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En Amérique centrale le « communisme » n’a pas été, dans les années 1920, le fruit d’interventions de l’Internationale et de ses agents.
Le « communisme » ne se décrète, ne s’exporte, ni se proclame. En Amérique, ses racines sont d’abord « idiosyncratiques », endogènes, comme l’essentiel du marxisme des années 1920-début des années 1930, porté par des penseurs de haut vol, « originaux », critiques, créatifs, « indépendants », comme Mariategui, Mella, Recabarren, nous l’avons déjà abordé. Au fil des luttes, ils adhèreront peu à peu à l’Internationale Communiste (IC). Ce n’est que plus tard que l’IC imposera ses concepts, ses codes, son fonctionnement... La « soviétisation » de la plupart des partis communistes d’Amérique du sud et centrale les a conduits à l’importation de modèles « étrangers », inadaptés aux réalités locales, étroits, dogmatiques. C’est ainsi par exemple qu’à l’exception de Mariategui, les communistes andins sous-estimeront, voire ignoreront, les problématiques indigénistes, les traditions communautaires, la propriété collective des « ayllus », des « marca »...
A l’époque pré-colombienne, les populations indiennes se constituèrent en communautés de paysans, d’artisans... La communauté attribuait à chaque famille un terrain. Ces pratiques (collectivistes ?) développent un sentiment d’exploitation, de possession, certes, mais communautaire, de la terre. Les Espagnols détruisirent ces communautés « subversives » et concentrèrent la terre en immenses « haciendas » privées, aux mains des créoles. En 1880, une loi interdit même de faire paître les troupeaux sur les terres en friche et en finit avec les « terres communales ». Malgré les tensions avec la métropole, les structures d’exploitation restent en place et se consolident. Les créoles s’emparent du nouvel Etat ; l’oligarchie du café l’accapare. Les caféiers ont besoin des meilleures terres. La crise sans fond des années 1920 provoque de nombreux soulèvements paysans... Au Salvador, tout dépend du café.
Dans ces années 1920, les peuples revendiquent aussi une République centre-américaine... La répression des classes dominantes ensanglante le pays.
Farabundo Marti, arrêté à plusieurs reprises, libéré par la pression populaire, contribue à la création d’organisations révolutionnaires dans plusieurs pays d’Amérique centrale. Il fait ses études à l’Université de San Salvador. Au Guatemala, il fonde le parti socialiste centre-américain.
En 1929, Farabundo rejoint Sandino au Nicaragua et devient un temps son secrétaire particulier. En 1929, au premier congrès syndical des travailleurs, les militants latino-américains décident de former la Confédération syndicale latino-américaine... A la fin de décembre 1929, la violente crise économique provoque l’effondrement du prix du café . Les campagnes se révoltent. La famine gagne... Le 30 mars 1930, Farabundo Marti et une poignée de lutteurs créent le parti communiste d’El Salvador. Farabundo se démultiplie, toujours devant.
En 1931, le parti travailliste pactise, quant à lui, avec le général Maximiliano Hernandez. Insupportable trahison... s’allier avec Maximiliano Hernandez Martinez, le futur bourreau !! Anticommunisme quand tu nous tiens... En mars l’explosion se prépare... Maximiliano s’impose comme « vice » puis comme « président ». Ses appuis civils sont « réformistes »... Les travaillistes cautionneront ainsi, bien qu’ils s’en défendent, 30 ans de dictature militaire féroce. Le PCS mène une lutte au plus haut point difficile et décide de se présenter aux élections de 1932.
Le PCS gagne de nombreuses localités... L’oligarchie « a les jetons » !
14 janvier, le PCS lance l’insurrection, la « grève générale insurrectionnelle ». Le 19 janvier, Farabundo Marti est détenu. Et livré à la « justice militaire ».
Le 22 janvier l’insurrection se propage . Des dizaines de milliers de paysans, de sans terre, armés de machettes, attaquent les « haciendas ». Le peuple prend le pouvoir, crée des milices. Les Etats-Unis fournissent à leurs marionnettes, Maximiliano, l’église, l’armée, et aux « 14 familles » de l’oligarchie, des mitrailleuses « modernes » Thompson dernier cri. Machettes contre mitrailleuses. La répression touche au génocide. L’armée oblige les prisonniers à creuser leurs fosses communes... A l’étranger, on parle aussi de « génocide », mais la solidarité reste sur le papier. Les photos, corps entassés, portent comme légendes : « bolchéviques morts». 30.000 militants du PCS, paysans, sympathisants... Pas l’ombre d’un char soviétique !
30.000 morts. Victimes de la répression impitoyable des possédants !!! soit 4% de la population anéantie ! Ah qu’ils ont la mémoire sélective nos paladins du « monde libre » !!
Le premier mars 1932, Marti, considéré comme le chef « communiste » de l’insurrection, (condamné à mort par un tribunal de traîtres), est fusillé. Pour tenter de sauver ses camarades, « il prend tout sur lui ».
La « soviétisation », les schémas de classe rigides, n’empêchent pas les militants de mener au Salvador, au Guatemala... des luttes populaires, paysannes, héroïques... Il est temps de sortir de l’oubli quasi général ces grandes figures communistes, révolutionnaires. La plupart seront fusillées, assassinées, torturées jusqu’à ce que mort s’en suive.
Hors du petit monde des latino-américanistes, qui connaît AGUSTIN FARABUNDO MARTI, fondateur et leader du parti communiste d’El Salvador ? Un héros, et pas de pacotille. Le terme a été si galvaudé...
En 1980 naîtra, de l’unité de quatre organisations révolutionnaires, dont le PCS, le Front Farabundo Marti de Libération Nationale, victorieux aux élections générales de 2009 et 2014.
Communistes, nous sommes héritiers de cette histoire. La faire vivre, cela s’appelle l’Internationalisme. Un « gros mot », plus que jamais d’actualité.
En 1940, le régime de Vichy avait rallié une grande partie de la droite politique et des Français de droite, mais aussi des radicaux, et, beaucoup plus minoritaires, quelques socialistes. Gilles Richard écrit dans son Histoire des droites en France: "Il y eut à Vichy quelques socialistes et syndicalistes (René Belin, ancien secrétaire général adjoint de la CGT, fut ministre du Travail jusqu'en 1942), davantage de radicaux, notamment parmi les hauts fonctionnaires, comme René Bousquet ou Maurice Papon. Mais les hommes issus des partis de droite furent toujours de loin les plus nombreux autour de Philippe Pétain" (Perrin, 2017 - p.245).
Beaucoup d'historiens, contre la thèse d'un fascisme français de l'historien israélien Zeev Sternhell, accréditée par la nature de certains mouvements ultras de la Collaboration, nationaux-socialistes, parfois venus de la gauche (Doriot, Déat), considèrent au contraire que le régime de Vichy était moins l'expression d'un fascisme français que la prise de pouvoir des droites conservatrices, catholiques, réactionnaires, nationalistes, hostiles au Front Populaire (Azéma, Paxton, Gilles Richard, François Broche et Jean-François Muracciole). Ce qui n'empêche nullement que des fascistes de toute obédience aient été présents et actifs au sein du régime de Vichy.
