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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:00
Nûdem Durak

Nûdem Durak

 

TURQUIE / BAKUR – Alors que la pandémie du coronavirus fait des ravages en Turquie et au Kurdistan du Nord, plus de 50 000 prisonniers politiques, dont une bonne partie sont des journalistes, politiciens ou artistes kurdes, sont interdits de quitter la prison tandis que les autres condamnés du droit commun ou des terroristes de DAECH sont libérés petit à petit…
 
Parmi ses prisonniers politiques kurdes, il y Selahattin Demirtas, avocat, écrivain et politicien d’HDP, des dizaines de maires comme Gultan Kisanak et des artistes dont le seul crime est d’affirmer leur identité kurde. On veut vous parler de la chanteuse kurde Nûdem Durak à titre d’exemple pour montrer l’enfer que les Kurdes vivent en Turquie…
 
Cela fait 5 ans que la chanteuse kurde Nûdem Durak est en prison pour avoir osé chanter dans sa langue maternelle. Elle doit retrouver sa liberté en 2034. Un châtiment de 19 ans pour lui enlever le goût de chanter les chansons de son peuple… ou montrant la fausseté du discours officiel turc parlant de leurs « frères kurdes ».
 
La justice turque a condamné la chanteuse kurde Nudem Durak à 19 ans de prison pour avoir enseigné la musique kurde.
 
Originaire de Cizre, Nûdem est bien connue dans toute sa communauté pour enseigner des chansons folkloriques locales en langue kurde aux enfants. Les Kurdes sont persécutés depuis des décennies par les gouvernements de Turquie, d’Iran et de Syrie dans tout le Kurdistan. (Vous pouvez entendre Nûdem chanter en kurde ici)
 
Pour le gouvernement turc, qui a même interdit le mot «Kurdes» jusqu’aux années 1990 (les appelant plutôt «Turcs des montagnes»), chanter était tout simplement inacceptable. Nûdem a été arrêtée en 2015 et inculpée sous la vague notion de propagande parce que les chansons qu’elle chantait étaient dans sa langue maternelle.
 
En avril 2015, Nûdem Durak a été condamnée à dix ans et demi de prison pour «promotion de la propagande kurde» en se produisant dans sa langue maternelle. En juillet 2016, sans accusation ni condamnation supplémentaires, sa peine a été portée à 19 ans. Des amis rapportent qu’elle était recherchée par la police depuis au moins 2014. La chanteuse a été arrêtée avec trois autres femmes, mais elles ont été libérées.
 
Nûdem Durak est actuellement détenue dans la prison fermée de Mardin où elle devrait rester jusqu’en septembre 2034.
 
Pour soutenir Nûdem Durak

Signez la pétition Free Nûdem Durak 
Chantez pour elle, écoutez ceux et celles qui l’ont déjà fait…

Ecrire à Nûdem

Nudem Durak
M Tipi Kapalı Cezaevi
Bayburt
TURQUIE

Pour plus d’info cliquez : songfornudemdurak.org
Suivez la campagne de solidarité sur les réseaux sociaux.

Facebook “Song for Nudem Durak” @songfordurak

 

Source:

https://kurdistan-au-feminin.fr/2020/04/10/turquie-une-chanteuse-kurde-condamnee-a-19-ans-de-prison-a-cause-la-musique-kurde/?fbclid=IwAR2KpElBXV5c8hMGv9efJU2iGNWSF3DfvTMYyiWztKLqMEi9JfWjChYBlmc

 
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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 13:16
COVID 19 - Adresse de Fabien Roussel et du PCF aux salarié.e.s (avril 2020)
COVID 19 - Adresse de Fabien Roussel et du PCF aux salarié.e.s (avril 2020)
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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 13:13
Signez la pétition Le Jour d'après - Défendons ensemble des mesures urgentes et de long terme pour la justice sociale et climatique
Défendons ensemble des mesures urgentes et de long terme pour la justice sociale et climatique


Tirons les leçons de la crise actuelle et pallions aux dysfonctionnements générés par les politiques menées depuis des années. 
La protection et la promotion des services publics doit être une priorité, dès aujourd’hui et pour demain. Ils sont les garants de notre santé, de notre éducation, de notre avenir. Ils sont les meilleures armes face à des inégalités croissantes et les garants du respect des droits fondamentaux. Les protéger, c’est investir dedans. C’est aussi revaloriser les personnes qui y travaillent et leur donner les moyens d’agir. 

La crise sanitaire actuelle est une loupe grossissante d’inégalités criantes.

Nous ne pourrons accepter que les choix politiques qui seront faits viennent les accentuer. Ils devront au contraire les réduire, en priorité pour les femmes, aujourd’hui en première ligne de la crise, et pour les plus vulnérables, en France et dans le monde. 


Enfin, nous voyons aujourd’hui toute la violence humaine et sociale d’une crise qui a pris nos sociétés de cours. Ne faisons pas la même erreur face à la crise climatique, dont les effets se font déjà sentir fortement et qui seront encore plus dévastateurs à l’avenir.

Les choix faits pour demain ne doivent en aucun cas privilégier le court terme, et sacrifier la planète à une croissance « coûte que coûte ». Une autre voie est possible, et ensemble, nous pouvons la défendre. 

