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17 février 2025 1 17 /02 /février /2025 07:37
Rassemblement au port du fret devant l'Ile longue en janvier 2025 avec Shigemitsu Tanaka, survivant de Nagasaki

Rassemblement au port du fret devant l'Ile longue en janvier 2025 avec Shigemitsu Tanaka, survivant de Nagasaki

Rassemblement au port du fret devant l'Ile longue en janvier 2025 avec Shigemitsu Tanaka, survivant de Nagasaki

Rassemblement au port du fret devant l'Ile longue en janvier 2025 avec Shigemitsu Tanaka, survivant de Nagasaki

Shigemitsu Tanaka, survivant de Nagasaki : « Nous, rescapés de l'arme atomique, craignons l'oubli »

Dirigeant de Nihon Hidankyo, organisation de survivants japonais des bombes A et H lauréate du Nobel de la Paix 2024, Shigemitsu Tanaka prône la fin des armes nucléaires. À 84 ans, il observe avec effroi l'essor d'un bellicisme global.

Axel Nodinot, L'Humanité, 14 février 2025

Il avait 4 ans, mais se souvient encore de ce 9 août 1945, quatre-vingts ans plus tard. Le jeune Shigemitsu Tanaka jouait dans le jardin familial avec son petit frère et son grand-père. « Papi, papi, l’avion ! » se rappelle-t-il avoir crié quand le bombardier B-29 états-unien a survolé la vallée de Nagasaki. Le pilote avait déjà largué « Fat Man », la bombe atomique qui a tout ravagé sur 4 kilomètres carrés à la ronde.

« À peine l’avais-je entendu qu’un nuage blanc a tout soufflé », se remémorait l’octogénaire lors d’une conférence de presse organisée par le Mouvement de la paix et la CGT. « Tanaka-senpai » (l’aîné) est encore en forme pour son âge. Sûrement parce qu’il refuse de quitter ce monde sans l’avoir vu débarrassé de ses 9 500 ogives nucléaires, partagées par neuf pays. Ce combat, mené avec ses camarades de Nihon Hidankyo, la confédération japonaise des organisations des survivants des bombes A et H, leur a valu le prix Nobel de la Paix 2024.

Ainsi que la reconnaissance de tous ces hibakusha (les survivants et leurs descendants), qui veulent qu’on se souvienne des « trois catastrophes » : Hiroshima, Nagasaki et 1954, quand les États-Unis testent la bombe H, « mille fois plus puissante que la bombe atomique », dans le Pacifique.

« Ma mère se demandait s’ils étaient vraiment humains », se rappelle-t-il, montrant d’horribles photos de paysages désolés, d’enfants gravement brûlés ou malformés à cause des radiation

s. « Plus jamais ça », que ce soit au Japon ou à Crozon, en Bretagne, où Shigemitsu Tanaka a imploré la France, quatrième puissance nucléaire, de démanteler ses ogives.

Comment, vos camarades et vous-même, avez-vous ressenti le fait d’avoir reçu le prix Nobel de la paix 2024 ?

Évidemment, nous avons été extrêmement émus lorsque nous l’avons appris, ainsi que lors de la réception de ce prix Nobel à Oslo. Et nous avons conscience de notre responsabilité quant à la nécessité de renforcer encore notre mouvement pour l’abolition des armes nucléaires. Lors de la conférence de presse dans la capitale norvégienne, nous avons pu voir qu’il y avait des journalistes du monde entier devant nous.

Ça a vraiment été le moment où nous avons réalisé que les irradiés et les hibakusha étaient enfin mis sur le devant de la scène. Maintenant, nous sommes vraiment reconnus. Je le vois dans ma ville de Nagasaki, où j’habite toujours. Il y a maintenant beaucoup plus de demandes de la part des médias, depuis l’attribution du prix Nobel à Nihon Hidankyo.

Cet événement bouleverse beaucoup de choses. Par exemple, au sein du conseil de la préfecture de Nagasaki, il y a des élus du Parti libéral démocrate (PLD, parti de droite nationaliste du premier ministre Shigeru Ishiba – NDLR). Bien qu’ils soient très militaristes et proches des États-Unis, nous leur demandons depuis des années de plaider pour la ratification du traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian). Ils s’y opposaient fermement, ça ne les intéressait pas. Juste après l’attribution du prix Nobel de la paix, ce sont ces élus PLD de Nagasaki qui ont proposé aux élus de l’opposition de porter cette résolution !

Le 8 janvier, les membres de Nihon Hidankyo rencontraient justement le premier ministre japonais Shigeru Ishiba. Qu’en retenez-vous ?

Oui, nous étions sept délégués de la confédération. C’est peut-être la seule et unique fois que nous avons ressenti que nous étions reçus par quelqu’un qui ne se réjouissait pas de cette attribution. D’abord, nous ne sommes restés que trente minutes. En plus, nous n’avons eu droit qu’à un verre d’eau !

Nous avons parlé, surtout pour leur demander, au premier ministre et au gouvernement, de participer à la ratification du Tian, d’améliorer les indemnisations des hibakusha, qui sont largement insuffisantes. Mais, sur ces questions, il n’a même pas daigné nous répondre. En fait, il ne nous a pas vraiment écoutés. Nous avons l’impression que cette reconnaissance ne lui plaît pas.

Lors de l’aller-retour en Scandinavie, nous avons pris la compagnie aérienne scandinave SAS Airlines. Celle-ci a vu que nous étions en classe économique et a tout de suite réagi en disant : « Mais ce n’est pas possible, on va vous mettre en business ! »

Donc nous avons pu revenir au Japon plus confortablement. Cela pour vous dire que nous sommes beaucoup mieux traités et considérés à l’étranger que dans notre propre pays. Il faut savoir que de tout temps et jusqu’à maintenant le gouvernement japonais s’est toujours comporté de cette manière envers les irradiés et les hibakusha, sans jamais nous considérer.

Nous commémorons cette année les 80 ans des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki. Votre combat pour la mémoire est-il prégnant au sein de la société japonaise, en dehors du gouvernement, notamment chez les jeunes générations de l’archipel ?

Quatre-vingts ans après ces bombardements, il est vrai que la mémoire s’estompe un peu chez les jeunes générations. Les années qui ont suivi, beaucoup d’efforts ont été faits pour l’éducation à la paix, mais le gouvernement ne fournit plus autant d’efforts désormais.

Cette question est mise de côté, nous avons donc un peu peur que notre mémoire, celle des bombardements et de la guerre, disparaisse. La question de la transmission est évidemment très importante pour nous, c’est pourquoi nous essayons de témoigner le plus possible, de raconter ce que nous avons vu, ce que nous avons vécu. 

Malgré tout, la mémoire a été entretenue par des monuments, des expositions, des activités menées par exemple par Gensuikyo (une ONG japonaise contre les bombes A et H – NDLR). Chaque année, nous prenons également part à la conférence internationale contre les bombes A et H à Hiroshima et Nagasaki.

Ce sont les efforts des associations, des gens, des hibakusha de la 2e et de la 3e génération qui permettent tout de même cette transmission. L’université de Nagasaki, par exemple, est le seul endroit au monde qui dispose d’un centre de recherche travaillant aux moyens d’abolir les armes nucléaires. Il y a aussi des séminaires qui sont conduits auprès des lycéens pour transmettre nos témoignages et étudier les bombardements atomiques. C’est en fait la question la plus importante pour nous.

Plus largement, on observe une volonté de remilitarisation du Japon chez les derniers gouvernements de droite. Que pensez-vous de cette remise en question de la Constitution pacifique ?

C’est absolument incroyable. Avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, l’empire du Japon a tué des millions de personnes lors de ses invasions en Asie. Entre 2 et 3 millions de soldats japonais sont également morts. On s’était donc dit, à l’époque, « plus jamais la guerre ».

C’est pourquoi la Constitution pacifique est très importante pour les Japonais. Je pense qu’encore aujourd’hui la majorité d’entre eux veut conserver ce texte fondamental. Par contre, parmi les élus de la nation, de droite notamment, il y a effectivement de plus en plus une volonté de changer la Constitution pour pouvoir faire la guerre. C’est aussi l’alliance avec les États-Unis qui les pousse à se réarmer.

Même les soldats des Jieitai (les Forces japonaises d’autodéfense – NDLR) sont mécontents, beaucoup veulent les quitter, et les jeunes ne souhaitent pas forcément y travailler. Heureusement que, lors des dernières élections, le PLD a perdu sa majorité au Parlement.

Le détricotage de la Constitution est progressif, sous la houlette des gouvernements de droite. L’administration Shinzo Abe de 2012 à 2020 a décrété que le Conseil des ministres pouvait désormais changer les lois. Ils en ont donc profité pour autoriser le déploiement des membres des Jieitai sur les zones de conflit.

Ensuite, les années de Fumio Kishida (2021-2024) ont vu le budget militaire augmenter considérablement, et Shigeru Ishiba (depuis 2024) continue cette œuvre néfaste. Il veut que la défense compte pour 2 % du PIB japonais d’ici à 2027 (contre environ 1 % d’habitude – NDLR). Cela représenterait le double du budget de l’éducation et 10 % du budget de l’État !

Cette militarisation est malheureusement à l’œuvre partout, en Asie-Pacifique mais aussi dans le monde entier. Du haut de vos nombreuses années d’expérience à prôner la paix, comment inverser la tendance ?

Je ne suis pas homme politique, je ne suis qu’un hibakusha ! Mais, effectivement, j’observe l’état du monde, où de plus en plus de forces veulent consolider leur arsenal et leur dissuasion militaires. Même à l’intérieur de chaque pays, on a l’impression que les gens et les dirigeants cherchent les divisions, les conflits.

