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19 avril 2024 5 19 /04 /avril /2024 04:41
Inde : les dangers d’un troisième mandat de Modi (Axel Nodinot, L'Humanité, 18 avril 2024)
Inde : les dangers d’un troisième mandat de Modi

À partir de ce vendredi et jusqu’au 1er juin, ce sont presque un milliard d’électeurs indiens qui sont attendus aux urnes pour élire leurs députés. Une vingtaine de partis progressistes se présentent en coalition contre le BJP de Narendra Modi, majoritaire à l’Assemblée et tenant d’une politique nationaliste, islamophobe et de plus en plus autoritaire.

Le dispositif est titanesque. Pendant plus de six semaines, 969 millions d’Indiens devront se rendre au million d’urnes du pays pour choisir leurs députés, représentés par quelque 2 700 partis nationaux ou locaux. Pour assurer la logistique du scrutin, pas moins de 15 millions d’assesseurs sont mobilisés.

Il serait pourtant téméraire de parler de l’Inde comme de la « plus grande démocratie au monde », tant le Bharatiya Janata Party (BJP), au pouvoir depuis 2014, en dévoie les principes. Sous la houlette de Narendra Modi et de ses ministres extrémistes tels qu’Amit Shah à l’Intérieur, le parti qui s’est approprié la couleur safran prône une Inde hindoue, parlant hindi, contre les minorités musulmanes et chrétiennes du pays.

Shaji N. Karun, fameux réalisateur indien, analyse la société indienne sur la Toile. « Si vous regardez le cinéma des années 1970, il n’y avait pas d’histoire de vengeances religieuses. Désormais, le cinéma indien dégrade les gens, suit les discours politiques, et les réalisateurs et journalistes qui veulent plus de démocratie sont silencieux », déplore l’auteur de Piravi, mention d’honneur du Festival de Cannes en 1989.

Modi veut étendre son pouvoir au Parlement

Cette année, le BJP compte glaner 400 des 543 sièges de la Lok Sabha, la chambre basse indienne, contre 301 en 2019. Et, pour un troisième mandat, Narendra Modi n’hésite pas à mobiliser ses ouailles suprémacistes. Comme le 22 janvier, lors de l’inauguration du temple de Ram – une divinité prisée des hindous – à Ayodhya, sur les ruines d’une ancienne mosquée. « La nation est en train de créer la genèse d’une histoire nouvelle », y avait prophétisé Modi.

Mais le discours extrémiste hindou « n’a pas réussi à réellement mordre sur l’électorat dans le Sud, où les partis régionaux ou d’opposition sont au pouvoir », observe Olivier Da Lage, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Inde. « La fracture Nord-Sud n’est pas nouvelle, continue-t-il. Elle tient à des différences essentiellement linguistiques et culturelles. Le gouvernement essaye de favoriser la langue hindi qui n’a rien à voir avec les langues du Sud, c’est perçu comme une sorte d’impérialisme du Nord. »

Outre le progressisme des populations des cinq États du Sud – Kerala, Karnataka, Tamil Nadu, Andhra Pradesh et Telangana –, le BJP sera aussi opposé à une coalition inédite de 26 partis baptisée India, l’Alliance inclusive de la nation indienne pour le développement. « Des partis qui sont rivaux sur le plan régional ont choisi de ne présenter qu’un seul candidat pour faire face au BJP, affirme Olivier Da Lage. Et, comme en 2019, un certain nombre de sièges se sont joués à quelques centaines ou milliers de voix, il est possible que ça change la donne. Mais, dans quelle mesure les sympathisants accepteront-ils d’aller voter pour le rival, même pour faire échouer le BJP ? »

Au sein de cette coalition figure le Congrès national indien (CNI), deuxième force politique du pays (50 sièges en 2019). Mais le parti d’opposition est handicapé par des comptes bancaires gelés depuis février par le fisc indien, ainsi que par un retrait de son leader, Rahul Gandhi, issu d’une dynastie de premiers ministres.

Le gouvernement a également arrêté, fin mars, Arvind Kejriwal, lieutenant gouverneur de Delhi et figure de l’opposition, pour des accusations de corruption. « Je n’ai pas besoin que les Nations unies me disent que nos élections doivent être libres et équitables », défiait le ministre des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar, lors d’une récente conférence de presse.

Une réforme de la Constitution dans les tuyaux

Si le parti de Narendra Modi obtenait une troisième majorité consécutive à la Lok Sabha, il envisagerait de redécouper les circonscriptions en fonction de la population. « Ça peut paraître logique comme ça, mais l’Inde est un pays fédéral, explique Olivier Da Lage. Or les États du Sud seraient défavorisés et les États du Nord, très peuplés et acquis au BJP, auraient encore plus de sièges. C’est considéré comme un casus belli par les États du Sud. »

Au-dessus des deux tiers des sièges (362 députés), le BJP envisagerait même de modifier la Constitution, que certains responsables nationalistes considèrent trop inspirée des pays occidentaux. L’occasion d’inscrire « l’hindouïté » dans la loi indienne laïque, « traitant normalement toutes les religions sur un pied d’égalité », regrette Shaji N. Karun.

Venu des champs du nord de l’Inde, un dernier caillou pourrait se glisser dans la chaussure de Modi. Il s’agit des agriculteurs, qui manifestent pour de meilleurs salaires et conditions de vie depuis plusieurs semaines, les tracteurs ayant même tenté de gagner Delhi en février. « En 2019, la campagne s’est concentrée sur les attaques contre les musulmans ou les militants du Cachemire », rappelle Harinder Happy, porte-parole du Samyukt Kisan Morcha, coalition d’une quarantaine de syndicats d’agriculteurs.

Après les grands mouvements paysans de 2020-2021, revivifiés cette année, « la question de l’agriculture et des agriculteurs est redevenue une problématique des élections », se félicite Harinder Happy, qui dénonce les « promesses du Congrès » ou les « agriculteurs sur les listes du BJP ». « Le développement, mais pas pour les pauvres », conclut Shaji N. Karun, qui voit croître les inégalités au sein de la population indienne, fracturée par dix années de nationalisme.