Aujourd’hui, nous avons le pouvoir de construire le monde de demain, pour qu’il soit  le reflet de nos aspirations : un monde plus juste, durable et solidaire.  

Ne laissons pas les décisions se prendre sans nous et contre nous. Nous avons le pouvoir citoyen.

 

*Pétition à l’initiative de : Action Non-Violente COP 21, Alternatiba, Attac France, CCFD Terre Solidaire, Confédération paysanne, CGT, Convergence nationale des Services Publics, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fondation Copernic, Greenpeace France, les Amis de la Terre France, Oxfam France, Reclaim Finance, Unef, Union syndicale Solidaires, 350.org. Pétition soutenue par : Action Aid France, Fidl, Il est encore temps, Le mouvement, MNL, Notre affaire à tous, Partager c’est sympa, SOL, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, UNL.

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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 12:37
Production et commerce des armes : loin des urgences, loin des besoins essentiels (CGT)

Production et commerce des armes : loin des urgences, loin des besoins essentiels

Notre pays traverse une crise sans précédent.
Le monde du travail est frappé de plein fouet, ce qui ne l’empêche pas d’assumer chaque jour ses
responsabilités, notamment pour soigner les malades et assurer les besoins essentiels.
Chaque jour qui passe conduit à mesurer davantage l’ampleur des ravages des politiques d’austérité en particulier en matière de santé. Alors que les hôpitaux sont fortement sollicités, pour beaucoup saturés, alors
que la pénurie en matériels de protection touche y compris les personnels soignants, il y a urgence à prendre
des mesures fortes pour protéger la santé du plus grand nombre et éviter, autant que possible, l’engorgement du système de santé.
Depuis plus de trois semaines, la CGT demande l’arrêt des activités non-essentielles à la satisfaction des besoins vitaux de la population.
Dans de nombreux secteurs, les employeurs, encouragés par le gouvernement agissent dans un sens
diamétralement opposé. Il en va ainsi des entreprises et du ministère des Armées dans le domaine de la
production d’armement.
Si la CGT reconnaît le rôle spécifique de l’industrie de défense dans le maintien de la souveraineté nationale,
et estime que les réponses aux besoins essentiels de soutien des forces soient assurées en cette période est
acceptable, elle affirme que les développements et la production de matériel neuf peuvent attendre.
Parmi les exemples les plus révoltants, nous relevons celui de l’usine Dassault d’Argonay (Haute-Savoie) que
l’avionneur a redémarré le 6 avril pour honorer les commandes de chasseurs Rafale passées par l’Inde ou
encore la direction d’Eurenco qui continue à vouloir redémarrer la fabrication d’explosifs militaires sur le site de Sorgues, au mépris tant de la santé des salariés que des risques supplémentaires de saturation de nos hôpitaux.
D’autres unités de production d’armement poursuivent leur activité ou sont en phase de redémarrage, comme à Safran, Naval Group ou dans les secteurs étatiques comme le Service Industriel de l’Aéronautique.
Entrainant également les entreprises sous-traitantes et travaillant à des productions du domaine militaire, les
groupes donneurs d’ordres participent ainsi à la mise en risque de salariés dont l’activité ne relève pas de ce
que nous identifions comme étant essentiel à la marche de la nation et à la préservation des populations. Parfois même, des entreprises se découvrent une production de nécessité, alors que leur activité principale relève du matériel destiné aux armées et que toutes nos propositions de maintien d’activité de diversification étaient, hier, balayées au nom de la rentabilité.
Alors que la France et la planète font face à une pandémie ravageuse, la CGT, ses Fédérations des Travailleurs
de la Métallurgie et de l’État, affirment avec force que la production militaire n’est pas une priorité. Elles
considèrent que la crise en cours doit être l’occasion de redéfinir les finalités de la production industrielle et
d’engager la réorientation d’unités de production vers les besoins vitaux actuels pour les populations.
La France étant devenue en 2019 le troisième pays exportateur d'armement au monde, ce secteur industriel,
largement soutenu par les budgets étatiques, possède les moyens financiers et humains d’opérer ces choix
novateurs, en phase avec les besoins de la période. Nos organisations rappellent que, par exemple, la CGT
porte depuis plus de 8 ans au sein du groupe Thalès un projet industriel de reconstruction d’une filière d’imagerie médicale en France. Elle s’appuie sur des savoirs et savoir-faire qui pourraient avoir de réels débouchés pour développer des solutions rapides et efficaces de diagnostic, améliorer via l’intelligence artificielle les procédures de diagnostic, les détections en imagerie. Il s’agit d’un projet qui serait un apport tout à fait adéquat concernant la pandémie actuelle. La CGT de Dassault Aviation porte, elle, la revendication de diversifier ses activités vers des projets dans les domaines de l’éolien ou de l’hydrolien. Ces quelques exemples concrets de véritables projets industriels répondent aux besoins du pays et de l’humanité, à partir d’atouts industriels maitrisés par un personnel hautement qualifié.
La CGT, ses Fédérations des Travailleurs de la Métallurgie et de l’État, exigent une nouvelle fois que les
pouvoirs publics et le patronat agissent dans le sens de la priorité qui doit être donnée à la vie. Dans le secteur de la Défense comme ailleurs, les activités dites essentielles doivent être mieux définies en concertation avec les représentants du personnel.
Elles exigent l’arrêt, jusqu’à nouvel ordre, de toutes les unités de production ne concourant pas à la satisfaction des besoins vitaux de la population, notamment de toutes les activités visant à l’exportation d’armes.
Elles demandent la réquisition des stocks de matériels de protection détenus par le patronat, dans ces unités
de production, et leur affectation aux personnels soignants et travailleurs des secteurs essentiels.
Elles demandent la reconversion et la diversification provisoires, voire pérennes, des unités de production
pouvant engager rapidement la fabrication des matériels médicaux utiles à la santé de nos concitoyens et des populations mondiales.

