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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 09:08
75 ans de casse de la sécurité sociale - par Michel Etiévent, L'Humanité, 14 mars 2019
75 ans de casse de la sécurité sociale
Jeudi, 14 Mars, 2019

Par Michel Etievent, historien et biographe d’Ambroise Croizat.

En 1945, dans un pays ruiné, le gouvernement de la Libération, sous l’inspiration du CNR et d’Ambroise Croizat, imposait la Sécurité sociale. Dans le même pays, en 2019, cinquième puissance du monde, 30 % des Français renoncent à se soigner. Entre-temps, la « Sécu » est passée au laminoir.

Plus de soixante-dix ans de casse ont éloigné l’institution de ses principes fondateurs. L’hostilité de la droite et du patronat s’engage dès 1946. Ils évoquent la lourdeur que font peser sur l’économie ce qu’ils nomment des « charges ». Les cotisations sociales ne sont en rien des « charges ». Parties intégrantes de la rémunération, elles sont un salaire socialisé.

Ainsi que l’écrit Michel Cialdella, conseiller CGT : « L’entreprise est le résultat du travail de générations de salariés sans lesquels il n’y a pas de richesse créée. Il est légitime qu’une part de ces richesses aille à leur protection sociale. Les véritables charges sont financières (actionnaires, intérêts). » Tandis que de Gaulle instaure, dès 1960, le contrôle d’État sur les budgets et le renforcement du pouvoir des directeurs, le CNPF lance une violente campagne anti-Sécurité sociale : « Les travailleurs doivent se couvrir eux-mêmes. Les compagnies d’assurances sont faites pour cela. » Les ordonnances de 1967 cassent l’unicité du système. Les élections sont supprimées, tandis que s’impose le paritarisme.

Les plans Barre, Veil accélèrent les déremboursements, alors qu’Yvon Chotard qualifie le système de « machine irresponsable conduisant les hommes à n’acquérir qu’un complexe d’assistés. L’économie va s’effondrer sous les charges » ! Le propos est erroné au regard des chiffres du CNPF lui-même. Selon ce dernier, la part des prestations de Sécurité sociale rapportée au revenu national était de 20,30 pour l’Allemagne, 19,50 seulement pour la France. Instauration du forfait hospitalier, décrets Dufoix, plan Seguin prolongent la baisse des remboursements.

En 1990, Michel Rocard instaure la Contribution sociale généralisée. Ouvrant la fiscalisation accélérée de la Macronie, elle désengage les entreprises en ponctionnant salariés et retraités. Viendront les réformes Veil-Balladur qui font passer à quarante ans la durée de cotisation pour le droit à une retraite pleine, tandis qu’avec A. Juppé, naît la Contribution au remboursement de la dette sociale. Ainsi se dirige-t-on, selon le Syndicat des médecins libéraux, vers « le grand tournant libéral annonçant la fin du monopole de la Sécurité sociale en partenariat avec AXA ». Ce projet se précise jusqu’en 2013 : instauration des franchises, réforme des retraites, exonérations de cotisations patronales estimées en 2018 à 25 milliards d’euros ! Ces déstructurations servent un objectif clair : privatiser l’outil. L’argent de la Sécurité sociale, 537 milliards d’euros, suscite des appétits. Claude Bébéar, président d’AXA, déclarait : « La santé est un marché, la concurrence doit s’exercer librement. »

Centrée sur l’obsession de la réduction des coûts salariaux, la gestion capitaliste pousse à organiser l’exclusion de nombreux salariés et augmenter le poids supporté par la Sécurité sociale. Aucun instrument d’analyse n’a été prévu pour mesurer les effets bénéfiques de la « Sécu ».

La comptabilité n’enregistre que les coûts, négligeant les effets des prestations dans la santé de la nation. Citons en quelques-unes : moteur du développement, la Sécurité sociale stimule la recherche et les progrès de la médecine. Elle est un vecteur de l’allongement de la durée et de la qualité de la vie. N’oublions pas également le rôle joué par l’institution lors des « crises » financières. Fondée sur la solidarité, elle a fonctionné comme un « amortisseur social ». Même ses pourfendeurs louent son efficacité. Ainsi, Christine Lagarde : « La Sécurité sociale a été critiquée pour sa lourdeur, mais en période de crise, contrairement aux autres nations, elle nous aide fortement à résister au ralentissement économique. » Belle reconnaissance quand on songe que Denis Kessler incitait à détricoter un « système ringard, hérité du CNR, des communistes et de la CGT ». La recherche de la rentabilité pousse à réduire les dépenses considérées comme des « charges ». C’est cette logique qu’il faut changer en tenant compte des besoins vitaux de la population. Il convient tout d’abord de consolider un système assis sur la création de richesses dans l’entreprise.

Ce type de financement s’inscrit dans une logique de responsabilisation des entreprises sur la protection sociale. Plusieurs mesures pourraient être engagées dont une réforme de l’assiette des cotisations. Sa base de calcul n’a pas évolué à la même vitesse que les modes de production ou les marchés boursiers.

Près de 318,2 milliards de revenus financiers échappent au financement de la protection sociale. Soumis à cotisations, ils rapporteraient 84 milliards. Que dire des paradis fiscaux où s’évadent près de 100 milliards ! Évasion fiscale rime aussi avec « évasion d’emplois ». Cette hémorragie est autant de cotisations perdues.

Une politique de protection sociale exige une ambitieuse politique de l’emploi (1 % de masse salariale représente 2 milliards d’euros pour la Sécurité sociale). Elle ne peut se passer d’un programme de prévention. Selon une enquête, près de 2 millions de personnes travaillent dans des milieux cancérigènes. Le coût des maladies professionnelles représenterait 68 milliards d’euros !

L’avenir réclame, parallèlement, une autre gestion de la filière pharmaceutique, une maîtrise publique dans le sillage d’une nationalisation. S’impose enfin une gestion démocratique de la protection sociale. Il est plus qu’urgent de revenir à des conseils d’administration disposant de véritables pouvoirs sous le contrôle des salariés et des usagers.

 
75 ans de casse de la sécurité sociale - par Michel Etiévent, L'Humanité, 14 mars 2019
Les jours heureux. « Toujours jeune » malgré ses 75 ans
Vendredi, 15 Mars, 2019 - L'Humanité

Dans cette période de crise intense, il faut relire le programme du Conseil national de la Résistance, adopté le 15 mars 1944, pour saisir toute la modernité de ce texte.

A u sortir d’une Seconde Guerre mondiale qui avait laissé le pays exsangue (plus de 20 % du capital immobilier détruit, près d’un million de ménages sans abri, des villes entières rasées comme Caen, Brest, Le Havre), il fallait un consensus national pour remettre la France sur pied. Le monde ouvrier et paysan avait payé un lourd tribut et on s’apprêtait à lui demander plus encore : « Produire, produire encore, produire, faire du charbon, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français ! » lancera le secrétaire général du Parti communiste, Maurice Thorez, aux mineurs de Waziers en juillet 1945. En contrepartie, les promoteurs les plus acharnés du progrès social, dont le PCF, ont imposé au sein du Conseil national de la Résistance la rédaction d’un ensemble cohérent de droits économiques et sociaux faisant force de loi. Ils avaient donné leur vie pour combattre l’occupant nazi, mais « pour que (ce combat) soit fécond, il lui fallait tracer quelques lignes d’horizon, il lui fallait des mots pour dire son projet », écrivait la députée PCF Marie-George Buffet, le 13 mars 2004, dans l’Humanité. « Avec lui, la donne, déjà, avait changé », analysait-elle. « Il y avait un projet face à la barbarie. Il y avait un projet paraphé par tous. Un projet collectif pour vivre mieux, pour vivre ensemble, pour vivre libres. C’est ce projet qui fut le socle des grands acquis de la Libération. » Sous la pression d’un général de Gaulle pragmatique, lui-même obligé de composer avec les communistes, même les grands industriels, dont certains sortaient d’une fructueuse collaboration avec l’occupant – les plus notables verront leurs sociétés nationalisées –, devront accepter, avec quelques réticences on s’en doute, les conditions sociales imposées par le programme du CNR. Dans ce contexte, les Jours heureux, qui résonnent comme une promesse d’espoir, allaient pouvoir se lever.

Le programme du CNR a jeté les bases d’un État social, dont le mouvement ouvrier rêvait depuis le XIXe siècle et les premières revendications de création en 1875, par les socialistes Paul-Émile Laviron et Édouard-Vaillant, de caisse de retraite ou d’assurance ouvrière alimentée par l’État et le patronat, et administrée par leurs bénéficiaires. Soixante-dix ans plus tard, le texte des résistants acte l’établissement d’un pacte social qui donne naissance à la Sécurité sociale, généralise le droit à la retraite, inscrit les grands principes d’un Code du travail protecteur des salariés, en garantissant notamment de nouvelles protections, contre le chômage par exemple. Il ancre en outre l’idée de services publics. Bref, le programme négocié par les principaux courants de la Résistance jette les bases d’un État social. Mieux : il crée une véritable « démocratie économique et sociale ».

« Ce texte est étonnant ! » s’écriait le journaliste du Canard enchaîné Jean-Luc Porquet, en avant-propos d’un livre publié en 2010 (1), décrivant un « ensemble ambitieux de réformes économiques et sociales auquel le fameux “modèle social français” doit tout ». « Il a beau dater de plus de soixante ans (il a atteint les soixante-quinze ans depuis – NDLR), il est toujours jeune », poursuit le journaliste. Si, aujourd’hui encore – pour combien de temps ? –, on évoque « l’exception française », c’est au programme du CNR qu’on la doit.

