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20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 05:53

 

 

Le capitalisme, c’est la guerre

Des guerres asymétriques de 1990 à 2020, à celles de haute intensité demain
de Nils Andersson

à l’heure où la Russie poursuit son invasion de l’Ukraine, dans ces quelques jours qui ont déjà coûté la vie à plusieurs milliers de militaires et à environ cinq cents civils, et ont vu plus de deux millions de réfugiés fuir dans les pays limitrophes, chacun se demande, avec un peu d’hébétude, comment nous avons pu en arriver là, tout en se rappelant, parfois avec une certaine gêne, que nous sommes moins émus vis-à-vis d’autres conflits qui se déroulent pourtant au même moment, dans la Corne de l’Afrique ou en Somalie, moins préoccupés par ceux que nous avons menés et qui se sont enlisés, comme en Libye ou au Sahel, moins accueillants, aussi, envers les réfugiés syriens ou afghans.
La lecture de l’ouvrage de Nils Andersson, paru l’année dernière, permet de replacer cet événement dans un contexte plus large, qui commence à la fin de la guerre froide et de l’opposition des deux blocs formés par les États-Unis et l’URSS, et propose un passage en revue dense, informé, précis, des diverses guerres qu’a connues le monde au cours de ces trente dernières années, en ce temps d’hégémonie du capitalisme.

Capitalisme et paix sont incompatibles

Alors que ce dernier se prétend porteur d’un monde de paix, qui serait rendu possible par l’avènement d’une économie de marché mondialisée, le constat est sans appel : non seulement la guerre n’a jamais cessé – depuis 1990, on décompte entre trente-cinq et cinquante conflits armés actifs chaque année – mais en plus le risque d’un retour aux guerres de haute intensité, menées avec des moyens de destruction et de tuerie démultipliés par les progrès technologiques tels que la robotisation, les réseaux ou l’intelligence artificielle, s’étendant à des champs de bataille autrefois préservés, le cyber espace et le domaine exo-atmosphérique, ou encore le corps humain (avec les « soldats augmentés », à l’aide des biotechnologies). Un chiffre est emblématique de cette situation inquiétante qui nous projette, presque directement, dans le pire des quatre futurs envisagés aux États-Unis, en 1997, dans un rapport du National Defense Panel : « Une détérioration de la conjoncture économique dans le monde, conjuguée à l’effondrement des institutions internationales. Des États-nations affaiblis, des organisations non étatiques et des coalitions se disputant des ressources qui se raréfient. Les alliances sont fluides, imprévisibles et opportunistes. » En 2018, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1 774 milliards de dollars. On s’arme et se surarme sur tous les continents : outre l’inquiétude que cela devrait très largement susciter – qui a tout de même conduit à un appel de vingt-cinq États de l’ONU à interdire les « armes entièrement autonomes », appel qui s’est notamment heurté à l’opposition de la Russie –, il faut pointer du doigt la responsabilité des États marchands d’armes dans ce cycle fou de militarisation du monde.

« Un passage en revue dense, informé, précis, des diverses guerres qu’a connues le monde au cours de ces trente dernières années, en ce temps d’hégémonie du capitalisme. »

D’autres facteurs que la vente d’armes relèvent de la nature même du capitalisme : le nécessaire contrôle de l’accès aux ressources naturelles – ainsi, les principales réserves de pétrole et de gaz naturel (en dehors de la Sibérie) se trouvent au Proche-Orient ; la préservation de zones d’influence et la prévention de l’émergence d’un éventuel futur concurrent, par exemple par le biais de la reproduction de l’ancien ordre colonialiste, avec l’établissement de protectorats.

L’utilisation de « concepts de paix » pour justifier la guerre !

Si la paix est présente dans les discours des principaux acteurs de la communauté internationale ces dernières décennies, qui émaillent les pages du livre, c’est surtout sous la forme de concepts permettant de justifier des guerres : celui de « droit d’ingérence humanitaire », notamment, utilisé lors de la guerre du Golfe en 1990-1991, puis en ex-Yougoslavie, qui a plus répondu à des objectifs géopolitiques impérialistes qu’aux besoins humanitaires invoqués, et n’a à aucun moment pu empêcher les massacres annoncés qu’il était censé prévenir ; celui de « guerre préventive », pour justifier l’invasion de l’Irak ; celui, enfin, qui remplace le « droit d’ingérence humanitaire », la « responsabilité de protéger », qui fut au cœur de la guerre en Libye, avec le succès qu’on connaît trop bien : 30 000 à 50 000 morts, nombre qui continue à augmenter ; une explosion de tous les trafics, de drogue, d’armes et d’esclaves, qui en font la base arrière et le dépôt d’armes des mouvements salafistes de Syrie et d’Afrique de l’Ouest ; une guerre civile où s’affrontent des clans armés ; une ingérence continue de la France, qui a apporté son soutien militaire au clan du général Haftar, comme de la Russie et de la Turquie.

Pour un droit d’ingérence des peuples

Nils Andersson ne prône pas de rester inactif face à des États qui perpétreraient des crimes de guerre ou prendraient l’initiative d’attaques contre d’autres nations ou peuples. Il propose un droit d’ingérence à opposer au droit d’ingérence humanitaire, celui des peuples, contre « les pouvoirs politiques, économiques, financiers, militaires qui imposent leur domination », et prône, contre l’imposition de la guerre comme seule voie de négociation, une démarche pour résoudre les situations de crises combinant forces nécessaires pour assurer la sécurité et une action de prévention à l’écoute des populations, s’appuyant sur une connaissance de l’histoire longue et des mémoires des populations – avec l’exemple des Albanais et des Serbes du Kosovo à l’antagonisme séculaire, exacerbé par l’accumulation des discours de haine, des crimes commis et de ceux qui étaient inscrits dans les mémoires, ou encore du Rwanda, où l’ethnoracialisation des Tutsis et des Hutus avait été de longue date construit par les colonialismes allemand puis belge.
Il souligne également combien est lourd le poids, chez les populations civiles, du ressentiment et de la haine, face à des embargos qui, comme au Koweït, causèrent 500 000 à 1 500 000 victimes, dont la majorité était des enfants ; devant des condamnations des atteintes aux droits humains à géométrie variable, quand la cour de justice internationale, ou le droit d’ingérence humanitaire visent certaines puissances régionales mais couvrent les crimes commis par les principales puissances (comme ceux des États-Unis en Irak, des tortures d’Abu Ghraib au pilonage de Falloujah avec des bombes à fragmentation ou à phosphore blanc, un an après la fin de l’invasion de l’Irak, 654 965 décès après-guerre en juin 2006). Lourd aussi le poids des mensonges et des opérations de désinformation, utilisés pour conditionner les opinions publiques (du faux témoignage de la fille de l’ambassadeur du Koweït parlant sous la dictée, accusant les soldats irakiens d’atrocités sur des nouveau-nés, pour la guerre du Kosovo, jusqu’aux « armes de destruction massive », dont Tony Blair annonçait la présence dans l’Irak de Saddam Hussein, et dont il ne fut plus question une fois que ce dernier fut renversé). Il montre le discrédit de l’ONU, instrumentalisé, via les gouvernements qui le constituent, ou son conseil de sécurité, dans des opérations dirigées par l’OTAN, devenu, durant ces trente années, le fer de lance du « nouvel ordre » de la mondialisation néolibérale. Enfin, alors que le monde multipolaire né de l’apparition des puissances émergentes, qui déporte l’épicentre en Asie, hors de l’espace atlantico-européen, semble laisser la place à un affrontement entre les États-Unis et la Chine, il met en doute la possibilité d’une stabilisation du monde dans le système néolibéral actuel.

Le fait d’en finir avec la guerre, son coût humain mais aussi écologique, est-il pourtant complètement irréaliste ? Les appels de Jean Jaurès à l’union des prolétariats des pays d’Europe contre la guerre n’empêchèrent pas le déclenchement de la Grande Guerre et ses 10 millions de morts : les slogans qui refleurissent aujourd’hui sur les places, dans les rassemblements, encore trop faiblement – le fort et persistant front antiguerres impérialistes, depuis 1990 jusqu’aux marches d’opposition à la guerre en Irak, s’est, comme le remarque Nils Andersson, « liquéfié » lors de la guerre en Libye derrière Sarkozy. « Non à la guerre ! », « Quelle connerie la guerre ! », qui font écho à des mouvements plus anciens, témoignent de la vivacité et de l’obstination d’une utopie qui, à l’heure où le président de la République annonce vouloir créer une Europe militaire, est une nécessité.

