1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:
43/ Louis Le Roux (1929-1997)
Notice biographique d'Alain Prigent dans le Maitron ( https://maitron.fr/spip.php?article139881, notice LE ROUX Louis, François par Alain Prigent, version mise en ligne le 9 mars 2012, dernière modification le 25 avril 2013. )
Né le 12 août 1929 à Cherbourg (Manche), mort le 11 février 1997 à Brest (Finistère) ; docker, soudeur puis journaliste ; secrétaire de la fédération du PCF du Finistère (1953-1969) ; premier secrétaire de la fédération du Finistère Nord (1969-1986) ; membre du comité central du PCF (1970-1987) ; conseiller régional de Bretagne (1975-1992) ; adjoint au maire de Brest (1977-1980 puis 1982-1983).
Louis Le Roux était le fils d’un ouvrier breton de l’Arsenal de Cherbourg, originaire de Scaër (Finistère). Après avoir obtenu le CEP à onze ans, il dut arrêter ses études après le décès de son père. Il travailla comme ouvrier agricole puis travailla en 1946 comme docker dans une ville de Cherbourg marquée par les bombardements. Avec son frère Pierre Le Roux, il adhéra aussitôt à la CGT. Après avoir fait son service militaire dans la région d’Oran, il s’installa à Brest, adhérant au PCF en 1950.
Rapidement, Louis Le Roux fut élu secrétaire de la cellule Guérin, Kerigonan, puis intégra le comité de la plus importante section du Finistère. Remarqué par sa fédération, il suivit l’école interfédérale de Saint-Malo en novembre 1953. Correspondant du quotidien progressiste soutenu par les fédérations de l’Ouest, Ouest-Matin, il devint chef d’agence permanent à Brest, continuant dans le même temps à exercer le métier de soudeur chez un sous-traitant de l’Arsenal. En 1952, il fut détenu par la police à l’issue des manifestations de juin contre la venue de Ridgway en France, en pleine guerre de Corée. Fin décembre 1954, il fut retenu pour suivre les cours de l’école centrale de formation de rédacteurs de la presse communiste. Mais étant le seul rédacteur en poste à Brest, il dut renoncer à cette formation. Lorsque le journal eut de grosses difficultés financières en 1956, il occupa un emploi de plombier. Remarqué pour « ses grandes qualités politiques », Louis Le Roux fut proposé au bureau de la fédération du PCF du Finistère en mars 1953, bureau animé par Pierre Le Rose, Daniel Trellu, François Échardour, et Jacqueline Le Louet. Il fut élu en 1954 au secrétariat fédéral en même temps que Paul Le Gall. Dans un rapport à la SMC (section de montée des cadres), de mars 1955, Paul Fabri* précisait que Louis Le Roux « était enfoncé jusqu’au cou dans la rédaction de la page de Brest d’Ouest Matin, travaillant seul ». Guy Ducoloné, quelques mois plus tard, en décembre 1955, était résolument plus optimiste indiquant que Louis Le Roux était « apte à assurer la responsabilité de premier secrétaire ». Lors de la XVIIIe conférence fédérale du 13 mai 1956, Pierre Le Rose, voilier de Concarneau, et Albert Yvinec*, ouvrier à l’arsenal de Brest, furent écartés. La mise en place d’un secrétariat jeune (les quatre membres avaient une moyenne d’âge de 30,5 ans) traduisait, selon Christian Bougeard, une volonté d’évolution politique et d’ouverture du PCF après les années 1950 faites de sectarisme, de stalinisation et d’isolement. Les dirigeants issus de la Résistance (Daniel Trellu, Alain Signor, Gabriel Paul*) étaient écartés de la direction mais restaient au bureau ou au comité fédéral pour tenter, entre autres, de relancer un parti qui avait perdu bon nombre de militants dans les luttes et les épurations internes – Les effectifs de la fédération passant de 10 500 en 1947 à 2 300 en 1954.
Chronique des sections du PCF en Finistère 1955-1957: les carnets de Pierre Le Rose, dirigeant départemental du PCF
Responsable à l’organisation de la fédération (1956-1959), Louis Le Roux prit ensuite en charge le travail en direction des paysans (1961-1965) participant à l’émergence du MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux) dans le Finistère. En 1966, afin de mieux seconder Paul Le Gall, premier secrétaire mais habitant dans le Finistère Sud, il fut reversé au « secteur organisation », un poste correspondant mieux à son profil militant. Il suivit les cours de l’école centrale de formation des cadres communistes, d’une durée de quatre mois (mars-juillet 1961). Le 25 janvier 1970, lors de la conférence fédérale tenue à Audierne, la partition des structures départementales (Nord à Brest et Sud à Quimper) fut décidée. Louis Le Roux fut alors élu premier secrétaire de la fédération du PCF du Nord Finistère, Paul Le Gall dirigeant celle du Sud. Les deux fédérations ne virent leurs effectifs progresser que dans la dernière phase de la période unitaire du programme commun (2900 en 1973 ; 4600 en 1977).