Ce sont des conséquences de la montée de l’extrême droite, un peu partout dans le monde. Nous, qui sommes à l’opposé de leur vision, devons promouvoir le dialogue et la solidarité. C’est comme cela que les gens se connaîtront, se comprendront et seront en paix.

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17 février 2025 1 17 /02 /février /2025 07:33
« Nous voulons, comme tout le monde, la liberté de vivre en paix » : à Strasbourg, des milliers de Kurdes demandent la libération d’Abdullah Öcalan

20 000 Kurdes venus de toute l’Europe se sont rassemblés, samedi 15 février, à Strasbourg, après une marche à travers toute la France, pour réclamer une nouvelle fois la libération d’Abdullah Öcalan, détenu depuis 26 ans sur l’île prison d’Imrali en Turquie. La revendication d’un État kurde indépendant est désormais dans toutes les têtes.

Jean-Jacques Régibier

« Pour nous c’est une journée noire, un jour où l’injustice a frappé un leader qui représentait un peuple qui voulait la liberté », affirme Hatip Dicle, le coprésident du Congrès démocratique du peuple qui regroupe tous les partis et les associations de défense des Kurdes au Kurdistan. Il a été député en Turquie et a fait aussi plusieurs années de prison. Autour de lui, des milliers de drapeaux jaunes avec la photo d’Öcalan claquent au vent froid, portés par une foule qui occupe toute la largeur des grands boulevards du sud de Strasbourg, sur plusieurs kilomètres.

« Depuis 26 ans, les Kurdes n’ont pas arrêté de lutter avec une énergie énorme. La cause kurde est plus claire aujourd’hui, les revendications et les attentes du peuple kurde sont largement connues maintenant au niveau mondial. Donc on peut dire que ce jour noir où tout a commencé il y a 26 ans, est devenu petit à petit un jour plus lumineux. Nous avons beaucoup plus d’amis dans le monde. Nous allons réussir, et cette victoire ne sera pas seulement la nôtre, ce sera aussi celle de nos amis, de ceux qui ont été sensibles à la lutte du peuple kurde », poursuit Hatip Dicle. La marche de ce samedi 15 février se déroule dans un contexte totalement nouveau au Proche-Orient, depuis la chute de Bachar al-Assad.

En Syrie, les Kurdes sont implantés dans le nord, l’est et l’ouest du pays, notamment dans le Rojava qui jouxte la frontière avec la Turquie, où depuis janvier, l’Armée nationale syrienne (ANS) soutenue par la Turquie, a repris plusieurs localités et menace désormais Kobané. « Les opérations militaires visent à casser le lien entre les Kurdes de Syrie et ceux de la Turquie », analyse le député européen honoraire Francis Wurtz, du PCF.

Vivre en paix

En parallèle, le gouvernement turc a destitué vendredi un 9e maire pro-Kurdes, celui de la grande ville de Van (un million d’habitants), à l’est de la Turquie, pour le remplacer par un administrateur nommé par le régime turc, alors que depuis le mois d’octobre, Erdogan semblait vouloir entrer dans un nouveau processus de paix avec les Kurdes. « Erdogan joue un jeu extrêmement trouble, en autorisant d’une part la visite de responsables du parti kurde DEM à Öcalan dans sa prison, tout en lançant des opérations militaires contre les Kurdes au Rojava, et en destituant un nouveau maire pro-Kurdes. Ce sont des signaux contradictoires », souligne Francis Wurtz qui doute qu’Erdogan veuille réellement entrer dans une négociation avec les Kurdes.

« Depuis 1989, Öcalan avait dit que la situation du Moyen-Orient était chaotique, avec des régimes antidémocratiques installés partout, et qu’il fallait donc absolument sortir de là, non pas avec une politique basée sur le nationalisme, comme le fait la Turquie, mais en incluant toutes les nationalités », rappelle le porte-parole de la confédération démocratique kurde en Europe, Morat Ceylan, qui déplore que ni le Conseil de l’Europe ni la Cour européenne des droits de l’homme implantés à Strasbourg n’agissent réellement pour la libération d’Öcalan, alors que le droit pour tout prisonnier de pouvoir un jour être libéré figure dans la Convention européenne des droits de l’homme, dont la Turquie est signataire.

Venu d’Irlande, Paul Gavan, le député du Sinn Fein à l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dénonce lui aussi les attaques continues des mercenaires soutenus par la Turquie contre les civils qui vivent dans la région autonome du Rojava. « Je suis avant tout ici pour appeler à la paix et au dialogue. Le processus de paix en Irlande est la preuve concrète de ce qui peut être réalisé grâce à des négociations qui regroupent toutes les parties concernées », explique-t-il.

Après une marche de plusieurs kilomètres au sud de Strasbourg, les milliers de manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes venus de différents pays d’Europe, ont conflué pour un grand meeting où alternaient discours politiques, témoignages, danses et musique kurde. Maya, qui a 20 ans, est venue d’Afrin pour faire ses études en Allemagne, mais veut retourner dans le Rojava sitôt qu’elle aura obtenu ses diplômes. « Actuellement, je ne vois qu’une seule chose qui peut nous sauver, c’est un état indépendant qui protège nos enfants. Je rêve d’un Kurdistan indépendant. Nous ne sommes pas des terroristes, nous voulons, comme tout le monde, la liberté de vivre en paix », dit-elle.

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17 février 2025 1 17 /02 /février /2025 07:21
Nouvelle manifestation de solidarité avec le peuple palestinien à Morlaix ce samedi 15 février 2025
Nouvelle manifestation de solidarité avec le peuple palestinien à Morlaix ce samedi 15 février 2025
Nouvelle manifestation de solidarité avec le peuple palestinien à Morlaix ce samedi 15 février 2025
Nouvelle manifestation de solidarité avec le peuple palestinien à Morlaix ce samedi 15 février 2025
Nouvelle manifestation de solidarité avec le peuple palestinien à Morlaix ce samedi 15 février 2025
Nouvelle manifestation de solidarité avec le peuple palestinien à Morlaix ce samedi 15 février 2025
Photo Stephane pour l'AFPS

Photo Stephane pour l'AFPS

Photo Stephane pour l'AFPS

Photo Stephane pour l'AFPS

Photo Stephane pour l'AFPS

Photo Stephane pour l'AFPS

Photo Stephane pour l'AFPS

Photo Stephane pour l'AFPS

Manifestation de solidarité avec le peuple palestinien ce samedi 15 février à Morlaix, à l'initiative de l'Afps Pays de Morlaix et avec le soutien de plusieurs associations, syndicats, partis politiques, dont le PCF. 

Parmi d'autres témoignages et lectures sur le kiosque, otre camarade Colette Loiseau a lu un témoignage de palestinien publié dans l'Humanité.

Photos de Lucienne Nayet et de Stephane pour l'AFPS

 

Articles du Ouest-France et du Télégramme sur la manifestation.

En soutien au peuple palestinien, une nouvelle mobilisation était organisée à Morlaix (Finistère), samedi 15 février 2025. Environ 80 personnes étaient présentes.
Ouest-France Sarah HUMBERT.
Publié le 15/02/2025
Environ 80 personnes se sont réunies place des Otages à Morlaix (Finistère), samedi 15 février 2025, en soutien au peuple palestinien. L’appel avait été lancé par l’AFPS (Association France Palestine solidarité). François Rippe, président de l’antenne morlaisienne de l’association, estime que « la situation mériterait une mobilisation plus importante ».
La crainte d’une escalade en Cisjordanie
Un cessez-le-feu entre Israël et Gaza est en cours depuis quelques jours, ce qui est « un soulagement pour les habitants », mais le président de l’association dénonce « la situation en Cisjordanie », où il parle « d’une offensive israélienne, avec l’opération mur de fer qui cible des camps palestiniens ». L’AFPS demande « la libération de tous les prisonniers palestiniens ».
Les manifestants, dont certains arboraient des drapeaux de l’AFPS, du Parti communiste français, de la France insoumise ou encore d’Amnesty internationale, avaient déployé un drapeau palestinien au sol, sur lequel est écrit Free Palestine, soit Libérez la Palestine. Autour, des portraits de Palestiniens impactés par la guerre étaient disposés.
 
***
 
« Notre présence est encore indispensable » : à Morlaix, ils se rassemblent pour soutenir les Palestiniens
 
Le 15 février 2025 - Le Télégramme 
 
Quatre-vingts personnes se sont réunies dans le centre de Morlaix, ce samedi, pour afficher leur soutien à la Palestine. Ils ont demandé la libération de tous les prisonniers palestiniens.
Une partie des manifestants, en cercle, ont porté les portraits de Gazaouis décédés. Un acte symbolique pour représenter l’ensemble de la société civile de Gaza.
« Malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas le 19 janvier dernier, notre présence dans les mobilisations est encore indispensable pour dénoncer le silence complice de nos gouvernants devant les crimes commis par Israël ! Car le pire est sans doute à venir », a déclaré François Rippe, président de l’Association France Palestine Solidarité du Pays de Morlaix, lors de la manifestation organisée ce samedi 15 février 2025.
Les responsables de l’Association France Palestine Solidarité ont dénoncé le génocide, l’emprisonnement, et les menaces d’expulsions dont sont victimes les Palestiniens.
Dénonciation de l’oppression du peuple palestinien
Devant les quelque 80 manifestants réunis devant le kiosque, dans le centre-ville de Morlaix, les organisateurs ont dénoncé les projets du gouvernement israélien, le transfert - avec l’appui de Donald Trump - des Gazaouis hors de leur territoire, l’annexion de la Cisjordanie et l’expulsion des Palestiniens de Jérusalem-Est. Ils ont demandé la libération de tous les prisonniers et, notamment, du docteur Hussam Abu Safiya, dernier directeur de l’hôpital du nord de Gaza, arrêté en décembre 2024.
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14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 07:07
Une de L'Humanité - 12 février 2025

Une de L'Humanité - 12 février 2025

« La police antiterroriste arrête un antifasciste pour le remettre à un état autoritaire » : l’écrivain Éric Vuillard apporte son soutien à Gino, menacé d’extradition vers la Hongrie

Tribune

Par Éric Vuillard, écrivain

Publié le 11 février 2025

Le mandat d’arrêt européen a été institué en 2002, afin de renforcer la coopération policière et judiciaire en matière pénale. Il s’agissait d’étendre le principe de reconnaissance mutuelle des décisions judiciaires. Mais une telle reconnaissance suppose que les décisions judiciaires sont prises partout sur la base de droits démocratiques à peu près équivalents. On aurait pu espérer que la coopération européenne permettrait une harmonisation des législations favorables aux libertés publiques. Cela ne s’est, hélas, pas produit.