« Sécurité de l’emploi, droit au travail et au repos » 

Nationalisations, statut des mineurs, des électriciens et des gaziers, des fonctionnaires, la liste, écrivait Marie-George Buffet, « étincelle des bijoux de notre pacte social et démocratique »... dont l’éclat a été terni au fil des décennies. Le Conseil national de la Résistance écrivait : « Retour à la nation des grands moyens de production, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques » ? Les privatisations se sont succédé sous des gouvernements de droite (Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin) comme de gauche (Fabius, Jospin, Ayrault, Valls) et ne cessent de gagner du terrain. Après EDF, GDF, La Poste, la SNCF, etc., c’est Aéroports de Paris qui est visé par le gouvernement Macron-Philippe. Le CNR écrivait : « Sécurité de l’emploi, droit au travail et au repos » ? En 1986, déjà, Philippe Séguin, le ministre du Travail de Jacques Chirac, a déclaré la « fin du plein-emploi productif ». Depuis, la précarisation des contrats et la flexibilisation du travail ont atteint des sommets inexplorés, notamment avec les lois El Khomri, Macron et la loi injustement baptisée « Travail »... Le CNR écrivait un « plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État » ? Dès 1967, par ordonnances, la Sécurité sociale est éclatée en branches autonomes (maladie, vieillesse, allocations familiales), affaiblissant la représentation des salariés par l’adjonction de cogestionnaires patrons. Puis, le financement s’est diversifié avec la création de la CSG. D’ailleurs, même la volonté du CNR d’offrir une retraite « aux vieux travailleurs » afin de « finir dignement leurs jours » a été détournée de son but : l’augmentation de cette même CSG est utilisée par le président Macron pour dévoyer la solidarité intergénérationnelle en imposant les retraites pour payer… les retraites !

Aujourd’hui, plus que le credo reaganien « l’État est le problème »

Le vœu de l’ex-vice-président du Medef Denis Kessler, formulé en octobre 2007 (dans Challenges) à propos des réformes à engager par Nicolas Sarkozy, est dépassé : « Prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. (...) Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. » Aujourd’hui, plus que le credo reaganien « l’État est le problème », très en vogue sous le mandat Sarkozy ; après les atermoiements d’une gauche (dite de gouvernement) atone devant les attaques, c’est un darwinisme maquillé en « progressisme » bon teint qui organise la fin de ce socle social hérité des Jours heureux. Se référer à ce « glorieux programme » qui met en musique le triptyque républicain « liberté, égalité fraternité » est pourtant loin d’être irraisonné. Ne traverse-t-on pas une crise économique depuis 2008, dont les effets ont été, de l’avis de tous, atténués par cet « efficace amortisseur social », selon les mots de l’ancien ministre communiste Anicet Le Pors ? Cet exemple seul devrait nous pousser à relire le programme du Conseil national de la Résistance, pour « retrouver le souffle de la Résistance » afin d’en « écrire le tome 2 », espérait il y a quelques jours le Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant, reprenant les mots de la résistante Lucie Aubrac : « Résister se conjugue toujours au présent. »

(1) Les Jours heureux, le programme du Conseil national de la Résistance de mars 1944 : comment il a été écrit et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition.
Grégory Marin
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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 18:09
COMMUNIST'ART: Louis Aragon par Hector Calchas

Louis Aragon

Né adultérin sous la 3ème république, Louis Aragon voit le jour en 1897, à Paris. Non reconnu par son père, dans une France puritaine, Louis, l’illégitime, sera élevé par sa grand-mère adoptive. Le mensonge, les secrets de famille, les non-dits jalonneront son enfance. Ses vingt premières années ont tous les ingrédients d’un parcours singulièrement romanesque. Cela tombe plutôt bien, Louis est entouré de livres et de poésie. « Le silence a le poids des larmes » écrira-t-il plus tard.

Après des études brillantes, il se destine sans conviction à devenir médecin. Médecin auxiliaire durant la première guerre mondiale, il y rencontre l’horreur des « gueules cassées », la folie des hommes, leur atrocité ainsi qu’André Breton qui deviendra son ami le temps des premières luttes. Le rejet de la guerre, de l’armée, « Est-ce ainsi que les hommes vivent », son anticolonialisme avoué, son aversion pour la bourgeoisie, se traduira bientôt par un sentiment profond de révolte.

« Changer les mots, changer les choses » restera son leitmotiv. Aragon prend tous les risques.

Cataloguer de voyous par la « bonne société », il n’en reste pas moins le grand artiste que l’on admire. Il adhère au Parti Communiste en 1927. Dès 31 il publie « Front Rouge ». « Feu sur la sociale démocratie, faites valser les kiosques, descendez les flics, camarades ». Il est rapidement inculpé pour propagande anarchiste et encourt 5 ans de prison. En France à cette époque, c’est un scandale sans précédent. Les intellectuels s’organisent pour qu’il soit acquitté. Et la solidarité paiera !  Aragon aime les femmes indépendantes et très engagées. A La Coupole, il fait la connaissance d’Elsa Triolet. Elle tient à le rencontrer, lui, le poète dont elle connaît la verve et qu’elle admire en secret. Ils formeront un couple mythique. Il lui dédiera ses plus beaux vers. « Elsa la rose ». Stalinien convaincu, il se rapproche de Maurice Thorez. Rédacteur à « L’Humanité », il prend la direction du journal « Ce Soir » et y exerce ses talents. Par le biais de la « Maison de la Culture », il souhaite rassembler tous les intellectuels contre la barbarie, le fascisme et le nazisme qui gangrènent l’Europe. Hitler est aux portes de la Pologne. L’enfer prend forme. Elsa Triolet, sa muse, son égérie, son irremplaçable complice meurt en 1970. Et il est possible que pour ne pas trahir Elsa, lui qui ne supportait pas les trahisons, Louis Aragon ne fréquentera plus dorénavant que des hommes. Aragon la rejoindra pour l’éternité le 24 décembre 1982. Ils reposent, ensemble et en paix, unis à jamais dans leur propriété.

Léo Ferré, Georges Brassens, Jean Ferrat, Yves Montand, Francesca Solleville, Bernard Lavilliers et tant d’autres, lui rendront un vibrant hommage à travers des chansons populaires pleines d’inspirations poétiques.

 

Les communistes, les voyageurs de l’impériale, les yeux d’Elsa

 

Hector Calchas

 

lire aussi:

COMMUNIST’ART - Erik Satie

COMMUNIST'Art: Fernand Léger

COMMUNIST'ART - Jacques Prévert, par Hector Calchas

 

 

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9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 06:49
Ci joint les photos de la cérémonie en hommage à Pierre Sémard  secrétaire général de la CGT Cheminots et premier secrétaire général du PCF

Ci joint les photos de la cérémonie en hommage à Pierre Sémard secrétaire général de la CGT Cheminots et premier secrétaire général du PCF

7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942
7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942

La section du Pays de Brest du PCF invitait à participer à la commémoration de l’assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux nazis, qui l’ont fusillé le 7 mars 1942 .
Cette cérémonie a eu lieu le jeudi 7 mars à 10h30 devant la stèle du monument aux morts de la gare.
Pierre Sémard était secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots et dirigeant du Parti communiste français, dont il fut le premier secrétaire général.
La série d’actes antisémites qui ont eu lieu ces derniers jours en France, l’installation au premier plan de la vie politique de partis ouvertement racistes et xénophobes, les coalitions nouvelles entre forces de droite et d’extrême-droite accédant ou aspirant au gouvernement dans plusieurs pays européens, montrent que « la bête immonde » n’est pas morte .
Aussi il est important de manifester notre attachement à la Résistance et à se mobiliser pour une démocratie fraternelle et républicaine.

7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942

Pierre SEMARD, fusillé le 7 mars 1942.
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots. Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme. Il devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
La famille Pierre Sémard habitait au 65 avenue Secrétan dans le 19èarrondissement où se trouve aujourd’hui un nouvel immeuble des HLM.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots : " Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat".
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé "la bataille du rail".
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Le 07 mars 1942, Pierre Semard tombait sous les balles des nazis à l’âge de 55 ans. La vie trop brève de ce militant d’exception fut d’une intensité remarquable, traversant des moments très forts de l’histoire sociale et politique de la première partie du 20ème siècle. Il reste le symbole de la résistance des cheminots à l’Occupation

Sa dernière lettre avant d'être exécuté :

"Chers amis,

Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot, puisque dans quelques instants je serai fusillé.

J'attends la mort avec calme. Je démontrerai à mes bourreaux que les communistes savent mourir en patriotes et en révolutionnaires.

Ma dernière pensée est avec vous, camarades de lutte, avec tous les membres de notre Grand Parti, avec tous les Français patriotes, avec les héroïques combattants de l'Armée Rouge et son chef, le grand Staline. Je meurs avec la certitude de la libération de la France.

Dites à mes amis, les cheminots, que ma dernière volonté est qu'ils ne fassent rien qui puisse aider les nazistes.

Les cheminots me comprendront ; ils m'entendront ; ils agiront; j'en suis convaincu.

Adieu, chers amis, l'heure de mourir approche. Mais je sais que les nazistes, qui vont me fusiller, sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le grand combat.

Vivent l'Union Soviétique et ses Alliés ! Vive la France.

Pierre SÉMARD."

La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare
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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 18:39
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l’assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux nazis, qui l’ont fusillé le 7 mars 1942 .
Cette cérémonie aura lieu jeudi 7 mars à 10h30 devant la stèle du monument aux morts de la gare.
Pierre Sémard était  secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots et dirigeant du Parti communiste français, dont il fut le premier secrétaire général.
La série d’actes antisémites qui ont eu lieu ces derniers jours en France, l’installation au premier plan de la vie politique de partis ouvertement racistes et xénophobes, les coalitions nouvelles entre forces de droite et d’extrême-droite accédant ou aspirant au gouvernement dans plusieurs pays européens, montrent que « la bête immonde » n’est pas morte .
Aussi il est important de manifester notre attachement à la Résistance et à se mobiliser pour une démocratie fraternelle et républicaine.
PCF Section du Pays de Brest
5 rue Henri Moreau 29200 Brest
Tramway : station St Martin
Tel 02 98 43 47 78
@ : pcf_brest@yahoo.fr
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare

Pierre SEMARD, fusillé le 7 mars 1942, il y a 76 ans !
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots. Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme. Il devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
La famille Pierre Sémard habitait au 65 avenue Secrétan dans le 19èarrondissement où se trouve aujourd’hui un nouvel immeuble des HLM.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots : " Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat".
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé "la bataille du rail".
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare

En ce moment, on parle beaucoup des cheminots, de leur statut de privilégiés, du démantelement du reseau SNCF, alors aujourd'hui petite leçon d'histoire par devoir de mémoire.
Le 07 mars 1942, Pierre Semard tombait sous les balles des nazis à l’âge de 55 ans. La vie trop brève de ce militant d’exception fut d’une intensité remarquable, traversant des moments très forts de l’histoire sociale et politique de la première partie du 20ème siècle. Il reste le symbole de la résistance des cheminots à l’Occupation

Sa dernière lettre avant d'être exécuté :

"Chers amis,

Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot, puisque dans quelques instants je serai fusillé.