600 000 Français ont été victimes de la Seconde Guerre Mondiale, un tiers est tombé les armes à la main, le reste a disparu dans les bombardements, les massacres, en déportation, ou victime des combats internes, en France ou dans l'Empire. "Le régime de Vichy et les collaborationnistes, écrit Henry Roussi dans le premier chapitre ("la névrose") de son grand livre sur la mémoire de la Collaboration, Le syndrome de Vichy. De 1944 à nos jours "sont directement responsables de la condamnation de 135 000 personnes, de l'internement de 70 000 suspects (dont de nombreux réfugiés politiques d'Europe centrale), de la révocation de 35 000 fonctionnaires. Victimes des lois d'exclusion, 60 000 francs-maçons ont été fichés, 6 000 ont été inquiétés, et 549 (sur 989) morts en déportation. De même, l'administration française et les partis à la solde des Allemands, chacun à leur manière, ont contribué à la déportation de 76 000 juifs français et étrangers, dont moins de 3% a survécu. Les mêmes ont œuvré à l'envoi en Allemagne de 650 000 travailleurs au titre du STO et ont mené une lutte sans répit à la Résistance et aux opposants en général".
La résistance a tué quant à elle environ 10 000 personnes en dehors des instances judiciaires, dont une bonne moitié environ avant le 6 juin 1944, donc en pleine occupation. Quant à l'épuration judiciaire, "sur les 160 287 dossiers examinés par les tribunaux militaires, les cours de justice et les tribunaux civils, 45% ont abouti a un non-lieu ou à un acquittement, 25% à la dégradation nationale et à la perte des droits civiques, 24% à des peines de prison, dont un tiers aux travaux forcés temporaires ou à perpétuité. Enfin, 7037 personnes ont été condamnés à mort, et 767 seulement exécutés. De même, l'épuration professionnelle, sans être très poussée ni équitable suivant les secteurs, a touché plus de 150 cadres et chefs d'entreprise, dont certains d'envergure, ou encore 700 fonctionnaires dans l'enseignement, pour ne citer que deux exemples" (Henry Rousso). La plupart des fonctionnaires qui ont exécuté les ordres (parfois criminels, comme pour l'arrestation des Juifs) de Vichy, même haut-gradés, restent en place.
40 000 personnes sont emprisonnées à l'issue de leur procès pour des faits et des crimes de collaboration dans un premier temps. 100 000 personnes sont passés par la case prison pour attendre leur jugement prononçant la confiscation de leurs biens, leur licenciement, voire leur condamnation à mort.
Les nostalgiques de la collaboration ont été jusqu'à prétendre qu'il y aurait eu 100 000 ou 120 000 exécutions sommaires à la libération, c'est en réalité autour de 4500 (Robert Paxton, La France de Vichy - 1940-1944), ou 8000 à 10 000 (Henry Rousso). La violence des images des femmes tondues (peut-être 20 000 selon Fabrice Virgili) ne doit pas occulter la réalité d'une épuration relativement modérée.
Et l'épuration a été relativement modérée, sélective, au grand damne d'ailleurs des communistes qui réclamaient plus d'intransigeance pour purifier le corps social des fascistes et des sympathisants nazis et faire justice aux résistants sacrifiés, pour sanctionner aussi les élites sociales et économiques qui, par haine du Front Populaire, ont trahi et tendu les bras à Pétain et Hitler.
En revanche, "le sort des intellectuels et chefs de parti résolument fascistes dans un Paris occupé est tranché sans appel. Placés au beau milieu du podium, ils ont dit des mots qui vont les condamner une fois la Libération venue. La chance aidant, certains trouvent refuge à l'étranger: Déat, dans un monastère italien, Céline, au Danemark, Drieu la Rochelle préféra se suicider. Robert Brasillach, Georges Suarez, Jean Luchaire sont fusillés. Doriot est tué sur une route allemande en 1945 quand un avion mitraille sa voiture. Darnand est exécuté le 10 octobre 1945. Les tribunaux infligent des peines très sévères aux miliciens, cadres ou hommes de troupe, dont on sait à l'évidence qu'ils ont combattu la Résistance" (Robert O. Paxton, La France de Vichy).
Laval qui avait voulu fuir par l'Espagne franquiste, mais qui avait été renvoyé en Allemagne, où les Américains l'avaient livré aux Français, est fusillé le 15 octobre 1945 après sa condamnation à mort par la Haute Cour de Justice.
Marcel Déat, ancien socialiste passé au camp de la collaboration radicale, finira lui sa vie dans un couvent de Turin en 1955, fidle à ses vieilles convictions antisémites et fascistes.
Pétain est lui jugé par André Mornet, ancien commissaire du gouvernement dans les procès de trahison de la Grande Guerre, qui a requis la peine de mort devant la Haute Cour contre Pétain alors qu'il s'était porté volontaire pour faire partie du tribunal de Riom trois ans plus tôt et qu'il avait fait partie de la Commission de révision des naturalisations mises en place par Vichy, un moyen de déchoir de leur nationalité des réfugiés d'Europe de l'est, et surtout des Juifs, prélude à leur arrestation, leur internement, leur déportation.
En 1944, la victoire des Alliés et de la Résistance, jointe aux horreurs de la guerre, de la Collaboration, et à l'extrême brutalité des alliés de ce régime, l'Allemagne nazie, décrédibilise en grande partie la droite et ce régime aux yeux des Français. La droite traditionnelle, non gaulliste et résistante, est totalement déconsidérée. 302 députés et sénateurs sont d'ailleurs touchés par des mesures d'inéligibilité consécutives au vote des pleins pouvoirs à Pétain ou à la participation au régime: 163 d'entre eux appartenaient au centre et à la droite parlementaire de 1936, 79 viennent de la famille radicale, et 52 de la SFIO.
François Broche et Jean-François Muracciole écrivent dans Histoire de la collaboration (1940-1945) - édité en 2017 chez Tallandier:
" L'entreprise de réhabilitation du régime de Vichy, du maréchal Pétain et de la Collaboration est engagée dès la Libération. " En 1945, Henri de Kerillis, homme de droite proche de Georges Mandel et de Paul Reynaud avant guerre, farouchement anti-communiste et ne supportant pas leur présence au gouvernement écrit un De Gaulle dictateur.
A partir de 1947, les communistes sont exclus du gouvernement par Ramadier car ils refusent de justifier l'austérité salariale et les grèves ouvrières réprimées. La coalition des trois grands partis de la Libération - MRP (centre catholique), socialiste, communiste - vole en éclat. En 1951, c'est aux tours des socialistes d'être éjectés du gouvernement sur le problème de la guerre scolaire et de leur refus des subventions publiques aux écoles privées catholiques.
Comme après le Front Populaire, dans un contexte de guerre froide, le péril rouge remet en selle la droite la plus réactionnaire, d'autant que le début de la guerre d'Indochine va pouvoir rapprocher les nationalistes, au nom de la défense de l'Empire et de l'anti-communisme, qui ont accepté la collaboration et ceux qui défendaient la résistance.