Depuis 2010, l’extrême droite s’est implantée dans plusieurs gouvernements européens. À la tête des exécutifs italien, hongrois et belge, elle participe à des coalitions gouvernementales aux Pays-Bas, en Finlande et en Slovaquie. Il existe, par ailleurs, en Italie, d’importantes dispositions du droit pénal héritées du droit fasciste et qui n’ont jamais été supprimées.

Dans le contexte actuel, le mandat d’arrêt européen devient donc une procédure délicate, et, à bien des égards, dangereuse. Puisqu’elle incite mécaniquement à collaborer avec des gouvernements d’extrême droite ou des régimes autoritaires.

Le cas de Rexhino Abazaj concentre en lui tous les périls, toutes les absurdités de cette situation. La justice hongroise a émis un mandat d’arrêt européen contre Rexhino Abazaj. Il est accusé d’avoir participé à des violences contre des militants d’extrême droite. Réfugié en France, il a été arrêté le 12 novembre par une équipe de la sous-direction antiterroriste.

Rappelons que son inculpation en Hongrie repose sur sa participation, le 11 février 2023, à une manifestation contre un rassemblement néonazi entendant célébrer la mémoire des SS.

Rexhino Abazaj est aujourd’hui enfermé à la prison de Fresnes. Ses avocats réclament sa remise en liberté, et déclarent que le mandat d’arrêt européen émis à son encontre ne peut pas être exécuté, puisque la justice et les prisons hongroises ne répondent en aucun cas aux critères exigés.

Dans le même cas que Rexhino Abazaj, Ilaria Salis a été arrêtée à Budapest à l’issue de la même manifestation. Elle est accusée de tentative d’agression et de faire partie d’une organisation d’extrême gauche. Elle risque jusqu’à vingt-quatre ans de prison.

On voit qu’il existe tout d’abord dans ces affaires une ambiance générale que l’on est bien obligé de qualifier de délirante. Voici dans un cas, une femme arrêtée pour tentative d’agression sur des militants néonazis, célébrant la SS, et qui risque, elle, et non pas eux, onze ans de prison (en cas de plaider-coupable – NDLR). Dans le cas de Rexhino Abazaj, une équipe de la sous-direction antiterroriste arrête un militant antifasciste pour le remettre à la Hongrie, État dont tous les médias proclament unanimement le caractère autoritaire.

Et, dans les deux cas, tout se passe comme si la Hongrie devenait brusquement un pays européen comme les autres. Tous les discours tenus sans cesse sur « l’illibéralisme » d’Orban se volatilisent dès qu’il s’agit de défendre les droits et les libertés les plus élémentaires. Lorsqu’il redécoupe la carte électorale, refuse de soutenir l’Ukraine, refuse les sanctions contre la Russie, ou félicite Trump, on le juge dangereux pour la liberté, mais on continuerait de pratiquer avec son régime un échange poli de prisonniers, comme si de rien n’était, comme si – par un étrange tour de passe-passe – le respect des libertés ne concernait ni les accusés ni les détenus. Mais alors qui cela concerne-t-il ?

Voici la version kafkaïenne de cette histoire : la police française « antiterroriste » arrête un militant « antifasciste » pour le remettre à un état « autoritaire », où il risque une peine « absolument disproportionnée » avec les faits qui lui sont reprochés par « une justice que domine très largement le parti au pouvoir ». Ici, tout marche à l’envers, toutes les fonctions sont perverties. La police antiterroriste arrête un antifasciste pour le remettre à un état autoritaire, au nom de la coopération européenne, qui devient, de fait, une valeur supérieure à la liberté humaine. On oublierait presque que la Hongrie a été épinglée plusieurs fois pour ses mauvaises conditions d’incarcération, et qu’à son procès, en Hongrie, la militante italienne était enchaînée au tribunal.

En résumé, nous vivons des heures étranges, où les procédures censées créer un espace commun, une justice commune, sont en réalité les outils d’une politique aveugle et répressive. On remettrait des accusés à n’importe quel régime sous prétexte que le pays fait partie de l’Union européenne, on s’en tiendrait strictement à des données formelles, à des affirmations gratuites, et qui vont pourtant à contre-courant de tout ce que nous savons.

Car personne n’ignore ce qu’est le régime de Viktor Orbán, personne n’ignore son accaparement du pouvoir, la manière dont il corrompt le fonctionnement de l’État hongrois, cela fait sans cesse la une de la presse, nul ne peut donc faire comme s’il s’agissait d’une démocratie libérale. C’est ce qui explique la très forte mobilisation autour de Rexhino Abazaj. Dans cette affaire, tout le monde sait à quoi s’en tenir. Et toutes les fables inconsistantes que le régime hongrois pourrait raconter à propos de sa justice et des conditions d’incarcération ne peuvent convaincre personne. Rexhino Abazaj ne peut pas être remis à la Hongrie.

Pour le moment, la procédure se déroule comme si la Hongrie était un interlocuteur normal, les magistrats ont demandé à la Hongrie des informations sur les conditions d’incarcération, comme la procédure le prévoit. Mais si les magistrats ne peuvent faire autrement que de suivre les procédures, et donner le change, cette demande n’en est pas moins une absurdité. On réclame des justifications que l’on sait impossibles, on réclame une réponse dont on ne peut ignorer la mauvaise foi. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.

En réalité, si l’on s’en tenait aux principes, jamais Rexhino Abazaj n’aurait dû être arrêté sur la base d’un mandat d’arrêt émanant d’un régime qui se réclame lui-même de « l’illibéralisme », jamais il n’aurait dû être arrêté par la police antiterroriste, jamais il ne devrait se trouver à Fresnes.

On parle sans cesse de « transparence », mais lorsqu’on est face à un cas tout à fait clair, lorsqu’on y voit parfaitement bien, lorsqu’il n’y a aucun doute sur le choix à faire, on se conduit comme s’il fallait éclaircir le problème, en savoir davantage. On se comporte comme si la justice, la vérité, les faits, étaient des choses purement formelles, et qu’il fallait avant tout s’en tenir aux procédures, quitte à maintenir quelqu’un en prison un peu plus longtemps, quitte à réclamer des renseignements inutiles sur des choses que l’on connaît parfaitement, quitte à faire comme si l’on devait résoudre une question, alors qu’on a déjà la réponse.

Il faut que Rexhino Abazaj retrouve la liberté.

Dernier ouvrage paru : Une sortie honorable (Actes Sud).

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14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 06:49
L’ignominie d’une « Riviera » sur le tombeau des Gazaouis - par Patrick Le Hyaric, 11 février 2025
L’ignominie d’une « Riviera » sur le tombeau des Gazaouis
 