J'attends la mort avec calme. Je démontrerai à mes bourreaux que les communistes savent mourir en patriotes et en révolutionnaires.

Ma dernière pensée est avec vous, camarades de lutte, avec tous les membres de notre Grand Parti, avec tous les Français patriotes, avec les héroïques combattants de l'Armée Rouge et son chef, le grand Staline. Je meurs avec la certitude de la libération de la France.

Dites à mes amis, les cheminots, que ma dernière volonté est qu'ils ne fassent rien qui puisse aider les nazistes.

Les cheminots me comprendront ; ils m'entendront ; ils agiront; j'en suis convaincu.

Adieu, chers amis, l'heure de mourir approche. Mais je sais que les nazistes, qui vont me fusiller, sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le grand combat.

Vivent l'Union Soviétique et ses Alliés ! Vive la France.

Pierre SÉMARD."

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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 06:00
photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

Il y a un an et demi déjà, nous alertions dans Le Chiffon Rouge sur le traitement honteux réservé à la plaque en hommage à Rol-Tanguy, né en gare de Morlaix, sur la nouvelle esplanade d'une place Rol-Tanguy dont le nom et l'identité sont devenus quasiment invisibles: plus de panneau de place côté Morlaix, une plaque en plastique abîmée et peu lisible derrière l'escalier de la passerelle, à 10 cm du sol, sur un socle de pierre légèrement surélevé, à hauteur idéale pour que les chiens pissent dessus... La mémoire d'un combattant de la Liberté réduite à sa plus simple expression, dans un coin détourné et quasi invisible à côté de l'abri à vélo, contre la grille, dans l'ombre de l'escalier monumental de la passerelle.  

Et dire que j'avais demandé à ce que soit installée une œuvre d'art, peinture, graff, ou sculpture, d'hommage à Rol-Tanguy et à la Résistance... 

Aucun tableau biographique, explicatif, non plus, à l'intérieur ou à l'extérieur de la gare alors que la rénovation aurait été l'occasion de le faire. Quelques centaines ou milliers d'euros qui n'auraient pas peser plus lourd par rapport aux 7 millions d'euros de la passerelle et aux 13 ou 14 millions d'euros du pôle gare.

Mais il semblerait que les élus en responsabilité de Morlaix-Communauté et ceux de Morlaix se foutent comme de l'an quarante de ce grand résistant, un ouvrier, un métallo, un militant, qui a libéré Paris, de ce dirigeant communiste et cégétiste, ancien de Citroën et des Brigades Internationales, qui a joué un rôle de premier plan dans la vie nationale au XXe siècle.

Un résistant et un patriote, tout simplement! 

La place de la Gare où étaient accueillis les déportés survivants en 45 est à l'image de cette occultation du passé: prétentieuse, minérale et froide, aseptisée, et mal conçue pour l' accueil des arrivants du train, la dépose des voyageurs ou l'achat de billets au guichet (c'est vrai que pour certains, c'est obsolète!) ! 

Qu'il est loin le temps d'ambition de rénovation démocratique et sociale profonde portée par le programme du Conseil National de la Résistance !!! 

Mais il n'est jamais trop tard pour corriger cette injustice fait à un des grands finistériens du XXe siècle et à la mémoire de la Résistance.

Ismaël Dupont, élu PCF à la ville de Morlaix et à Morlaix-Communauté

Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?

Rol-Tanguy: un Brestois né à Morlaix dirige l'insurrection de Paris: le 19 août, prise de la Préfecture de Paris par Rol-Tanguy et les policiers résistants

"25 août 1944. Le métallo (Rol-Tanguy) et les généraux" par Roger Martelli

Libération de Paris: Cécile Rol-Tanguy : "Je représente les résistantes qui ont été oubliées" (France 24)

 

Article du 13 novembre 2017

Rol-Tanguy, héros de la résistance, grand militant de la CGT et du PCF, ancien des Brigades Internationales, le grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix.

Place Rol-Tanguy, un fantôme erre sur le parvis désert!

Après plusieurs interpellations de camarades, je me suis enquis auprès de Morlaix-Communauté du devenir de la stèle d'hommage à Rol-Tanguy et de la visibilité même du nom de la place de la Gare qui accueille les voyageurs à leur descente des TGV et des TER.

Il y a t-il un projet de relocalisation pour la stèle érigée à la mémoire de Rol-Tanguy et de rénovation ou de remplacement de cette stèle en mauvais état?

Actuellement, avec les travaux, elle est reléguée à un endroit non satisfaisant alors que la place porte son nom, ce qui est devenu assez difficile à identifier.

En décembre 2014, à mon initiative, toute l'opposition morlaisienne avait présenté un voeu en Conseil Municipal de Morlaix pour réaliser une fresque ou une sculpture d'hommage à Rol Tanguy dans le cadre de la rénovation de la gare.

A l'époque, la proposition n'avait pas été retenue par la majorité municipale de Morlaix dans le cadre d'un portage de projet par Morlaix ou Morlaix-Communauté et d'une demande du 1% culturel.

J'avais aussi fait cette proposition en Commission Transports de Morlaix Communauté.

Finalement, le choix a été fait d'orienter le 1% culturel vers une sculpture de Guillaume Castel côté nord de la gare.

Mais cela n'empêche pas de redonner dans le même temps une visibilité à la dénomination de la place et à Rol-Tanguy, né en gare de Morlaix par accident et qui fut un des plus grands résistants de la seconde guerre mondiale.

Ismaël Dupont

 

Vœu de l'opposition municipale pour le Conseil Municipal du jeudi 13 novembre 2014

Rapporteur: Ismaël Dupont


Le 12 juin 1908, Henri Tanguy naissait en gare de Morlaix à l'issue d'un accouchement précipité.

107 ans plus tard, la ville de Morlaix et la Communauté d'Agglomération, pilotent avec leurs partenaires et l'aide de l'Etat et de plusieurs collectivités la rénovation de la Gare de Morlaix et de ses environs immédiats pour requalifier le quartier, accueillir les nouveaux voyageurs prévus dans le cadre de la LGV et de l'augmentation du trafic TER.

La place Rol-Tanguy, anciennement place de la gare rebaptisée sous le dernier mandat Le Goff, va devenir une esplanade piétonne très passante et active. Un lieu de vie sociale, sans doute plus encore qu'aujourd'hui où elle sert surtout de passage pour les voitures arrivant en gare.

N'est-ce pas le bon moment, en ces années de commémoration de la Libération et du rétablissement de la République, d'honorer particulièrement ce grand résistant breton, en lui dédiant une statue ou un portrait-fresque sur support rigide ou mural, commandé à un artiste sur le parvis qui porte son nom? ...

Henri Rol-Tanguy fut en effet un des dirigeants de la Résistance qui a organisé la Libération de Paris...

Paris libéré par l'insurrection de son peuple. Après 4 ans sous le joug allemand. L'action armée des résistants unis au sein du F.F.I. conjuguée avec le soulèvement de la population parachevée par les blindés de Leclerc chasse l'occupant et peut-être signifie la signature de l'acte de la capitulation auquel participe Rol-Tanguy.
"Nous avons donné le coup de grâce à l'ennemi, mais Paris était déjà aux mains des Parisiens" (Eisenhower, commandant en chef des forces alliées en Europe)?

Le premier détachement Leclerc et celui du Capitaine Dronne étaient composés de républicains espagnols.

Juste retour des choses: comme des milliers d'autres militants français, Henri Tanguy, alors syndicaliste CGT de la métallurgie et communiste, s' est engagé dans les Brigades Internationales pour défendre la république espagnole contre Franco qui était appuyé par les nazis et les fascistes italiens.

Son courage, son combat pour un monde de Liberté, d'Egalité, de Fraternité sont des exemples pour notre époque et il importe que les générations présentes, jusque-là épargnées par les tempêtes de l'histoire, n'oublient pas ce que le rétablissement de la démocratie et la lutte contre le fascisme doivent au dévouement de ces hommes pétris d'idéal et d'altruisme qui ont su dire non à la fatalité de la régression et de la barbarie.

Henri Rol Tanguy a su aussi s'engager dans les batailles de l'après-guerre: la reconstruction et l'application du programme de transformation sociale et économique bâti par le CNR.

Henry Rol-Tanguy fut longtemps président de l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance et il eut l'occasion de revenir de nombreuses fois à Morlaix à ce titre.

