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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 14:47
Rassemblement contre le racisme et les violences policières : Mercredi 10 juin à 14 h place de la Liberté

L’onde de choc provoquée par la mort de George Floyd, cet Africain-Américain asphyxié par un policier blanc à Minneapolis le 25 mai, dépasse le seul cadre des États-Unis et l’indignation résonne par exemple fortement en France en donnant une nouvelle impulsion à la lutte menée contre les violences policières.


Les manifestations se multiplient depuis l’appel lancé par le collectif « Justice pour Adama », du nom de ce jeune homme mort dans le Val-d’Oise en juillet 2016 à la suite d’une interpellation.

Pour les communistes La police est un service public qui doit avoir les moyens de mener ses missions dans le respect des citoyens .
Pour le le PCF il faut lancer un grand plan national de lutte contre le racisme et les discriminations .Nous proposons notamment un renforcement des sanctions, des campagnes de communication inédites et une formation des agents publics, singulièrement des forces de l’ordre, à la lutte contre tout propos ou acte raciste particulièrement sur les réseaux sociaux et à l’accueil des victimes du racisme.


Les communistes participeront au rassemblement initié par plusieurs organisations syndicales contre le racisme et les violences policières, pour la justice et le vivre ensemble mercredi 10 juin à 14 h place de la Liberté à Brest

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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 07:38

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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 05:54

Ma question s’adresse à Mme la secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances.

Le groupe automobile Renault vient d’annoncer la suppression de 4 600 emplois dans notre pays. Bien au-delà des effets de la pandémie en cours, nous payons là le choix des délocalisations massives vers les pays à bas coûts pratiquées ces deux dernières décennies. Les menaces pesant sur l’avenir de certains sites suscitent, on l’a constaté, d’énormes inquiétudes dans les territoires concernés : Maubeuge, malgré les annonces récentes, mais sans réelle garantie au-delà de 2023, Choisy-le-Roi, Flins, Caudan ou encore Dieppe.

Le chiffre d’affaires de Renault fut de 55 milliards d’euros en 2019. L’État actionnaire a annoncé l’octroi d’une garantie publique de 5 milliards d’euros. M. Jean-Dominique Senard, président de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, a déclaré sur France Info, lundi soir, que cette garantie ne s’accompagnait pas de « contraintes difficiles ».

Madame la secrétaire d’État, quelles contraintes allez-vous imposer au groupe Renault ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE.)

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances.

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances. Monsieur le sénateur Bocquet, je sais votre attachement à Renault : vous êtes un élu du Nord, et ce département compte deux sites extrêmement importants, Maubeuge et Douai. Le premier, qui produit notamment la Kangoo, est aujourd’hui l’un des sites français les plus productifs.

Bruno Le Maire a réuni hier l’ensemble des organisations syndicales et des élus pour faire prendre des engagements à Renault. Je vous rappelle que le prêt garanti par l’État n’était pas encore signé hier. Ce sont ces engagements-là que nous prenons en donnant cette garantie.

Jean-Dominique Senard a été très clair.

Premièrement, Renault est en grande difficulté, je crois que nous pouvons tous nous accorder sur ce point. L’entreprise aborde la crise en difficulté. Nous avions appris au moment de l’annonce des résultats pour 2019 qu’elle perdait beaucoup d’argent ; elle continue à en perdre dans le cadre de la crise du Covid-19.

Deuxièmement, Renault lance un plan mondial de réduction des coûts. Ce plan concerne certes la France, mais aussi d’autres pays. La question est non pas de délocaliser des productions, mais de faire face à une diminution du nombre d’achats de voitures. Renault peut produire 5 millions de voitures ; malheureusement, elle n’en vendra peut-être que 3 millions, 3,2 millions ou 3,4 millions cette année. On voit bien là l’écart de production par rapport aux capacités industrielles.

Troisièmement, Jean-Dominique Senard s’y est engagé, les suppressions d’emplois en France ne s’accompagneront pas de licenciements secs. C’est son engagement, et nous le suivrons de très près, car c’est notre travail. S’agissant du site de Maubeuge, il a pris là encore des engagements fermes visant à donner en 2023 un avenir à ce site et à continuer d’y maintenir des activités.

Dernier point, Renault s’est engagé à relocaliser des productions en France, notamment en ce qui concerne la traction électrique, et à investir dans la batterie électrique, ce projet européen qui est si important pour notre industrie automobile. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Éric Bocquet, pour la réplique.

M. Éric Bocquet. Madame la secrétaire d’État, les sites de production des modèles Twingo, Clio et Dacia sont implantés en Turquie, en Roumanie et en Slovénie. Ces usines tournent sept jours sur sept et sont surchargées.

Il faut décider de relocaliser la production de 300 000 de ces véhicules, afin d’apporter de la commande aux sites de production de notre pays. Il convient dans le même temps de réorienter la production vers des modèles hybrides, électriques et thermiques à prix modique, afin d’accélérer la transition énergétique. Cela pose aussi en creux la question du pouvoir d’achat.

Personne ne comprendrait que l’argent public ne serve qu’à accompagner les suppressions d’emplois. Notre industrie automobile mérite un autre développement, un autre avenir et un engagement fort et déterminé de l’État actionnaire !

 

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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 05:56
UN POMPIER PYROMANE EN CHARGE DU « PACTE VERT EUROPÉEN » (L’HUMANITE – Vendredi 5 Juin 2020 - Gérard Le Puill)

Ce 5 juin  est la journée mondiale pour le climat. Elle se déroule deux semaines après la journée mondiale  pour la biodiversité qui avait lieu le vendredi 22 mai. Histoire de donner à penser qu’elle prend en compte de tels dossiers, la Commission européenne a récemment publié un texte sur axé sur la protection de la nature intitulé « Biodiversité »  et un autre intitulé « De la ferme à la fourchette ». Ce second texte doit inspirer les ministres de l’Agriculture  des 27 pays membres de l’Union européenne  dans leurs débats  sur la prochaine réforme de la Politique agricole commune (PAC). Mais le premier préconise de laisser en friche 10% des terres agricoles en Europe, ce qui se traduirait par plus d’importations  et donc de déforestation en Amazonie et ailleurs !   

