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11 février 2017 6 11 /02 /février /2017 07:01
Payé par Axa, Fillon en plein conflit d'intérêts
 PAR MARTINE ORANGE

François Fillon a dû révéler le 6 février qu’Axa avait été client de sa société 2F Conseil. Embarrassé, le groupe d’assurances a reconnu lui avoir versé 200 000 euros entre mi-2012 et mi-2014. L’ancien premier ministre l’aurait aidé « à ouvrir des portes à Bruxelles et à Berlin » dans le cadre de la discussion concernant la directive de régulation sur les assurances. Comment justifier une telle activité avec un mandat parlementaire ? Le conflit d’intérêts est patent.

 

C’est sans doute par discrétion. François Fillon n’aime pas faire état de ses amitiés et de ses relations dans le monde des affaires. Encore moins lorsqu’il s’agit d’Axa. Ce n’est que parce qu’on l’y a poussé que le candidat de droite à l’élection présidentielle est sorti de sa pudeur naturelle et a reconnu ses liens avec Henri de Castries, ancien PDG du groupe d’assurances, en décembre. La polémique sur la privatisation de la Sécurité sociale faisait rage. François Fillon avait alors juré que, même si Henri de Castries était son ami, il n’était en rien l’inspirateur de ce projet qui visait à casser la Sécurité sociale au profit des assureurs.

Cet aveu avait finalement incité l’ancien assureur à lui aussi sortir des coulisses et à afficher son soutien public à François Fillon. « Mon engagement ne date pas d’hier », expliquait Henri de Castries dans un entretien au Figaro le 17 janvier. Avant d’insister sur le fait qu’il n’était pour rien dans l’écriture du programme de la Sécurité sociale : « Je ne demande rien, je n’attends rien. » Henri de Castries était, disait-on alors, promis aux plus hautes destinées : ministre des finances et de l’économie au moins, et peut-être même Matignon.

Ce que n’avait pas précisé l’ancien PDG d’Axa dans cet entretien, c’est qu’il appréciait tellement les conseils et la hauteur de vue de François Fillon que son groupe avait eu recours à sa société de conseil, 2F Conseil, entre 2012 et 2014. Ce n’est une fois de plus que contraint et forcé que François Fillon a déclaré, lors de sa conférence de presse du 6 février, qu’Axa avait bien été son client, comme l’ont été Fimalac, la banque Oddo et le cabinet comptable de René Ricol, ainsi que Mediapart l’a révélé.

Des conseils précieux, semble-t-il : François Fillon a été rémunéré 200 000 euros par Axa pour une mission s’étalant entre la mi-2012 et la mi-2014, selon les révélations de BFM Business. 200 000 euros, cela ressemble à un tarif de base pour la société 2F Conseil. Il a reçu les mêmes appointements de la part du cabinet Ricol.

Comment justifier de telles rémunérations pour des activités menées en même temps qu’un travail de parlementaire ? Pour nombre de parlementaires, elles sont injustifiables. La situation ne peut qu’être porteuse de conflits d’intérêts. « Comment ne pas soupçonner un trafic d’influence ? Les puissances de l’argent sont en train d’accaparer la politique. De très grandes sociétés multinationales se paient des hommes politiques, appointent, donnent de largent à des hommes politiques pour quils les aident à ouvrir des portes, à se servir de leurs relations pour leurs intérêts », s’indigne François Bayrou. « On ne peut pas intervenir en même temps comme lobby pour un intérêt privé et en même temps comme législateur censé défendre l’intérêt général », insiste de son côté Yannick Jadot, candidat écologiste à la présidentielle.

Douze députés écologistes et de gauche ont saisi le 9 février le déontologue de l’Assemblée nationale, Ferdinand Mélin-Soucramanien, sur les activités de conseil de François Fillon. « Les activités qu’il a exercées auprès du client dont nous avons connaissance [AXA] ne peuvent-elles pas être constitutives d’une situation de conflit d’intérêts et d’un manquement manifeste à la déontologie d’un parlementaire ? »s’interrogent-ils dans cette lettre signée notamment par Cécile Duflot et le député démissionnaire du PS Pouria Amirshahi.

Depuis la révélation de ses activités de conseil auprès d’Axa, François Fillon fait tout pour enterrer cette nouvelle polémique. La plus embarrassante peut-être pour lui car elle pose la question de sa proximité avec le monde financier, des échanges de services possibles. Car le monde des affaires – et plus encore le monde financier – n'est pas connu pour être désintéressé : quand il engage de l'argent, il attend toujours un retour sur investissement. Quelles sont les contreparties en retour ? Un poste de ministre ? Une politique écrite au bénéfice du monde financier, qui pourtant n'a pas eu à se plaindre ces dernières années ?

L’ancien premier ministre peut, comme à son habitude, plaider l'acharnement : il a agi dans la plus parfaite légalité. En principe, la loi électorale interdit aux parlementaires d’exercer les métiers de conseil, activités jugées incompatibles avec l’activité parlementaire car sources évidentes de conflits d’intérêts. Cependant, elle autorise les parlementaires à conserver cette activité, s’ils l’exerçaient auparavant. Cette disposition n’a pas été modifiée lors de la discussion sur la loi sur la transparence de la vie politique adoptée en 2013, une grande majorité d’élus de droite mais aussi nombre de parlementaires de gauche prônant le statu quo. François Fillon est un homme averti et respectueux des règles : il a enregistré sa société de conseil en juin 2012, juste huit jours avant de reprendre son activité de parlementaire, après sa sortie de Matignon, comme l’a déjà relevé Mediapart. Il exerçait donc bien son activité de conseil avant d’entrer au Parlement !

Du côté d’Axa, en revanche, les choses sont plus compliquées. Comment justifier un tel contrat avec François Fillon ? Quels conseils pouvait-il apporter au groupe d’assurances ? Axa ne court-il pas le risque d’être poursuivi pour abus de bien social, voire financement politique illégal pour avoir rémunéré l’ancien premier ministre ? Tout de suite après la révélation de ce contrat, le groupe a pris les devants. François Fillon « a notamment travaillé entre mi-2012 et mi-2014 sur les négociations en cours à l’époque sur la directive européenne Solvency 2, entrée en vigueur le 1er janvier 2016 », a-t-il indiqué à L’Argus de l’assurance. L’ancien premier ministre aurait en particulier permis « d’ouvrir des portes à Bruxelles et à Berlin ». Interrogé sur ses déclarations et le contenu exact de ces missions, le groupe d’assurances n’a pas répondu à nos questions.

Solvency 2 est une directive européenne visant à renforcer les règles prudentielles des assurances. Le cadre général a été adopté en novembre 2009, après la crise financière. Mais les dispositions précises pour fixer le cadre réglementaire se sont étalées jusqu’en 2014. Le texte a été transposé dans la législation française à la fin de 2014 et est entré en vigueur à partir du 1er janvier 2016.

L’ombre pesante d’Axa

Pendant ces années, les discussions ont tourné au bras de fer entre la Commission européenne et les assureurs. Ces derniers ont cherché par tous les moyens à obtenir la plus faible régulation possible, voire pas de régulation du tout. Au nom, bien sûr, de la sauvegarde du secteur, « désavantagé face à la concurrence mondiale ». Tout a été sujet à controverse : le niveau de fonds propres requis, les actifs risqués ou non, les positions à prendre en compte ou non.

À la seule évocation de l’ancien premier ministre conseiller d’Axa pour Solvency, les connaisseurs du secteur éclatent de rire. « C’est une plaisanterie », dit un financier, ancien administrateur d’un groupe d’assurances, qui soupçonne le candidat de droite de n’avoir jamais lu un bilan de ce type de groupe. Le soupçon est justifié : le monde de l’assurance est encore plus compliqué et technique que celui de la banque.

La députée PS Karine Berger, qui a été très active sur ces questions pendant toute la mandature, ne se souvient pas non plus avoir vu François Fillon se passionner pour la régulation bancaire et financière. Il n’appartient pas à la commission des finances et n’est jamais intervenu dans les débats. « C’est Jérôme Chartier [aujourd’hui conseiller spécial auprès de François Fillon – ndlr] qui est intervenu pendant toute la discussion sur la transposition en droit français de la directive Solvency 2 », indique-t-elle.

Alors que de multiples lobbies se sont activés dans les couloirs de Bruxelles pendant toutes ces années pour faire réécrire le texte, quel pouvait être l’apport de François Fillon ? Que signifie la mission « ouvrir des portes à Bruxelles et à Berlin » ? Tout laisse penser que l’ancien premier ministre a monnayé son carnet d’adresses auprès d’Axa. Une personne notamment pouvait intéresser Axa : Michel Barnier, alors commissaire européen chargé du marché intérieur et des services. À ce titre, c’est à lui que revenait la responsabilité d’écrire toutes les directives de régulation financière. Il affichait des positions très fermes sur ces sujets, mais a dû souvent reculer face aux gouvernements, français notamment, venus en soutien de leur secteur financier.

François Fillon connaît Michel Barnier de longue date. Comme lui, c’est un gaulliste historique. Tous les deux ont appartenu à cette jeune garde de droite qui s'est illustrée contre la gauche au pouvoir dans les années 1980, alors que le RPR et l'UDF ne se remettaient pas d'avoir perdu le pouvoir. Plus tard, Michel Barnier a été ministre de l'agriculture de François Fillon. Rien de plus facile donc pour l'ancien premier ministre que de glisser un mot en faveur d’Axa à Michel Barnier. Les élus font cela tous les jours pour défendre telle ou telle société implantée dans leur circonscription.

Mais Axa avait-il vraiment besoin de François Fillon pour défendre sa cause ? Outre les multiples lobbyistes, le groupe d'assurances a des défenseurs à Bercy et jusqu'au sommet de l'État. D’autant qu’à l’époque, l’assureur est un souci pour le ministère des finances, car il est fragilisé dans le monde financier. Les rumeurs abondent sur son cas. Il se murmure alors qu’il serait l’assureur européen qui aurait le plus de difficultés à remplir ses obligations prudentielles. Le cours boursier du groupe atteste en tout cas de ces problèmes : il est alors au plus bas historique, évoluant pendant plus de deux ans entre 8 et 10 euros.

 

La Commission européenne n’a pas répondu à nos questions pour savoir si un rendez-vous avec François Fillon figurait à cette période à l’agenda officiel de Michel Barnier. Mais un simple coup de fil peut suffire. L'a-t-il donné ? Cela justifie-t-il de recevoir en contrepartie une rémunération de 200 000 euros ? Poser la question est déjà donner la réponse. D’autant que par la suite, François Fillon a été amené en tant que parlementaire à se prononcer sur ce texte.

Dans tous les cas de figure, la position de François Fillon est intenable. Soit il n’a apporté aucun conseil réel à Axa et sa rémunération exorbitante apparaît comme un soutien illégal de la part de financiers. Soit il a monnayé pour le groupe d’assurances quelques entrées et s’est fait écho auprès de personnes influentes des désirs et des revendications de l’assureur, tout en se prononçant sur le texte législatif de transposition par la suite et le conflit d’intérêts est à tout le moins patent. Mais il est vrai que cette notion semble bien étrangère à François Fillon. Comme il le dit lui-même, la transparence est un fléau. Et l'honnêteté ?