Montreuil, le 9 avril 2020

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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 10:09
Jeudi, 9 Avril, 2020
Témoignages d'aides à domicile, ces autres « première ligne » que l’État oublie...

Indispensables aux personnes dépendantes - qu’ils tiennent, par leurs soins, éloignées des hôpitaux -, ces personnels restent largement sous-payés et souvent peu protégés. Ils racontent leur quotidien.

 

«  S i on ne va pas les voir, les personnes dont on s’occupe vont mourir », résume Bruno Evenor. Depuis le début de l’arrivée du coronavirus à Strasbourg, cet auxiliaire de vie se démène pour continuer ses visites quotidiennes aux personnes âgées et handicapées dépendantes dont il a la charge. Courses, nourriture, habillage, douches, changes : sa présence est indispensable. « Au départ ça a été compliqué. Certains bénéficiaires n’avaient plus rien à manger. On n’avait pas encore reçu de bons et j’ai dû prendre sur mes deniers pour assurer le minimum », explique Bruno, qui gagne 800 euros net par mois pour 26 heures de travail hebdomadaire. Comme lui, des millions de salariés du secteur de l’aide à la personne, à domicile, tentent depuis le début de la crise de maintenir en bonne santé des personnes très fragiles. « Leurs salaires sont très bas et ils sont envoyés en première ligne sur le front de la crise sanitaire », s’offusque Stéphane Fustec, conseiller fédéral en charge du service à la personne à la CGT.

« J’ai l’impression d’envoyer des soldats au front sans protection »

« L’aide à domicile, c’est un rempart. Si on veut éviter que les gens finissent à l’hôpital, il faut que ceux qui prennent soin d’eux soient protégés. Mais il y a eu du retard à l’allumage sur l’aide à domicile », explique Laurène Dervieu, conseillère personnes âgées et en situation de handicap à l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss), qui fédère les principaux acteurs associatifs du secteur. La distribution de masques y a été encore plus tardive et parcimonieuse que dans d’autres secteurs, Ehpad compris. « Nous avons des masques, mais au compte-gouttes : un par personne et par jour, alors qu’en principe, on devrait les changer toutes les quatre heures. Nous avons une réserve pour 10 à 15 jours, c’est angoissant. Et jusqu’au 25 mars, c’était rien du tout. Le président a parlé d’une guerre. Mais moi, j’ai l’impression d’envoyer des soldats au front sans protection », explique Mireille (1), infirmière coordinatrice d’un Ssiad (service de soins infirmiers à domicile) en région Centre. Bien qu’en pleine zone infectée, Bruno Evenor n’a vu arriver les masques que… début avril. Entre-temps, il s’est débrouillé grâce à des amis. « Je suis asthmatique et j’ai des bronchites chroniques. Je n’aurais pas pu travailler sans. » En fait, c’est tout le matériel de protection qui fait défaut. « Idéalement, il faudrait des gants, une visière, une surblouse, pour pouvoir intervenir sans risque », note Laurène Dervieu.

« On pâtit du cloisonnement des politiques sanitaires et sociales »

« Sur le terrain, c’est le bazar. On pâtit du cloisonnement des politiques sanitaires et sociales », poursuit la conseillère de l’Uniopss. Entre les agences régionales de santé (ARS) qui distribuent des masques et celles qui les réservent aux seules structures d’État, les départements qui en livrent aux associations et ceux qui n’en ont pas, les pharmacies frappées de pénurie et celles qui rechignent, malgré les consignes, à en donner aux personnels de l’aide à domicile, personne n’est logé à la même enseigne. Mireille souligne le caractère arbitraire et mortifère de ces politiques : « Comme la région Centre n’était pas encore très touchée, l’ARS avait exclu le personnel de l’aide à domicile de l’accès aux masques. Du coup, on s’est fait traiter d’irresponsables par nos collègues libéraux. » Autre signe d’incohérence, certaines inspections du travail ont sanctionné des associations employeuses pour défaut d’un matériel de protection auquel l’État leur a refusé l’accès. Il en va de même pour les tests, en principe indispensables pour éviter les risques de contamination, mais dont cette main-d’œuvre est encore exclue. Résultat, les cas suspects sont systématiquement mis à l’arrêt, alors que le secteur, en tension même sans virus, manque de bras. « Il y a beaucoup d’angoisse chez les personnels qui ont peur d’être infectés et de contaminer patients et familles. Certains conjoints leur disent “tu n’y retournes pas” », raconte Mireille.