Cause commune • mars/avril 2022

 

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10 juillet 2022 7 10 /07 /juillet /2022 05:46

 

La biodiversité à l'heure du COVID

 

En militant, élu, praticien, Hervé Bramy qui a été le président du Conseil départemental de Seine-SaintDenis montre le lien ténu entre l’apparition de virus dont le Sars-Cov-2 et la destruction de l’environnement. Il pointe l’urgente nécessité de préserver et d’améliorer le biodiversité qui « rend des services déterminant à la vie humaine ». Sa réflexion appelle la recherche d’alternatives sociales et écologiques, dépassant le système capitaliste exploitant l’Homme et la nature. L’auteur appelle à un nouveau choix de civilisation respectueux des exigences de développement de tous les «locataires» de la planète. 172 pages

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Sortir du capitalisme

 

 

Dans ce nouvel ouvrage, Bernard Vasseur démontre, exemples à l’appui, comment le capitalisme mène l’humanité dans le mur et menace la vie sur la planète. L’auteur donne surtout à voir combien le communisme est à l’ordre du jour et peut se construire chaque jour dans l’action. Cliquez sur l'image pour consulter la 4ème de couverture. Format 14x20 - 164 pages

 

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Les derniers jours des 27 de Chateaubriant

 

Les 27 de Châteaubriant nous accompagnent à jamais. C’était il y a 80 ans, un jour de grand beau temps dans la clairière. Ils nous manquent. Sans doute parce qu’ils n’avaient réclamé que le partage, l’amour et la liberté. Et aussi parce qu’ils n’ont jamais cessé de regarder leur bourreaux bien en face. Guy, Claude, Charles, Jean et tous les autres, ne cesseront jamais de nous accompagner. Comme ils nous manquent ! Depuis qu’ils sont tombés, depuis qu’ils ont crié une dernière fois, « vive la France », « Vive 1789 », ils nous tiennent la main sur le chemin de la dignité et du courage. Ils n’ont pas baissé la garde. Ils sont si proche de nous, les vivants d’aujourd’hui. Et nous les regardons. Nous prenons tout ce qu’ils nous ont laissé dans la carrière. Oui nous les regardons avec admiration. Cette beauté de vivre à en mourir. Ce livre est l'histoire de ce grand courage collectif. Le courage de la liberté contre toutes les barbaries. Format 13 x 19 - 88 pages

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La vérité est en marche, rien ne l'arrêtera

 

À l’occasion du 60e anniversaire des Accords d’Évian, ce livre retrace l’engagement de nombreuses personnalités et de l’Humanité dans ce qui a été baptisé « L’appel des douze». Éclairant les raisons pour lesquelles le « travail de vérité » sur la guerre d’Algérie ne s’engage officiellement qu’aujourd’hui, il revient sur des années de combat mené pour faire reconnaitre les exactions commises par l’État français en Algérie, et plus particulièrement le crime perpétré, le 21 juin 1957, contre le jeune mathématicien, militant du parti communiste algérien, Maurice Audin. Pierre Audin, fils de Maurice et Josette Audin, y signe une contribue inédite, qui, avec un point d’histoire de Gilles Manceron, de la Ligue des droits de l’Homme, et une introduction de Charles Silvestre, coordinateur de « l’Appel des douze » pour l’Humanité, font de cet ouvrage un livre indispensable à celles et ceux qui souhaitent enrichir leurs connaissances sur cette période de notre histoire. « La vérité est en marche, rien ne l’arrêtera », 156 pages, format 13x19

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27 mai 2022 5 27 /05 /mai /2022 06:00
Vendredi 27 mai à 19h à la Librairie Les Déferlantes: Rencontre avec l'écrivaine Maryam Madjidi (Pour que je m'aime encore, Marx et la poupée) - Place des Viarmes à Morlaix
Vendredi 27 mai à 19h à la Librairie Les Déferlantes: Rencontre avec l'écrivaine Maryam Madjidi (Pour que je m'aime encore, Marx et la poupée) - Place des Viarmes à Morlaix

VENDREDI 27 MAI 2022 À 19:00

Rencontre Maryam Madjidi

Les Déferlantes-Librairie-Café
Place des Viarmes à Morlaix
 
Rencontre avec Maryam Madjidi autour de son livre "Pour que je m'aime encore" publié en 2021.
L'auteure est née en 1980 à Téhéran et quitte l'Iran à 6 ans pour vivre à Paris puis à Drancy. Elle a vécu à Pékin et à Istanbul. Aujourd'hui elle enseigne le français à des élèves non francophones.
Dans ce roman très autobiographique, elle raconte le quotidien d'une adolescente de cité. Portant en elle sa double culture, elle nous dépeint avec humour et tendresse ce besoin irrépressible de s'intégrer, cette lutte permanente pour être acceptée et son rêve d'accéder à l'ascenseur social.
Vendredi 27 mai à 19h à la Librairie Les Déferlantes: Rencontre avec l'écrivaine Maryam Madjidi (Pour que je m'aime encore, Marx et la poupée) - Place des Viarmes à Morlaix

Récit drôle, tendre et profond d'une adolescence à Drancy, le deuxième roman pour adultes de Maryam Madjidi, est une nouvelle pépite, reprenant le cours d'une jeunesse atypique, que l'on avait laissée à l'école primaire avec  "Marx et la poupée", suite à l'exil d'Iran de Maryam avec ses parents communistes, et ouvrier en France pour son père. 

En courts chapitres enlevés et quasi picaresques, où les mots de l'enfance et les expressions des années 80 rythment un récit marqué par un quotidien d'adolescente complexée tiraillée entre plusieurs influences, récit du quotidien magnifié en aventures burlesques, Maryam Madjidi restitue avec finesse, par petites touches, toute une époque, le milieu immigré, de la banlieue, ainsi que la force polymorphe et mutante ouverte à toutes les contradictions et tous les possibles de l'adolescence, l'âge de l'inachèvement, de l'indécision, l'âge littéraire par excellence selon un auteur comme Gombrowicz.

Cheveux épais, frisés et bouclés, mono-sourcil, moustache, pilosité encombrante, Maryam fait son portrait d'adolescente en demi-monstre faisant de son corps un champ de bataille pour retrouver la féminité "idéale" ou "normale", tant la pression des normes sociales est forte à cet âge...

Elle raconte aussi les vexations et contrariétés subies par une fille, une enfant pauvre, dont les parents étrangers ne maîtrisent pas tous les codes, et qui ne peut ni s'acheter des vêtements de marque ou à la mode, ni partir en vacances, les brutalités d'autres ados, parfois encore plus défavorisés, à côté d'elle, les profs chahutés et ceux, puissants éducateurs, qui font naître des vocations au collège, l'ennui de Drancy, où Maryam vit dans un HLM de la Cité de la Muette, où furent internés pendant des années plusieurs milliers de Juifs en partance pour Auschwitz et les camps de la mort, gardés dans des conditions atroces par des gendarmes français.

Une rescapée de la Shoah viendra un jour troubler une partie de football où Maryam et ses copains shootent dans un ballon de foot contre une cible peinte sur un wagon posé au milieu d'une place entourée d'immeubles HLM. Le retour des fantômes dans cette cité cosmopolite où l'on se connaît bien d'autres problèmes que ceux de la dernière guerre. 

L'auteur a le sens du détail révélateur, des mots crus et vrais, son récit autobiographique, à la manière d'un portrait construit par anecdotes, séquences chronologiques et thématiques (le corps, l'école, la pauvreté, la banlieue, la découverte de l'amour et du sexe, l'ambition sociale et intellectuelle) est émouvant, palpitant, avec une portée universelle, parce qu'il préfère la pirouette comique et ironique au pathos et à l'apitoiement facile.

On pense à Pagnol, à Azouz Begag, à Fouad Laraoui ou bien encore à Riad Sattouf ou Marjane Satrapi pour la conjugaison de la véracité sociologique, de la description vivante du monde de l'enfance, et de l'humour désopilant. A chaque fois, le récit autobiographique saisit une réalité sociale et humaine plus vaste, loin des approches nombrilistes. 

Dans "Pour que je m'aime encore", nous vivons aussi la lutte des classes dans la classe, à l'école, qui malgré ses promesses d'émancipation universelle, reste souvent le haut lieu des ségrégations, et des distinctions sociales et culturelles et des murs invisibles contre lesquels les enfants des classes populaires se cognent le plus souvent. La traversée du périph pour rejoindre l'hypokhâgne au lycée Fénélon, dans le quartier Saint-Michel et le 6e arrondissement de Paris: "Parmi les 55 élites de la France, quatre filles venaient de banlieue parisienne "défavorisée": trois du 93 et une du 94, qui était la seule noire de la classe. Ils appelaient ça "le quota des banlieues""... 

Quelques jours de traversée des mondes de la séparation sociale qui s'avèrent, malgré l'intelligence et l’appétit de savoir de Maryam, une vraie "galère". Car on apprend pas autant dans un collège et un lycée de ZEP que dans les établissements privilégiés des beaux quartiers, car la culture des élites s'enseigne aux berceaux chez les élites, et pas dans les familles d'ouvriers et d'exilés. Ce récit ressuscite avec une sorte de nostalgie sans pesanteur les morts, la civilisation oubliée de l'enfance et de l'adolescence, celle des années 80, c'est un livre de dette, d'hommage, en même temps que d'explication à soi: celle notamment de l'éveil de vocation littéraire.

Pour ma part, j'ai lu ce livre d'une traite, avec un immense plaisir, beaucoup de sourires, et parfois aussi du franc rire, et je le recommande à tous les amateurs de romans...

