’elle était enceinte. Elle se suicida pour ne pas parler. Les SS menacent d'envoyer son enfant en Allemagne dans un orphelinat. La violence qui entoura son mort fut telle que les autorités allemandes tentèrent de le présenter aux membres de sa famille et aux responsables de l’administration française comme le fruit d’un suicide. A ses sœurs qui souhaitaient lui rendre visite le 7 mars 1944, les autorités allemandes font savoir qu’elle s’est pendue la veille. Les Allemands l’enterrèrent à la sauvette le lendemain au cimetière de Douai et laissèrent des agents sur place au cas où René Lanoy viendrait se recueillir sur la tombe. Quelques jours après, des résistants plantèrent une croix portant ces mots : « Suzanne Lanoy, héroïne de la résistance morte pour la France le 6 mars 1944 ». René Lanoy, prévenu, évita l’arrestation à son domicile. Peu de temps après, un commandant FTP abattit le tortionnaire de Suzanne Lanoy.
Un vibrant hommage lui fut rendu dans la Pensée française d’avril-mai 1944.
René Lanoy trouva la mort dans un accident de voiture à la mi-décembre 1944. Il allait être nommé préfet du Pas-de-Calais.

Source:

Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Odette Hardy-Hémery, Michel Rousseau (Maitron)

SOURCES : Arch. Nat., F17/23612 B. —RGASPI, Moscou, 495 270 8480.— Jean Estager, Ami, entends-tu. La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Messidor-Éditions sociales, 1986. — Catherine-Astol, Le genre de la Résistance, la Résistance féminine dans le Nord de la France, Sciences Po les Presses, Paris 2015.p317à 319. — Notes de Jacques Girault

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