Henry Rousso, dans Le syndrome de Vichy, de 1944 à nos jours rappelle que en 1947, l'expression d'une extrême-droite nostalgique qui relève la tête après l'épuration est à nouveau possible:
"En 1947, ce courant prend un relatif essor avec la sortie du premier numéro des Ecrits de Paris, de René Malliavin, et la réapparition d'un organe permanent et autorisé de l'Action Française, Aspects de la France. En 1951, le même Malliavin fonde Rivarol, en hommage au contre-révolutionnaire qui combattait la Terreur comme lui et ses amis combattent l'épuration. On y retrouve quelques belles plumes du Paris occupé, Alfred Fabre-Luce et Marcel Jouhandeau, et de jeunes talents prometteurs comme François Brigneau, futur éditorialiste de Minute".
"Se forge cette année-là un nouveau concept, très prisé de la droite: "le résistantialisme", écrit avec un t et non un c , comme dans résistancialisme. La différence est fondamentale. Dans le premier cas, la connotation péjorative désigne les résistants, particulièrement les fanfarons de la dernière heure (du moins est-ce le prétexte invoqué). Il laisse ainsi intact la Résistance, dont la définition se fait de plus en plus lâche. En attaquant les hommes, la droite néo-vichyste tente de récupérer un symbole toujours positif dans l'opinion, tout en dénonçant l'action néfaste des épurateurs.
L'extrême-droite nostalgique essaye de salir la résistance par la prétendue violence arbitraire de l'épuration, ainsi le chanoine Desgranges, député du Morbihan, qui fonde la confrérie, filiale de l'ordre Notre-Dame de la Merci, aux fins de soulager le sort des victimes de la nouvelle "Terreur". En 1948, il fait paraître un pamphlet, best-seller de référence: les Crimes masqués du résistantialisme :
"Le "résistantialisme" est à la Résistance ce que le cléricalisme est à la religion, le libéralisme à la libertén et, comme dirait Sartre, la nausée à la vie. C'est l'exploitation d'une épopée sublime par le gang tripartite à direction communiste"
(cité par Henry Rousso, Le syndrome de Vichy, de 1944 à nos jours)
" En 1946, rappelle Henry Rousso, le chanoine Desgranges a participé à la création de l'Association des représentants du peuple de la IIIe République. Elle regroupe maires et députés déclarés inéligibles, dont quelques résistants (élus aux municipales d'octobre 1945, après la levée de leur inéligibilité) et surtout d'anciennes personnalités de l'Etat français défunt, comme Paul Faure et Pierre-Etienne Flandrin. En mars 1948, l'association organise un "Banquet des mille", en souvenir des banquets de 1848. On y défend l'idée d'amnistie, on fait l'apologie du "maquisard probe et sincère", des ministres de Vichy qui "signaient des traités secrets avec l'Angleterre" et on condamne les collaborateurs et faux résistants criminels. Le plus étrange est que cette association, tout en oeuvrant pour la réhabilitation des épurés politiques, se réclame d'abord de la IIIe République. Pour elle, Vichy n'a été qu'une simple émanation du vote parlementaire du 10 juillet 1940, et c'est aux députés, sénateurs et maires de la IIIe que s'en prend, selon eux, le nouveau régime, par le biais de l'inéligibilité. Beaucoup se retrouvent en 1948 au sein du Centre national des indépendants", - le CNRI qui deviendra CNIP en février 1951, et où se fond l'UDI de Raymond Marcellin (Giscard sera élu député du CNIP en 1956).
Au tournant des années 50, le colonel Remy, proche compagnon du général de Gaulle, entend réhabiliter des figures de la droite vichyste et défendre la réhabilitation des anciens collaborateurs, soi-disant des Résistants discrets, en secret, comme Pétain.
"Né le 6 août 1904 à Vannes, homme d'affaire et réalisateur de cinéma, Gilbert Renaud, dit Remy, est comme on dit "une grande figure de la Résistance". Ses sympathies pour l'Action Française ne l'empêchent pas de refuser l'armistice et de s'engager dès juillet 1940 dans les services secrets de la France Libre dirigés par le colonel Dewavrin, futur colonel Passy, autre figure légendaire. Fondateur du réseau Confrérie Notre-Dame, il prend l'initiative d'une rencontre avec les FTP et convoie jusqu'à Londre, en janvier 1943, Fernand Grenier, représentant du parti communiste. (...) Très proche du général de Gaulle, il participe en avril 1947 à la fondation du RPF, devient membre de son comité exécutif.." ( Henry Rousso).
C'est en 1949 que Remy va se rapprocher d'anciennes figures pétainistes comme l'amiral Auphan, proche de Weygand, ancien secrétaire d'Etat à la Marine de Vichy. En 1950, Remy dénonce publiquement avec le chanoine Desgranges les "crimes" de la Libération, les tribunaux d'exception. Il défend l'idée d'une attitude complémentaire de Pétain - la résistance discrète de l'intérieur- par rapport à celle de de Gaulle. La fameuse thèse du "bouclier" (Pétain) et de "l'épée" (de Gaulle) que développera Robert Aron dans son Histoire de Vichy.
Remy finira membre du Front National de Jean-Marie Le Pen.
Le 9 novembre 1950, lors de la discussion sur le projet de loi d'amnistie, les députés Louis Terrenoire et Edmond Michelet déposent un amendement demandant la libération de Pétain. Il est repoussé par 466 voix contre 98 mais la motion des élus MRP ralliés au RPF a recueilli le soutien d'une bonne partie des élus de droite. Même au sein du RPF fondé par de Gaulle s'expriment à cette époque des sympathies pro-pétainistes.
L'offense pour l'oubli et l'amnistie commence en 1948 et est portée par la droite, les démocrates-chrétiens du MRP, qui ont recyclé plusieurs élus et notables qui n'étaient pas hostiles à Vichy, et le RPF. "Les partisans de l'amnistie avancent cinq grands arguments: la clémence, la réparation des injustices de l'épuration, la réconciliation des Français, la nature politique de certains délits commis sous l'Occupation, et enfin l'exemple donné par l'Allemagne et l'Italie, déjà sur la voie de la réconciliation nationale" (Henry Rousso). En Allemagne et en Italie, ce sont les Américains et la droite, la mafia et l'Eglise en Italie, remis en selle contre la Résistance communiste par les Américains, qui encouragent à réintégrer les anciens fascistes pour contenir la menace communiste.
"En face, les communistes, violemment hostiles à toute forme d'amnistie, dénoncent pêle-mêle la renaissance d'un néo-fascisme, l'Allemagne avec la volonté d'absoudre les collaborateurs. Quant aux socialistes, ils acceptent le principe de la grâce mais pointent un doigt menaçant en direction des manifestations de réhabilitation. Minoritaire au Parlement, la gauche ne peut empêcher la promulgation de la loi d'amnistie aux auteurs de faits ayant entraîné l'indignité nationale et une peine de prison inférieure à 15 ans. Elle prévoit également des mesures individuelles pour les incorporés de force, les mineurs de moins de 21 ans et ceux dont la peine est presque purgée. Large dans son principe, elle ne concerne ni les crimes graves, ni les décisions de la Haute Cour, supprimée l'année précédente en même temps que les cours de justice.
