Facteur, militant communiste, il faisait partie du triangle de direction de la résistance communiste à Brest avant d'être envoyé en mission pour la résistance FTP dans la Sarthe et à Paris.
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:
42/ Pierre Corre (1915-1943)
(Maitron des fusillés, Jean-Pierre Besse)
Né le 25 octobre 1915 à Saint-Pierre-Quilbignon (Finistère), fusillé le 1er juin 1943 au camp d’Auvours, commune de Champagné (Sarthe) ; ouvrier à l’Arsenal de Brest, chaudronnier ; militant communiste et syndicaliste du Finistère ; résistant communiste FTP
Résistant communiste, il fit partie du triangle de direction de la région brestoise en janvier 1942 puis responsable départemental pour l’Orne en août 1942 avec 80 résistants sous sa direction. Responsable régional, en février 1943, il rejoignit la Sarthe. Une circulaire de la Sûreté générale du 25 septembre 1942 le signalait comme étant en fuite en compagnie de Julien Lesvin. Il aurait été domicilié avant son départ à Lambezellec, 1 rue du Cimetière ; il était présenté comme charpentier-tôlier à l’Arsenal. Homme de confiance, il fut muté par la direction clandestine du Parti communiste à Paris, comme "garde-malade", c’est à dire garde du corps d’un responsable national. Il fut arrêté le 1er mars (ou le 6 mars selon les sources) 1943 sur les quais de la gare de Connérré (Sarthe) alors qu’il prenait le train pour Paris afin de rejoindre son nouveau poste clandestin.
Condamné à la peine de mort par le tribunal militaire allemand FK 555 réuni au Mans le 28 mai 1943, il fut exécuté avec onze autres de ses camarades.
Le même jour furent exécutés à Auvours : Albert Aubier, Alex Auvinet, Armand Blanchard, Pierre Corre, Émile Debonne, Émile Derruau, Eugène Dubruilles, Robert Estival, Edmond Garreau, René Le Petillon, Jules Lesven, Paul Madiot.
C'est par ces quelques mots que Pierre CORRE, résistant brestois condamné à mort en 1943, commence sa dernière lettre à l'intention de sa famille:
Eugène Kerbaul:
"En mai 1941, Eugène Kerbaul organise les sabotages à l'arsenal avec Jules Lesven, Le Nédellec, Pierre Corre et Mathurin Le Gôf. Des wagons prévus pour dix tonnes de fer en reçoivent vingt afin que leurs ressorts plient et que le matériel s'use très vite. De la poudre d'émeri est déposée dans les boîtes de graissage des essieux des wagons...
Le 14 juillet 1941, les ouvriers de l'arsenal, sous l'influence des résistants communistes, se mettent spontanément en grève dès le matin, brandissant des drapeaux français dans plusieurs ateliers. Les Allemands n'osent pas réprimer le mouvement le jour de la fête nationale et déclarent l'après-midi libérée de travail.
Les actions de résistance des militants communistes, l'invasion de l'URSS et le climat d'anti-communisme violent dans la presse et les milieux officiels, contribuent à un renouveau de l'influence communiste en milieu ouvrier. Des "Vive l'URSS", "Vive le P.C", "Vive Thorez" apparaissent sur les murs de Brest qui ne doivent rien aux militants du PCF.
Le 14 août, Vichy promulgue coup sur coup l'obligation de fidélité à Pétain et la création de tribunaux spéciaux où seront déférés les communistes. Le même jour, le haut commandement allemand annonce que l'activité communiste sera punie de mort. Le 22 août 1941, le haut commandement allemand promulgue la loi des otages: tous les Français arrêtés sont considérés comme otages et peuvent être fusillés en cas d'attentat contre l'armée allemande.
C'est à ce moment que la lutte terroriste du Parti Communiste contre l'occupant nazi va vraiment s'engager (en dehors des actes spontanés d'attentats par les O.S, comme à Brest) par des assassinats ciblés. Le futur colonel Fabien, Pierre Georges, abat ainsi un officier allemand à la station de métro Barbès à Paris le 23 août.
A Brest, depuis l'arrestation de Chaigneau et Kerbaul, ce sont Jeanne Goasguen-Cariou et Jules Lesven qui dirigent l'organisation communiste. Ils relancent un Secours Populaire clandestin avec Jean Le Nédellec, Pierre Corre, Marie Miry. Dès août 1941, les familles en difficulté recevront une aide. A l'arsenal, sur les chantiers, des quêteurs efficaces et discrets du Secours populaire reçoivent un bon accueil".
