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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 14:07

L’immeuble de la direction nationale du PCF, place du Colonel-Fabien, fut tout un temps espionné par les services secrets américains. Un fonds d’archives l’atteste. Retour sur une affaire qui fit du bruit au milieu des années 70.

 

Tout s’arrête en janvier/février 1976. Pourquoi ?

L’agence doit réaliser au fil des semaines qu’il se passe quelque chose d’anormal dans la surveillance du siège du PCF. Chaque fois qu’elle marquait un point (par exemple avec la pose d’un micro dans la voiture de Marchais ou l’établissement d’un contact apparemment prometteur avec un homme du service Entretien), cet avantage était contré assez vite : la voiture « sonorisée » est changée, la taupe est « remerciée » et ne travaille plus à Fabien. Bizarre. Les paranos de la CIA flairent l’embrouille. Car tout se passe comme si le Parti avait un espion chez les espions si l’on peut dire. Marchal finit par être soupçonné. On sait (il l’aurait dit à Guérin et Durand ?) qu’il passe à nouveau au détecteur de mensonges avec un spécialiste venu tout exprès de Francfort. Trois jours de passage au détecteur, c’est dire si ses employeurs avaient un gros doute.

Ensuite Marchal disparaît. On ne sait pas ce qu’il est devenu.

Lui n’a pas dû être étonné d’être soupçonné par l’agence, il s’y attendait.

Dès l’été 1975, selon les archives, il se sent filoché, pense que son téléphone est sous écoute. Il en parle à Guérin, lui demande si c’est le PCF qui le piste ? Il ne doit pas trop y croire et sent bien que c’est sa maison-mère qui l’a à l’œil.

Marchal savait qu’il exerçait un métier précaire… Il s’y attendait et il s’y préparait. Marchal a le sens de la débrouille. Un jour il parla d’un proche (un autre espion) qui avait travaillé pour la sécurité de l’Otan, qui avait réalisé des centaines de fiches, prêtes à être vendues ou publiées…

Et on apprend, toujours à la lecture des archives, qu’il avait une habitude : il déposait systématiquement dans un coffre en Belgique le double de tous ses rapports à la CIA, de tous ses contacts avec les gens de l’agence et il menaçait, c’est ce qu’il dit à Guérin, de publier ses mémoires si on lui cherchait des poux. « Je tiens pas à me faire descendre », avouera-t-il textuellement.

Le fait est que, vers la fin janvier 1976, le contact avec Marchal est coupé. Et le 16 février 1976, sur une pleine page du quotidien l’Humanité, Alain Guérin fait sensation en révélant l’essentiel de l’affaire sous le titre « Opération Aquarium : comment à Paris la CIA espionne ». Il y détaille les diverses formes de l’espionnage américain et politise l’affaire. On se permettra cette courte citation : « Lorsque nous avons eu connaissance des faits dont nous venons de donner quelques exemples on ne saurait dire que nous avons été à proprement parler surpris ; nous savions depuis longtemps que l’espionnage et la provocation contre les partis communistes et les organisations de gauche sont, selon le mot de Philip Agee (ex-agent), « le pain quotidien opérationnel de pratiquement toutes les stations de la CIA ». On remarquera toutefois que cette réflexion d’Agee concerne plus spécialement la région du monde où il a été en fonction, une région précise, l’Amérique du Sud, dont on sait qu’elle est considérée depuis longtemps par l’impérialisme nord-américain comme sa « chasse gardée ». Alors une question se pose : la France doit-elle aussi désormais être considérée comme telle ? Le pouvoir giscardien en est-il arrivé à un stade supérieur de l’atlantisme où les services spéciaux des puissances de l’Alliance ne se borneraient plus à fournir aux Américains des renseignements sur les communistes et à leur prêter main-forte à l’occasion - ainsi que le rappelait encore récemment le Washington Post - mais où les États-Unis pourraient disposer du territoire de leurs « alliés » comme d’un pays conquis où la France serait devenue une zone colonisée dans laquelle ils auraient toute latitude d’installer leurs propres services pour « doubler » les services français sans doute considérés en l’occurrence comme débiles ? »

Guérin ne donne alors pas le nom de Marchal (il le donnera des années plus tard dans son dernier livre). Sans verser dans le romantisme, on peut émettre ici deux hypothèses. Guérin (et le PCF) dit en quelque sorte aux Américains via cet article : Un, on est au courant de vos combines, maintenant vous arrêtez les frais (d’espionnage). Deux, on est au courant pour Marchal, laissez-le en paix.

Il y aurait toujours une famille Marchal qui réside dans cette partie de Belgique, non loin de Givet, selon Dominique Durand, qui ajoute : « Si Marchal était son nom véritable. » En effet, rien ne prouve que les papiers qu’il avait présentés à Guérin et Durand étaient vrais. Son passeport par exemple avait été renouvelé à Bujumbura, au Burundi, ancienne colonie belge devenue récemment indépendante.

Cette histoire n’est pas une fiction, répétons-le. Un beau fonds d’archives à Fabien le prouve. Voir aussi l’article cité de l’Humanité du 16/2/1976 ; le livre d’Alain Guérin « Ne coupez pas, je raccroche » aux éditions Le temps des cerises (épuisé, dit-on). Un autre ouvrage rend assez bien l’ambiance de l’époque : « Le péril rouge. Washington face à l’eurocommunisme », Frédéric Heurtebize, PUF (2014). Ajoutons enfin qu’un documentaire télévisé sur l’opération Aquarium, réalisé par le journaliste Nicolas Bourgoin, comprenant un long entretien avec Dominique Durand, est en préparation ; il devrait être programmé début 2021.

Gérard Streiff

 

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 13:49
Histoire. Hors les murs, à l’assaut de toutes les Bastilles - Jérôme Skalski, L'Humanité, Dimanche 27 décembre 2020,
Histoire. Hors les murs, à l’assaut de toutes les Bastilles
Dimanche 27 Décembre 2020
Acte de naissance du PC-SFIC et futur PCF, le congrès de Tours du mois de décembre 1920 marque de ses enjeux l’identité du mouvement communiste et ouvrier français.
 

Nées le 14 juillet 1889 à Paris, sous l’égide de Friedrich Engels, l’Internationale ouvrière et sa promesse de fraternité universelle, fondée sur l’union et l’émancipation des travailleurs de tous les pays, se sont fracassées, un soir de juillet 1914, sur le mur de la guerre.