Au fil des ans  et des élargissements  de l’Europe,  la Politique agricole commune  devient  de moins en moins commune  et de plus en plus incohérente. Ainsi,  selon le texte intitulé « Biodiversité », dont la charge a été confiée  au vice-président de nationalité néerlandaise Frans  Timmermans, la biodiversité sera  favorisée en Europe en laissant  10% des terres agricoles européennes sans la moindre culture. Parallèlement, 25%  de la surface  agricole utile passerait en agriculture biologique d’ici  2030, une préconisation qui semble ignorer que les conversions dépendent  du nombre de paysans se sentant capable de sauter le pas chaque année, ce qui suppose aussi d’avoir de marchés en face. Toujours selon la Commission, l’usage des produits de traitement des cultures diminuerait de 50% en cinq ans tandis que la plantation 3 milliards d’arbres augmenterait les superficies forestières en Europe.

Une course à handicap pour les paysans européens

Avec toutes ces mesures mises bout à bout, la production agricole européenne reculerait sensiblement. De plus, une Europe qui imposerait  de telles mesures   à ses paysans handicaperait la compétitivité de ces derniers par rapport à ceux des pays tiers qui exportent des céréales, des viandes, du soja, du sucre de canne, de l’huile de palme, de l’éthanol et du diester en Europe. D’autant que la Commission continue de négocier  des accords de libre échange avec de nombreux pays tiers. Le CETA conclu avec le Canada est entré en vigueur dès sa signature, avant même d’avoir été ratifié par les pays membres de l’Union européenne. L’accord conclu en juin 2019 entre la Commission européenne et les pays de Mercosur  permettra à ces quatre pays d’Amérique du sud, dont le Brésil de Bolsonaro,   d’exporter des volumes accrus  de viandes bovines, porcines et de volailles   en Europe  sans prélèvements douaniers aux frontières communes  de l’Union. S’y ajoute un accord de même type qui vient d’être conclu entre le Mexique et la Commission. Parallèlement,  cette dernière négocie toujours avec l’Australie et la Nouvelle Zélande  qui veulent aussi exporter des quantités croissantes  de viandes et des produits laitiers en Europe.

La Commission n’a pas calculé ce que  seraient les conséquences d’un recul sensible de la production agricole en Europe. Elle semble ignorer que nous sommes  dans un monde où le réchauffement climatique  accroît  l’insécurité  alimentaire. Laisser 10% des terres agricoles européennes en friche  et étendre  la superficie  forestière sans même évoquer l’agroforesterie  est pour le moins incohérent. De plus, la Commission occulte-  de manière totalement cynique, où par une totale méconnaissance de réalité- le fait  que pratiquer de la sorte  revient à ruiner les paysans  européens en les soumettant   à une concurrence encore plus déloyale que celle qu’ils subissent aujourd’hui. Car les exportateurs des pays tiers que nous avons cités  n’ont pas ces contraintes environnementales  à respecter. Cette double peine obligerait les paysans européens à moins produire via le gel des terre et la réduction des fertilisants. Mais elle leur imposerait des prix plus bas, en même temps, via la concurrence des produits importés depuis des  pays pratiquant le dumping  social, fiscal et environnemental.

Incompétence  et lobbying potentiellement corrupteur

Pendant  que l’Europe  planterait 3 milliards d’arbres dans les 27 pays membres, ses importations accrues de viande bovines, porcines et de volailles auxquelles s’ajouteraient  le sucre de canne et le soja, cette politique d’importations accrues depuis le Brésil  se traduiraient par plus de 3 milliards d’arbres supplémentaires abattus  dans la forêt amazonienne. Dès lors se posent plusieurs questions. Faut-il  attribuer ces propositions de la Commission à  une incompétence  globale du collège des commissaires ? Doit ajouter que cette incompétence et  le cynisme qui va avec sont aggravés par le poids  des lobbyistes potentiellement corrupteurs  qui agissent en permanence  dans les locaux de la Commission comme dans ceux du Parlement européen ?

Car le lobbying est une pratique admise de longue date  auprès de la Commission européenne,  comme auprès du Parlement européen. Pour le «moraliser», la  Commission et le Parlement ont même créé le 23 juin 2011 « un registre  de la transparence, commun et public, en vue  de fournir des informations sur ceux qui cherchent  à influencer les politiques européennes». Ecrire cela c’est déjà  reconnaître que ces lobbyistes ont des intentions plutôt louches et ce rappel figure dans une note récente du Parlement  européen. Cette note nous indique aussi  qu’en « janvier 2020, 11.882 organisations  étaient inscrites au registre, dont  7.526 personnes accréditées auprès  du Parlement européen. L’inscription à ce registre  est obligatoire pour obtenir un badge d’accès en tant que lobbyiste pour le Parlement européen », lit-on dans cette note. Mais on n’y trouve aucune information sur les méthodes utilisées  par ces lobbyistes  pour tenter d’influencer la politique de la Commission et du Parlement en faveur d’intérêts très particuliers.

Ne pas confier  à des pyromanes la mission de pompier

 A Paris, le Conseil économique,  social et environnemental (CESE) a rendu public le 27 mai dernier son avis intitulé «Le rôle de l’Union européenne  dans la lutte contre la déforestation importée ». La déclaration du CESE  indique que  « la déforestation en Amazonie  atteignait un nouveau record, avec la disparition  de 1.202 kilomètres carrés  de forêt de début janvier à la fin janvier  2020, soit une augmentation  de 55% par rapport à la même période l’année dernière, selon   les données de l’Institut national de recherche spatiale  du Brésil (INPE) ». Du coup, « le CESE préconise d’adopter en 2020 un Plan d’action de l’UE contre la déforestation importée sous la responsabilité du Conseil européen, dont le suivi  et la coordination seront confiés au vice-président  de la Commission européenne en charge du Pacte vert pour l’Europe, sous la supervision et le contrôle du Parlement  européen ».

Cette préconisation  semble cohérente a priori. Mais elle semble ignorer les conséquences à venir  du « Pacte vert » de Bruxelles sur « la déforestation importée ». Agé de 59 ans, l’actuel  vice-président  de la Commission européenne  en charge du Pacte vert  pour l’Europe  est le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans. Sa carrière débute en 1987 comme diplomate, mais il rejoint la Commission européenne den  1994 comme assistant  du commissaire  Hans van den Broek . De 2007 à 2014, il a été ministre des Affaires étrangères de son pays avant de devenir commissaire européen en 2014, puis  vice-président depuis 2019 dans le cadre de son second mandat.