Les salariés du secteur souffrent d’un manque de reconnaissance

Pour pallier le manque de protections, entreprises et associations ont reçu la consigne de se concentrer sur les missions vitales. Mais pour ceux qui restent, la charge est lourde. « On croule sous le travail. C’est le premier week-end que je prends depuis début mars. J’ai trois jours de repos et je repars sur deux semaines d’affilée. C’est épuisant », raconte Bruno Evenor. Cette réduction des activités a aussi des conséquences pour les bénéficiaires. « Il y a une baisse de moral chez nos patients. Non seulement, ils voient moins de monde, mais en plus, comme on nous demande de réduire au maximum notre temps de présence, on n’a plus le temps de discuter. Il y a aussi une perte de repères, parce que les horaires ont changé. C’est très perturbant pour des personnes âgées », explique Bruno, qui a acheté des jonquilles à certains pour leur remonter le moral.

Comme beaucoup d’autres professions de cette « France d’en bas » qui va au front au péril de sa vie, les salariés du secteur de l’aide à domicile souffrent d’un manque de reconnaissance. « C’est très dur pour ces gens, en bas de l’échelle, de voir qu’on les oublie, alors que leur rôle est tellement essentiel pour le lien social », estime Laurène Dervieu. Preuve que rien n’a changé malgré la crise, l’obtention du chômage partiel est loin d’être assurée, alors même qu’on a demandé aux aides à domicile de réduire leurs missions. « Je suis admiratif de ces salariés qui continuent à travailler sans aucun soutien. Ils font preuve d’une abnégation et d’un attachement aux personnes impressionnants, renchérit Stéphane Fustec. Après la crise, il faudra qu’ils soient enfin reconnus. »

(1) Le prénom a été modifié.
Camille Bauer
Témoignages d'aides à domicile, ces autres  première ligne  que l’État oublie... (Camille Bauer, L'Humanité, 9 avril 2020)
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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 10:07
Covid 19 - Soignants, avec les malades, au prix de leur santé (Alexandre Fache, L'Humanité, 9 avril 2020)
Jeudi, 9 Avril, 2020
Soignants. Avec les malades, au prix de leur santé

Comme des milliers de personnels de santé depuis plusieurs semaines, ils ont bataillé contre le virus, au chevet des patients atteints. Et ont eux-mêmes contracté la maladie. Témoignages.
 

Combien de soignants, chargés de lutter pied à pied contre le Covid-19, ont-ils contracté eux-mêmes la maladie ? Cette information capitale, nul ne la détient visiblement. Mardi, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique chargé de conseiller l’exécutif, évoquait le chiffre flou – et optimiste – de « plusieurs milliers », justifiant ainsi le fait que les masques FFP2, les plus performants, étaient toujours donnés en priorité aux personnels de santé. Le 23 mars dernier – il y a une éternité –, on dénombrait cinq médecins morts du Covid. Depuis, rien. L’Humanité a donné la parole à des soignants infectés par le virus. Ils racontent les symptômes physiques, les angoisses, mais aussi la culpabilité de devoir laisser leurs collègues seuls face à la vague.

Nabila Hamza-Baibou, 44 ans, médecin généraliste à Strasbourg : « J’ai senti que la maladie était plus forte que moi »

« J’ai eu tous les symptômes du Covid-19, sauf la détresse respiratoire : perte de goût, d’odorat, courbatures et une fatigue vraiment intense. J’avais l’impression d’avoir fait un marathon et, à chaque effort, j’étais essoufflée. C’était le week-end du 21-22 mars. Depuis la fin février, j’ai eu énormément de patients venus consulter pour des symptômes grippaux : 30 à 40 par jour, c’était beaucoup plus que d’habitude. Je me suis doutée qu’il y avait quelque chose d’anormal. Par précaution, je ne suis pas allée voir mes parents. Je me contentais de les appeler. Je ne pensais pas vraiment tomber malade, mais j’avais peur d’être porteur sain du virus. C’était le discours ambiant à l’époque : “Si vous l’attrapez, ça sera bénin.” En fait, ce virus m’a complètement cassée. Une fois touché, on ne peut plus rien faire, on est couché au lit, on n’a même pas la force de se faire à manger. J’ai eu peur de contaminer mon mari et mes deux enfants, de 11 et 14 ans. Il a fallu leur faire comprendre la nécessité de ne plus faire de câlins, de ne plus manger ensemble… Ce n’était pas évident.

Avec tous les patients que j’ai vus, je savais que je ne passerai pas entre les gouttes. Car des masques, on n’en a eu qu’à la troisième semaine de mars. Une toute petite boîte de 50. Je les ai donnés à mes patients qui avaient des symptômes. Et en un jour et demi, la boîte était vide. Je trouve qu’on a trop tardé à réagir face à ce virus. Et cette absence de masques pour les professionnels, c’est un vrai scandale. On nous a envoyés à la guerre sans armes, sans rien. Je suis vraiment en colère. Parce que j’ai eu peur aussi. Quand vous arrivez vous-même au pic du 8e jour, et qu’à ce moment-là, vous entendez que cinq médecins sont morts à cause du virus, vous avez les boules… Heureusement, j’avais un saturomètre pour mesurer mon taux d’oxygène dans le sang, je pouvais vérifier que je n’étais pas trop prise. Mais j’ai senti clairement que cette maladie était plus forte que moi. »

Nicolas, 35 ans, infirmier en réanimation dans l'est de la France : « Un choc quand j’ai appris que j’étais positif »