C'est une première atteinte sérieuse, non plus à l'idéologie de la Résistance, déjà moribonde cinq ans après la fin de la guerre, mais à sa mémoire. Grâce à cette loi, des fascistes notoires, des nostalgiques de Vichy, peuvent non seulement refaire surface, on l'a vu, mais retrouver leurs prérogatives publiques et surtout se faire élire, sans avoir, comme Antoine Pinay, à passer devant les jurys d'honneur. Grâce à elle aussi, les prisons de l'épuration peuvent commencer à se vider".
(Henry Rousso).
En juin 1951, la liste UNIR (Union des indépendants républicains) obtient 288 089 voix. Elle a été fondée par Jacques Isorni, l'avocat de Pétain. La liste obtient trois élus qui se réclament de la pensée du maréchal, auquel il faut ajouter Jacques Le Roy Ladurie, ancien ministre de l'agriculture du gouvernement Laval, élu sur une autre liste d'indépendants.
Un mois après, le 23 juillet 1951, le maréchal Pétain meurt à 95 ans à l'île d'Yeu. Dès 1948 s'était constitué un comité d'honneur pour sa libération, présidé par Louis Madelin. Le 6 novembre 1951 est fondée l'Association (loi 1901) pour défendre la mémoire du maréchal Pétain, jamais interdite et toujours active de nos jours. L'ADMP compte à sa tête plusieurs généraux et amiraux (Huntziger, Auphan, Lacaille, Héring), des anciens ministres de Vichy (Jean Borotra, Georges Lamirand, François Lehideux) et le colonel Remy, caution pour rallier les "pétaino-gaullistes".
Forte du premier succès de la loi d'amnistie, "la droite pousse plus loin son avantage. Un second débat s'ouvre en juillet 1952, cette fois pour m'amnistie totale. Le mot d'ordre d'"unité nationale", l'union sacrée contre les communistes prédominent dans son argumentaire. D'autant que le danger extérieur n'est plus allemand, mais soviétique". "La seconde loi d'amnistie est votée le 24 juillet 1953 par 394 voix contre 212". (Henry Rousso)
Au total, l'effectif des 40 000 personnes emprisonnées pour faits de collaboration en 1945 a évolué comme suit:
1945 40 000
1948 (décembre) 13 000 (loi d'amnistie de 1947)
1949 (octobre) 8000
1951 (janvier) 4000
1952 1570 (loi d'amnistie de 1951)
En 1952, dans une retentissante Lettre aux Directeurs de la Résistance, Jean Paulhan, qui avait couvert et protégé Aragon pendant la guerre,éminence grise des éditions Gallimard et membre du Comité National des Ecrivains affirme que "Maurras, Brasillach ni Pétain n'ont jamais été jugés", que 400 000 Français ont été victimes de l'épuration "au mépris du Droit et de la Justice" et qu'entre 1940 et 1944, le "gouvernement légal de la France était à Vichy".
Dans l'épilogue de leur Histoire de la collaboration, François Broche et Jean-François Muracciole écrivent: en 1953, "le combat pour la réhabilitation de Vichy est en bonne voie: l'anticommunisme de guerre froide et les conflits de la décolonisation brouillent les clivages de la guerre; les collaborateurs sont maintenant aministiés (1953); le RPF et de Gaulle sont de plus en plus hors jeu; l'édition vichyste et néovichyste est florissante (Nouvelles Editions Latines, Self, L'Elan, Editions du conquistador, France-Empire, A l'Enseigne du Cheval Ailé)". Plon, éditeur du général de Gaulle, publie aussi des anciens ministres de Vichy comme Yves Bouthillier.
Le 12 janvier 1953, devant le tribunal de Bordeaux, c'est le procès des 21 rescapés de la division Das Reich responsables du massacre des 642 habitants d'Oradour-sur-Glane. Parmi 14 français alsaciens, des "malgré-nous", qui ont fini déserteurs de la SS, intégrant pour certains des FFI ou FFL. Le verdict tombe en février: 2 condamnations à mort pour les gradés, des peines de prison et de travaux forcés pour les Allemands et les Français. A la suite de ce procès, le président du Conseil René Mayer fait mettre en discussion un projet de loi d'amnistie pour les incorporés de force. Le projet de loi réunit 300 voix contre 228: les communistes, une majorité de socialistes, un tiers des radicaux votent contre. Le 21 février 1953, les Alsaciens sont libérés.
En 1953, c'est le Tito limousin, Georges Guingouin, communiste jusque quelques mois plus tôt (mais solidaire de Marty et Tillon, et démissionnaire), ancien chef des FFI de Limoges, qui est mis au banc des accusés pour l'exécution en août 44 d'une quarantaine de personnes par le tribunal militaire de Limoges.
Robert Paxton rappelle que René Coty, président de la République en 1953, a voté "oui" en juillet 1940 pour les pleins pouvoirs à Pétain. La même année, deux personnalités du régime de Pétain entrent dans un gouvernement de la IV e République: André Boutemy, ancien préfet, a le portefeuille de la santé, et Camille Laurent, responsable de la Corporation Paysanne, celui de l'Agriculture.
A la veille de 58, l'homme politique préféré des français est Antoine Pinay, ancien combattant de 14-18, adhérent des Poilus de la Loire, qui haïssait le Front populaire, vénérait le maréchal, et avait été nommé au Conseil national en 1941. Il ne se révolta contre Vichy qu'à l'occasion de la réforme des Conseils Départementaux prévoyant la nomination plus que l'élection des représentants locaux.
En 1958, l'écrivain collaborationniste Paul Morand se présente à l'Académie Française. Jules Romains écrit dans l'Aurore: c'est "la revanche de la Collaboration sur une France qui avait eu le tort de se refuser à l'ennemi avant de la chasser et sur une élite intellectuelle qui avait préféré l'hostilité au pouvoir, les risques de la Résistance ou l'exil à la faveur de l'occupant". Il est barré par la polémique sur son passé d'écrivain de la Milice mais il entrera sous la coupole en 1968.
1958 va être un tournant: le retour du général de Gaulle au pouvoir et les péripéties de la guerre en Algérie vont donner un nouvel élan à la réhabilitation de Vichy, car au renforcement de l'extrême-droite lié au refus du processus conduisant à la fin de la guerre d'Algérie et à l'indépendance algérienne. Les résistants George Bidault et Jacques Soustelle, partisans de l'Algérie Française, comme le colonel Remy 10 ans plus tôt, se mettent à réhabiliter Pétain. Mabire écrit avec beaucoup de complaisance l'épopée tragique des SS français de la "Division Charlemagne". Des publications d'extrême-droite - Minute, Crapouillot, Le Spectacle du Monde, Valeurs actuelles - recrutent des journalistes collaborationnistes comme Lucien Rebatet. Dans le même temps des écrivains qui furent proches de la Collaboration s'expriment violemment contre de Gaulle et pour l'Algérie Française: Jean Anouilh, Marcel Aymé, Michel Déon, Alfred Fabre-Luce, Jacques Laurent, Paul Morand, Roger Nimier (François Broche et Jean-François Muracciole). Radio Courtoisie dirigée par Jean Ferré puis par Henry de Lesquen, membre du Club de l'Horloge, va bientôt porter cette réunification de la droite nationaliste et réactionnaire et la réhabilitation de Vichy.