C’est donc à cet homme  que le CESE demande  d’arrêter « la déforestation importée».

Le CESE  demande donc  au pompier Frans Timmermans d’éteindre l’incendie   en Amazonie en ne voyant pas que ce qu’il préconise pour l’Europe  fait de lui un pyromane en Amérique du sud et ailleurs.

 

 

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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 05:48

 

Renault annonce 15000 suppressions d’emplois (dont 4600 en France), autrement dit, la désindustrialisation va reprendre à plein régime.

Le bilan social et économique sera bien pire puisque pour une usine supprimée, ce sont des productions qui disparaissent et il y a toute une filière de sous-traitants qui disparaît avec. Des savoirs faire, des outillages spécifiques, des capacités de production vont être détruits.

Il faut noter que cela n’a rien à voir avec la crise sanitaire puisque les patrons de la métallurgie anticipaient il y a un an 100 000 pertes d’emplois dans l’automobile dans les prochaines années. Tout juste le coronavirus a-t’il précipité la restructuration capitaliste de la branche.

Cette refonte aura lieu dans tous les secteurs. Les capitalistes préparent « l’économie 4.0 » c’est à dire celle de l’automatisation avancée où tout est « autonome » ou « communiquant » grâce à l’intelligence artificielle, à la 5G et d’autres innovations technologiques ; Et avec une teinte de « vert » pour que ça passe mieux. En tant que tel, ce n’est pas forcément un souci (même si on doit interroger le sens et les objectifs de ce progrès). Mais dans le système capitaliste tel qu’il fonctionne, ça le devient : comme à chaque saut de modernisation dans nos économies développées, les innovations créeront peut-être autant d’emplois qu’elles en détruiront MAIS elles déclassent les technologies précédentes. Les industries qui en dépendent voient leur valeur ajoutée réduite et les productions sont transférées dans les pays à bas coût de main d’œuvre. C’est cela qui nous coûte très cher en emplois.

Nous verrons donc bientôt des cérémonies d’inauguration d’usines de production à la pointe de la technologie permettant de nous rassurer, mais dans le même temps nous subirons de plus en plus les pénuries des sacs en papier emballant notre farine, de notre aspirine, ou des petites pièces détachées de nos voitures...

La restructuration capitaliste de l’économie est une impasse.

Cela questionne d’autant plus les fameux « plans de relance »... vont-ils relocaliser des production de base, sachant que ce ne sera pas viable dans le cadre de l’économie libérale ? Probablement pas. Ou alors vont-ils financer cette restructuration de l’économie ? C’est plus crédible. Rappelons-nous qu’à plus petite échelle, le CIR (puis une partie du CICE) a servi à financer l’automatisation dans les banques et la grande distribution, au détriment de l’emploi...

Est-il impossible de relancer l’industrie ? Oui si l’on attend que le capital le fasse. En revanche, les États peuvent aussi développer de nouvelles formes d’industries nationalisées pour répondre aux besoins. Cela suppose de changer les règles de marché et de mettre la concurrence entre parenthèse dans certains secteurs pour que les standards de gestion ne fassent pas immédiatement couler ce qui est relancé (et aussi pour que cette relance ne soit pas le prétexte à une dégradation des conditions de travail des salariés de ces industries sous prétexte de compétitivité). Les États ont parfaitement été capables de développer des industries dans tous les domaines (aérospatiale, énergie, transports, pétrochimie... la plupart des fleurons français de l’industrie ont été boostés par leur caractère public puis privatisés). Il manque en revanche une grosse volonté politique qui soit à total contre-courant des dogmes actuels. Mais ça me paraît être la seule solution si on veut vraiment re-développer l’emploi industriel et être moins dépendants des pays sous-traitants.

Par ailleurs, un outil doit être regardé avec soin... les grandes surfaces n’ont pas correctement protégé leurs salariés pendant la crise, elles ont spéculé sur les denrées, elles exploitent leurs salariés, certaines ont osé réserver les masques aux détenteurs de leurs cartes clients, etc... la question de ces profiteurs de « guerre » doit donc être posée. Et je le fais dans ce sujet car je pense que c’est un outil insuffisamment pris en compte. La grande distribution est aujourd’hui un outil de pression sur les prix, et uniquement cela, ce qui aggrave toutes les dérives capitalistes (délocalisations, productions polluantes, abus de transport, mauvaise qualité...). Elle pourrait devenir un point d’appui dans les politiques publiques, une aide à la consommation responsable des citoyens. Elle dispose en effet de leviers énormes pour reporter les transports sur des modes doux ou renforcer le pavillon routier français, pour favoriser le développement d’agriculture de proximité (notamment primeur), et pour favoriser le développement de l’industrie française (notamment celle nationalisée). Avec les industries nationalisées, je pense donc que la création d’un nouveau grand service public de la distribution serait absolument nécessaire.

Je ne reviens pas sur le sujet des services publics : aujourd’hui le gouvernement va multiplier les gesticulations et les « Ségur » de manière à ce que « tout change pour que rien ne change ». Comme après le début des gilets jaunes on nous annoncera des milliards qu’on aura piqué dans d’autres lignes budgétaires. Et les vrais moyens (humains et matériels) seront à nouveau ratiboisés.

Il y a 3 ans, la CGT lançait une campagne « industrie et services publics ». Une nouvelle fois, la CGT a pointé les véritables sujets qui devraient occuper le débat public. Et sa crédibilité vient justement du fait qu’elle l’a fait AVANT la crise, parce que malgré ses difficultés et son affaiblissement, elle est en lien direct avec les besoins des travailleurs.

L’urgence absolue c’est de renforcer la CGT, pour développer notre outil de débat sur les solutions, et d’action pour les imposer (car les camps d’en face ne nous feront aucun cadeau).

Du côté du Gouvernement, il n’y a pas beaucoup de réaction aux annonces de Renault. C’est conforme à leur idéologie fanatique : l’Etat régule mais ne s’ingère pas dans l’économie, c’est le marché qui fait les arbitrages.

Il y a bien quelques vagues incantations sur la nécessité de rapatrier des productions, mais c’est juste un appel au civisme des patrons, donc le Gouvernement sait très bien que ça n’ira nulle part. Il n’utilise ni l’arme du contrôle des aides publiques, ni l’arme de la commande publique (encore moins de la nationalisation) pour arracher des relocalisations de productions aux patrons.