À partir de 1965, et pendant plus de deux décennies Louis Le Roux représenta le PCF dans les diverses élections. Il figurait en 1965 sur la liste d’union de la gauche conduite par Gabriel Paul*, ancien député. En 1971, les négociations ayant échoué à gauche, il conduisit, face au centriste Lombard qui l’emporta dès le premier tour, une liste qui devança celle de Francis Le Blé. Candidat du PCF aux élections législatives de juin 1968 dans la circonscription de Brest-1, arrivé en tête au premier tour, il représenta la gauche au second tour.
1967-1968: le Parti Communiste dans les luttes du Finistère (archives Pierre Le Rose)
Il fut également candidat en 1973, obtenant 11 899 voix, soit 16,1 % des suffrages exprimés au premier tour. En mars 1978, il obtint 11 864 voix au premier tour. Il fut à quatre reprises candidat aux cantonales dans le canton de Brest 2 (Recouvrance). En mars 1979, il obtint soit 16,6 % des suffrages exprimés. Lors des scrutins suivants son score fléchit très nettement suivant ainsi les tendances nationales (10 % en 1985 ; 6,7 % en 1992). C’est en fait après cet échec qu’il se retira de la vie publique en 1992.
Tirant les leçons de l’échec de 1971, dans un contexte de recomposition des rapports de forces, la gauche qui fit l’union derrière Francis Le Blé*, socialiste, l’emporta. Le Roux fut élu adjoint à l’action économique et à l’emploi (1977-1980). Dans un climat social très agité (grèves des ouvrières d’Ericsson et de Transocéan) et de tensions politiques autour du dossier de projet de centrale nucléraire à Plogoff, une crise municipale éclata en mars 1980. Le groupe communiste refusant de voter le budget, le maire sanctionna L. Le Roux et les cinq autres adjoints communistes (Sylvie Le Roux*, Yvon Pichavant*, Jean Perrot*, Yvonne Lagadec et Louis Aminot*). Après le décès de F. Le Blé en 1982, l’union se reconstitua. L. Le Roux devint le deuxième adjoint du nouveau maire PS, Pierre Maille*, chargé des affaires économiques. Pendant cette mandature (1977-1983), il fut également vice-président de la CUB (communauté urbaine de Brest). Il siégea dans l’opposition après la défaite de la liste de l’union de la gauche en 1983. En 1989, il ne se représenta pas aux élections municipales pour raisons de santé. Il fut désigné par le PCF comme conseiller régional en 1975, siégeant à ce titre jusqu’à l’organisation des premières élections régionales au suffrage universel. En 1986, il fut élu sur la liste communiste et siégea pendant un mandat à l’assemblée régionale.
Élu comme suppléant au comité central à l’issue du XIXe congrès en février 1970, il intégra les instances dirigeantes nationales de 1972 à 1987. Il intervint fréquemment lors des sessions du comité central, se faisant en général le porte-parole des autres fédérations bretonnes. Le 31 mars 1977, analysant les progrès de la gauche en Bretagne, il fut interpellé directement sur le cas de Saint-Brieuc par Georges Marchais qui lui reprocha des erreurs de tactique électorale bien que le dossier fut traité directement par le centre, en particulier par Georges Chirio. Il ne fut pas réélu en décembre 1987 au 26e congrès. Avec les autres secrétaires fédéraux bretons Marcel Alory, Armand Guillemot , Serge Huber et Paul Le Gall, il impulsa, au début des années 1970, une structure de concertation régionale (le CRAC). Il préfaça en 1979 une brochure éditée par la revue Économie Politique, Bretagne en péril, fruit des recherches d’un groupe de travail mis en place au niveau régional. Il devint le 19 février 1980 l’animateur du comité régional du PCF qui se mit en place à l’issue de sa première réunion à Lorient.
Les communistes du Finistère connurent au début des années 80 une crise politique majeure qui couvait depuis les changements de positionnement sur le dossier de Plogoff en particulier. Louis Le Roux se heurta à Paul Le Gall qui exprima des désaccords de fond lors de la session du comité central de novembre 1981, en particulier pour critiquer la position du parti au sujet de l’intervention soviétique en Afghanistan et l’appréciation de Georges Marchais sur le « bilan globalement positif » des pays socialistes. La fédération du Finistère Nord qu’il dirigeait fut alors secouée par des affrontements internes qui débouchèrent sur les départs successifs de Louis Aminot* et Yvonne Lagadec. La fédération du Sud connut la même évolution avec les dissidences de Jean-Pierre Jeudy et de Paul Le Gall. En 1986, pour tenter de surmonter les difficultés Piero Rainero* fut chargé de mettre en place une fédération réunifiée, décision finalisée après les conférences tenues à Morlaix et Quimper. Le Finistère fut le seul des quatre départements bretons à connaître de telles difficultés internes. Affecté par cette séquence de divisions, marqué par des ennuis de santé récurrents, Louis Le Roux se retirera progressivement de la vie politique. Renonçant à se représenter aux municipales de 1989, il annonça en 1990 qu’il ne solliciterait pas un nouveau mandat régional en 1992.
Louis Le Roux se maria en 1956 avec Jeannette, une ilienne originaire de Molène. Le couple qui eut trois enfants (Alain, Marie-Pierre et Françoise) vivait dans le quartier de Recouvrance. Retraité, Louis Le Roux présida l’amicale des plaisanciers du troisième bassin à Brest.
La municipalité de Brest a donné son nom à un jardin public du quartier de Recouvrance afin d’honorer sa mémoire.
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