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23 mars 2021 2 23 /03 /mars /2021 08:55

 

Massacrés puis déportés en 1871, les communards sont amnistiés en 1880, avant que leurs réformes soient peu à peu adoptées. Il faudra attendre 2016 pour que les députés réhabilitent ces héros par le vote.

Le gouvernement d’Adolphe Thiers s’est acharné contre les communards. Son objectif était d’anéantir toute idée de révolution sociale, et de criminaliser les fédérés. Cela commence avec la semaine sanglante : plus de 20 000 communards sont massacrés, pendant des combats puis lors d’exécutions sommaires. Cela passe ensuite par une répression judiciaire : plus de 46 000 personnes sont jugées par les conseils de guerre, et 13 450 sont condamnées, dont 4 652 à la réclusion ou à l’emprisonnement et 4 586 à la déportation, la plupart du temps en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie. C’est le début du bagne pour de nombreux communards. Mais dès 1871 naît l’idée parmi leurs défenseurs de les faire amnistier. C’est le cas de Victor Hugo, qui en fait le dernier grand combat de sa vie. De nombreuses propositions de loi sont débattues puis rejetées, jusqu’au vote définitif de l’amnistie en 1880, après le retour des républicains au pouvoir. Les communards emprisonnés ou exilés peuvent alors revenir en France.

 

« Le cadavre est à terre mais l’idée est debout »

« L’amnistie est la suprême extinction des colères, des guerres civiles. Pourquoi ? Parce qu’elle contient une sorte de pardon réciproque (…). Ce qu’on implore, ce qu’on veut, c’est l’apaisement ; et, messieurs, il n’y a qu’un apaisement, c’est l’oubli », argumente à l’époque Victor Hugo, afin de faire accepter la loi. Mais, très vite, l’oubli ne suffit plus. « C’était un premier pas. Cependant l’amnistie efface la peine mais pas la condamnation. Les communards et leurs héritiers se prononcent alors pour une réhabilitation totale », rappelle Roger Martelli. L’historien est également coprésident de l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris. Il s’agit de la plus ancienne organisation du mouvement ouvrier français encore en activité. Fondée en 1882 par les communards revenus de déportation et d’exil, elle vise à faire vivre la mémoire et les combats de la Commune. Sa devise est la suivante : « Le cadavre est à terre mais l’idée est debout ».

De nombreuses mesures prises par la Commune seront d’ailleurs adoptées ensuite, au fil des ans. Mais il faudra attendre 2016 pour qu’une résolution proclamant la réhabilitation des communards soit votée à l’Assemblée nationale, à l’initiative du député PS Patrick Bloche. Le texte, qui n’est pas soumis à décret d’application et aurait pu aller plus loin, constitue une avancée considérable, puisqu’il invite à ce que la République « rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté », et juge nécessaire « que soient mieux connues et diffusées les valeurs républicaines portées » par la Commune de Paris. A. S.

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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 20:27

Un diaporama réalisé par Pierre-Yvon Boisnard, 22 mars 2021

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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 19:53

Tous les amis et les camarades du PCF Pays de Morlaix s'associent au chagrin de Monique, son épouse, ses enfants et de toute sa famille lors du décès de M. Alain David

C'est pour notre famille politique du Parti communiste une peine de voir disparaître brutalement ce militant qui a tant œuvré pour la population.

Nous appelons à participer à l'hommage qui lui sera rendu au crématorium de Saint Thégonnec mardi 23 mars à 13h30.

Une souscription pour le journal « L’HUMANITÉ » sera organisée à l’occasion de la cérémonie en l’hommage d'Alain.

Une urne sera prévue pour recevoir les dons.

Ces dons peuvent être donnés en « espèces » ou par « chèques » (libeller son chèque à l’ordre suivant : Presse et Pluralisme « Souscription Humanité »).

A l’issue de la cérémonie nous proposons aux camarades de se retrouver au local du PCF pour un dernier hommage à Alain.

Quelques membres de la famille viendront y faire un passage.

Alain David - croquis par notre camarade Christophe Ducourant

Alain David - croquis par notre camarade Christophe Ducourant

Photo d'Alain David, Pierre-Yvon Boisnard

Photo d'Alain David, Pierre-Yvon Boisnard

UNE TERRIBLE NOUVELLE : notre ami et camarade Alain David est décédé

Nous avons eu la douleur d’apprendre le décès hier, 18 mars 2021, à 17h, le jour anniversaire des 150 ans de la Commune de Paris, de notre ami et camarade Alain David.

Alain, suite à un accident domestique, avait été hospitalisé à l’hôpital de Nantes où sont soignés les personnes victimes de brûlures. Son cœur n’a pas tenu : il est mort d’une crise cardiaque.

Alain David fut élu pendant 31 ans à la ville de Morlaix, de 1977 à 2008, jusqu'à ses soixante-cinq ans (quatre mandats d’adjoint, deux aux affaires scolaires, deux à l’urbanisme, un mandat dans l’opposition).

Il disait à Jean-Philippe Quignon, journaliste du Télégramme en 2007, juste avant de prendre sa "retraite" d'élu (mais pas de l'engagement politique) :

« Mon militantisme ne s’est jamais limité à mon engagement municipal, et heureusement d’ailleurs, car c’est à mes yeux un des dangers qui guette les élus locaux, trop souvent cantonnés à un rôle de gestionnaires. Ce militantisme a donné un sens à mon action locale ».

Né en 1942, issu d’une famille modeste, Alain arrive à Morlaix à 5 ans avec son père, ouvrier chez Cam Bois, et sa maman, mère au foyer. Très intelligent, il réussit à l’école et intègre l’école normale de Quimper pour devenir instituteur. Il obtient son premier poste dans l’Éducation Nationale en 1963, il devient instituteur dans la classe de transition à Saint-Martin-des-Champs. Il exercera une grande partie de sa carrière comme professeur de technologie à Morlaix.

Il adhéra au Parti communiste à Morlaix pendant le mouvement de mai 1968. Il avait 26 ans.

Et il prit tout de suite des responsabilités dans la section, succédant comme secrétaire de section à Michel Derrien, décédé lui aussi il y a quelques semaines (et pour qui Alain David avait prononcé un vibrant éloge funèbre à Saint Thégonnec). Alain David fut la grande voix du Parti communiste dans la région de Morlaix pendant des décennies. Il fut candidat pour le Parti communiste sur de nombreuses élections : législatives, départementales, municipales.

C’était un tribun, un débatteur redoutable, un homme charismatique dont la parole, allant toujours à l’essentiel, soucieuse d’être comprise par tous, et pleine de sagesse, était respectée et entendue.

En même temps, Alain est resté modeste, proche des gens, bienveillant, attentif aux autres et d'une grande générosité pour autrui.

Comme élu, militant et citoyen, il a toujours travaillé pour réduire les inégalités, faire grandir les solidarités, pour la justice sociale. Il disait au journaliste du Télégramme Jean-Philippe Quignon, en 2007 : « On a l’impression que ceux qui nous gouvernent estiment que nos compatriotes ne sont pas aptes à réfléchir… Lorsque j’ai adhéré au PC, c’était d’abord pour dire mon refus des injustices. Je n’avais pas lu tout Marx ou Lénine. Si j’y suis resté, c’est parce que j’ai toujours été convaincu qu’il fallait que demeure en France une organisation politique qui prenne en compte les besoins immédiats des gens. Un parti qui, par ailleurs, dépasse le capitalisme et affirme haut et fort que ce n’est pas la loi de l’argent qui domine tout ».

Alain David a été secrétaire de la section PCF Morlaix, élu au secrétariat départemental et au Conseil Départemental de la Fédération PCF Finistère, où il a longtemps été responsable à la formation. Formé en 1970 à l'école fédérale du PCF au Guilvinec en 1970, mise à disposition par le maire communiste Jean Le Brun, il a exercé des responsabilités dans la Fédé Nord jusqu'en 1986, date de réunification des deux fédérations communistes finistériennes. De 1986 à 2000, il fut membre du secrétariat de la fédération PCF du Finistère, chargé notamment de la formation des militants et du réseau des élus communistes (près de 300 à l'époque).  Il a toujours été soucieux de formation militante et d'éducation populaire. Il participait aussi aux Congrès Nationaux.

De 2011 à 2016, il s'est beaucoup investi dans le Front de Gauche départementalement et localement. Il est redevenu membre du Conseil Départemental du PCF Finistère en 2015. Il s'est aussi beaucoup investi dans l'atelier citoyen santé du PCF avec Christiane Caro pour organiser des débats sur les questions de santé, notamment sur la perte d'autonomie, les centres de santé. Il a également présidé à la création du Comité de défense des Usagers du Centre hospitalier du pays de Morlaix, avec Martine Carn, Roger Héré, François Rippe, Annie Bergot Le Calvez, et  d'autres encore.

Parallèlement, il a eu des engagements associatifs : il fut notamment président de MAJ (Morlaix Animation Jeunesse) pendant 16 ans, association qu’il contribua à créer et où il s’investit jusqu’à il y a peu de temps encore.

En tant qu’élu aux affaires scolaires, c’est sous son mandat que fut créée l’école expérimentale de Kerfraval. Ce fut lui qui porta le projet des tarifs dégressifs dans les cantines, les activités périscolaires et centres de loisirs communaux pour corriger les conséquences des inégalités de revenus, et cela contre l’avis du sous-préfet de l’époque.

Garantir l'égalité concrète d'accès aux droits (restauration scolaire, loisirs, logement de qualité, etc), sa préoccupation constante.

Il eut le souci de développer des lotissements à haute valeur environnementale et du logement social de qualité en tant qu’adjoint à l’urbanisme.