Pour noyer le poisson, le Gouvernement qui ne maîtrise qu’une chose (la com) multiplie les interventions médiatiques : il faut faire payer les riches (Attal), il faut que les entreprises fassent des efforts sur l’environnement (Borne), il faut planifier (Bayrou), il faut un plan inégalé pour l’hôpital (Macron), etc... ils savent que ce seront nos angles d’attaque donc ils vident les concepts par avance pour stériliser le débat en multipliant l’emploi de NOS mots à tort et à travers. D’où la nécessité d’être précis et de développer nos argumentations si nous voulons arriver à convaincre la masse observatrice de la population.

Puisque le déconfinement avance, organisons à nouveau nos réunions de syndiqués, et prenons bien les 3 temps nécessaires : discutons sur l’action syndicale immédiate (protection sanitaire, conditions de travail, emploi, salaires...), discutons sur les grandes mesures nécessaires pour changer de modèle économique, et discutons des actions à mettre en œuvre pour faire partager nos idées et mettre la pression aux patrons !

Laurent BRUN, le 29 mai 2020

 

sur sa page  Facebook : https://www.facebook.com/login/?next=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2F

 

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Réaction de Laurent Brun concernant le plan de relance franco-allemand

C’est une gigantesque arnaque de présenter l’Union européenne comme la solution à la crise alors qu’elle en est une des causes.

Le soi disant plan de relance franco allemand pose en lui même un certain nombre de questions (nouveau recul de souveraineté en matière de politique économique, conditions de remboursement qui pourraient amener une étape supplémentaire vers le fédéralisme, critères de sélection des projets...).

Mais c’est surtout une gigantesque arnaque idéologique qui vise à présenter l’Union européenne comme la solution à la crise alors qu’elle en est une des causes.

Pour les services publics, par exemple, les règlements de l’Union européenne consacrent l’obligation de mise en concurrence, le principe du « bénéfice raisonnable » (donc de la profitabilité du service public), et surtout les instruments « indépendants » de contrôle bureaucratique et financier qui ont fait grossir les « têtes » administratives et réduire les effectifs de production, un des problèmes révélé au grand jour dans cette crise.

Je ne développe pas sur le rôle de la banque centrale qui n’aide plus au financement des grands projets mais uniquement à la protection de la bourse et des grands patrimoines, sur les critères de convergence ou les contraintes budgétaires qui imposent aux états la réduction des budgets sociaux, sur la libre circulation des capitaux qui a organisé les délocalisations, etc.

Je ne reviens pas sur le fait que l’UE a été immédiatement au chevet des bourses mais n’a pas organisé une seule seconde la lutte contre l’épidémie (démarches de coopération des labos publics de recherche, mobilisation des forces productives pour fournir masques et matériel... nous n’avons rien vu de tout ça, ils n’ont même pas idée que ça aurait pu être leur rôle tellement ils sont éloignés de la coopération... tout juste parlent ils de raté sur la coordination des mesures prises par les États membres alors que justement cela n’a aucun intérêt car les états ont décidé les mesures en fonction de leurs capacités hospitalières, et des caractéristiques de leur pays).

Tous les maux ne viennent pas de l’Union Européenne mais l’Union Européenne est la caisse de résonance de tous les pires dogmes de l’ultralibéralisme.

Donc je ne soutiens pas le plan de relance européen. Et je regrette profondément la déclaration unitaire des organisations syndicales qui le soutiennent.

Laurent Brun

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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 05:38
L'après-capitalisme (L'HUMANITE - Mardi 2 juin - Bernard VASSEUR)

 

Il y a trois siècles, Diderot demandait : « Croyez-vous sincèrement que la ruade d'un cheval dans la province française dérange le vol d'un papillon dans les îles de la Sonde ? »

 

Eh bien, à présent nous savons : oui, le vol d'une chauve-souris dans une ville d'Asie peut semer la crise, la maladie et la mort très loin de là, en France et partout dans le monde. Faut-il pour autant accuser des superstitions archaïques ou l'arriération de cultures « exotiques » ? Pas du tout, car si le virus en lui-même n'a pas de passeport et ne « fait pas de politique », sa rencontre avec les humains et sa diffusion pandémique doivent tout à la globalisation du capitalisme, à la mondialisation de ses modes de production et de vie. Les anthropologues connaissent bien la logique de constitution des chaînes épidémiques. Voici la ville de Wuhan, une population qui explose, une périphérie livrée aux entreprises et à l'agrobusiness, des paysans pauvres chassés des centres-villes, une déforestation massive, des animaux sauvages à l'espace bouleversé et réduit, des animaux domestiques à proximité, des humains qui consomment les animaux, le commerce devenu mondial, l'essor de l'aviation et du tourisme de masse, le changement climatique... et vous comprenez ce qui nous arrive.

 

Quels sont les personnages à l'origine du drame ? Nous les connaissons bien puisqu'ils existent partout et bien sûr chez nous : les promoteurs immobiliers, les financiers, les adeptes de l’agrobusiness, les grands groupes industriels, les actionnaires qui en veulent toujours plus, les profits colossaux et les inégalités béantes, les travailleurs surexploités, les pauvres qui survivent aux lisières de l'abandon, le marché qui « est sans conscience, ni miséricorde » (Octavio Paz) et surtout sans discernement. En un mot, un capitalisme qui n'est pas gêné de semer la mort, puisqu'il sait que, si lui est mondial, les dégâts qu'il produit, eux, sont pris en charge par les États-nations (les soins, la santé, l'éducation, la recherche, etc.) Pour lui, les profits sont les siens et les dépenses celles des autres (elles sont publiques) ! Il y a même des laboratoires pharmaceutiques privés qui peuvent y trouver un vrai jackpot.

 

Et voyez les États-nations de leur côté, qui se font concurrence jusque sur le tarmac des aéroports pour se procurer des masques, qui ont instauré la « gouvernance par les nombres » (celle du capitalisme privé) dans les administrations et les services publics, et vous obtenez la dictature du chiffre, la fermeture de lits inoccupés, la compression de personnel, les bas salaires, la non-reconnaissance sociale... Et nous voilà au cœur de ce que nous vivons. On voit commencer des catastrophes : le chômage explose alors que 4 milliards de personnes dans le monde ne bénéficient d'aucune forme de protection sociale ; on voit ici en France se creuser de féroces inégalités quand on n'arrive pas à se nourrir parce que son bullshit job a disparu ou qu'on est ubérisé.