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18 avril 2024 4 18 /04 /avril /2024 05:15
Israël – Palestine: Palestine :Rassemblement pour la paix samedi 20 avril 14h30 place de la Liberté à Brest et conférence de Jacques Fath le 24 avril

Israël Palestine :Rassemblement pour la paix samedi 20 avril 14h30 place de la Liberté à Brest

Communiqué du PCF Brest

La section du Pays de Brest du PCF appelle à participer à la manifestation ce samedi 20 avril à14 h30 à l’appel du collectif pour une paix juste au proche orient . Rendez-vous Place de la Liberté .

La montée des tensions dans la région est extrêmement dangereuse. Ce sont les peuples qui en paient le prix, israélien et palestinien au premier chef. Alors que le gouvernement d’extrême-droite israélien de Benyamin Netanyahou poursuit les massacres de masse à Gaza et l’épuration ethnique et assassinats contre les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem Est, le gouvernement des États-Unis annonce que la réunion du G7 prévue devra discuter d’une « réponse diplomatique unifiée » contre l’Iran. La région est assise sur un baril de poudre ! Le PCF réaffirme sa solidarité avec les peuples et les forces de paix de la région.

Il est urgent de mettre un coup d’arrêt à l’engrenage de la guerre. Cette situation est le fruit de l’inaction, voire de la complicité coupable des gouvernements occidentaux qui, par une politique scandaleuse des « deux poids, deux mesures » n’ont pris aucune initiative concrète depuis le 7 octobre pour arrêter ni les massacres des Palestiniens de Gaza, ni la montée des tensions dans la région. Ce n’est pas à Washington de dicter sa loi.

La seule solution est politique. Une action politique et diplomatique est urgente. Toute escalade supplémentaire qui pourrait intervenir dans les heures et les jours prochains, d’où qu’elle vienne, serait dangereuse. Une pression doit être mise sur le gouvernement israélien pour qu’il ne s’engage pas dans une réaction supplémentaire contre l’Iran et pour le contraindre à un cessez-le-feu à Gaza.

Le PCF appelle la France à prendre toutes les mesures nécessaires pour une issue de paix au Proche-Orient et pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza. La France doit prendre l’initiative d’une coalition internationale pour un cessez-le-feu et pour la paix, avec l’ensemble des États qui portent cette exigence, pour assurer la sécurité collective des peuples au Proche et au Moyen-Orient, sur la base du droit international, des résolutions de l’ONU et des principes de la charte des Nations Unies. La France doit rejoindre les initiatives prises par les gouvernements espagnol, irlandais et norvégien pour reconnaître l’État de Palestine, aux côtés de l’État d’Israël.

Et mercredi 24 avril à 19h à la salle des syndicats.

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17 avril 2024 3 17 /04 /avril /2024 11:27
Historique! Au Chili, la députée communiste Carole Cariola a été élue le 15 avril présidente de la Chambre de Députés.
 
Historique! Au Chili, la députée communiste Carole Cariola (de profession sage-femme) a été élue le 15 avril présidente de la Chambre de Députés. Un fait inédit: jamais un ou une communiste avait président cette chambre.
La droite et ses alliés ont tout fait pour empêcher son élection. Un argument massue: "le PC n'est pas un parti démocratique".
Cariola a répondu: "Il est démocratique par son organisation, tradition de lutte, victime de plus violentes repressions!"
 
🇨🇱🚩 C'est un jour historique pour le Chili.

Karol Cariola devient la première communiste à présider la Chambre des députés du Chili.

Karol Cariola (PCCh) : 76 votes
Joanna Pérez (DEM, centre-droit) : 75 votes
NPPV : 4
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11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 05:31
Gaza : des Palestiniens prisonniers « menottés puis amputés », dénonce un médecin israélien (Pierre Barbancey, L'Humanité, 7 avril 2024)
Gaza : des Palestiniens prisonniers « menottés puis amputés », dénonce un médecin israélien
 
Un médecin israélien travaillant dans l’hôpital de campagne d’une base militaire dénonce dans une lettre à sa hiérarchie les traitements subis par des hommes capturés à Gaza, les membres liés, forcés de « déféquer dans des couches », révèle Haaretz.
 