Il avait pourtant déclaré « la guerre à la guerre » en 1912, au son des cloches de Bâle, à l’occasion du congrès des partis socialistes pour la paix. Dans un ciel lourd de menaces du fait de l’exacerbation des tensions entre les nations impérialistes européennes depuis le partage colonial de l’Afrique et de l’Asie à la fin du siècle précédent, cet appel avait été suffisant pour les faire reculer, face à la menace du refus de la classe ouvrière européenne de participer au massacre annoncé par les canonnières. Deux ans plus tard, huit jours après la manifestation pacifiste massive du 27 juillet 1914 organisée par la CGT sur les grands boulevards parisiens et quatre jours après l’assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, c’est l’ensemble du groupe parlementaire de la SFIO qui vote les crédits de guerre et l’état de siège. La guerre, déclarée la veille par l’Allemagne à la France, rencontrait le front de l’Union sacrée, à laquelle se ralliaient ceux qui étaient les plus farouches opposants au conflit redouté. « Déroute politique et morale allant jusqu’à l’anéantissement », selon les mots de Rosa Luxemburg, les représentants du parti social-démocrate d’Allemagne au Parlement de l’empire de Guillaume II – SPD, parti frère de la SFIO – se rallient également à la guerre et à la Burgfrieden qui se dessine en miroir de l’Union sacrée, de l’autre côté de la ligne bleue des Voges.

Comme en témoigne le nombre de morts dont les noms sont inscrits sur les monuments funéraires du moindre village français, la guerre laissera sur le pays une balafre ­indélébile avec près d’un million et demi de tués et 300 000 victimes civiles. En Allemagne, on dénombrera deux millions de soldats tombés au front et plus de 420 000 victimes ­civiles. De toutes parts, des gueules cassées, des milliers de crimes sans témoin et des blessés innombrables. À l’échelle mondiale, une saignée démographique de près de 20 millions de victimes aggravée par l’épidémie de grippe espagnole, qui se répand sur des populations exsangues.

À l’écart du déchaînement de la fureur guerrière, quelques membres, minoritaires, du mouvement socialiste et ouvrier s’engagent pour une alternative révolutionnaire à la guerre avec la conférence de Zimmerwald, en septembre 1915, la Conférence de Kiental, en avril 1916, et la conférence de Stockholm, en septembre 1917. Deux révolutions en viendront à bout. La première s’engage sur le territoire du tsar, en février 1917, et rebondit en novembre de la même année sous le nom de révolution d’Octobre. La deuxième, annoncée par les mutineries de Kiel à l’automne 1918, poussera à l’abdication du Kaiser, le 9 novembre 1918, trois jours avant la signature de l’armistice, signé dans la clairière de Rethondes. Il aboutira, après l’écrasement de la révolution spartakiste, en janvier 1919, à la création de la République de Weimar. Mais, c’est partout en Europe que s’élève la « menace » révolutionnaire. En Hongrie, en Irlande, en Italie.

L’année 1919 est forte de ses mobilisations sociales

En France, malgré la domination politique du bloc nationaliste au sortir de la guerre, l’année 1919 est forte de ses mobilisations sociales avec un puissant 1er Mai revendicatif, réunissant un demi-million de manifestants à Paris scandant des slogans révolutionnaires. Les syndicats se renforcent avec une CGT qui triple ses effectifs d’avant guerre. La SFIO, qui avait vu ses effectifs décliner pendant la guerre, en recense 50 % de plus qu’en 1914, et, malgré la chambre bleu horizon qui s’impose au scrutin législatif de novembre 1919, gagne 300 000 voix de plus qu’en 1914 avec 21 % des suffrages exprimés.

Dans ce contexte, la création de l’Internationale communiste), en mars 1919 à Moscou, est un défi lancé au mouvement révolutionnaire. Si l’appel au ralliement de la SFIO à l’IC et sa transformation en Parti communiste, qui constitue en filigrane une des principales options proposées au congrès de Tours du 25 au 30 décembre 1920, lui répondent à l’ombre à la fois de la révolution d’Octobre et de la monstrueuse Première Guerre mondiale, l’existence, en France, d’un Parti communiste qui assume son acte de naissance est un témoignage de fidélité non seulement envers soi, mais un fait qui reconduit l’esprit auquel il participe, sortant sans cesse hors les murs de la « vieille maison » réformiste et à l’assaut de toutes les Bastille présentes et à venir, à celui de la Révolution française.

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 13:33
Photo Gladys Grelaud

Photo Gladys Grelaud

ll paraîtrait qu'il existe un spécialiste du communisme dans le Finistère.

Le saviez-vous, c'est Bernard Poignant, ancien maire de Quimper, proche de Jacques Delors, de Jean-Yves Le Drian, de Dominique Strauss-Kahn et de François Hollande, soit de l'aile droite du Parti socialiste qui depuis 50 ans cherche à acculturer les pratiques du pouvoir des socialistes pour les rendre compatibles avec les intérêts de la finance, l'Europe de l'austérité, et le réalisme économique néo-libéral. Et qui a imposé Maastricht et le Traité de Lisbonne au peuple français pour plier la politique aux sacro-saintes exigences des marchés financiers et des banques.

C'est en tout cas à l'ex-maire de Quimper, ancien député PS du Finistère, ancien ministre, ancien conseiller général, régional, européen, conseiller de François Hollande en 2017 qui a soutenu Emmanuel Macron en 2017 que le Télégramme a donné la parole sur une moitié de page de tribune politique le mardi 22 décembre.

Pour parler des 100 ans du Parti communiste et du Congrès de Tours de décembre 1920, il n'y avait certainement pas de voix plus indiquée et d'avis plus compétent!

Bernard Poignant est certes historien de formation, comme un certain Jean-Yves Le Drian qui, avec lui, a contribué à créer le macronisme, nouvelle synthèse politique néo-libérale autoritaire réalisant superficiellement un rêve de dépassement du clivage droite-gauche, mais comme lui, il est emblématique de cette tradition bretonne du PS issue du catholicisme et de la petite bourgeoisie, qui a toujours été viscéralement anti-communiste, hostile au marxisme, à l'intérieur même de la mouvance socialiste, favorable à un Bad Godesberg du PS à l'instar du SPD résolument social-démocrate et favorable à l'économie de marché libérale.

Dans sa tribune, Bernard Poignant énonce un certain nombre de faits historiques incontestables sur le contexte du Congrès de Tours, sur les causes de la scission, et sur les conséquences du recul du Parti communiste et la disparition de l'URSS dans le triomphe du capitalisme financier et de son cortège d'inégalités.

Dire en versant quelques larmes de crocodile que le "capitalisme n'a plus d'adversaire" est néanmoins faux, d'abord parce que les communistes et les idées communistes, qui ne sont d'ailleurs pas l'apanage du seul PCF, loin s'en faut, n'ont pas disparu, ni en France, ni dans le monde - même si le rapport de force est certes très dégradé et dissymétrique.

Il existe aujourd'hui des manières multiformes, plus ou moins novatrices, de combattre le système capitaliste et de penser son dépassement et d'y travailler, la dimension pathogène et anti-démocratique de celui-ci étant d'ailleurs assez largement reconnue, avec le scandale moral des inégalités de plus en plus énormes qu'il génère, quand vingt milliardaires possèdent autant de richesses que la moitié de l'Humanité et que la pauvreté progresse dans de nombreux pays du sud comme dans les pays riches là où quelques profiteurs de guerre économique ne cessent de s'enrichir, et avec les nouveaux enjeux de la crise écologique, de plus en plus universellement perçus.