 

 

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11 février 2017 6 11 /02 /février /2017 06:57
« L’Amérique d’abord!"
par Serge Halimi 
  

Dès son premier discours de président, M. Donald Trump rompt avec ses prédécesseurs. Promettant, le ton rogue et le poing serré, que le slogan « America First » L’Amérique d’abord ») résume la « nouvelle vision qui gouvernera le pays », il annonce que le système international créé depuis plus de soixante-dix ans par les États-Unis n’aura plus pour fonction que de les servir. Ou pour destin de dépérir. Une telle franchise perturbe la tranquillité des autres nations, notamment européennes, qui feignaient de croire à l’existence d’une « communauté atlantique » démocratique, réglée par des arrangements mutuellement avantageux. Avec M. Trump, les masques tombent. Dans un jeu qu’il a toujours jugé être à somme nulle, son pays entend « gagner comme jamais », qu’il s’agisse de parts de marché, de diplomatie, d’environnement. Malheur aux perdants du reste de la planète.

Et adieu aux grands accords multilatéraux, en particulier commerciaux. Façonné par ses souvenirs d’écolier des années 1950, le nouvel occupant de la Maison Blanche remâche depuis des décennies la fable selon laquelle l’Amérique se serait toujours comportée en bon Samaritain. Et aurait, depuis 1945, « enrichi d’autres pays », lesquels, sous le parapluie protecteur de l’Amérique, ont « fabriqué nos produits, volé nos entreprises et détruit nos emplois » (1). De grandes fortunes autochtones ont assurément survécu au « carnage » qu’il décrit, dont son empire de résidences de luxe qui a essaimé sur quatre continents. Mais de telles arguties pèsent peu au regard du renversement idéologique qui se dessine : le président des États-Unis parie que son protectionnisme« apportera une grande prospérité et une grande force », au moment où, au Forum économique de Davos, le dirigeant du Parti communiste chinois propose de se substituer à l’Amérique comme moteur de la mondialisation capitaliste (2)…

Que dit l’Europe ? Déjà en voie de dislocation avant le coup de barre de Washington, elle regarde passer les trains et essuie, désemparée, les rebuffades de son parrain. M. Trump, qui la soupçonne (assez justement) d’être dominée par les choix économiques de l’Allemagne, s’est réjoui que le Royaume-Uni ait décidé de la quitter et méprise les obsessions antirusses des Polonais et des Baltes. Autant dire que les dirigeants du Vieux Continent, qui ont renoncé depuis des années à toute ambition contraire aux vœux de leur suzerain américain, risquent dorénavant de trouver porte close à l’ambassade des États-Unis où ils venaient rappeler leur loyauté (3). Rien ne garantit que l’unilatéralisme de M. Trump les contraindra enfin à renoncer au biberon de l’atlantisme et au dogme du libre-échange pour marcher sur leurs propres jambes. Mais l’année électorale en France et en Allemagne mériterait d’avoir cette exigence pour enjeu.

Serge Halimi

Serge Halimi

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11 février 2017 6 11 /02 /février /2017 06:50
De qui François Fillon est-il le prête-nom? par les sociologues François Denord et Paul Lagneau-Ymonet (Le Monde Diplomatique, février 2017)
De qui François Fillon est-il le prête-nom ?
 
 

Auprès des principaux candidats à l’élection présidentielle française s’activent des collaborateurs. Ces équipes exhibées devant les caméras, ces organigrammes publiés par la presse ne représentent pas seulement une accumulation de pouvoirs, d’ambitions et de savoir-faire : ils expriment des compromis entre fractions de la classe dominante et impriment leur marque aux divers programmes. Après M. Nicolas Sarkozy en « président des riches (1)  », voici M. François Fillon, son ex-premier ministre, en apôtre de l’entreprise, de l’autorité et de la foi.

Dans l’arithmétique des pouvoirs, toutes les richesses ne se valent pas. L’argent surclasse les autres (culture, savoir et prestige) et étalonne leurs grandeurs relatives. Il en va de même parmi les alliés de M. Fillon : des financiers fixent le cap, des consultants organisent la campagne, des communicants lustrent l’image du candidat.

Au pôle économique trône M. Henri de Castries, ex-président-directeur général du premier assureur mondial, Axa, un groupe qu’il a rejoint après avoir pris part aux premières privatisations (1986-1988) en tant que chef de bureau à la direction du Trésor. Dans cette entreprise qui martèle depuis des années son credo libéral, notamment à travers l’Institut Montaigne, une boîte à idées fondée en 2000 par son ancien dirigeant Claude Bébéar, M. de Castries s’épanouit. Il réclame « des leaders forts, qui développent une vraie vision du monde et une vraie stratégie d’avenir, et qui seront d’une fermeté sans faille dans l’exécution de celle-ci. Bien sûr, il faut écouter les protestations, mais en ayant conscience de ce qu’elles représentent d’intérêts particuliers. Mais il faut savoir tenir un cap. C’est une dignité et une vertu que de mener des réformes »(Le Figaro, 2 novembre 2016).

Avec M. Jean de Boishue, son conseiller à Matignon, et M. Igor Mitrofanoff, sa « plume », M. Fillon avait déjà des amis russophiles. M. de Castries l’a fait bénéficier de ses relais atlantistes. En 2013, il l’invite aux rencontres du groupe Bilderberg, cénacle qui, depuis sa création en 1954, rassemble patrons, politiques, anciens militaires et quelques journalistes. L’assureur a aussi inspiré le programme du candidat tout au long de la primaire. Depuis le succès de son champion, M. de Castries guette le déroulement de la campagne et appâte les rédactions par la mise en scène de ses ambitions ministérielles (Le Monde, 14 décembre 2016).

Nul chef sans stratège. Dans les grandes entreprises, c’est souvent la fonction dévolue aux consultants. Ils jouent un rôle-clé aux côtés du candidat de la droite française. Formé chez les jésuites, puis à la Harvard Business School, M. François Bouvard supervise l’élaboration du programme, une mission analogue à celles qu’il accomplissait pour des directions de multinationales ou d’administrations centrales lorsqu’il travaillait pour le cabinet McKinsey (1989-2013). Quand, en 2007, le gouvernement de M. Fillon lance la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui applique aux administrations les règles des entreprises privées, le comité de suivi des audits a pour coanimateur M. Jean-Paul Faugère, alors directeur de cabinet du premier ministre. Celui-ci prétendait déjà « faire mieux avec moins », et McKinsey présentait la RGPP comme un cas d’école (2).

Après le stratège, le manager : M. Pierre Danon, directeur de campagne adjoint pendant les primaires. À la tête de Numericable entre 2008 et 2012, il a rencontré M. Fillon à l’occasion de la mise en vente par son gouvernement d’une quatrième licence de téléphonie mobile. Mais, pour ce spécialiste de la « réduction de coûts », qui cumule les jetons de multiples conseils d’administration, la révélation politique remonterait à 2012 : « J’ai trouvé les attaques contre la famille Peugeot, qui a toujours défendu l’emploi en France, détestables. J’ai été choqué par la distance prise avec l’Allemagne afin de flirter avec l’Espagne et l’Italie » (L’Opinion, 21 septembre 2016). Depuis, M. Danon organise des rencontres entre M. Fillon et des dirigeants d’entreprise, anime des groupes de travail afin de rédiger le programme économique et sillonne la France pour des réunions publiques. Un soir d’automne 2016, à la Bourse du travail de Massy (Essonne), il galvanise son auditoire : « Et, s’il le faut, [M. Fillon] saura envoyer l’armée pour débloquer des raffineries » (L’Humanité, 18 novembre 2016). Il figure désormais parmi les porte-parole officiels de son champion ; dans l’organigramme, il est rattaché au « pôle société civile », qu’anime un ancien directeur du Mouvement des entreprises de France (Medef), chargé des adhérents.

Financière de haut vol, son épouse, Mme Laurence Danon-Arnaud, a présidé entre 2005 et 2013 la commission « Prospectives » du Medef, lequel a instillé nombre de ses idées dans le programme du candidat Fillon. Pour la primaire, Mme Dorothée Pineau, directrice générale adjointe du Medef, s’est beaucoup investie (Marianne, 23 novembre 2016), tout comme la présidente de la fédération patronale Syntec. Mme Viviane Chaine-Ribeiro, qui ambitionnerait de succéder à M. Pierre Gattaz à la tête du Medef, fait elle aussi partie des porte-parole officiels de M. Fillon.

Pour la communication, celui-ci s’en remet à l’une des plus prestigieuses attachées de presse de la capitale. Après être passée par Sciences Po et par la faculté de droit d’Assas, Mme Anne Méaux a fait ses classes à l’Élysée, auprès du président Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981), puis au service du groupe parlementaire Union pour la démocratie française (UDF) à l’Assemblée nationale. Elle dirige désormais Image Sept, qui se présente comme la « première agence de communication indépendante en France ». Sa clientèle comprend des établissements publics, des collectivités territoriales, des gouvernements étrangers et les piliers du CAC 40. C’est en particulier à l’un d’entre eux, M. François Pinault, le patron de Kering (ex-groupe Pinault-Printemps-Redoute, PPR), que Mme Méaux doit sa position. Elle l’a désigné comme parrain lorsqu’elle a reçu l’insigne d’officier de la Légion d’honneur (Le Figaro, 10 juin 2016). Ses convictions libérales ont amené cette admiratrice de la romancière libertarienne américaine Ayn Rand (3) à suivre M. Fillon (L’Opinion, 21 novembre 2016).

 
« Jésus manager »

Les libertariens glorifient l’individu libre et se jouent des conventions. Mais, parmi les proches du candidat de droite, l’appartenance à de grandes familles et la conformation aux styles de vie les plus traditionnels restent de rigueur, et l’on veille à nouer de fructueuses alliances matrimoniales. L’homme chargé des donateurs, M. Arnaud de Montlaur, travaille pour Quilvest. Ce conglomérat financier appartient depuis sept générations aux héritiers Bemberg, famille qui a fait fortune dans la brasserie en Argentine dès la fin du XIXe siècle, avant de s’allier aux noblesses européennes. Le comte de Castries a, quant à lui, épousé la fille d’une cousine dont les parents et alliés possèdent des parcelles entières du faubourg Saint-Germain. Plutôt âgés, exerçant un pouvoir au sein de l’État ou dans l’ordre économique, les membres de la grande bourgeoisie perpétuent l’influence de lignées — parfois d’origine aristocratique — dont les membres se veulent les dépositaires de l’intérêt général et de la continuité de l’histoire nationale.

Nombre de soutiens de M. Fillon sont des enfants ou des parents de grands commis de l’État, diplômés des écoles publiques les plus renommées (Polytechnique ou École nationale d’administration, ENA), qui ont fait fructifier leur connaissance des arcanes administratifs pour s’enrichir aux marges du secteur public ou dans le privé. Lui-même fils de préfet, le préfet et conseiller d’État Jean-Paul Faugère a obtenu, après avoir dirigé le cabinet de M. Fillon, la présidence du conseil d’administration de CNP Assurances, une entreprise publique mais cotée en Bourse. « Trois cent cinquante mille euros à ne rien faire, c’est fou ! », se serait lamenté M. François Hollande en 2012, quand M. Jean-Marc Ayrault lui a confié que M. Fillon — son prédécesseur au poste de premier ministre — ne lui avait « demandé qu’un seul service : recaser son directeur de cabinet (4)  ». En 2015, le fardeau de M. Faugère lui a tout de même laissé le temps de présider les jurys de l’ENA.