L'Humanité, 7 avril 2024, Pierre Barbancey
 
Le menottage constant entraîne de graves blessures, nécessitant parfois des opérations chirurgicales répétées.
« Cette semaine, deux prisonniers ont été amputés des jambes en raison de blessures occasionnées par les menottes, ce qui est malheureusement un événement de routine. » L’accusation est terrible. Elle provient d’une lettre obtenue par le quotidien israélien Haaretz et publiée le 4 avril.
Elle a été expédiée au procureur général d’Israël et aux ministres de la Défense et de la Santé par un médecin affecté dans un hôpital de campagne pour Palestiniens détenus à la base militaire israélienne de Sde Teiman, entre Gaza et Beersheva, dans le désert du Néguev.
Toujours selon le médecin, « les détenus sont nourris à la paille, défèquent dans des couches et sont maintenus (dans) des contraintes constantes, ce qui viole l’éthique médicale et la loi ». Il ajoute que les conditions de détention sont telles (les prisonniers ont les quatre membres menottés en permanence) qu’elles provoquent « des complications et parfois même la mort du patient ».
Un menottage constant qui « nécessite des interventions chirurgicales répétées »
Ceux capturés par Israël à Gaza depuis le 7 octobre ont été définis comme des « combattants illégaux », une classification permettant de les détenir dans des conditions différentes de celles des autres populations carcérales, pourtant déjà maltraitées. Cet hôpital de campagne a été créé après que les hôpitaux civils israéliens ont refusé d’admettre des détenus de Gaza ou des suspects qualifiés de terroristes, selon un rapport de l’organisation Médecins pour les droits de l’homme-Israël publié en février.
Alors que le praticien indique que, « dans ces conditions, dans la pratique, même les patients jeunes et en bonne santé perdent du poids après une semaine ou deux d’hospitalisation » et déplore l’absence de fournitures médicales régulières. Plus de la moitié des patients de cet établissement y sont en raison de blessures causées par leur menottage constant pendant leur détention en Israël, et qui « nécessitent des interventions chirurgicales répétées ».
Outre ce médecin, Haaretz cite trois autres sources qui affirment qu’« au début de la guerre un détenu blessé parce qu’il avait été attaché avec des menottes en plastique pendant une période prolongée avait été amputé d’une main ». Un porte-parole de l’armée israélienne a affirmé que l’incident avait fait l’objet d’une investigation, « mais comme aucune infraction pénale n’a été trouvée il a été décidé de ne pas ouvrir d’enquête de la police militaire », révèle le quotidien. Un témoignage israélien sur de mauvais traitements qui corrobore ceux des prisonniers palestiniens libérés et publiés dans l’Humanité, le 16 février dernier.
Le rapport de Médecins pour les droits de l’homme-Israël sur Sde Teiman, qui documente les « manquements éthiques » dans l’hôpital de campagne, souligne également que « les forces de sécurité (y) exigent que toutes les personnes détenues restent menottées et les yeux bandés en tout temps, y compris pendant les traitements médicaux ».
L’ONG s’inquiète également des différents articles dans les médias israéliens qui « indiquent que les résidents de Gaza détenus dans ce centre militaire endurent des conditions difficiles, sont retenus les mains derrière le dos et parfois liés à une clôture pendant de longues périodes, s’étendant sur des jours entiers et consécutifs. Ces circonstances entraînent des préjudices physiques et psychologiques importants ».
Alors que le ministère israélien de la Santé a déclaré que « le traitement médical fourni à Sde Teiman est conforme aux règles et aux traités internationaux auxquels Israël est engagé », le médecin, lui, affirme que les détenus ne reçoivent pas de soins appropriés : « Aucun patient transféré à l’hôpital n’y est resté plus de quelques heures ». Quand ils sont transférés…
« Cela nous rend tous – les équipes médicales et vous, responsables des ministères de la Santé et de la Défense – complices de la violation de la loi israélienne, et peut-être pire pour moi en tant que médecin, de la violation de mon engagement fondamental envers les patients », s’insurge ce docteur.
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11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 05:29
À Gaza, la course contre la montre pour la vie - Tribune de Jean-Paul Lecoq et de Elsa Faucillon dans L'Humanité, 4 avril 2024
Excellente tribune de Jean-Paul Lecoq, député PCF de Seine-Maritime et Elsa Faucillon, députée PCF des Hauts-de-Seine.
 
À Gaza, la course contre la montre pour la vie
 
Publié le 4 avril 2024
Six mois après les crimes du Hamas, le monde assiste depuis 182 jours à des massacres, des transferts forcés, des destructions massives ; 182 jours qu’un génocide est en cours à Gaza sous les yeux du monde entier. Trente-deux mille morts et plus de dix-mille disparus sous les décombres, dont 70 % de femmes et d’enfants. Comme tous ceux et toutes celles qui, à travers le monde, meurent sous les bombes, ils sont nos frères et sœurs d’humanité. Leur rendre hommage est une nécessité.
Deux millions de personnes déplacées de force, la population en proie à la famine, privée de soins. Infrastructures, bâtiments publics et domiciles sont méticuleusement détruits. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, à l’ombre du mur de l’apartheid, les exactions et la brutalité du colonialisme du gouvernement israélien se sont accrues contre les Palestiniens.
Sur cette terre morcelée, le bilan macabre des victimes de l’armée israélienne et des colons armés s’élève à 446 victimes depuis le 7 octobre 2023. La colonisation en cours depuis des décennies s’accélère, Israël s’étant approprié plus de 800 hectares de terres depuis le début de l’année.
Dans les prisons israéliennes, les Palestiniens subissent de manière systémique des traitements brutaux et dégradants. Le cas de Marwan Barghouti, tabassé à deux reprises alors qu’il était à l’isolement, soumis à un régime de « torture », en est emblématique. Partout en Palestine, c’est tout un peuple que l’on opprime et que l’on assassine.
Alors que la France et les pays occidentaux prétendent être la voix des droits humains, leur inaction ou leur complicité ne cessent de les contredire. Aujourd’hui, face à l’horreur, ce sont des pays non membres permanents du Conseil de sécurité, comme l’Afrique du Sud, qui tracent le chemin de la justice et du droit international.
Il aura fallu plus de six mois d’horreur absolue, six mois aussi de mobilisation des peuples à travers le monde pour que l’ONU adopte une résolution appelant au cessez-le-feu immédiat. Mais que devient une résolution si elle n’est pas suivie d’une action résolue ? L’urgence de la situation ne supporte plus les faux-semblants, le langage verni de l’inaction.
Depuis si longtemps, la communauté internationale est restée passive, paralysée, incapable de faire appliquer le droit international. Paralysée face à l’occupation sans fin, la colonisation de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, face à la mise en place d’un régime d’apartheid. Paralysée face au blocus destructeur de la bande de Gaza depuis seize ans… Depuis 1948, ce sont déjà plus de 100 résolutions concernant la Palestine qui ont été votées.
Il faut à présent que le gouvernement israélien soit persuadé qu’il a plus à perdre qu’à gagner à ne pas respecter le droit international. La France et l’Europe ont un rôle à jouer dans ce rapport de force. Israël n’a jusqu’alors subi aucune sanction pour son non-respect de la loi.
Pour cela, nous continuerons à nous mobiliser avec force aux côtés des habitants de notre pays pour que la France cesse la vente d’armes à Israël, suspende toute coopération militaire avec Israël, prenne des sanctions diplomatiques et économiques, bannisse les produits issus des colonies de nos magasins. Et nous continuerons notre combat pour que la France saisisse la Cour pénale internationale.
Enfin, la France doit mener une politique forte pour la libération des milliers de Palestiniens emprisonnés en Israël, à commencer par les très nombreux mineurs. À Bruxelles, la France doit pousser pour stopper en urgence l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Toutes ces actions en faveur de la paix et de la sécurité des deux parties ne pourront être menées sans la libération complète des otages israéliens du Hamas. Dans la course contre la montre dans laquelle nous sommes engagés, la France doit saisir le flambeau de la justice et du droit.
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5 avril 2024 5 05 /04 /avril /2024 05:00
Une enquête de l'Humanité - « Lavender », l’intelligence artificielle qui dirige les bombardements israéliens à Gaza (Yuval Abraham, 3 avril 2024)
« Lavender », l’intelligence artificielle qui dirige les bombardements israéliens à Gaza

L’armée israélienne a désigné des dizaines de milliers d’habitants de Gaza comme des suspects, cibles d’assassinat, en utilisant un système de ciblage par intelligence artificielle (IA), avec peu de contrôle humain et une politique permissive en matière de pertes « collatérales », révèlent le magazine +972 et le site d’informations Local Call. L’Humanité publie une traduction française de l’enquête conduite par ces médias israéliens.