Maryam Madjidi enseigne le français aux jeunes migrants. Elle nous avait enchantés début avril 2019 quand elle était venu à Morlaix et à Brest présenter son livre "Marx et la poupée", prix Goncourt du Premier Roman, et également dans le cadre de la campagne de Ian Brossat et de la liste du PCF aux élections européennes, sur laquelle était candidate cette grande voyageuse qui a vécu en Iran, où elle est née, en Chine, en Turquie.

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19 mai 2022 4 19 /05 /mai /2022 05:19
Maha Hassan invitée de Tébéo le 18 mai 2022 et à Lannion le vendredi 20 mai à 20h30 à la Médiathèque avec Ismaël Dupont pour présenter Femmes d'Alep
Maha Hassan invitée de Tébéo le 18 mai 2022 et à Lannion le vendredi 20 mai à 20h30 à la Médiathèque avec Ismaël Dupont pour présenter Femmes d'Alep
Maha Hassan à la Librairie L'Aire de Broca à Pont L'Abbé le 14 mai 2022

Maha Hassan à la Librairie L'Aire de Broca à Pont L'Abbé le 14 mai 2022

Maha Hassan était l'invitée d'Hubert Coudurier dans l'émission "L'Invité" sur Tébéo ce mercredi 18 mai à 19h30.
Retrouvez ici l'interview de Maha Hassan, auteure de #femmesdalep dans l'émission "L'invité" sur #Tébéo : https://www.tebeo.bzh/replay/26-linvite
Maha Hassan invitée de Tébéo le 18 mai 2022 et à Lannion le vendredi 20 mai à 20h30 à la Médiathèque avec Ismaël Dupont pour présenter Femmes d'Alep
 
 
#femmesdalep - Lannion. Vendredi 20 mai, 20h30 - Salle de conférence de la Médiathèque. Une conférence-débat sur les « Femmes d’Alep »
Invitée par "L’atelier des Belles Rouges" des Côtes-d’Armor, l’écrivaine et journaliste syrienne Maha Hassan, viendra parler de son roman « Femmes d’Alep » (Skol Vreizh, 480 pages, roman paru fin mars 2022) le vendredi 20 mai à 20h30 à la Salle des Conférences de la Médiathèque, à Lannion.
Écrivaine et journaliste syrienne, Maha Hassan, exilée en France depuis 2004 et vivant aujourd’hui à Morlaix (Finistère), est l’auteure de 13 romans diffusés dans tout le monde arabe.
La voix des femmes d’Alep, sur plusieurs générations
D’Alep à Morlaix...
Femmes d’Alep fait entendre les voix des femmes de la famille de Maha Hassan sur plusieurs générations. Un roman-odyssée qui plonge le lecteur dans la société et la culture syrienne.
L’auteure sera accompagnée d’Ismaël Dupont, qui a adapté ce roman en langue française.
***
Maha Hassan, syrienne réfugiée à Morlaix : « Je me suis exilée pour sauver mes histoires »
Ouest-France, Gaëlle Colin, 22 mars 2022
​Maha Hassan, autrice et journaliste syrienne réfugiée à Morlaix, dans le Finistère, publie son tout premier ouvrage en français. Il a été adapté par Ismaël Dupont, professeur documentaliste. Un récit bouleversant où chaque témoignage réel de femmes explique la mosaïque complexe que constitue la Syrie, jusqu’à son morcellement et sa réconciliation quasi-impossible actuelle. « Femmes d’Alep » sort ce mercredi 23 mars 2022, aux éditions Skol Vreizh. Un livre plus que nécessaire.
L’histoire a commencé derrière la devanture rouge vif du Café de l’Aurore, à Morlaix (Finistère). C’était à l’automne 2017. Maha Hassan, réfugiée syrienne depuis 2004, vit ici et rencontre alors pour la deuxième fois Ismaël Dupont. Le professeur documentaliste, secrétaire départemental du Parti communiste français et pas encore élu premier adjoint à la Ville, connaît la Syrie d’un unique voyage en 2010, « six mois avant la révolution »
À la fin de leur entrevue, leur relation se scelle autour d’une promesse : celle d’écrire ensemble le premier ouvrage en français de l’autrice et journaliste. Elle au récit, lui à l’adaptation en français. Langue qu’elle maîtrise très bien à l’oral, moins à l’écrit. « En arabe, j’ai une forme de censure qui me vient naturellement. En français, je m’en affranchis, décrit Maha Hassan. C’est comme une renaissance. Et puis, j’ai une dette envers ce pays qui m’accueille. Je me suis exilée pour sauver mes histoires. Je redonne à la France un bout. »
Des témoignages réels
Ce « bout » compile des morceaux de vies réels de femmes, remontant jusqu’au début des années 1900. Ils évoquent l’exil, la guerre et ses vies cabossées, le sentiment d’être l’étrangère dans son propre pays. Des témoignages puisés dans sa mémoire ou recueillis via WhatsApp, Facebook ou par téléphone. De quoi brosser un portrait complexe et crédible de la Syrie, de la mosaïque de langues et de cultures qui la composent. Et qui explique en partie la situation actuelle. « Elle n’aura pas pu l’écrire en arabe, nous n’aurions pas eu les témoignages éloquents autour du tabou sur la sexualité, l’identité ou l’islam », abonde Ismaël Dupont.
Les femmes, les plus effacées de l’histoire
La légèreté du quotidien relatée est souvent rattrapée par le tragique de la grande histoire, en passant par des recoins de vie intimes. Tout récit est présenté à la première personne. « Faire parler les femmes, c’était naturel : elles sont les créatrices et elles subissent le plus d’oppression. Et ce sont elles qui sont le plus silencieuses ou effacées de l’histoire », justifie la journaliste.
Le point de départ, c’est Zeinab, l’arrière-grand-mère de Maha Hassan. Une Arménienne ayant fui le génocide et qui est adoptée par une famille musulmane qui part pour la Syrie. Puis celui d’Halima, sa grand-mère paternelle, qui ne parlait que kurde et vivait à Alep. Ou Amina, sa maman, bien qu’ayant épousé son cousin et ouvrier analphabète travaillant dans une usine de textile, parle arabe. Dans un entourage kurde. « Je parle aussi arabe. Les Syriens me prennent pour une Kurde et les Kurdes me prennent pour une Syrienne », dénonce l’autrice.
« Je ne sais pas qui je suis »
La seconde partie de l’ouvrage se concentre ensuite sur la jeunesse de Maha, celle qui boit de l’arak, qui vit une histoire d’amour avec un homme plus âgé, hors mariage et qui suit au loin la répression des Frères Musulmans, la dictature du général al-Assad, premier du nom. Les racines de la violence qui écrase et opprime les femmes sont également esquissées. Jusqu’à arriver aux questionnements profonds et bouleversants de l’autrice elle-même : « Je ne suis ni française, ni syrienne, ni kurde. Je me sens illégale et je ne sais pas qui je suis. »
Treize romans plus tard, elle a écrit en arabe et certains ont été traduits en italien et néerlandais. Mais la question est restée sans réponse.
Mercredi 23 mars 2022, la maison d’édition morlaisienne Skol Vreizh offre ces paroles inédites. Une libération nécessaire. « J’ai écrit ce livre grâce à Morlaix, la sécurité et la tranquillité que j’y ai trouvé. Et grâce à Ismaël aussi. »
Femmes d’Alep, éditions Skol Vreizh, 460 p. 22 €. Tirage à 2000 exemplaires. Possibilité de le commander sur le site www.skolvreizh.com
Maha Hassan invitée de Tébéo le 18 mai 2022 et à Lannion le vendredi 20 mai à 20h30 à la Médiathèque avec Ismaël Dupont pour présenter Femmes d'Alep

Prochaines rencontres déjà prévues autour de Femmes d'Alep de Maha Hassan et Ismaël Dupont:

- Vendredi 20 mai, 20h30, Salle de conférence de la Médiathèque à Lannion

- Samedi 4 juin, 16h, Librairie D'un Livre à l'Autre à Avranches

- Samedi 11 juin, Maha Hassan à Toulouse, invitée du Festival Soeurcières par Osez le féminisme! Rencontre-dédicace

- Samedi 18 juin, 11h-12h30, Librairie "Librairie et curiosités" à Quimper

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6 avril 2022 3 06 /04 /avril /2022 05:01
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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 06:47
Maha Hassan porte la voix des Femmes d'Alep - Le Télégramme, Sophie Guillerm, 31 mars 2022
Nos prochaines rencontres autour de Femmes d'Alep:
 
- samedi 9 avril, Maha Hassan est invitée d'un festival culturel sur les droits des femmes dans le cadre d'une journée sur les femmes migrantes et réfugiées à Port-de-Bouc près de Marseille, Bibliothèque Boris Vian, à 17h
- samedi 16 avril, 16h: Invitation de Maha Hassan et Ismaël Dupont à l'Institut Kurde de Paris
- vendredi 22 avril, 19h, salle des fêtes de Saint-Cadou à Sizun
- samedi 23 avril, à 17h, rencontre à la librairie Les Déferlantes, place des Viarmes à Morlaix
- jeudi 5 mai, rencontre-présentation du livre à la librairie Livres in Room à Saint-Pol-de-Léon à 18h30
- samedi 7 mai, FNAC de Morlaix, de 15h à 18h, Zone commerciale St Fiacre à Plourin-les-Morlaix
- Vendredi 13 mai, conférence-débat à Saint-Brieuc, 18h, à l'invitation des Belles Rouges 22, Salle 16 rue Courteline
- Samedi 4 juin à Avranches, 16h - Librairie D'un livre à l'autre
- samedi 11 juin à Toulouse, rencontre à l'invitation du festival féministe Sœurcières (organisé par Osez le féminisme!) en librairie à Toulouse.
 