 

On le voit donc : la lutte contre la pandémie et il y en aura d'autres après celle-ci) et la bataille écologique supposent toutes deux une action majeure contre le capitalisme, la primauté d'un autre logique : celle de l'émancipation humaine et du maintien des formes de vie sur notre planète. Et voilà que ces idées-là grandissent dans l'existence à l'envers imposée par le confinement : les budgets militaires gonflés servent-ils bien à combattre les virus ? Notre monde ne marche-t-il pas sur la tête quand il paie un trader cent fois plus qu'un soignant ou un enseignant ? La santé n'est pas une marchandise à brader, mais un droit à assurer à tous et gratuitement ! Il y a des productions utiles et d'autres qui le sont moins ou qui ne le sont pas : et si on privilégiait les premières ? Et s'il fallait retrouver une souveraineté publique sur notre économie et ne pas laisser faire le libre-échange, qui est ni une liberté ni un échange !

 

Et si on se devait de « détruire la misère», comme l'exigeait déjà en son temps Victor Hugo, quand on en a les moyens avec notre modernité et notre abondance ? On a vu qu'avant qu'une marchandise soit vendue et rapporte de l'argent, il faut qu'elle soit produite : et si les travailleurs avaient leur mot à dire sur l'avenir des entreprises alors que tant de faillites sont annoncées ? Et si toutes les démarches de solidarité inventées pendant le confinement duraient après son achèvement ? Ce serait un pas vers la maîtrise de la vie sociale et de son travail ! Et si on décidait que 15 élèves par classe, cette « impossible possibilité » réalisée en quinze jours, ça allait durer ? Et si une puissance pouvait naître de tous ces actes désintéressés qu'on a vu fleurir ? Et si on en finissait avec cette société où règne la boutade de Coluche : « Le monde appartient à ceux qui ont des ouvriers qui se lèvent tôt» ?

 

Remettre sur ses pieds un monde qui marche sur la tête, Marx appelait ça le communisme, une société sans classes, une civilisation inédite, une humanité qui se saisit de son histoire et la transforme. Aux grands maux, les grands remèdes : un monde d'après le capitalisme, voilà ce qui est à l’ordre du jour. Laissons l'eau tiède à qui s'en satisfait. « Groupons-nous, et demain. » Avec les crises qui ne manqueront pas si on laisse faire, nos enfants nous reprocheront-ils, demain, d'avoir été aussi imprévoyants que l'ont été nos actuels gouvernants avec celle qui nous frappe ?

 

 

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6 juin 2020 6 06 /06 /juin /2020 07:05
Pourquoi Roger Héré soutient Morlaix Ensemble

Notre ami Roger Héré, ancien responsable de l'UL CGT de Morlaix, militant communiste, est le nouveau premier adjoint de Plouigneau et conseiller communautaire. Il nous explique pourquoi voter pour Morlaix Ensemble et la gauche le 28 juin est essentiel pour la ville et le territoire. 

 

Roger HÉRÉ soutient Morlaix Ensemble

Le 15 mars mars dernier les deux communes les plus peuplées de Morlaix Communauté, notamment, ont vu leurs directions municipales de droite contestées.

A Morlaix la liste Morlaix Ensemble conduite par Jean-Paul Vermont a devancé la maire sortante Agnès Le Brun malgré la fameuse « prime » généralement accordée au sortant.

A Plouigneau la liste #ChangeonsPlouigneau a ravi la direction des affaires municipales à une droite qui la détenait depuis 40 ans.

Clairement et ouvertement composée de membres du GRAM, du PCF, du PS et de citoyens non encartés, et soutenue par GénérationS et Place Publique, la liste de rassemblement de la gauche l’a emporté très largement, et ce malgré une droite qui n’a reculé devant rien pour tenter d’endiguer le tsunami qu’elle sentait venir. En effet les attaques les plus basses, calomnieuses et mensongères n’ont pas été épargnées au rassemblement uni de la gauche.

Mais la population ne s’est pas laissé piéger.

Incontestablement ce rassemblement de la gauche a été le résultat d’un travail engagé au cours du mandat précédent, avec une volonté commune de travailler ensemble dans le respect des sensibilités et des diversités des engagements politiques ou non de chacun, et le résultat a été le fruit de tout ce travail.

Rassembler, travailler ensemble autour d’objectifs communs, définir les orientations et le programme avant le choix des candidats ont constitué la ligne directrice du rassemblement.

Durant toute la campagne de terrain dynamique que nous avons menée, nous avons constaté que cela répondait aux attentes de la population qui souhaitait vivement ce rassemblement.

Cependant, pendant que nous mettions toute notre énergie à construire cette victoire, nous n’avons pas omis de regarder aussi ce qui se faisait ailleurs et en particulier à Morlaix.

Ainsi, nous avons vu que la liste de Morlaix Ensemble et ses candidats agissaient dans le même sens que nous et étaient animés d’une même volonté de rassemblement, malgré les embûches et les chausse-trappes qui leur étaient tendues.

Riche d’un groupe de candidats de qualité, actifs, dans la diversité de leurs sensibilités et de leurs engagements politiques (PS, PCF, GénérationS et d’autres) ou de leurs engagements citoyens, la liste Morlaix Ensemble a réalisé une campagne exceptionnelle, de terrain, dynamique et rassembleuse où les idées pour une cité plus sociale et écologique foisonnaient.

Il n’est pas étonnant que les Morlaisiennes et les Morlaisiens l’ont placée en tête le 15 mars, devant la maire sortante.

Le 28 juin aura lieu le second tour à Morlaix. La liste conduite Morlaix Ensemble peut et doit l’emporter.

Ce sera bien sûr une chance pour les Morlaisiens de disposer d’une équipe de gauche rassemblée pour mener une politique sociale et écologique conforme à leurs attentes. Mais ce sera aussi une nécessité pour tous les habitants des diverses communes du territoire de Morlaix communauté de voir leur ville centre au diapason d’une telle direction politique pour leur communauté d’agglomération.

Le 28 juin l’enjeu sera de taille. Une grande mobilisation est nécessaire pour assurer le succès de la liste conduite par Jean-Paul Vermot .