 

 

Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
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3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 07:22

Jacques Prévert

 

Qui ne connaît pas Jacques Prévert ? Poète, scénariste, parolier, dialoguiste, rédacteur, Prévert savait tout faire. Et séduire aussi, par son « artisanat » protéiforme et populaire, par sa verve, son humour, son style inclassable. C’était l’artisan des mots. Il voit le jour le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine et décédera le 11 avril 1977 dans le Cotentin, à Omonville-la-Petite. Jeune, Jacques s’ennuie beaucoup à l’école. Avec la complicité de son père, ses absences répétées le conduisent à découvrir le théâtre, le cinéma tandis que sa mère, elle, l’initie à la lecture. Passé l’adolescence, il vit de petits métiers. Et n’a pas toujours que de bonnes fréquentations. Mais qu’importe. Prévert sait où il va ! Dans les années 20, il rencontre Yves Tanguy puis d’autres connaissances viennent l’enrichir comme celle de Marcel Duhamel, son futur éditeur. Il vit rue du château près de Montparnasse et ce lieu devient rapidement l’endroit de rencontre des surréalistes. Logement collectif, accueil de tous les camarades sans le sou, c’est la maison du bonheur. De la liberté. En 1932, le groupe Octobre vient de naître. Il les rejoint après avoir été sollicité par le communiste Paul Vaillant-Couturier. Ce sont des artistes contestataires, anarchistes, communistes, libertaires. Ils se produisent dans des usines en grève et soutiennent activement le monde ouvrier. Jacques, lui, rédige des textes au vitriol, son talent singulier fera rapidement la notoriété du groupe. Il ne supporte pas l’exploitation. Citroën. «  A la porte des maisons clauses, c’est une petite lueur qui luit. C’est la lanterne du bordel capitaliste, avec le nom du taulier qui brille dans la nuit, CITROÊN ». Ses remarques provoquent l’indignation des nantis mais gagnent l’admiration populaire. « J’écris pour faire plaisir à beaucoup et pour en emmerder quelques-uns ». Il se délecte à écouter Berg, Erick Satie, Vivaldi, Carl Orff avec qui il entretiendra une proximité très amicale.   Anarchiste contre l’état et les pouvoirs, Prévert l’agitateur extraordinaire, le provocateur obligé, n’aura de cesse de caricaturer le monde épouvantable qui l’entoure. Il n’aime ni le mensonge, ni la fourberie, ni les salauds ! C’est l’anti salaud par excellence. Gréco, Montand, Reggiani, les Frères Jacques l’ont chanté. Carné l’a sacralisé. Il était admiré de tous. Il n’adhère pas au parti communiste, mais s’y associe encore lorsqu’il s’agit d’écrire pour le journal l’Humanité. Jean Renoir, compagnon de route du Parti Communiste collaborera aussi avec lui. Sa liberté est à ce prix. Pas militant, jamais,  mais  étroit collaborateur et humaniste de gauche, ça oui. Sympathisant communiste, évidemment.  «  La gauche, c’est la main de l’ouvrier ». « Dans chaque église, il y a quelque chose qui cloche ». « Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange… ». Oublier Prévert, c’est oublier les luttes. La liberté d’expression. L’insoumission. Oublier Prévert c’est mourir de désillusion.

Hector Calchas

 

Paroles. Citroën. Brest. Drôle de Drame. Les Visiteurs du Soir. Les Enfants du Paradis.

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25 février 2019 1 25 /02 /février /2019 15:45
Décès de notre camarade Roland Leroy  ancien dirigeant national du Parti communiste français et directeur de l’Humanité - Hommage de Fabien Roussel et de Patrick Le Hyaric

Notre camarade et ami Roland Leroy, ancien dirigeant national du Parti communiste français et directeur de l’Humanité, est disparu cette nuit, au terme d’un long combat contre la maladie.

Cette nouvelle, que nous attendions malheureusement après les mois de souffrance contre laquelle il se battait avec courage, accompagné par sa femme Danièle, par sa famille et l’ensemble de ses amis, provoque une profonde émotion au sein du PCF, parmi ses militants et ses directions, comme au sein de la rédaction du journal L’Humanité, journal auquel Roland a tant donné. Cette profonde tristesse est à la mesure de l’apport de Roland Leroy au combat pour l’émancipation humaine, pour l’avènement d’une société débarrassée des dominations et de l’exploitation, pour un nouvel essor de la démocratie.

Fils de cheminot et cheminot lui-même, Roland Leroy avait dès ses plus jeunes années embrassé le combat contre le nazisme et l’Occupation, mené au sein du Mouvement des jeunes communistes de France dans la Résistance, où Roland anima avec courage la diffusion de la propagande.

Il se poursuivra après la guerre au sein du Parti communiste français, dont Roland deviendra d’abord le premier dirigeant en Seine-Maritime, son département auquel son image s’identifiera, puis progressivement au plan national, avec son élection au Comité central, au Bureau politique et au Secrétariat du PCF.

Il s’incarnera parallèlement avec l’Humanité, journal qu’il dirigea durant 20 ans, en lui faisant franchir les transformations indispensables, en lui permettant d’ouvrir ses colonnes à des personnalités de premier plan à l’échelle planétaire, à l’image des grands entretiens qu’il mena avec Houari Boumédiène, Rajiv Gandhi, Fidel Castro ou encore Michaël Gorbatchev. C’est sous sa direction aussi que l’Humanité érigera son nouveau siège à Saint-Denis, imaginé par Oscar Niemeyer.

Qui mieux que Roland pouvait ainsi mesurer les conséquences dramatiques pour le pluralisme, pour le débat d’idées dans notre société, des menaces pesant sur l’avenir de ce grand titre de la presse française qu’est l’Humanité ?

Roland mit cette même détermination à faire évoluer et grandir la Fête de l’Humanité, avec l’organisation notamment des premiers défilés de haute couture sur la grande scène de la Fête.

Car Roland Leroy était par ailleurs un homme de culture reconnu, avec sa contribution au Comité central d’Argenteuil en 1966 et avec la publication de son ouvrage « La culture au Présent » en 1972 qui fit date dans l’histoire du PCF. Roland contribua ainsi à affirmer une conception globale de la culture, devant être portée dans le combat politique, et à dessiner les contours de la nécessaire alliance entre la classe ouvrière et les intellectuels.

Il nourrissait sa réflexion de sa proximité, de son amitié étroite avec de grands créateurs, parmi lesquels Pablo Picasso et surtout Louis Aragon, dont il fut avec Michel Appel-Muller l’un des artisans majeurs de la Fondation créée après sa disparition.

Je me suis adressé ce jour-même à sa femme Danièle pour l’assurer, au nom de tous les communistes, mais aussi au nom des lecteurs, journalistes, diffuseurs de l’Humanité, de notre plus chaleureux et fraternel soutien dans ces tristes circonstances et lui dire combien l’héritage de Roland constituait un formidable legs pour les femmes et hommes aujourd’hui engagés dans le combat pour la libération humaine.

A Danièle, à François son fils, à ses beaux-enfants Laure et René, à ses petits-enfants Lenny, Jean-Baptiste, Adrien et Julien, j’adresse nos plus sincères condoléances et les assure de notre reconnaissance pour le combat et les idées que Roland nous laisse en héritage.

Fabien Roussel

Secrétaire national du Parti communiste français

Paris le 25 février 2019

 

Décès de notre camarade Roland Leroy  ancien dirigeant national du Parti communiste français et directeur de l’Humanité - Hommage de Fabien Roussel et de Patrick Le Hyaric
Roland Leroy l’élégance et l’humanité
Lundi, 25 Février, 2019
Par Patrick Le Hyaric, directeur de L’Humanité.
C’est avec un immense chagrin que nous apprenons, au lendemain de notre grande soirée de mobilisation pour L’Humanité, le décès de Roland Leroy. Son parcours est celui du cheminot communiste, du Résistant qu’il fut dès l’âge de 15 ans, du dirigeant devenu directeur de L’Humanité durant vingt années intenses (de 1974 à 1994), tout au long d’une période historique et marquante pour la gauche. Il fut encore un député réélu à plusieurs reprises, un membre du secrétariat et du bureau politique du Parti communiste. Il fut aussi un homme généreux et passionné, menant une vie tournée vers les autres, au service de son pays, animée par la solidarité internationale. Une vie qu’il avait voulue orientée par « la quête du bonheur », le  titre de l’un de ses livres.
Roland incarnait l’élégance et l’intelligence, le raffinement dans l’analyse et l’écriture. Ami de Picasso, de Louis Aragon et d’Elsa Triolet, des plus grands artistes, il aimait « la culture au présent ». Il fut longtemps le lien actif méthodiquement construit entre le Parti communiste et le monde de la culture et de la création. 
Directeur de l’Humanité, Il fit franchir à notre presse d’importants pas vers sa modernisation, en faisant de l’organe central du parti communiste un journal communiste plus ouvert à d’autres courants de pensée de la gauche sociale, intellectuelle et politique. Il créa notamment les pages « Idées » tout en renforçant l’attention au monde de la création et de la culture. Il ouvrit également la fête de L’Humanité à des espaces de débats, faisant preuve d’audace, notamment avec la programmation d’un défilé de mode sur la grande scène. Il aura mis l’Humanité au service de grands combats : celui du rassemblement et de la réussite de la gauche, tout en alertant sur la nécessité de mobilisations populaires, celui de la libération de Nelson Mandela ou encore du débat et du vote contre le traité de Maastricht. Roland avait le souci de permettre aux lectrices et lecteurs de l’Humanité d’accéder aux dirigeants de plusieurs pays au monde, réalisant lui-même un certain nombre de grands entretiens. Il continuait toutes ces dernières années à être proche de L’Humanité, de sa fête. A l’occasion du centenaire de notre journal, il dirigea un remarquable travail historique, conclu par la publication d’un livre  intitulé « un siècle d’Humanité ». Roland aura été un extraordinaire militant, un pilier du Parti communiste, un beau et fort directeur de L’Humanité, un député du peuple dont les populations de Seine-Maritime continuent de se souvenir. L’Humanité porte le deuil. 
A sa femme Danièle, à toute sa famille, nous présentons notre sympathie affectueuse et nos condoléances attristées.
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24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 13:20
Marie Lambert, résistante, députée communiste du Finistère à la Libération, a aussi été journaliste à l'Huma et elle a eu, nous dit l'historien Alain Ruscio, cette lucidité au moment du début de la guerre, ou des "évènements d'Algérie", comme ils les appelaient.
Ci-joint l'article, que j'ai mis dans le Chiffon Rouge avec l'article du Maitron sur Marie Lambert que nous avait transmis Jean-Paul Cam.
Amicalement
Ismaël
 
Alain Ruscio : « La force communiste fut à l’origine de la protestation anticolonialiste en France »
Vendredi, 22 Février, 2019 entretien avec  Rosa Moussaoui

 

" Lorsque est déclenchée l’insurrection, le 1er novembre 1954, l’Humanité dépêche sur place l’une de ses journalistes, Marie Lambert. Dans un meeting au Vél’d’Hiv, le 5, Duclos prononce le mot « indépendance ». Pourquoi le communiqué officiel tardif du PCF est-il, lui, très ambigu ?