Pour ses collègues élus de la majorité, et notamment ceux du groupe communiste, il était d’un grand soutien et même temps qu’il fixait la barre de l’exigence politique haut, pour les intérêts des morlaisiens.

Il avait le sens du collectif, savait mettre les autres en confiance, leur montrer qu'il avait des capacités et qu'on pouvait compter sur eux.

Si Morlaix a été en pointe des solidarités, et des dispositifs de justice sociale pendant des années, c’est en partie à Alain David qu’on le doit.

Ferme dans ses convictions, il n’était pas sectaire, mais au contraire bienveillant. Il avait l’intelligence et le recul nécessaire et était respecté dans des milieux très divers, y compris par ses amis socialistes avec lequel il savait être exigeant, et par des élus et citoyens de droite.

Alain était toujours très investi dans le Parti communiste, il écrivait pour le Chiffon Rouge, et tout récemment aussi un éditorial avec Lucienne Nayet pour le Viaduc, le journal de la section PCF Morlaix. Il était toujours présent pour échanger et donner des conseils à ses camarades, tenir le stand politique du PCF à la fête du Viaduc, participer aux débats et à la réflexion collective, et volontaire pour donner un coup de main.

Le décès d’Alain est une immense perte pour Morlaix et pour le Parti communiste. Sa personnalité était tellement attachante. Nous avons tant appris auprès de lui.

La section PCF du Pays de Morlaix adresse toute sa sympathie à Monique, son épouse, ses enfants et petits-enfants, son frère Jean-Claude David, ancien élu à Plourin-les-Morlaix, ses ami.e.s et ses proches.

Article de Jean-Philippe Quignon sur Alain David en 2007 dans le Télégramme

Alain David est décédé, notre ami, notre camarade
Alain David à la fête du Viaduc sur le stand politique du PCF qu'il mettait en place ces dernières années avec l'aide de quelques camarades

Alain David à la fête du Viaduc sur le stand politique du PCF qu'il mettait en place ces dernières années avec l'aide de quelques camarades

Alain David avec Martine Carn et Roger Héré

Alain David avec Martine Carn et Roger Héré

Alain avec Monique son épouse et François (photo Pierre-Yvon Boisnard)

Alain avec Monique son épouse et François (photo Pierre-Yvon Boisnard)

Jean-Luc Le Calvez et Alain David (photo Pierre-Yvon Boisnard)

Jean-Luc Le Calvez et Alain David (photo Pierre-Yvon Boisnard)

Alain David et Pierre Moal - Photo Rodolphe Thirard (fête du Viaduc du PCF)

Alain David et Pierre Moal - Photo Rodolphe Thirard (fête du Viaduc du PCF)

Photo Cyril Deleau - manifestation de l'AFPS à Plourin-les-Morlaix

Photo Cyril Deleau - manifestation de l'AFPS à Plourin-les-Morlaix

Photo Jean-Luc Le Calvez - campagne municipale de Morlaix Ensemble (photo Jean-Luc Le Calvez)

Photo Jean-Luc Le Calvez - campagne municipale de Morlaix Ensemble (photo Jean-Luc Le Calvez)

Photo Jean-Luc Le Calvez - campagne européenne de Ian Brossat, avec Lassana Bathily (photo Jean-Luc Le Calvez)

Photo Jean-Luc Le Calvez - campagne européenne de Ian Brossat, avec Lassana Bathily (photo Jean-Luc Le Calvez)

Alain David et Daniel Ravasio, fête du Viaduc (photo Jean-Luc Le Calvez)

Alain David et Daniel Ravasio, fête du Viaduc (photo Jean-Luc Le Calvez)

Photo Cyril Deleau et Jean-Luc Le Calvez- fête du Viaduc
Photo Cyril Deleau et Jean-Luc Le Calvez- fête du Viaduc

Photo Cyril Deleau et Jean-Luc Le Calvez- fête du Viaduc

Alain David est décédé, notre ami, notre camarade
Alain David - Annie Bergot Le Calvez - Michel Derrien, 3 élus communistes de la majorité de gauche à Morlaix (photo d'archives PCF Morlaix)

Alain David - Annie Bergot Le Calvez - Michel Derrien, 3 élus communistes de la majorité de gauche à Morlaix (photo d'archives PCF Morlaix)

Un hommage à Alain David sera rendu le mardi 23 mars à 13 h 30 au crématorium de ST THEGONNEC.

Alain repose au centre funéraire Rue du Dct Kergaradec à PLOURIN LES MORLAIX (centre situé à proximité de l’hôpital).

Il y sera visible à partir du samedi 20 mars après-midi.     

L’avis mortuaire de la famille sera publié le dimanche 21 mars et le lundi 22 mars.

A l’issue de la cérémonie nous proposons aux camarades de se retrouver au local du PCF pour un dernier hommage à Alain.

Campagne d'Alain David aux législatives en 1978 - Morlaix - Album de l'expo Villeglé à Morlaix

Campagne d'Alain David aux législatives en 1978 - Morlaix - Album de l'expo Villeglé à Morlaix

Ils font partie des nombreuses personnes  qui ont exprimé leur sympathie pour Alain depuis l'annonce de son décès:

 

M. Jean-Paul Vermot, maire de la ville de Morlaix, et l'ensemble du conseil municipal ont le regret de vous faire part du décès de

ALAIN DAVID

et s'associent à la douleur de sa famille et de ses proches.

Depuis ses 26 ans, Alain David s'est engagé dans la vie publique et a œuvré en faveur de la justice sociale pour réduire les inégalités sociales.

Élu pendant 31 ans à la ville de Morlaix (1977- 2008), il fut adjoint aux affaires sociales scolaires et adjoint à l'urbanisme, marquant la ville de son action et établissant un lien de proximité avec les habitants. 

Également engagé dans la vie associative, il a notamment contribué à créer Morlaix Animation Jeunesse (MAJ) qu'il a présidé pendant 16 ans. 

La ville de Morlaix est reconnaissante de son action au service de l'intérêt général.

Un livre de condoléances est ouvert en mairie.

Robert Clément, ancien secrétaire départemental de Seine St Denis et maire PCF de Romainville, ancien président de l'ANECR: "Mes pensées émues et mes plus sincères condoléances à ses proches, à ses amis et ses camarades. J'ai bien connu Alain à l'époque où j'étais responsable de l'ANECR. Alain était toujours présent à nos réunions. Encore une bien triste nouvelle".

Christian Beaumanoir (PCF Crozon): "C'est avec une très grande tristesse que j'apprends le décés de notre camarade Alain. Je garde le souvenir d'un homme toujours courtois , d'une trés grande intelligence et ayant toujours une bonne analyse de la vie de notre parti. Il va beaucoup nous manquer. Je présente à sa famille et à tous mes camarades de Morlaix mes très sincères condoléances"

André Bernard (PCF Fouesnant):

" J'apprends la triste nouvelle qui me bouleverse. Avec le départ de Alain, c'est plus de 60 ans de souvenirs qui remontent. Nous appartenions à la même promotion, entrés à l'Ecole Normale de Quimper en 1959. Nous étions essentiellement fils d'ouvriers et de petits paysans issus des Cours Complémentaires dont certains s'étaient fait la spécialité de préparer à l'EN les "meilleurs éléments": Huelgoat, Scaer, Paul Bert (l'actuel collège Brizeux) à Quimper. Nous y recevions une instruction plus large que profonde (il appartenait à chacun d'approfondir ensuite) qui nous préparait à notre futur rôle d'Héritiers des "Hussards Noirs", un peu bouffeurs de curés; mais surtout promoteurs de la Laicité et ardents défenseurs des services publics. C'est sur ses bases qu'est née une amitié qui a duré jusqu'à aujourd'hui. A l'EN , Avec Alain, André GOURIOU ( le papa de Isabelle ASSIH l'actuelle Maire de Quimper) et quelques Camarades du cercle des JC, nous avons passé quelques nuits à recopier et à dupliquer à la ronéo à alcool la QUESTION de Henri ALLEG; que nous allions ensuite distribuer autour des Halles de Quimper. C'était l'époque de nos premiers engagements militants sur les bases du refus de la guerre et pour la paix en Algérie au côté de Jean-François HAMON , la figure emblématique du PC Quimpérois.  Avec Alain, c'est plus de 60 ans d'amitié, de valeurs partagées et d'engagements communs, jamais démentis. Avec l'âge, nous nous étions un peu perdus de vue, mais nous continuions à échanger quelques idées par E-mail. Je m'associe à l'hommage qui va lui être rendu et vous demande de bien vouloir également d'être mon porte-parole auprès des Camarades morlaisiens, des proches et de la famille de Alain. Aujourd'hui, j'ai perdu un Ami. André BERNARD"

Roland Nivet, président du Mouvement de la Paix: " Tristesse . Sincères condoléances à sa famille , à ses amis et ses camarades. Le Mouvement de la paix perd un de homme de paix informé et toujours pret à agir pour la paix et la solidarité internationale".

