1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:
51/ Jean Burel (1921-1944)
Né le 13 décembre 1921 à Plouhinec (Finistère), fusillé le 3 juillet 1944 à Servel en Lannion (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; batelier aux Ponts et Chaussées ; FTPF ; militant du Parti communiste clandestin.
Son père Jean-Marie Burel, marin de commerce, avait épousé Marie, Yvonne, Noëlle Scudellec, ménagère. La famille de Jean Burel fut marquée par les premières années de la guerre. Un frère de Jean Burel périt en mer lors du torpillage de son unité au large de Casablanca. Un de ses oncles fut porté disparu à Dunkerque en juin 1940.
En 1942, Jean Burel travaillait avec son père qui était maître d’équipage, à Rouen, à bord d’un élévateur, bâtiment chargé d’aspirer la vase dans la Seine, aux Ponts-et-Chaussées de Rouen. À la fin de l’année 1942, refusant d’aller travailler en Allemagne en application de la Relève décidée par Pétain, il rejoignit la Bretagne, sa région natale. Membre actif de la Résistance FTP dans la région d’Audierne, il fut, selon Eugène Kerbaul, un militant actif des structures clandestines de la jeunesse communiste. Agent de liaison et de transmission de l’État-Major des FTP, il fut l’accompagnateur de Daniel Trellu dans ses déplacements. Ses missions l’amenèrent à Paris, Saint-Brieuc, Rennes, Carhaix et Guingamp. Au lendemain du débarquement, il rejoignit une unité de FTP, à Pont-Melvez, du secteur de Guingamp, et fut en contact avec Jean Tallec. Il participa dans cette région à plusieurs sabotages en particulier sur la ligne de chemin de fer Paris-Brest. Le 27 juin 1944, il fut arrêté sur dénonciation dans un hôtel-restaurant de Guingamp par la Wehmacht. Arrêté sous le nom de Jacques Le Goff, né le 19 septembre 1919 à Ergué-Armel (Finistère), les Allemands ne connurent jamais sa véritable identité.
Jugé et condamné à la peine de mort, selon un article paru dans L’Ouest-Éclair du 19 juillet 1944 « pour attentats contre les voies ferrées et d’attaques à main armée contre des soldats et des civils » par un tribunal militaire allemand, il a été fusillé le 3 juillet 1944 au camp d’aviation de Servel. Jean Burel avait vingt-trois ans. À Guingamp, sa logeuse, Mme Jaffrenou, récupéra après sa mort une veste lui appartenant. Dans une de ses poches on trouva un petit papier où il avait mentionné sa véritable identité ce qui permit de l’identifier. Son père vint prendre possession de la dépouille de Jean Burel qui fut inhumé à Plouhinec.
Le nom de Jean Burel figure sur Le monument du terrain d’aviation de Servel en Lannion. Un élévateur des Ponts et Chaussées de Rouen fut baptisé à son nom le 23 mars 1947. Une rue de Plouhinec porte son nom.
SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 68J4, 165J10. – DAVCC, Caen. – Joseph Darsel, La Bretagne au combat, Le Signor, 1980. – Eugène Kerbaul, 1 270 militants du Finistère (1918-1945), IRM Bretagne, 1985. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Témoignage de la sœur de Jean Burel.
Alain Prigent, Serge Tilly - Maitron des Fusillés
Document collecté par Yvonne Bouër-Trividic: "An disonj ne rank ket beza ho eil sebeilh" - "L'oubli ne sera pas leur linceul"
Document collecté par Yvonne Bouër-Trividic: "An disonj ne rank ket beza ho eil sebeilh" - "L'oubli ne sera pas leur linceul"
Témoignages (lettre manuscrite adressée à Monsieur Branchoux par un résistant collectée par Yvonne Bouër-Trividic, "L'oubli ne sera pas leur second linceul"):
"Fin 1942, Jean Burel était alors à l'atelier Pont et Chaussée à Rouen où comme beaucoup il s'est trouvé désigné pour le STO en Allemagne. Il s'est réfugié aussitôt dans la région de Quimper où il a pris contact avec l'organisation de résistance des FTPF et a été un des plus actifs. La liaison avec Paris a toujours été très difficile et non sans risques (un convoyeur le faisait à peine deux mois sans être pris).
Vint le jour où il fut désigné pour faire ce travail. C'est à ce moment que j'ai pu voir le cran et le dévouement qui animait ce brave petit gars. Il avait pour papier d'identité à cette époque qu'une carte au nom de "Jacques Le Goff, inspecteur du travail".
Ce n'est que le deuxième mois d'activité dans ce service qu'il descendit à Guingamp pour sa distribution. Il coucha et mangea d'abord chez ma belle-sœur Mme Jaffrennoux. Mais moi je ne trouvai pas l'endroit sûr et je l'envoyai dans ma maison du petit Paris où à n'importe quel moment il pouvait entrer et sortir et surtout prendre un repos bien gagné. Son travail était celui-ci: de dimanche soir au lundi matin, partant pour Paris, rentrant le mercredi soir au moins, 31 kilos de papier. Le lendemain, nous faisions les paquets par départements (car il fournissait au Finistère, Morbihan, Côtes du Nord, Ille et Vilaine, et les derniers temps, Calvados et Manche) qu'il remettait un jour à Rennes, un jour à Pontivy, St Brieuc, Carhaix, Quimper, etc. ... à un autre convoyeur départemental.
Le 6 juin arriva avec le débarquement des Alliés qui devait annoncer la libération de notre pays. Jacques, nommions toujours ainsi, ne pouvait continuer son service faute de communication, mais après deux jours d'inaction et sans nouvelles de son chef direct, il partit avec Jean Callec qui voulait à tout prix l'emmener au maquis avec lui. Quelques jours plus tard, j'ai pu savoir qu'il attendait d'être accepté par vous et Monsieur Le Cun au Maquis de Plesidy et ce jour là je lui ai envoyé du linge et de l'argent.
Par l'Ouest-Eclair, j'ai appris que Jacques Le Goff avait été fusillé par les boches. Je l'ai revu ce brave petit gars le 7 août 1944 à Servel où il avait été enterré avec d'autres martyrs. Jean Burel a été pour moi le meilleur camarade et le plus dévoué pour la bonne cause avec toujours le sourire et la chanson aux lèvres.
Monsieur Branchoux je pourrai vous en dire davantage verbalement mais sur ce papier je crois vous donner l'essentiel".
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