Morlaix Ensemble sera au rendez-vous de la victoire. Je l’appelle de tous mes vœux, et je suis sûr que les électeurs et électrices Morlaisiens le décideront !

Roger Héré, 5 juin 2020

 

Découvrez le comité de soutien de la liste Morlaix Ensemble, et, apportez votre soutien à votre tour!

Pourquoi Teddy Sibiril soutient Morlaix Ensemble

Pourquoi Lucienne Nayet soutient Morlaix Ensemble

Pourquoi Anne Cousin soutient l'équipe de Morlaix Ensemble: Morlaix Ensemble c’est oui.

Pourquoi Jean-Claude Breton soutient Morlaix Ensemble dans les municipales à Morlaix

Pourquoi Glenn Le Saoût soutient Morlaix Ensemble

Ils s'engagent avec Morlaix Ensemble: Maha Hassan, écrivaine

Pourquoi Guy Tandé soutient Morlaix Ensemble

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6 juin 2020 6 06 /06 /juin /2020 05:39

 

La crise sanitaire que nous venons de vivre prouve s’il en était besoin la nécessité d’un système de santé en bonne forme. Ce que les professionnels de santé disent depuis plusieurs années est brutalement validé. Pas assez de lits, pas assez d’emplois, pas assez de financement dans les hôpitaux. Et pourtant, rien ne semble pousser le gouvernement à un monde d’après.

 

 

Le « Ségur » de la santé est bien mal engagé. Nicole Notat, nommée comtesse de Ségur, nous explique que tout est ouvert et que nous partons d’une page blanche. Le Premier ministre, pour sa part, révèle le pot aux roses et articule la discussion sur la base du projet de loi « Ma santé 2022 » voté l’an dernier et qui prévoit la transformation de 300 hôpitaux de proximité en mouroir pour vieux en leur supprimant la chirurgie, la maternité et les urgences. Avec cette loi, c’est la poursuite de la destruction du maillage sanitaire de notre pays. Cette loi nous emmène dans le mur et Édouard Philippe nous demande d’accélérer.

Pourquoi poursuivent-ils cette politique catastrophique malgré l’évidence ? Parce que les enjeux sont énormes. Le capitalisme est en crise. Avec la politique de création monétaire massive des banques centrales depuis la crise de 2008, des suraccumulations de capitaux cherchent à se rentabiliser, à se créer de nouveaux marchés, à marchandiser toutes les activités humaines.

La France, avec son système de sécurité sociale, étonnant et anormal pour les libéraux, doit se plier à leur logique. Nous ne mesurons pas assez l’aberration que représente ce système pour l’idéologie néolibérale. La Sécu, c’est 500 milliards d’euros, pour un budget de l’État de 390 milliards d’euros.

Le budget de la Sécu est une cible alléchante, une bonne part de cet argent est aujourd’hui directement versée sous forme de service (retraite santé famille) et ne rentabilise pas de capital. Une hérésie pour les libéraux qui y voient sans doute un moyen de retarder la survenue de leur crise en permettant une meilleure rentabilité du capital accumulé.

Leurs choix sont donc naturels, d’une part diminuer la ponction initiale sur le capital avec les exonérations de cotisations sociales pré-affectées, la CSG, le CICE et, d’autre part, ponctionner eux-mêmes une part de ces cotisations qui devraient être réaffectées aux besoins de la population en instituant une médecine commerciale prépondérante.

Si l’hôpital public remplit ses missions et fournit des soins de qualité dans des délais raisonnables, pourquoi le patient irait-il payer de sa poche des soins dans le privé ?

Il faut donc abattre ce qui était le meilleur système de santé au monde, garder, certes, les structures hospitalo-universitaires coûteuses ou un grand hôpital de secteur dans le public, mais privatiser le reste et particulièrement le maillage de proximité.

Cette politique percute aujourd’hui de plein fouet les aspirations des professionnels de santé à bien faire leurs métiers. La souffrance au travail est partout à l’hôpital : les horaires, bousculés en permanence, l’intensification du travail par manque d’effectifs, les injonctions contradictoires à la qualité tout en rognant toujours plus sur les moyens alloués, la culpabilisation permanente avec l’appel au professionnalisme pour compenser les insuffisances de l’institution et au final le constat d’être maltraitant avec le patient quoiqu’on se démène pour faire l’inverse.

Le mouvement de l’hôpital est une œuvre d’intérêt général et nous devons tout faire (nous le faisons déjà dans de nombreux endroits) pour le soutenir, le faire grandir et le nourrir politiquement. Il faut donner de la perspective, sur les moyens financiers d’abord, avec par exemple la réaffectation du Cice, l’arrêt des exonérations de cotisations sociales, la lutte contre la fraude, aux cotisations pour 20 milliards, fiscale pour 100 milliards. Tout de suite, portons avec eux l’exigence de l’arrêt de la fermeture de lits ou de service et demandons des réouvertures.

Au-delà de la santé, c’est l’ensemble des services publics qui sont attaqués, toujours dans la même logique de marchandisation de toutes les activités humaines.

C’est un débat idéologique qui s’engage, s’élargissant à tout le service public. La manifestation du 16 juin doit être l’occasion d’établir un véritable rapport de force avec le gouvernement macroniste. À la suite de cette épidémie, de nombreux citoyens ont radicalement changé leur façon de voir l’hôpital et les services publics. Ils sont disponibles pour débattre et agir. À nous de les rencontrer partout où c’est possible. À nous de les inviter au débat et à la participation à la journée d’action du 16 juin. 

Loïc Pen

médecin urgentiste à Creil

 

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6 juin 2020 6 06 /06 /juin /2020 05:35

 

Le lancement, samedi 30 mai, de deux astronautes par la société privée SpaceX filiale spatiale du groupe (1) d’Elon Musk, redonnant ainsi aux États-Unis la capacité d’envoyer eux-mêmes des humains dans l’espace, marque une nouvelle étape dans la privatisation et la militarisation de l’espace.

 

 

En ce début de XXIe siècle le capitalisme étatsunien s’est trouvé une nouvelle « destinée manifeste » (2) avec l’espace. Ce choix stratégique avait été initié par l’administration d’Obama avec le Space Act autorisant les entreprises privées des États-Unis à s’emparer des ressources de l’espace, en violation des traités internationaux.