Piero Rainero (ancien secrétaire départemental du PCF Finistère et membre du conseil national du PCF, PCF Quimper): " C'est avec une grande tristesse que j'apprends le décès d'Alain. Nous nous connaissions depuis si longtemps. Depuis qu'en 197O, durant les vacances de Pâques, nous avions participé à la même école fédérale du parti d'une semaine dans les locaux d'une école publique au Guilivinec mise spécialement à la disposition de la fédération par le maire communiste Jean le Brun. Cela fait déjà plus de 50 ans.... Il militait dans la Fédé Nord et moi dans celle du Sud, elles avaient été créées en janvier de cette même année 1970 lors de la conférence fédérale qui s'était tenue à Audierne dans les locaux de la colonie de Romainville sous la présidence d' André Stil futur académicien Goncourt. Puis nous nous sommes retrouvés pour militer ensemble lorsque ces 2 fédérations furent réunies en 1986. Il joua dès lors un rôle important dans le parti à l'échelle du département tout en restant très attaché à sa ville Morlaix où il fut longtemps un élu actif, présent et respecté. De 1986 à 2000 il fut membre du secrétariat de la fédération du Finistère en charge de responsabilités diverses: la formation militante, les élus, il y en avait alors près de 300 de notre sensibilité. C'était un camarade dont  la réflexion politique était appréciée par tous, toujours disponible, amical. Que de souvenirs avions-nous ensemble : de notre complicité dans les débats politiques parfois rudes des années 80 aux moments festifs que nous partagions dans les fêtes du parti, les repas pris en commun chaque semaine après nos réunions du secrétariat fédéral et du bureau fédéral, les congrès nationaux auxquels nous étions délégués... Les évolutions de la vie et de nos responsabilités respectives dans le département ont fait que nos contacts ont été naturellement moins fréquents mais nous gardions toujours des relations personnelles et politiques. Tu transmettras à Monique son épouse et à ses enfants mes plus sincères et amicales condoléances. Amitiés, Piero Rainero".

Françoise et Serge Anne (PCF Quimperlé): "C'est une grande perte. Nous apprécions énormément ses interventions, tellement réfléchies et fraternelles. J'ai aussi aimé répondre à des questionnements qu'il a quelquefois livrés par courriel, nous l'aimions énormément."

Martine Le Nozerh (PCF Plozevet, Pays Bigouden): "Je présente mes sincères condoléances à sa famille. J'appréciais beaucoup ses analyses pertinentes. Un grand et chaleureux camarade. Je pense à tous les camarades de Morlaix".

Christiane Caro (PCF Saint-Brieuc, atelier citoyen santé Bretagne): "Nous perdons un camarade généreux, toujours disponible pour échanger avec sourire et humour. Il m'a beaucoup apporté et soutenue. Il restera dans nos cœurs".

Mikaël Seillé: "J'ai peu de mots pour dire toutes la peine que j'ai en apprenant la mort d'Alain. Il faisait partie des gens que je considérais comme un bon professeur. De ceux qui vous donne le goût de la politique et de la sagesse aussi .  J'ai une pensée pour sa famille bien sûr , et pour tout ceux qui l'on connu et seront dans la tristesse. Je te souhaite un bon voyage Alain" !
 
Michel Le Bourhis: "Sincères condoléances à la famille. Je penserai aux 30 ans passés ensemble à Saint Martin et au Château. Salut Alain"
 
Marie Pellerin: "Un homme vrai, sincère et qui ne cachait pas ses sentiments. Il va me manquer énormément".
 
André Laurent (adjoint à la culture à Morlaix): "Je l'aimais beaucoup cet homme. Son engagement sans faille, sa disponibilité"
 
Sophie Prévost: "Triste nouvelle. Je suis en pensée avec celui qui m'a mariée, un beau vendredi de l'été 2007"
 
Anne Caradec: "J'ai perdu un deuxième père. Parce que c'était lui, parce que c'était moi".
 
Anne-Claire Le Vaillant:
 
" Je n’ai pas ou peu de mots pour t’accompagner sur ta dernière route. Ce moment est si douloureux. C’est si difficile les séparations, c’est si délicat de te livrer des mots définitifs, de parler de toi à tes proches et raconter le grand homme que tu étais.
Quand j’étais petite, dès la primaire où je commençais à savoir lire, Tu étais pour moi, L’Homme Politique de Morlaix. Le Grand Monsieur qui faisait de la politique. Car je voyais, je regardais et je lisais ensuite, les affiches pour les élections, à chacune de tes candidatures. Les valeureux camarades savaient coller ! Tout coat-serho me permettait, sur le chemin de l’école et des loisirs, d’apprendre à questionner tes idées, tes projets, tes chemins pour un monde meilleur.
ALAIN DAVID. Candidat. PCF.
Combien d’affiches ai-je lu, combien de tract, de questions à mon père, ensuite sur le chemin du Launay pour le collège ou sur celui de Kernegues pour le lycée, ai-je parcouru afin d’en comprendre les idées. À cette époque je n’étais pas dans la politique, mais c’est certainement toi et toute l’équipe du parti à l’époque qui m’avez permis de forger mon caractère et mes idées. Bien sûr, il y avait mes profs socialistes, qui les encourageaient, et de ces idées en faire mes choix. Hélène Vazel, Françoise et Michel Cléac’h de Saint-Jean, Abalea, Marie-Louise et sa rigueur de l’histoire et tous les autres que tu as retrouvé ensuite pour ton dernier mandat. Tu étais notre aîné, notre valeur sûre, notre figure tutélaire. Je m’en rends compte maintenant, que c’est ta permanence, ta force et ta continuité, qui ont fait de moi, la militante que je suis, certaine de ses choix, de ses idéaux, même si mes chemins cherchent des chemins escarpés, des lointains pas toujours sereins. C’est comme ça que mon tout premier vote, en 1988, fut le choix clair et simple des communistes. Et à chaque élection locale, ensuite, pour toi.
C’est comme si tu m’avais accompagné comme une présence familière, rigoureuse et permanente dans mon apprentissage. Je n’ai jamais oser aller vers toi pendant toutes ces années de jeunesse. Tu étais l’Homme Politique de Morlaix. Autant que le Maire, voir plus pour moi. Et pourtant, il m’a fallu tant d’années, toutes ces années parisiennes et militantes, avec errance parfois, pour te croiser, pour serrer ta chaleureuse main. Ce fut en 2007, lorsque tu as marié mon frère, un 14 juillet.
J’ai rencontré ce jour là, un homme censé, clairvoyant, empathique et chaleureux.
J’étais venue te remercier, nous avons échanger sur la politique et sur Morlaix. Tu m’as reçue avec une très grande tendresse, et même avec presque de la timidité lorsque je faisais l’éloge de tes actions passées comme le projet de la Manu en 2001, et de nos actions communes.
C’est ensuite, grâce à mon encartement à la section de Morlaix, avec l’accueil chaleureux d’Ismaël, de Daniel, de Jean-Luc, que j’ai pu apprécier ta finesse d’esprit, ta capacité de débatteur hors norme. Et j’ai découvert aussi ta gentillesse et ton soutien indéfectible à la formation des militants et des élus. Ton humour, en toutes circonstances, ta capacité de recul dans les débats, incisifs parfois quand les moments devenaient douloureux, toutes ces qualités étaient pour nous, une sauvegarde des temps difficiles. Tu as su nous montrer le cap. Nous le tiendrons mon ami, mon camarade.
Que les vents, la terre et la mer te soient doux. Adieu Alain.
Anne-Claire Le Vaillant"
 
Marianne Perrot: "Au-delà du type formidable et du charisme, des engagements d'Alain, je me souviens de soirées passées avec mes parents, Alain et Monique, les enfants. (...) Alain, dont la voix si particulière et si chaleureuse résonne encore. Un sacré bonhomme, toujours à l'écoute, toujours les mots justes..."
 
Glenn Le Saoût: "Une terrible et brutale nouvelle.  Des réflexions toujours dans l’air du temps et d’une justesse incroyable. Alain avait le chic d’apporter une touche à chacune de ses interventions. Sa modestie et son caractère bien trempé était sans doute ses marques de valeur. Un grand monsieur nous quitte. Je suis vraiment attristé par cette nouvelle". 

Claude Bonnard: "Bien triste nouvelle. Je ne doute pas qu'il va manquer à bien des gens, et au delà du cercle de militants. Pour ma part j'ai eu l'occasion de le fréquenter pas mal professionnellement, aussi bien comme professeur des écoles, militant associatif, élu de la majorité ou de l'opposition. Je ne pense pas avoir un seul mauvais souvenir. Au contraire. Si un regroupement d'hommage est prévu, quand les temps sanitaires le permettront, je souhaiterait pouvoir y participer".

Rodolphe Thirard: " Vraiment très triste. Je connaissais Alain David depuis 1986 et c'était toujours un plaisir de parler et d'échanger avec lui. Une personne d'une gentillesse et d'une intelligence rare. C'est une immense perte".

Pierre-Yvon Boisnard: "Oui, un grand sage!!!"

Françoise Abalain (ancienne adjointe socialiste et présidente de Morlaix Animation Jeunesse): "Un grand homme"

Kollo Oumarou (militant associatif morlaisien): "Très touché par le décès d'Alain David. Je présente mes condoléances les plus attristées à sa famille et à tous ses proches. A chaque fois que je l'ai croisé, nos échanges ont été riches et chaleureux et nous avons trouvé une convergence sur nos points de vue. Qu'il repose en paix".

Camille Thomas: "Triste nouvelle... On avait encore beaucoup à apprendre de sa sagesse. J'ai eu la chance de l'avoir comme prof de techno au collège du château".

Katell Salazar (élue morlaisienne): "Un homme profondément bienveillant, engagé et attentionné".

Michel Le Goff (ancien maire PS de Morlaix pendant 2 mandats avec Alain David): "Rentrant d'un déplacement hors de Bretagne, je viens d'apprendre le décès d'Alain David. Cette nouvelle me touche beaucoup car, compte tenu de son expérience, j'ai beaucoup appris pendant les deux mandats que nous avons menés ensemble. Homme d'une grande intelligence, d'une grande culture qui n'a jamais perdu de vie l'essentiel, qui restait le moteur de son engagement et de ses choix, l'humain. Mes pensées vont à sa famille, ses proches, je pense aussi bien entendu à ses camarades qui en ce jour sont un peu tous orphelins".