Le candidat peut également compter sur M. Antoine Gosset-Grainville. Énarque et fils d’énarque, cet inspecteur général des finances a délaissé la fonction publique au début des années 2000. Directeur adjoint du cabinet de M. Fillon, puis de la Caisse des dépôts, il a occupé des fonctions d’administrateur dans plusieurs grands groupes avant de fonder un cabinet d’avocats spécialisé dans les fusions-acquisitions, BDGS Associés. Une trajectoire typique des quelques hauts fonctionnaires auxquels le retrait de l’État de la sphère productive, la déréglementation et l’ouverture à la concurrence internationale ont offert de profitables reconversions ; ce qui n’empêche pas M. Gosset-Grainville de se définir comme un« animal à part » (L’Opinion, 15 janvier 2016).

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Jacques prévert. – « La Cinquième ou le Régime des poulets », collage, 1958-1973
Collection BnF – © Fatras / Succession Jacques Prévert

Encore ce pur produit de la « noblesse d’État » a-t-il servi la puissance publique. M. Marc Ladreit de Lacharrière, lui, en a démissionné dès sa sortie de l’ENA, en 1968, pour rejoindre la Compagnie de Suez, puis la direction financière de L’Oréal. Désormais milliardaire, il dirige sa holding personnelle, Fimalac, qui possède, entre autres actifs, la Revue des deux mondes. Il y a fait « travailler » Mme Penelope Fillon (5) et a nommé comme directrice de la rédaction Valérie Toranian, ancienne directrice du magazine Elle et compagne de l’éditorialiste Franz-Olivier Giesbert, lequel siège au comité de la revue aux côtés de Mme Élise Longuet, fille de l’ancien ministre Gérard Longuet et directrice des relations extérieures de Fimalac. Le vénérable périodique, qui accueillit les poèmes de Charles Baudelaire et les réflexions de Stendhal, publie à présent « les interventions de penseurs et d’hommes d’action contemporains tels François Fillon, Édith de La Héronnière ou Georges Charpak », peut-on lire sur le site de la holding.

La doyenne des revues libérales revendique « un souci de modération, de prudence, un rejet des postures extrêmes, un esprit de pragmatisme ». C’est également à la sobriété intellectuelle qu’en appelle M. Jérôme Chartier, conseiller spécial de M. Fillon. Ce député du Val-d’Oise, qui partage sa vie avec la présidente du conseil de surveillance d’Eurodisney, Mme Virginie Calmels, organise chaque année sous les voûtes de l’abbaye de Royaumont des « Entretiens ». Dirigeants économiques, hauts fonctionnaires et représentants de divers cultes s’y pressent. Le thème de l’édition 2016 avait tout pour plaire au candidat à la présidentielle : « Croyant et citoyen ». Le gouverneur de la Banque de France, M. François Villeroy de Galhau, y évoqua « l’expérience de Jésus manager » et « la façon incroyable dont il gère son équipe : il part de douze Galiléens assez frustes et il en fait l’entreprise internationale la plus durable du monde ».

Croyants, les fidèles soutiens de François Fillon le sont assurément. Son directeur de campagne, M. Patrick Stefanini, ancien bras droit de M. Alain Juppé, passe pour l’artisan du ralliement du mouvement Sens commun au député de Paris. La porte-parole de cette émanation de la Manif pour tous, Mme Madeleine de Jessey, a d’ailleurs trouvé une place dans l’organigramme de campagne. La coordination de celle-ci échoit à un catholique intransigeant, M. Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat et président du conseil régional des Pays de Loire depuis 2015, après avoir succédé en 2010 à son ancien mentor, M. Philippe de Villiers, à la tête du département de la Vendée. Converti au protestantisme, M. Gérard Larcher, président du Sénat, serait un partisan du dialogue avec toutes les confessions : il a pour mission de faire le lien entre M. Fillon et les directions des confédérations syndicales.

M. Chartier l’assure : « François Fillon n’a jamais eu aucun lien avec l’extrême droite » (BFM TV, 23 novembre 2016). Tous ses soutiens ne peuvent en dire autant. M. Hervé Novelli, ancien secrétaire d’État, et M. Longuet, ex-ministre, font ainsi partie, comme Mme Méaux, de la « génération Occident », ces anciens militants radicaux de l’anticommunisme passés de l’ultradroite au giscardisme durant les années 1970 (6). De leur côté, des soutiens affichés comme M. Charles Millon, ancien ministre de la défense, et son épouse, la philosophe Françoise Delsol, sont des piliers d’une droite lyonnaise traditionaliste proche de l’Opus Dei. Aux avant-postes du libéralisme économique le plus échevelé durant les années 1970 et 1980, ils ont peut-être trouvé le candidat qui saura « libérer l’économie ». Proche de M. Alain Madelin, M. Novelli a fréquenté assidûment l’Association pour la liberté économique et le progrès social (Aleps), l’un des fers de lance du néolibéralisme en France (7). Rédacteur du programme ultralibéral du Front national en 1973, M. Longuet fut longtemps membre d’honneur du très droitier Club de l’horloge. Ses prises de position sur l’immigration ou l’homosexualité le rapprochent de l’extrême droite.

Symbole de la marginalisation de la référence gaullienne, M. Fillon a reçu l’appui de deux voix importantes de la galaxie libérale : celle de Nicolas Baverez, ancien conseiller à la Cour des comptes devenu avocat, chroniqueur au Point et auFigaro, enthousiasmé par un « vrai programme qui est un programme libéral » (BFM Business, 28 novembre 2016) ; et celle de Mathieu Laine. Cet essayiste et dirigeant d’un cabinet de conseil se montre ravi de la mue idéologique accomplie par l’ancien partisan du « non » au référendum de Maastricht de 1992 ; il se félicite qu’il perçoive désormais « l’urgence de libéraliser notre économie (…) en dégonflant l’État-précaution au bénéfice d’un État régalien récemment affaibli » (Le Monde,22 novembre 2016).

Au-delà des spécificités liées à l’ancrage de M. Fillon au sein de la bourgeoisie catholique, cet attelage de la banque-assurance, du management et de la communication se retrouverait sous des formes et des incarnations différentes dans l’entourage d’autres candidats — M. Emmanuel Macron, notamment. Il marque l’aboutissement du processus de néolibéralisation qui, en France, affecte la structure du pouvoir depuis quarante ans. Il se traduit par un moindre contrôle politique sur l’ordre économique et par un retour en force des puissances financières, commerciales et industrielles privées.

François Denord & Paul Lagneau-Ymonet

Sociologues. Auteurs de l’ouvrage Le Concert des puissants,
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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 20:27
La vérité sur le programme du Front National (L'Humanité, 6 février 2017)
La vérite sur le programme du Front national
GRÉGORY MARIN
LUNDI, 6 FÉVRIER, 2017
L'HUMANITÉ

Décryptage. Loin d’incarner une rupture avec le libéralisme des gouvernements passés et présent, Marine Le Pen franchit une étape supplémentaire dans le travestissement des orientations qu’elle défend en vue de l’élection présidentielle. Son projet constitue en réalité un danger pour les salariés, les plus démunis et la démocratie en général.
 

En campagne permanente depuis la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen s’est d’abord présentée comme la championne de la « France des oubliés », avant de prétendre ces derniers mois parler « au nom du peuple ». C’est ce credo qu’elle et son équipe de campagne ont mis en avant ce week-end à Lyon lors des « assises présidentielles » du parti. Dans son discours de clôture, la candidate a promis une triple « révolution » : du patriotisme (économique, mais développant aussi l’identité nationale) ; de la proximité en proposant aux Français une « démocratie de contrôle » par le « référendum d’initiative populaire » ; de la liberté, notamment en « retrouvant la souveraineté nationale », qui amènera la France à sortir de l’Union européenne.

Dans un grand écart entre tentative autoritaire et promesse d’écoute des Français qui lui permet à la fois de justifier les aménagements cosmétiques de son programme et de surseoir à la clarification de certaines mesures, le FN flaire l’aubaine. Plutôt facile de proposer par exemple la « Sécurité sociale garantie pour tous », même sans développer, quand François Fillon lui sert le sujet sur un plateau, en totale rupture avec la majorité des Français. Se dégagent néanmoins du projet de la candidate des lignes de force qui reprennent les fondamentaux du parti d’extrême droite. Découpé en sept grandes parties (« une France fière », « une France prospère », etc.) et comptant 144 mesures, son programme présidentiel fait la part belle au rejet de l’immigration, à la sortie de l'Union européenne et au « patriotisme économique », à la sécurité et à l’« identité ». Selon la présentation qu'en fait Marine Le Pen, ce programme représente un « choix de civilisation (qui) engagera aussi l'avenir de nos enfants ». Nous avons décidé de le passer au crible. Le résultat est sans appel : les choix qui le guident feraient entrer la France dans une régression sans précédent depuis la Libération.

  • IMMIGRATION

C’est le pivot de toute l’argumentation du Front national. La « cause » mobilisatrice qui a présidé à la fondation de ce parti, il y a quarante-cinq ans. Pour le Front national, la lutte contre l’immigration est la question centrale de tout programme, quel que soit l’échelon visé, municipal, régional ou, en l’occurrence, national. Celui qu’elle propose pour cette campagne 2017 ne fait pas exception à la règle.

Marine Le Pen veut favoriser "l'entre-nous"

Le FN n’a cessé de batailler contre l’accueil de réfugiés, politiques ou économiques, et entend s’opposer à cette « déferlante migratoire », ainsi que la qualifie la candidate FN. Elle propose de fixer un « solde annuel » d’immigration légale à 10 000 personnes, les départs induits par les reconduites à la frontière de migrants, dont elle souhaite « simplifier et automatiser » l’expulsion, venant compenser l’entrée sur le territoire d’étrangers triés sur le volet. La fin du droit du sol est un pilier du programme, comme la « fin de l’automaticité du regroupement et du rapprochement familial », et la possibilité d’acquisition de la nationalité française réduite à « la filiation ou la naturalisation », dont les conditions seront « plus exigeantes ». Tellement qu’elles deviennent « impossibles » pour les « étrangers en situation illégale ». Pour tenir ces objectifs, Marine Le Pen propose toujours de renforcer les contrôles aux frontières, voire de fermer ces dernières, s’adjoignant l’aide de 6 000 nouveaux douaniers, qu’elle veut recruter. D’ailleurs, dénonçant les « pompes aspirantes » que représente, selon le FN, l’accès aux droits fondamentaux (à se soigner, à l’éducation, au logement), Marine Le Pen veut supprimer l’aide médicale d’État « réservée aux clandestins ». Tant pis si l’accès aux soins pour les plus démunis des arrivants en France permet de détecter des cas de maladies en protégeant ainsi l’ensemble des Français.

