1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère
31/ François Paugam (1910-2009)
François Paugam est né le 26 octobre 1910 à Saint-Martin-des-Champs (Finistère), décédé le 25 novembre 2009 à Morlaix (Finistère) ; cheminot ; secrétaire de l'union départementale CGT du Finistère (1963-1968) ; membre du comité de la fédération du PCF du Finistère (1952-1954) ; conseiller municipal (1947-1959).
" Ouvrier du bâtiment, il adhéra en 1934 à la CGT à Morlaix (Finistère). Après les grèves de 1936, il entra à la SNCF. Rapidement, il eut des responsabilités syndicales, étant élu secrétaire adjoint. Prisonnier de guerre, il fut libéré en tant que cheminot. Selon Eugène Kerbaul, il fut alors surveillé par la police de Vichy. Secrétaire de l’union locale CGT, il fut élu au secrétariat de l’union départementale CGT du Finistère lors du congrès de Brest les 6 et 7 avril 1963 où il siégea jusqu’en 1968. Il organisa au nom de l’union départementale une réunion à l’intention du personnel de la société Tilly à Guerlesquin, un des grands groupes de l’agro-alimentaire. Quelques temps plus tard, il fut violemment agressé lors d’une distribution de tracts le 26 janvier 1964 devant les portes de cette entreprise.
Adhérent du PCF depuis la libération, membre du comité de la fédération du PCF du Finistère (1952-1954), il fut élu au conseil municipal de Morlaix au sein duquel il siégea de 1947 à 1959. Il fut à plusieurs reprises candidat aux élections cantonales. Dans le canton de Saint-Pol-de-Léon il obtint 8,6% des suffrages exprimés en 1955). Dans le canton de Morlaix il regroupa 21,8% des suffrages en 1958 et 18,8% en 1964. Il appela à voter Georges Marchais à l’élection présidentielle de 1981.
Chevalier de la Légion d’Honneur, il fut président du Secours populaire de Morlaix."
"En novembre 1958, Alphonse Penven fut le candidat du PCF (15 % au premier tour) dans la 4e circonscription du Finistère (Morlaix I) dans laquelle se présentait aussi François Tanguy Prigent ainsi que le maire de Morlaix Jean Le Duc (Indépendant-CNI), et un MRP. Du fait d’un accord conclu entre la SFIO et le PCF dans le Finistère et notamment parce que Tanguy Prigent avait fait campagne pour le non au référendum, Alphonse Penven se désista au 2e tour en faveur de l’ancien ministre socialiste qui fut battu par Jean Le Duc. Il représenta encore le parti en novembre 1962 (16,9 % des voix au 1er tour) et se désista pour Tanguy Prigent (PSU) qui retrouva son siège de député. À nouveau candidat communiste en mars 1967 (19,3 % au 1er tour), juin 1968 et mars 1973, il se désista pour le candidat du PSU Roger Prat, élu d’extrême justesse en 1967 puis battu en 1968. Son suppléant était le cheminot de Morlaix François Paugam (1958 et 1962) puis l’instituteur Michel Derrien de Morlaix (1967)"
(Alain Prigent, Maitron)
FRANCOIS PAUGAM : L'HUMAIN AU COEUR
par Alain David
J'ai rencontré François lors de mon adhésion au Parti Communiste lors du grand mouvement de mai-juin 1968. La Maison du Peuple , dont il était un pilier, était alors une véritable ruche bruissant au gré des nombreuses réunions et assemblées générales qui s'y tenaient. Son autorité, sa présence y était remarquables.
Cheminot, conducteur de locomotives, François avait pu, encore jeune, prendre sa retraite bénéficiant d'un statut que la droite y compris dans de variante macroniste n'a eu de cesse de remettre en cause. Il aurait pu, à partir de ce moment, couler des jours tranquilles. C'était mal connaître l'homme. Il déroula au contraire une carrière militante de plusieurs décennies au Parti Communiste, à la CGT et au Secours Populaire.
A l'U.L.-CGT de Morlaix, pendant plus de 25 ans, il fut quasiment permanent accueillant les salariés, les syndicalistes, se rendant dans les entreprises chaque fois que s'y déroulait un conflit ou que s'y perpétrait une injustice. Faisant respecter le droit du travail sans jamais manifester aucune crainte alors que les échanges étaient parfois houleux. S'y ajoutait en plus tout le temps consacré à l'entretien des nombreux locaux de cette immense Maison du Peuple. Je le vois encore, à 80 ans passés, gravir une échelle pour décrocher sur la façade une enseigne de la CGT que le vent avait malmenée.