Le communisme est mort, dit-il, et pourtant le Parti communiste compte aujourd'hui plus d'adhérents que le Parti socialiste, qui a finalement subi que le contrecoup de ses compromissions et de ses abandons.

Notre déclin date de plus loin des années 1980, et le PS et ses expériences du pouvoir, notamment le tournant de la rigueur, y ont amplement contribué dans un contexte de rivalité et de volonté d'affaiblissement du courant communiste assumée par Mitterrand notamment, mais aussi par les rocardiens ou trans-courants.

Plus récemment, encore qu'il y a eu des étapes depuis le début des années 80 et une montée crescendo de la déception, marquée parallèlement par l'augmentation de l'influence du FN, puis du Rassemblement National, ce sont les politiques de trahison des promesses et des valeurs de gauche et des attentes populaires qui sont responsables du récent déclin de l'influence électorale nationale du Parti socialiste, ainsi que le choix de beaucoup de cadres de soutenir un homme de droite en la personne d'Emmanuel Macron. Nous avons des responsabilités dans notre affaiblissement, nous les communistes, sur le plan national comme international, c'est une évidence, mais nous n'étions pas non plus les seuls en piste et il y avait des adversaires puissants, à commencer par la classe capitaliste et ses alliés ou serviteurs, en politique ou dans les médias.   

Ce qui nous semble le plus contestable dans l'argumentation de Bernard Poignant, c'est l'équivalence facile et rebattue qu'il pose entre communisme et totalitarisme, ou dictature: "le plus gros reproche à faire au communisme, c'est d'avoir échoué dans ses intentions généreuses et réussi dans sa pratique totalitaire", écrit-il en conclusion de son article.

On le sait, les idées communistes ont, dans des contextes post-révolutionnaires et de guerre civile, souvent servi à cautionner des pratiques dictatoriales et parfois des entreprises politiques criminelles qui étaient une caricature des idées marxistes et communistes, et de notre projet de société qui vise à amplifier et à égalité les libertés et à développer les potentialités humaines, pas à transformer la société en caserne ou en camp de redressement. Mais dire tout simplement que les communistes ont échoué, c'est vite dit, et c'est méconnaître l'apport des communistes à la société française, très profond, ce que nos adversaires idéologiques, les ultra-libéraux français ou américains, savent d'ailleurs reconnaître ... pour le déplorer bien sûr.

Front populaire, résistance, conseil national de la Résistance, conquêtes sociales de 1968 et 1981, rien de tout cela n'aurait été possible sans les communistes...

Congés payés, réduction du temps de travail, droit syndical, élévation du niveau de vie des travailleurs, grands services publics, Sécurité sociale, retraites solidaires, accès aux loisirs, au sport et à la culture pour tous, droit de vote des femmes, combat contre le racisme et le fascisme, contre le colonialisme et l'impérialisme, les régimes d'apartheid, notamment en Afrique du Sud, autant de combats qui ont pu être victorieux au XXe siècle grâce au volontarisme, aux idéaux et à la force d'organisation des communistes, à leurs belles idées d'émancipation du monde du travail et d'égalité humaine.

Nous ne l'avons pas fait seuls, mais dans des contextes où l'influence acquise par les communistes et de leurs exigences sociales pesaient lourd.

Les périodes où les communistes ont été en mesure de faire gagner, par leur pratique du rassemblement, les idées de gauche et sociales en France ont été des grandes périodes de progrès civilisationnel et culturel en France. 

Les dérives dictatoriales des partis communistes au pouvoir en URSS, en Europe de l'est et en Asie, qui doivent aussi s'analyser à l'aune d'un contexte d'adversité et de guerre, ne sont pas le seul bilan du communisme, ne doivent pas non plus minimiser d'autres conquêtes incontestables de ces révolutions, et ne résument pas l'essence du projet communiste, qui n'a été appliqué que très imparfaitement au XXe siècle, dans des conditions historiques particulières marquées par l'affrontement des blocs. L'idée révolutionnaire ne saurait être en soi invalidée par des expériences tyranniques ou bureaucratiques, ni par l'échec final de certaines révolutions.

Il faudrait aussi bien sûr en miroir évoquer les crimes du capitalisme et des forces internationales qui ont servi son hégémonie, en premier lieu l'impérialisme américain à l’œuvre dans les violences contre les progressistes d'Amérique Latine, qui s'est appuyée sur les islamistes dans le monde arabe et en Orient pour mieux terrasser "l'hydre communiste": des dictature acquises aux intérêts américains, des guerres coloniales, un monde où le problème de la faim, de l'accès aux droits les plus élémentaires toujours refusé à une grande partie de l'humanité, sont persistants, pour complaire aux intérêts de quelques milliardaires et de quelques multinationales toute puissantes.

On ne peut pas faire non plus comme si l'idéologie communiste n'avait pas eu tout au long de son histoire de puissants adversaires, ceux qui par exemple en France ont accéléré le processus d'intégration dans une Europe libérale minimisant la souveraineté des peuples, et lancé des programmes de privatisation et de reculs des droits sociaux, certains hommes politiques se réclamant de la gauche étant d'ailleurs très largement complices de ce mouvement.

Si l'idée communiste est ancienne, bien antérieure au congrès de Tours et au léninisme, trouvant racine aussi bien dans les utopies sociales d'un Thomas More, les promesses d'égalité républicaine des Lumières et de la Révolution Française, la Commune de Paris, dont on célèbrera les 150 ans cette année, elle n'est pas pour autant obsolète. Elle continue d'inspirer beaucoup de révoltés, de dominés, d'intellectuels critiques et de travailleurs en lutte, comme en témoignent aussi bien les grèves monstres de l'Inde actuelle, les mouvements populaires latino-américains, le regain des études marxistes aux États-Unis et en Europe. 

Le concept de fin de l'histoire est rudement éprouvé et démenti par les évènements historiques depuis 30 ans. L'histoire est marquée par des crises, des cycles, et des basculements, et n'est est loin d'être achevée.

Il serait absurde de penser que les peuples vont pouvoir accepter encore pendant des décennies sans broncher le joug de la domination de la classe capitaliste qui plonge l'ensemble des sociétés du monde dans la crise et un chaos menaçant la viabilité sur le long terme de ces sociétés, la fraternité, la paix et la planète.  Les hommes ont besoin de penser au-delà de cette réalité oligarchique et de construire les chemins de nouvelles formes d'émancipation humaine.

Dans cet effort de construction de nouveaux chemins révolutionnaires, les idées et expériences communistes, la pratique militante des communistes, resteront des références importantes pour nourrir l'espoir d'un monde plus humain.

Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF dans le Finistère.  