La priorité frontiste : la "priorité nationale"

La « préférence nationale » s’est muée en « priorité nationale », mais l’objectif reste le même : créer une division supplémentaire entre les travailleurs, entre les Français de fraîche date et ceux dits « de souche ». Cela commence par l’inscription de cette mesure dans la nouvelle constitution, dont le FN distribuait des exemplaires ce week-end. Y sont aussi inscrites « la défense de notre identité de peuple » et « la lutte contre le communautarisme ». Le logement social, dont l’« attribution prioritaire » revient aux Français. Idem pour le travail, puisque Marine Le Pen compte appliquer « la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger », a-t-elle déclaré au Monde, il y a quelques jours. Y compris les Européens, a d’ailleurs complété le vice-président Florian Philippot sur RTL, dans la foulée. Une méthode qu’elle compte également imposer aux clubs sportifs professionnels en y introduisant des quotas de joueurs de nationalité française.

Le musulman, un ennemi de l'intérieur

Le coordinateur du projet présidentiel, Jean Messiha, énarque et dirigeant du collectif Les Horaces, a beau vanter l’esprit de « synthèse » français, qui a fait que « Henri IV faisait des protestants et des catholiques un seul peuple », la « réconciliation nationale » n’ira pas plus loin. Car, si figure dans le programme la préoccupation d’« éradiquer le terrorisme » et de « briser les réseaux fondamentalistes islamistes » (lire par ailleurs), la manœuvre sert de prétexte à rendre suspect tout musulman. Il faut aller chercher cette proposition sur l’école pour le comprendre : « Garantir la liberté de scolariser ses enfants selon ses choix » est une référence à « l’enseignement libre » – traduisez catholique –, auquel l’extrême droite est attachée, mais « tout en contrôlant la compatibilité avec les valeurs de la République des enseignements dispensés dans les établissements privés hors contrat » signifie « garder un œil sur les écoles musulmanes »… Même le supposé féminisme de Marine Le Pen (le FN édite une brochure calquée sur Version Femina qui proclame en une « Je veux défendre les femmes françaises ») est ramené, dans la proposition « défendre le droit des femmes », à « lutter contre l’islamisme qui fait reculer leurs libertés fondamentales ».

  • SÉCURITÉ/JUSTICE

Voilà encore un domaine identitaire de l’extrême droite. Le FN prône un pouvoir fort : « L’autorité de l’État » a toujours figuré dans ses discours. Logique, car si cette demande d’autorité, régulièrement testée dans les sondages et plus encore depuis la vague terroriste qui a secoué le pays, est en augmentation dans la société, c’est chez les sympathisants FN qu’elle s’ancre le mieux : 60 % d’entre eux ont ce souci.

La militarisation de la société en marche

Marine Le Pen l’avait annoncé au Monde quelques jours avant ses assises de Lyon, elle entend augmenter immédiatement, si elle est élue, le budget de la défense à 2 % du produit intérieur brut, contre 1,5 % aujourd’hui, pour arriver à 3 % en 2022. Soit un doublement du budget pour supporter « la commande d’un second porte-avions baptisé Richelieu » (pour mémoire, le Charles-de-Gaulle, mis en circulation en 2001, a coûté 3 milliards d’euros, la « pérennisation de notre force de dissuasion nucléaire », « l’augmentation générale de notre format d’armée (davantage d’avions, de navires, de blindés) ». Au détriment de quel budget se fera cette inflation de dépenses d’armement, qui se distingue de la réponse aux besoins d’augmentation des moyens humains, qui devrait être la seule vraie priorité d’un(e) futur(e) président(e) ? Leur financement n’étant assuré que par des transferts de recettes, sans que de nouvelles recettes ne soient créées, la réponse découle d’elle-même : d’autres missions ou services publics paieront l’addition.

Quant aux forces de l’ordre, on notera que le « réarmement » proposé ne s’entend pas seulement sur les plans humain et matériel, mais aussi « moralement et juridiquement (notamment par la présomption de légitime défense) ». En clair, l’élargissement du champ de la répression autorisée par une police que l’on promet plus et mieux armée : la porte ouverte aux bavures et au sentiment d’impunité des forces de l’ordre porteuses de graves dérives pour un État dit de droit.

La justice sous contrôle de l'exécutif

Dans la société que Marine Le Pen brosse à grands traits dans son programme, la police occupe une place prépondérante. Aujourd’hui, le FN regarde d’un œil bienveillant les manifestations de policiers, soi-disant apolitiques et spontanées, qui réclament non seulement plus de moyens, mais aussi moins de « laxisme » de la part de juges (« supprimer l’École nationale de la magistrature » y pourvoira, selon le projet lepéniste) qui n’auraient qu’une hâte, délivrer les délinquants qu’ils arrêtent. Pour le FN, la « tolérance zéro » se décline, sur le terrain comme dans les palais de justice, par une répression aveugle et tous azimuts qui piétine les pouvoirs des juges : « Rétablissement des peines planchers », « suppression des remises de peine automatiques », coupure des aides aux parents de mineurs délinquants, « expulsion automatique des criminels et délinquants étrangers » pour qu’ils « purgent leur peine dans leur pays d’origine »… et tant pis si ces mesures, dont certaines ont été expérimentées durant le quinquennat Sarkozy, se sont révélées contre-productives, inapplicables ou inefficaces sur le plan de la lutte contre la délinquance et sa récidive ? Dans le futur rêvé du FN, « l’administration pénitentiaire (passerait) sous le giron du ministère de l’Intérieur », ce qui garantirait que les « 40 000 places de prison » supplémentaires qu’elle souhaite construire en cinq ans (portant le chiffre à 97 680 places) ne seraient jamais vides. Au passage, cela suppose une augmentation de budget de 1,28 milliard d’euros par an (un détenu coûte en moyenne 32 000 euros par an). Quant à la peine de mort, dont le retour a longtemps été une demande du FN, elle ne figure plus dans le programme de la candidate frontiste, même si elle s’y est déclarée à de nombreuses reprises « favorable personnellement ». Elle propose l’instauration de la « perpétuité réelle », c’est-à-dire la condamnation à mourir en prison…

 

  • INSTITUTIONS

Le FN et sa candidate prétendent parler « au nom du peuple ». Pour le préserver, c’est un grand bond en arrière que propose Marine Le Pen, en programmant, dès son accession à l’Élysée, l’appauvrissement de sa voix au Parlement et en Europe.

La "démocratie de proximité"... loin des Français

La présidente du FN, bien qu’ayant trouvé confortable, dix-huit ans durant et dans deux régions différentes, le statut d’élue régionale, envisage d’en finir avec les conseils régionaux et les communautés de communes… sans le dire expressément. Elle préfère parler de « maintien de trois niveaux d’administration : commune, département, État », sans s’expliquer sur les échelons voués à disparaître. Derrière sa proposition de « référendum en vue de réviser la Constitution » pour « élargir le champ d’application de l’article 11 », se cache la volonté de donner « plus de poids »… au chef de l’État. Car, au-delà du rétablissement du « septennat, non renouvelable » proposé par Marine Le Pen, l’article visé organise les conditions du référendum, notamment son contrôle par le Parlement. Le projet du FN ne fait pas mention de ce dernier à part pour valider son affaiblissement. Ainsi la proposition de « réduction du nombre de députés à 300, contre 577 aujourd’hui, et du nombre de sénateurs à 200, contre 348 actuellement », est-elle inspirée par une démarche à la fois comptable – moins de parlementaires égale moins de dépenses – et antiparlementariste, bien dans la tradition de l’extrême droite, qui surfe sur le climat actuel du « Tous pourris », entretenu – à tort – par les affaires. Ces mesures lui permettraient de se « débarrasser » d’un seul coup de 2 183 élus (1 758 conseillers régionaux et 425 parlementaires). Et si son programme prétend instaurer la proportionnelle à toutes les élections, il faut lire dans les détails pour déceler les lourdes concessions faites au scrutin majoritaire qui en dénature le sens : à l’Assemblée nationale, une « une prime majoritaire de 30 % des sièges » serait réservée à « la liste arrivée en tête » et un seuil d’éligibilité fixé à 5 %. Une manière d’assurer aux partis majoritaires une hégémonie ad vitam aeternam…

L'Europe, mère de tous les maux

Le FN prétend garantir l’indépendance de la France… mais ne va pas jusqu’à défendre la sortie de notre pays de l’Otan. Marine Le Pen fait illusion en prônant une mesure qui n’effraiera personne dans les cercles atlantistes : la sortie du « commandement militaire » de l’Alliance… ou comment faire passer la France du rang de caution à celui de vassale des puissances de l’Otan ! Cela colle bien à la volonté de Le Pen fille de s’afficher en élève modèle du nouveau président américain, dont elle se rêve en alliée, tout comme Le Pen père se voulait le « Reagan français ». Non, ce ne sont pas les États-Unis de Trump qui posent un problème au FN, mais l’Europe. Le parti compte mettre un terme à toute coopération européenne. Saluant le Brexit, à l’instar du président des États-Unis, elle entend, après une « négociation avec nos partenaires européens », organiser « un référendum » sur « l’appartenance à l’Union européenne ». Il s’agit, dit-elle, de « redonner à la France sa souveraineté monétaire, législative, territoriale et économique ». Pourtant, Marine Le Pen a l’air de douter des vertus de son propre programme : la sortie de l’euro ne figure plus clairement dans le texte, le FN lui préférant le terme de « retour à une monnaie nationale adaptée à notre économie ». Sortir de l’Europe sans sortir de l’euro, tout en en sortant… Le programme du FN a tout du leurre électoral, monument de tromperies sur les intentions réelles du parti et, surtout, sur les conséquences de ses choix pour la France et l’Europe.

Une nouvelle constituion pour valider l'isolement

Le FN a depuis longtemps tranché : il ne veut ni se battre pour une Europe plus sociale et solidaire, pour une Europe politique, mais en isoler la France. L’introduction de nouveaux principes (défense de l’identité, priorité nationale, lutte contre le communautarisme) dans la nouvelle constitution que propose Marine Le Pen participe de cette volonté. Comme le rétablissement de la « supériorité du droit national » sur le droit européen. Dans les faits, cela veut dire aussi, par exemple, supprimer le droit de vote des résidents européens aux élections locales. Pour parachever ce mouvement, la candidate FN veut que, « en cas de conflit de normes devant une juridiction entre un traité (européen – NDLR) et une loi (française – NDLR), le juge tranche en faveur de la loi, si celle-ci est postérieure au traité ». En clair, si un Parlement FN votait, demain, une loi sur le rétablissement du travail des enfants, elle serait supérieure à la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne… Marine Le Pen propose, en outre, de « réaffirmer la supériorité de l’autorité judiciaire française sur les autorités judiciaires internationales reconnues par la France », Cour européenne des droits de l’Homme, Cour de justice et Tribunal pénal international inclus !

 

  • POUVOIR D'ACHAT

Marine Le Pen a un « problème » avec l’augmentation du Smic : « Cela entraîne une charge supplémentaire pour les entreprises, qui sont déjà dans une très grande fragilité dans notre pays », a-t-elle déclaré, le 25 janvier, sur Europe 1, pour justifier qu’elle ne l’augmentera pas. Niant l’effet mécanique d’une hausse du salaire de base, elle préfère distribuer des aumônes catégorielles pour flatter ses électorats.