" A Brest, une grève a lieu le 25 octobre 1941 à l'arsenal pour condamner les exécutions d'otages communistes ou apparentés à Châteaubriant et à Nantes. Un dépôt de gerbe y est effectué. Des sabotages sont effectués à l'arsenal. Des communistes brestoises, Jeanne Goasguen-Cariou et Marie Salou, aident des réfugiés républicains espagnols prisonniers du fort de Montbarrey, astreints aux travaux forcés et maltraités par les Allemands, à s'évader en leur donnant de faux papiers d'identité et en organisant leur évasion. Les communistes brestoises essaient aussi d'organiser des manifestations de femmes pour réclamer le retour de leurs maris, prisonniers de guerre, ceci afin de narguer les Allemands. En mai 1942, plusieurs communistes sont arrêtés à Brest, qualifiés de terroristes. Un policier zelé charge De Bortoli, un anti-fasciste communiste italien accusé d'avoir collé des affiches anti-allemandes. Devant le tribunal, avant d'être condamné à mort, il s'écrie « Vive le Parti Communiste ». Le policier collaborateur qui avait dénoncé De Bortoli reçoit quelques jours après un petit cercueil ainsi qu'une lettre lui annonçant sa condamnation à mort par le tribunal de la résistance brestoise s'il ne revient pas sur sa déposition pour sauver De Bortoli (Eugène Kerbaul. Chronique d'une section communiste de province, Brest 1935-1943, p.256). Ce dernier évidemment n'en fait rien: De Bortoli est exécuté au champ de tir d'Issy les Moulineaux le 22 août 1942. Le policier collaborateur, qui avait été impliqué également dans le démantèlement du réseau de résistance non communiste Elie (lequel s'était soldé par plusieurs condamnations à mort), pour lequel le juge d'instruction en charge du dossier s'était déjà fait tué par la Résistance, est exécuté par le chef départemental des FTP, Jean-Louis Primas, le même jour à Brest. Le 25 août, un soldat allemand est grièvement blessé par un groupe FTP et à la fin du mois d'août, la vitrine des locaux de la Légion des Volontaires Français rue de Siam. Le 31 août, Jean Kerautret et Vincent Guivarc'h, deux membres des Jeunesses Communistes, échangent des coups de feu avec des Allemands alors qu'ils pensaient devoir être arrêtés: ils sont abominablement torturés et fusillés le 14 octobre 1942, après qu'on ait retrouvé un arsenal d'armes du groupe FTP au domicile de Kerautret. En septembre 1942, les chefs FTP brestois Jean-Louis Primas et Pierre Corre organisent deux attentats qui font 28 victimes dans un bordel fréquenté par les Allemands, tandis qu'au même moment, un attentat contre l'hôtel abritant l'état major de la Kriegsmarine tue probablement 12 officiers. Quelques jours plus tard, un groupe de FTP abat un major-général allemand dans sa voiture entre Landerneau et Landivisiau. "
(...)
"Au début de l'été 42, Venise Gosnat nomme Pierre Corre responsable des FTP brestois, avec Pierre Berthelot comme adjoint. Henri Moreau est chargé de planquer chez lui la ronéo et le stock de papier.
En juillet 42, jusqu'au 14 juillet, les femmes communistes organisent de nouvelles manifestations de la faim de femmes à Brest contre les réquisitions et les restrictions. Des sabotages effectués par des groupes communistes sur les chantiers du bâtiment allemands dans et autour de Brest se multiplient (...). En août, la vitrine de la L.V..F (Ligue des Volontaires Français contre le bolchevisme) vole en éclat rue de Siam, à deux pas de la préfecture maritime occupée par la Kriegsmarine. Raymonde Vadaine, Marie Salou, Venise Gosnat, Pierre Corre, André Berger, Joseph Ropars, Albert Abalain, A. Rolland, Albert Rannou, Etienne Rolland, participent aux opérations. "
(...)
"Dans la nuit du 1er au 2 octobre 1942, la police frappe un grand coup.
Ils sont cette nuit-là 17 militants arrêtés répartis dans trois commissariats de la ville pour être plus tard regroupés dans une cellule du commissariat de Saint-Martin. Parmi les arrêtés, André Vadaine qui a vu le matin Albert Rannou pour discuter d'une action projetée. Adolphe Le Roux, Louis Le Guen sont arrêtés. Pierre Le Corre, sur qui les policiers tirent, parvient à s'échapper. (...) J.L Primas et Yves Giloux sont arrêtés à Nantes en janvier 1943. Jules Lesven et Pierre Corre sont arrêtés en mars, et fusillés, après avoir encore descendu un collaborateur en janvier 43 au Mans.
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