Voici l’une des dernières abjections du président des États-Unis Donald Trump, par ailleurs magnat de l’immobilier : un transfert forcé de deux millions de Gazaouis hors de leur terre et de leur patrie pour faire de Gaza une « Riviera du Moyen-Orient » où viendraient sur le sable chaud se prélasser de riches Occidentaux, entourés de fleurs et de palmiers, s’enivrant de fêtes nocturnes sur les tombes de dizaines de milliers de Palestiniens.
Bref, Trump qui fait la chasse aux immigrés dans son pays veut en créer deux millions, et prie l’Égypte et la Jordanie de les accueillir toute affaire cessante. A défaut, l’ogre Nord-Américain les sanctionnera durement. Il revendique donc ouvertement lors d’une conférence de presse en mondovision la préparation d’un crime contre l’humanité, selon les termes de l’article 7 du Statut de Rome. Il a réitéré ces propos à trois reprises depuis dans des déclarations officielles. Ce 11 janvier face au roi de Jordanie il a persisté et signé : » Nous allons posséder Gaza. Nous n’avons pas besoin de l’acheter. Il n’y a rien a acheté » s’est-il exclamé en confirmant son projet : Gaza « sera placé sous le contrôle américain ».
En vérité, il a exposé le plan des dirigeants israéliens, et leur a donné le feu vert pour passer aux actes.
La mollesse des réactions dans les capitales européennes, le jour où celles-ci livraient des avions de combat, dont le Mirage français, à l’Ukraine, laisse pantois. Leurs communiqués, écrits à l’encre sympathique, se terminant une nouvelle fois par leur soutien à « une solution à deux États », ne sont que tissus d’hypocrisie et de duplicité.
Si les dirigeants européens, vassalisés à Washington, étaient réellement pour une solution à deux États, ils produiraient un acte clair, simple et fort : se conformer au droit international et reconnaître, comme 147 autres pays, l’État de Palestine, puisque l’un des « deux États » existe depuis le 19 mai 1948, Israël.
Ne pas le faire les rend complices de l’enchaînement des événements en Palestine. En refusant de poser avec force depuis trop longtemps la reconnaissance de l’État de Palestine, en semant la confusion entre le sort d’un peuple aux mains nues et son colonisateur qu’ils arment jusqu’aux dents, en empêchant tout débat sérieux et argumenté, en assimilant les contestations du processus de « colonisation-annexion » à de l’antisémitisme, ils ont ouvert le chemin aux projets communs de la droite et de l’extrême droite israéliennes et à Trump.
Tout le monde a clairement entendu, en janvier 2024, le sinistre ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich appelant au nettoyage ethnique de Gaza en ces termes : « Nous voulons encourager l’émigration volontaire, et nous devons trouver des pays prêts à accueillir les Palestiniens. » Au même moment, son collègue et ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir expliquait à des journalistes que la guerre menée contre les Palestiniens de Gaza offrait « l’occasion de se concentrer sur l’encouragement à la migration des habitants de Gaza ».
Les conducteurs fous de la machine de nettoyage ethnique se sentent confortés dans leur sale entreprise. Les brouilleurs d’ondes expliquent que Trump ne pourra pas déployer son armée pour une telle opération à Gaza. Pourquoi font-ils mine de ne pas avoir entendu Netanyahou expliquer qu’aucune troupe nord-américaine ne serait nécessaire parce que l’armée israélienne écraserait toute velléité des Palestiniens à faire respecter leur souveraineté sur leur sol ? « C’est notre engagement, notre travail, et nous sommes absolument déterminés à le faire », s’est exclamé, hilare, celui qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international – non sans avoir précisé à propos de la déclaration de Trump : « C’est la première bonne idée que j’ai entendue. »
Pourquoi s’acharne-t-on tant, dans d’importants cercles diplomatiques, politiques et médiatiques, à nier, à minimiser, à banaliser ces infâmes projets ? Tout simplement pour laisser faire. C’est une insupportable injustice pour les Palestiniens, c’est une impardonnable faute politique pour ceux qui s’y livrent, c’est une insondable meurtrissure pour l’humanité tout entière.
À peine le leader de l’imperium avait-il finit de lire son texte que le ministre israélien de la Défense Israël Katz affirmait avoir « ordonné à Tsahal de préparer un plan » qui « comprendrait des options de sortie par les points de passage terrestre, ainsi que des dispositions spéciales pour les départs par voie maritime et aérienne ».
Si la naïveté devait s’emparer de certains cercles attachés au droit, à la démocratie et à la justice, il faudrait s’empresser de la combattre.
L’expression de Trump agira comme un désinhibiteur pour toutes celles et ceux qui veulent jeter la cause palestinienne dans les braises d’une géopolitique de reconquête du Proche-Orient par l’Occident capitaliste. Le projet fondamental reste la construction du « Grand Israël », base élargie de l’implantation des firmes occidentales au Proche et Moyen-Orient.
Le projet est la mise sous tutelle US de la bande de Gaza pour pouvoir exploiter les réserves de gaz au large de l’enclave et un espace de transport de gaz et d’énergie au sein de cette région ; et Israël engloutirait la Cisjordanie annexée. Derrière ces molles désapprobations de façade des pays occidentaux, le projet de « Riviera » en même temps que s’accélère la colonisation-annexion de la Cisjordanie, qu’Israël ferme l’URNWA à Jérusalem et que les États-Unis lui coupent les crédits, se soupèse l’occasion de faire capoter définitivement ce que le langage diplomatique baptise de « solution à deux États ».
Autrement dit, il s’agit de la liquidation en bonne et due forme de l’idée même d’une Palestine libre et souveraine, indépendante et démocratique.
Il nous faut, avec nos associations, avec toutes les forces démocratiques, avec les nombreuses personnalités attachées à l’existence de deux États, renforcer un mouvement de révolte contre la tentative de faire disparaître un peuple, un pays, et organiser la solidarité avec le peuple palestinien.
Ne laissons pas étouffer le mouvement national palestinien. Avec les citoyens des pays arabes, empêchons la normalisation entre Israël et les pays arabes. Multiplions pétitions, marches et démarches, prises de parole partout où c’est possible afin d’obtenir qu’Emmanuel Macron déclare que la France reconnaît officiellement l’État de Palestine et pour qu’enfin l’Union européenne suspende l’accord d’association qui la lie à Israël depuis 1995.
Le mouvement des peuples pour la justice, le droit à l’autodétermination et la paix peut changer la donne.
L’axe proto-fascistoïde Trump-Netanyahou se heurtera au nombre. Le colonialisme de peuplement n’empêchera pas les Palestiniens de rester majoritaires et de combattre l’apartheid. Choqués, révoltés par la volonté d’annexion et par une guerre génocidaire, les peuples arabes ne laisseront pas leurs gouvernements accepter l’effacement des Palestiniens.
La cause palestinienne, désormais placée au cœur des enjeux internationaux, mobilisant de larges fractions de la jeunesse à travers le monde, ne peut s’éteindre sous les coups de boutoir des extrêmes droites mondiales et de leurs silencieux complices. La solidarité internationaliste peut et doit fortement se déployer jusqu’à permettre aux Palestiniens d’exercer leur souveraineté en élisant leurs représentants dans un parlement et un gouvernement sur la base de la charte de l’OLP, chargés d’entamer le difficile processus de construction des fondements de l’État palestinien. Le rapport de force peut et doit être inversé pour faire respecter le droit international. C’est urgent. C’est difficile. Mais encore possible.
 
Patrick Le Hyaric
 
11 Février( mis à jour 13 février) 2025
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11 février 2025 2 11 /02 /février /2025 15:45

 

NOUVEAU RASSEMBLEMENT DE LA SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN

SAMEDI 15 FÉVRIER À 16H - PLACE DES OTAGES À MORLAIX

 

Le cessez-le-feu à Gaza signé entre Israël et le Hamas est opérationnel depuis le 19 janvier. Il tient malgré sa fragilité et apporte un extrême soulagement aux souffrances des habitants de Gaza dénués de tout. S’il est essentiel qu'il soit définitif et permanent, il ne met pas fin à la violence coloniale ni à l’oppression du peuple palestinien..

Israël, avec le soutien inconditionnel des États-unis et la complicité tacite de la plupart des états européens, poursuit et même intensifie en ce moment ses crimes de guerre et contre l’humanité à l’encontre des Palestiniens.

Après 471 jours de génocide à Gaza et un bilan qui pourrait bien atteindre les 100 000 victimes, le nouveau président des États-unis reprend à son compte le projet des gouvernants israéliens d’extrême droite d’un transfert forcé des Gazaouis hors de leur territoire. Quelles que soient les raisons invoquées, la réalisation d’une telle expulsion est qualifiée par le droit international et les conventions de Genève de crime contre l’humanité. Et les Palestiniens savent tous que, si cela devait se produire, ils ne pourraient jamais remettre un pied sur leur terre.

En Cisjordanie, dès le lendemain de la trêve à Gaza, Benjamin Netanyahou a lancé l’opération « Mur de fer » qui cible les camps de réfugiés palestiniens en particulier ceux de Jénine et Tulkrarem, massivement détruits et dont des milliers d'habitants sont depuis à la rue. La Cisjordanie est plus que jamais menacée d’annexion, projet « boosté » par l’élection de Donald Trump. Les 3,2 millions de Palestiniens qui y vivent n’auront d’autre choix que de se soumettre à l’apartheid de l’occupant ou de s’exiler. Dans tout ce territoire sous blocus militaire, les colons israéliens s’acharnent contre les Palestiniens avec un sentiment d’impunité redoublé depuis la levée par Donald Trump des sanctions à leur encontre. le nombre de Palestinien·nes tué·es en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée depuis le mois d’octobre 2023 est désormais de 886.

A Jérusalem-Est, le nettoyage ethnique s’intensifie : les Palestiniens sont privés depuis le 1e février de l’aide alimentaire, médicale, éducative apportée par l’UNRWA. Israël vient d’interdire sur son sol la présence et les activités de cette agence onusienne internationale d’aide aux réfugiés palestiniens qui officie depuis 1949 et Donald Trump vient de signer un décret supprimant toutes les subventions nord-américaines à l'UNRWA.

Nous sommes donc bien loin d’une évolution vers une paix juste et durable dans le respect du droit international dont les Nations Unies devraient être le garant. Bien au contraire, Israël, les États-Unis et leurs alliés utilisent de multiples procédures pour invalider les ordonnances de la CIJ et les mandats d’arrêt émis par la CPI concernant la guerre menée par Israël contre les Palestiniens.

La mobilisation en solidarité avec la Palestine est présente partout dans le monde. En France, notre présence dans les mobilisations est encore indispensable pour dénoncer le silence complice de nos gouvernants et le naufrage éthique de la presse dominante devant les crimes commis par Israël. Le traitement médiatique français autour des échanges d’otages détenus par les groupes armés palestiniens et les prisonniers palestiniens relâchés par Israël en est un parfait exemple.

C’est pourquoi l’AFPS du Pays de Morlaix vous appelle à soutenir et à participer massivement à un NOUVEAU RASSEMBLEMENT DE LA SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN SAMEDI 15 FÉVRIER À 16H - PLACE DES OTAGES À MORLAIX

Venez nombreux !

 

 

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7 février 2025 5 07 /02 /février /2025 06:19
Pacifistes de tous les pays, unissez-vous ! - par Philippe Rio, L'Humanité, 5 février 2025

Il y a quatre-vingts ans, le monde découvrait l’horreur des camps d’extermination nazis. « Je revois encore la stupeur horrifiée des soldats qui, de leurs chars, découvraient les cadavres accumulés sur le bord de la route et les squelettes titubants que nous étions devenus », a témoigné Simone Veil. Plus jamais ça ! Plus jamais ça ! Plus jamais ça ! Sauf qu’à l’heure d’écrire ces lignes, en République démocratique du Congo, les combats font rage et les corps jonchent les rues dans un conflit qui prend sa source dans le génocide rwandais….