« Pour moi, ça a commencé par de la toux et de la fatigue, sans température. Malgré tout, je me sentais apte à travailler. Quand on m’a dit que j’étais positif, ça m’a fait un choc, mais ça m’embêtait de rentrer chez moi, de ne plus être utile, de laisser mes collègues. Bien sûr, la priorité était de ne pas participer à la contagion. J’ai été mis en arrêt 14 jours à partir du début des symptômes, soit à partir du 18 mars. Petit à petit, la fatigue s’est accentuée, avec des courbatures, des maux de tête, et, au moment du pic, j’ai vraiment eu deux jours compliqués. Le moindre effort, même marcher quelques mètres, provoquait un essoufflement, j’étais étourdi, avec de grosses douleurs abdominales, comme un point de côté, à droite, qui m’obligeait à rester coucher. Une fois ce sommet passé, l’amélioration a été très rapide. J’ai pu reprendre deux jours plus tôt que prévu, pour compenser l’indisponibilité de collègues, eux aussi touchés. Et c’est reparti.

Pendant le pic, je me suis demandé comment ça allait tourner. On manque de recul sur ce virus, qui est assez bizarre. Les symptômes fluctuent beaucoup. Et, surtout, j’avais vu dans mon service de réanimation des personnes jeunes, sans antécédents, être frappées durement, voire décéder. Deux jours avant mon arrêt, on avait eu un cas de ce type. On ne peut s’empêcher d’y penser, une fois arrêté. Être soignant, dans ce genre de situation, est à la fois un avantage et un inconvénient : on comprend mieux les symptômes, la maladie, on a accès aux études… Mais, en réanimation, on voit aussi ce que peut donner ce virus sur les patients les plus atteints. C’est à double tranchant. En reprenant, j’étais donc partagé : à la fois anxieux d’y retourner, car les journées sont très dures, je me demandais si j’avais assez récupéré pour faire face à ce rythme ; et, d’un autre côté, j’étais content de retrouver mes collègues, de repartir à la bataille face à cette maladie. »

Giovanna Melica, 44 ans, médecin immunologue à l'hôpital Henri-Mondor (Créteil) : « On se sent vulnérable, malgré nos connaissances médicales »

« J’ai commencé à tousser le 22 mars et, le lundi, j’ai pu être testée. J’étais positive. J’ai immédiatement été confinée chez moi. Ma réaction a été double : mon côté rationnel me disait “ça va aller, ça restera bénin, comme dans la grande majorité des cas” ; mais, d’un autre côté, parce que j’avais vu beaucoup de malades graves dans mon service, j’ai aussi commencé à paniquer. On se sent vulnérable, et malgré nos connaissances médicales, on ne peut pas s’empêcher de penser au pire. D’autant que ce virus touche aussi, et parfois lourdement, des patients jeunes, sans antécédents. Je ne sais pas si je l’ai contracté dans mon service, ou chez moi, par le biais de mes enfants. Le virus a circulé dans leur école. J’ai eu la chance de ne pas avoir de fièvre, mais j’ai en revanche perdu le goût et l’odorat. D’ailleurs, celui-ci n’est toujours pas revenu.

Être soignant et malade, ça suscite des réactions ambivalentes. On sait qu’il faut absolument s’arrêter pour ne pas contaminer les autres. Mais on se sent aussi coupable de ne pas être sur le terrain. Alors que ça n’a pas de sens : l’infection ne va pas disparaître du jour au lendemain, et il va falloir tenir sur la durée. Faire des roulements. Se reposer. Aurait-on pu mieux se préparer à cette épidémie ? L’anticipation a fait défaut, c’est sûr. L’Italie nous avait pourtant montré ce qui allait arriver. Malgré des moyens comparables à la France, c’était une véritable poudrière. Et pourtant, on a temporisé, attendu… Le confinement est arrivé bien tard, le 17 mars. Je ne m’explique pas cette inertie. »

Alexandre Fache
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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 10:05
1920-2020: Cent ans d'engagements communistes: 67/ François Tournevache (1919-1993)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes:

67/ François Tournevache (1919-1993)

Né le 1er juin 1919 à Berrien (Finistère), mort le 20 octobre 1993 à Brest (Finistère) ; cheminot ; communiste ; conseiller municipal de Morlaix (Finistère).

Fils d’un pâtissier, François Tournevache perdit son père tué dans un accident de travail. Cheminot, ajusteur, puis chef d’équipe, Tournevache adhéra au Parti communiste en 1934. En 1936, il fut secrétaire des Jeunesses communistes de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord).

Il fut muté à Brest en 1938.

Mobilisé en novembre 1939, François Tournevache fut libéré en juillet 1940. Placé sous surveillance policière, il fut arrêté en 1941.

Le 8 mai 1941, Chaigneau, le chef des résistants communistes cheminots, est arrêté alors qu'il s'apprêtait à mettre le feu à un chargement militaire allemand, dans un wagon ouvert par des résistants communistes, qui n'avaient pas le temps de voler les armes et les effets. François Tournevache, qui avait pris la succession de Chaigneau immédiatement après son arrestation, est arrêté à son tour. On le conduit au commissariat de la place Anatole France où il retrouve Pierre Mazé, le fils d'Ernest Mazé, un autre militant arrêté alors qu'il cherchait à récupérer des plaquettes incendiaires non brûlées jetées par les bombardiers anglais. Le juge d'instruction Le Braz, qui sera abattu plus tard par un groupe de FTP, fait inculper Tournevache, poursuivi pour propagande au profit de la IIIe Internationale et action au service d'une puissance étrangère (l'URSS).