 

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 12:46
Du métro au maquis, la résistance armée du Colonel Fabien - L'Humanité, 28 décembre 2020, Paul Ricaud
Du métro au maquis, la résistance armée du Colonel Fabien - L'Humanité, 28 décembre 2020, Paul Ricaud
Du métro au maquis, la résistance armée du Colonel Fabien - L'Humanité, 28 décembre 2020, Paul Ricaud
Du métro au maquis, la résistance armée du Colonel Fabien
Lundi 28 Décembre 2020 - L'Humanité

Jeune militant, combattant antifasciste, franc-tireur, militaire… Le Colonel Fabien, né Pierre Georges, a marqué l’histoire en étant le premier résistant à abattre un soldat allemand.

 

Le 21 août 1941, il est un peu moins de 9 heures quand trois hommes pénètrent dans la station de métro Barbès- Rochechouart, à Paris. Deux d’entre eux montent sur le quai, en face du wagon de la première classe. Chacun tient dans sa paume un revolver. Celui qui est utilisé, un 6,35 mm, a été « emprunté » à la mère d’un étudiant communiste. Il est tenu par un jeune homme de 22 ans. Sa cible, l’aspirant allemand Alfons Moser. Deux coups de feu retentissent dans la rame et sur le quai. Les résistants s’enfuient et se retrouvent dans un square. Le tireur est surnommé Fabien. « Il respire profondément et fait un mouvement d’expiration avec ses bras. Il s’exclame : “Titi est vengé.”», racontera l’un des camarades de Fabien après l’opération. Samuel Tiszelman « Titi » avait été fusillé par l’occupant deux jours plus tôt. L’attentat du métro Barbès fait office de représailles. Il fait surtout entrer la résistance française dans la lutte armée, et le tireur dans la mythologie de ce combat : il s’agit du tout premier attentat meurtrier visant un soldat allemand de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Si la postérité a retenu le pseudonyme du Colonel Fabien, la vie clandestine de Pierre Georges lui en a donné d’autres. Issu d’une famille de militants (son frère sera maire des Lilas), il rejoint les Jeunesses communistes dès 14 ans. À 17 ans, il ment sur son âge et fait ses premières armes en tant que Frédo, dès le début de la guerre d’Espagne, en 1936. En intégrant les Brigades internationales, il choisit la lutte armée contre le fascisme. « Il brûlait d’envie de partir au front, mais on le retenait à cause de son âge », peut-on alors lire dans un rapport le concernant. Blessé au ventre, Frédo retourne en France en 1938 et devient ouvrier. Il est ensuite élu au comité central des Jeunesses communistes. À la fin de l’année 1939, le PCF est interdit, mais le futur Colonel Fabien reste plus que jamais militant et s’engage dans la Résistance sous l’occupation allemande. En juillet 1941, il devient commissaire militaire de l’Organisation spéciale du PCF.

Icon Quote Si les Allemands ne voulaient pas recevoir la mort de nos mains, ils n’avaient qu’à rester chez eux. » GÉNÉRAL DE GAULLE

Mais Pierre Georges ne fait pas qu’organiser les troupes : il donne lui-même l’exemple. À l’été 1941, il se charge donc personnellement de l’assassinat d’un officier allemand approuvé par les dirigeants de la France libre. « Les coups de feu tirés par le jeune Français sont la suite logique, fatale, inéluctable de l’attentat permanent contre la nation française par l’ennemi et ses complices, (…) l’attentat appelle l’attentat », réagit Maurice Schumann sur Radio Londres. L’attentat du métro Barbès enclenche une dure vague de répression, de nombreux otages résistants sont exécutés. Si le général de Gaulle désapprouve la méthode de la guérilla urbaine, il apporte son soutien à Fabien : « Il est absolument normal et absolument justifié que des Allemands soient tués par les Français. Si les Allemands ne voulaient pas recevoir la mort de nos mains, ils n’avaient qu’à rester chez eux. »

La colonne Fabien combat jusque dans le Haut-Rhin

Passé ce fait d’armes, Frédo s’implique toujours plus. En 1942, il organise dans le Doubs l’un des premiers maquis français. Pour échapper à la milice, il traverse le fleuve à la nage et est blessé à la tête. Il prend les traits de l’abbé Paul-Louis Grandjean avant d’être finalement rattrapé et arrêté. Frédo est emprisonné, torturé, condamné à mort, puis finalement transféré au fort de Romainville pour être déporté, mais il s’échappe. Sitôt libre, il s’implique dans l’organisation des maquis dans les Vosges, la Haute-Saône et le Centre-Nord.

Responsable FTP pour tout le sud de la région parisienne, il prend le nom de Colonel Fabien en 1944 et participe à la libération de Paris, en août. À l’automne, il rassemble 500 hommes prêts à combattre aux côtés des alliés, auprès du général Patton puis aux côtés de Lattre de Tassigny. La colonne Fabien combat jusque dans le Haut-Rhin, où, dans des conditions jamais élucidées, son chef trouve la mort en manipulant une mine, en décembre, à seulement 25 ans. La place qui accueillera plus tard le siège du Parti communiste français et la station de métro qui lui fait face prennent son nom dès l’année suivante.

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 18:23
Le CSE de Hop! s'oppose au plan de départs et se prépare à une bataille juridique (Ouest-France, 24 décembre 2020, avec AFP)

Ouest-France

Le CSE de Hop! s'oppose au plan de départs et se prépare à "une bataille juridique"

Modifié le avec AFP (AFP)

Le CSE de la compagnie aérienne Hop!, filiale d'Air France, s'est opposé dans la nuit de mercredi à jeudi au plan de départs prévoyant la suppression de 1.007 emplois, promettant "une grosse bataille juridique" si celui-ci est homologué, a appris l'AFP de sources syndicales.

Après quatre mois de négociations, le plan présenté en comité social et économique (CSE) de lundi à mercredi était "le même document que celui qu'on avait eu les 12 et 13 août", lors du dernier CSE de la compagnie de court-courrier, a regretté Joël Rondel, secrétaire CGT du comité.

La direction de Hop! envisage un plan de départs volontaires (PDV) - plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui pourrait mener à la suppression de 1.007 emplois dont 317 pilotes, 286 personnels navigants commerciaux et 404 personnels au sol, sur un effectif de 2.421 emplois en équivalent temps plein (ETP) à fin mai.

Les membres du CSE ont très majoritairement voté contre les deux volets du plan (sa justification économique et les mesures d'accompagnement proposées).

"On n'a pas rendu les armes", a ajouté Joël Rondel, qui s'attend à présent à ce que le plan de départs soit, malgré l'opposition du CSE dont l'avis n'est que consultatif, déposé pour homologation à la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi). Si celle-ci homologue le PDV-PSE, que la direction compte ouvrir dès janvier 2021 et clore en octobre 2022, "ce sera une grosse bataille juridique devant le tribunal administratif", a-t-il prévenu.

Ce plan "va se faire dans le mépris du droit français", a ajouté Etienne Rossignol, membre UNAC (Union des navigants de l'aviation civile) du CSE.