Henri Merlin Gaba Engaba (élu morlaisien): "Un grand homme s'en est allé, un sage avec une grandeur d'esprit incommensurable, très proches des gens".

Ensemble 29: "Cher·es amies et camarades du PCF de Morlaix et du Finistère

C’est avec une infinie tristesse que nous apprenons le décès d’Alain David que nombre de militantes d’Ensemble 29 avaient appris à connaître notamment au travers de l’animation du Front de Gauche 29.
C’est un camarade avec qui plusieurs d’entre nous ont partagé nombre de combats pour la justice sociale, l’égalité des droits, la lutte contre l’extrême-droite ou encore la solidarité internationale.
Avec lui nous avons mené en Pays de Morlaix et en Finistère nombre de campagnes unitaires où il représentait votre organisation le PCF. C’est aussi une personnalité politique importante qui s’en va et les échanges toujours précieux que nous pouvions avoir avec lui vont manquer à ceux d’entre nous qui avaient l’occasion de le rencontre
C’est un camarade et un ami que nous étions sûrs de retrouver à chacune des manifestations de la gauche sociale et politique à Morlaix, son absence va peser lourd lors de nos prochains rassemblements.
Les adhérent·es d’Ensemble 29 s’associent à votre peine et présentent à Monique sa femme, et à toute sa famille nos plus sincères condoléances.
Pour Ensemble 29
François Rippe - Alain Rebours - Dominique Resmon - Guy Le Dem 
André Garçon - Jean Louis Griveau - Hélène et Patrick Derrien"
 

Jean-Pierre Carons (NPA Morlaix): "Condoléances des camarades du NPA Morlaix en apprenant la disparition d'Alain, compagnon de lutte contre l'exploitation et l'injustice".

Fabris Cadou (gauche indépendantiste bretonne): "C'est avec tristesse que j'ai appris le décès du camarade Alain David. Je te présente à l'ensemble des camarades communistes morlaisiens, nos sincères condoléances. Les camarades de la gauche indépendantiste se joignent à moi pour vous assurer de notre sympathie et solidarité."
 
EELV pays de Morlaix , par l'intermédiaire de Christine Prigent:
"Touchés par le décès d'Alain David, les militant.es EELV du pays de Morlaix présentent leurs condoléances à sa famille et à ses proches. Nous saluons l'infatigable militant communiste qui a durablement marqué la vie politique de Morlaix et de la communauté. Alain savait porter haut la voix de son parti et, si nous avons parfois eu des désaccords, nous tenons à exprimer tout notre respect pour son engagement dans la vie publique au service de ses convictions".
 

Gaëlle Auregan: "Un homme charmant. Je suis profondément peinée par la disparition d'Alain. Sa courtoisie, sa gentillesse, son écoute devraient être des exemples pour nous tous".

Marie Simon Gallouedec (ancienne adjointe aux affaires sociales pendant 2 mandats avec Agnès Le Brun): "Respect et tristesse... beaucoup de souvenirs depuis très longtemps".

 

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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 08:55

 

Allocution de Fabien Roussel au mur des fédérés à l'occasion du 150eme anniversaire de la Commune de Paris

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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 08:51

 

Il y a cent cinquante ans, la révolution parisienne fut l’initiatrice d’une République sociale, laïque et démocratique inédite. Récit de ces 72 jours d'une expérience sans précédents dans l'histoire de la France, et des riches débats qui leur succédèrent.

Soixante ans après le début de la Révolution française, le second Empire avait, sur les cendres des journées de Juin 1848 et le coup d’État du 2 décembre 1851, instauré la dictature de la grande bourgeoisie financière et industrielle sur la France.

Face au régime libéral, plébiscitaire et autoritaire de Napoléon III, une force sociale nouvelle n’avait cessé de s’affirmer avec la transformation du système de production autour de l’industrie, de la machine à vapeur et du travail salarié, dont celui des enfants. Elle avait obtenu, en 1864, la reconnaissance de son droit de coalition et, la même année, s’était organisée politiquement sous la forme d’une Association internationale des travailleurs (AIT).

 

Le fiasco militaire de Sedan et la capitulation de l’empereur

Confrontée à la montée en puissance de la Prusse, la France avait déclaré la guerre au royaume de Guillaume Ier et d’Otto von Bismarck, le 19 juillet 1870. À peine un mois et demi après, le 2 septembre, la campagne de « Napoléon le Petit », selon l’expression de Victor Hugo en 1852, se soldait, après une série d’autres, par le fiasco militaire de Sedan et la capitulation de l’empereur.

Les événements, fait significatif, seront annoncés au Palais-Bourbon par Eugène Schneider, maître du Creusot et président du corps législatif impérial, président de la Société générale et fondateur, avec Charles de Wendel, du Comité des forges, la veille de la proclamation de la République, le 4 septembre.

Autre fait significatif, c’est dans la galerie des Glaces de Versailles que sera proclamée la naissance de l’État allemand, le 18 janvier 1871, date à laquelle les armées du Kaiser assiègent Paris et tiennent sous leur coupe le nord-est du territoire de la France métropolitaine.

 

Un armistice honteux, le 28 janvier

La République proclamée le 4 septembre 1870, celle du gouvernement de la défense nationale puis, après les élections législatives du 8 février 1871, celle placée sous l’autorité d’Adolphe Thiers et d’une Assemblée nationale à majorité royaliste installée à Versailles, organisera, sous la pression de l’Empire allemand et des milieux d’affaires français, l’écrasement de la Commune de Paris.

Elle avait promis une mobilisation acharnée avec à l’esprit les souvenirs des batailles de la Révolution française de Valmy (1792) et de Fleurus (1794). Elle signera – malgré l’opposition de Gambetta et de Garibaldi – un armistice honteux, le 28 janvier, et bientôt un traité préliminaire de paix, le 26 février. Après une série de trahisons, elle entérinera, entre autres humiliations, la perte de l’Alsace-Lorraine, avant de se réarmer, avec l’appui des nouveaux maîtres de l’Allemagne, contre Paris.

 

Le Paris populaire résiste

Le 7 janvier 1871, l’affiche rouge signée notamment par Édouard Vaillant et Jules Vallès demandant la naissance de la Commune de Paris, à l’image de la Commune insurrectionnelle de Paris de 1792, avait eu peu d’écho. Le 22 janvier, les tirs de la troupe sur les manifestants opposés à la capitulation rassemblés devant l’Hôtel de Ville, le jour où Louise Michel prend pour la première fois les armes, lancent l’alarme. La décision du gouvernement de février d’imposer le règlement des loyers et des échéances impayés, de supprimer la solde des gardes nationaux et de s’emparer des canons de Montmartre mettra le feu aux poudres.

Le 18 mars 1871, l’idée de la Commune ressurgit avec la claire prise de conscience de la trahison du gouvernement de défense nationale puis du gouvernement de février et l’engagement des manœuvres de ce dernier pour écraser définitivement la résistance parisienne. Le 28 mars, à la suite des élections municipales du 26, un Conseil de la Commune est proclamé. La Commune de Paris de 1871, du 18 mars au 28 mai, date de la fin de la « semaine sanglante », durera soixante-douze jours (soixante-treize avec la prise du dernier fort à Vincennes, le 29 mai).

« Ceux qui tiennent la matraque exigent l’amnésie historique », écrit Noam Chomsky dans l’Ivresse de la force (Fayard). La Commune de Paris de 1871, clé de l’histoire contemporaine, non seulement française mais mondiale, ce « sphynx » selon l’expression de Karl Marx (1), trop souvent biffé d’une censure tenace dans notre mémoire, sera, malgré l’adversité, d’une intensité politique inouïe.

 

Le rôle des Parisiennes est décisif

Stimulée par l’action des clubs, journaux, comités, assemblées, cercles, syndicats, associations, unions dont, en particulier, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, fondée par Nathalie Le Mel et Élisabeth Dmitrieff, militante de l’AIT, ou le Comité des femmes de la rue d’Arras, organisant des ateliers collectifs « afin de préparer l’organisation du travail des femmes par elles-mêmes ». Le rôle des femmes du peuple de Paris est décisif. Les « mains de Jeanne-Marie » comme l’écrivait Arthur Rimbaud, mais aussi leurs voix, leurs plumes et leurs cœurs battants entraîneront, dans le cours des événements, un bouillonnement de projets et d’idées inédit.

De par son œuvre économique et sociale tout d’abord, la Commune répond à l’urgence d’une situation hautement critique et dessine les linéaments d’une nouvelle organisation de la société. Entre autres mesures, elle promulgue l’interdiction de l’expulsion des locataires, un moratoire sur les loyers, la réquisition des logements vacants pour les donner aux sans-logis et aux victimes des bombardements.

Elle transforme huissiers, notaires, commissaires-priseurs et greffiers des tribunaux en fonctionnaires pour les plus pauvres, elle promulgue la suspension de la vente des objets du Mont-de-piété et le dégagement gratuit pour certains d’entre eux. Elle met en place les éléments d’une protection sociale, avec la création de pensions, de cantines, de dispensaires, d’orphelinats ainsi que de soins médicaux gratuits.

 

Salaire minimum, journée de dix heures et réglementation du travail de nuit

Dans le champ du travail qu’elle commande directement, elle limite la journée de travail à dix heures, journée de travail qui était le plus souvent de quinze, voire de dix-huit heures par jour. Elle réglemente le travail de nuit et l’interdit dans les boulangeries. La Commune prend des mesures d’augmentation des salaires pour les travailleurs communaux, dont les postiers et les instituteurs. Elle contraint les entreprises qui travaillent pour elle de fixer un salaire minimum.