Alain Ruscio Merci de citer ces premiers reportages, totalement oubliés par l’historiographie, de l’ancienne députée communiste Marie Lambert (qui signait dans l’Humanité Marie Perrot). Grâce à elle, le mot « guerre » a été imprimé par votre journal dès le 3 novembre 1954. Vient, en effet, le 5 novembre, une réunion visant à célébrer l’anniversaire de la révolution d’Octobre, comme il était alors de rigueur. Jacques Duclos, après avoir salué les réalisations de l’Union soviétique, prononcera trois fois le mot « indépendance » . Et pourtant, vous avez raison, le mot n’apparaît plus dans le texte officiel qui suit, le communiqué du bureau politique du 8 novembre. Ici, nous sommes confrontés à un manque d’archives, les réunions du « BP » n’étant ni enregistrées, ni transcrites. Je risque une hypothèse : une semaine après le déclenchement de l’insurrection, les communistes étaient dans la totale ignorance de ses instigateurs. Rappelons que le sigle « FLN » n’était apparu que le 1er novembre. Une prise de distance est manifeste, marquée notamment par la crainte d’une provocation. Au passage, je signale que les communistes algériens, eux, ne partagèrent pas cette méfiance et tentèrent même de dissuader leurs camarades français d’utiliser cet « argument ».

 

LAMBERT Marie-Yvonne [née PERROT, Marie, puis épouse GOSNAT]

Par Christian Bougeard - pour le MAITRON

Née le 26 octobre 1913 à Landerneau (Finistère), morte à Ivry-sur-Seine le 22 janvier 1981 ; secrétaire fédérale communiste du Finistère (1947-1949) ; députée PCF du Finistère (1948-1951).

Originaire de la petite ville de Landerneau (Finistère), Marie Perrot avait un grand-père qui avait participé, contre son gré, à l’écrasement de la Commune de Paris mais aurait exprimé de la sympathie pour les Communards. Il aimait porter les jours de fêtes un chemise rouge pour manifester ses opinions.
Marie Lambert avait interrompues ses études après le brevet. Elle acquit par la suite, , en autodidacte, une importante culture. Elle avait épousé jeune Henri Lambert , avec qui elle eut trois enfants : Jean-Paul en 1932 ( serge nt cassé pour refus d’être appelé en 1956), Henri en 1935 et Annie en 1944. Elle fut brièvement institutrice pendant la "drôle de guerre".
Son mari fut un résistant FN et FTP. Arrêté en Ille-et-Vilaine en décembre 1943, torturé et déporté. Sous l’Occupation, Marie Lambert participa aux actions de son époux ,diffusant tracts et journaux clandestins dans la région de Landerneau. Elle servit d’agent de liaison à Daniel Trellu, chef des FTP du Finistère et organisa des groupes de « femmes patriotes », malgré une grossesse. Pour son action, elle obtint la médaille de la Résistance et la Croix de guerre.

Ayant adhéré au PCF en 1943, ettant u rapport se geste et la licture avec la lecture de Lyssagaray et la lecture de son Histoire de la Commune., « la ménagère » Marie Lambert fut élue conseillère municipale de Landerneau en mai 1945 (réélue en 1947) dans la municipalité dirigée par l’ancien maire révoqué et ancien député (réélu en 1945), le socialiste Jean-Louis Rolland. Elle appartenait aussi en 1945 au bureau de l’UFF du Finistère. N’ayant pas été candidate en octobre 1945, Marie Lambert figurait en 4e position sur la liste communiste du Finistère aux élections à la seconde Assemblée Constituante le 2 juin 1946 qui recueillit 95 343 voix en moyenne (24,6%) et deux élus, les députés sortants Pierre Hervé et Gabriel Paul. Le 10 novembre 1946, elle était toujours 4e alors que le PCF obtenait 27,8% des voix et trois députés (Alain Signor *en plus). Mais la démission de Pierre Hervé, le 15 juin 1948, permit à Marie Lambert de lui succéder à l’Assemblée nationale en juillet. Inscrite à la commission de l’Agriculture, elle déposa plusieurs propositions de loi en faveur des ouvriers agricoles.

Auparavant, Marie Lambert était devenue une des principales dirigeantes du PCF. Elle entra au bureau fédéral élargi de 9 à 13 membres lors de la IXe conférence d’août 1946, devenant ensuite secrétaire fédérale, sans doute en 1947, lors du départ de l’instituteur Alain Cariou. En 1948 et au début 1949, Marie Lambert assura de manière transitoire la fonction de première secrétaire fédérale du Finistère. Elle en fut écartée à la suite de la XIIe conférence fédérale de février 1949 présidée par Jeannette Vermeersch, et remplacée par Daniel Trellu. Elle fut critiquée pour n’avoir pas su diriger sa fédération, en perte de vitesse, et éviter les graves conflits qui divisaient la CGT, peut-être aussi parce qu’il lui était difficile d’assurer ses tâches de direction avec son mandat de députée. Les critiques portaient sur la trop grande importance accordée par la fédération à la question de la laïcité sous l’impulsion de Pierre Hervé. Au total, 24 membres de la direction fédérale sur une quarantaine furent remplacés. Cette véritable « purge » permit un durcissement et une stalinisation de la fédération avec son lot de critiques, d’autocritiques, d’exclusions (même temporaires) et de chasse aux « titistes » et aux « mous ». En 1951-1952, le bureau politique lui-même fut contraint de reprendre les choses en main.

En mars et avril 1950, une série de grèves très dures secoua le Finistère, provoquant une forte mobilisation syndicale et de solidarité. Le 14 avril, une manifestation des femmes de l’UFF à la mairie de Brest se transforma en affrontement avec la police : la députée Marie Lambert (tabassée gravement pendant la manifestation) et deux dirigeants communistes furent arrêtés. Le 17 avril 1950, une manifestation de protestation de 5 000 personnes fut vivement réprimée provoquant la mort de l’ouvrier communiste Édouard Mazé, le frère du conseiller municipal PCF Pierre Mazé. Alain Signor fut lui aussi arrêté et Jacques Duclos interpella le gouvernement sur ces arrestations considérées comme illégales, en violation de l’immunité parlementaire. Plusieurs milliers de personnes participèrent aux obsèques d’Édouard Mazé. Rapidement libérés, Marie Lambert et Alain Signor furent condamnés à cinq et à six moi s de prison avec sursis. Comme en 1935, la violence des affrontements avec les forces de l’ordre allait marquer durablement la mé moi re du mouvement ouvrier brestois.

Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Marie Lambert , en 3e position sur la liste communiste qui obtint 20,9 % des suffrages ne fut pas réélue, le PCF ne conservant que les sièges d’Alain Signor et de Gabriel Paul. Il semble que l’ancienne députée communiste quitta rapidement le Finistère. De toute façon, en janvier 1953, elle ne figurait plus dans aucun organisme de la direction fédérale. On sait qu’elle devint journaliste à l’Humanité puis à France nouvelle et directrice de Femmes nouvelles, le journal de l’UFF, chargé de la culture, ce qui lui permit de connaître le principaux artistes communiste, notamment le couple Aragon-Triolet.. Le 8 novembre 1954, l’Humanité publia sous le titre "Des tortures dignes de la Gestapo", un reportage de Marie Perrot : "Les arrestations se poursuivent en Algérie et de nombreuses personnes à des sévices innommables dans les locaux de la police [...] la bastonnade, le lavage d’estomac à l’aide d’un tuyau enfonce dans la bouche et le courant électrique". Ces scènes lui rappelaient les tortures qu’avaient subies son premier mari en 1943. Elle participa en 1955 au premier voyage de journaliste au premier voyage de journalistes à Hanoi. Son statut de journaliste lui permit également de découvrir le Yougoslavie et laTunisie.

Marie Perrot, vécut avec Georges Gosnat à Saint-Ouen à partir de 1950. Elle l’épousa le 30 juillet 1970 (on trouve ailleurs le 30 décembre 1970) et habita avec lui à Ivry-sur-Seine. Georges Gosnat était député d’Ivry-sur-Seine et un des principaux responsables des finances du PCF. Elle décéda en 1981 dans ce bastion du communisme de la banlieue sud-est et fut enterrée au cimetière communal.

 
SOURCES : Arch. du comité national du PCF. Organigrammes des comités fédéraux du Finistère (1953-1968). — Arch. PPo., dossier Georges Gosnat. — Eugène Kerbaul, 1918-1945 : 1640 militants du Finistère, Bagnolet, 1988, notice Henri Lambert et Marie Perrot, p. 140 et 232-233. — Isabelle Picart, Le PCF à Brest de la Libération à la fin de la Quatrième République (1944-1958), maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1989. — Le bande dessinée de Kris et Étinne Davodeau, Un homme est mort, Futuropolis, 2006. — Cédérom le Maitron. Notice Georges Gosnat par Jean Maitron et Claude Pennetier.
 
 
***

Dans une lettre datée du 16 octobre 1985, Pierre Le Rose donne à Pierre Crépel, un camarade de l'IRM (Institut de Recherche Marxiste) basé à Lanester, des renseignements complémentaires sur le Parti Communiste à la Libération, période qu'il a connue en tant que dirigeant et acteur. On trouve dans cette lettre des informations tout à fait importantes d'un point de vue historique qui justifient qu'on la publie, avec l'accord de la fille de Pierre Le Rose:

"L'audience du Parti était très grande dans le Finistère à la Libération. On évaluait les adhérents à 10 000 ou 12 000. Les cartes étaient placées aux réunions publiques au lendemain de la libération. L'organisation ne suivait pas. Mais dans les localités importantes (Brest, Morlaix, Quimper, Douarnenez, Concarneau), les cellules avaient des Bureaux et des activités réelles. Le premier pointage réel que j'ai pu faire en Avril 47 (je venais d'avoir la responsabilité de l'organisation fédérale) faisait apparaître plus de 7000 adhérents. Nous avons vu jusqu'à 12 000 personnes à nos fêtes fédérales (fête de la Bretagne, notre journal, avec Marcel Cachin; 40 000 personnes à Brest sur le cours d'Ajot avec Maurice Thorez le 6 juillet 1947). Parallèlement, les JC (44-45) puis l'UJRF (à partir d'avril 45) comptaient entre 9 et 10 000 adhérents (jeunes venus des FTP, jeunes filles très nombreuses). Les jeunes prenaient leurs responsabilités pour organiser les activités ( 400 Jeunes Communistes à Quimper, 200 à Concarneau, mêmes chiffre à Douarnenez; organisations existant dans les localités rurales du Centre Finistère, Riec sur Belon, etc...). Les meetings des JC rassemblaient autant et parfois plus d'auditeurs que le Parti. Ce sont les JC (garçons et filles) qui ont vite fourni les cadres du Parti (peut-être au détriment de l'organisation des jeunes).