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29 mars 2022 2 29 /03 /mars /2022 04:00
Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, Photo Julia Thatje

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, Photo Julia Thatje

Maha Hassan, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, Photo Julia Thatje

Maha Hassan, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, Photo Julia Thatje

Maha Hassan, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, Photo Julia Thatje

Maha Hassan, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, Photo Julia Thatje

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, photo Jean-René Le Quéau

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, photo Jean-René Le Quéau

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, photo Jean-René Le Quéau

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, photo Jean-René Le Quéau

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, photo Jean-René Le Quéau

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, photo Jean-René Le Quéau

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, photo Jean-René Le Quéau

Maha Hassan et Ismaël Dupont, 25 mars - Sortie et première rencontre de présentation du livre Femmes d'Alep à la Manufacture des Tabacs de Morlaix, locaux de Skol Vreizh, photo Jean-René Le Quéau

Rencontre très chaleureuse autour de "Femmes d'Alep", le roman de 460 pages co-écrit par Maha Hassan et Ismaël Dupont, dans les locaux de Skol Vreizh à la Manufacture des Tabacs de Morlaix pour le lancement du livre ce vendredi 25 mars 2022.
 
Programme de rencontres de présentation du livre et dédicace déjà programmées (d'autres sont en cours de finalisation):
 
Nous avons déjà plusieurs rencontres déjà prévues pour présenter "Femmes d'Alep":
 
- samedi 26 mars à 16h à Dialogues Morlaix: Présentation du livre "Femmes d'Alep" avec Maha Hassan et Ismaël Dupont et dédicaces
 
- vendredi 1er avril, Dédicace au centre culturel Leclerc de Morlaix, de 16h45 à 19h
 
- samedi 2 avril à 14h30 à Lampaul Guimiliau, rencontre à la librairie l'Ivresse des Mots
 
- samedi 2 avril à 18h au Caplan & Co à Guimaëc (Poul Rodou)
 
- samedi 9 avril, Maha Hassan est invitée d'un festival culturel sur les droits des femmes dans le cadre d'une journée sur les femmes migrantes et réfugiées à Port-de-Bouc près de Marseille, Bibliothèque Boris Vian, à 17h
 
- samedi 16 avril, 16h: Invitation de Maha Hassan et Ismaël Dupont à l'Institut Kurde de Paris
 
- vendredi 22 avril, 19h, salle des fêtes de Saint-Cadou à Sizun
 
- samedi 23 avril, à 17h, rencontre à la librairie Les Déferlantes, place des Viarmes à Morlaix
 
- jeudi 5 mai, rencontre-présentation du livre à la librairie Livres in Room à Saint-Pol-de-Léon à 18h30
 
- samedi 7 mai, FNAC de Morlaix, de 15h à 18h, Zone commerciale St Fiacre à Plourin-les-Morlaix
 
- Vendredi 13 mai, conférence-débat à Saint-Brieuc, 18h, à l'invitation des Belles Rouges 22, Salle 16 rue Courteline
 
- Samedi 4 juin à Avranches, 16h - Librairie D'un livre à l'autre
 
- samedi 11 juin à Toulouse, rencontre à l'invitation du festival féministe Sœurcières (organisé par Osez le féminisme!) en librairie à Toulouse.
 
 
 
 
 
 
 
 
Et rencontre à 16h ce samedi 26 mars 2022 - Rencontre dédicace à Dialogues Morlaix avec Maha Hassan et Ismaël Dupont

Et rencontre à 16h ce samedi 26 mars 2022 - Rencontre dédicace à Dialogues Morlaix avec Maha Hassan et Ismaël Dupont

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23 mars 2022 3 23 /03 /mars /2022 11:55
Les premières rencontres annoncées autour de "Femmes d'Alep":
 
- vendredi 25 mars à 17h30 Présentation de "Femmes d'Alep" dans les locaux de Skol Vreizh, à la Manufacture des Tabacs de Morlaix
 
- samedi 26 mars à 16h à Dialogues Morlaix: Présentation du livre "Femmes d'Alep" avec Maha Hassan et Ismaël Dupont et dédicaces
 
- samedi 2 avril à 14h30 à Lampaul Guimiliau, rencontre à la librairie l'Ivresse des Mots
 
- samedi 9 avril, Maha Hassan est invitée d'un festival culturel sur les droits des femmes dans le cadre d'une journée sur les femmes migrantes et réfugiées à Port-de-Bouc près de Marseille, Bibliothèque Boris Vian, à 17h
 
- vendredi 22 avril, 19h, salle des fêtes de Saint-Cadou à Sizun
 
- samedi 23 avril, à 17h, rencontre à la librairie Les Déferlantes, place des Viarmes à Morlaix
 
- jeudi 5 mai, rencontre-présentation du livre à la librairie Livres in Room à Saint-Pol-de-Léon à 18h30
 
- samedi 7 mai, FNAC de Morlaix, de 15h à 18h, Zone commerciale St Fiacre à Plourin-les-Morlaix
 
- Vendredi 13 mai, conférence-débat à Saint-Brieuc, 18h, à l'invitation des Belles Rouges 22, Salle 16 rue Courteline
 
Sortie du livre de Maha Hassan et Ismaël Dupont "Femmes d'Alep" chez Skol Vreizh: les rencontres prévues
Sortie du livre de Maha Hassan et Ismaël Dupont "Femmes d'Alep" chez Skol Vreizh: les rencontres prévues
Une immense joie de voir le roman co-écrit avec mon amie l'écrivaine Maha Hassan publié avec le beau tableau de couverture du peintre kurde syrien d'Afrin Lokman Mohamad, dans le catalogue de notre éditeur Skol Vreizh. A vente cette semaine en librairie.
Un travail littéraire passionnant débuté en décembre 2017, sitôt après notre rencontre à une soirée organisée par Amnesty International sur la guerre en Syrie, un pays et un peuple j'ai appris à aimer à l'été 2010, 6 mois avant la Révolution, et ce roman aux cents visages de femmes qui va déboucher 4 ans et 4 mois après.
Nous allons bientôt vous inviter, chers lectrices et lecteurs futurs, j'espère, à une plongée en profondeur dans la société et la culture syrienne, l'histoire des femmes de ce pays si fascinant et cruel, les drames du patriarcat et de la dictature du clan Assad, la guerre et l'exil, une réflexion puissante sur la dialectique de l'identité multiple et métissée, et les chemins de la liberté d'une écrivaine, née avec des parents analphabètes, mais des grands-mères, arménienne, kurde, arabe, riches d'histoire, dont l'exil aura pleinement libéré la fécondité créatrice.
Merci à notre éditeur, à Jean-René Le Quéau, à Paolig Combot, d'avoir su apprécier ce livre fort, ambitieux et d'une originalité véritable, un sésame pour découvrir l'Orient compliqué et la Syrie d'avant la Révolution et de la guerre civile.
Merci à Maha pour sa confiance, de m'avoir fait partager sa création et sa puissance romanesque pas à pas! Et à tous les amis qui nous ont aidés dans cette entreprise, Patrick Gambache, Guy Darol, et d'autres encore!
 
Née à Alep en Syrie dans une famille kurde, avec un père ouvrier communiste dans une usine de textile, partagé entre idéologie progressiste et conservatisme social, Maha Hassan a vécu une enfance croisée entre la grande ville du nord de la Syrie, aux milieux sociaux très divers, et le village kurde de Metîna, dans la région d'Afrin. Athée mais voilée, avec ses amies du lycée Al-Nil, elle vient à la littérature et au monde des idées par Marx, Gorki, Hemingway, Sartre, Breton, de Beauvoir, Rimbaud qu'elle découvre entre ses 15 et ses 18 ans dans sa chambre du quartier populaire d'Alkhalidiya, à l'ouest d'Alep, d'abord grâce aux brochures et livres qui lui offrent les copains communistes de son père.
Écrivaine et journaliste de langue arabe, elle s'exile en France en 2004 à la suite du printemps kurde, déjà réprimé par Bachar al-Assad. Elle est l'auteur de 13 romans en langue arabe, dont plusieurs ont été sélectionnés pour des prix internationaux de littérature arabe, la plupart publiés au Liban. Deux de ses romans sont traduits en italien, un en néerlandais et un autre est en cours de traduction en Angleterre.
 