Yuval Abraham

Par Yuval Abraham,

Journaliste et cinéaste basé à Jérusalem

En 2021, un livre intitulé L’équipe humain-machine, comment créer une synergie entre humain et intelligence artificielle qui va révolutionner le monde a été publié en anglais sous le pseudonyme de « Brigadier General Y.S. ». Dans cet ouvrage, l’auteur – un homme dont nous pouvons confirmer qu’il est l’actuel commandant de l’unité d’élite du renseignement israélien 8200 – plaide en faveur de la conception d’une machine spéciale capable de traiter rapidement des quantités massives de données afin de générer des milliers de « cibles » potentielles pour des frappes militaires dans le feu de l’action. Une telle technologie, écrit-il, résoudrait ce qu’il décrit comme un « goulot d’étranglement humain à la fois pour la localisation des nouvelles cibles et la prise de décision pour approuver les cibles ».

Il s’avère qu’une telle machine existe réellement. Une nouvelle enquête menée par +972 Magazine et Local Call révèle que l’armée israélienne a mis au point un programme basé sur l’intelligence artificielle (IA), connu sous le nom de « Lavender », dévoilé ici pour la première fois.

Selon six officiers du renseignement israélien, qui ont tous servi dans l’armée pendant la guerre actuelle contre la bande de Gaza et ont été directement impliqués dans l’utilisation de l’intelligence artificielle pour générer des cibles à assassiner, Lavender a joué un rôle central dans le bombardement sans précédent des Palestiniens, en particulier pendant les premières phases de la guerre. En fait, selon ces sources, son influence sur les opérations militaires était telle qu’elles traitaient les résultats de la machine d’IA « comme s’il s’agissait de décisions humaines ».

20 secondes pour autoriser un bombardement

Officiellement, le système Lavender est conçu pour marquer tous les agents présumés des ailes militaires du Hamas et du Jihad islamique palestinien, y compris les moins gradés, comme des cibles potentielles pour les bombardements. Ces sources ont déclaré à +972 et à Local Call que, pendant les premières semaines de la guerre, l’armée s’est presque entièrement appuyée sur Lavender, qui a marqué jusqu’à 37 000 Palestiniens comme militants présumés – avec leurs maisons – en vue d’éventuelles frappes aériennes.

Au début de la guerre, l’armée a largement autorisé les officiers à adopter les listes d’objectifs de Lavender, sans exiger de vérification approfondie des raisons pour lesquelles la machine avait fait ces choix, ni d’examen des données brutes de renseignement sur lesquelles elles étaient basées.

Une source a déclaré que le personnel humain ne faisait souvent qu’entériner les décisions de la machine, ajoutant que, normalement, il ne consacrait personnellement qu’environ « 20 secondes » à chaque cible avant d’autoriser un bombardement – juste pour s’assurer que la cible marquée par Lavender est bien un homme. Et ce, tout en sachant que le système commet ce que l’on considère comme des « erreurs » dans environ 10 % des cas, et qu’il est connu pour marquer occasionnellement des individus qui n’ont qu’un lien ténu avec des groupes militants, voire aucun lien du tout.

En outre, l’armée israélienne a systématiquement attaqué les personnes ciblées alors qu’elles se trouvaient chez elles – généralement la nuit, en présence de toute leur famille – plutôt qu’au cours d’une activité militaire. Selon les sources, cela s’explique par le fait que, du point de vue du renseignement, il est plus facile de localiser les individus dans leurs maisons privées.

Lavender a marqué jusqu’à 37 000 Palestiniens comme militants présumés – avec leurs maisons – en vue d’éventuelles frappes aériennes.

D’autres systèmes automatisés, dont celui appelé « Where’s Daddy ? » (Où est papa ?), également révélé ici pour la première fois, ont été utilisés spécifiquement pour suivre les individus ciblés et commettre des attentats à la bombe lorsqu’ils étaient entrés dans les résidences de leur famille.

Le résultat, comme en témoignent ces sources, est que des milliers de Palestiniens – pour la plupart des femmes et des enfants ou des personnes qui n’étaient pas impliquées dans les combats – ont été éliminés par les frappes aériennes israéliennes, en particulier au cours des premières semaines de la guerre, en raison des décisions du programme d’intelligence artificielle.

« Il est beaucoup plus facile de bombarder la maison d’une famille »

« Nous ne voulions pas tuer les agents [du Hamas] uniquement lorsqu’ils se trouvaient dans un bâtiment militaire ou participaient à une activité militaire », a déclaré A., un officier de renseignement, à +972 et à Local Call. « Au contraire, l’armée israélienne les a bombardés dans leurs maisons sans hésitation, comme première option. Il est beaucoup plus facile de bombarder la maison d’une famille. Le système est conçu pour les rechercher dans ces situations. »

La machine Lavender rejoint un autre système d’IA, « The Gospel », au sujet duquel des informations ont été révélées lors d’une précédente enquête menée par +972 et Local Call en novembre 2023, ainsi que dans les propres publications de l’armée israélienne. La différence fondamentale entre les deux systèmes réside dans la définition de la cible : alors que The Gospel marque les bâtiments et les structures à partir desquels, selon l’armée, les militants opèrent, Lavender marque les personnes – et les inscrit sur une liste de personnes à abattre.