L'une des dispositions les plus discutées est le sort réservé aux personnels navigants, qu'ils soient techniques (pilotes) ou commerciaux (stewards et hôtesses) souhaitant aller chez Air France: ils perdraient alors leur ancienneté et reviendraient au bas de l'échelle des salaires, avec une perte de revenu pouvant monter jusqu'à la moitié de celui-ci, ont dénoncé à l'AFP deux navigants membres du CSE. En cause, selon eux, le refus des pilotes d'Air France d'être mis en concurrence avec de nouveaux arrivants.

Sollicité par l'AFP, Air France n'a pas souhaité faire de commentaire.

Au total, 8.500 emplois en ETP doivent être supprimés d'ici 2022 au sein des compagnies Air France et Hop! dans le cadre du plan de transformation du groupe.

Sur le réseau court-courrier assuré par Hop!, le groupe Air France perdait environ 200 millions d'euros par an en 2019.

Le schéma de transformation d'Air France, lancé avant la crise du Covid-19 et accéléré avec l'effondrement du trafic dû à la pandémie, prévoit une "rationalisation du réseau et une montée en puissance de Transavia", la compagnie low-cost du groupe jusqu'ici positionnée sur le moyen-courrier, sur les liaisons intérieures.

https://www.ouest-france.fr/economie/le-cse-de-hop-s-oppose-au-plan-de-departs-et-se-prepare-a-une-bataille-juridique-7099684

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 18:06
Discours de Marie-Claude Vaillant Couturier après la Libération, résistance, déportée, députée communiste

Discours de Marie-Claude Vaillant Couturier après la Libération, résistance, déportée, députée communiste

Essor et déclin du communisme français

Il y a cent ans naissait un parti authentiquement populaire

Article Le Monde Diplomatique, décembre 2020

Dès qu’il vit le jour, en décembre 1920, le Parti communiste français revendiqua une place singulière dans le paysage politique hexagonal : celle de la seule formation populaire, dirigée par des gens du peuple pour servir les intérêts de celui-ci. À l’heure où le fossé entre classes dirigeantes et classes laborieuses paraît plus profond que jamais, son histoire est riche d’enseignements.

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 17:58
SNCF. L'honneur retrouvé du cheminot Jean-Michel Dieudonné
Jeudi 24 Décembre 2020

« Ils voulaient m’avoir depuis longtemps ! » Radié des cadres – autrement dit licencié – en juillet 2018, le cheminot de 55 ans, syndicaliste CGT à Nancy, vient de retrouver son honneur.

 

Jean-Michel Dieudonné respire enfin. « Je me sens mieux et ce poids que j’avais sur l’estomac a disparu », confie le cheminot. Après deux années de bataille, une récente ordonnance de la cour d’appel de Nancy lui a donné raison, obligeant la SNCF à le réintégrer. Radié des cadres – autrement dit licencié – en juillet 2018, le cheminot de 55 ans, syndicaliste CGT à Nancy, vient de retrouver son honneur.

L’affaire qui a fait basculer la carrière de Jean-Michel Dieudonné remonte à l’été 2018, quand, après une mobilisation pour soutenir un camarade menacé de sanction, il a tenté, en gare de l’Est, de faire échanger son billet de retour. Trouvant guichet fermé, le cheminot en appelle à la cadre d’astreinte. S’ensuit un échange vif et une plainte, déposée contre lui quelques jours plus tard, sans lui laisser l’opportunité de s’expliquer. Motif : « insultes, outrage et “geste inapproprié” ». En décembre 2018, Guillaume Pepy, alors président de la SNCF, confirme la sanction, et Jean-Michel Dieudonné perd son travail. « Ils vont devoir s’expliquer. Je ne vais pas m’arrêter là », promettait alors le cheminot aux vingt-huit années d’ancienneté.

Sa détermination, la mobilisation de son comité de soutien et de son syndicat ont fini par payer. « Ils voulaient m’avoir depuis longtemps ! » lance-t-il. Mais la fierté du combat remporté n’efface pas la blessure de l’injustice. « Je n’ai pas encore pris ma décision, je ne sais pas si je vais retourner à la SNCF », explique celui qui, depuis, a retrouvé du travail. L’entreprise, elle, dispose de deux mois pour se pourvoir en cassation.

SNCF. L'honneur retrouvé du cheminot Jean-Michel Dieudonné - Marion d'Allard - L'Humanité, 24 décembre 2020 - et communiqué du PCF
SNCF/Réintégration de Jean-Michel Dieudonné : une grande victoire pour le monde du travail et les libertés syndicales (PCF)

La chambre sociale de la Cour d'appel de Nancy a condamné le 17 décembre la SNCF à réintégrer Jean-Michel Dieudonné au sein de l'entreprise.
Cette décision réhabilite ainsi J.M. Dieudonné que la direction de l'entreprise publique avait décidé de licencier pour son action de syndicaliste CGT contre le démantèlement et la privatisation de la SNCF, organisé par le gouvernement.

C'est une grande victoire pour J.M. Dieudonné, pour sa famille et ses amis, et pour toutes celles et ceux qui se sont mobilisé.es pendant deux ans pour exiger justice et rétablir le militant syndical dans ses droits.
Aux côtés de la CGT, les communistes de Meurthe-et-Moselle et de la région Grand Est, dont Bora Yilmatz, secrétaire départemental, ont largement contribué à cette mobilisation.
Avec les députés LFI et PS de la région, nous avions reçu JM. Dieudonné et son comité de soutien à l'Assemblée nationale.
Cette belle victoire doit désormais donner confiance à toutes celles et ceux qui combattent les atteintes aux libertés syndicales et luttent contre les politiques ultra-libérales du gouvernement contre les entreprises et services publics notamment.
Alors que les coups portés au monde du travail redoublent en cette période, le PCF voit dans cette décision de justice un formidable encouragement à amplifier le combat pour défendre les conquis sociaux, les services publics et les droits des salarié.e.s et de leurs représentants syndicaux.

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 17:53
Pourquoi il y a toujours besoin de communisme. Le congrès de Tours, l’acte fondateur du PCF (Cédric Clérin, L'Humanité, 24 décembre 2020)
Pourquoi il y a toujours besoin de communisme. Le congrès de Tours, l’acte fondateur du PCF
Jeudi 24 Décembre 2020 - L'Humanité

Les crises qui agitent le monde réactualisent le besoin de communisme. Dans un hors-série spécial, « l’Humanité » défriche les chemins de l’avenir d’une idée. En 1920, au sortir de la guerre, le mouvement socialiste connaît de vifs débats. Le choix des délégués du congrès de Tours d’adhérer à l’Internationale communiste marquera l’histoire. Récit.

 

C’est un peu comme si la planète avait voulu rappeler l’urgence de rompre avec le système actuel. Un siècle après la révolution d’Octobre, qui a essaimé l’espoir révolutionnaire partout dans le monde, la crise écologique est venue s’ajouter à une crise sociale permanente à laquelle le capitalisme est incapable de répondre. Celle liée au Covid-19 ne faisant que le confirmer encore. Un constat qui amène un nouveau « besoin de communisme », comme l’affirme le hors-série publié par « l’Humanité » à l’occasion des 100 ans du congrès de Tours.