Trois cas sont exemplaires de cette amnésie progressive et de cette réhabilitation des hommes de Vichy:
- le préfet René Bousquet, haut-fonctionnaire parrainé par un radical-socialiste, organisateur de la rafle du Vélodrome d'hiver de juillet 42 et de celles d'août 42 en zone sud, puis de la rafle de Marseille en janvier 1943, proche de Mitterrand après-guerre, passé entre les mailles de l'épuration, et entreprenant à partir des années 50 une florissante carrière d'homme d'affaire et d'influence, qui n'est inculpé qu'en 1991 pour crime contre l'Humanité grâce à la plainte de Serge Klarsfeld et de la Ligue des Droits de l'Homme et est assassiné en 1993 avant son procès.
- Paul Touvier, chef régional de la Milice de Lyon, responsable de l'assassinat de Victor Bash, fondateur de la Ligue des Droits de l'homme, et des sept Juifs de Rilleux-la-Pape, deux fois condamné à mort par contumace après la guerre, caché et protégé par des hommes d'église, qui collabore avec Jacques Brel sous une fausse identité, est gracié par le président Pompidou (1971) avant d'être condamné à la réclusion perpétuelle par la cour d'assises de Versailles en 1994.
- Maurice Papon, secrétaire général de la Gironde sous l'Occupation, responsable de la déportation des Juifs de Bordeaux, qui redevient secrétaire général de la préfecture de police de Paris, préfet régional en Algérie, organisateur d'une répression féroce contre les partisans de l'indépendance (en Algérie et à Paris, Charonne, les manifestants algériens jetés dans la Seine à Paris), puis député de 68 à 78, et ministre de Raymond Barre entre 1978 et 1981. Maurice Papon a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Bordeaux en 1998 pour complicité de crime contre l'Humanité.
Notes de lecture et synthèse par Ismaël Dupont - 9 juillet 2018
Le cinéaste et journaliste, disparaît à l’âge de 92 ans. Le réalisateur de Shoah était un homme d’engagements et de controverses.
Claude Lanzmann. Prononcer son nom, c’est susciter en écho une déflagration : Shoah, œuvre d’une vie qui doit se lire comme un tout. Un film terrible sur l’anéantissement des juifs d’Europe, sur l’extermination, sur la radicalité de la mort. Le réalisateur de cette œuvre fondatrice en était hanté. « Un requiem pour six millions d’âmes », titrait l’Humanité lors de sa sortie, en avril 1985. C’est de la mort que parlent les personnages de Shoah. Pas d’échappatoire. Les protagonistes juifs sont des déportés particuliers. Des hommes qui tous appartenaient aux commandos spéciaux et se trouvaient à la dernière étape du processus. Le titre même est un non-titre, un non-nom créé pour faire acte de nomination. Et un acte inaugural de l’historiographie de l’événement. Un événement à la lettre, innommable, selon Claude Lanzmann. Le film fut une quintessence de ce qu’il avait tourné jusque-là. Il en assumera toujours la charge et les conséquences. Et les nombreuses polémiques, dont celle qui devait opposer farouchement l’auteur de Shoah à Steven Spielberg. Lanzmann n’avait guère apprécié la Liste de Schindler. Au-delà des vices et vertus d’un film que nous ne tenons pas à défendre, Claude Lanzmann a toujours affirmé qu’aucune image reconstituée, encore moins une fiction, n’était capable de représenter l’Holocauste. Il voyait dans ces tentatives des parangons d’obscénité. L’interrogation fit retour lors de la sortie du film le Fils de Saul, du cinéaste hongrois Laszlo Nemes. Sélectionné à Cannes en 2015, il y obtenait le grand prix et apporte à nos yeux aux assertions de Claude Lanzmann un démenti qui n’éteint pas les questionnements.
Du tournage titanesque de Shoah, des douze années de travail acharné, naîtront quelque 350 heures d’images, un film de 9 heures et 10 minutes, et une arborescence qui produira de nombreux fleurons. Le plus récent, les Quatre Sœurs, est actuellement dans les salles de cinéma après une diffusion télévisée. Ces centaines d’heures d’interviews tournées au milieu des années 1970 avec des témoins et survivants des camps de la mort, Claude Lanzmann les appelait ses « trésors ». Après Un vivant qui passe (1997) viendra en 2001 Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, qui retrace le meurtre d’officiers nazis par des déportés juifs, épisode bouleversant de la Shoah, seule révolte victorieuse dans un camp d’extermination. Puis, en 2010, le Dernier des Injustes, film dans lequel le cinéaste rend justice à Benjamin Murmelstein, le dernier doyen des juifs du ghetto de Theresienstadt. Avec les Quatre Sœurs, il reprend le portrait de quatre femmes rescapées d’Auschwitz, du camp de Lodz ou encore du camp de Sobibor.
Claude Lanzmann était né en 1925 à Bois-Colombes, dans une famille d’origine juive originaire d’Europe de l’Est. En 1943, engagé auprès des Jeunesses communistes, il est interne en hypokhâgne au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, y organise la résistance avant de rejoindre le maquis. Son père est l’un des chefs locaux des Mouvements unis de la Résistance (MUR). À la Libération, il reprendra ses études à Paris, puis à Berlin, où il sera lecteur de philosophie. L’année 1952 marque un tournant d’importance. Claude Lanzmann rencontre Sartre et Simone de Beauvoir. Il s’engage dans le combat pour l’indépendance de l’Algérie et compte au nombre des signataires du « Manifeste des 121 » qui, en 1960, dénonce la répression coloniale.
Avec la même ardeur, il avait défendu la création de l’État d’Israël et prendra fait et cause pour le pays comme en témoigne en 1994 le film Tsahal. Son film Pourquoi Israël devait marquer en 1972 ses débuts de cinéaste. De Sartre, il reçut un véritable choc par la lecture des Réflexions sur la question juive. L’antisémitisme n’avait pas pris fin avec la guerre. Claude Lanzmann entreprend en 1952 un exigeant travail de journaliste dans la revue les Temps modernes, que Sartre avait fondée en 1945. Il en devient le directeur en 1986, après le décès de Simone de Beauvoir, maintenant le lien étroit entre les essais et la littérature.
Avec Simone de Beauvoir, il avait partagé sept ans d’amour et près de quatre cents lettres. Une existence de chair à laquelle Claude Lanzmann donnera corps en 2008 dans son livre le Lièvre de Patagonie, Mémoires qui restituent son approche personnelle des déjà longs temps alors traversés. « Un travail de vérité » qui mène de ses vies amoureuses à ses découvertes de la Chine, de la Corée du Nord, de l’amour encore avec une jeune infirmière de ce pays. Une relation clandestine et furtive sous le joug de la police de Kim Il-sung en 1958. Comme en d’autres lieux, il fera retour sur les traces et, en 2015, le film Napalm en restituera le récit. Grand cinéaste, écrivain, journaliste, intellectuel enthousiaste, Claude Lanzmann avait connu, en 2017, l’épreuve du décès de son fils de 23 ans, Félix. Il se disait « contre la mort » et savait que la sienne pouvait survenir d’un instant à l’autre. D’admirations en controverses, on peut reprendre à son endroit ce que lui-même disait de Sartre : Claude Lanzmann, c’est une œuvre, c’est un tout.