L’enquête qui suit est organisée selon les six étapes chronologiques de la production hautement automatisée de cibles par l’armée israélienne au cours des premières semaines de la guerre de Gaza.

  • Tout d’abord, nous expliquons le fonctionnement de la machine Lavender elle-même, qui a marqué des dizaines de milliers de Palestiniens à l’aide de l’IA.
  • Ensuite, nous révélons le système « Where’s Daddy ? » (Où est papa ?), qui a suivi ces cibles et signalé à l’armée qu’elles entraient dans leurs maisons familiales.
  • Troisièmement, nous décrivons comment des bombes « muettes » ont été choisies pour frapper ces maisons.
  • Quatrièmement, nous expliquons comment l’armée a assoupli le nombre de civils pouvant être tués lors du bombardement d’une cible.
  • Cinquièmement, nous expliquons comment un logiciel automatisé a calculé de manière inexacte le nombre de non-combattants dans chaque foyer.
  • Sixièmement, nous montrons qu’à plusieurs reprises, lorsqu’une maison a été frappée, généralement la nuit, la cible individuelle n’était parfois pas du tout à l’intérieur, parce que les officiers militaires n’ont pas vérifié l’information en temps réel.

ÉTAPE 1 : GÉNÉRER DES CIBLES

Dans l’armée israélienne, l’expression « cible humaine » désignait autrefois un haut responsable militaire qui, selon les règles du département du droit international de l’armée, pouvait être tué à son domicile privé, même s’il y avait des civils à proximité.

Des sources du renseignement ont déclaré à +972 et à Local Call qu’au cours des précédentes guerres conduites par Israël, étant donné qu’il s’agissait d’une manière « particulièrement brutale » de tuer quelqu’un – souvent en tuant toute une famille aux côtés de la cible – ces cibles humaines étaient marquées très soigneusement : seuls les commandants militaires de haut rang étaient bombardés à leur domicile, afin de maintenir le principe de proportionnalité en vertu du droit international.

Le rôle du personnel humain dans l’incrimination des Palestiniens en tant qu’agents militaires mis de côté

Mais après le 7 octobre, lorsque les militants du Hamas ont lancé un assaut meurtrier contre les communautés du sud d’Israël, tuant environ 1 200 personnes et en enlevant 240, l’armée a adopté une approche radicalement différente, selon les sources. Dans le cadre de l’opération « Iron Swords », l’armée a décidé de désigner tous les agents de la branche militaire du Hamas comme des cibles humaines, quel que soit leur rang ou leur importance militaire. Cela a tout changé.

Cette nouvelle politique a également posé un problème technique aux services de renseignement israéliens. Au cours des guerres précédentes, pour autoriser l’assassinat d’une seule cible humaine, un officier devait passer par un processus d’« incrimination » long et complexe : vérifier par recoupement les preuves que la personne était bien un membre haut placé de l’aile militaire du Hamas, découvrir où elle vivait, ses coordonnées, et enfin savoir quand elle était chez elle en temps réel. Lorsque la liste des cibles ne comptait que quelques dizaines d’agents de haut rang, les services de renseignement pouvaient s’occuper individuellement du travail d’incrimination et de localisation.

Mais une fois que la liste a été élargie pour y inclure des dizaines de milliers d’agents de rang inférieur, l’armée israélienne a compris qu’elle devait s’appuyer sur des logiciels automatisés et sur l’intelligence artificielle. Le résultat, selon les sources, est que le rôle du personnel humain dans l’incrimination des Palestiniens en tant qu’agents militaires a été mis de côté et que l’intelligence artificielle a fait le gros du travail à sa place.

Selon quatre des sources qui ont parlé à +972 et à Local Call, Lavender – qui a été développé pour créer des cibles humaines dans la guerre actuelle – a marqué quelque 37 000 Palestiniens comme étant des « militants du Hamas » présumés, des jeunes pour la plupart d’entre eux, en vue de leur assassinat (le porte-parole de l’armée israélienne a nié l’existence d’une telle liste dans une déclaration à +972 et à Local Call).

« Une fois que l’on passe à l’automatisation, la génération des cibles devient folle »

« Nous ne savions pas qui étaient les agents subalternes, parce qu’Israël ne les suivait pas régulièrement [avant la guerre] », a expliqué l’officier supérieur B. à +972 et à Local Call, expliquant ainsi la raison pour laquelle cette machine à cibler a été mise au point pour la guerre en cours. « Ils voulaient nous permettre d’attaquer automatiquement [les agents subalternes]. C’est le Saint Graal. Une fois que l’on passe à l’automatisation, la génération des cibles devient folle ».

Les sources ont déclaré que l’autorisation d’adopter automatiquement les listes d’objectifs de Lavender, qui n’avaient été utilisées auparavant que comme outil auxiliaire, a été accordée environ deux semaines après le début de la guerre, après que le personnel des services de renseignement a vérifié « manuellement » l’exactitude d’un échantillon aléatoire de plusieurs centaines de cibles sélectionnées par le système d’intelligence artificielle.

Lorsque cet échantillon a révélé que les résultats de Lavender avaient atteint une précision de 90 % dans l’identification de l’affiliation d’un individu au Hamas, l’armée a autorisé l’utilisation généralisée du système. À partir de ce moment-là, ces sources ont déclaré que si Lavender décidait qu’un individu était un militant du Hamas, il leur était essentiellement demandé de traiter cela comme un ordre, sans qu’il soit nécessaire de vérifier de manière indépendante pourquoi la machine avait fait ce choix ou d’examiner les données brutes de renseignement sur lesquelles elle est basée.

« À 5 heures du matin, [l’armée de l’air] arrivait et bombardait toutes les maisons que nous avions marquées », raconte B.. «Nous avons éliminé des milliers de personnes. Nous ne les avons pas examinées une par une – nous avons tout mis dans des systèmes automatisés, et dès que l’une [des personnes marquées] était chez elle, elle devenait immédiatement une cible. Nous la bombardions, elle et sa maison ».