Une force agissante

« La banquise et les glaciers fondent, le climat s’emballe, les rivières et les océans sont souillés, des espèces vivantes sont épuisées et périssent, tandis que près d’un quart de l’humanité vit sans eau courante », décrit le philosophe Bernard Vasseur. Dans ce monde gouverné par « une finance agressive qui se gave de dividendes, ce qui conduit à la stagnation de l’investissement, au recul désastreux du travail et à la précarisation de la vie des salariés (…), l’humanité va dans le mur, et cela devient visible pour tous », conclut-il. Un appel à des changements profonds mais aussi un terreau idéal pour la montée des nationalismes, obscurantismes et réponses autoritaires. Après 100 ans, dont les 30 dernières années débarrassées de tout système concurrent, le capitalisme est (toujours) en échec.

« Le communisme est toujours à l’ordre du jour, parce que, sans lui comme force agissante, rien ne se passe », souligne le philosophe Étienne Balibar. Les jeunes aussi posent un regard critique sur le système qu’on leur vend pourtant comme indépassable. 58 % (1) des 18-30 ans jugent le capitalisme responsable du dérèglement climatique, l’une de leurs premières préoccupations. De même, pour 83 % d’entre eux, la lutte des classes est toujours une réalité. 78 % pensent que « des secteurs comme la santé, l’éducation ou le logement ne devraient pas être soumis à la concurrence et à la compétition économique » ou encore 75 %, que « les salariés, les travailleurs devraient pouvoir décider des choix de leur entreprise ». Des objectifs et des valeurs partagées avec les communistes. Pourtant, le terme « communisme » lui-même est jugé négativement par 65 % des jeunes. « Voici un mot qui porte indûment une lourde et négative charge historique. Un mot galvaudé, piétiné, détourné, dénaturé. Un mot “profession de foi” qu’il faudra pourtant bien défricher et repenser pour affronter les temps présents », souligne Patrick Le Hyaric, directeur de « l’Humanité ».

Un ensemble de combats

Pour Étienne Balibar, explorer de nouveaux chemins consiste à « travailler à un programme  “socialiste” pour l’humanité du XXIe siècle, dans lequel se rejoindraient des régulations économiques et environnementales planétaires, des insurrections populaires et des utopies concrètes, expérimentant à petite ou grande échelle de nouveaux modes de vie en commun », et de préciser : « L’insurrection est le terme clé dont tout dépend. S’il n’y a pas d’insurrection contre l’ordre existant, rien ne peut évoluer, sinon vers le pire. »

Selon Bernard Vasseur, le communisme, « ce n’est pas d’abord un résultat (une société), c’est l’ensemble des combats qui peuvent y mener ». Une définition comme un écho à la phrase de Marx, qui y voit « le mouvement réel qui abolit l’état de choses existant ».

Pour Étienne Balibar « les déterminations qu’il (Marx – NDLR) a ajoutées ensuite, qu’il s’agisse de substituer le commun à la propriété privée, d’étendre la démocratie au-delà des formes bourgeoises de la délégation de pouvoir, de surmonter la division du travail manuel et intellectuel, enfin et surtout de promouvoir l’internationalisme (donc l’antimilitarisme et l’antiracisme), ont à la fois pour effet de traduire l’idée du communisme en objectifs politiques et de lui conférer une signification anthropologique ».

L’ensemble de ces combats articule changement de mode de production et luttes émancipatrices contre le racisme ou le patriarcat. Ne pas omettre ces dernières, comme ça a pu être le cas par le passé, mais sans exonérer le système d’exploitation comme le font certaines critiques du libéralisme. « On le sait de source sûre, établir une redistribution étatique des richesses sans toucher à leur mode de production, c’est laisser en place ceux qui vont annuler vos efforts et revenir au pouvoir peu après » ! rappelle Bernard Vasseur.

des désirs populaires

Le siècle passé a déjà apporté des embryons de communisme « déjà là » : la Sécurité sociale, les formes de propriété alternatives (Scop…) ou encore des pratiques politiques locales comme la gestion publique de l’eau ou le développement des services publics. D’autres idées communistes émergent pour se débarrasser des affres du capitalisme : sécurité d’emploi et de formation pour en finir avec le chômage et la précarité, salaire à vie contre la marchandisation du travail ou encore sécurité sociale de l’alimentation.

Des réalisations possibles dans une République refondée : « Aujourd’hui encore, le principe d’égalité et le droit au bonheur concentrent une telle charge révolutionnaire qu’ils exaltent l’aspiration à l’universelle émancipation de toute l’humanité », rappelle l’historien Jean-Paul Scot. C’est naturellement que Fabien Roussel veut faire prospérer ce lien entre République et communisme. « Le peuple doit disposer de nouvelles institutions, d’une nouvelle République afin de prendre véritablement la main », propose l’actuel secrétaire national du PCF. Un parti qui, pour ses 100 ans, cherche le meilleur moyen d’incarner l’espoir révolutionnaire aux yeux du plus grand nombre. « Si le communisme a un avenir en tant que mouvement politique, c’est en s’inscrivant dans les espaces de vie, de travail des classes populaires et en s’opposant à la diversité des dominations », pense pour sa part le sociologue Julian Mischi. Le champ intellectuel et politique reste vaste pour faire avancer le mouvement communiste. « Quelles sont les conditions contemporaines de la lutte des classes ? Comment fédérer les forces sociales, porteuses de projets émancipateurs qui ne sont pas spontanément les mêmes ? Comment affronter la question de l’État sans être piégé par l’électoralisme à courte vue ? Comment réorganiser le travail et repenser une planification démocratique ? » s’interroge la philosophe Isabelle Garo. Pour Bernard Vasseur, « cela commence par s’employer à faire naître des désirs populaires d’émancipation, de maîtrise dans son travail, de liberté dans sa vie afin qu’il n’y ait plus à la “gagner” mais à la vivre pleinement ». Un début de réponse au « besoin de communisme ». Le regretté philosophe Lucien Sève, dont « l’Humanité » publie un texte inédit, parlait même d’« urgence de communisme ».

Le 25 décembre 1920, quand les délégués.du 18e congrès de la SFIO (parti socialiste) pénètrent dans la salle du Manège, à Tours, ils ont conscience que la décision de l’adhésion à l’Internationale communiste est jouée. Les fédérations départementales se sont prononcées massivement pour cette IIIe Internationale. Pourtant, l’intensité du moment se lit sur les rares photographies dont nous disposons encore (1). La séparation ne sera pas joyeuse, il est toujours difficile de rompre politiquement avec l’ami, le camarade avec lequel on a milité pendant des années. La fin de l’unité des socialistes, qui fut difficilement acquise en 1905, ne se fait pas sans conscience de la gravité du moment.

des voix contre la guerre

La décision majoritaire de Tours n’est pas un accident mais un événement, et, comme tout événement, ses causes sont à chercher dans le temps long de l’histoire du mouvement ouvrier français, du socialisme international et dans cette sorte d’accélération de l’histoire que furent la Première Guerre mondiale et les conséquences des révolutions russes de 1917. Comme tout événement, le congrès de Tours est inscrit dans une conjoncture, celle de l’après-guerre, de la vague révolutionnaire, de l’agitation sociale en Europe et de la recomposition des impérialismes. Comme tout événement, la décision de Tours n’avait rien d’inéluctable, il y avait d’autres possibles, ou n’aurait pu être comme dans d’autres pays que le fait d’une minorité. Mais là encore, comme pour tout événement, le rôle de femmes et d’hommes fut essentiel.