Femmes d'Alep - un roman de Maha Hassan
écrit en français avec l'aide de Ismaël Dupont
 
Tout a commencé avec elles : l’Arménienne chrétienne à l'identité enfouie et dissimulée, et Halima, la Kurde musulmane. Deux femmes analphabètes qui ont tissé les fils de mon destin. L’histoire débute donc avec elles : Halima, Amina, Samia, Hanifa, Nadia et… toutes ces femmes qui racontent leurs vies dans ce livre.
“Je suis née pour raconter, pour les raconter. Je suis née femme pour raconter les histoires de ces femmes autour de moi : femmes de ma famille, femmes d'ailleurs, voisines, cousines, amies, rendues étrangères à elles-mêmes. Femmes sorties de l’ombre où elles ont vécu dans l'injustice et la peur, femmes aux vies cabossées par la guerre et l'exil. Je suis née dans cette société orientale tyrannique pour témoigner des expériences des femmes dans ce monde définitivement perdu que fut la Syrie d'avant la Révolution et la guerre civile. Je suis née là-bas pour m'exiler et écrire ce livre rendu possible et nécessaire par la distance et l'éloignement. Je suis née pour raconter et je me suis exilée pour sauver mes histoires.”
Format : 14 X 22 cm, 488 p.,
impression NB, papier bouffant, relié, couverture souple impression couleurs, pelliculée, 22 €
ISBN 978-2-36758-137-8
Sortie du livre de Maha Hassan et Ismaël Dupont "Femmes d'Alep" chez Skol Vreizh: les rencontres prévues
Sortie du livre de Maha Hassan et Ismaël Dupont "Femmes d'Alep" chez Skol Vreizh: les rencontres prévues
Sortie du livre de Maha Hassan et Ismaël Dupont "Femmes d'Alep" chez Skol Vreizh: les rencontres prévues
Sortie du livre de Maha Hassan et Ismaël Dupont "Femmes d'Alep" chez Skol Vreizh: les rencontres prévues
Femmes d'Alep
Les communistes en Syrie, une longue histoire compliquée et une influence certaine.
C’est l’histoire d’un père, analphabète, ouvrier dans une usine de textile des faubourgs d’Alep, qui rêvait d’envoyer sa fille aînée faire des études de sciences politiques en Russie... Ses nièces "nationalistes" kurdes le surnomment Gorbatchev. Nabi, kurde venu du village de Metîna, dont la fille, Maha, publiera à douze ans son premier article dans le journal du Parti communiste syrien Al-Bayraq, pour la plus grande fierté des amis et camarades de son père, tandis que sa première nouvelle sera publiée à 20 ans dans le journal de Mahmoud Darwich au Liban, le poète et résistant palestinien, un autre ancien militant communiste.
C'est l'histoire d'un car de jeunes issus de familles communistes allant sur une journée de vacances hors de leur ville que les services de sécurité arrêtent à un barrage, harcelant ensuite chacun d'entre eux, certains étant arrêtés et torturés, d'autres intimidés, afin de chercher à collecter des renseignements... Une histoire vraie!
« Le Parti communiste a joué un rôle important très tôt dans ma vie. Il m’a préservée contre le destin des filles de mon quartier et de ma famille… Je dois à ce parti de ne pas avoir été éduquée dans une ambiance religieuse qui aurait arrêté le développement de mon esprit critique ».
Parmi les souvenirs lointains d’enfance de la jeune Maha, les visites chez les camarades du quartier, dont les filles chantent dans les chorales du Parti, ou encore, au village paternel kurde de Metîna, dans la région d’Afrin, la visite à Mohammad Medina avec sa tante Farida, un militant sortant de prison, encore handicapé des suites de la torture.
Le communisme a joué un grand rôle dans la vie de Maha : vecteur de culture, c’est grâce aux camarades de son père qu’elle a pu découvrir le monde des livres et des idées, Marx, Lénine, Sartre, Gorki, et bien d’autres ensuite… C’est le communisme qui lui a permis d’avoir des références internationalistes, de vivre dans une ambiance où l’on refusait le sectarisme communautariste, comme l’intégrisme religieux et le nationalisme autoritaire du Baas.
Même si les camarades de son père étaient aussi perméables à la culture patriarcale et clanique dominante, n’avaient pas forcément des femmes libres et émancipées, ils respectaient davantage la liberté de leurs filles, qui, souvent, ne mettaient pas le voile.
Le communisme en Syrie et dans le monde arabe a été fort dans certaines minorités : kurde, chrétienne, druze, alaouite. C’était une promesse universaliste d’égalité et de fraternité humaine, c’était aussi l’espoir d’une société sécularisée où la pensée critique, la création, la liberté individuelle, notamment des femmes, pourraient se déployer plus librement.
Le communisme était aussi une manière de résister au totalitarisme du Parti et de l’idéologie au pouvoir, qui s’attaquait avec la même violence à tous ses opposants, islamistes, ou de gauche, laïcs, et communistes.
Ainsi le livre « Femmes d’Alep » fait référence à Farajallah El Helou, le grand chef communiste libanais, torturé et assassiné par les services de sécurité syriens en 1959.
A l’adolescence de Maha, c’est bien souvent dans des librairies « communistes » d’Alep que l’on trouvait des femmes en jean et sans voile, et des livres dissidents critiquant la religion. C’est là qu’allaient faire provision d’arguments et de connaissance les filles athées voilées du lycée Al-Nil d’Alep.
Toute une partie de la résistance contre la dictature des Al-Assad, le père Hafez, et le fils Bachar, était d’inspiration communiste, même si, peut-être plus encore que dans les pays européens, l’histoire du mouvement communiste, que la dictature a toujours cherché à diviser en même temps qu’elle le réprimait impitoyablement, a été marquée par de nombreuses scissions, divisions et parfois des reniements face à la puissance d'intimidation et de chantage du régime.
Je me souviens que 6 mois avant la Révolution syrienne, à la fête de l'Humanité, il y avait deux stands communistes syriens, dans l'un des opposants persécutés par Bachar, dans l'autre un parti qui tout en s'opposant officiellement au Baas était intégré à un système électoral truqué et sous contrôle.
Toujours est-il que dans la Révolution de 2011, et dans les coordinations civiles de la Révolution, beaucoup des militants aguerris qui pensaient et organisaient la résistance civile étaient soit communistes, soit influencés par cette culture progressiste, universaliste et laïque arabe, également très présente chez les intellectuels, même si beaucoup devaient cacher leurs idées pour ne pas être inquiétés par la dictature.
Le livre « Femmes d’Alep » raconte aussi la résistance de femmes communistes, certaines qui ont vécu des années de clandestinité, cachées ou sous des identités d’emprunt, pendant plusieurs années du temps de Hafez al-Assad pour échapper à l’arrestation et la torture, voire l’élimination. D’autres qui ont combattu, la plupart du temps en manifestant et résistant pacifiquement, par la liberté d’expression et la solidarité concrète, contre la dictature du Boucher de Damas, Bachar al-Assad.
Ce livre raconte la résistance et aussi la persécution, l’exil de ces militants, militants de l’ombre ou intellectuels, et leur amertume face au destin de la révolution syrienne. Leur héroïsme aussi pour continuer à rire du régime, parler-vrai, et librement, sous les bombes, la menace des enlèvements et de l’arrestation par les "moukhabarat" (police secrète) ou les "chabiha" (voyous mafieux ultra-violents à la solde du pouvoir) de Bachar al-Assad.
Ce livre, la deuxième partie notamment, "Héritières de l'exil", est également un hommage à ces héros ordinaires de la Révolution syrienne.
Le Parti communiste en Syrie a commencé à être très influent dans les années 50, dans un contexte de démocratie parlementaire libérale, dans l’opposition. Le Parti communiste du premier député communiste arabe, le kurde Khaled Bakdach, était un parti qui recrutait majoritairement en milieu minoritaire kurde et chrétien. Dans les années 63-68, jusqu’à la prise de pouvoir de Hafez al-Assad, la collaboration du parti Baas au pouvoir en Syrie et de l’URSS était très forte. En 68, le général alaouite Hafez al-Assad, ministre de la Défense, se fait le partisan d'une ligne moins « gauchiste » et plus « pragmatique » du Baas. Les militants communistes sont arrêtés. Et le 6 octobre 1970, Hafez al-Assad prend la tête du pays à 40 ans, en évinçant les membres rivaux de son parti. Il instaure un régime présidentiel autoritaire très personnalisé, s’appuyant sur une institution militaire toute puissance et des services de renseignement et de répression dominés par les Alaouites. Hafez al-Assad engage le « Mouvement rectificatif » réhabilitant le secteur privé et renouant avec les pays arabes, y compris l’Arabie Saoudite. La Syrie intervient contre les Palestiniens dans la guerre du Liban qui a débuté en 1975, avec l’intention de rééquilibrer le rapport de force entre l’OLP et la gauche libanaise d’un côté, et les Phalanges maronites de l’autre. Une « trahison » de la cause palestinienne qui suscite des critiques, y compris au sein du Baas. La Syrie restera engagée au Liban jusqu’en 2005. Dans les années 79-85, Hafez al-Assad exerce sous état d’urgence une répression très féroce contre les Frères musulmans, mais aussi ses opposants de gauche, et les militants communistes. Le régime arrête arbitrairement et torture sans pitié dans ses prisons infernales bien décrites par Mustafa Khalifé dans La Coquille des milliers de suspects : islamistes, démocrates, opposants de gauche.
Le 10 juin 2000, c’est la mort de « l’Éternel » Hafez al-Assad après 30 ans de pouvoir sans partage. Son fils Bachar, 34 ans, lui succède, du fait de la mort de Bassel, le fils aîné et l’héritier pressenti, dans un accident de voiture en 1994. Bachar, qui a fait des études de médecine et d’ophtalmologie à Londres, est présenté au départ comme un président moderne, ouvert aux évolutions. Riad al-Turk, l’opposant de toujours et chef historique du Parti communiste syrien qu’il a fondé en dissidence du parti de Khaled Bakdach, désormais allié au régime, est le premier à critiquer la révision constitutionnelle qui permet à Bachar de prendre la tête de l’état en abaissant l’âge ouvrant droit à l’élection à la présidence de la République.
En janvier 2001 : un autre manifeste portant cette fois la signature de 1000 intellectuels et activistes met davantage l’accent sur des revendications de démocratie et de pluralisme, et des « Comités de revitalisation de la société civile » voient le jour. Bachar tente de se construire une popularité par une hausse des salaires de 25 %, l’autorisation des partis du Front national progressiste de diffuser des journaux en leur nom, la libération de 600 prisonniers politiques, pour la plupart islamistes.
Mais dès février 2001, l’appareil sécuritaire et répressif préservant les privilèges et la mainmise absolue du régime et du clan alaouite au pouvoir se reprend. Le « printemps de Damas » prend fin avec l’arrestation du député et dissident politique Riyad Seif, de Mamoun al-Homsi ainsi que du leader communiste Riad al-Turk, surnommé le Mandela syrien.
Face à la réaction, qu’elle soit basée sur l’autoritarisme militaire mafieux, communautariste et nationaliste, comme celui du parti Baas, ou sur l’islamisme favorisé d’abord par les pays du Golfe et les États-Unis comme parade à l’affirmation du progressisme arabe, le communisme a bien souvent été une force d’émancipation en Syrie et dans le monde arabe, contrairement aux idées reçues qui assimilent communisme et totalitarisme ou négation des libertés individuelles. Le communisme a aussi été un soutien constant aux forces progressistes palestiniennes. Et un vecteur de liberté et d’affranchissement culturel dans la vie sociale et individuelle face aux conservatismes communautaires et religieux.
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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 06:24
L'écrivaine syrienne Samar Yazbek invitée à Morlaix le jeudi 9 décembre à 19h à la librairie Les Déferlantes
🌊 La rencontre avec Samar Yazbek c'est la semaine prochaine : JEUDI 9 DÉCEMBRE à 19h/ Pensez à réserver, merciii! 😉
 