De la maîtrise du devenir de notre planète aux crises climatiques, de l’Internet des objets à la téléchirurgie, de la géolocalisation à la locomotion autonome, de l’agriculture raisonnée à l’industrie 4.0, de la biologie en microgravité à la compréhension de notre galaxie, l’avenir des progrès scientifiques, technologiques, économiques, écologiques et sociaux s’écrivent dans l’espace. Or, on est entrés dans un nouvel âge spatial, où l’accès à l’espace n’est plus un monopole étatique, où des acteurs privés comme Blue Origin (Amazon) et SpaceX pratiquent un low cost spatial largement financé par les commandes du Pentagone et de la Nasa, où des constellations de centaines de minisatellites et de nanosatellites en orbite basse vont se multiplier.

L’espace est devenu un enjeu stratégique majeur pour l’avenir des sociétés humaines. En effet, l’actuelle globalisation de la production et des échanges ne peut fonctionner sans les satellites de géolocalisation et de télécommunication. Des programmes européens, comme le Copernicus de surveillance de l’état de la terre, sont déterminants pour l’avenir de l’humanité et la maîtrise de son environnement écologique. De même, l’existence de Galileo comme alternative au monopole du GPS américain est décisive pour garantir l’indépendance économique et l’autonomie stratégique de l’Europe et de la France.

Jusqu’à une période récente, l’usage militaire de l’espace se limitait à trois fonctions : le recueil de renseignements (images, écoutes…), la transmission sécurisée de données par des satellites de télécommunication et la géolocalisation, et les aides à la navigation pour guider les armées et effectuer des frappes dites de précision sur l’adversaire (le GPS américain, le Glonass russe, le Beidou-2 chinois et, depuis peu, le Galileo européen). L’usage militaire de l’espace ne jouait pas un rôle offensif direct, en dépit de diverses expérimentations d’armes antisatellites et des plans fantasmagoriques de la guerre des étoiles de Reagan.

L’espace était régi par le Traité international de 1967, complété par la Convention de 1972 sur les responsabilités pour les dommages causés par des objets spatiaux. Ce traité interdit explicitement la mise en orbite d’armes nucléaires ou de destruction massive. Il prohibe l’utilisation de la Lune et tout autre corps céleste à des fins guerrières, en proscrivant explicitement leur usage pour tester des armes quel qu’en soit le type, conduire des manœuvres militaires, établir des bases militaires, des installations ou des fortifications. De plus, le traité fait aussi défense de s’arroger des ressources extraterrestres en établissant une propriété privée. Mais, depuis une dizaine d’années, deux camps s’opposent autour de ce traité. D’un côté, les États-Unis, les puissances européennes et le Japon qui prônent la militarisation et son ouverture à son exploitation via des concessions et un régime de propriété privée. Et de l’autre, soixante-dix-sept nations emmenées par la Russie et la Chine qui proposent de renforcer le Traité de 1967 par un nouveau traité, le PPWT (3), qui bannirait toutes les armes de l’espace, quelle que soit leur nature, et qui prohiberait le recours à la force et à la menace d’y recourir contre des objets spatiaux, y compris avec des armes susceptibles de viser un satellite – missile ou système incapacitant, comme les lasers – depuis la Terre.

Il y a une continuité politique d’Obama à Trump sur les enjeux spatiaux. Obama, en 2015, par le Space Act violant le Traité de 1967, a autorisé les entreprises des États-Unis à s’emparer des ressources de l’espace. Trump, avec la création de son armée de l’espace, a officialisé la stratégie de militarisation de l’espace par les États-Unis, liée à son exploitation par les firmes capitalistes globalisées de son pays. Historiquement, c’est en grande partie à partir des retombées des avancées technologiques développées avec le programme Apollo que les entreprises étatsuniennes ont construit leur domination sur la révolution numérique.

Malheureusement, tel un mauvais imitateur, Macron, avec bien sûr des moyens et des objectifs plus modestes, a emboîté le pas aux États-Unis en créant une branche spatiale des armées le 14 juillet 2019.

La France est la quatrième puissance spatiale, elle est le moteur de l’Europe dans ce domaine. Mais force est de constater qu’alors que les États-Unis dépensent annuellement 40 milliards pour le spatial, l’Europe n’en investit que 7 milliards et laisse supprimer un quart des effectifs d’Arianegroup, et cela avant même la crise du Covid-19. Les États-Unis réservent aux entreprises américaines comme SpaceX tous ses lancements institutionnels, alors que l’Europe met en concurrence Arianespace. C’est pourquoi, face à l’enjeu stratégique de l’espace, la France et l’Europe devraient constituer un pôle public spatial européen sous la responsabilité de l’ESA et établir le monopole par Arianespace des lancements institutionnels des pays membres de l’Union européenne. Dans le même mouvement, elle devrait renforcer sa coopération avec la Chine, la Russie et tout autre pays, pour aboutir à la signature du PPWT et à la sanctuarisation de l’espace comme un bien commun de l’humanité tout entière.

 

Yann Le Pollotec, commission Défense nationale-Paix.

_______________________________

1. Tesla (voiture électrique et véhicule autonome), Powerwall (batterie), OpenAI (intelligence artificielle), Hyperloop (train subsonique en tube), Neuralink (neurologie et intelligence artificielle), The boring Company (réseau de transport urbain à haute vitesse), Elon Musk a aussi fondé le moyen paiement en ligne Paypal et la banque en ligne X.com

2. La « destinée manifeste » est une doctrine idéologique né en 1845 qui veut que les États-Unis aura pour mission divine son expansion vers l’Ouest. Une fois la conquête de l’Ouest achevée, cette doctrine a servi de fondement idéologique à l’impérialisme des États-Unis et à leur volonté d’imposer partout dans le monde « l’american way of life »

3. Traité sur la prévention du placement d’armes dans l’espace ou de l’usage de la force contre des objets dans l’espace ou Treaty on the Prevention of the Placement of Weapons in Outer Space, the Threat or Use of Force against Outer Space Objects

 

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5 juin 2020 5 05 /06 /juin /2020 07:57

 

Depuis le début de la crise sanitaire et économique, une petite musique politico-médiatique monte en crescendo. Il serait frappé de bon sens, dans la période actuelle, que les travailleurs acceptent de sacrifier de leur temps libre pour produire davantage et relancer la machine économique. Dans un esprit faussement teinté de patriotisme et de solidarité, les petits soldats du capitalisme expliquent à tour de bras combien il est vital pour l’économie, les entreprises, et donc en bout de chaîne pour le travail et les salaires, que les travailleurs renoncent à des congés payés et à la semaine de 35h pour rattraper les points de PIB perdus en France. Ces propos sont en fait totalement mensongersUne mise au point de Tibor Sarcey.