Après l’assassinat de Jean Jaurès, quand la guerre est déclenchée, l’écrasante majorité du socialisme et du syndicalisme rejoint l’union nationale. Il en va pareillement dans pratiquement tous les autres pays belligérants. Comme si, au-delà des proclamations françaises sur la légitimité de cette guerre du droit contre l’Empire autoritaire allemand, la logique nationaliste s’imposait partout. La durée des combats, le déferlement de haine contre l’ennemi, l’exacerbation des sentiments nationalistes pouvaient emporter l’idée socialiste de fraternité par-delà les frontières. Mais quelques voix s’élevèrent pour critiquer les buts de guerre impérialistes, puis la guerre elle-même. Au niveau international, des rencontres entre militants socialistes, syndicalistes, libertaires reprirent, comme lors des conférences de Zimmerwald et de Kiental. Un comité pour la reprise des relations internationales, qui deviendra par la suite comité pour la IIIe Internationale, s’organise. Mais c’est aussi du cœur du parti socialiste, et notamment autour de Jean Longuet, qu’émergea la critique. Cette minorité de guerre gagna en influence au sein du parti socialiste, jusqu’à en prendre la direction dans le courant de l’année 1918.

La fin de la guerre, le retour des combattants, le deuil interdirent au sein du parti socialiste l’oubli des quatre années terribles. Il y eut même l’espoir d’une revanche politique immédiate. Le parti socialiste uni autour du programme rédigé par Léon Blum crut en une victoire retentissante aux élections législatives de novembre 1919. Mais, malgré un progrès en voix, il perdit plusieurs dizaines de députés par rapport à 1914. Les partisans à la CGT d’une radicalisation gagnaient aussi en influence. Ils misaient sur les grèves, qui avaient repris depuis 1917, voire sur la grève générale comme moyen de reprendre en main leur destin. Si les grèves furent massives et conduisirent le gouvernement à concéder la journée de huit heures, elles échouèrent à aller au-delà et se terminèrent dans une répression généralisée et coordonnée de l’État et du patronat.

Face à ces échecs, il apparut à l’ancienne minorité de guerre devenue majorité que la révolution d’Octobre 1917, qui avait su en finir avec la guerre, qui avait semble-t-il donné le pouvoir aux travailleurs dans les soviets, devenait une perspective concrète. Du côté du Parti communiste russe, on pensait alors que la révolution n’avait d’avenir que si elle devenait véritablement mondiale et que pour cela il fallait un outil en rupture avec l’ancienne Internationale socialiste, qui avait trahi. L’Internationale communiste fut ainsi créée à l’été 1919. La direction de la SFIO, qui souhaitait la reconstruction d’une véritable Internationale, décida d’envoyer Cachin et Frossard en Russie lors de son second congrès. Les deux représentants annoncèrent alors leur adhésion personnelle à celle-ci et proposèrent que la SFIO y adhère. Frossard et Cachin symbolisaient le retournement qui s’était opéré au cœur du parti socialiste et en cela représentaient une pièce maîtresse des bolcheviks, qui ne voulaient pas s’appuyer, au moins dans un premier temps, seulement sur la gauche la plus radicale du parti, conduite par Loriot et Souvarine. L’enjeu était justement d’emmener une majorité à l’Internationale communiste.

divisé en trois motions

Les militants socialistes durent donc choisir entre trois motions. La motion de Frossard, Cachin, Loriot et Souvarine, qui proposait un ralliement à l’Internationale tout en évitant un vote formel sur les 21 conditions. La motion portée par Longuet, qui souhaitait une adhésion avec conditions et qui ne renonçait pas en même temps à la reconstruction d’une Internationale unitaire des partis socialiste et communiste, ce dont ne voulaient absolument pas les bolcheviks. La motion de Léon Blum, qui combattait toute adhésion au nom de la tradition socialiste et de la conception démocratique du parti. La force de la première motion, qui allait être majoritaire, était de s’ancrer dans la réalité vécue des militants en commençant par la référence aux quatre années de massacre mondial. Les deux autres, et notamment celle de Blum, très générales et abstraites, et à certains égards prémonitoires, étaient sans prise sur la réalité concrète d’une France et d’un mouvement ouvrier bouleversés par la guerre. Le congrès accentua l’opposition des protagonistes, car l’Internationale, par la voix de Clara Zetkin et le télégramme de Zinoviev, répétera son veto au maintien de Longuet dans le nouveau parti. Les délégués, dans leur immense majorité, suivirent l’injonction et confirmèrent le vote des fédérations ; toutes les tentatives de compromis furent balayées.

La division de la gauche partisane était réalisée et allait structurer dorénavant le paysage politique français. Le nouveau parti, qui s’appelait au sortir du congrès parti socialiste-Section française de l’Internationale communiste, allait devoir encore se transformer, lever certaines ambiguïtés autour de l’interprétation et de l’application des conditions, dont son rapport au syndicalisme. Il allait devoir revoir son mode de fonctionnement, s’engager dans de nouvelles pratiques politiques anti-impérialistes, antimilitaristes, féministes, transformer la composition de son encadrement pour devenir un véritable parti ouvrier. Mais devaient peser sur ces évolutions le poids de son rapport à l’URSS et la stalinisation que nombre de ses fondateurs refuseront. Le parti socialiste maintenu allait devoir penser l’articulation entre ses proclamations révolutionnaires, sa pratique réformiste, voire de collaboration de classe.

(1) Sondage Ifop pour«  l’Humanité », décembre 2020. (1) « Aux alentours du congrès de Tours », de V. Fau-Vincenti, F. Genevée, É. Lafon, musée de l’Histoire vivante, 2020
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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 17:48
Ce que la France doit au Parti communiste - par Patrick Le Hyaric, 24 décembre 2020
Ce que la France doit au Parti communiste
Jeudi 24 Décembre 2020 - L'Humanité
 

Cent ans déjà, 100 ans à peine. Nous fêtons cette semaine la fondation du Parti communiste français. Né de l’horreur de la Première Guerre mondiale, du refus de la collaboration qu’une partie du courant socialiste scella avec l’Union sacrée, ce parti, qui sut concilier le drapeau tricolore et le drapeau rouge, a toujours été un élément moteur de l’union populaire et des forces prônant la transformation sociale, comme le fer de lance des combats internationalistes pour l’émancipation humaine.