À la Libération, il fut conseiller municipal de Morlaix et, en 1949, secrétaire de la Fédération du Finistère du PCF, puis membre du bureau du PCF Finistère. Candidat dans le canton de Lanmeur aux Cantonales de 1949 et 1955, François Tournevache fera d'abord 15%, puis 11%, face à Tanguy Prigent notamment qui emporte l'élection à chaque fois.

Il était secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Brest en 1954.

Le 21 mars 1971, François Tournevache fut candidat sans succès aux élections municipales de Brest.

François Tournevache avait épousé à Berrien, le 18 septembre 1945, Marie Dénoyer.

Lire aussi:

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 66/ Jos Quiniou (1900-1976)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 65/ François Gaonac'h (1901-1978)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 64/ Paul Lespagnol (1949-2003)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 63/ Jean-Marie Le Scraigne (1920-2016)

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1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 61/ Jean-Marie Plonéis (1934-2018)

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1920-2020: Cent ans d'engagements communistes dans le Finistère: 59/ Pierre Salaun

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 58/ Guy Laurent (1940-1994)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 57/ Eugène Kerbaul (1917-2005)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 56/ Pierre Cauzien (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 55/ Albert Jaouen (1909-1976)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 54/ Pierre Hervé (1913-1993)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 53/ Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier (1910-2007)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 52/ Yves Le Meur (1924-1981)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 51/ Jean Burel (1921-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 50/ Jacob Mendrès (1916-2012)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 49/ Henri Tanguy dit Rol-Tanguy (1908-2002)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 48/ Carlo de Bortoli (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 47/ Robert Jan (1908-1987)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 46/ Denise Roudot (1933-2002)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 45/ Paul Le Gall (né en 1925)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 44/ René Le Bars (1933-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 43/ Louis Le Roux (1929-1997)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 42/ Pierre Corre (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 41/ Daniel Le Flanchec (1881-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 40/ Joséphine Pencalet (1886-1972)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 39/ Sébastien Velly (1878-1924)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 38/ Edouard Mazé (1924-1950)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 37/ Guy Liziar (1937-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 36/ Henri Moreau (1908-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 35/ Alphonse Penven (1913-1994)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 34/ Michel Mazéas (1928-2013)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 33/ Pierre Guéguin (1896-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 32/ Jean-Louis Primas (1911-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 31/ François Paugam (1910-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 30/ Angèle Le Nedellec (1910-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 29/ Jules Lesven (1904-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 28: Raymonde Vadaine, née Riquin

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 27/ Jeanne Goasguen née Cariou (1901-1973)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 26/ Gabriel Paul (1918-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 25/ François Bourven (1925-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 24/ Yves Autret (1923-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 23/Pierre Jaouen (1924-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 21/ Joseph Ropars (1912-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 20/ Paul Monot (1921-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 19/ Jean-Désiré Larnicol (1909-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 18/ Jean Le Coz (1903-1990)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 17/ Alain Cariou (1915-1998)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 16/ Jean Nédelec (1920-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 15/ Alain Le Lay (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 14/ Pierre Berthelot (1924-1986)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 13/ Albert Abalain (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 12/ Andrée Moat (1920-1996)

1920-2020: cent ans d'engagements communistes en Finistère: 11/ Jean Le Brun (1905-1983)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 10/ Denise Larzul, née Goyat (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 09:52
Publié le 10/04/2020 par PCF
Covid19 : Pour un cessez-le feu mondial

Depuis plusieurs semaines maintenant, les États-Unis sont durement frappés par la pandémie mondiale du Covid-19. En début de semaine, on recensait plus de 10 000 Etats-uniens morts et 350 000 autres infectés.

Non content de délaisser son peuple, en déclarant que si « les Etats-Unis finissent avec 100.000 à  150.000 morts, nous aurons fait un bon job », Donald Trump  préfère poursuivre ses projets guerriers. Il menace le Venezuela d’intervention armée et lui fait du chantage. Et il durcit les sanctions économiques extraterritoriales contre d’autres pays qui ont pourtant un urgent besoin de mobiliser tous leurs moyens pour protéger leurs populations.

Le cynisme de Donald Trump contraste avec les appels à la « solidarité mondiale » et à un « cessez-le-feu mondial » lancés par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Il appelle à une «  réponse coordonnée et multilatérale » et chiffre le montant des moyens nécessaires pour se relever de la crise sanitaire, sociale et économique à 10 % du PIB mondial. Il invite pour cela à mobiliser tous les moyens des banques centrales et du FMI dans le but de promouvoir « une économie différente ».

Le PCF soutient ces appels, invite à signer massivement la pétition mondiale de l’ONU « pour un cessez-le-feu mondial », exhorte les gouvernements, dont celui de la France, à cesser de vendre des armes aux belligérants là où les conflits se poursuivent. Il appelle également à lever le blocus contre Cuba, à cesser la guerre larvée contre le Venezuela, et à mettre fin à tous les régimes de sanction économique qui privent les peuples des moyens de lutte contre la maladie et tuent chaque jour des vies supplémentaires. 
Le monde ne doit avoir qu’une seule priorité : la fin de la pandémie, la construction de systèmes de santé publique à la hauteur partout sur la planète, l’invention d’un nouveau modèle de développement économique, social et écologique, solidaire et protecteur pour tous les peuples du monde.