Faute d'augmenter les salaires, le FN colle des rustines

La présidente du FN n’a jamais été pour la hausse des bas salaires : depuis 2012, sa ligne est de faire financer la hausse du pouvoir d’achat aux travailleurs eux-mêmes, les 200 euros d’augmentation qu’elle proposait à la dernière présidentielle étant en fait une baisse de cotisations sociales du même montant, grevant les finances publiques. En 2017, elle propose une ridicule « prime de pouvoir d’achat » annuelle – Marine Le Pen a avancé à Lyon, dimanche, le chiffre de 1 000 euros par an, qui n’est pas repris dans son projet présidentiel –, pour « les bas revenus (jusqu’à 1 500 euros – NDLR) et les petites retraites ». La mesure serait financée par « une contribution sociale sur les importations de 3 % »… ce qui aura pour effet mécanique de faire grimper les prix des produits concernés d’autant, les consommateurs les plus modestes, qui sont aussi les plus tentés par les produits importés à bas coût, finançant ainsi eux-mêmes cette soi-disant prime de pouvoir d’achat ! Concernant l’augmentation promise du minimum vieillesse, pas besoin d’annoncer de financement : cela se déduit tout seul de la suppression de son versement aux étrangers, puisqu’il sera désormais « conditionné à la nationalité française ou à vingt ans de résidence en France ». Quant à la « diminution de la taxe d’habitation pour les ménages modestes » et à celle « de 10 % des taux des trois premières tranches de l’impôt sur le revenu », le FN ne précise pas non plus de financement. Et quant à la « défiscalisation des heures supplémentaires », elle est inefficace, l’expérience Sarkozy l’a prouvée. Non seulement cette défiscalisation a privé la protection sociale de 4 milliards d’euros par an de cotisations, mais encore elle a fortement dégradé l’emploi, des plus précaires notamment : une étude du ministère du Travail de 2010 a montré que 44 % des entreprises concernées utilisaient cette mesure comme alternative au recrutement en CDI ou CDD, et 52 % pour remplacer l’intérim.

Des promesses... non financées pour le public

Les salariés de la fonction publique et leurs bataillons d’électeurs (5,4 millions de salariés) sont une nouvelle proie pour le FN. Aussi avance-t-il des propositions destinées à les séduire, qui l’engagent d’autant moins que Marine Le Pen ne dit pas comment elle compte les financer, comme la « hausse du point d’indice », de même que la promesse de « maintenir au maximum les hôpitaux de proximité », ce qui n’engage pas à grand-chose, ou d’« augmenter les effectifs ». Les quelques pistes avancées sont là aussi imprégnées par l’obsession de la « priorité nationale » : ainsi celle de « relever le numerus clausus » dans les études de santé, justifiée par la nécessité d’« éviter le recours massif aux médecins étrangers », celle de la suppression de l’aide médicale d’État pour les étrangers, ou encore celle de « lutter contre la fraude » en créant une carte Vitale biométrique « fusionnée avec le titre d’identité », donc réservée aux seuls Français…

  • FISCALITÉ

Le FN avance ici aussi à visage masqué : alors qu’il s’est toujours prononcé pour la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ou sa disparition-fusion avec d’autres impôts comme la taxe foncière, le FN ne mentionne plus ce marqueur sans doute jugé trop ouvertement ultralibéral dans la nouvelle mouture de son programme, proposant désormais son maintien… Si d’autres expressions sont apparues, comme la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, le FN préserve toujours le capital, en menant, sous couvert de « fiscalité plus juste », une politique à la discrétion des plus riches.

Des héritiers non épargnés

Le diable est dans les détails. Certes, le FN inscrit en gras son refus de « toute hausse de la TVA » ou son intention de « baisser de 10 % l’impôt sur le revenu sur les trois premières tranches », mais il faut regarder plus loin. Que cache, par exemple, la proposition, insérée dans la partie « Garantir la protection sociale » et intitulée « Renforcer la solidarité intergénérationnelle », de pouvoir « transmettre sans taxation 100 000 euros à chaque enfant tous les cinq ans (au lieu de quinze ans actuellement) et en augmentant le plafond des donations sans taxation aux petits-enfants à 50 000 euros, également tous les cinq ans » ? Une mesure de préservation du capital des plus fortunés. Pour rappel, le patrimoine des Le Pen, bien que Marine et Jean-Marie le sous-estiment sciemment dans leurs déclarations de patrimoine, dépasse plusieurs millions d’euros… Quant à la suppression des « impôts à très faible rendement », Marine Le Pen ne dit pas lesquels sont visés… mais il est clair que l’ISF peut entrer dans ce cadre, si on le compare à l’impôt sur le revenu ou à la TVA. Est-il crédible, enfin, d’annoncer vouloir « lutter efficacement contre l’évasion fiscale » ? Non, si l’on se souvient que le nom de Le Pen père était cité dans l’affaire d’évasion fiscale dite des Panama Papers, comme ceux de proches de Marine Le Pen (Frédéric Châtillon, principal acteur de sa communication).

Le Medef n'en demandait pas tant

L’entreprise familiale Le Pen n’oublie pas l’entreprise tout court. Ainsi Marine Le Pen veut-elle réduire le taux d’impôt sur les sociétés à 15 % pour les TPE et créer un « taux intermédiaire » à 24 % (contre 33 % aujourd’hui) pour les entreprises moyennes, abaisser les « charges » sociales des TPE et PME, autant de recettes dont le patronat a toujours goûté la saveur. Le « soutien aux entreprises » est inscrit dans l’ADN du parti d’extrême droite, pour qui privilégier « l’économie réelle » n’est bien évidemment pas améliorer les conditions de travail des Français.

Le dialogue social sous contrôle

Sur le plan social également, le FN est « Medef-compatible »: la réduction des « obligations administratives liées au seuil social de 50 salariés » est assortie d’une fusion des institutions représentatives du personnel qui va éloigner les salariés de leurs élus et affaiblir le dialogue en entreprise. En cohérence avec la proposition d’instaurer une « véritable liberté syndicale par la suppression du monopole de représentativité » qui ouvre la voie aux syndicats « maison » et celle de « moraliser la vie syndicale par un contrôle public (de leur) financement », prétexte à leur musellement et à leur contrôle tout courts. Ajoutez à cela la « possibilité d’allongement du temps de travail via des accords au niveau des branches professionnelles », en contradiction flagrante avec l’affirmation du « maintien de la durée de travail à 35 heures », et vous aurez la teneur de l’imposture du FN. Un exemple ? Marine Le Pen dit vouloir abroger la loi travail, et pourtant les sénateurs FN n’ont pas voté la proposition de loi communiste déposée en janvier. Les actes en disent plus que les mots…

 

  • SÉCU

La retraite à 60 ans, un leurre intégral pour le FN

Le FN reprend la proposition phare de la gauche, abandonnée par le social-libéralisme de Hollande et Valls, de la retraite à 60 ans au bout de « quarante annuités de cotisations pour percevoir une retraite pleine ». Disons-le tout net, c’est une filouterie : le FN n’avance en effet aucune piste de financement, pourtant plus essentielle que dans n’importe quel autre domaine pour permettre de garantir ce droit, puisque c’est au nom du déficit des caisses de retraite et du refus d’envisager de nouveaux financements que les gouvernements successifs ont mené leur réforme d’allongement de l’âge légal à 62 ans et des annuités demandées pour y prétendre. Faute de réduire significativement le temps de travail, de proposer une politique de relance audacieuse des salaires apte à générer de l’emploi et des cotisations, et de mettre à contribution les revenus financiers, il n’y a aucune chance de voir rétablie la retraite à 60 ans. Ces questions ne sont en effet pas un détail technique qui pourrait se régler une fois passées les élections : elles sont au cœur de la lutte à mener face au refus catégorique des forces de l’argent de contribuer davantage au financement du système solidaire. Il est donc clair que le FN avance sur ce terrain par pur opportunisme électoral, dans le but tactique de priver ses adversaires d’un argument, mais qu’il n’a aucunement l’intention de passer aux actes.

Garantir la Sécu... en l'accusant de tous les maux

Cette indigence des propositions sur le point crucial du financement s’illustre d’ailleurs dans le chapitre concernant l’assurance-maladie, le FN se targuant de « garantir la Sécurité sociale pour tous les Français (la précision est capitale, puisqu’il faut alors comprendre que les étrangers, qui cotisent pourtant dans les mêmes conditions, en seraient exclus – NDLR) ainsi que le remboursement de l’ensemble des risques pris en charge par l’assurance-maladie ». On voit bien l’objectif, pour le FN, de prendre le contre-pied de la proposition de Fillon de ne plus faire rembourser les « petits risques » par le régime de base qui a tant inquiété les électeurs : Marine Le Pen espère faire venir à elle les déçus du candidat de la droite. Mais comment compte-t-elle pérenniser la couverture santé – qu’elle ne propose d’ailleurs aucunement d’améliorer, en dépit de son insuffisance ? Eh bien, « en simplifiant l’administration du système , en luttant contre la gabegie financière et en investissant dans les nouveaux outils numériques pour permettre des économies durables ». Quel est le montant de cette mystérieuse « gabegie », alors que le système crève du sous-financement ? L’administration est-elle si complexe qu’on puisse gagner de l’argent en la « simplifiant », alors que tout le monde reconnaît que la Sécu a des frais de gestion inférieurs à n’importe quelle assurance complémentaire ? Les « économies durables » escomptées de l’usage des outils numériques annoncent-elles des fermetures de guichets d’accueil du public ? Tout cela n’est pas sérieux, si ce n’est que le vocabulaire employé (gabegie, simplification, économies…) désigne à nouveau la Sécu comme coupable des maux du système, et semble bien plutôt préparer de nouvelles réformes d’austérité.

  • SOCIÉTÉ

S'il existe plusieurs lignes au Front national, elles se réconcilient toujours sur les fondamentaux de l’extrême droite : identité, famille, chrétienté. Mais les services publics, la défense du monde paysan, l’école émancipatrice ou la mixité sociale passent à la trappe.

Une politique familiale à définition étroite

« Un papa, une maman, il n'y a pas mieux pour un enfant. » Ce slogan de la Manif pour tous résonne encore dans la tête de Marine Le Pen, qui propose, dans la partie « une France juste » (sic), de « créer une union civile (Pacs amélioré) qui viendra remplacer les dispositions de la loi Taubira ». Même « sans effet rétroactif », c'est une abrogation du mariage pour tous qui ne dit pas son nom. Ce souci de la famille stéréotypée est également visible dans la proposition de « mettre en œuvre une politique nataliste »... « réservée aux familles françaises ».

« Une France éternelle », le slogan oublié

Dans la partie « une France fière », pas de fioritures : dès la première ligne est affirmée la volonté de « défendre l'identité nationale, les valeurs et les traditions de la civilisation française ». La citoyenneté française est un « privilège » qui ouvre d'ailleurs droit à la « priorité nationale » qui serait inscrite dans la Constitution. Ici, le vocabulaire n'est que « défense » de la citadelle France assiégée : « défendre » la langue, « rétablir » l'égalité réelle en « refusant le principe de ‘‘discrimination positive’’ » pourtant introuvable dans les textes de loi français, « défendre » l'unité et l'intégrité du territoire français... Et encore une fois, la « laïcité » est utilisée comme un outil coercitif qui s’étend à « l'ensemble de l'espace public » et « dans le Code du travail ». Traduction : interdiction du voile, de la kippa et autres burkinis, partout et tout le temps. À quand une « police vestimentaire » à l'iranienne pour veiller au respect des règles qui siéent au FN ?