« 19 femmes est le fruit d’une série d’entretiens que j’ai menés avec des Syriennes dans leurs pays d’asile, ainsi qu’à l’intérieur du territoire syrien. À chacune j’ai demandé de me raconter ‘‘leur’’ révolution et ‘‘leur’’ guerre. Toutes m’ont
décrit le terrible calvaire qu’elles ont vécu.
Je suis hantée par le devoir de constituer une mémoire des événements qui contrerait le récit qui s’emploie à justifier les crimes commis, une mémoire qui, s’appuyant sur des faits incontestables, apporterait la preuve de la justesse de notre cause. Ce livre est ma façon de résister. »
  SAMAR YAZBEK

Avec ce document unique, capital, sur le rôle des femmes dans la révolution, Samar Yazbek rend leur voix aux Syriennes, la voix de la résistance, la voix de l’espoir.

Traduit de l’arabe (Syrie) par Emma Aubin-Boltanski et Nibras Chehayed

 

L’héroïsme de femmes syriennes dans la guerre
Jeudi, 7 Novembre, 2019

19 femmes Samar Yazbek, traduit de l’arabe (Syrie) par Emma Aubin-Boltanski et Nibras Chehayed Stock, 425 pages, 22,50 euros
Grâce à des témoignages étayés, la romancière Samar Yazbek, délaissant un temps la fiction, fait entendre la voix de ses compatriotes, celles dont on parle peu, qui ont tant à dire sur ce qu’elles ont vécu.

 

Opposante à Bachar Al Assad, la romancière, poète et journaliste Samar Yazbek (née en 1970 à Jableh, en Syrie), plus d’une fois menacée de mort par sa propre communauté, les Alaouites – à la tête de l’appareil sécuritaire et militaire syrien –, publie un document poignant. Elle y donne la parole à ses compatriotes en première ligne durant la révolution de 2011. Leur calvaire, leur résistance acharnée, leur rôle au plus fort de la lutte constituent la chair de ce livre qu’on dirait écrit avec leur sang. Samar Yazbek s’efface derrière ces voix plurielles. N’est-elle pas la 20e femme de son livre ? Contrainte à l’exil en 2011 avec sa fille, elle retourne clandestinement en Syrie en 2012 et 2013, observant sur place la militarisation et la radicalisation à l’œuvre au nord du pays. En retrait de sa vocation de romancière, la voici greffière de la vie des autres, hors récit officiel, consignant par écrit « des faits incontestables ». La plupart de ces femmes sont aujourd’hui en exil en France, en Allemagne, en Hollande, au Canada, en Turquie, au Liban… Issues de la classe moyenne, elles font ou ont fait des études. Samar Yazbek s’est promis de recueillir bientôt les témoignages de Syriennes issues de classes pauvres et réfugiées dans des camps, et ceux de femmes kurdes, ainsi que d’opposantes au soulèvement de 2011. Œuvre de vérité en cours qui dessinera, à la longue, une terre en lambeaux éprouvée du dedans.

Elles exigeaient la fin d’une culture patriarcale étouffante

Ces 19 femmes, dès le début de la révolution de mars 2011, se sont dressées contre le régime dictatorial de Bachar Al Assad. Elles exigeaient la démocratie, des changements dans leurs conditions de vie, des droits élargis, ainsi que la fin d’une culture patriarcale étouffante. La plus jeune a 20 ans quand éclate la révolution, la plus âgée, 77. Sara, Mariam, Doucha, Souad, Amal, ­Hazami, Faten… sont alaouites, sunnites, chiites, druzes, chrétiennes… Peu sont alors politisées, hormis deux, dont l’une a été membre du « Parti de l’action communiste » interdit. Elles viennent de toutes les régions du pays. On les entend dans leur quotidien d’effroi. Toutes sont devenues activistes dans l’urgence. Elles ont essuyé les tirs de mortier, les bombes au chlore, le gaz sarin, armes chimiques aux dégâts extrêmes (« le sol jonché d’intestins », « On ne faisait que ramasser des cadavres déchiquetés »). Certaines ont dû recoudre des corps en charpie pour les rendre présentables. Elles se sont improvisées infirmières d’urgence. Beaucoup ont perdu un père, une mère, des frères. Elles ont organisé des centres d’éducation dans les sous-sols. Les hommes, y compris ceux de l’Armée syrienne libre, voyaient souvent d’un mauvais œil leurs initiatives. Elles ont été progressivement empêchées d’agir, d’abord par le régime, les conseils locaux, les brigades et enfin les djihadistes. On les humilie, on les jalouse. Qu’à cela ne tienne. « Invraisemblablement courageuses », elles alphabétisent, animent des ateliers clandestins pour former leurs sœurs à « l’autonomie économique », créent des bureaux d’aide psychologique. Elles filment et documentent les événements au péril de leur vie. Elles ont pour la plupart été torturées, ou prises en otage. Le corps capté par les hommes de tout poil, elles sont contraintes de se voiler de la tête aux pieds lorsque Daech gagne du terrain. « Tout ce qui touchait à notre présence et à notre apparence les rendait dingues », dit l’une d’elles.

L’ouvrage éclaire aussi sur les rivalités entre groupes rebelles, du sécularisme démocratique de l’Armée syrienne libre au « djihadisme gradué d’al-Nosra et de Daech » en passant par « le salafisme nationaliste » de Jaych al-Islam. Il analyse la flamme du confessionnalisme allumée par le régime, les collusions entre Assad et les brigades salafistes, le rôle délétère de l’argent saoudien… Zaina Erhaim dit : « Nous revendiquions plus de liberté et de dignité et nous n’avons obtenu qu’asservissement et humiliation. »

Muriel Steinmetz
L'écrivaine syrienne Samar Yazbek invitée à Morlaix le jeudi 9 décembre à 19h à la librairie Les Déferlantes
L'écrivaine syrienne Samar Yazbek invitée à Morlaix le jeudi 9 décembre à 19h à la librairie Les Déferlantes

Samar Yazbek entr'ouvre les "Portes de la terre du néant" en Syrie

Article de 2016 dans Le Chiffon Rouge:

Le monde est obsédé par l'Etat islamique, mais les avions d'Assad continuent à larguer des bombes sur les civils, dans les provinces d'Idlib, de Damas, d'Homs, d'Alep".