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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 08:08
Inde: un grand bond en arrière - Article de Jean-Claude Breton, président de l'AADI (Le Télégramme, 10 avril)

UN GRAND BOND EN ARRIERE POUR L’INDE ?

C’est passé presque inaperçu: le 24 mars, un cinquième de la population mondiale a rejoint les pays qui étaient déjà confinés dans la lutte contre le COVID-19: Narendra Modi, Premier Ministre de l’Inde, impose un “lockdown” de 21 jours pour le 2ème pays le plus peuplé du monde et sa densité 3 fois supérieure à celle de la Chine. Certes l’Inde avait déjà , avant de nombreux pays occidentaux, restreint les entrées dans le pays, mais la décision a été brutale , avec un sens de la communication émotionnelle associant le non respect de ces 21 jours de confinement à un retour en arrière du pays de 21 ans. Dans ce laboratoire gigantesque qu’est l’Inde, où tout côtoie perpétuellement son contraire, des drones montrent alors Bombay désertée , des vues magnifiques et surprenantes d’une discipline inimaginable , un Taj Mahal revenu à son origine – un tombeau royal - , en même temps qu’on assiste à des exodes de malheureux subitement privés d’emploi et de ressources, tentant de revenir à pied dans leurs lointains villages , tous les transports étant suspendus.

Dans un pays qui reste encore démocratique, et bien qu’en danger avec le gouvernement actuel, la liberté d’expression n’hésite pas à stigmatiser la scandaleuse faiblesse des budgets de l’Inde dédiés à la santé et les inégalités sociales . Les caricaturistes illustrent ces thèmes avec un humour grinçant et autodérision , et aussi l’origine de la contagion : les classes aisées qui voyagent, l’image de celui qui arbore un passeport et amène le virus, face à celui qui n’a que sa carte de rationnement et qui va souffrir.

Beaucoup d’indiens craignent de mourir de faim plutôt que du virus, l’accès aux légumes frais étant rendu difficile par les contraintes logistiques et le manque de ressources des acheteurs, tandis que celui du riz et des légumineuses est plus facile grâce aux marchés contrôlés par l’État. Pire qu’en d’autres lieux la xénophobie est à l’affut et les conflits intercommunautaires peuvent se réouvrir: un grand rassemblement récent à Delhi d’une organisation musulmane est à l’origine de 700 cas de contamination et déclenche une dangereuse exploitation de la part des extrémistes hindous. Que le gouvernement actuel pourrait exploiter en attisant les haines déjà sous-jacentes . D’un autre côté , un éminent épidémiologiste du pays explique à la télévision que le Premier Ministre savait que les chiffres officiels mentionnés étaient très sous-estimés, et que l’on peut craindre d’ici juillet de 1 à 2 millions de morts. La mousson pouvant ensuite aggraver la situation.

Ce chiffre peut effrayer, il n’est pourtant pas incompatible avec ceux des pays occidentaux “en proportion” des populations et vu la faiblesse des structures médicales en Inde. A rapprocher des 4 millions de morts de la famine au Bengale en 1943 dont les Britanniques et Churchill ont été tenus pour responsables. L’Inde qui produit la moitié de la chloroquine mondiale et voulait en interdire l’exportation a dû se plier aux injonctions de Donald Trump et faire une exception pour les États-Unis .

Pour Modi et ses ambitions de devenir la 3ème puissance économique mondiale, l’enjeu est crucial, et les résultats du confinement susceptibles en effet de renvoyer l’Inde très en arrière , ruinant sa remarquable évolution économique depuis 1993. Au contraire si ces prévisions s’avèrent exagérées, ils seront exploités comme un miracle ou une preuve d’efficacité . Mais cela pourrait aussi conforter le pouvoir actuel dans sa politique fascisante . Faut-il souhaiter plutôt une déstabilisation complète ?Le risque est grand d’un chaos interne incontrôlable et la fin d’un équilibre géopolitique de la zone , voire d’un nouveau Moyen Orient ? Comme on le dit parfois, l’Inde estime n’avoir de comptes à rendre qu’à l’éternité.

Jean Claude Breton

10 avril 2020

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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 06:54
Fabien Roussel en meeting à la fête de l'Humanité Bretagne, décembre 2019 à Lanester

Fabien Roussel en meeting à la fête de l'Humanité Bretagne, décembre 2019 à Lanester

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF : L’idéal communiste est plus que jamais d’actualité - Fabien Roussel, interviewé par Julia Hamlaoui, L'Humanité, 10 avril 2020
Vendredi, 10 Avril, 2020
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF : « L’idéal communiste est plus que jamais d’actualité »

Toute la semaine, l’Humanité a interrogé les responsables de gauche sur leur vision du « jour d’après ». Dernier entretien avec Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, qui estime possible de « financer tout de suite la reconquête des services publics ».

 

Le jour d’après la crise sanitaire s’annonce comme celui de la crise économique. Le gouvernement a évoqué d’éventuelles nationalisations, la relocalisation de certaines productions ou encore des dispositifs d’aide. Est-ce à la hauteur ? Quelles politiques proposez-vous pour éviter chômage et précarisation de masse ?