L'école à la baguette

Marine Le Pen a entendu son allié Robert Ménard, le maire d’extrême droite de Béziers : « Le port de l'uniforme à l'école » sera rendu « obligatoire » si elle était élue. Elle entend ainsi focaliser l'attention d'élèves débarrassés du paraître sur « l'apprentissage des fondamentaux », français, calcul et histoire (exit « l'enseignement des langues et cultures d'origine »). D'ailleurs, la « promotion du roman national » comme le « refus des repentantes d'Etat » seront au programme scolaire. Les cours d'histoire vont s'en ressentir ? Qu'importe, puisque l'obligation de « neutralité » sera imposée aux élèves comme aux professeurs, forcément mal-pensants... Et si les élèves se révèlent imperméables aux nouvelles règles, la candidate frontiste leur ménage une issue, en développant « massivement l'alternance » en entreprise (contrat d'apprentissage et de professionnalisation) dans l'artisanat, le secteur public et privé.

Une politique agricole revue... sans les revendications paysannes

Les paysans sont des Français comme les autres, qui n'aspirent selon le FN qu'à sortir de l'Europe. C'est ce qu'elle leur propose en transformant « la politique agricole commune en politique agricole française », sans sortir du système de « subventions », même si elles seraient désormais fixées « par la France et non plus par l'Union européenne ». Mais pour « sauver et soutenir le modèle français des exploitations familiales », ne sont proposés que le « patriotisme économique », le développement des circuits courts, la simplification des normes administratives ou l'encouragement à « l'installation des jeunes agriculteurs » à coups de défiscalisation, la promotion des labels français... Des mesures étudiées pour séduire mais qui ne prennent pas en compte la principale revendication paysanne : vivre de son travail, pas de subventions. Et ce n'est pas la promesse d'améliorer les infrastructures « en particulier dans la ruralité » qui compenseront leurs pertes.

L'égalité mais pas pour tout le monde

Marine Le Pen veut « rééquilibrer la politique de la ville vers les zones désertifiées et rurales ». Tant pis pour le collectif Banlieues patriotes du Rassemblement bleu Marine, qui devait savoir à quoi s'en tenir. C'est un seul ministère, regroupant aménagement du territoire, transports et logement qui serait chargé d'assurer cette « égalité sur tout le territoire ». Le FN pille comme autant de slogans des revendications de la gauche pour brouiller les cartes, en promettant de « renationalis(er) les sociétés d'autoroutes » ou de refuser « la libéralisation du rail ». Mais le FN ne détaille pas la manière dont il compte s’y prendre, et pour cause ! Quand ils en ont eu l’occasion, le 7 avril 2015, ses sénateurs ont refusé de voter un amendement communiste qui obligeait le gouvernement à déposer au Parlement « un rapport examinant les conditions de mise en œuvre d’une nationalisation des sociétés d’autoroutes ». Quant au ferroviaire, les élus FN au Parlement européen ont voté le deuxième « paquet » de libéralisation en 2004, puis Marine Le Pen s’est abstenue sur le troisième en 2007, quand son père siégeant à ses côtés l’approuvait… Bref, faîtes ce que je dis, pas ce que je fais.

Mais ce n’est pas tout, le FN veut aussi s’attaquer aux « normes d'urbanisme et de construction ». En clair : en finir avec la règle d'obligation de construction de 25 % de logement social sous peine de sanctions. Avec Le Pen aux commandes, non seulement le logement social ne suffira pas aux besoins (aujourd'hui plus de 60 % des Français y sont éligibles) mais en le réservant « prioritairement aux Français », le FN affiche la couleur : plutôt que de répondre à la demande, il propose de partager la pénurie, en créant de nouvelles divisions entre les plus modestes… au plus grand profit des bailleurs privés qui prospèrent sur la crise de l’habitat ! D'ailleurs, ce type de logement à loyer modéré se raréfiera également par le rachat facilité « par les locataires de leur logement social pour parvenir à 1 % du parc HLM vendu chaque année ». Le « grand plan d'aide à la construction et à la réhabilitation » promis, comme « la baisse de la taxe d'habitation pour les plus modestes et le gel de son augmentation », la « pérennisation » de l'aide personnalisée au logement ou le « plan de construction de logements étudiants » servent à faire avaler la pilule d’une politique de destruction programmée du parc social, et ne suffiront pas à désengorger un marché au bord de l'explosion.

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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 20:27
Communiqué du PCF Finistère 
- 9 février 2017
 
Le PCF dénonce vigoureusement l'ordre qui a été donné par la préfecture du Finistère le samedi 4 février à Quimper de faire charger par les CRS le rassemblement de citoyens anti-fascistes "Pour une Bretagne ouverte et solidaire" qui s'était formé pour dénoncer les idées et la propagande raciste et haineuse de Jean-Yves Le Gallou, théoricien et dirigeant de l'extrême-droite radicale, présent à Quimper pour une conférence organisée par le site d'extrême-droite identitaire Breizh Info.   
Parmi d'autres militants et citoyens de convictions anti-racistes battus par les CRS, un pasteur, militant pacifiste, a été sérieusement blessé par des coups de matraque. Leur crime: avoir chanté la chanson anti-raciste "Lily" de Pierre Perret.
Et, pour d'autres, avoir refusé de se disperser et de découvrir complètement leurs visages.  
Grave entorse à l'ordre public!
Dans le même temps, les militants d'extrême-droite, sous le regard des CRS et d'un représentant de la préfecture, ont pu photographier à loisir la centaine de citoyens venus manifester contre les idées xénophobes de Jean-Yves Le Gallou et des organisateurs de sa conférence, histoire de réutiliser leurs photos dans des buts d'intimidation.
On ne peut qu'être interrogatif et en colère face à cet usage disproportionné de la violence face à des défenseurs de la tolérance, de la démocratie et du droit d'asile.
Cela rappelle curieusement les violences de l'Etat face aux manifestants contre la loi travail ou contre des projets d'équipement contestés comme Notre-Dame-des-Landes.  
Dans le climat de montée de l'extrême-droite et de la xénophobie, les autorités devraient garder le sang froid et la pondération nécessaires au service de la garantie des libertés et de la sécurité des citoyens.
 
Le PCF, 9 février 2017
Communiqué du PCF Finistère: une violence inacceptable contre les manifestants anti-racistes venus dire leur opposition aux idées haineuses de Jean-Yves Le Gallou et de Breizh Info
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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 17:56

Filière gériatrique Ouest-Cornouaille : déclaration du PCF

Pas de dividendes boursiers sur les soins aux personnes âgées !

 

Lundi 6 février, sous le patronage de l'ARS Bretagne, a été annoncée à Douarnenez la constitution d'une filière gériatrique de l'Ouest-Cornouaille.

Que l'accès aux soins des personnes âgées soit à l'ordre du jour, dans cette partie du Finistère où le vieillissement de la population appelle des réponses de fond, c'est une évidence.

Mais ce partenariat public-privé qu'on nous vante en déclarant que le patient « ne se fixe pas ces limites privé-public » nous interpelle.

Car sur les 5 établissements concernés, 2 sont des hôpitaux publics ( Douarnenez et l'EPSM Gourmelen de Quimper), un relève du privé non lucratif (l'hôpital de Pont L'Abbé), mais les 2 derniers, le centre de rééducation fonctionnelle de Tréboul et la clinique des Glénan à Bénodet, appartiennent à un groupe privé très lucratif, le groupe Orpea-Clinea.

Ce groupe, coté en Bourse, et qui s'étend à l'international, a vu en 10 ans son chiffre d'affaires multiplié par 10, et cela continue : +23 % en 2015, et encore en 2016.

Son patrimoine immobilier est estimé à plus de 3,4 milliards d'euros.

Il fait du profit sur la perte d'autonomie et sur la maladie.

Comme il l'explique cyniquement à ses investisseurs potentiels, c'est un secteur porteur...car les besoins ne peuvent que croître.

Il reverse en effet de juteux dividendes : près de 8 millions d'euros en 2015 à son actionnaire principal, un fonds de pension canadien ; plus de 3,8 millions d'euros à la famille Marian, fondateur et 2 ème actionnaire.

Les personnes hébergées ne sont pas traitées avec la même bienveillance : des associations d'usagers dénoncent la dégradation des services et des soins dans les établissements entrés dans le giron d'Orpea-Clinea, et ce malgré des tarifs très élevés.

Ni les personnels : mauvaises conditions de travail, salaires à la traîne, précarité (un sur deux est en CDD), et même flicage (la CGT a dénoncé l'embauche de « faux salariés » dans un établissement pour surveiller le personnel et particulièrement les syndiqués...).

Est-il tolérable que l'argent public, celui de la Sécu, celui des patients et de leurs familles aille ainsi gonfler les profits d'investisseurs privés qui s'enrichissent sur les besoins humains les plus essentiels ?

Non, évidemment non !

Il est grand temps de sortir la santé du marché et d'interdire que des groupes intervenant dans ce domaine puissent être cotés en Bourse et rémunérer leurs actionnaires sur le dos des malades et des personnes âgées.

Cela nécessite que l'on renforce les services publics en décidant des financements et une programmation afin qu'il puisse ouvrir des places et les établissements nécessaires. 

Ces groupes privés très lucratifs se développent sur un terrain qui leur est malheureusement abandonné par les politiques publiques qui, en raison des choix austéritaires, ne répondent pas aux besoins de la population, notamment en ce qui concerne les soins de suite et la prise en charge de la perte d'autonomie.

Alors en 2017, investissons le débat politique pour faire prévaloir d'autres orientations, pour l'accès aux soins pour tous et partout, avec la prise en charge à 100 % par la Sécu, pour un service public de l'autonomie pour les personnes âgées, pour l'Humain d'abord !


 

Ismaël Dupont Yvonne Rainero

secrétaire départemental du PCF commission nationale santé-protection sociale du PCF


 

Filière gériatrique Ouest-Cornouaille: déclaration du PCF Finistère. Pas de dividendes boursiers pour les soins aux personnes âgées!
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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 15:22
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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 11:59
Morlaix. Faute de budget, « Tous à la Manu » est annulé (Ouest-France, 10 février 2017)

Depuis trois ans, concerts et activités faisaient vibrer ce lieu chargé d’histoire. Mais cette année, la fête n’aura pas lieu.

L’association Les Moyens du bord l’a annoncé sur les réseaux sociaux. L’événement « Tous à la Manu », initialement prévu les 13 et 14 mai, n’aura pas lieu, faute de budget. « Dans l’état actuel des choses, l’équipe salariée et les bénévoles des Moyens du Bord ne se sentent plus capables de porter cet événement. »

Cela faisait sept ans que l’association participait à la Fête de la Bretagne. D’abord au moyen des « Installations Paysagères », aux Jardins solidaires. Puis, à partir de 2014, avec Tous à la Manu, « fête culturelle et citoyenne rassemblant jusqu’à 200 participants (artistes, animateurs, bénévoles…) et 3 500 visiteurs ».