Elle interdit la pratique des amendes et des retenues sur les salaires opérées par le patronat. Elle assimile l’abandon d’un atelier par un patron à une désertion et légalise la remise aux travailleurs, constitués en société coopérative, des ateliers abandonnés avec une journée de travail maximale de dix heures et la désignation de leurs cadres par élection. Elle supprime les bureaux de placement privés et stimule la création de chambres syndicales qui se multiplient, et accroissent leurs actions.

 

Déconcentration du pouvoir et démocratie ouvrière

Inédite par son œuvre sociale et économique, la Commune de Paris de 1871 le sera également par son œuvre politique. Constitué de républicains de gauche, jacobins, blanquistes et indépendants ainsi que de socialistes, proudhoniens, internationalistes communistes ou radicaux, le Conseil de la Commune tire son inspiration politique des revendications démocratiques de la Convention montagnarde (1793-1794), de la Constitution de l’an I ainsi que de celles nées pendant et après la révolution de 1848, mettant en avant la démocratie directe – question agitant également les rangs de l’AIT –, la déconcentration du pouvoir d’État ainsi que le contrôle des représentants par le peuple.

Elle fait aussi écho aux revendications de la démocratie ouvrière impliquant la démocratisation de l’organisation des unités de production, usines, manufactures, ateliers et services publics. Entre autres mesures, elle promulgue le principe de séparation de l’Église et de l’État et la suppression du budget des cultes.

 

Révolution culturelle

Elle met en place, contre l’enseignement traditionnel imprégné d’obscurantisme, de préjugés inégalitaires de race, de sexe et de classe, une commission de l’enseignement avec pour mission la création d’une école laïque, gratuite et obligatoire incluant les arts, le sport et la culture pour tous ainsi que la promotion de l’enseignement professionnel polytechnique et l’égalité des sexes.

Elle met en place une commission fédérale des artistes dans laquelle se retrouvent notamment Corot, Courbet, Daumier et Manet pour faire ouvrir au public les musées de la ville, le jardin des Tuileries aux enfants et les bibliothèques aux travailleurs. Une révolution en matière culturelle pour l’époque.

« Les théâtres s’ouvrent », raconte Prosper-Olivier Lissagaray (2) : « Le Lyrique donne une grande représentation musicale au profit des blessés. ­L’Opéra-Comique en prépare une autre. Les artistes abandonnés par le directeur de la Gaieté dirigent eux-mêmes leur théâtre. Le Gymnase, le Châtelet, le Théâtre-Français, l’Ambigu-Comique ouvrent leurs portes à la foule. Des concerts sont organisés aux Tuileries, pour les veuves et les orphelins de la Commune »

 

Un pouvoir municipal élargi

Dans le domaine politique au sens institutionnel, la Commune, fonctionnant sur la base d’un dialogue ouvert permanent avec le peuple parisien par le biais des commissions, est placée sous le principe de la révocabilité des élus et des magistrats ainsi que l’idée du mandat impératif.

Patriotique mais dans un sens universaliste, elle ouvre la citoyenneté aux étrangers, qui seront nombreux parmi ses militants et combattants. Soucieuse de rompre avec le centralisme du Paris impérial, elle envisage la mise en place d’une République décentralisée fondée sur un pouvoir municipal élargi.

Mais la Commune de Paris de 1871 ne fut pas seulement un ensemble d’organes politiques et civiques dont l’action, d’une teneur extraordinaire pour les deux mois de son existence, pourrait être considérée comme un « arrêt sur image ». Comme telle, malgré ses audaces, sous la menace constante de son écrasement militaire et de son effondrement politique, isolée par l’échec des Communes provinciales, entre autres, de Lyon, Marseille ou Saint-Étienne, elle souffre nécessairement de nombre d’imperfections, de limitations et de contradictions soulignées, notamment, par la critique marxienne et marxiste.

 

L'espérance du « temps des cerises »

Elle fut, comme la Révolution française ou la révolution soviétique de 1917, un mouvement social en acte porteur, dans ses interstices mêmes, de principes dépassant sa lettre et traversant les époques.

Portant en elle l’espérance de ce « temps des cerises » qui, depuis la révolte de Spartacus contre le régime de l’esclavage romain, ne cesse de renaître au printemps d’une humanité productrice et créatrice s’émancipant de ses tutelles politiques, économiques, sociales et imaginaires, elle ne cesse de nous interpeller et de nous convier à la découvrir et à la redécouvrir, à l’image du hors-série exceptionnel, « Un espoir mis en chantier », que l’Humanité consacre à son cent cinquantième anniversaire.

Sur ses branches de mai 1871 ensanglantées par l’égoïsme armé des classes et des castes dominantes, comme au sortir de l’Occupation et de la Collaboration, ombrageant le mur des Fédérés témoignant de l’héroïsme des titis et des grisettes de la Commune de Paris, « à l’assaut du ciel », les fleurs de cerisier des « jours heureux ».

(1)  La Guerre civile en France, dans Sur la Commune de Paris, textes et controverses. Éditions sociales, 2021.

(2) Histoire de la Commune de Paris 1871, de Prosper-Olivier Lissagaray. La Découverte, 2005.

 


150 ans de la Commune, notre sélection d'articles pour revivre ce moment historique :

 

 

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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 08:49

 

Une partie de la droite lui crache dessus, Emmanuel Macron l’ignore, tandis que la gauche s’honore de s’inscrire dans ses pas. Cent cinquante ans après, l’élan et la vitalité de cette révolution interrogent toujours le monde.

Impérissable Commune de Paris ! Réprimée par le sang et les déportations en 1871, insultée jusqu’à nos jours, la révolution de 1871 inspire encore espoir à gauche et effroi à droite. Mais qu’a-t-elle donc réalisé pour être à ce point admirée et honnie en 2021 ?

 

Le 18 mars1871, les Parisiens se révoltent

Il y a cent cinquante ans, le 18 mars 1871, les Parisiens se révoltent. Ils refusent la capitulation devant les Prussiens, dénoncent les projets de rétablissement monarchique de l’Assemblée de Versailles, et empêchent le gouvernement d’Adolphe Thiers de s’emparer des canons de la Garde nationale.

La suite ? Soixante-douze jours d’innovations et d’expérimentations politiques qui ont marqué l’histoire du mouvement ouvrier et féministe à l’échelle internationale. La Commune de Paris proclame la séparation de l’Église et de l’État, l’instruction gratuite et laïque, la réquisition des logements vacants et des ateliers de production, en plus de la citoyenneté pour les étrangers. Elle brûle aussi la guillotine, et ébauche les premières pages d’un droit du travail, visant à l’égalité salariale entre les hommes et les femmes.

 

Plus de 20 000 communards tués par les versaillais

Où est donc le problème ? « L es incendies de la Commune ont ravagé des pans entiers de la capitale  ! » assène l’élu LR Rudolph Granier en plein Conseil de Paris. « Pourrez-vous encore dénoncer les casseurs après avoir honoré en grande pompe ceux qui ont choisi de brûler les Tuileries, le Palais-Royal et notre Hôtel de Ville ? » poursuit Antoine Beauquier, un proche de Christine Boutin.

Les deux conseillers de droite s’indignent des commémorations organisées par la Ville de Paris. Quel toupet ! Ils oublient bien vite que c’est Adolphe Thiers qui a fait bombarder la capitale, et que les terribles incendies imputés à la Commune ont lieu en plein chaos, pendant la « semaine sanglante », sans l’aval de son gouvernement. Ils ne sont pas seuls à cracher sur la Commune.

L’ambassadeur de France en Ukraine, Étienne de Poncins, la qualifie de « préfiguration du totalitarisme communiste soviétique par la terreur et les massacres accomplis ». Quel rapport, pourtant, entre l’exécution d’une centaine d’otages, là encore contre l’avis des dirigeants de la Commune et en plein désastre, et les purges staliniennes ? Sans parler des faits : fusiller les otages était une faute, mais que dire des 20 000 communards tués par les versaillais, lors de combats, puis des exécutions sommaires par milliers ?

 

« L’instauration d’une République démocratique et sociale »

« Le véritable crime de la Commune, c’est d’avoir commencé à bâtir une société qui ne repose plus sur la quête effrénée du profit et s’intéresse d’abord au bonheur des uns et des autres. Tout ce qui appartient à l’intelligence populaire et au partage des richesses est quelque chose qui fait horreur aux puissants », mesure l’écrivain Gérard Mordillat.

« La Commune a défendu l’instauration d’une véritable République démocratique et sociale. Il s’agissait d’un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, avec une très importante représentation ouvrière. C’est cela qu’on lui a fait payer, et c’est pour cela qu’elle est encore insultée ou passée sous silence », insiste Fabien Roussel. Le secrétaire national du PCF estime que « ceux qui confisquent le pouvoir aujourd’hui ne veulent surtout pas que nous nous rappelions des grandes avancées de la Commune, ni qu’elle a été réprimée dans le sang pour son audacecomme rarement dans notre histoire ».

« L’oligarchie a toujours peur du peuple, encore plus s’il prouve concrètement qu’il peut s’organiser démocratiquement et jeter les bases d’une société socialiste », poursuit Alexis Corbière. L’insoumis ajoute : « Pour délégitimer la Commune, la question de la violence lui est toujours jetée à la face, alors que c’est elle qui a été massacrée. »

 

« La Commune n’est pas morte, mais Versailles non plus »

L’affrontement mémoriel et idéologique est tel que l’historienne Mathilde Larrère considère que « la Commune n’est pas morte, mais Versailles non plus ». En accueillant Vladimir Poutine à Versailles, en 2018, Emmanuel Macron déclarait d’ailleurs : « C’est là où la République s’était retranchée quand elle était menacée. » « Il montre clairement qu’il se sent beaucoup plus proche de la République conservatrice et autoritaire de Thiers que de la République sociale de Louise Michel », dénonce Fabien Roussel. Et Macron n’est pas le seul.