"Nous sommes dans une guerre entre le Beau et le Laid. Il faut lutter contre l'effondrement moral".

Samar Yazbek

Un livre beau, terrible et déchirant à lire d'urgence sur la guerre en Syrie, que l'on sent en lisant ce témoignage s'enfoncer dans l'absurdité, la confusion et le chaos le plus total.

Samar Yazbek a été trois fois clandestinement dans le Nord de la Syrie partiellement tenu par la rébellion depuis le début de la guerre: elle a suivi des combattants rebelles, vu et vécu les carnages causés par les bombardements des hélicoptères et avions de Bachar-al-Assad, ramassé des corps de victimes dans les décombres, écouté les témoignages des survivants des crimes de guerre des voyous sans foi ni loi qui terrorisent le peuple pour le compte du régime de Bachar-al-Assad. Elle a vu la volonté d'anéantissement des zones rebelles, certains villages ou petites villes pouvant recevoir cinq fois en une après-midi des salves de barils explosifs semant la mort de manière terrifiante. Elle raconte la dérive communautaire et sectaire d'un conflit opposant au départ une dictature à la majorité du peuple syrien entrée en rébellion pour sa dignité et ses droits bafoués, une évolution démocratique. Elle nous parle avec beaucoup d'humanité et un sens du détail qui résume des choses fortes et difficilement dicibles du courage et de la capacité de résilience d'une population civile qui survit et vit malgré tout dans les pires conditions, peut continuer à plaisanter, à pratiquer ses rituels quotidiens, à s'aimer, à manifester de la fraternité et de la solidarité collective, tout en étant confrontée aux agressions constantes des forces militaires et de sécurité criminelles de Bachar-al-Assad et des islamistes de Daech, souvent étrangers et méprisant pour la population autochtone, ou d'autres groupes, qui pratiquent les enlèvements, les exécutions, et tentent d'imposer une dictature sur les mœurs et les comportements à partir d'une conception de la morale et du religieux qui n'était pas du tout celle des Syriens, dont la vie sociale ressortait d'une vieille civilisation urbaine multiculturelle, non d'une politique religieuse sectaire, formaliste et essentiellement oppressive de l'individualité.

Ce livre est précieux pour comprendre l'insurrection du printemps 2011, mesurer la sauvagerie de sa répression par le régime pendant des mois, le cynisme et la cruauté du pouvoir, les raisons du déclenchement de la guerre civile, ses instrumentalisations, son évolution de moins en moins lisible, avec la multiplication des factions rebelles, en concurrence les uns avec les autres, parfois vénale, le morcellement du territoire, la progression de l'Etat islamique, mieux équipé, ayant plus de moyens, et bénéficiant de l'apport des djihadistes étrangers.

***

Voici de larges extraits d'une chronique du journaliste et écrivain Jean Hatzfeld, qui a lui-même magistralement raconté la barbarie humaine et la guerre au Rwanda et en Yougoslavie, dans "Le Monde des Livres" du 15 avril 2016.

Les Portes du néant (Bawabât ard al-adâm), de Samar Yazbek, traduit de l’arabe (Syrie) par Rania Samara, préface de Christophe Boltanski, Stock, « La cosmopolite », 306 p., 21 €.

Les Portes du néant, à la frontière turque, s’ouvrent une première fois sur la route qui mène à la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Samar Yazbek les franchit en août 2012, en se faufilant dans un trou creusé sous des barbelés. Une voiture l’attend, qui traverse la nuit sur un fond sonore de bombardements, avec à l’intérieur Maysara et Mohammed, deux frères d’armes rebelles : ses anges gardiens.

A Saraqeb, le véhicule stoppe devant une vaste demeure envahie de familles, qui sera désormais le sweet home de Samar Yazbek où, de retour de ses chaotiques expéditions, elle retrouve une douceur complice auprès de gens un peu en vrac, notamment deux gamines, Rouha et Aala, dont elle écrit, une nuit de frappes aériennes : « Une nouvelle famille se joignit à nous dans l’abri. Aala, qui insistait toujours pour raconter une histoire chaque soir (…), me les montra du doigt : “Leur mère est de notre côté, mais le père soutient Bachar. (…) Mais ça fait rien. Elles doivent se cacher ici avec nous pour ne pas mourir.” Ma petite Schéhérazade avait les plus beaux yeux noirs que j’ai jamais vus. (…) Elle observait attentivement le monde autour d’elle mais paraissait toujours plus fragile chaque fois que nous descendions dans l’abri. Elle s'occupait de sa petite sœur Tala qui souffrait d('un déséquilibre hormonal causé par la peur et l'angoisse (...) Peu de temps avant que les frappes ne s'interrompent, elle saisit le morceau d'obus que tenait Tala en lui disant d'un temps calme: "ça, ce n'est pas pour les enfants". Elle avait à peine sept ans."

Pas de néant à l'horizon, mais une guerre, soudaine, contre Bachar-al-Assad que les rebelles mènent à la kalachnikov tandis que l'armée attaque du ciel en hélicoptère. Samar Yazbek la rejoint pour vivre l'après-Bachar: aider les femmes à monter des ateliers, distribuer des journaux, discuter à longueur de nuits, écrire.

Samar Yazbek est née dans une grande famille alaouite, à Lattaquié, dans la Syrie d'Hafez Al-Assad, le chef alaouite. Elle a vécu une enfance insouciante sur les bords de l'Euphrate. Caractère trempé, elle quitte les siens à 16 ans pour Damas, pour se vouer à la littérature.

Aussi, naturellement, chaque vendredi du printemps 2011, elle a marché dans la foule pacifiste, qui après celle de Tunis, du Caire, a célébré les révolutions arabes. Elle a publié des articles sur le vent de la liberté, dénoncé les violences de la répression. Les policiers l'ont tabassée en prison. Sous la menace des moukhabarat (services de renseignements), elle s'est réfugiée à Paris.

L'espoir d'une Syrie libre l'attire donc dans les bras de la guerre un an plus tard.

Elle écrit un hymne à la dignité des Syriens, note les graffitis des murs: "O Temps que tu es traître!"

Elle accompagne les combattants en expédition. Puis la guerre sombre dans un chaos radical qui imprègne son écriture.

Février 2013, deuxième porte: cette fois, Samar franchit la frontière à travers un village bédouin. Elle décrit magnifiquement les zones frontalières. Elle repart dans les villages. Les barils de poudre jetés d'hélicoptère remplacent les obus, les cadavres sentent fort sous les décombres. Les gamines Aala et Rouha sont parties. L'auteur observe les nouveaux visages:

"Une fille de seize ans était assise à l'entrée, coiffée d'un hijab. Elle était amputée des deux jambes, l'une coupée à la cuisse, l'autre au genou. Son regard était serein cependant. Elle m'a dit qu'elle apprenait à dessiner à ses frères et à ses sœurs, mais qu'elle manquait de matériel. (...) Après nous avoir regardés descendre vers le caveau où vivaient les siens, la tête penchée, elle continua à tracer des lignes dans la terre humide."

Le temps presse terriblement, Samar Yazbek choisit un style qu'elle veut efficace, parfois rude. Elle rapporte ainsi les mots d'un déserteur de l'armée:

"On entre dans un appartement et on casse tout sous les ordres de l'officier qui vocifère et jure. Il décrète qu'on doit violer une fille. La famille s'est réfugiée dans la chambre à côté. Il nous passe en revue le doigt pointé avant de s'arrêter sur mon ami Mohammed. Il lui donne une tape dans le dos... Mohammed tombe à genoux, baise les godasses du type: "Pitié, commandant! Ya sidi! Je ne peux pas. S'il vous plaît" (...) L'officier lui saisit les couilles en criant: "Tu veux que je t'apprenne comment faire?" Alors mon ami s'est redressé et rué sur lui, et c'était un costaud, je vous le jure (...) L'officier a tiré sur Mohammed, il l'a tué. Vous voulez savoir où il a visé?".

Samar Yazbek s'impose sur scène: "Je poussai un hurlement en croyant avoir touché une main douce et délicate sous les débris. Mon cri me trahit.(...) Un garçon de vingt ans à peine qui portait au front un bandeau noir sur lequel était écrit "Il n'y a de Dieu qu'Allah!" s'exclama: "Eloignez cette femme! Sa place n'est pas avec les hommes. Dieu nous pardonne!" Je lui aurais obéi si je n'avais pas su qu'il n'était pas syrien. Je le défiai du regard. C'était l'un des combattants étrangers de Daech. Je ne reculai plus d'un pouce comme il s'avançait vers moi. Au même instant, la voiture de mes amis s'arrêta devant nous (...)". (...)

Été 2013, revenue à Paris, on imagine Samar Yazbek à sa table, écrivant ses mois de guerre, le désespoir d'un pays perdu, le déracinement. Mais elle repart là-bas, à "la frontière où m'attendaient Abdallah et son frère Ali, qui venait de perdre un œil à cause d'une balle. (...) Chaque fois que je les quittais, j'avais le sentiment que je ne les reverrais plus, puis je revenais, et là, c'était comme si j'allais passer le reste de ma vie avec eux".