30 000 € de budget global

Mais cette année, « le conseil d’administration et les salariés ont pris la décision de ne pas reconduire la participation, en raison d’une baisse conséquente de la subvention accordée par la Région (5 880 €) et de la difficulté de l’association à trouver d’autres sources de financement, le budget global de la fête étant évalué à 30000 € ».

« En contradiction avec nos valeurs »

L’association explique qu’avec cette baisse de financement, elle ne peut « rémunérer décemment les intervenants », et se trouve ainsi « en contradiction avec ses propres valeurs ». Cette fête est également pour l’équipe salariée « une importante charge de travail qui n’est pas soutenue financièrement par les collectivités ».

 

Elle conclut en espérant « qu’une dynamique naîtra de l’envie des habitants et des autres acteurs culturels, pour un jour porter à nouveau un projet comme celui-ci ».

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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 07:05
Apportez votre soutien citoyen à la candidature d'Ismaël Dupont (PCF-Front de Gauche) aux élections législatives des 11 et 18 Juin 2017 dans la circonscription de Morlaix: "Rassembler à gauche pour l'Humain d'abord"
"Rassembler à gauche pour l'Humain d'abord". 
 
Je vous encourage à faire partie du Comité de Soutien à ma candidature portée par le PCF pour les Législatives dans la circonscription de Morlaix en écrivant à l'adresse mail suivante: dupont.ismael@yahoo.fr  
 
Il nous semble important d'avoir une candidature identifiée sur le territoire, porteuse du bilan des députés du Front de Gauche dans l'opposition de gauche à l'Assemblée Nationale, et d'un projet clairement enraciné à gauche porteur de l'objectif de construire une nouvelle majorité de gauche en 2017 sur des bases toutes différentes de celles du quinquennat précédent: 6 ème République, ambition de renouveau social et démocratique, services publics de qualité, rupture avec le libéralisme et l'austérité, transition écologique et lutte contre le pouvoir de la finance et du grand patronat.    
 
Si vous souhaitez faire partie du comité de soutien à ma candidature, votre nom sera associé à une liste d'appel à voter et pourra être rendu public.  
 
Vous pouvez me donner votre nom, prénom, situation professionnelle, vos engagements syndicaux, associatifs, militants, électifs, votre commune, ou autres renseignements que vous jugeriez utiles.    
 
Roger Héré, élu d'opposition PCF-Front de Gauche à Plouigneau, présidera le Comité de Soutien pour les législatives. 
 
Amicalement. 
 
Ismaël Dupont. 

"Rassembler à gauche pour l'Humain d'abord!" 

Une première réunion du comité de soutien et de campagne pour la candidature d'Ismaël Dupont (PCF-Front de Gauche) aux élections législatives des 11 et 18 juin prochain dans la circonscription de Morlaix: 
a eu lieu le Jeudi 2 Février 2017 à 18h 
au local du PCF, 2, petite rue de Callac à Morlaix  
La prochaine réunion du Comité de campagne pour les législatives pour la candidature PCF-Front de Gauche d'Ismaël Dupont aura lieu le lundi 13 février de 10h à 12h au local du PCF - 2, petite rue de Callac. 
Elle est ouverte à toute personne souhaitant s'engager dans la campagne d'Ismaël Dupont, élu du Front de Gauche à Morlaix et à Morlaix Communauté, soutenue par le PCF pour ces élections législatives pour:
- Poursuivre le travail des députés du Front de Gauche à l'Assemblée Nationale au service d'une gauche de progrès social, démocratique, et écologique, et contre les coups de boutoir du néo-libéralisme venus du PS ou de la droite. Avoir un groupe qui défend les intérêts de la population et des travailleurs à l'assemblée nationale. 0% des députés PCF et Front de Gauche ont voté la loi travail, le CICE, l'ANI, les budgets d'austérité, le pacte budgétaire européen (le TSCG, Merkel-Sarkozy), la déchéance de nationalité, le renouvellement continuel de l'état d'urgence. 
- Avoir un député de proximité, travailleur, exemplaire du point de vue du désintéressement, courageux à l'Assemblée pour s'opposer quand il le faut, qui rende des comptes à la population et ne trahisse pas le mandat populaire. 
- Prendre le pouvoir sur les banques et la finance, affronter les logiques capitalistes à tous les niveaux, du global (lutte TAFTA et Ceta, pour une COP fiscale contre l'évasion fiscale, combat contre l'Europe libérale et capitaliste) au local (services publics de l'eau, des transports, du stationnement)   
- La défense et l'amélioration des services publics (hôpitaux, santé, écoles, Poste, Transports...)  
- La défense du monde du travail, des conquêtes sociales des travailleurs. 
- Mettre la bataille pour les salaires, pour l'égalité réelle des droits et la solidarité au centre des politiques publiques. Cela passe par la rupture avec les politiques libérales et austéritaire, par la réappropriation sociale d'un certain nombre de champs d'activités qui ont été livrées aux marchés et à ses appétits financiers.   
- Une nouvelle République (fin de la monarchie présidentielle, restauration du rôle souverain du Parlement, proportionnelle à toutes les élections, non cumul des mandats, réforme du Sénat, réduction des privilèges des élus, en finir avec la délégation de pouvoir permanente, rupture avec les traités européens existants et réorientation de l'Europe sur des bases démocratiques et sociales, égalité hommes-femmes, lutte contre toutes les discriminations, une République du vivre ensemble reconnaissant le droit d'asile et luttant contre les instrumentalisations xénophobes).   
- Une ambition écologique véritable pour faire face aux crises écologiques majeures qui mettent en péril à court terme les conditions de vie de l'Humanité. 
- Pour la Paix, le désarmement nucléaire, le multilatéralisme et le refus des logiques impérialistes et néo-coloniales. 
 
En attendant, si vous habitez la circonscription et si vous voulez faire partie du Comité de Soutien pour avoir une gauche de courage, de parole, et proche des gens à l'Assemblée, vous pouvez envoyer votre soutien à l'adresse mail suivante: dupont.ismael@yahoo.fr.
Apportez votre soutien citoyen à la candidature d'Ismaël Dupont (PCF-Front de Gauche) aux élections législatives des 11 et 18 Juin 2017 dans la circonscription de Morlaix: "Rassembler à gauche pour l'Humain d'abord"
article Ouest-France décembre 2016 déclaration de candidature Ismaël Dupont

article Ouest-France décembre 2016 déclaration de candidature Ismaël Dupont

Article Télégramme décembre 2016 déclaration de candidature Ismaël Dupont

Article Télégramme décembre 2016 déclaration de candidature Ismaël Dupont

Déclaration d'Ismaël Dupont

Candidat proposé par le PCF pour avoir un député de gauche utile à la population

Conférence de presse du 18 décembre 2016 à Morlaix

 

 

Je ne peux pas commencer cette conférence de presse sans dénoncer le fiasco de la gestion par la direction, les actionnaires, la CCI et Morlaix Communauté du dossier Tilly Sabco depuis 3 ans, avec des appels qui ont été ignorés, un manque absolue de transparence, un manque de volontarisme politique et de respect des salariés qui sont aujourd'hui 134 sur 200 à être licenciés.

 

Le peuple de gauche pendant 5 ans a assisté avec consternation à l'adoption à l'adoption d'une série de lois régressives sur le plan des libertés comme sur le plan économique et social. Ce quinquennat a été rythmé par des textes étrangers à tout idéal progressiste, qu'il s'agisse du TSCG (non renégociation du pacte de stabilité européen Merkel-Sarkozy et de la politique d'austérité), de l'ANI, du Pacte de Responsabilité, du CICE, des lois Macron et El Khomri, des réductions de moyens drastiques pour les collectivités, les services publics, l'Hôpital, de la hausse de la TVA et du plafonnement de l'impôt pour les plus riches, de la criminalisation du mouvement social dans un contexte d'état d'urgence normalisé, durant désormais plus longtemps que pendant la guerre d'Algérie. Des fleurons industriels ont été abandonnés, on a laissé faire les licenciements boursiers, les délocalisations.

A aucun moment, à part peut-être sur la déchéance de nationalité, Marylise Lebranchu et Gwenegan Bui ne se sont désolidarisés. Ils ont accompagné au contraire sans marquer de désapprobation publique ni de geste fort de refus cette politique de régression sociale et démocratique.

Hollande et Valls, avec leur majorité parlementaire majoritairement unie sur une politique néolibérale, même si quand ils n'ont pas eu de majorité PS sur leurs textes, ils ont fait joué à plein la monarchie présidentielle, ont clairement manifesté une volonté de remise en cause de l'Etat social, et ce conformément aux desideratas du Patronat.

Des recettes néolibérales qui n'ont instillé ni une relance de la croissance, ni une inversion de la courbe du chômage.

Aujourd'hui, les résultats de cette politique sont tragiquement éloquents :

  • 6,2 millions de chômeurs toutes catégories confondues
  • 1,9 millions de travailleurs pauvres
  • 20 % des Français en dessous du seuil de pauvreté.

Et politiquement, la situation est grave, extrêmement dangereuse : un recul de l'espoir, un discrédit de la gauche dans toute une partie de la population, même si les idéaux de la gauche sont encore partagés par une large partie des Français (sécurité sociale, services publics, impôt redistributif...). Une droite ultralibérale à l'offensive, plus radicale que jamais, qui promet une révolution tatchérienne et conservatrice en France. Une extrême-droite qui n'a jamais été si forte depuis la Libération et la défaite des collaborateurs d'extrême-droite.

Face à ces défis, il y a urgence à se rassembler pour prendre le pouvoir sur la finance, partager les richesses, changer l'Europe.

Nous réitérons notre appel au rassemblement de la gauche de progrès social, démocratique et écologique et sommes prêts à discuter pour une candidature commune de la gauche sur la base d'une rupture avec les politiques suivies ces cinq dernières années avec toutes les forces disponibles.

A se rassembler pour un nouveau pacte républicain, pour une France solidaire et protectrice, une République qui s'attache à la réduction des inégalités.

A se rassembler pour investir et produire autrement, pour faire face aux crises écologiques.

 

Comme priorités de notre mandat législatif potentiel et axes de campagne principaux, nous allons porter cinq grandes thématiques:

 

1/ Sortir de la monarchie présidentielle.

Redonner la primauté au Parlement, supprimer le domaine réservé du Président de la République, dissocier l'élection présidentielle et législative, supprimer le 49-3, instaurer la proportionnelle aux élections et les moyens d'une démocratie de participation citoyenne en rupture avec la culture de la délégation de pouvoir (transformation du sénat, référendums sur les grandes questions européennes, les grands projets...).

2/ Pousser la bataille pour une grande réforme fiscale.

Baisse de la TVA sur les produits de première nécessité ; doublement de l'ISF ; renforcement de la progressivité de l'impôt sur le revenu, taxation à 100% au dessus des 400 000€ nets de revenus par an; suppression du CICE ; taxation des dividendes des actionnaires qui ont cru de près de 25% l'année dernière; réforme de l'impôt sur les sociétés.

3/ La défense du monde du travail.

l'abrogation de la loi travail et la mise en place d'une Sécurité Emploi-Formation ; la réécriture d'un code du travail protecteur pour les salariés où les emplois précaires (CDD, intérim) seraient marginaux; augmentation de 23% du SMIC, l'augmentation des retraites, des minima sociaux, des allocations chômage. Une politique d'investissement dans les secteurs industriels et écologiques d'avenir qui crée de l'emploi. Un encadrement des rémunérations dans les grandes entreprises (échelle de 1 à 20). Un revenu minimum garanti et un statut protecteur pour la jeunesse (18-25 ans).