Il y a quatre-vingts ans, aussi, un air de fin du monde s’abattait sur Hiroshima et Nagasaki décimant, le temps d’un battement de cils, 200 000 personnes et gravant pour des décennies son lot de désolation, d’irradiation et de maladies sur le Japon. Les survivants de la bombe nucléaire, les Hibakusha, en japonais « personne affectée par la bombe », et leur organisation, Nihon Hidankyo, sont les récipiendaires du prix Nobel de la paix 2024.

Avec l’organisation syndicale sœur de la CGT au Japon, Zenroren, ils ont été reçus le mois dernier à la Bourse nationale du travail, à Paris, pour une projection-débat, au lendemain de l’anniversaire de l’entrée en vigueur du traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en 2021.

Puis à l’Assemblée nationale, avec le député PCF Jean-Paul Lecoq en compagnie du Mouvement de la paix japonais. Là aussi, lorsqu’ils s’éteindront, notre mémoire collective devra rester en éveil pour montrer que le chemin de la haine et de la guerre peut aller jusqu’à l’éradication humaine…

On ne sait d’ailleurs pas si la paix ne se conjugue qu’au féminin mais, le mois dernier, au Learning Planet Festival, une table ronde 100 % féminine réunissait des responsables associatives engagées : Céline Bardet, juriste et présidente de We are NOT Weapons of War, Frédérique Bedos, fondatrice du projet Imagine, Adeline Hazan, présidente d’Unicef France, et Behishta Nazir, membre du programme HEC Imagine Fellows.

Le croisement de leur travail en Afghanistan, en Bosnie, en Ukraine et, comme ce fut le cas à Gaza, a mis en lumière que les racines de la guerre se trouvent toujours dans la déshumanisation banalisée d’autrui. Sun Tzu, général chinois du VIᵉ siècle avant Jésus-Christ, écrivit l’Art de la guerre.

Et le philosophe d’aujourd’hui, Bertrand Badie vient de publier un ouvrage avec un titre à effet miroir : l’Art de la paix. S’appuyant sur nombre d’exemples historiques ou contemporains, Bertrand Badie dresse des solutions pour des perspectives durables de paix : chercher à comprendre l’Autre, trouver les justes normes, combler ce qui nous sépare… Pacifistes de tous les pays, unissez-vous !

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1 février 2025 6 01 /02 /février /2025 14:26
Saint-Amand-les-Eaux: Fabien Roussel succède à Alain Bocquet comme maire de la commune

Saint-Amand-les-Eaux : Une nouvelle page s’écrit avec Fabien Roussel.

Aujourd’hui, Saint-Amand-les-Eaux tourne une nouvelle page de son histoire avec l’élection de Fabien Roussel comme Maire. Une ville ancrée dans les valeurs de solidarité et de progrès, qui peut compter sur son engagement sans faille pour défendre les habitants et faire rayonner le territoire.

Un immense merci à Alain Bocquet, dont l’action et la détermination ont marqué la ville pendant tant d’années. Son héritage est précieux et ses combats pour une ville toujours plus juste, solidaire et dynamique continueront.

Fédération du PCF du Nord. 30 janvier 2025

Fabien Roussel élu maire de Saint-Amand-les-Eaux et « heureux d’assumer cette responsabilité »

Fabien Roussel a été élu maire de Saint-Amand-les-Eaux, jeudi 30 janvier. Il remplace une autre figure du communisme, Alain Bocquet, qui administrait la ville depuis 1995.

Gaël De Santis - L'Humanité.

Un passage de témoin entre deux figures du communisme nordiste. Fabien Roussel a été élu, jeudi 30 janvier, maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), succédant ainsi à Alain Bocquet, premier magistrat depuis 1995.

« Permettez-moi de remercier (…) Alain Bocquet pour son engagement exceptionnel, déterminé, totalement dévoué pour notre belle ville durant ces trente années, je dirai même depuis quarante-sept ans, depuis 1978, quand il a été élu député », a salué Fabien Roussel dans le discours qui a suivi son élection par les membres du conseil municipal.

L’ancien président du groupe communiste à l’Assemblée nationale (1993-2007) et de la communauté d’agglomération de la Porte-du-Hainaut (2000-2020) avait annoncé, le 17 janvier dernier, dans une lettre aux Amandinois, renoncer à son mandat de maire. Une « décision (…) mûrement réfléchie » par le « poids des années » qui « commence à se faire ressentir et m’oblige à ménager ma santé », avait écrit le désormais ancien maire. La séance du conseil municipal a commencé avec une petite allocution de la doyenne de séance, Thérèse François, qui a salué les progrès accomplis par la ville sous les mandats d’Alain Bocquet, « accomplis avec panache ». Elle mentionne notamment la rénovation de la tour de l’Abbatiale, une fierté citée dans la lettre de démission du maire sortant.

« Il fait bon vivre à Saint Amand »

« Nous ferons tout pour être à la hauteur, tenir le cap du développement de Saint-Amand, pour faire vivre les valeurs de fraternité, d’égalité et de vivre ensemble que tu as su insuffler à notre cité thermale », a poursuivi Fabien Roussel, s’adressant à son prédécesseur, qui demeure conseiller municipal de la ville de 16 500 habitants.

À la mairie, le secrétaire national du PCF entend continuer de faire vivre le communisme municipal amandinois. « Oui, il fait bon vivre à Saint-Amand pour les familles, les enfants, les retraités car la qualité de vie, l’accès au service public, à des tarifs accessibles pour tous, à la santé sont essentiels à mes yeux », énonce-t-il, louant la vie associative. « Avec plus de 11 000 licenciés dans les clubs de sport, Saint-Amand est une ville sportive, une terre de champions et de championnes. » Il souhaite une méthode faite de « respect » et de « dialogue » dans le débat d’idées.

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31 janvier 2025 5 31 /01 /janvier /2025 12:26
La grande aventure d'Alger Républicain, par Henri Alleg, Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa

La grande aventure d'Alger républicain

aux éditions DELGA (2012, 17€), première édition aux éditions Messidor en 1987

Par Henri Alleg, Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa

"Alger Républicain" naît en octobre 1938 dans le quartier ouvrier de "Bab-el-Oued" dans un immeuble face au front de mer à l'angle de la rue Koechlin (Toumyat-Abderrahmane) et de l'avenue Malakof (Abderrahmane-Mira) au moment du Front populaire. Il fait partie d'un réseau de quotidiens libres, échappant à l'emprise des grandes fortunes capitalistes de la colonie. Il naît un peu plus tard que "Oran Républicain" et "Constantine Républicain" qui n'auront pas la même longévité ni la même évolution politique et ses actionnaires sont des hommes du peuple, français d'Algérie surtout, partisans du front populaire, hommes de gauche. On y trouve beaucoup de socialistes, des radicaux-socialistes, des "libéraux" (au sens "humanistes"), mais aussi des communistes, critiques de l'exploitation et de l'arbitraire en régime colonial sans être pour autant anticolonialistes. Dans le Conseil d'administration, sur 24 titulaires, on compte trois indigènes algériens, deux instituteurs et un commerçant.

Jean-Pierre Faure, le petit-fils d'Elie Faure, critique d'art et théoricien de l'art, et arrière-petit-fils d'Elisée Reclus, historien de la Commune, va diriger le journal assez vite, choisissant Pascal Pia comme rédacteur en chef. C'est Pascal Pia qui va recruter Camus à "Alger républicain". C'est à "Alger républicain" que le futur prix Nobel fait son apprentissage de l'écriture, à 25 ans. Après un court passage au Parti communiste, il a orienté plutôt ses sympathies vers les libertaires et les objecteurs de conscience. Camus va dénoncer la misère, les inégalités et injustices qui frappent les algériens "musulmans" sans pour autant remettre en cause la logique de la colonisation elle-même.   

A l'époque, Alger républicain milite pour l'égalité des droits sociaux et économiques, et se veut le journal des travailleurs, proche de la CGT, du Secours populaire algérie,  des organisations de gauche, des travailleurs français et "musulmans".  Avant guerre, Alger républicain paraît pendant onze mois, d'octobre 1938 à septembre 1939, devenant le journal progressiste qui dénonce les injustices coloniales, appelle aux réformes.

Pendant la période où le régime de Vichy contrôle l'Algérie, "Alger républicain" cesse de paraître, laissant toute la place aux grands journaux de la collaboration et du capitalisme colonial. Il reparaît en février 1943 après le débarquement anglo-américain en Afrique du nord. Une équipe de français d'Algérie de gauche partiellement renouvelée le prend en main, avec une sensibilité antifasciste, républicaine et anti-vichyste, mais le journal compte aussi quelques contributeurs algériens "indigènes" tel le communiste Ahmed Smaïli, condamné à mort par contumace sous Vichy, Abdelkader Safir, Aziz Kessous, et à partir de 1944, Boualem Khalfa, le père de Nazim Khalfa (1950-2018), ancien secrétaire de section du PCF à Carhaix, ancien responsable de l'AFPS, dont l'épouse, Colette Khalfa, est toujours adhérente à la section communiste de Carhaix-Huelgoat.

Boualem Khalfa était un ancien instituteur d'Orléansville (aujourd'hui Chlef) dont le père était déjà lecteur d'"Alger républicain", et notamment des articles de Camus. "Dans les escaliers aux marches ébréchées et mal éclairies de l'imprimerie, Khalfa croise de temps à autre un jeune de son âge, Henri Alleg, secrétaire de la Jeunesse communiste d'Algérie. Khalfa et Alleg se saluent au passage, sans se connaître et sans savoir qu'ils se trouveront réunis plus tard dans un long, difficile et exaltant combat à la tête justement d'"Alger républicain".