Marqué par l'antisémitisme dès sa prime jeunesse, à 15 ans en 1940, Claude Lanzmann s'engage immédiatement dans la Résistance. Très marqué, peu après la Libération, par l'ouvrage de Jean-Paul Sartre « Réflexions sur la question juive », il devait faire de ce combat, que ce soit comme journaliste, enseignant, directeur de la revue « Les Temps modernes », ou plus tard comme cinéaste, le combat de sa vie.
C'est Shoah, ce « tombeau » pour les six millions de Juifs assassinés par la barbarie nazie, comme devait le dire un de ses amis, qui devait le faire accéder à la notoriété. Douze années de travail, des centaines d'heures de tournage, un succès public considérable dans le monde entier… Aucun film sur ce sujet ne devait susciter une telle émotion ni témoigner d'une telle « intelligence de l'horreur ».
Voici quelques mois il avait réalisé Les Quatre Sœurs, quatre films diffusés en janvier dernier sur Arte, admirables portraits de quatre femmes juives d'Europe centrale rencontrées lors du tournage de Shoah, qui témoignent du cauchemar qu’elles ont vécu.
Le PCF s'incline devant sa mémoire.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
CHILI : LES ASSASSINS DE VICTOR JARA ENFIN CONDAMNES
Il était temps. Quarante-cinq ans après les faits, huit militaires chiliens à la retraite ont été condamnés, mardi 4 juillet, à des peines de 15 ans de prison pour le meurtre du chanteur et poète chilien Victor Jara lors du coup d'Etat en 1973 du général Pinochet. Un neuvième accusé a été condamné à cinq ans de prison pour avoir couvert ce meurtre. Alors âgé de 40 ans, Victor Jara était un chanteur et un directeur de théâtre reconnu. Il avait soutenu Salvador Allende lorsque ce dernier menait campagne pour être élu à la présidence du Chili en 1970. Comme des milliers d'autres partisans du président socialiste, Victor Jara a été arrêté par l'armée dans la foulée du coup d'Etat et conduit dans le stade de football de Santiago du Chili qui porte aujourd'hui son nom. Ses mains ont été écrasées à coups de crosse avant d'être battu au cours de sa brève incarcération. Retrouvé quelques jours plus tard, son cadavre était criblé de plusieurs dizaines de balles...
Long article à lire, jeudi 5 juillet, dans l'Humanité.
Jean-Emmanuel Ducoin
Víctor Lidio Jara Martínez était un chanteur auteur-compositeur-interprète populaire chilien.
Membre du Parti communiste chilien, il fut l'un des principaux soutiens de l'Unité Populaire et du président Salvador Allende. Ses chansons critiquent la bourgeoisie chilienne (Las Casitas del Barrio Alto, Ni Chicha Ni Limona), contestent la guerre du Viêt Nam (El Derecho de Vivir en Paz), rendent hommage aux grandes figures révolutionnaires latino-américaines (Corrido De Pancho Villa, Camilo Torres, Zamba del Che), mais aussi au peuple et à l'amour (Vientos del pueblo, Te recuerdo Amanda).
Arrêté par les militaires lors du coup d'État du 11 septembre 1973, il est emprisonné et torturé à l'Estadio Chile (qui se nomme aujourd'hui Estadio Víctor Jara) puis à l'Estadio Nacional avec de nombreuses autres victimes de la répression qui s'abat alors sur Santiago. Il y écrit le poème Estadio de Chile qui dénonce le fascisme et la dictature. Ce poème est resté inachevé car Víctor Jara est rapidement mis à l'écart des autres prisonniers. Il est assassiné le 15 septembre après avoir eu les doigts coupés par une hache.
Après avoir été enterré semi-clandestinement le 18 septembre 1973, il est enterré le 5 décembre 2009 (après 3 jours d'hommage populaire) dans le Cimetière Général de Santiago lors d'une cérémonie à laquelle assistèrent sa veuve Joan Turner et leurs deux filles Manuela et Amanda, l'ancienne présidente du Chili Michelle Bachelet, et plus de 5000 personnes.
Après un parcours à travers les différents quartiers de Santiago, les restes du chanteur furent apportés au Memorial de Detenidos Desaparecidos, pour une cérémonie intime où sa famille lui a rendu hommage, avant que Victor Jara ne soit enterré au Cimetière Général. Certaines de ses chansons les plus connues, comme Te recuerdo Amanda ou Plegaria a un labrador, ont été entonnées par le public présent[2].
http://www.youtube.com/watch?v=U1VxD6boMdg
http://www.youtube.com/watch?v=ofdnUcu-_3c
Fresnes, 31 août 1943,
"Chers parents, je viens viens d'être jugé, j'ai été condamné à mort."
C'est par cette phrase que commence la lettre de Louis Le Bail, un mois plus tard il est fusillé avec 18 autres résistants F.T.P brestois au Mont Valérien, il avait 22 ans.
Lire sa biographie: http://
Né le 7 mai 1921 à Lorient (Morbihan), fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chaudronnier ; militant communiste ; résistant FTPF.
SOURCES : AVCC, Caen, BVIII 4 (Notes Thomas Pouty). — Arch. Mun. Lanester, 4 Fi 22, 27 et 32. — Ami entends-tu…, ANACR-56, numéros 4, octobre 1967 et 16, 2e semestre 1971. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Le Morbihan en guerre 1939-1945, Archives départementales du Morbihan, 2009. — Biger Brewalan, René-Pierre Sudre, Les fusillés du Finistère 1940-1944, Master 1, Université de Bretagne occidentale, 2009-2010.
Claude Pennetier, Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson
Lire aussi:
Jean-Claude Cariou, militant de l'ANACR et du PCF, nous apprend que la maison du peintre Chamaillard achetée et renovée par des Anglais fut celle de Jean et Christine (Titine) Charlès jusqu'en 2016. .
Ce dernier envisage aussi d’écrire un livre sur cette maison. « Je pense qu’elle est chargée d’histoire à plus d’un titre », affirme-t-il. Lui et Rachael en sont convaincus : ils habitent désormais la même maison qu’Ernest de Chamaillard, célèbre peintre de l’école de Pont-Aven, né en 1862 à Gourlizon et mort en 1931. Chamaillard, dont un lotissement châteaulinois porte le nom, a vécu à Châteaulin de 1893 à 1905. À l’époque, il connaît déjà Gauguin, qu’il a rencontré en 1888. Il travaille alors comme avocat afin de gagner sa vie, parallèlement à son activité de peintre. « D’ailleurs, notre maison est située à deux pas de l’ancien tribunal de Châteaulin.