4/ Produire et consommer autrement et protéger la planète.

Développer du fret ferroviaire, de la rénovation thermique des bâtiments, des circuits courts agricoles comme industriels, transition de notre modèle agricole avec un fonds de soutien aux agricultures paysannes et biologiques, aux filières relocalisées, un encadrement des marges de la grande distribution et des prix garantis aux producteurs ; service public national déconcentré de l'eau et des déchets, engagement dans la recherche sur les énergies, interdiction de l'exploitation des gaz de schiste.

5/ Construire un nouvel âge de la protection sociale et des services publics appuyée sur les principes de solidarité, d'investissement collectif pour l'avenir de notre société, de coopération.

Supprimer la tarification à l'activité, la RGPP à l'hôpital ; pôle public du médicament ; nationalisation des autoroutes ; nouvelle loi sur le handicap ; création d'un service public de l'autonomie pour les personnes âgées; abrogation des lois de libéralisation du rail, de la loi Macron ; construire une école de l'égalité.

Bio d'Ismaël Dupont en quelques mots:

Je suis né à Vannes en 1979, j'ai 37 ans.

J'ai deux enfants de 15 et 10 ans.   

J'ai grandi entre Vannes, où vivait ma mère et sa famille et où j'habitais principalement jusqu'à mes 18 ans, et la région de Saint-Pol-de-Léon et de Morlaix où vivait mon père, ma belle-mère et mes demi-frères (à Plougoulm).

Je me suis engagé très tôt en politique, à 15 ans, dans les batailles contre le gouvernement Juppé et ses projets réactionnaires, en 1995.    

Après des études de Lettres Supérieures et de Philosophie à Quimper, Nantes et Rennes, où j'ai fait ma maîtrise de philosophie sur Jean Jaurès, j'ai eu mon premier poste de professeur de philosophie certifié dans le département de la Manche en Normandie où j'ai exercé le métier de prof de philo pendant 4 ans, plus une année à Morlaix, à Tristan Corbière. 

Je suis revenu dans le Finistère en 2009, à Morlaix, où j'avais déjà des attaches familiales, après avoir obtenu un poste à Tristan Corbière.  

En 2010, je suis devenu professeur documentaliste. Je suis aujourd'hui documentaliste à temps plein au collège Mendès France à Morlaix.  

Je suis membre du PCF depuis 2006, ayant adhéré dans la section du sud-Manche (Avranches-Pontorson) pour contribuer à reconstruire une gauche de progrès social, démocratique et écologique, anti-libérale et unitaire, dans le sillage du Non au référendum contre le TCE, et pour faire la campagne de Marie-George Buffet.  

Après avoir été engagé au Mouvement des Jeunes Socialistes dans le Morbihan entre 1995 et 2001, puis avoir milité à ATTAC. 

Dans les dernières années, j'ai été:

- Candidat du Front de Gauche aux Cantonales à Saint Pol de Léon en 2011 (avec Yvette Le Bars, suppléante) : 4,40% sur le canton

- Candidat du Front de Gauche aux Législatives à Morlaix en 2012 (avec Marie Huon, suppléante) : 3e position au premier tour devant le FN et EELV, derrière le PS et l'UMP: 5,7% des voix.

- Candidat du Front de Gauche aux Municipales à Morlaix en 2014: 15,6% des voix, un des meilleurs résultats régionaux, grâce à une belle campagne collective. 3 élus du Front de Gauche à l'issue de la fusion avec la liste de la Coopérative Citoyenne, sur la liste de second tour "Ensemble à gauche".  

- Candidat du Front de Gauche aux Sénatoriales de 2014 dans le Finistère (tête de liste de la liste "Finistère à gauche toute. Rassembler contre l'austérité" avec cinq autres camarades du Front de Gauche et du PCF): 84 voix de grands électeurs, largement au-delà des élus déclarés du PCF et du Front de Gauche (une trentaine pouvant voter).   

- Candidat du Front de Gauche aux Départementales en 2015 dans le nouveau canton de Morlaix (avec Michèle Abramovicz, Julien Kerguillec, Sylvie Lécuillier): 9,6% des voix    

En avril 2015, je suis devenu secrétaire départemental du PCF (600 adhérents à jour de cotisation dans le Finistère), réélu lors du congrès de juin 2016.

Je suis aussi bien sûr conseiller municipal d'opposition du Front de Gauche à Morlaix (avec Valérie Scattolin, autre élue Front de Gauche) et conseiller communautaire du Front de Gauche. 

Dans ce cadre, je porte une attention particulière à consulter les syndicats, les associations, les collectifs, à porter leurs voix dans les assemblées quand la cause me semble juste, à m'opposer aux politiques libérales et d'austérité publiquement et sans demi-mesure (vote contre le budget de Morlaix-Communauté depuis 2014), à porter des propositions alternatives, des voeux, des motions (contre TAFTA par exemple, pour l'accueil des réfugiés), à présenter publiquement les dossiers, les ordres du jour, à faire des compte rendus des séances et de mes interventions, à relayer les demandes d'intervention des citoyens. Etre minoritaire dans des assemblées principalement tenues par le PS ou par la droite et où les voix discordantes sont parfois malmenées ne me fait pas peur.  

Je crois être un militant de terrain, convaincu mais libre, engagé sur les questions écologiques et démocratiques (défense du droit d'asile, de l'accueil des réfugiés et des migrants), présent dans toutes les manifestations, dévoué à son idéal et combatif dans la défense de nos idées de justice sociale, mais au service des gens, ouvert et tolérant, sans plan de carrière ni suffisance. 

Mes passions sont la Bretagne, les voyages et la découverte du monde (Inde, Sri Lanka, Maroc, Syrie, Israël-Palestine, Turquie, Arménie, Géorgie, Grèce, Italie, Angleterre, Allemagne, Europe du Sud et Centrale...), l'histoire, la littérature et la musique, l'amitié et les gens en général. 

Je suis aussi adhérent du SNES-FSU, de l'Association France Palestine Solidarité, et de l'association AR FALZ-SKOL VREIZH. 

 

 

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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 07:02
Moins d’un ouvrier sur sept a voté FN en 2015
PAR GÉRARD MAUGER, DIRECTEUR DE RECHERCHE ÉMÉRITE, CNRS
LUNDI, 6 FÉVRIER, 2017
L'HUMANITÉ

Les enquêtes disponibles remettent en cause le stéréotype de l’électeur FN en « beauf machiste et homophobe, raciste et xénophobe ».

Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle de 1995, Libération publiait un scoop au vu d’un sondage postélectoral : le FN serait devenu le « nouveau parti de la classe ouvrière »… Qu’en est-il aujourd’hui ? Lors des élections régionales de 2015, si plus de la moitié de l’électorat FN se recrute dans les classes populaires (ouvriers, employés et retraités ex-ouvriers ou employés), c’est en fait moins d’un ouvrier sur sept qui a voté pour le FN dès lors que l’on tient compte des abstentionnistes et des non-inscrits. C’est dire que, s’il y a aujourd’hui un « nouveau parti des classes populaires », c’est – et de très loin – celui de l’abstention.

Le constat ne dispense pas pour autant de s’interroger sur cette fraction des classes populaires qui vote FN. La question est au fond celle que pose Thomas Frank à propos des classes populaires nord-américaines : pourquoi les pauvres votent-ils à droite (1) ? Seules des enquêtes de terrain peuvent permettre d’y répondre. Contre l’idée reçue qui voudrait que le vote exprime le choix d’un programme, il faut rappeler, en effet, la très inégale distribution sociale des compétences politiques et, au-delà, de l’intérêt pour la politique. Désintérêt qu’accentue la professionnalisation croissante de la vie politique et qui permet de comprendre, au moins pour partie, la très inégale participation électorale. De ce fait, on ne saurait déduire, par exemple, du vote FN d’un ouvrier ou d’une employée son adhésion au programme du FN (dont, le plus souvent, ils ignorent tout ou ne savent pas grand-chose). Si ces votes FN n’ont, bien sûr, pas rien à voir avec le FN, il faut néanmoins s’interroger sur la signification qui leur est attribuée. Que veut dire l’ouvrier ou l’employée qui vote FN ? Un ouvrier qui vote FN est-il un « ouvrier raciste » et que signifie « raciste » dans son cas ? L’est-il au même sens qu’un bourgeois traditionaliste, qui vote lui aussi FN ?

L’influence délétère de la crise des sociabilités populaires

Les enquêtes disponibles remettent en cause le stéréotype de l’électeur FN en « beauf machiste et homophobe, raciste et xénophobe » qui doit sans doute plus à un « racisme de classe » qui s’ignore qu’à l’enquête de terrain. Mettant en évidence l’influence délétère de la crise des sociabilités populaires, elles interpellent également des interprétations banalisées comme celle du vote FN généralisé de « la France périphérique », ou celle du vote FN comme expression du ressentiment dû au déclassement. Elles montrent les effets de l’exacerbation des luttes de concurrence entre « Français » et « immigrés », du « procès » dont « la respectabilité » est l’enjeu, entre classes populaires « établies » et classes populaires « marginalisées », à propos de la délinquance, des incivilités de l’assistanat (« les cas soces »). Pour la fraction « établie », le vote FN permet de se démarquer – moralement – des fractions précarisées, paupérisées et souvent immigrées, et, pour la fraction « marginalisée », de se distinguer de « plus bas qu’elle ». Les enquêtes soulignent également les effets de la perte d’influence des « idées de gauche » et ceux de l’inculcation politico-médiatique des visions racistes ou encore ceux de l’héritage politique familial.

On peut tirer au moins deux conclusions « politiques » de ces enquêtes. L’analyse des données statistiques disponibles met en évidence la très grande dispersion sociale et la volatilité de l’électorat FN. Tout oppose, en fait, sa composante populaire à celle issue des beaux quartiers, qui se retrouve dans la Manif pour tous, tout comme s’opposent, au sommet de l’appareil FN, Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen. C’est dire, comme y insistent Daniel Gaxie et Patrick Lehingue (2), que « l’électorat FN n’existe pas » : il s’agit en fait d’un « conglomérat » miné par ses contradictions internes. Il faut donc prendre appui sur ces contradictions et travailler à hâter son implosion. Par ailleurs, les enquêtes sur le vote FN dans les classes populaires mettent en évidence les impasses du militantisme anti-FN, à commencer par sa vindicte contre « les prolos bornés et racistes » qui votent FN. La reconquête des classes populaires – qu’elles s’abstiennent ou votent FN – passe par la réhabilitation de leur ethos traditionnel, de leur « souci de respectabilité » (la « common decency », si l’on veut, fondée sur l’ardeur au travail, l’honnêteté, le respect de soi-même et des autres) des classes populaires – Français et immigrés confondus.

(1) Pourquoi les pauvres votent à droite, Thomas Frank, Éditions Agone.
(2) Les Classes populaires et le FN, livre coordonné par Gérard Mauger et Willy Pelletier, Éditions du Croquant, collection « Savoir/Agir », 18 euros pour le livre, 14 euros pour l’e-book.
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