Il fut aussi un militant actif du Secours Populaire qu'il a présidé pendant des années. Là aussi il ne comptait ni son temps ni son énergie pour apporter son soutien à ceux que la vie avait malmenés. Pour cet engagement il a reçu la Légion d'Honneur des mains de Julien Lauprêtre lors d'une cérémonie émouvante où se sont retrouvés nombreux, beaucoup de celles et ceux avec qui il avait milité.
J'ai beaucoup vu François au Parti Communiste Français après 1971.
Déjà secrétaire de section ,j'avais quitté Saint-Martin pour descendre à Morlaix et adhérer à la cellule Thorez dite "du Pouliet" dont François était l'un des animateurs. Je me souviens de tout ce que François apportait à ses débats et à son activité, comme à la section dont il était membre du comité.
En ces temps-là ça discutait ferme au Parti... ferme et parfois longtemps. François apportait dans ces débats la richesse de sa longue expérience. Veillant toujours à ce que les discussions ne s'éloignent pas de la réalité du terrain et du vécu de la population. Veillant aussi, car nous n'étions pas toujours exempts de la tentation de jargonner, à ce que dans notre expression nous soyons toujours compréhensibles par toute la population.
Ses multiples activités militantes donnaient à François une large , riche et fine connaissance de la réalité de la vie du pays de Morlaix. Elle nourrissait les nombreux articles qu'il donnait à chaque parution du journal "Le Viaduc". Les actions syndicales, les brimades et injustices dans les entreprises, trouvaient ainsi un écho public qu'elles n'avaient pas souvent dans la presse.
Comme à la CGT, François prenait en charge les locaux du parti. Le 5 rue Haute d'abord puis le 2 Petite rue de Callac. L'entretien courant bien sûr, mais aussi des tâches de plus grande envergure que son indéniable, compétence lui permettait de mener à bien. C'est ainsi qu'il réalisa le monumental escalier de la Maison du Parti. On se souvient aussi de l'exploit qu'il a mené avec son ami; Louis Olivier, quand ils se sont mis en tête de décrépir toute la façade du bâtiment et d'en rejointoyer toutes les pierres.
Plus tard, l'état de santé de son épouse rendant difficile son maintien à domicile, François décida de l'accompagner au Foyer Logement de la Boissière à Morlaix. Il y agit immédiatement pour la prise en compte des avis des résidents. François continuait à participer à nos réunions de cellule. D'y participer pleinement. Je l'ai vu souvent pester lorsque l'horaire des repas du soir au foyer l'obligeait à écourter sa présence.
François Paugam était représentatif de cette génération de militants qui, dans tous les domaines, ont voulu bâtir ces "jours heureux" du Conseil National de la Résistance. Tous les acquis qu'ils ont contribué à conquérir ont façonné la réalité française qui est aujourd'hui si gravement menacée par le pouvoir. La reconnaissance que nous leur devons nous engage à continuer leur combat.C'est le sens de " L'HUMAIN D'ABORD " pour lequel nous nous battons .
Alain DAVID - le 30.01.2020
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Viaduc n°3 - journal du PCF Morlaix Mars 1964 - sous le titre ironique "Les arguments frappants des patrons", une charge contre Tilly qui fait tabasser les militants de la CGT à Guerlesquin: "La direction "TILLY" à GUERLESQUIN, n'aime pas les défenseurs des ouvriers. F. PAUGAM, responsable CGT en a fait l'expérience. Aux tracts qu'il distribuait à GUERLESQUIN pour dénoncer l'exploitation dont sont victimes les ouvriers de cette entreprise, le beau-frère de Mr Tilly a opposé les coups de poing. La classe ouvrière ne peut tolérer de telles méthodes. Pour parer cette méthode fasciste dont notre camarade F.PAUGAM a déjà été victime, tous les travailleurs doivent faire preuve d'une vigilante solidarité à l'égard de leurs responsables, prévoir et assurer leur défense dans tous leurs déplacements intéressant leur travail de militant".
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