L'audience du Parti est venue du combat clandestin, puis de l'activité des militants, des élus et des ministres communistes, activité qui continuait le combat national, le confirmait.

Dans des élections législatives à la proportionnelle, le Parti Communiste recueillait 70 000 voix en novembre 1945 (2 députés), 80 000 voix en mars 1946 (2 députés), 105 800 voix en novembre 1946 (3 députés sur 10 députés finistériens).

La part de la jeunesse et des femmes fut considérable dans cette période. Nous avions la première femme maire (Kernevel), des adjointes. Notre Parti faisait le plus confiance aux jeunes (Gabriel Paul, député et secrétaire fédéral à 26 ans), Marie Lambert, députée et secrétaire fédérale à 33 ans (idem dans les Côtes d'Armor avec Hélène Le Jeune). On retrouve des jeunes de nos fédérations bretonnes également à Ouest-Matin (sur Rennes comme correspondants).

La direction du PCF milite pour la reconnaissance politique des femmes: "Les femmes viennent de plus en plus à la vie politique. Il faut les organiser et laisser de côté les préjugés encore tenaces sur l'infériorité de la femme qui ne sont pas dignes de communistes".  

La fédération vient de transférer son siège à Brest. Elle connaît déjà quelques difficultés financières qui l'ont contraint à réduire son nombre de permanents.  

* Note biographique de Jean-Claude Cariou sur Marie Lambert et Pierre Hervé

Marie Lambert remplaça ensuite à l'Assemblée Nationale Pierre Hervé (du secteur de Morlaix-Lanmeur), lequel quitta plus tard le PCF pour rejoindre la SFIO puis un groupuscule gaulliste. Il redevint professeur de philosophie, son métier initial en région parisienne. Sa femme, résistante, avait servi de modèle à Jacques Prévert, dont il était l'ami, pour son célèbre poème "Barbara". Marie Lambert divorça ensuite de l'officier d'infanterie dont elle était l'épouse et quitta la Bretagne avec son nouveau mari, Georges Gosnat, trésorier national du PCF et membre du Bureau politique. 

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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 06:46
Footballeur à Argenteuil et au Red Star, Rino Della Negra avait participé à une quinzaine d’actions armées de la résistance. Archives de la famille Della Negra

Footballeur à Argenteuil et au Red Star, Rino Della Negra avait participé à une quinzaine d’actions armées de la résistance. Archives de la famille Della Negra

Deux chercheurs préparent un ouvrage sur ce membre du groupe Manouchian fusillé par l’armée allemande il y a 75 ans. Et devenu, depuis peu, une icône des supporters du club audonien.

Une tribune du stade Bauer, à Saint-Ouen, porte son nom. Les traits de son visage apparaissent sur les banderoles et les maillots des supporters du Red Star. Mais que sait-on vraiment de Rino Della Negra, ce footballeur résistant durant la Seconde Guerre mondiale ?

Membre du groupe Manouchian, il a été fusillé par les nazis le 21 février 1944 au Mont-Valérien, il y a tout juste 75 ans.

Deux historiens, Jean Vigreux et Dimitri Manessis, ont décidé de se pencher sur son parcours. Leur ouvrage sortira cet automne. Le premier, spécialiste du communisme et enseignant à l’université de Bourgogne, est le maître de thèse du second, étudiant… et supporter du Red Star.

« Un jour, Dimitri portait une écharpe Tribune Rino Della Negra, raconte Jean Vigreux. Je lui ai demandé qui était ce Rino, et on a commencé à s’interroger sur les travaux qui avaient été menés sur lui. On avait sa biographie dans le Maitron des fusillés(NDLR : dictionnaire biographique des exécutés durant l’Occupation), mais elle était très incomplète. »

« Le Mbappé de l’époque »

Les deux chercheurs ont alors épluché les archives de la Seconde Guerre mondiale et reconstitué le parcours du jeune homme né le 18 août 1923 à Vimy (Pas-de-Calais). Son père, briquetier, était originaire d’Udine, dans le Frioul (Italie).

Rino et ses parents déménagent rapidement à Argenteuil (Val-d’Oise), dans le quartier de Mazagran, où vivent 3 000 habitants originaires du Nord-Est de l’Italie qui avaient fui le régime de Mussolini. « C’est très important car cette immigration s’était structurée autour d’un pôle antifasciste, explique Dimitri Manessis. Et si ses parents n’étaient pas particulièrement engagés, Rino va fréquenter beaucoup de gens qui vont l’acclimater à cette culture. »

Mais à 14 ans, il n’est encore qu’un apprenti ajusteur aux usines Chausson, à Asnières (Hauts-de-Seine). Et brille, sur son temps libre, dans tout un tas de disciplines avec le club omnisports d’Argenteuil. « Ce n’était pas qu’un footeux, poursuit le chercheur. Il avait notamment été chronométré 11 secondes au 100 m. » « Niveau vitesse, c’était un peu le Mbappé de l’époque ! » sourit Jean Vigreux.

On le savait aussi superstitieux. « Sa mère racontait qu’il embrassait toujours ses crampons avant les matchs, en disant qu’ils lui apporteraient la victoire », sourit Yolande Della Negra, la belle-sœur de Rino, qui habite toujours le Val-d’Oise.

Un « militant de choc » de la Résistance

Rino joue ailier droit lorsqu’il est repéré par le Red Star, l’un des plus grands clubs français de l’époque. Vainqueur du championnat en 1941, il avait décroché sa cinquième coupe en 1942. Rino y est transféré l’été suivant.

Si Léon Foenkinos, son capitaine à l’époque, disait de lui qu’il était alors « l’un des plus grands espoirs » du foot hexagonal, trop jeune, il ne jouera pas en équipe première lors de la saison 1942-1943.

Et sa carrière s’arrête en février 1943. Rino refuse sa convocation au STO, le service du travail obligatoire, et entre dans la résistance. Dans les archives de police, les historiens réalisent que le footballeur, connu sous plusieurs pseudos dont « Robin », avait participé à une quinzaine d’opérations armées entre mai et novembre 1943. « Ce qui en faisait un militant de choc sur la période », explique Jean Vigreux.

Une phrase de sa lettre de fusillé avait été effacée

Autre découverte, les auteurs ont pu reconstituer deux lettres envoyées par Rino à sa famille avant son exécution, à l’âge de vingt ans. Ses reproductions circulaient… Mais un bout avait été effacé. « C’est une phrase dans laquelle Rino demandait à ses proches de faire un banquet, explique Dimitri Manessis. Mais ensuite, il ajoute : Et prenez tous une cuite en pensant à moi ! »

Pourquoi ces mots ont-ils été cachés pendant 75 ans ? « Il y a plusieurs hypothèses, poursuit-il. Soit la famille avait voulu les enlever par pudeur. Soit ce sont des associations de résistance, ou même le Parti communiste, qui estimaient que cela ne correspondait pas à un certain modèle de la dernière lettre d’un résistant fusillé, et qui ont voulu gommer cette référence à la boisson. »

 

« IL A EU UN COURAGE EXTRAORDINAIRE »

Comment un footballeur n’ayant jamais joué un seul match avec le Red Star a-t-il pu entrer dans le cœur des supporters audoniens ?

Dans la « tribune Rino », on supporte l’Etoile rouge mais on se retrouve aussi derrière un engagement bien ancré à gauche, des chants antifascistes et des banderoles promptes à évoquer l’actualité, à dénoncer des violences policières comme à soutenir l’accueil de réfugiés en France.

Ce n’est qu’en 2004 qu’une plaque en mémoire de Rino Della Negra a été inaugurée à l’entrée du stade Bauer. « Mais pendant près de dix ans, il n’y avait qu’un dépôt de gerbe tous les ans », explique Vincent Chutet-Mezence, président du collectif Red Star Bauer, l’association des supporters du club.

Qui a souhaité, à partir de 2013, « rendre vivante » la mémoire de Rino. « On ne voulait pas que ces hommages restent sans lendemain », poursuit-il. Le collectif organise alors une conférence sur son parcours, et fait une demande pour que leur tribune soit officiellement renommée.

« Plus qu’un joueur de foot »

« Elle n’a jamais été refusée, mais elle est restée sans lendemain », regrette le président, qui compte bien remettre le sujet sur la table après la rénovation du stade.

« Rino Della Negra était plus qu’un joueur de foot, poursuit-il. Car au-delà de ses qualités sportives, ses valeurs nous touchent très profondément. Il aurait très bien pu faire sa carrière et ne jamais se mettre en danger. Non, il a choisi de s’engager et il l’a payé de sa vie. Il a eu un courage extraordinaire. »

Dans ce stade, qui porte déjà le nom d’un docteur juif résistant, fusillé en 1942, Dimitri Manessis voyait donc un « terrain propice » pour que l’esprit de Rino soit honoré : « Le club est marqué par sa culture communiste, ouvrière, populaire, bien inséré dans la banlieue rouge », explique le chercheur.

Il fut aussi propriété de Jean-Baptiste Doumeng, le fameux milliardaire rouge. « Et Georges Marchais, dont le gendre était gardien de l’équipe, fréquentait aussi les tribunes ».

A.L.

Groupe Manouchian : qui était Rino Della Negra, le footballeur résistant du Red Star ? (Le Parisien, Anthony Lieures,  20 février 2019)
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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 05:57
Maurice et Josette Audin

Maurice et Josette Audin

Alain Ruscio dans l'Humanité du 22 février, entretien avec Rosa Moussaoui:  La force communiste fut à l’origine de la protestation anticolonialiste en France
Fernand Yveton communiste exécuté pendant la guerre d'Algérie pour aide aux indépendantistes (avec refus de grâce de Mitterrand)

Fernand Yveton communiste exécuté pendant la guerre d'Algérie pour aide aux indépendantistes (avec refus de grâce de Mitterrand)

Alain Ruscio : « La force communiste fut à l’origine de la protestation anticolonialiste en France »
Vendredi, 22 Février, 2019

Dans un essai alerte, les Communistes et l’Algérie (la Découverte), l’historien analyse le rôle que jouèrent les communistes, en France et en Algérie, dans les luttes anticoloniales. En dépit des hésitations, des détours et des erreurs, il y eut bien, affirme-t-il, une « résistance communiste » à la guerre d’Algérie.