Sur une de ses peintures (« Jardin fleuri près de l’église à Châteaulin », NDLR), il a représenté l’église ainsi que des plantes qui ressemblent beaucoup au jardin derrière la maison ». « C’est une sorte de jeu avec la réalité, c’est quelque chose qui se pratique beaucoup en peinture », affirme Rachael, légitime pour s’exprimer sur la question. « Notre notaire a certifié que Chamaillard avait bien vécu ici », poursuit Stephen, photographe.
Pour eux, un tel héritage serait lourd de sens. « Cela voudrait dire que des gens comme Paul Gauguin ou Paul Sérusier sont passés dans cette maison », s’enthousiasment Rachael et Stephen, imaginant déjà une plaque qui rappellerait le lien de Chamaillard avec leur propriété. « Nous sommes allés au musée de Pont-Aven pour tenter d’en savoir plus sur lui mais nous n’avons pas encore réussi à confirmer définitivement ce lien, même si nous sommes persuadés qu’il a vécu ici ». De leur côté, Guy Leclerc, historien local et Marie Simon, au service culturel de la Ville, confirment avoir aussi travaillé sur la question, sans plus de succès jusqu’à présent.
Un abri pour la Résistance ?
Une chose dont ils sont sûrs à 100 %, en revanche, c’est que la maison a appartenu à un communiste convaincu. « Les murs à l’étage étaient recouverts de vieilles coupures de presse, nous les avons enlevées ». Des publications engagées, telles que l’Humanité ou encore Le Peuple, quotidien syndicaliste belge. « Nous avons également découvert une affiche datant probablement des années 1930 ou 1940, cachée dans le mur ». Celle-ci, imprimée par le Parti communiste, représente un homme d’affaires français serrant la main à un officier nazi. « Nous avons également retrouvé de vieilles cartouches d’armes en cassant les murs », explique Stephen, en ouvrant une petite boîte dans laquelle sont rangées les munitions.
Cette demeure aurait-elle été un bastion de la Résistance locale, quelques années après avoir abrité un peintre de l’école de Pont-Aven ? Stephen et Rachael ne peuvent pas encore l’affirmer. Mais ils ont sacrément envie d’y croire. « Habiter la maison qui a servi de refuge à la Résistance, ce serait vraiment la classe ! », sourit le couple.
Le Télégramme
Nous empruntons cet article à notre ami Gaston Balliot et à son excellent blog sur l'histoire sociale et politique du pays Bigouden.
https://bigouden1944.wordpress.com/2016/09/21/2667/
Corentine Tanniou Dornic est la bigoudène située au centre, elle est entourée de Rol Tanguy (chef FFI qui a libéré Paris, ancien métalo né à Morlaix, ancien des Brigades Internationales), Paul Le Gall (futur secrétaire départemental du PCF Finistère Sud), Alain Signor, responsable communiste depuis l’avant guerre, résistant, député à la Libération, et Pierre Le Rose (archives Pierre Le Rose)
Un couple de Résistants de la première heure
Marie-Corentine et Pierre Tanniou
Tanniou Corentine, née Nicolas le 16 novembre 1896, à Combrit était brodeuse à l’origine. Mariée en première noces à Albert Dornic, militant communiste, elle l’aide dans ses tâches militantes. Celui-ci décède en 1928, atteint d’une tuberculose contractée au front durant la guerre 14-18. Veuve, elle se remarie àPierre Tanniou, né, quant à lui le 1er février 1888 à Pont-L’Abbé. Corentine et son mari adhérent au PCF dès le début de l’occupation allemande alors qu’ils sont déjà « la boîte aux lettres » du PCF à Pont-L’Abbé depuis son interdiction par le gouvernement Daladier en septembre 1939.. Fin 1941 et en 1942, leur tâche était de recevoir à leur domicile, rue de la Gare à Pont-L’Abbé, des colis de tracts et de journaux ( « l’Humanité » , « La vie ouvrière » et autres journaux et tracts du PCF clandestin et plus tard ceux du « Front National » ) venant de Paris par le train, via Quimper. Ils répartissaient tout ce matériel entre les groupes clandestins en Pays bigoudens. Qui pouvait imaginer que cette vieille petite bigoudenne transportait une telle « marchandise » dans son grand cabas ? Ils hébergent fréquemment des Résistants en mission. Fin 1942, Corentine et Pierre sont arrêtés en même temps par des policiers français. Corentine sera relâchée faute de preuves et d’aveux, après un séjour à la prison surpeuplée de Mesgloaguen à Quimper. Mais Pierre aura moins de chance et sera détenu à la prison de Quimper puis au camp de Pithiviers deux années durant, jusqu’à la Libération.
Biographie établie par Jean Kervision sur la base des biographies de l’ouvrage de Eugène Kerbaul : « 1918-1945 , 1640 militants du Finistère »
Corentine est décédée à l’âge de 92 ans. Un article de la presse locale :
Gaston Balliot : J’ai très bien connu Corentine à Pont L’Abbé mais hélas à l’époque je n’ai pas recueilli ses récits passionnants. Elle utilisait la réserve de son magasin rue Victor Hugo, prés de la gare de Pont L’Abbé, comme cachette pour la Résistance, et dissimulait dans son sac de bigoudène certains « objets illicites ».
On m’a apporté une cassette audio dans laquelle Corentine raconte « sa Résistance ». Cet enregistrement date de décembre 1979 – Corentine avait 83 ans – et la qualité audio n’est pas très bonne, j’ai donc ajouté une transcription téléchargeable en PDF (seuls quelques petits bouts de phrases peu audibles manquent).
Transcription d’un témoignage de Corentine Tanniou
recueilli par Yvonne Bouër dans les années 80
Corentine est abondamment citée également dans le livre de René Pichavant« Les clandestins de l’Iroise » tome 3, des pages 128 à 141
Le « Monsieur Georges » dont parle Corentine est Venise Gosnat (voir sa biographie)
Landerneau. François Pengam, résistant sous l'Occupation
Ouest-France 18/06/2018 Romain LE BRIS
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« Franche » Pengam est mort sans donner ses camarades. Quelques années après la Libération, Landerneau a donné son nom à une de ses rues.© DR
Il y a 78 ans jour pour jour, le 18 juin 1940, Charles de Gaulle lançait l’appel à la Résistance depuis la radio anglaise BBC. Nombreux sont les Français à avoir répondu présent pour lutter contre l’Occupation de l’Allemagne nazie. À Landerneau, l’un d’eux s’appelait François Pengam.
Cet employé de bureau, célibataire, né en 1925, a rejoint les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF) en novembre 1942. Il n’avait que 17 ans. Il a été vraisemblablement recruté par Jean Sizorn, décédé en 2001, du patronage Les Gars d’Arvor, aussi appelé « Groupe Lambert ». Ce groupe de combattants résistants, formés dans la rue des Boucheries à Landerneau, est responsable de neuf déraillements de trains, d’une douzaine de pylônes électriques démolis et d’une multitude d’autres sabotages.
François Pengam a participé à ces opérations. D’après son dossier militaire, rédigé le 12 juillet 1945, c’est un « jeune patriote animé d’un courage exceptionnel qui a révélé immédiatement de rares qualités d’initiative et de bravoure qui le faisaient citer comme modèle à ses camarades de combat ».