(...) Dans la Syrie en guerre, les journalistes ne voyagent plus comme au Liban ou en Bosnie. Leur tête, mise à prix, repose sur un cou fragile. Ils arpentent la frontière, parfois s'aventurent en de rapides incursions. Les réseaux sociaux pervertissent l'information qu'ils ne ramènent plus.

En Syrie, les villes sont écrasées, les champs dévastés; la guerre détraque les esprits. Elle dérobe la révolution. (...)

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24 novembre 2021 3 24 /11 /novembre /2021 07:41
Madeleine, la merveilleuse BD sur Madeleine Riffaud, résistante, militante communiste, prix Goscinny du meilleur scénariste à Angoulême
Je n'en reviens pas... Voilà que Jean-David et moi avons été primés par le Prix Goscinny, au festival d'Angoulême, qui récompense le meilleur scénariste de l'année.
Qui aurait cru que je vivrais ça maintenant... Même si j'en ai un peu marre qu'on dise mon âge à tout bout de champ
Et je suis contente car ça va emmerder encore un peu plus les fachos qui s'amusent à écrire des slogans pro nazis sur mon exposition (et tous leurs copains sans cerveaux) aux Butte-Chaumont !
D'autant que le prix jeune scénariste revient à DES VIVANTS de Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin... qui parle du réseau du Musée de l'Homme et de Germaine Tillion, pour qui j'ai évidement le plus grand respect !
Merci au Jury !
Et une pensée à Lucie et Raymond Aubrac, qui m'ont poussée à témoigner à une époque où je croyais que je n'en avais plus rien à foutre. Cette BD, c'est la continuité du travail qu'ils m'ont demandé d'accomplir et qui me tient en vie.
NOUS NE SOMMES PAS DES MARTYRS, NOUS SOMMES DES COMBATTANTS. NOUS NE SOMMES PAS DE VICTIMES, NOUS SOMMES DES RÉSISTANTS !
RAINER est toujours là.
 
Voir aussi:
Madeleine, la merveilleuse BD sur Madeleine Riffaud, résistante, militante communiste, prix Goscinny du meilleur scénariste à Angoulême

Dupuis, 23,50€ - à vendre dans toutes les bonnes librairies!

Il y a quelques semaines est sorti le premier tome d'une série de bande dessinée sur la vie extraordinaire de Madeleine Riffaud, résistante, communiste, journaliste, militante anticolonialiste, sur un scénario de Jean-David Morvan et Madeleine Riffaud, et avec des dessins somptueux de Dominique Bertail. 

Ce premier volet de "Madeleine, Résistante", "La Rose dégoupillée", avec des dessins à dominante de couleur bleue, noire, et blanche, des cases de BD qui peuvent atteindre la planche et la page sur du très grand format qui donnent à rêver le paysage et le temps passé, est consacré à l'enfance et à l'adolescence de Madeleine.

Née en 1924, elle grandit avec un père instituteur dans un village de la Somme marqué par la première guerre mondiale, jouant surtout avec les garçons dont elle aime partager les aventures.

Sous le Front Populaire, elle découvre les joies des vacances dans le futur village martyr d'Oradour-sur-Glane. Pendant l'exode, son grand-père adoré la recueille, elle est envoyée chez une amie pacifiste de ses parents, trop complaisante avec les Allemands, à Amiens. A la mort de son grand-père, Madeleine contracte la tuberculose, et c'est dans son sanatorium de Saint-Hilaire-du-Touvet non loin de Chalon-sur-Saône, qu'elle découvre la proximité de la mort et de la souffrance, l'amour, et qu'elle rencontre des résistants. Elle s'éprend d'un ami de ses parents, d'origine normande, résistant, et gagne Paris avec lui où elle passe son examen de sage-femme pour se donner une couverture et ne va pas tarder elle-même, à l'automne 42, à rentrer dans un réseau de résistance, sous le nom d'homme de Rainer, référence au poète allemand Rainer Maria Rilke, dont la BD rappelle qu'il "est décédé d'une leucémie après s'être piqué avec une épine de rose", la fleur préférée de Madeleine.   

L'épilogue de cette BD pleine de souffle et de poésie raconte de manière drôle et émouvante la rencontre du scénariste Jean-David Morvan et de Madeleine Riffaud, et comment la résistante et militante communiste, journaliste et essayiste, presque centenaire, a subjugué l'auteur de BD par son humour, sa vivacité et son intelligence, alliés à la force de caractère.  

Début 1944, elle entre en même temps au Parti communiste et dans la lutte armée. Elle apprend le massacre d’Oradour-sur-Glane, village de sa jeunesse. « Je pensais à cela quand je pédalais dans Paris, aux brûlés vifs que je connaissais. Éluard parlait des “armes de la douleur”. C’était exactement cela.

Madeleine Riffaud sera responsable des étudiants résistants FTP du quartier latin en 1944. Le 23 juillet 1944, elle abat en plein jour de deux balles dans la tête un officier de l'armée d'occupation sur le pont de Solferino. Prenant la fuite à vélo, elle est rattrapée et renversée par la voiture du chef de la milice de Versailles, puis envoyée au siège de la Gestapo rue des Saussaies où elle est torturée par des allemands et des français collaborateurs, puis condamnée à mort. Elle saute du train qui l'envoie en déportation à partir de la prison de Fresnes et reprend le combat dans la compagnie Saint-Just, attaquant notamment un train rempli de troupes allemandes arrivant aux Buttes Chaumont (gare Ménilmontant). Madeleine a 20 ans lors de la Libération de Paris et reçoit le brevet de lieutenant FFI le 23 août 1944.

A la Libération, elle devient l'amie d'Eluard et de Picasso, qui fait un portrait d'elle pour illustrer son premier recueil de poésie. Elle devient grand reporter à L'Humanité et amie avec le révolutionnaire communiste vietnamien Ho Chi Minh.

Un article de l'Humanité en 2012, "Madeleine Riffaud, des toits de Paris aux rizières du Vietnam", raconte magnifiquement la suite des aventures de Madeleine:

"Car, à partir de 1964, Madeleine Riffaud devient Chi Tam, la 8e sœur. Elle est l’une des rares occidentales à être acceptée dans les maquis viêt-cong, et devient une combattante à part entière de la résistance vietnamienne. « Ce que j’ai vu au Sud-Vietnam » affiche la une de l’Humanité en novembre 1970, dont le reportage révèle au monde l’horreur de la répression. « Con Son, Tan Hiep, Thu Duc, Chi Hoa… Il nous faut retenir ces noms car, jadis, pour les résistants victimes des nazis, l’enfer a duré cinq ans. Or au Sud-Vietnam, le même enfer dure depuis quinze ans », écrit-elle en 1972, au cœur d’un papier qui dénonce les atrocités commises par l’administration américaine. « Voilà la démocratie de Nixon, conclut-elle. Voilà la paix que les vaincus, en s’en allant, voudraient accorder à des hommes, des femmes estropiés à vie par les tortures sans fin… » Et elle sait de quoi elle parle : « Le drame est d’être passée de la Résistance aux guerres coloniales. J’ai été correspondante de guerre pour dire mon horreur des conflits. » « On disait des Viêt-cong : ce sont des hommes sans visage. » Ces combattants de l’ombre retrouvent le sourire devant l’objectif de Madeleine Riffaud, qui s’attache à leur redonner une identité. Dans ces déluges de violences qu’elle décrit, la poésie n’est jamais loin, derrière une description des rizières vietnamiennes ou des images de typhons, autant de métaphores de la mort, omniprésente. La couverture de la guerre d’Algérie la ramène rue des Saussaies, où la police française torture les militants du FLN, là même où elle a connu l’enfer. Le 7 mars 1961, l’Humanité sort avec une page blanche, marquée en son centre de ce seul mot : « Censuré ». À l’origine de la saisie, un article de Madeleine Riffaud sur les tortures pratiquées à Paris, qui déclenche la fureur du préfet de police, Maurice Papon, qui porte plainte en diffamation et demande des dommages et intérêts. Elle réchappe de peu à un attentat de l’OAS et passe plusieurs mois à l’hôpital.

En 1973, Madeleine Riffaud emprunte une nouvelle identité et repousse toujours plus loin les limites de l’investigation. Elle devient Marthe, se fait embaucher dans un hôpital parisien comme aide-soignante. Elle récure les sols, prodigue les soins aux patients, veille la nuit des mourants anonymes. De cette expérience, elle en tire un récit lucide et tendre sur l’univers hospitalier, les Linges de la nuit, sur ce qui se joue sous les draps blancs, quand l’imminence de la mort rebat les cartes des rapports humains. Car comme le disait d’elle Jean Marcenac, « Madeleine Riffaud est un poète qui a pris résolument le parti de s’exprimer par le journal… Elle a toute seule créé ce qu’il faut bien nommer un genre et, finalement, elle a parfaitement réussi».

Ismaël Dupont, 5 octobre 2021

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