Membre du parti communiste algérien dès avant la guerre, Henri Alleg avait été condamné à mort par un tribunal de Vichy, puis libéré de prison après le débarquement des troupes alliées. A ses côtés vont travailler à l'imprimerie d'Alger républicain d'autres "libérés" des camps de concentration vichyssois d'Algérie, notamment des républicains espagnols.

Au moment des massacres de Sétif à la suite du 8 mai 1945, Alger Républicain, tout à la ferveur de la Libération nationale et en soutien d'un gouvernement officiellement "antifasciste", ignore partiellement la violence de la répression, même si dès juillet 1945 il s'en fera écho avec un reportage de l'ancien militant socialiste Michel Rouzé et de Jean Amrouche, écrivain kabyle d'origine et de langue française, et d'Abdelkader Moulfi, ami de Ferhat Abbas.  Ce reportage servira de base à l'intervention d'Etienne Fajon à l'Assemblée Nationale au nom du PCF qui pour la première fois, plusieurs mois après les évènements, dénoncera la brutalité de la répression dans la région de Sétif, Guelma et tout le Constantinois. Boualem Khalfa après le vote d'une loi d'amnistie pour les Algériens impliqués dans les évènements de Sétif écrira un article sur les tortures pratiquées par les Français dans "la villa des Oiseaux". 

En novembre 1946, "Alger républicain" va récupérer en vertu des lois contre les titres de presse de la collaboration les locaux de "La Dépêche algérienne" qui s'est distinguée par son zèle pro-nazi et anti-juif et il s'installe dans son cossu immeuble du boulevard Laferrière, en récupérant une imprimerie toute neuve. En juillet 1947, Michel Rouzé, qui s'apprête à quitter l'Algérie pour Paris où il rejoindra le journal "Ce soir" de Louis Aragon, passe un accord avec l'Union française d'information (UFI) qui gère l'administration des quotidiens communistes ou issus de la Résistance et proches du PCF et Alger Républicain devient désormais, avec plus de moyens (quoique bien inférieurs à ceux de la presse colonialiste et capitaliste algérienne) un journal communiste, ouvert et de rassemblement.  Karl Escure, survivant du camp de concentration nazi de Thelka, aux environs de Leipzig, ancien métallo lyonnais, qui a travaillé pour le journal de la JC "L'Avant-Garde" et pour "Regards", devient le nouveau dirigeant du journal "Alger républicain", avec pour mission d'aider "au développement d'un grand journal moderne, vivant, reflétant aussi largement que possible tous les courant démocratiques et anticolonialistes".  Boualem Khalfa, devenu communiste en juillet 1946, date à laquelle le Parti Communiste Algérien s'est prononcé pour une ligne de rupture nette avec le statut quo colonial, devient à 25 ans le rédaction en chef d'"Alger républicain". C'est le premier algérien à occuper une telle responsabilité dans un quotidien en Algérie. A cette époque, Gilles Lapouge collabore à Alger Républicain, comme le feront bientôt les grands écrivains algériens Mohamed Dib et Kateb Yacine.

A partir du début de la guerre froide, s'opposant résolument à la guerre d'Indochine, "Alger républicain" va faire preuve également d'une orientation anticolonialiste résolue en Algérie. En septembre 1949, la rédaction apprend que les gendarmes de Bordj-Ménaïel, en Kabylie, ont commis des exactions sur les civils dans le douar Sidi Ali Bounab. Boualem Khalfa se charge de l'enquête sur le terrain, accompagné du député communiste d'Alger, Pierre Fayet, de de Karl Escure, ainsi que d'Ahmed Mahmoudi, membre du bureau politique du PCA et de Georges Raffini, alors secrétaire du Secours populaire algérien. L'article qui paraîtra quelques jours après, le 9 octobre 1949, fera grand bruit, décrivant les vieillards molestés, les femmes bousculées, humiliées, violées, tout cela pour un paysan ayant refusé la conscription.  Le journal dénonce également dès cette époque les tortures systématiques sur les militants algériens nationalistes arrêtés. Le Gouvernement Général d'Algérie, que dirige le socialiste Marcel-Edmond Naegelen, dénonce des "calomnies antifrançaises" et inculpe Boualem Khalfa pour diffamation. 

"L'affaire est finalement évoquée à l'Assemblée Nationale. On y voit le ministre de l'Intérieur socialiste, Jules Moch, voler au secours de Marcel-Edmond Naegelen, son camarade de parti. Le gouvernement et sa majorité de "Troisième Force", dans lesquels sont associés droite "modérée" et gauche anticommuniste, couvrent les responsables du saccage et des viols de Sidi Ali Bounab comme ils couvriront les assassinats "légaux", les tortures et exactions de toutes sortes que les "forces de l'ordre" vont multiplier jusqu'à l'explosion insurrectionnelle du 1er novembre 1954. Par 396 voix contre 197, l'Assemblée refuse l'envoi d'une commission d'enquête en Algérie. Boualem Khalfa, quant à lui, est lourdement condamné. Les rédacteurs et gérants de "Liberté" et d'"Algérie nouvelle", organes du PCA, qui ont repris l'accusation sont également condamnés. Naegelen et Jules Moch ont veillé personnellement à ce que la "justice" fasse bonne mesure. En toute indépendance, comme il se doit!" (La grande aventure d'Alger républicain, éditions Delga, 2012, p.60-61). 

"Au début des années 50, la répression va frapper plus durement encore. Pas une semaine ne s'écoule sans qu'"Alger républicain" n'ait à signaler des poursuites intentées à des militants nationalistes et progressistes, des arrestations, des condamnations, des matraquages et des fusillades de grévistes et de manifestants. Quelques mots de solidarité en faveur du Viêt-nam en guerre, de la lutte libératrice des peuples marocain et tunisien, le mot "indépendance" utilisé dans un article ou un discours, et c'est l'inculpation en vertu du fameux "article 80" pour "atteinte à la sûreté intérieure de l’État". En mars 1953, l'administration coloniale monte une grande affaire autour de la prétendue entreprise de "démoralisation de l'armée et de la nation". Abdelhamid Boudiaf, Alfred Strich et d'autres militants du Parti communiste algérien, en même temps que quelques conscrits de l'armée française qui font leur service militaire en Algérie, sont arrêtés et emprisonnés. Parmi eux, Claude Lecomte, militant de la Jeunesse communiste de France (quelques années plus tard l'un des journalistes les plus connus et les plus appréciés de "L'Humanité"). On les accuse d'avoir rédigé puis distribué un tract appelant les jeunes soldats à exiger la paix au Viêt-nam. Une campagne de protestation, largement relayée par "Alger républicain", les arrachera (après huit mois de détention) à la prison sans qu'aucun procès n'ait jamais eu lieu par la suite". 

En février 1951, Henri Alleg a succédé à Karl Escure, rejoignant la France. A l'image d'une équipe de la rédaction du journal très jeune, Henri Alleg, le nouveau directeur, n'a pas trente ans, mais a déjà une solide expérience politique. Militant de la Jeunesse communiste algérienne clandestine sous Vichy, instructeur itinérant du parti communiste algérien, il a déjà parcouru toute l'Algérie, rencontré la plupart des dirigeants nationaux et locaux des différents partis progressistes, suivi la conduite de grèves et de mouvements sociaux et campagnes diverses. Il a été confronté à la misère algérienne et à l'oppression coloniale. Il n'est pas né en Algérie mais y a débarqué après le début de la seconde guerre mondiale après l'interruption de ses études de lettres à la Sorbonne. Aux côtés d'Ahmed Khellef, Hachi Djillali, Ahmed Akkache, Hamou Kraba, Malki Tayeb, et de jeunes "européens" comme William Sportisse, Henri Maillot, René Navarro, Alfred Strich, Georges Torrès, il a fait de l'Union de la jeunesse démocratique algérienne l'organisation de jeunesse de masse la plus ouverte et représentative qui soit à l'époque, et il est devenu membre du comité central du PCA il y a plusieurs années.

Au début des années 50, "Alger républicain" joue un rôle majeur pour l'éducation politique de millions d'Algériens. Zohra Drif, militante des groupes armées du FLN à Alger en 1956, figure de la bataille d'Alger, raconte dans ses "Mémoires d'une combattante de l'ALN - Zone autonome d'Alger" combien le quotidien "Alger Républicain", délivré sous le manteau par sa condisciple de lycée communiste Mimi Bensmaïnn, a contribué à sa formation politique, elle qui venait d'un milieu musulman très bourgeois (c'était la fille du Cadi rouge de Vialar), et a nourri sa culture des exactions et injustices de la domination coloniale. 

Yahia Briki, futur figure communiste de la lutte de l'indépendance à Alger lui aussi, ami avec le finistérien André Castel, compagnon de l'indépendance algérienne, originaire d'Akbou, dans la vallée de la Soumman en Kabylie, figure aussi parmi les rédacteurs d'"Alger Républicain", de l'équipe des rédacteurs de nuit, avec Elissa Rhaïs, Nicolas Zannettacci, ex-conseiller général et maire communiste d'Oran. Henri Maillot, futur héros et martyr de l'indépendance algérienne, militant du Parti communiste algérien ayant déserté de l'armée et volé un camion plein d'armes pour les remettre au maquis aux indépendantistes algériens, qui fut exécuté par l'armée française, travaille à l'administration d'"Alger républicain", le seul journal qui pratique la fraternité entre arabes/kabyles et français d'Algérie et qui soutient l'Algérie "qui travaille et qui lutte", apparaissant comme "le porte-parole et le lieu de rencontre privilégié de toutes les forces engagées dans la lutte contre le régime colonial". N'oublions pas qu'en juin 1951, encore, aux élections législatives, le Parti communiste algérien recueille 21% dans le premier collège, celui des européens. 