Une certaine historiographie a longtemps lu dans la politique algérienne du PCF un anticolonialisme « usurpé ». Vous parlez, au contraire, d’une « résistance communiste » à la barbarie coloniale. Quel rôle les communistes ont-ils joué dans l’émergence, en France, d’une subjectivité politique anticolonialiste ?

Alain Ruscio Sur cette vaste et ancienne problématique « communisme et anticolonialisme », bien des auteurs ont jugé nécessaire de « choisir un camp » : majoritairement les « contre », de façon secondaire les « pour ». « Aux creux réquisitoires succédaient autant de vaines réhabilitations », comme l’écrivait Marc Bloch à propos de la vie de Robespierre. Je me suis inscrit, modestement, dans cette lignée « blochienne ». On connaît l’expression :« L’Histoire jugera. » Oui, mais pas l’historien. Ce qui ne m’empêche pas de souligner, dans la première partie du livre, qui couvre la période précédant la guerre d’indépendance, que la « force communiste » (je préfère cette expression, car elle englobe des dirigeants et militants du Parti, mais aussi ceux qui consacraient surtout leur activité aux syndicats, aux mouvements de jeunesse, aux « organisations de masse », type Mouvement de la paix) a été à l’origine de la protestation anticolonialiste en France et qu’elle a souvent été bien seule, hors quelques intellectuels plus ou moins « compagnons de route ». C’est au sein de cette « force communiste » qu’est née l’Union intercoloniale, animée par le futur Hô Chi Minh, qu’est née et s’est renforcée l’Étoile nord-africaine, première organisation regroupant des Maghrébins (presque uniquement des Algériens) en métropole. Ce sont le PCF et la Jeunesse communiste qui, les premiers, ont clamé le droit à l’indépendance des peuples colonisés, qui ont mené les luttes (très minoritaires) contre la guerre du Rif, l’usage de la guillotine en Indochine, l’indécente Exposition coloniale de 1931.

Quels facteurs ont provoqué la retombée de l’élan anticolonialiste qui s’était exprimé pendant la guerre du Rif ?

Alain Ruscio L’une des erreurs, à mon sens, d’une certaine historiographie critique à l’égard du PCF est d’avoir oublié ce « détail » : il y a eu, en France, pendant quatre générations, un lobby puissant, qui a accaparé tous les moyens d’information, qui a réussi à engluer la grande majorité de la population française dans une idéologie colonialiste et raciste. L’élan dont vous parlez a été le fruit d’un effort exceptionnel de la « force communiste ». Mais il est fatalement retombé lorsque les affrontements, aux colonies, étaient moins violents et, il faut bien le dire, devant le fossé alors créé entre une avant-garde combative et une masse de la population beaucoup moins concernée. Ce fut d’ailleurs un phénomène permanent. Mais il faut dire également que la ligne politique des communistes, sur la question, n’a pas été sans détours ni renoncements. Quand on est solidement attaché aux valeurs de la démocratie, on est enthousiaste en pensant au Front populaire et à la Libération. Mais on est perplexe en constatant que les hommes de la gauche gouvernementale de ces deux moments ont été des « serviteurs loyaux du colonialisme », assortissant leurs discours de vœux vagues sur une démocratisation du système. Et, dans ces deux moments, les communistes ont renoncé au mot d’ordre d’indépendance des colonies. Les militants et les électeurs du PCF ne pouvaient qu’en être troublés. Pour ne rien dire de la rancœur, ouverte ou intériorisée, des nationalistes des pays colonisés.

Ce livre s’ouvre sur un tableau de l’opinion française à la veille du déclenchement de l’insurrection algérienne. Vous citez des sondages témoignant de l’hégémonie du parti colonial, la définition que le Larousse donne du mot « Arabe » en 1953 : « Race batailleuse, superstitieuse et pillarde » . Pourquoi les ouvriers n’échappent-ils pas à cette pensée colonialiste dominante, alors même que l’influence communiste dans cette classe est à son apogée ?

Alain Ruscio On en revient à l’affirmation précédente : l’omniprésence de la propagande du lobby colonial. Pourquoi la classe ouvrière aurait-elle été épargnée ? Si les cadres de la CGT (hommage au passage à André Tollet, Marcel Dufriche, bien d’autres), si les délégués syndicaux ne ménagèrent pas leurs efforts, l’internationalisme et l’antiracisme ne furent jamais totalement implantés dans la classe ouvrière. Je pense que les communistes ont été quelque peu piégés par leur propre discours sur le « rôle historique de la classe ouvrière » (Maurice Thorez), sans voir suffisamment qu’une partie de la classe ouvrière était, elle aussi, gangrenée par le racisme. D’une formule, je dirais que l’anticolonialisme a été une greffe en état de rejet permanent. Il faut savoir regarder cette réalité en face.

Lorsque est déclenchée l’insurrection, le 1er novembre 1954, l’Humanité dépêche sur place l’une de ses journalistes, Marie Lambert. Dans un meeting au Vél’d’Hiv, le 5, Duclos prononce le mot « indépendance ». Pourquoi le communiqué officiel tardif du PCF est-il, lui, très ambigu ?

Alain Ruscio Merci de citer ces premiers reportages, totalement oubliés par l’historiographie, de l’ancienne députée communiste Marie Lambert (qui signait dans l’Humanité Marie Perrot). Grâce à elle, le mot « guerre » a été imprimé par votre journal dès le 3 novembre 1954. Vient, en effet, le 5 novembre, une réunion visant à célébrer l’anniversaire de la révolution d’Octobre, comme il était alors de rigueur. Jacques Duclos, après avoir salué les réalisations de l’Union soviétique, prononcera trois fois le mot « indépendance » . Et pourtant, vous avez raison, le mot n’apparaît plus dans le texte officiel qui suit, le communiqué du bureau politique du 8 novembre. Ici, nous sommes confrontés à un manque d’archives, les réunions du « BP » n’étant ni enregistrées, ni transcrites. Je risque une hypothèse : une semaine après le déclenchement de l’insurrection, les communistes étaient dans la totale ignorance de ses instigateurs. Rappelons que le sigle « FLN » n’était apparu que le 1er novembre. Une prise de distance est manifeste, marquée notamment par la crainte d’une provocation. Au passage, je signale que les communistes algériens, eux, ne partagèrent pas cette méfiance et tentèrent même de dissuader leurs camarades français d’utiliser cet « argument ».

Comment expliquez-vous les relations compliquées et tourmentées entre nationalistes et communistes, français ou algériens ?

Alain Ruscio Les communistes français, tout en affirmant (épisodiquement, et c’est bien là le drame) le droit à l’indépendance de l’Algérie, avaient comme objectif suprême une libération totale, l’instauration d’un régime nouveau. Les nationalistes algériens considéraient qu’il ne fallait mener que le combat pour l’indépendance, sans chercher à définir la nature d’une société algérienne future. Alors que l’historiographie dominante dénonce les limites du communisme français, j’ai essayé, dans mon livre, de démontrer que les « torts du divorce » étaient partagés.

En 1956, tandis que de nombreux communistes algériens rejoignent le maquis, le PCF vote les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet. Vous évoquez la contestation et le malaise suscités au PCF par ce vote. Peut-on parler de crise interne ?

Alain Ruscio Je consacre un long (et sévère) développement à cette question des pouvoirs spéciaux. Ce vote est une manifestation supplémentaire d’un mal du mouvement ouvrier – et donc communiste – français, l’européocentrisme. Début 1956, à la suite d’une victoire du Front républicain (socialistes et radicaux), votre journal titra « Vive le nouveau Front populaire », manifestation de la croyance que, vingt ans après, il y avait une possibilité de changer la société française. C’était évidemment pure illusion, compte tenu de l’orientation réelle du Parti socialiste. Le drame vint du fait que cette croyance pouvait concerner également la guerre d’Algérie. Le PCF est passé de « Vive le nouveau Front populaire… » à «… pouvant entraîner la fin du conflit ». Or, s’il y avait quelques éléments positifs (une prise de contact discrète d’émissaires gouvernementaux avec le FLN), d’autres, bien plus massifs, auraient dû provoquer une prise de distance avec le gouvernement Mollet : la honteuse capitulation du 6 février (« journée des tomates ») et, surtout, l’affirmation qu’il fallait renforcer les rangs de l’armée avant toute solution négociée – éternel argument des bellicistes. Alors, oui, crise il y eut bien. D’abord au sein du groupe parlementaire. Si aucun député communiste ne vota contre, les débats, au sein du groupe, furent houleux. Comme dans les rangs mêmes du Parti, et pas seulement chez les intellectuels. Je cite bien des témoignages, émanant de cellules diverses. Sans compter un fait significatif : le départ du Parti de nombreux Algériens communistes.

Vous consacrez de belles pages aux communistes algériens d’origine européenne qui payèrent de leur vie leur engagement dans le combat d’indépendance : Iveton, Maillot, Laban, Raymonde Peschard, etc. Dans quelle mesure ces figures suscitèrent-elles la méfiance d’un Parti faisant du « travail de masse » la priorité absolue ? Étaient-ils vus, au PCF, comme des « aventuriers »  ?

Alain Ruscio Première affirmation : les militants que vous évoquez s’étaient engagés au nom du PCA, non du PCF. Ils avaient l’aval de leur Parti et c’était le plus important. Vues de Paris, certaines de ces initiatives ont été incomprises, parfois effectivement assimilées à des « aventures ». Mais ce n’est pas qu’il y avait de « bons » communistes d’un côté (PCA) et des « apparatchiks » obtus de l’autre (PCF). Non, chacun analysait la situation avec des optiques différentes. Si reproche peut être fait au PCF, c’est de n’avoir pas écouté l’argumentaire de leurs camarades algériens. D’où l’absence dramatique de réaction lors de l’initiative de Fernand Iveton et la protestation tardive avant son exécution. D’où également le silence des premiers jours lorsque Henri Maillot s’empara d’un camion d’armes. Mais je signale également que ce silence ne fut pas absolu. Ainsi, l’Humanité publia, courageusement, la lettre de Maillot, les députés communistes, à la Chambre, le défendirent, au milieu d’une cascade de quolibets et d’injures.