Les résultats meurtriers de ce relâchement des restrictions au début de la guerre ont été stupéfiants. Selon les données du ministère palestinien de la Santé à Gaza, sur lesquelles l’armée israélienne s’appuie presque exclusivement depuis le début de la guerre, Israël a tué quelque 15 000 Palestiniens – soit près de la moitié du nombre de morts à ce jour – au cours des six premières semaines de la guerre, jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu d’une semaine soit conclu le 24 novembre.

« Plus il y a d’informations et de variété, mieux c’est »

Le logiciel Lavender analyse les informations recueillies sur la plupart des 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza grâce à un système de surveillance de masse, puis évalue et classe la probabilité que chaque personne soit active dans l’aile militaire du Hamas ou du Jihad islamique. Selon certaines sources, la machine attribue à presque chaque habitant de Gaza une note de 1 à 100, exprimant la probabilité qu’il s’agisse d’un militant.

Lavender apprend à identifier les caractéristiques des agents connus du Hamas et du Jihad islamique, dont les informations ont été transmises à la machine en tant que données d’entraînement, puis à repérer ces mêmes caractéristiques – également appelées « traits » – au sein de la population générale, ont expliqué les sources. Une personne présentant plusieurs caractéristiques incriminantes différentes obtient une note élevée et devient ainsi automatiquement une cible potentielle pour un assassinat.

Dans « L’équipe humain-machine », le livre cité au début de cet article, l’actuel commandant de l’unité 8 200 plaide en faveur d’un tel système sans citer Lavender nommément. (Le commandant lui-même n’est pas nommé, mais cinq sources au sein de l’unité 8 200 ont confirmé que le commandant était l’auteur de ce livre, comme l’a également rapporté Haaretz).

Décrivant le personnel humain comme un « goulot d’étranglement » qui limite la capacité de l’armée au cours d’une opération militaire, le commandant se lamente : « Nous [les humains] ne pouvons pas traiter autant d’informations. Peu importe le nombre de personnes chargées de produire des objectifs pendant la guerre, il est toujours impossible de produire suffisamment d’objectifs par jour ».

Selon lui, la solution à ce problème réside dans l’intelligence artificielle. Le livre propose un petit guide pour construire une « machine à cibles », similaire à Lavender, basée sur l’intelligence artificielle et des algorithmes d’apprentissage automatique. Ce guide contient plusieurs exemples de « centaines et de milliers » de caractéristiques susceptibles d’augmenter la cote d’un individu, comme le fait de faire partie d’un groupe Whatsapp avec un militant connu, de changer de téléphone portable tous les quelques mois et de changer fréquemment d’adresse.

« Plus il y a d’informations et plus elles sont variées, mieux c’est », écrit le commandant. « Informations visuelles, informations cellulaires, connexions aux médias sociaux, informations sur le champ de bataille, contacts téléphoniques, photos. Si, dans un premier temps, ce sont les humains qui sélectionnent ces caractéristiques, poursuit le commandant, au fil du temps, la machine en viendra à les identifier d’elle-même. » Selon lui, cela peut permettre aux armées de créer « des dizaines de milliers de cibles », la décision de les attaquer ou non restant du ressort de l’homme.

Ce livre n’est pas la seule source où un haut commandant israélien a fait allusion à l’existence de machines à cibles humaines comme Lavender. +972 et Local Call ont obtenu des images d’une conférence privée donnée par le commandant du centre secret de science des données et d’IA de l’unité 8200, le « colonel Yoav », lors de la semaine de l’IA à l’université de Tel-Aviv en 2023, dont les médias israéliens ont parlé à l’époque.

Dans cette conférence, le commandant parle d’une nouvelle machine cible sophistiquée utilisée par l’armée israélienne, qui détecte les « personnes dangereuses » en se basant sur leur ressemblance avec les listes existantes de militants connus sur lesquelles elle a été entraînée. « Grâce à ce système, nous avons réussi à identifier les commandants des escadrons de missiles du Hamas », a déclaré le colonel Yoav lors de la conférence, en faisant référence à l’opération militaire israélienne de mai 2021 à Gaza, au cours de laquelle la machine a été utilisée pour la première fois.

Les diapositives de la présentation, également obtenues par +972 et Local Call, contiennent des illustrations du fonctionnement de la machine : elle est alimentée en données sur les agents du Hamas existants, elle apprend à remarquer leurs caractéristiques, puis elle évalue d’autres Palestiniens en fonction de leur degré de ressemblance avec les militants.

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5 avril 2024 5 05 /04 /avril /2024 04:55
Gaza : après la mort de sept humanitaires, la « stratégie de la famine » d’Israël de plus en plus critiquée - L'Humanité, Bruno Odent, jeudi 4 avril 2024
Gaza : après la mort de sept humanitaires, la « stratégie de la famine » d’Israël de plus en plus critiquée

L'Humanité, Bruno Odent, jeudi 4 avril 2024

Des ONG du monde entier et l’ONU dénoncent l’attitude d’Israël après la frappe sur les humanitaires de l’ONG World Central Kitchen (cuisine centrale du monde), qui cherchaient à voler au secours de Palestiniens menacés de famine.

La nourriture est utilisée comme une arme par Israël et Benyamin Netanyahou. Bouleversé par la perte des sept travailleurs humanitaires de son organisation World Central Kitchen (WCK, cuisine centrale du monde), le chef étoilé José Andrés, créateur et dirigeant de l’ONG, a fustigé l’insoutenable stratégie des autorités israéliennes. Tout corrobore son analyse. Après le massacre de ce lundi, WCK a annoncé son retrait de la bande de Gaza.

Le bateau que les humanitaires assassinés venaient de décharger inaugurait la mise en place d’un corridor d’acheminement de l’aide alimentaire depuis Chypre. Un second navire, le Jennifer, qui devait accoster ce 3 avril sur la côte gazaouie avec 240 tonnes de nourriture à bord, a décidé, suite à l’attaque israélienne, de rebrousser chemin.