Des gilets jaunes se revendiquent de la Commune de Paris ? La réponse du préfet de police de Paris, Didier Lallement, fait froid dans le dos : « Pour se prendre pour Jules Vallès, il faut avoir son Galliffet », lance-t-il, se comparant toute honte bue à l’un des massacreurs de la Commune.

Icon QuoteLa France ne mérite pas que ses autorités les plus élevées tournent le dos à cet événement, en ignorant les progrès de l’historiographie, qui tendent à revaloriser les combats de la Commune. ROGER MARTELLI Historien et coprésident des Ami.e.s de la Commune

« Certains sont surpris qu’Emmanuel Macron ne commémore pas la Commune, comme s’il était au-dessus de la mêlée. Mais c’est bien parce qu’il est au milieu de la mêlée qu’il ne s’en empare pas et la passe sous silence. Les conflits sociaux et politiques qu’il provoque sont trop présents pour qu’il puisse jouer les arbitres », développe Mathilde Larrère. L’entourage du président de la République précise que, s’il s’apprête à célébrer Napoléon Ier, le chef de l’État ne prévoit pas de prononcer un mot sur la Commune…

Roger Martelli, coprésident de l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris, se désole cette régression : « La Commune est un objet conflictuel, un objet chaud, mais le retour du discours versaillais est inacceptable. La France ne mérite pas que ses autorités les plus élevées tournent le dos à cet événement, en ignorant les progrès de l’historiographie, qui tendent à revaloriser les combats de la Commune et à poser un regard raisonné, lucide et non caricatural, sur ce moment clé de l’histoire. » L’historien appelle à ce que tous les héritiers de la Commune, syndicats, associations et partis de gauche, se retrouvent de « manière spectaculaire et rassemblée » pour la montée au mur des Fédérés, le 29 mai.

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21 mars 2021 7 21 /03 /mars /2021 14:50
André Moat à la tribune d’un meeting de la CGT en 1978 ou 1979 (fonds A. Moat, CRBC) - Photo présentée dans le Maitron en ligne

André Moat à la tribune d’un meeting de la CGT en 1978 ou 1979 (fonds A. Moat, CRBC) - Photo présentée dans le Maitron en ligne

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 12/ Andrée Moat (1920-1996)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:

12/ Andrée Moat (1920-1996)

UNE CITOYENNE ENGAGEE DANS LE MILITANTISME

Il est de bon ton aujourd'hui dans certains milieux d'opposer citoyenneté et engagement politique et syndical. Andrée MOAT, au contraire fut une immense citoyenne militante communiste, CGT et culturelle.

1 - SYNDICAL

La première fois que j'ai vu Dédée MOAT c'est en 1968. Jeune enseignant je venais de prendre ma carte au Parti à la cellule de St Martin-des-Champs. Avec la fougue des néophytes je ne ratais pas une des nombreuses réunions. En alternance avec Emile LE FOLL, responsable cheminot, Dédée assurait la prise de parole de la CGT. Avec un talent d'oratrice certain nourri de la culture et de son expérience politique et syndicale. Il fallait voir comment elle enflammait les salles. Plus tard je la croiserai dans bien des manifs avec ses camarades de la CGT de Saint-Pol.

2 - POLITIQUE

Dès 1945 elle adhère au parti communiste et en sera membre jusqu'à sa disparition. Je la retrouverai au comité fédéral puis au bureau fédéral du Finistère Nord où le jeune responsable que j'étais,  apprit beaucoup de sa participation à la réflexion collective, de sa capacité à prendre du recul et de la hauteur sans jamais oublier ni les enjeux ni la réalité concrète. Mais l'apport de Dédée dépassait largement cette dimension "institutionnelle". Sa porte était toujours ouverte et ses oreilles attentives aux réflexions et aux interrogations face à des situations politiques toujours plus complexes. Je sais que, comme moi, nombreux furent les dirigeants qui bénéficièrent de ses réflexions et de ses conseils.

Dirigeante de premier ordre donc mais aussi militante de terrain. Il faut avoir participé avec elle à des campagnes électorales dans ce Léon si fermé aux idées communistes pour savoir ce que cela impliquait comme engagement et comme énergie. Que ce soit pour assurer les réunions , pour distribuer des tracts ou pour vendre la presse, elle était toujours présente et active.

Sans parler évidemment de son immense  activité autour des livres, Dédée fut vraiment de celles et de ceux qui contribuèrent à faire du PCF et de son entourage un incomparable intellectuel collectif.

3 - CULTUREL

En plus de sa passion pour les livres pour laquelle elle sillonna au volant de sa 2CV les routes du Finistère, d'une fête ou d'une réunion à l'autre, embauchant un camarade chauffeur lorsque la conduite devenait plus difficile pour elle. Dédée s'investissait dans la vie culturelle et associative locale que ce soit le cinéma, l'amicale laïque  ou la défense de l'école. Sa forte personnalité, ancrée au milieu de camarades très soudés de sa cellule/section de Saint-Pol/Roscoff, ont fortement marqué la vie sociale et politique de ce coin de Léon. En témoigne la popularité qui fut la sienne dans toute la population , dans tous les milieux des chercheurs en biologie marine comme des emballeurs de Saint Pol , des élus roscovites comme des dockers du port .

C'est un cadeau de la vie pour moi que d'avoir pu connaître et militer avec quelqu'un de la qualité de Dédée. Alain DAVID

 

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 31/ François Paugam (1910-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère

31/ François Paugam  (1910-2009)

FRANCOIS PAUGAM : L'HUMAIN AU COEUR

par Alain David

J'ai rencontré François lors de mon adhésion au Parti Communiste lors du grand mouvement de mai-juin 1968. La Maison du Peuple , dont il était un pilier, était alors une véritable ruche bruissant au gré des nombreuses réunions et assemblées générales  qui s'y tenaient. Son autorité, sa présence y était remarquables.

Cheminot, conducteur de locomotives, François avait pu, encore jeune, prendre sa retraite bénéficiant d'un statut que la droite y compris dans de variante macroniste n'a eu de cesse de remettre en cause. Il aurait pu, à partir de ce moment, couler des jours tranquilles. C'était mal connaître l'homme. Il déroula au contraire une carrière militante de plusieurs décennies au Parti Communiste, à la CGT et au Secours Populaire.

A l'U.L.-CGT de Morlaix, pendant plus de 25 ans, il fut quasiment permanent accueillant les salariés, les syndicalistes, se rendant dans les entreprises chaque fois que s'y déroulait un conflit ou que s'y perpétrait une injustice. Faisant respecter le droit du travail sans jamais manifester aucune crainte alors que les échanges étaient parfois houleux. S'y ajoutait en plus tout le temps consacré à l'entretien  des nombreux locaux de cette immense Maison du Peuple. Je le vois encore, à 80 ans passés, gravir une échelle pour décrocher sur la façade une enseigne de la CGT que le vent avait malmenée.

Il fut aussi un militant actif du Secours Populaire qu'il a présidé pendant des années. Là aussi il ne comptait ni son temps ni son énergie pour apporter son soutien à ceux que la vie avait malmenés. Pour cet engagement il a reçu la Légion d'Honneur des mains de Julien Lauprêtre lors d'une cérémonie émouvante où se sont retrouvés nombreux, beaucoup de celles et ceux avec qui il avait milité.

J'ai beaucoup vu François au Parti Communiste Français   après 1971.

Déjà secrétaire de section ,j'avais quitté Saint-Martin pour descendre à Morlaix et adhérer à la cellule Thorez dite "du Pouliet" dont François était l'un des animateurs. Je me souviens de tout ce que François apportait à ses débats et à son activité, comme à la section dont il était membre du comité.

En ces temps-là ça discutait ferme au Parti... ferme et parfois longtemps. François apportait dans ces débats la richesse de sa longue expérience. Veillant toujours à ce que les discussions ne s'éloignent pas de la réalité du terrain et du vécu de la population. Veillant aussi, car nous n'étions pas toujours exempts de la tentation de jargonner, à ce que dans notre expression nous soyons toujours compréhensibles par toute la population.

Ses multiples activités militantes donnaient à François une large , riche et fine connaissance de la réalité de la vie du pays de Morlaix. Elle nourrissait les nombreux articles qu'il donnait à chaque parution du journal "Le Viaduc". Les actions syndicales, les brimades et injustices dans les entreprises, trouvaient ainsi un écho public qu'elles n'avaient pas souvent dans la presse.

Comme à la CGT, François prenait en charge les locaux du parti. Le 5 rue Haute d'abord puis le 2 Petite rue de Callac. L'entretien courant bien sûr, mais aussi des tâches de plus grande envergure que son indéniable, compétence lui permettait de mener à bien. C'est ainsi qu'il réalisa le monumental escalier de la Maison du Parti. On se souvient aussi de l'exploit qu'il a mené avec son ami; Louis Olivier, quand ils se sont mis en tête de décrépir toute la façade du bâtiment et d'en rejointoyer toutes les pierres.

Plus tard, l'état de santé de son épouse rendant difficile son maintien à domicile, François décida de l'accompagner au Foyer Logement de la Boissière à Morlaix. Il y agit immédiatement pour la prise en compte des avis des résidents. François continuait à participer à nos réunions de cellule. D'y participer pleinement. Je l'ai vu souvent pester lorsque l'horaire des repas du soir au foyer l'obligeait à écourter sa présence.