Fabien Roussel. Emmanuel Macron fait mine de découvrir le rôle de l’État et des services publics ! Cette crise sanitaire révèle en fait tout ce qui nous manque pour faire face à une telle pandémie : une industrie puissante, des services publics et un État forts avec des marges budgétaires pour agir. Le capitalisme a considérablement réduit le rôle de l’État, affaibli nos services publics et en même temps encouragé la délocalisation des entreprises, notamment dans la production de médicaments. Il faut donc rompre avec ces logiques d’austérité et de rentabilité financière, et préparer dès maintenant un nouveau modèle économique, social, écologique. L’idéal communiste est plus que jamais d’actualité. Nous voulons une société dans laquelle l’État joue tout son rôle, avec des services publics renforcés et une vie démocratique rénovée jusque dans les entreprises, avec de nouveaux pouvoirs pour les salariés. Par la relocalisation de notre industrie, nous devons retrouver la maîtrise des grands secteurs stratégiques du pays, aujourd’hui vendus au privé, relancer la recherche, bref, retrouver notre souveraineté économique. Chaque citoyen doit être protégé tout au long de sa vie, de l’école jusqu’à la retraite, avec un travail et un salaire digne. Chacun doit pouvoir trouver sa place dans la société. L’être humain, c’est la priorité !

L’Union européenne a suspendu sa règle d’or budgétaire. Craignez-vous le retour d’une austérité accrue ensuite et quelles ruptures faut-il opérer à l’échelle de l’Union ?

Fabien Roussel. La situation montre le besoin de coopération à l’échelle du monde et de l’Europe. L’Union européenne a certes suspendu provisoirement ses normes de déficits budgétaires, mais elle ne change pas de logique. Il y a donc urgence à imposer un autre rôle à la Banque centrale européenne et à notre monnaie : au lieu de nourrir le capital, elle devrait servir un modèle social ambitieux, développer les services publics, l’emploi et les salaires, pour organiser, à l’échelle du continent, un vaste plan de reconquête industrielle. C’est possible en mobilisant les liquidités de la BCE sur des fonds dédiés à l’emploi, aux services publics, au développement de filières, plutôt que sur les marchés financiers comme c’est aujourd’hui le cas.

Les services publics sont en première ligne pour lutter contre l’épidémie. Quelles leçons en tirer pour le « jour d’après » ? Comment les financer ?

Fabien Roussel. Aujourd’hui, de nombreux services publics montrent toute leur utilité. Heureusement qu’ils sont là. Il est possible, tout de suite, de financer leur reconquête : 15 milliards par an de cadeaux fiscaux ont été accordés aux plus riches et aux multinationales. Rétablir l’ISF, supprimer la flat tax, revenir sur les exonérations de cotisations accordées sans contrepartie, c’est possible tout de suite. Cela permettra de financer l’hôpital public à hauteur de 10 milliards d’euros. Nous proposons aussi de taxer les dividendes du CAC 40 à 75 % pour dissuader les entreprises de les verser. Cela pourrait alimenter un fonds en faveur des PME-TPE.

L’état d’urgence sanitaire a conféré de nombreux pouvoir à l’exécutif et les experts ont pris une place prépondérante. Quels changements démocratiques faut-il concevoir ?

Fabien Roussel. La mobilisation indispensable de la nation appelle au contraire un grand élan démocratique, permettant au Parlement, aux forces sociales et politiques de jouer pleinement leur rôle jusque dans les territoires. Nous appelons depuis longtemps à l’émergence de nouveaux pouvoirs des salariés dans les entreprises et dans les services publics. Si, dans les régions, les ARS étaient démocratiques, si dans leur entreprise les salariés étaient écoutés et disposaient de vrais pouvoirs, croyez-vous qu’on aurait pu supprimer 100 000 lits d’hôpitaux, que des délocalisations aussi nombreuses auraient pu être opérées pour le seul profit des actionnaires ?

Vous avez appelé, ces derniers mois, au rassemblement de la gauche, contre la réforme des retraites comme pour les élections municipales. Les défis à relever face à cette crise rendent-ils plus prégnante cette exigence ?

Fabien Roussel. Pour imposer de grands changements, le rassemblement de toutes les forces disponibles est toujours une nécessité. Il doit toutefois reposer sur des contenus exigeants, non sur les plus petits dénominateurs communs, sous peine de grands échecs. Et il ne doit pas se concevoir comme une construction de sommet, réduite aux dirigeants des partis. La mobilisation de l’ensemble des forces sociales, politiques, intellectuelles est indispensable. Les ruptures nécessaires pour sortir du modèle actuel font encore l’objet de débats, voire de désaccords. Il convient de les aborder franchement et publiquement, en faisant en sorte que notre peuple, et particulièrement le monde du travail et de la création, s’en empare. Aujourd’hui, nous souhaitons qu’un large débat s’ouvre sur les exigences mises immédiatement à l’ordre du jour par la crise sanitaire, ainsi que sur le nouveau modèle de production et de consommation dont l’humanité a le plus urgent besoin.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF : L’idéal communiste est plus que jamais d’actualité - Fabien Roussel, interviewé par Julia Hamlaoui, L'Humanité, 10 avril 2020
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