Au début des années 50, "Alger Républicain" est un lieu de discussion pour toutes les familles algériennes qui défendent un objectif de libération nationale et de sortie du colonialisme, y compris les nationalistes, les messalistes du MTLD notamment.

La réaction du journal "Alger républicain" après la "Toussaint rouge", dans l'éditorial du 2 novembre, détonne dans le paysage de la presse algérienne: 

"Plusieurs attentats se sont produits en Algérie dans la nuit de dimanche à lundi. Et pourtant, il y a seulement quelques semaines, des personnalités officielles - et tout dernièrement, même un ministre - prétendaient faire partager leur sérénité de façade à propos du "calme" qui régnait ici. A la vérité, elles ne faisaient que répéter ce qui avait été fait quelques mois auparavant pour le Maroc, quelques années plus tôt pour la Tunisie. Et puis, il y a eu les groupes de Tunisiens armées. Et puis il y a eu les attentats du Maroc. Et aujourd'hui, il y a les attentats de l'Algérie. 

"Mais que, cette fois, les intéressés ne jouent pas la surprise. Car ils auront été prévenus. Prévenus par les évènements de Tunisie. Prévenus par les évènements du Maroc. Et prévenus par l'opinion algérienne. Car, ici, comme dans le reste de l'Afrique du nord, compte tenu des particularités propres à chaque pays, il y a un problème: problème vital pour l'immense majorité des gens de ce pays, problème de la suppression de l'état de fait colonial, pour l'appeler par son nom

"Pendant de trop longues années, les hommes au pouvoir ont cru qu'il suffisait de le nier pour qu'il ne se pose pas. Puis, comme il se posait quand même, ils ont cru que la violence réglerait les choses. Mais rien n'y a fait: ni la politique de l'autruche, ni celle de la mitrailleuse? 

"Et aujourd'hui, rien de semblable ne réglera le problème. Ni des renforts de parachutistes et de police annoncés dans les communiqués officiels ni les arrestations arbitraires de militants progressistes comme à Batna, Khenchela, Biskra.

"Mais alors où est la solution?

"Elle est dans la reconnaissance de l'existence du problème algérien. Elle est dans la recherche d'une solution démocratique à ce problème. Elle est dans la fin des méthodes de coercition et de répression...".

Alger Républicain dénonce les jours suivants la dissolution du MTLD de Messali Hadj, la terreur des ratissages exercés dans les Aurès et le Constantinois par les compagnies républicaines de sécurité et les parachutistes coloniaux rapatriés d'Indochine. Mendès France et Mitterrand appellent à la fermeté contre tous les séditieux.    

Le 24 novembre, Henri Alleg est inculpé pour un article. En décembre Boualem Khalfa est condamné à 18 mois de prison et 250 000 francs d'amende, ainsi que 10 ans d'interdiction de droits civiques. Le harcèlement sera continu fin 1954 et toute l'année 55 sur "Alger Républicain" comme sur les autres journaux communistes algériens et leurs journalistes et militants jusqu'à ce que le 12 septembre 1955, le gouvernement français décrète l'interdiction du Parti communiste algérien et de ses "filiales". "Alger Républicain", bien qu'il n'est pas l'organe centrale du PCA, ne peut plus paraître. Beaucoup de ses journalistes militants vont alors rentrer dans l'action clandestine anticoloniale, jusqu'aux camps de concentration et aux prisons, aux chambres de torture et jusqu'à la mort parfois.

"Alger Républicain" ne connaîtra un nouveau départ qu'après 7 ans de guerre d'Algérie, à l'Indépendance, en 1962. A l'heure de l'indépendance, Henri Alleg, torturé par l'armée française, qui a exécuté son ami le mathématicien Maurice Audin, Henri Alleg l'inoubliable auteur de "La Question", est évadé de la prison de Rennes, où sera également enfermée Djamila Boupacha, défendue par l'avocate Gisèle Halimi, et réfugié à Prague. Boualem Khalfa est évadé, et clandestin en France. Abdelhamid Benzine a été fait prisonnier au maquis comme Jacques Salort. Le numéro 1 du nouvel "Alger républicain" est daté des mardis 17 et mercredi 18 juillet 1968. "Alger Républicain" a troqué son en-tête bleu d'autrefois pour la couleur nationale de l'Algérie indépendante: le vert. Le nouvel "Alger républicain" de l'Algérie nouvelle, toujours dirigé par Alleg et Benzine (Khalfa n'est pas encore rentré de France) tire à 80 000 exemplaires, un nombre d'exemplaires inégalé pour le journal progressiste, avant d'être de nouveau interdit au moment du coup d'Etat de Boumediene en 1965.

Compte rendu de lecture par Ismaël Dupont

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31 janvier 2025 5 31 /01 /janvier /2025 07:32
Thomas Deltombe - L'Afrique d'abord, Quand François Mitterrand voulait sauver l'Empire français - La Découverte, 2024, 22€

Thomas Deltombe - L'Afrique d'abord, Quand François Mitterrand voulait sauver l'Empire français - La Découverte, 2024, 22€

"L'Algérie, c'est la France. Et qui d'entre vous, Mesdames, Messieurs, hésiteraient à employer tous les moyens pour préserver la France" - François Mitterrand à l'Assemblée Nationale, 12 novembre 1954.

Ministre de l'intérieur, Mitterrand organise la répression dans les Aurès, épicentre de l'insurrection, en novembre 1954. Dès novembre 1954, la torture s'exerce à plein en Algérie contre les suspects qui sont raflés, et les exactions se multiplient en Kabylie.

Après l'insurrection lancée par le FLN dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, une soixantaine d'attentats faisant 8 morts, François Mitterrand va se faire le chantre d'une politique de répression implacable en Algérie contre les séparatistes. Le 6 novembre, le MTLD de Messali Hadj est dissous, ses militants arrêtés en masse. "Même les moins radicaux, à l'exemple d'Abderrahmane Kiouame, adjoint au maire d'Alger, et pourfendeur du "néo-colonialisme" mitterrandien, sont jetés en prison. Des centaines de "suspects" se retrouvent ainsi embastillés, sans, pour la plupart, avoir aucun lien avec les actions de la Toussaint rouge organisée par une faction dissidente du mouvement nationaliste. Ce qui ne fera qu'alimenter le vivier du FLN". 

Après la chute du gouvernement Mendès France, Mitterrand soutient la politique d'"intégration" de Jacques Soustelle en Algérie, contre toute idée d'autonomie ou d'indépendance de l'Algérie. En 1956, François Mitterrand redevient ministre pendant la guerre d'Algérie, de la Justice cette fois-ci, dans le gouvernement de Guy Mollet. Mitterrand se montre un partisan des "pouvoirs spéciaux" pour l'armée. Il signe les décrets les plus attentatoires aux droits fondamentaux. Les condamnations à mort de militants FLN recoivent leur décret d'application et c'est suite à l'exécution de Abdelkader Ben Moussa et de Ahmed Zabana avec la bénédiction de Mitterrand à la prison Barberousse d'Alger le 19 juin 1956, puis à l'attentat commis par les "ultras" de l'Algérie française rue de Thèbes et à l'incendie de la Casbah que la direction du FLN à Alger décide de répliquer en ciblant les colons civils (attentats du Milk Bar, à l'angle de la rue d'Isly et de la place Bugeaud et de la cafétéria en face de l'université d'Alger, exécutés par Zohra Drif et Samia Lakhdari, deux filles de notables algériens, descendantes de grandes familles). Sur 45 dossiers d'exécutés lors de son passage au ministère de la justice, Mitterrand ne donnera que huit avis favorables à la grâce. Dans 80% des cas, il choisit la mort pour les militants indépendantistes algériens avant la décision finale du président René Coty. C'est le cas notamment pour Fernand Iveton, communiste algérien, dont la bombe placée dans son usine à gaz n'a pas explosé et n'était pas destiné à faire de victimes. Condamné à mort par un tribunal militaire le 24 novembre 1956, il est guillotiné à la prison de Barberousse le 11 février 1957. Là aussi, Mitterrand a voté la mort. De même qu'il prête publiquement appui à Robert Lacoste pour justifier la torture contre les militants algériens. 

Solidaire de l'agression de l’Égypte et de l'intervention militaire de Suez en octobre 1956, Mitterrand ne trouve rien à dire aux pouvoirs de police exorbitants donnés à Massu et ses paras pendant "la bataille d'Alger". 

En mars 1958, Mitterrand écrit que "l'abandon de l'Algérie serait un crime".

Bien plus tard, après 1995, beaucoup ont été effarés par la responsabilité du président Mitterrand, dans le soutien au régime génocidaire rwandais, au nom d'une vision de la défense des intérêts français en Afrique qui transforme la vie des peuples en simple pions dans un jeu impérialiste.

Ce livre de Thomas Deltombe éclaire la préhistoire oubliée de cet animal politique, non pas celle de Vichy et de son passé d'extrême-droite, comme l'avait fait Pierre Péan, encore que Thomas Deltombe revient aussi sur cette histoire et sur les liens qu'a gardé tout au long de sa vie François Mitterrand avec des hauts fonctionnaires, Bousquet et ses proches (Jean-Paul Martin, Jacques Saulnier, Yves Cazaux), impliqués dans les rafles et la déportation des Juifs de France et la répression de la Résistance, mais sur celle de François Mitterrand l'ambitieux député et ministre de la IVe République, engagé dans un parti centriste et anticommuniste pivot pour constituer des majorités à l'Assemblée et des gouvernements en période de guerre froide, avec souvent la droite et les socialistes, pour qui l'Afrique va vite devenir un ressort d'ascension politique, et un domaine d'expertise qui lui donnera une stature d'homme d’État, avec une ligne directrice: celle de la grandeur impériale de la France et du maintien du lien "paternaliste" de tutelle de la France sur les peuples d'Afrique du Nord et de l'Ouest.