Le président israélien a présenté ses excuses

Face aux preuves accablantes des responsabilités israéliennes, le président Isaac Herzog a présenté ses excuses. Mais le chef du gouvernement, Benyamin Netanyahou, s’il reconnaît « une tragique erreur », assure qu’elle n’était pas « intentionnelle », s’efforçant de banaliser un crime qui serait une terrible bavure mais comme il y en a, dit-il, « dans toute guerre ». Ce qui revient à justifier une poursuite des opérations militaires avec, toujours à l’ordre du jour du premier ministre, une éventuelle offensive sur Rafah, à l’extrême sud de la bande de territoire où sont réfugiés, relégués quelque 1,5 million de Palestiniens.

Pour l’ensemble des organisations humanitaires toutefois, la perspective d’une poursuite de la guerre devient de plus en plus intolérable. Neuf ONG, dont les françaises Médecins du monde et Handicap International, ont fait parvenir à l’Union européenne une lettre commune dans laquelle elles dénoncent l’attitude de Tel-Aviv, son « refus chronique et structurel de faire entrer de la nourriture et de l’eau potable » qui fait « des ravages dans la bande de Gaza (…) et mène à un risque de famine imminent ». Ces organisations exhortent en conséquence l’UE à « plaider pour un cessez-le-feu immédiat et permanent afin de mettre un terme à la guerre et protéger les civils de souffrances supplémentaires ».

L’indignation mondiale monte d’un cran

Du côté des Nations unies, l’indignation est encore grimpée de plusieurs crans en même temps que s’accumulent, venus du terrain, les constats les plus alarmants. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé un « mépris du droit humanitaire international » et réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat.

Même Paris et Washington ont déploré un acte « inadmissible ». Sans toutefois envisager, pour l’heure, de déroger aux livraisons d’armes promises à leur allié. Une démarche de moins en moins bien reçue par une très grande majorité d’États au sein de l’ONU.

De retour d’une mission d’une semaine dans la bande de territoire meurtrie fin mars, Dominic Allen, représentant du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), alerte dans une interview à l’AFP : « La situation est pire que catastrophique. »

« Gaza est devenue un amas de poussière. Les gens que nous avons croisés étaient décharnés, ils nous indiquaient qu’ils cherchaient de quoi manger. Nous sommes très inquiets pour les femmes enceintes et allaitantes », ajoute-t-il. « Les médecins et les sages-femmes nous ont dit que leurs patientes accouchaient d’enfants plus petits, et que la malnutrition, la déshydratation et la peur entraînaient des complications. »

La CIJ ordonne à Israël de « prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l’arrivée de biens de première nécessité dans la bande de Gaza »

La frappe sur les travailleurs humanitaires de WCK n’est pas la première « bavure » israélienne touchant à l’acheminement de l’aide alimentaire. En l’espace d’un mois, trois autres incidents majeurs ont coûté la vie à plus de 130 Palestiniens. Comme le 29 février, où plusieurs dizaines d’entre eux ont été tués, plusieurs centaines blessés, après que des soldats israéliens craignant une émeute, selon une version officielle, ont fait feu sur la foule qui s’était agglutinée autour d’un convoi transportant des denrées alimentaires.

Cette succession d’exactions interroge une nouvelle fois sur les buts de guerre du cabinet Netanyahou, uni dans la promotion du grand Israël biblique (Eretz Israël). La Cour internationale de justice (CIJ) ne s’y est pas trompée. Elle a ordonné la semaine dernière à Tel-Aviv de « prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l’arrivée de biens de première nécessité dans la bande de Gaza ».

Les intentions de génocide sur lesquelles elle a été chargée d’enquêter par l’Afrique du Sud ne correspondent en effet que trop bien à la multiplication des « incidents » cherchant à rendre impossible tout approvisionnement des Palestiniens. Quand la nourriture devient une arme « providentielle » pour accélérer le nettoyage ethnique entamé avec les bombes et les chars…

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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 05:21
Bye Bye Tibériade - Ciné débat à la Salamandre avec l'AFPS ce jeudi 3 avril à 19h30 sur l'actrice palestinienne Hiam Abbas
 
 
MAIS QUI EST HIAM ABBAS ?
 
La réponse à cette question, nous la trouverons dans le film que sa fille Lina Soualem a choisi de consacrer à sa mère,
dans son film, BYE, BYE TIBÉRIADE que l'Afps du Pays de Morlaix et l'Association l'Âmarrée, en partenariat avec La Salamandre ont choisi de vous présenter ce JEUDI 4 AVRIL À 19H 30.
Pour ceux qui ne connaissent pas bien Hiam Abbas, voici une bande annonce réalisée par le Festival "Palestine en vue" qui dans son édition 2024 propose une rétrospective de sa carrière qui permet de réaliser combien cette immense actrice est importante dans le cinéma palestinien...
 
 
 

"Avec Bye Bye Tibériade, Lina Soualem dresse un portrait multi générationnel centré sur les femmes de sa famille. Il y a environ trente ans, l’actrice palestinienne, Hiam Abbass a quitté son village palestinien Deir Hanna, en Galilée, où elle a grandi avec son arrière grand-mère Um Ali, sa mère Neemat et ses sept soeurs, pour poursuivre son rêve de devenir actrice, à Paris. Trente ans plus tard, caméra en main, sa fille Lina interroge l’exil choisi de sa mère et la façon dont les femmes de sa famille ont pu influencer ses choix, son imaginaire, sa vie loin de Tibériade. Montrées à travers des images contemporaines et des films familiaux des années 90, quatre générations de femmes palestiniennes révèlent leur mémoire intime et collective, par la force de leurs relations. 

À l’image de ce que dit Lina Soualem  « L’oubli se combat avec les mots »  son film est une exploration de la transmission de mémoire, de lieux, de savoir faire, de résistance, dans la vie de femmes palestiniennes pour qui la dépossession est la norme."
 
ÉVOQUER ET FAIRE DÉCOUVRIR LA CULTURE DU PEUPLE PALESTINIEN, CONTRIBUE ÉVIDEMMENT À LA SOLIDARITÉ QUE NOUS SOUHAITONS LUI APPORTER DANS SA RÉSISTANCE AU COLONIALISME ET AU GÉNOCIDE EN COURS À GAZA ! 
C'EST POURQUOI, NOUS SOUHAITONS AUSSI VOUS RETROUVER NOMBREUSES ET NOMBREUX CE SOIR À LA SALAMANDRE.
 