En quoi l’affaire Audin et la publication du témoignage d’Henri Alleg sur la torture marquent-elles un basculement, en interne et dans l’opinion publique ?

Alain Ruscio Dans l’opinion publique, l’effet fut foudroyant. Dès 1954, pourtant, la dénonciation de la torture et des exécutions sommaires était omniprésente dans une partie de la presse : l’Humanité, mais aussi l’Observateur et l’Express. Qui voulait savoir le pouvait. Force est de constater que les victimes s’appelant Rachid ou Ahmed, l’émotion n’était pas générale, c’est le moins que l’on puisse dire. Avec ces deux affaires, Alleg et Audin, entrecroisées, on a franchi un pas. La publication de la Question, en mars 1958, puis son interdiction, les premières révélations sur la « disparition » de Maurice Audin, ont projeté une ombre sinistre sur le conflit. Le livre d’Henri Alleg eut pour la guerre d’Algérie la même conséquence que le « J’accuse » de Zola pour l’affaire Dreyfus. Le parallèle est d’ailleurs adéquat : car les intellectuels se mobilisèrent en masse, de Sartre à Aragon, en passant par Pierre Vidal-Naquet et Roger Martin du Gard, à la notable et triste exception d’Albert Camus. Un temps, la France entière évoqua ces terribles expériences. L’occasion pour les militants de la première heure de rappeler que la grande majorité des Algériens « musulmans » connaissaient des drames similaires.

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
 
Bibliographie

Cambodge, an I. Journal d’un témoin. Les Indes savantes, 2008. Vo Nguyen Giap. Une vie (entretiens, Hanoï, 1979-2008). Les Indes savantes, 2010. Y’a bon les colonies ? La France sarkozyste face à l’histoire coloniale, à l’identité nationale et à l’immigration. Le Temps des cerises, 2011. L’Humanité censuré 1954-1962, un quotidien dans la guerre d’Algérie. Le Cherche Midi, 2012. Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS. La Découverte, 2015.

Alain Ruscio dans l'Humanité du 22 février, entretien avec Rosa Moussaoui:  La force communiste fut à l’origine de la protestation anticolonialiste en France

Ci-dessous la fiche Maitron de la députée communiste du Finistère et journaliste de l'Humanité citée par Alain Ruscio dans son interview sur les communistes face au colonialisme. Merci à Jean-Paul Cam pour la transmission de la fiche Maitron de Marie Lambert.

LAMBERT Marie-Yvonne [née PERROT, Marie, puis épouse GOSNAT]

Par Christian Bougeard

Née le 26 octobre 1913 à Landerneau (Finistère), morte à Ivry-sur-Seine le 22 janvier 1981 ; secrétaire fédérale communiste du Finistère (1947-1949) ; députée PCF du Finistère (1948-1951).

Originaire de la petite ville de Landerneau (Finistère), Marie Perrot avait un grand-père qui avait participé, contre son gré, à l’écrasement de la Commune de Paris mais aurait exprimé de la sympathie pour les Communards. Il aimait porter les jours de fêtes un chemise rouge pour manifester ses opinions.
Marie Lambert avait interrompues ses études après le brevet. Elle acquit par la suite, , en autodidacte, une importante culture. Elle avait épousé jeune Henri Lambert , avec qui elle eut trois enfants : Jean-Paul en 1932 ( serge nt cassé pour refus d’être appelé en 1956), Henri en 1935 et Annie en 1944. Elle fut brièvement institutrice pendant la "drôle de guerre".
Son mari fut un résistant FN et FTP. Arrêté en Ille-et-Vilaine en décembre 1943, torturé et déporté. Sous l’Occupation, Marie Lambert participa aux actions de son époux ,diffusant tracts et journaux clandestins dans la région de Landerneau. Elle servit d’agent de liaison à Daniel Trellu, chef des FTP du Finistère et organisa des groupes de « femmes patriotes », malgré une grossesse. Pour son action, elle obtint la médaille de la Résistance et la Croix de guerre.

Ayant adhéré au PCF en 1943, ettant u rapport se geste et la licture avec la lecture de Lyssagaray et la lecture de son Histoire de la Commune., « la ménagère » Marie Lambert fut élue conseillère municipale de Landerneau en mai 1945 (réélue en 1947) dans la municipalité dirigée par l’ancien maire révoqué et ancien député (réélu en 1945), le socialiste Jean-Louis Rolland. Elle appartenait aussi en 1945 au bureau de l’UFF du Finistère. N’ayant pas été candidate en octobre 1945, Marie Lambert figurait en 4e position sur la liste communiste du Finistère aux élections à la seconde Assemblée Constituante le 2 juin 1946 qui recueillit 95 343 voix en moyenne (24,6%) et deux élus, les députés sortants Pierre Hervé et Gabriel Paul. Le 10 novembre 1946, elle était toujours 4e alors que le PCF obtenait 27,8% des voix et trois députés (Alain Signor *en plus). Mais la démission de Pierre Hervé, le 15 juin 1948, permit à Marie Lambert de lui succéder à l’Assemblée nationale en juillet. Inscrite à la commission de l’Agriculture, elle déposa plusieurs propositions de loi en faveur des ouvriers agricoles.

Auparavant, Marie Lambert était devenue une des principales dirigeantes du PCF. Elle entra au bureau fédéral élargi de 9 à 13 membres lors de la IXe conférence d’août 1946, devenant ensuite secrétaire fédérale, sans doute en 1947, lors du départ de l’instituteur Alain Cariou. En 1948 et au début 1949, Marie Lambert assura de manière transitoire la fonction de première secrétaire fédérale du Finistère. Elle en fut écartée à la suite de la XIIe conférence fédérale de février 1949 présidée par Jeannette Vermeersch, et remplacée par Daniel Trellu. Elle fut critiquée pour n’avoir pas su diriger sa fédération, en perte de vitesse, et éviter les graves conflits qui divisaient la CGT, peut-être aussi parce qu’il lui était difficile d’assurer ses tâches de direction avec son mandat de députée. Les critiques portaient sur la trop grande importance accordée par la fédération à la question de la laïcité sous l’impulsion de Pierre Hervé. Au total, 24 membres de la direction fédérale sur une quarantaine furent remplacés. Cette véritable « purge » permit un durcissement et une stalinisation de la fédération avec son lot de critiques, d’autocritiques, d’exclusions (même temporaires) et de chasse aux « titistes » et aux « mous ». En 1951-1952, le bureau politique lui-même fut contraint de reprendre les choses en main.

En mars et avril 1950, une série de grèves très dures secoua le Finistère, provoquant une forte mobilisation syndicale et de solidarité. Le 14 avril, une manifestation des femmes de l’UFF à la mairie de Brest se transforma en affrontement avec la police : la députée Marie Lambert (tabassée gravement pendant la manifestation) et deux dirigeants communistes furent arrêtés. Le 17 avril 1950, une manifestation de protestation de 5 000 personnes fut vivement réprimée provoquant la mort de l’ouvrier communiste Édouard Mazé, le frère du conseiller municipal PCF Pierre Mazé. Alain Signor fut lui aussi arrêté et Jacques Duclos interpella le gouvernement sur ces arrestations considérées comme illégales, en violation de l’immunité parlementaire. Plusieurs milliers de personnes participèrent aux obsèques d’Édouard Mazé. Rapidement libérés, Marie Lambert et Alain Signor furent condamnés à cinq et à six moi s de prison avec sursis. Comme en 1935, la violence des affrontements avec les forces de l’ordre allait marquer durablement la mé moi re du mouvement ouvrier brestois.

Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Marie Lambert , en 3e position sur la liste communiste qui obtint 20,9 % des suffrages ne fut pas réélue, le PCF ne conservant que les sièges d’Alain Signor et de Gabriel Paul. Il semble que l’ancienne députée communiste quitta rapidement le Finistère. De toute façon, en janvier 1953, elle ne figurait plus dans aucun organisme de la direction fédérale. On sait qu’elle devint journaliste à l’Humanité puis à France nouvelle et directrice de Femmes nouvelles, le journal de l’UFF, chargé de la culture, ce qui lui permit de connaître le principaux artistes communiste, notamment le couple Aragon-Triolet.. Le 8 novembre 1954, l’Humanité publia sous le titre "Des tortures dignes de la Gestapo", un reportage de Marie Perrot : "Les arrestations se poursuivent en Algérie et de nombreuses personnes à des sévices innommables dans les locaux de la police [...] la bastonnade, le lavage d’estomac à l’aide d’un tuyau enfonce dans la bouche et le courant électrique". Ces scènes lui rappelaient les tortures qu’avaient subies son premier mari en 1943. Elle participa en 1955 au premier voyage de journaliste au premier voyage de journalistes à Hanoi. Son statut de journaliste lui permit également de découvrir le Yougoslavie et laTunisie.

Marie Perrot, vécut avec Georges Gosnat à Saint-Ouen à partir de 1950. Elle l’épousa le 30 juillet 1970 (on trouve ailleurs le 30 décembre 1970) et habita avec lui à Ivry-sur-Seine. Georges Gosnat était député d’Ivry-sur-Seine et un des principaux responsables des finances du PCF. Elle décéda en 1981 dans ce bastion du communisme de la banlieue sud-est et fut enterrée au cimetière communal.

Pour citer cet article :

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article89611, notice LAMBERT Marie-Yvonne [née PERROT, Marie, puis épouse GOSNAT] par Christian Bougeard, version mise en ligne le 8 octobre 2010, dernière modification le 23 décembre 2018.

Par Christian Bougeard

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. Organigrammes des comités fédéraux du Finistère (1953-1968). — Arch. PPo., dossier Georges Gosnat. — Eugène Kerbaul, 1918-1945 : 1640 militants du Finistère, Bagnolet, 1988, notice Henri Lambert et Marie Perrot, p. 140 et 232-233. — Isabelle Picart, Le PCF à Brest de la Libération à la fin de la Quatrième République (1944-1958), maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1989. — Le bande dessinée de Kris et Étinne Davodeau, Un homme est mort, Futuropolis, 2006. — Cédérom le Maitron. Notice Georges Gosnat par Jean Maitron et Claude Pennetier.

 

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