François Paugam était représentatif de cette génération de militants qui, dans tous les domaines, ont voulu bâtir ces "jours heureux" du Conseil National de la Résistance. Tous les acquis qu'ils ont contribué à conquérir ont façonné la réalité française qui est aujourd'hui si gravement menacée par le pouvoir. La reconnaissance que nous leur devons nous engage à continuer leur combat.C'est le sens de " L'HUMAIN D'ABORD " pour lequel nous nous battons .

Alain DAVID - le 30.01.2020

2020 - Alain David rend hommage aux militants communistes du Pays de Morlaix: Dédée Moat, François Paugam, Alphonse Penven

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 35/ Alphonse Penven (1913-1994)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:

35/ Alphonse Penven (1913-1994)

Témoignage de Alain David sur Alphonse Penven: 

"Je garde en mémoire de nombreuses réunions électorales avec Alphonse ... et son talent d'orateur alors qu'il n'avait pas besoin de lire son discours. Me revient particulièrement ma première candidature aux législatives où , bien que déjà affaibli , Alphonse m'avait passé le flambeau tout en acceptant d'être suppléant.

L'autre jour, en faisant un peu de rangement, j'ai retrouvé une photo où nous apportions notre soutien aux salariés de Kaolins de Berrien qui occupaient l'entrepôt de la gare de Pleyber-Christ . On y remarque l'aisance d'Alphonse devant les travailleurs. La foule qui assista à ses obsèques à Huelgoat suffit à démontrer (mais bien sûr il n'en est pas besoin ) l'empreinte dont il a marqué ce coin de l'Arrée . En ces temps où les responsables politiques semblent souvent préparés et élevés en batterie, un témoin d'une autre époque où les valeurs étaient chevillées au corps" .

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21 mars 2021 7 21 /03 /mars /2021 13:56
Piero Rainero; secrétaire fédéral, membre du comité central, Jean Dréan; membre du comité fédéral et animateur du réseau des cheminots communistes de la fédé, André Lajoinie, Alain David; membre du secrétariat fédéral en charge des élus communistes et de la formation militante, Daniel Créoff; maire de Berrien et conseiller général du canton d'Huelgoat. Piero Rainero

Piero Rainero; secrétaire fédéral, membre du comité central, Jean Dréan; membre du comité fédéral et animateur du réseau des cheminots communistes de la fédé, André Lajoinie, Alain David; membre du secrétariat fédéral en charge des élus communistes et de la formation militante, Daniel Créoff; maire de Berrien et conseiller général du canton d'Huelgoat. Piero Rainero

Voici une photo sur laquelle figure Alain David qui a été prise lors de la fête départementale du parti au Parc de Penfeld à Brest en 1987 au stand de la section de Morlaix dans lequel stand était organisé un débat sur le thème de la défense et du développement du transport ferroviaire avec André Lajoinie qui était candidat à l'élection présidentielle de 1988.
De gauche à droite sur la photo :
Piero Rainero; secrétaire fédéral, membre du comité central, Jean Dréan; membre du comité fédéral et animateur du réseau des cheminots communistes de la fédé, André Lajoinie, Alain David; membre du secrétariat fédéral en charge des élus communistes et de la formation militante, Daniel Créoff; maire de Berrien et conseiller général du canton d'Huelgoat.
Piero Rainero
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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 06:23
Barricade rue de Castiglione, photographiée par Bruno Braquehais. © Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis/I. Andreani

Barricade rue de Castiglione, photographiée par Bruno Braquehais. © Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis/I. Andreani

La Commune, une œuvre politique et sociale qui a marqué l’histoire
Jeudi 18 Mars 2021 - L'Humanité

Il y a cent cinquante ans, la révolution parisienne fut l’initiatrice d’une République sociale, laïque et démocratique inédite. Récit de ces 72 jours d'une expérience sans précédents dans l'histoire de la France, et des riches débats qui leur succédèrent.

 

Soixante ans après le début de la Révolution française, le second Empire avait, sur les cendres des journées de Juin 1848 et le coup d’État du 2 décembre 1851, instauré la dictature de la grande bourgeoisie financière et industrielle sur la France.

Face au régime libéral, plébiscitaire et autoritaire de Napoléon III, une force sociale nouvelle n’avait cessé de s’affirmer avec la transformation du système de production autour de l’industrie, de la machine à vapeur et du travail salarié, dont celui des enfants. Elle avait obtenu, en 1864, la reconnaissance de son droit de coalition et, la même année, s’était organisée politiquement sous la forme d’une Association internationale des travailleurs (AIT).

Le fiasco militaire de Sedan et la capitulation de l’empereur

Confrontée à la montée en puissance de la Prusse, la France avait déclaré la guerre au royaume de Guillaume Ier et d’Otto von Bismarck, le 19 juillet 1870. À peine un mois et demi après, le 2 septembre, la campagne de « Napoléon le Petit », selon l’expression de Victor Hugo en 1852, se soldait, après une série d’autres, par le fiasco militaire de Sedan et la capitulation de l’empereur.

Les événements, fait significatif, seront annoncés au Palais-Bourbon par Eugène Schneider, maître du Creusot et président du corps législatif impérial, président de la Société générale et fondateur, avec Charles de Wendel, du Comité des forges, la veille de la proclamation de la République, le 4 septembre.

Autre fait significatif, c’est dans la galerie des Glaces de Versailles que sera proclamée la naissance de l’État allemand, le 18 janvier 1871, date à laquelle les armées du Kaiser assiègent Paris et tiennent sous leur coupe le nord-est du territoire de la France métropolitaine.

Un armistice honteux, le 28 janvier

La République proclamée le 4 septembre 1870, celle du gouvernement de la défense nationale puis, après les élections législatives du 8 février 1871, celle placée sous l’autorité d’Adolphe Thiers et d’une Assemblée nationale à majorité royaliste installée à Versailles, organisera, sous la pression de l’Empire allemand et des milieux d’affaires français, l’écrasement de la Commune de Paris.

Elle avait promis une mobilisation acharnée avec à l’esprit les souvenirs des batailles de la Révolution française de Valmy (1792) et de Fleurus (1794). Elle signera – malgré l’opposition de Gambetta et de Garibaldi – un armistice honteux, le 28 janvier, et bientôt un traité préliminaire de paix, le 26 février. Après une série de trahisons, elle entérinera, entre autres humiliations, la perte de l’Alsace-Lorraine, avant de se réarmer, avec l’appui des nouveaux maîtres de l’Allemagne, contre Paris.

Le Paris populaire résiste

Le 7 janvier 1871, l’affiche rouge signée notamment par Édouard Vaillant et Jules Vallès demandant la naissance de la Commune de Paris, à l’image de la Commune insurrectionnelle de Paris de 1792, avait eu peu d’écho. Le 22 janvier, les tirs de la troupe sur les manifestants opposés à la capitulation rassemblés devant l’Hôtel de Ville, le jour où Louise Michel prend pour la première fois les armes, lancent l’alarme. La décision du gouvernement de février d’imposer le règlement des loyers et des échéances impayés, de supprimer la solde des gardes nationaux et de s’emparer des canons de Montmartre mettra le feu aux poudres.

Le 18 mars 1871, l’idée de la Commune ressurgit avec la claire prise de conscience de la trahison du gouvernement de défense nationale puis du gouvernement de février et l’engagement des manœuvres de ce dernier pour écraser définitivement la résistance parisienne. Le 28 mars, à la suite des élections municipales du 26, un Conseil de la Commune est proclamé. La Commune de Paris de 1871, du 18 mars au 28 mai, date de la fin de la « semaine sanglante », durera soixante-douze jours (soixante-treize avec la prise du dernier fort à Vincennes, le 29 mai).

« Ceux qui tiennent la matraque exigent l’amnésie historique », écrit Noam Chomsky dans l’Ivresse de la force (Fayard). La Commune de Paris de 1871, clé de l’histoire contemporaine, non seulement française mais mondiale, ce « sphynx » selon l’expression de Karl Marx (1), trop souvent biffé d’une censure tenace dans notre mémoire, sera, malgré l’adversité, d’une intensité politique inouïe.

Le rôle des Parisiennes est décisif

Stimulée par l’action des clubs, journaux, comités, assemblées, cercles, syndicats, associations, unions dont, en particulier, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, fondée par Nathalie Le Mel et Élisabeth Dmitrieff, militante de l’AIT, ou le Comité des femmes de la rue d’Arras, organisant des ateliers collectifs « afin de préparer l’organisation du travail des femmes par elles-mêmes ». Le rôle des femmes du peuple de Paris est décisif. Les « mains de Jeanne-Marie » comme l’écrivait Arthur Rimbaud, mais aussi leurs voix, leurs plumes et leurs cœurs battants entraîneront, dans le cours des événements, un bouillonnement de projets et d’idées inédit.

De par son œuvre économique et sociale tout d’abord, la Commune répond à l’urgence d’une situation hautement critique et dessine les linéaments d’une nouvelle organisation de la société. Entre autres mesures, elle promulgue l’interdiction de l’expulsion des locataires, un moratoire sur les loyers, la réquisition des logements vacants pour les donner aux sans-logis et aux victimes des bombardements.

Elle transforme huissiers, notaires, commissaires-priseurs et greffiers des tribunaux en fonctionnaires pour les plus pauvres, elle promulgue la suspension de la vente des objets du Mont-de-piété et le dégagement gratuit pour certains d’entre eux. Elle met en place les éléments d’une protection sociale, avec la création de pensions, de cantines, de dispensaires, d’orphelinats ainsi que de soins médicaux gratuits.