Mais le 21 mai 1944, une vingtaine des « Gars d’Arvor » sont arrêtés par le Kommando de la Gestapo de Landerneau, sous les ordres du sergent Herbert Schaad. Ils ont été dénoncés. Le père de François Pengam est également arrêté. « Il n’était pas concevable pour lui de laisser son père condamné à sa place », expliquent leurs descendants sur un site internet. C’est pourquoi le jeune résistant ne prend pas la fuite et se laisse arrêter.
François Pengam est torturé par la Gestapo. Il finit par avouer et « prend tout sur lui », pour sauver ses compagnons, qu’il ne donnera jamais. Il est le seul à être fusillé le 27 mai, à l’âge de 19 ans. Son corps n’a jamais été retrouvé. D’après Fernand Tribisch, son compagnon de cellule, il est mort en criant « Vive la France ».
En sa mémoire, un groupe de résistant prendra son nom : la Section spéciale Franche Pengam. Après la Libération, une rue de Landerneau prend le nom de François Pengam.
La rue François Pengam, inaugurée après la Libération, fait la jonction entre les rues de La Fontaine Blanche et du Gaz. | Aude Kerdraon
Ses descendants, neveux et petits-neveux sont encore à la recherche de renseignements sur cet homme « toujours sans sépulture à ce jour », explique Thierry Lucas, son beau-neveu.
« Sa famille a toujours fait beaucoup de démarches auprès des autorités françaises et allemandes, en vain, continue-t-il. Entendre son nom, ça faisait toujours pleurer dans la famille. Il n’était pas vraiment glorifié, jusqu’à il y a dix ans. »
Plus d’info sur le site internet francois.pengam.1944.free.fr.
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article167127
Né le 1er février 1925 à Landerneau (Finistère), fusillé le 27 mai 1944 à Brest (Finistère) ; employé de bureau ; membre des FTPF.
Célibataire, employé de bureau, François Pengam était domicilié à Landerneau.
Résistant au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) depuis janvier 1944, il semble avoir participé à plusieurs sabotages des voies et moyens de communications. Il fut arrêté à Landerneau le 25 mai 1944 par les autorités allemandes.
Interné à la prison de Landerneau, il fut ensuite transféré à la prison de Brest. Il ne semble pas avoir été jugé par un tribunal militaire du Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF) comme le montre le courrier traduit envoyé à ses parents.
Il fut condamné à mort pour « actes de franc-tireur » le 27 mai 1944 par le tribunal militaire de division Feldpost 06.460. Le préfet et la DGTO (Direction générale pour les territoires occupés) ne furent prévenus de cette affaire que le jour où l’exécution leur fut notifiée.
François Pengam a été fusillé à Brest le 27 mai 1944 par les autorités allemandes à 20 h 30.
SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty) B VII 1177. – J.-P. Besse, T. Pouty, Les fusillés (1940-1944), op. cit.
Alain Prigent, Serge Tilly
Charles Tillon à Carhaix en 1945 comme ministre de l'Air (archives Jean-Claude Cariou): Une photo prise au milieu de la foule sur le stade de Carhaix en 1945, près de l'emplacement actuelle des "Vieilles Charrues". Cette photo appartient à la collection privée de Jean-Claude Cariou. Au dos, on y trouve un tampon du service du ministère de l'Air. De gauche à droite, on peut voir avançant au milieu de la foule un officier de l'armée de l'air, Charles Tillon, Alain Cariou, résistant communiste, vice-président du Comité Départemental de Libération, chargé de l'épuration des fonctionnaires, permanent du PCF jusqu'en 1947 avant de reprendre ses fonctions d'instituteur, Gaby Paul, député PCF de Brest, membre du Comité Départemental de Libération, un élu (le maire de Carhaix), et sans doute le secrétaire de Charles Tillon et un membre du cabinet (légende Jean-Claude Cariou)
L’appel à la résistance du 17 juin 1940 de Charles TILLON -
Page Facebook de Robert Clément
« Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie... Et maintenant, ils livrent la France.
Ils ont tout trahi.
Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier, au fascisme.
Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme.
Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes.
Il est le nombre : uni, il sera la force.
Pour l’arrestation immédiate des traîtres
Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes,
UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION!"
Charles TILLON,
Gradignan, 17 juin 1940
Antoine Porcu (1) a présente le texte de cet appel et en a expliqué le sens dans un entretien accordé à l’Humanité le 4 mars 2006
« L’appel de Charles TILLON est un appel à la résistance sur le territoire national, tandis que celui du général de Gaulle s’adresse d’abord aux français présents en Angleterre pour leur demander de se rassembler autour de lui. Par ailleurs, l’appel de Charles TILLON est explicitement lancé au nom de la lutte contre le fascisme.
Cela le différencie également de l’appel de Thorez et Duclos du 10 juillet 1940, conforme à la ligne de la IIIeme Internationale. Celle-ci réduisait la guerre en cours à un affrontement antiimpérialiste. Cela ne permettait pas de cerner la spécificité du phénomène fasciste. À l’inverse, Charles Tillon en appelle au rassemblement du peuple dans l’action contre le « fascisme hitlérien », dans le droit fil de la stratégie du Front Populaire pour laquelle Maurice Thorez s’était lui-même battu.
Depuis la Libération, la propagande anticommuniste affirme que les communistes ne sont entrés en résistance qu’en juin 1941, lorsque l’Union soviétique est attaquée par les nazis. C’est une parfaite falsification. D’ailleurs, l’importance de ce texte a été appréciée par la direction clandestine du Parti Communiste, laquelle intègre Charles Tillon, à la demande de Benoît Frachon. Mais derrière ce genre d ‘accusation, c’est le rapport même des communistes au peuple français de l’époque qui est questionné. L’appel de Charles TILLON permet de lever toute ambiguïté. Il prouve que l’engagement des communistes s’est fait indépendamment des directives de la IIIeme Internationale.
Car cet appel n’est pas une initiative purement personnelle. Lorsqu’il le rédige Charles TILLON est mandaté par le Comité central pour réorganiser le parti communiste dans tout le Sud-Ouest de la France. Son appel y rencontre un certain écho. Les kiosquiers de Bordeaux l’insèrent dans les journaux. Il parvient même jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Le Parti communiste français a été traversé par de nombreuses et dramatiques contradictions. Mais il a toujours été avant tout un collectif de femmes et d’hommes mobilisés pour l’émancipation humaine. Le combat pour cette reconnaissance est crucial dans un contexte où la droite la plus réactionnaire reprend le flambeau de la virulente campagne anticommuniste d’après-guerre dans le but de briser tout espoir de transformation sociale. »
(1) Antoine PORCU, ouvrier métallurgiste, il adhère au PCF en 1943. Il rejoint alors le réseau des jeunes communistes résistants. Secrétaire de la fédération du PCF de Meurthe et Moselle de 1961 à 1979,
Il est député de 1978 à 1981, il collabore au cabinet de Charles Fiterman au ministère des transports. Il ne renonce pas à son idéal et écrit de nombreux ouvrages en l’honneur des militants et résistants communistes. Il meurt le 1er mars 2017
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