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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 05:28
Photo L'Humanité - Léon Deffontaines sur un chalutier à Lesconil

Photo L'Humanité - Léon Deffontaines sur un chalutier à Lesconil

Léon Deffontaines, tête de liste PCF, et Fabien Roussel, secrétaire national, sont partis à la rencontre de la filière halieutique, frappée par une crise similaire à celle des agriculteurs. Ils ont ensuite tenu meeting à Quimper.

L'Humanité, 27 mars 2024 - Diego Chauvet

« J’ai fait mon apprentissage sur ce bateau de mes 12 ans à mes 17 ans », raconte Julien Le Brun à Léon Deffontaines, alors que les flots les secouent tous les deux, lors d’une sortie en mer. Cet armateur de 42 ans a repris ce chalutier qui a le même âge que lui. Puis le jeune apprenti pêcheur a pris de la bouteille, et a acheté huit autres navires. Celui qui fend les eaux sous leurs pieds part tous les matins à 5 heures, pour être de retour dans le port de Lesconil à 18 heures chargé de langoustines.

« Avec un bateau de cette taille, il faut en faire 15 tonnes dans l’année. C’est ce qu’on a fait l’an dernier. Les bonnes années, on peut en faire 20. » Une quantité nécessaire pour rentabiliser les sorties en mer, « à condition que le prix du gasoil n’explose pas », précise Julien. 42 ans, c’est vieux pour un chalutier au regard des normes requises. Il faudrait investir des centaines de milliers d’euros pour le moderniser.

L’Inizan, puisque c’est son nom, a bénéficié de quelques améliorations techniques, bien sûr. « Autrefois, il fallait quatre à cinq personnes pour une journée de pêche. Aujourd’hui, on part à deux », explique Julien. Mais le renouvellement de la flotte reste un véritable défi pour les pêcheurs bretons. « Il faut qu’on cherche tous les leviers pour aider la filière à changer ses navires », note le candidat communiste aux élections européennes. « On est encore à l’ère de la 2 CV, et l’État nous impose les normes de la dernière Mercedes », résume un autre pêcheur…

La filière halieutique menacée de disparition

Ce jour-là, le 26 mars, Léon Deffontaines est accompagné du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, dans le pays bigouden, au sud-ouest de la Cornouaille finistérienne. Leur visite démarre sur le port de Loctudy, où les attendent les professionnels de la filière halieutique (l’exploitation de ressources vivantes aquatiques), organisés au sein du Collectif pour le maintien de l’activité portuaire à Loctudy.

Car les nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés menacent la survie même de leur activité dans la région (300 emplois). « Nous, nous sommes des artisans. On n’ira pas vendre des saucisses à Strasbourg ! » lance ainsi Bruno Mourrain, mareyeur (revendeur) local. La saillie peut sembler logique. Elle tient pourtant du défi face au marché organisé par l’Union européenne. Marie Le Guen, présidente de l’association Demain Saint-Gué, cite un exemple : « Nous n’avons pas de quotas pour les maquereaux. On n’a pas le droit d’en pêcher. »

Les pêcheurs de Loctudy observent donc des bateaux étrangers pêcher ces poissons juste sous leur nez pour les ramener en Écosse, où ils sont conditionnés puis renvoyés à la vente… en France. « On achète en Écosse, alors qu’on a des maquereaux juste devant nous. » « Et les palangriers ont peur parce qu’ils ont épuisé leur quota de lieu jaune, explique également Marie Le Guen. Le problème, c’est qu’il y a toujours du lieu jaune. Résultat, quand ils en attrapent, ils les rejettent morts à la mer. On gaspille du poisson à cause de ces quotas… »

« C’est la guerre des prix »

Les professionnels de la filière halieutique sont par ailleurs confrontés aux effets des traités de libre-échange. Des églefins venus d’autres mers sont vendus 12 euros le kilo, contre les 14 ou 15 euros des pêcheurs bigoudens. « Dans des plats de paella conditionnée, on va retrouver des moules du Chili », souligne Guillaume Nicolle, lui-même mytiliculteur et vice-président de l’association interprofessionnelle.

« C’est la guerre des prix », résume-t-il. Avec des conséquences : les jeunes tournent le dos à la profession, des bateaux sont envoyés à la casse, et remplacés par des subventions. « Il faut des années pour assurer la transmission », souligne Marie Le Guen. « Moins il y aura de marins, moins il y aura de savoir-faire. Et un jour, on ne pourra plus redresser la barre. »

Pour Léon Deffontaines et Fabien Roussel, cette visite a un air de déjà-vu, même si c’est leur première parmi les pêcheurs dans le cadre de la campagne des européennes. « Ça rappelle clairement la situation des agriculteurs », résume le secrétaire national du PCF. Avant de rejoindre une réunion publique qui a rassemblé 400 personnes à Quimper, Léon Deffontaines formule de premières propositions.

Il compte mener la lutte au Parlement européen pour « taxer les importations, et redonner un peu d’oxygène ». « Quand on parle de souveraineté alimentaire, on ne peut pas laisser de côté les produits de la mer. On mange de plus en plus de poisson, et c’est tant mieux », souligne Léon Deffontaines, pour qui il va falloir sauver la filière halieutique face à la « concurrence libre et très faussée ». Un combat qui se mène aussi à Bruxelles.

 

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21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 19:13
28 mars - La Colombie à l'heure des réformes et de la Paix - Prochain Jeudi Rouge du PCF pays de Quimperlé avec Manuel Salamanca du Parti communiste colombien

Le prochain jeudi rouge c'est la semaine prochaine. L'invité est Manuel Salamanca, militant du Parti Communiste Colombien et correspondant de Voz (journal du PCC).

"la Colombie à l'heure des réformes et de la paix?"
JEUDI 28 mars 18h30
Espace Benoîte Groult
3 avenue du Coat Kaër à Quimperlé
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