Malgré les obstacles, les persécutions dont ses militants ont souvent été l’objet, les erreurs et retards dont il a su faire la critique, on ne peut enlever aux générations de militants leur dévouement sans faille à la défense des intérêts populaires, la fidélité à ceux de leur pays et à la solidarité internationaliste, les combats pour la paix, le désarmement et l’antiracisme. C’est par la voix de ces militants que les noms de Sacco et Vanzetti, Julius et Ethel Rosenberg, Angela Davis, Nelson Mandela, comme ceux de Marwan Barghouti et de Mumia Abu Jamal ont pu s’inscrire dans les rues et résonner sur les places publiques.

Deux des combats portés par les communistes trouvent aujourd’hui une singulière résonance. Tout d’abord, l’appel que le Parti a lancé avec ses parlementaires pour s’opposer à la Constitution gaullienne de 1958, dont le présidentialisme exacerbé continue d’être un verrou institutionnel bloquant toute perspective de changement. De même, ses propositions pour refuser « l’Europe du capital », dès la fin des années 1950, comme l’incomparable force d’entraînement qu’il a constituée pour que les Français refusent le projet de Constitution européenne, après avoir été le seul parti à refuser l’Acte unique, puis le traité de Maastricht, tout en travaillant à une union des peuples souverains fondée sur des projets communs, démontrent sa capacité d’anticipation.

Les tentatives répétées d’effacer son apport à l’histoire de France, par la guerre idéologique comme par l’empilement des contre-réformes vouées à l’anéantissement d’un siècle de conquêtes sociales, témoignent de l’intangible détermination des capitalistes et de leurs serviteurs à plonger dans l’oubli politique les classes populaires et leurs aspirations à vivre mieux, libres et respectées. C’est ainsi que le champ politique tend aujourd’hui à se résumer à un panel de nuances, parfois fortes, voire inconciliables, mais dont les classes populaires sont absentes, reléguées ou renvoyées dans la foule des abstentionnistes anonymes.

Prolongement de l’histoire révolutionnaire du pays, le communisme en fut tout autant la « rupture » en proposant pour la première fois au large peuple du travail un cadre d’organisation inédit, performant et fraternel, que chacune et chacun investissait en le transformant, rendant vivante la maxime de la Ire Internationale selon laquelle « la libération des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Ce faisant, le Parti communiste permit à des millions d’entre eux d’acquérir des compétences rivalisant avec celles de la bourgeoisie, d’accéder à des formations de très haut niveau politiques, culturelles, scientifiques, donnant ainsi honneur et dignité à celles et ceux qui n’étaient jusqu’ici jugés dignes ni de l’un, ni de l’autre.

Des générations d’élus gagnant des responsabilités jusqu’aux ministères, de responsables syndicaux ou associatifs devinrent ainsi des « cadres » de grande qualité, restés proches du peuple dont ils et elles étaient issus. Cela au bénéfice de l’ensemble de la nation, qui s’est redéfinie à l’aune des conquêtes sociales arrachées par les travailleurs organisés.

Ses ennemis d’aujourd’hui comme d’hier refusent d’accepter que l’essor de la démocratie en France soit étroitement lié à celui du phénomène communiste. Sans l’apport communiste, la République n’aurait pu être qualifiée de démocratique, de sociale ou de laïque que par abus de langage. Plus que cela, par son activité intense, ses victoires politiques, son ancrage, il a retissé le lien avec les avancées décisives, philosophiques et politiques, de la Grande Révolution ou de la Commune. Et quand la nation sombrait sous la collaboration, il en fut l’honneur. C’est à lui que l’on doit ces fragments de communisme que sont la Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, la création d’EDF, les congés payés, les services publics, la retraite solidaire par répartition, les réductions du temps de travail, plusieurs nationalisations, les maisons de la Culture comme les centres de santé dans les municipalités, la solidarité concrète avec les travailleurs immigrés.

Les classes possédantes ont ainsi été contraintes de céder du terrain, non pas tant par la radicalité des discours et des postures que par l’organisation politique massive de celles et ceux qui ont un intérêt objectif à changer le monde : l’immense peuple des travailleurs, dont les plus exploités d’entre eux, les créateurs. Cette irruption des classes populaires, conscientes de leur poids, de leur rôle historiques, de leurs responsabilités à l’égard du peuple français comme des peuples du monde en a fait pâlir plus d’un. Et le poids que le Parti communiste, certes réduit, continue d’exercer par l’activité parlementaire, par l’engagement de ses milliers d’élus et de ses réseaux militants, qui en ce moment même organisent la solidarité avec les plus démunis dans les quartiers, animent des combats pour la garantie de l’emploi dans des entreprises et se placent aux côtés des créateurs, n’a pas fini d’exaspérer les tenants de l’ordre injuste qui ne rêvent que de conjurer définitivement le spectre d’un changement révolutionnaire, au moment où le mode de développement capitaliste est entré en procès permanent.

Comme ont su le faire les anciennes générations de militants et de dirigeants, l’heure est à l’invention pour une puissante ambition transformatrice, rassembleuse et innovante. Avec, au cœur de tout, la démocratie jusqu’au bout, la démocratie pour de vrai. Voilà ce à quoi se refusent les capitalistes. Voilà ce qui continue d’inspirer les communistes.

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 17:11
Attaques antisémites contre April Benayoum - Il y a urgence à combattre le racisme sous toutes ses formes ! (PCF)
Publié le 21/12/2020 par PCF
Il y a urgence à combattre le racisme sous toutes ses formes ! (PCF)

April Benayoum, Miss Provence élue première dauphine de Miss France, vient de subir, ce week-end, de violentes attaques antisémites après avoir déclaré que son père était d'origine israélienne.

L'an dernier, la Guadeloupéenne Clémence Bottino, à peine élue Miss France, avait elle aussi subi des attaques racistes sur les réseaux sociaux et avait été comparée à un singe.

 

Dans le même temps, des tags haineux étaient découverts sur la mosquée de Beaucaire. Et la parole raciste pouvait s'exprimer sans filtre sur les radios, avec des propos abjects tenus contre la chroniqueuse Rokaya Diallo mettant en cause ses origines africaines.

Sud Radio vient d’ailleurs de présenter ses excuses à cette dernière. Il n'en demeure pas moins que la libération de la parole raciste est intolérable et qu'elle est insuffisamment combattue sur les réseaux sociaux.

Face à ces agressions, le PCF assure April Benayoum, Rokaya Diallo et toutes les victimes de racisme, d’antisémitisme et d’autres propos haineux, notamment sur les réseaux sociaux de son soutien.

Il demande que les auteurs d'actes et de paroles racistes et antisémites soient sans délai recherchés, poursuivis et condamnés comme le prévoit déjà la Loi Gayssot.

Il appelle le Conseil supérieur de l'audiovisuel à intervenir auprès des chaînes de radio et télévision afin que ne soient plus tolérés des débordements qui deviennent de plus en plus fréquents.

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