1920-2020: 100 ans d'engagements communistes dans le Finistère: 101/ Yvette Castel

17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 06:17

Le 27 avril 1975, au château de Brest, une plaque est inaugurée en mémoire des résistants et otages arrêtés et incarcérés en ce lieu avant d'être déportés ou fusillés. Sur la photo, trois résistantes communistes De gauche à droite: ----- Yvette Castel-Richard, née en 1913 à Brest, membre du P.C.F clandestin, intègre les F.T.P en 1942 comme agente de liaison; Marie Le Cam -Salou; Angèle Kerlirzin-Le Nédelec (photo Brest 44 - Archives de Brest - 1NUM1515)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes dans le Finistère:

101/ Yvette Castel

Yvette Castel est née en 1913 à Brest. Elle épouse Yves Richard avant la guerre. De 1936 à 1939, elle aida souvent son mari, très actif au PCF. En fin 1939, alors que le PCF est interdit et clandestin, elle adhère au Parti communiste. Le rôle d'Yvette Castel est la réception des colis de matériels de propagande, tracts, "Humanité" clandestine, etc., venant par le train et qu'avec Jeanne Goasguen-Cariou, elle répartit entre les sections clandestines du PCF dans le département du Finistère. Des cheminots, Harré, Chaigneau, Pinçon, etc, prenant le relais, font parvenir les paquets préparés par ces résistantes.

A Brest, la résistance communiste à l'occupation et à Vichy date comme ailleurs d'avant l'invasion de l'Union Soviétique par les Nazis:

Eugène Kerbaul: " Cinq militants communistes sont arrêtés en mars 1941 pour propagande subversive: Yves Jacotot du Bourg-Blanc, René Corre, Yves Labous, Louis Morvan de Brest et Jean Marc de Saint-Marc. A la mi-mars, des jeunes de l'O.S du PCF tuent trois soldats allemands à la suite d'une bagarre. Leurs corps disparaissent dans la rade sur la suggestion de Jules Lesven.

D'autres soldats allemands sont molestés les fin mars après le couvre-feu alors qu'ils s'apprêtaient à arrêter des militants. Le 27 mars, un tract du PCF brestois appelle à la résistance pour l'indépendance de la France pour la première fois avec une visée d'union de classe patriotique et sans lier cet objectif de libération nationale à l'objectif de révolution sociale.

En avril 1941, le préfet du Finistère, dans son rapport mensuel sur l'état d'esprit de la population, pointe l'esprit de résistance des communistes:

"Parmi les adversaires de la Rénovation nationale, on peut distinguer:

1°) Les communistes qui sont aussi actifs qu'irréductibles. Ceux qui n'ont pas quitté le Parti après la signature du pacte germano-soviétique de 1939 doivent être considérés comme rebelles à toute propagande

2°) Les tenants de l'ancien régime (Front Populaire), ce sont les plus nombreux, ils sont guidés par l'intérêt, d'autres intoxiqués par l'idéologie. On y trouve pêle-mêle des francs-maçons, des politiciens, des membres des anciens partis qui ne peuvent s'habituer à la disparition de ceux-ci.

3°) Les gaullistes proprement dits. C'est une déviation du patriotisme. Ils oublient momentanément les anciennes querelles par haine de l'occupant. Anti-communistes, anti-maçons, beaucoup seraient sur le plan intérieur, très proches de la Révolution Nationale.

4°) Enfin un assez grand nombre d'hésitants..."."

"L"Huma" clandestine arrive en grandes quantités par la gare à partir d'avril 1941, en caissettes, récupérées par Yvette Richard-Castel, Jeanne Goasguen-Cariou, comme s'il s'agissait de colis ordinaires.

Le 22 juin, l'Allemagne commence son invasion de l'URSS. Dans un supplément au numéro de juin de "La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime" cette nouvelle est annoncée par l'interrégion du PCF, associée à l'appel du 15 mai pour la constitution d'un Front National de Lutte pour l'Indépendance:

"BRETONS, BRETONNES, de toutes conditions, de toutes opinions, de toutes croyances, répondez "présent" à l'appel que vous lance le Parti Communiste Français. UNISSEZ-VOUS dans chaque ville et chaque village pour que la France reste la France, pour qu'elle puisse vivre LIBRE et INDEPENDANTE, délivrée du joug de l'oppression nationale qui pèse sur elle.

VIVE LE FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE!!

VIVE LA FRANCE LIBRE ET INDEPENDANTE!!"

Dans cet appel, le PCF se dit prêt:

"...à soutenir tout gouvernement français, toute organisation et tous les hommes dont les efforts seront orientés dans le sens d'une lutte véritable contre l'oppression nationale subie par la France et contre les traîtres au service de l'envahisseur".

Elle fabrique avec ses camarades des tracts et des papillons, en entraînant les ménagères à la manifestation des femmes du 28 avril 1942, organisée par les femmes communistes qui signent leurs tracts et appels "Union des femmes patriotes". Yvette Castel-Richard y travaille notamment avec Marie Miry, sage-femme, Angèle Le Nédellec, Marie Salou, Simone Bastien, Aline de Bortoli.

Arrêtée alors, Yvette Castel est libérée quatre jours plus tard, les policiers n'ayant pu retenir des preuves formelles contre elle personnellement. Des documents avaient cependant été découverts à son domicile au cours d'une perquisition policière. Mais comme son mari, prudent, avait pu prendre le large, c'est lui qui attira l'attention des policiers, lesquels le connaissaient depuis longtemps comme étant un militant communiste actif.

En 1942, toujours, Yvette Richard-Castel prend la parole dans une manifestation organisée par le PCF à la sortie du personnel de l'arsenal invitant les ouvriers à refuser leur transfert vers l'Allemagne. En 1941, elle avait aidé son mari à "planquer" l'imprimerie locale du PCF en cours d'installation dans une petite maison de bois à Kérichen (en Brest aujourd'hui) dont ils avaient la garde et que Kerbaul, typographe et membre du "triangle" de la section clandestine du PC, montait avec du matériel typographique, dont les caractères venaient du Mans et la machine de l'arsenal où elle avait été fabriquée "en perruque" par Lesven, Pierre Corre, etc.
Yvette Castel intègre les F.T.P en 1942 comme agente de liaison. Elle est arrêtée en octobre 1942, internée à Brest, Vitré et Rennes. Sera libérée en Novembre 1943. Mais la prison ne l'a pas démoralisé, elle reprend ses activités de résistante jusqu'à la libération.

Les époux Richard devaient divorcer après la guerre et dès lors militèrent séparément. Yvette Castel se remaria avec L'Hériénat.

Source: Eugène Kerbaul

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