"Mitterrand l'Africain", s'il y a une dimension de socle idéologique chez Mitterrand, dont par ailleurs les idées professées épousent les intérêts de circonstances, en bon opportuniste soucieux essentiellement d'arrivisme, c'est celui d'un certain nationalisme rêvant la gloire de la France et passant par la défense du colonialisme ou du néo-colonialisme au nom des intérêts de la France et de son rôle civilisateur. 

Thomas Deltombe éclaire dans cet essai très documenté, à l'écriture alerte et plaisante, sa défense farouche, dans les années 1950, de la présence française en Afrique.

François Mitterrand fait son entrée dans la vie politique française en 1946, élu député de la Nièvre par un électorat conservateur et sur un programme anticommuniste: il devient le benjamin de l'Assemblée Nationale. Il se rapproche de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), parti centriste anticommuniste qui sert d'appoint stratégique dans les coalitions précaires de la IVe République. 

"A seulement 30 ans, François Mitterrand intègre le premier gouvernement de la IVe République, formé par Paul Ramadier, comme ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre. (...) Il conservera son maroquin dans le cabinet de Robert Schuman, avant d'être nommé secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil dans les trois gouvernements suivants, au sein desquels il est chargé du porte-parolat gouvernemental et de la tutelle des organes d'information".

On est à l'époque du début de la guerre froide, de la guerre d'Indochine, et de la répression sanglante de la révolte de Madagascar, qui fera des dizaines de milliers de victimes. "François Mitterrand, porte-parole du gouvernement, se montre particulièrement véhément à l'égard du PCF et de la CGT, ce qui lui attire des critiques acides dans la presse communiste. "Ce sous-ministre aux airs de jeune premier fut l'un des premiers vichystes de France, ce qui lui valut de figurer sur la liste des dignitaires de la francisque (...). M. Mitterrand n'est pas un parjure, fidèle à son serment, il est toujours dans la tradition vichyste", lit-on par exemple dans "L'Humanité-Dimanche" le 14 novembre 1948" (L'Afrique d'abord! Quand François Mitterrand voulait sauver l'Empire français - Thomas Deltombe, p.50). 

En 1947, Mitterrand défend en Algérie le maintien des deux collèges électoraux dans le cadre de la départementalisation, synonyme de marginalisation politique des Algériens "musulmans": "un premier collège représente cet élément européen auquel s'ajoute une infime minorité de musulmans qui ont obtenu leur droit de vote, en mars 1944, en raison de leur "mérite" (fonctionnaires, titulaires de certains diplômes, d'une médaille militaire, etc). Un second collège, disposant du même nombre de sièges, est censé représenter une population huit fois plus nombreuse: la masse des musulmans jugés indignes de mélanger leurs votes aux précédents".

"Lors de son séjour en Algérie, en septembre 1947, le jeune ministre des Anciens combattants est logiquement accueilli avec les honneurs par les autorités officielles dans toutes les localités où il se rend: Alger, Tizi Ouzou, Constantine, etc. Mais cet enthousiasme n'est pas partagé par tout le monde. Le lendemain de son arrivée à l'aérodrome de Maison-Blanche à Alger, le journal d'obédience communiste "Alger-Républicain" publie la tribune acerbe d'un instituteur européen à la retraite, "ancien combattant" et "victime des lois de Vichy". Évoquant le statut de l'Algérie, il s'adresse directement aux anciens combattants algériens: "M. Mitterand (sic) était d'accord avec le projet gouvernemental qui vous éliminait des listes du premier collège, pour satisfaire aux exigences colonialistes imposant "pureté" des deux collèges électoraux algériens". Quant à "l'égalité des pensions proportionnelles et d'ancienneté, le ministre ne s'en préoccupe point, poursuit-il. Et l'on voit ainsi dans de nombreuses villes d'Algérie, le spectacle lamentable et poignant d'anciens combattants réduits à la mendicité".  (P.52-53)

François Mitterrand donne aussi un cycle de conférences en Afrique de l'Ouest en janvier-février 1950 à l'invitation de l'Alliance Française. Son journal de voyage montre son intérêt extrême pour la chasse de la grande faune sauvage africaine (chasseurs d'éléphants, d'hippopotames, chasseur de baleines dans le golfe du Gabon). Mais "l'aspect le plus frappant de ce journal est la quasi-absence des Africains. Alors que les femmes blanches sont décrites avec une violente minutie, les "noirs" apparaissent essentiellement comme un décor, au même titre que les arbres ou les animaux, comme une masse anonyme et informe". Dans sa tournée africaine, Mitterrand se désintéresse totalement de la répression par l'armée et l'administration coloniale du RDA en Côte d'Ivoire, le Rassemblement démocratique africain, mouvement panafricain autonomiste auquel se relient sept parlementaires africains de l'Assemblée nationale dont Houphouët- Boigny, alors associés au groupe parlementaire du Parti communiste, le PCF étant le seul parti à avoir soutenu le congrès de Bamako du RDA et à y avoir envoyé une délégation, les deux formations prônant "la sortie du colonialisme par l'accession à l'égalité des droits plutôt par l'octroi de l'indépendance".   

Thomas Deltombe rappelle qu'à la même époque, René Vautier, le cinéaste finistérien communiste, 22 ans, ancien résistant, missionné par la Ligue de l'enseignement, arrivé à l'été 49 en Afrique et resté 6 mois en AOF, en compagnie d'un autre cinéaste, Raymond Vogel, montre "une réalité que Mitterrand ne veut pas voir". C'est "Afrique 50", "le premier film anticolonialiste français". "Les deux cinéastes capturent les images de la répression en Côte d'Ivoire. "Nous avons vu, constaté et même filmé des atrocités dignes des plus hauts sommets de l'hitlérisme, dont peu de gens se doutent parce que l'administration cherche à les étouffer et sciemment, nous avons des preuves formelles", écrit Vogel dans un courrier rédigé d'Abidjan en décembre 1949. (...) Sur place, les deux cinéastes sont rapidement traqués par les autorités".

Entre 1950 et 1951, Vincent Auriol va débaucher Houphouët-Boigny, et à le séparer notamment de Gabriel d'Arboussier, de manière à ce que le RDA abandonne son alliance parlementaire avec le PCF, et sa ligne anticolonialiste, pour rejoindre l'UDSR, et une ligne d'affirmation néo-coloniale, de l'avenir de l'Afrique sous l'égide "bienveillante" du patron français.  Grand capitaliste et planteur lui-même, Houphouët-Boigny "a négocié le ralliement politique du RDA, dont il est le président, en échange d'un soutien économique aux planteurs africains de Côte d'Ivoire, dont il est le principal représentant".

Après le désapparentement de Houphouët et du RDA du PCF, Mitterrand deviendra un grand ami d'Houphouët-Boigny, qui sera un soutien indéfectible de la politique colonialiste française, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, et en Afrique de l'ouest. "Ce qui scelle l'Alliance entre les deux hommes, c'est finalement leur combat contre leurs ennemis communs: les communistes et les nationalistes africains". Dans les années 50, Mitterrand deviendra une sorte de référent et de parrain des élus africains alignés sur les positions colonialistes du gouvernement, dans une version libérale et réformatrice visant à perfectionner le système colonial, à développer l'outre-Mer, quitte à remettre en cause certains privilèges des colons et l'étroitesse de leur racisme ségrégationniste. Il s'agit bien de "moderniser le colonialisme": "Alger, Dakar et Brazaville séparés de Paris, c'est un attentat contre la France" écrit Mitterrand dans Le Monde en octobre 1953, citation que Thomas Deltombe reprend en exergue de sa troisième partie. 

" La France du XXIe siècle sera africaine ou ne sera pas ", écrivait-il en 1952.
Trois décennies avant de devenir chef de l'État, François Mitterrand fut une brillante étoile de la IVe République

Ministre de la France d'outre-mer en 1950-1951, de l'Intérieur en 1954-1955, de la Justice en 1956-1957, le jeune politicien se passionna pour le continent africain. Avec toujours un préjugé de supériorité bien consubstantiel au colonialisme français et au racisme de ses élites politiques, économiques et administratives. 

Cherchant à moderniser les relations coloniales et à solidifier ainsi l'édifice impérial, l'ambitieux ministre plaça les questions subsaharienne, tunisienne et algérienne au cœur de ses stratégies politiques.
Loin d'avoir milité pour la " décolonisation ", comme il l'a prétendu par la suite, et loin d'avoir défendu l'" indépendance " des colonies, comme ses biographes et ses admirateurs l'ont longtemps cru, François Mitterrand fut au contraire l'un des précurseurs du néocolonialisme français.
S'appuyant sur des archives inédites, et un travail aussi sur la presse militante de la Nièvre, Thomas Deltombe raconte les brûlantes années africaines du futur président de la République et montre comment ce dernier a misé sur la sauvegarde de l'Empire français dans l'espoir de se hisser au sommet du pouvoir.

Voilà une histoire qui éclaire d'un nouveau jour la genèse de la Françafrique, ce néo-colonialisme français lié à une indépendance des anciens colonisés africains en trompe l’œil que Mitterrand a théorisé avec Houphouët-Boigny notamment, tout autant que De Gaulle, son ennemi intime, qui ira plus loin que lui dans l'audace en coupant plus tôt et plus lucidement que Mitterrand le lien avec le rêve de la préservation de l'empire colonial, sans évidemment renoncer aux moyens de la puissance, , par le contrôle économique, militaire et diplomatique des anciens peuples colonisés, au moins en Afrique de l'Ouest.

Ismaël Dupont, 31 janvier 2025

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