Salaire minimum, journée de dix heures et réglementation du travail de nuit

Dans le champ du travail qu’elle commande directement, elle limite la journée de travail à dix heures, journée de travail qui était le plus souvent de quinze, voire de dix-huit heures par jour. Elle réglemente le travail de nuit et l’interdit dans les boulangeries. La Commune prend des mesures d’augmentation des salaires pour les travailleurs communaux, dont les postiers et les instituteurs. Elle contraint les entreprises qui travaillent pour elle de fixer un salaire minimum.

Elle interdit la pratique des amendes et des retenues sur les salaires opérée par le patronat. Elle assimile l’abandon d’un atelier par un patron à une désertion et légalise la remise aux travailleurs, constitués en société coopérative, des ateliers abandonnés avec une journée de travail maximale de dix heures et la désignation de leurs cadres par élection. Elle supprime les bureaux de placement privés et stimule la création de chambres syndicales qui se multiplient, et accroissent leurs actions.

Déconcentration du pouvoir et démocratie ouvrière

Inédite par son œuvre sociale et économique, la Commune de Paris de 1871 le sera également par son œuvre politique. Constitué de républicains de gauche, jacobins, blanquistes et indépendants ainsi que de socialistes, proudhoniens, internationalistes communistes ou radicaux, le Conseil de la Commune tire son inspiration politique des revendications démocratiques de la Convention montagnarde (1793-1794), de la Constitution de l’an I ainsi que de celles nées pendant et après la révolution de 1848, mettant en avant la démocratie directe – question agitant également les rangs de l’AIT –, la déconcentration du pouvoir d’État ainsi que le contrôle des représentants par le peuple.

Elle fait aussi écho aux revendications de la démocratie ouvrière impliquant la démocratisation de l’organisation des unités de production, usines, manufactures, ateliers et services publics. Entre autres mesures, elle promulgue le principe de séparation de l’Église et de l’État et la suppression du budget des cultes.

Révolution culturelle

Elle met en place, contre l’enseignement traditionnel imprégné d’obscurantisme, de préjugés inégalitaires de race, de sexe et de classe, une commission de l’enseignement avec pour mission la création d’une école laïque, gratuite et obligatoire incluant les arts, le sport et la culture pour tous ainsi que la promotion de l’enseignement professionnel polytechnique et l’égalité des sexes.

Elle met en place une commission fédérale des artistes dans laquelle se retrouvent notamment Corot, Courbet, Daumier et Manet pour faire ouvrir au public les musées de la ville, le jardin des Tuileries aux enfants et les bibliothèques aux travailleurs. Une révolution en matière culturelle pour l’époque.

« Les théâtres s’ouvrent », raconte Prosper-Olivier Lissagaray (2) : « Le Lyrique donne une grande représentation musicale au profit des blessés. ­L’Opéra-Comique en prépare une autre. Les artistes abandonnés par le directeur de la Gaieté dirigent eux-mêmes leur théâtre. Le Gymnase, le Châtelet, le Théâtre-Français, l’Ambigu-Comique ouvrent leurs portes à la foule. Des concerts sont organisés aux Tuileries, pour les veuves et les orphelins de la Commune.  »

Un pouvoir municipal élargi

Dans le domaine politique au sens institutionnel, la Commune, fonctionnant sur la base d’un dialogue ouvert permanent avec le peuple parisien par le biais des commissions, est placée sous le principe de la révocabilité des élus et des magistrats ainsi que l’idée du mandat impératif.

Patriotique mais dans un sens universaliste, elle ouvre la citoyenneté aux étrangers, qui seront nombreux parmi ses militants et combattants. Soucieuse de rompre avec le centralisme du Paris impérial, elle envisage la mise en place d’une République décentralisée fondée sur un pouvoir municipal élargi.

Mais la Commune de Paris de 1871 ne fut pas seulement un ensemble d’organes politiques et civiques dont l’action, d’une teneur extraordinaire pour les deux mois de son existence, pourrait être considérée comme un « arrêt sur image ». Comme telle, malgré ses audaces, sous la menace constante de son écrasement militaire et de son effondrement politique, isolée par l’échec des Communes provinciales, entre autres, de Lyon, Marseille ou Saint-Étienne, elle souffre nécessairement de nombre d’imperfections, de limitations et de contradictions soulignées, notamment, par la critique marxienne et marxiste.

L'espérance du « temps des cerises »

Elle fut, comme la Révolution française ou la révolution soviétique de 1917, un mouvement social en acte porteur, dans ses interstices mêmes, de principes dépassant sa lettre et traversant les époques.

Portant en elle l’espérance de ce « temps des cerises » qui, depuis la révolte de Spartacus contre le régime de l’esclavage romain, ne cesse de renaître au printemps d’une humanité productrice et créatrice s’émancipant de ses tutelles politiques, économiques, sociales et imaginaires, elle ne cesse de nous interpeller et de nous convier à la découvrir et à la redécouvrir, à l’image du hors-série exceptionnel, « Un espoir mis en chantier », que l’Humanité consacre à son cent cinquantième anniversaire.

Sur ses branches de mai 1871 ensanglantées par l’égoïsme armé des classes et des castes dominantes, comme au sortir de l’Occupation et de la Collaboration, ombrageant le mur des Fédérés témoignant de l’héroïsme des titis et des grisettes de la Commune de Paris, « à l’assaut du ciel », les fleurs de cerisier des « jours heureux ».

(1)  La Guerre civile en France, dans  Sur la Commune de Paris, textes et controverses. Éditions sociales, 2021.

(2) Histoire de la Commune de Paris 1871, de Prosper-Olivier Lissagaray. La Découverte, 2005.

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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 06:16
Tous témoins, Ouvrage collectif sous la direction de Farouk Mardam Bey, Actes Sud, et l'Association, Pour que l'esprit vive, 143 p., 25€

Tous témoins, Ouvrage collectif sous la direction de Farouk Mardam Bey, Actes Sud, et l'Association, Pour que l'esprit vive, 143 p., 25€

Livre collectif. Dessins sortis de l’enfer des prisons de Syrie
Jeudi 18 Mars 2021

Incarcéré et torturé, Najah Albukaï témoigne par l’encre et le crayon dans un livre enrichi de très nombreuses contributions écrites.

Le Syrien Najah Albukaï est né en 1970. Il est artiste peintre. Il s’est jeté éperdument dans la révolution syrienne, dès les débuts, en 2011. Il a été emprisonné et torturé à plusieurs reprises dans les geôles de Damas. En 2011 d’abord, pour une journée, puis en 2012 (« un mois de torture en continu »), puis en 2014. Là, « ça a été l’enfer ». Au centre « 227 », dans les sous-sols, il fait partie de ceux que l’on appelait les « dénudés », parce que dévêtus et chargés du « labeur macabre » qui consiste à transporter les cadavres des codétenus dans des couvertures maculées de crasse, de pus et de sang. « Je n’ai pas arrêté, écrit Najah Albukaï, l’un des premiers cadavres que j’ai vus était marqué au gros feutre 5535 et l’un des derniers 5874. Ces chiffres, gravés dans ma mémoire, indiquent que trois cent quarante et un prisonniers sont morts pendant mon séjour, du 3 septembre au 11 novembre 2014. » Sa famille a pu le faire sortir, en payant une fortune en pots-de-vin : « Le tribunal du terrorisme était un véritable tiroir-caisse pour les services corrompus du régime. » Il se voit enfin accorder, par l’ambassade de France à Beyrouth, un visa de réfugié. Il se met à dessiner sans trêve au crayon et à l’encre sèche. Cela représente « des corps encagés dans des cachots » (Samar Yazbek), des figures de momies creuses, des hommes nus, pressés comme des moutons, devant la matraque des sbires d’Assad, des scènes de torture au trait fissuré, des têtes effarées, des détenus contraints de maintenir des corps suppliciés criblés de coups. On sent l’étouffante asphyxie de la page, engorgée sous l’amoncellement figuré des corps, la dissolution à grande échelle d’une « masse compacte et inidentifiable » (Sinan Antoon).

Des œuvres nées de l’horreur

Ces dessins semblent « croqués sur le vif » (Elias Sanbar), pour « témoigner de l’entreprise génocidaire menée par le pouvoir » (idem). Ils font l’objet d’une exposition à la galerie Fait & Cause tandis que le livre, sous la direction éditoriale de Farouk Mardam-Bey, les reproduit et les accompagne d’une vingtaine de textes, sous le titre générique de Tous témoins. La Maison de la poésie a prévu une soirée autour de l’ouvrage, le 20 mars. Des contributions poignantes (entre autres, de Sinan Antoon, Santiago Alba Rico, Habib Abdulrab Sarori, Djaïli Amadou Amal, Mohamed Berrada, Laurent Gaudé, Farouk Mardam-Bey, Wajdi Mouawad, James Noël, Olivier Py, Samar Yazbek) légendent, en quelque sorte, ces œuvres nées de l’horreur. Certains auteurs évoquent leur propre pays, en lien avec ce que Farouk Mardam-Bey nomme la « syrianisation du monde ». Samar Yazbek n’a pas oublié les jeunes Syriens dans les rues, à l’époque qu’on avait baptisée comme étant celle des printemps arabes. « C’étaient des corps frais qui se libéraient, élancés, bouillonnants de colère. » Et puis, poursuit-elle, « J’ai vu ces mêmes corps piétinés par les miliciens, assassinés par des snipers, conduits brutalement en prison », devenus « nourriture du néant ».

Tous ces presque cadavres griffonnés à la main, entourés du silence de l’impensable, possèdent l’ « intensité de choc » propre au dessin, que le témoignage photographique n’atteint pas. Selon Elias Sanbar  : « L’émotion qui sort par tous les pores » surpasse et bouleverse davantage.

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