Tibor Sarcey – Article original de « Frustration », reproduit ici avec l’autorisation de son auteur.

Dans un récent article, le patron du Medef meuglait qu’il était nécessaire de “poser la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire”. Il grognait également que “l’important, c’est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d’effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020”. Avec ce formidable effet d’aubaine, l’ensemble des forces néolibérales s’engouffrent avec délectation dans cette brèche béante que leur offre la crise économique que nous traversons. 

  • Ainsi le président du parti Les Républicains pointe du doigt le “carcan” des 35 heures et qu’on y “ gagnerait sur tous les fronts” avec la semaine de 40 heures. 
  • Ainsi une journaliste de LCI porte la même expression du visage que Jacques Villeret dans Le Dîner de cons lorsque Philippe Martinez ne partage pas avec elle la nécessité d’augmenter le temps de travail afin de « rattraper » les deux mois de moindre vente de marchandises par les entreprises.
  • Ainsi les think tank ultralibéraux (Institut Montaigne, l’IFRAP, etc.) donnent la parole à des charlatans nostalgiques du tâcheronnage et maqués avec le pouvoir jugeant que la période actuelle est propice à la mise à mort de ce qu’il reste d’acquis sociaux pour les travailleurs. Véritable coterie, tout ce beau monde profite de la période sombre et trouble que nous traversons actuellement pour orner la litanie qu’il dégueule habituellement du sceau de l’évidence. « Mais enfin ma p’tite dame… ». Les travailleurs, bloqués entre le marteau et l’enclume, devraient accepter que le forgeron redouble son ouvrage car…cela va de soi !

 

Regagner de la croissance en augmentant le temps de travail individuel… ah bon ?

Mais pourquoi diable augmenter le temps de travail ? « Pour regagner les points de PIB perdu » on vous dit ! « Pour créer une croissance supplémentaire ! » nous dit-on encore. Pour comprendre la supercherie, faisons un (tout) petit détour économique. Le PIB d’un pays est égal à la somme des valeurs ajoutées des entreprises. La valeur ajoutée d’une entreprise représente les richesses créées dans l’entreprise. Comptablement, la valeur ajoutée d’une entreprise s’obtient donc en soustrayant de son chiffre d’affaires les dépenses en matières premières et autres consommations externes (loyer, électricité, etc.). C’est la valeur que le travail, par sa puissance créatrice, a ajoutée aux matières premières et autres consommations externes consommées et assemblées lors du processus de production des marchandises ou services. 

Par exemple Renault accroît sa valeur ajoutée (son PIB) lorsqu’en augmentant ses achats de plastique, d’acier, d’essence, d’électricité, ou que sais-je encore, l’entreprise produit et vend plus de voitures qu’avant. Si vous avez suivi jusqu’ici vous comprendrez l’entourloupe. Si le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, souhaite réellement « reproduire de la richesse en masse » et tenter «d’effacer les pertes de croissance de 2020 » nous avons une astuce simple à lui donner : que lui et ses congénères embauchent massivement dans leurs entreprises ! Cela augmentera le temps de travail collectif en France en augmentant le nombre de travailleurs. Et à coups sûrs, cela permettra d’accroître la production (plus de force de travail pour transformer et assembler les consommations externes de Renault afin d’en faire des voitures). La baisse du chômage permettra à la consommation de suivre et solvabilisera la vente de cette production. Le PIB progressera. De Bézieux sera content… 

Non : ça c’était une feinte, pour voir si vous suiviez. Le Medef ne sera évidemment pas content, car ce qu’il cherche en réalité ce n’est pas de protéger la croissance et le PIB français, mais plutôt le profit des grandes entreprises. Et le profit n’a rien à voir le PIB, qui je vous le rappelle est la somme des valeurs ajoutées. Entre la valeur ajoutée et le profit, il y a autant de différence qu’entre le salaire que vous touchez sur votre compte courant en début de mois et les éventuelles économies que vous réussissez à mettre sur un livret A à la fin du mois. Entre les deux, vous avez payé vos courses, votre loyer, votre essence, la crèche de vos gosses, etc… Pareil pour les entreprises : entre la valeur ajoutée et le profit, elles ont payé les salaires, les cotisations sociales, les impôts et taxes, les intérêts de leurs emprunts financiers et d’autres choses encore. 

 

Ce qui intéresse le citoyen, c’est la valeur ajoutée. Ce qui intéresse le patron et l’actionnaire, c’est le profit.

Le profit c’est ce qu’il reste à une entreprise à la toute fin, une fois qu’elle a payé l’ensemble de ses dépenses. C’est ce qui est massivement versé aux actionnaires, surtout en France avec 172 milliards d’euros de versés en dividendes en 2018, et qui ne profite pas à l’économie réelle. Ce qui intéresse le travailleur, et le citoyen d’une manière plus générale, c’est la valeur ajoutée (et la part consacrée à l’emploi, aux salaires, aux services publics). Ce qui intéresse le patron et l’actionnaire, c’est le profit. Rien à voir donc. En insistant pour que ce soit le temps de travail individuel qui augmente (en augmentant la durée du travail hebdomadaire, ou en supprimant des jours de congés), à rémunération constante évidemment, le Medef et ses petits chefaillons souhaitent accroître la valeur ajoutée des entreprises, mais, mais, mais,…sans hausse parallèle de dépenses en salaires afin de libérer du profit pour les actionnaires.

Finalement, ils nous expliquent tranquillement que leur projet de société post-Covid est d’accroître d’un cran le taux d’exploitation du travail, d’extirper davantage de plus-value sur chaque salarié. Nous entendons d’ici Karl Marx nous crier « rien d’étonnant ! », lui qui avait déjà pointé du doigt les contradictions fondamentales du capitalisme et les stratégies d’entreprises pour limiter la baisse de leurs taux de profit. Souvenons-nous qu’il appelait également le prolétariat – la classe de travailleurs – à s’unir dans la lutte… Y’a plus qu’à.   

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