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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 06:00

 

Après une semaine de mobilisations, qui ont parfois dégénéré en émeutes, la colère sociale ne faiblit pas. Malgré l’arsenal répressif, les manifestants exigent la démission du président, Sebastian Piñera, et des changements structurels.

Le Chili s’est réveillé. La phrase revient en boucle, depuis l’explosion sociale du 17 octobre contre une nouvelle hausse du prix du ticket de métro de 30 pesos. Cette étincelle a mis le feu aux poudres, après plus de quatre décennies de frustrations sociales et de dépossession citoyenne. À l’image de ses homologues latino-­américains conservateurs confrontés à des soulèvements populaires, le président, Sebastian Piñera, a déclaré la guerre à ses concitoyens : couvre-feu, état d’exception, militarisation des rues. Le pays n’avait pas connu un tel arsenal martial depuis la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990), artisan du modèle néolibéral que rejettent les manifestants. Méprisé par la rue qui exige sa démission, vilipendé par l’opposition de gauche et les organisations sociales, le multimilliardaire, qui occupe le palais de la Moneda depuis mars 2018 après un premier mandat (2010-2014), a été contraint de changer de ton. Le 22 octobre, il a procédé à une série d’annonces : l’augmentation immédiate de 20 % du salaire minimum, la création d’un impôt complémentaire sur les revenus supérieurs à 9 886 euros et la stabilisation des tarifs électriques… Un « saupoudrage » aux yeux des acteurs, et qui ne convainc guère, comme en témoigne l’impressionnante participation aux deux journées de grève et de manifestations des 23 et 24 octobre, à l’appel de la plateforme d’unité sociale. Après une longue dictature, et une démocratisation décevante, la peur a changé de camp, sous l’impulsion de la jeune génération, bien décidée à balayer l’héritage pinochétiste.

 

1. Le laboratoire du néolibéralisme

« Ce ne sont pas 30 pesos, ce sont ces trente dernières années », entend-on dans les rues de Santiago. Dès 1975, le dictateur Pinochet fait du Chili le terrain d’expérimentation du néolibéralisme conjointement avec les États-Unis et le Royaume-Uni de Margaret Thatcher. Il ne s’agit pas seulement d’en finir avec l’expérience socialiste de l’Unité populaire du président Salvador-Allende. Les généraux et les Chicago Boys de l’école de Washington élaborent un modèle économique qui consacre le marché libre et l’effacement de l’État. Le despote va jusqu’à graver cette règle dans la Constitution de 1980 qui, depuis, n’a été corrigée qu’à la marge. Le Chili devient le paradis rêvé des élites et des multinationales étrangères.

 

2. Les inégalités sociales en leur royaume

Pays stable, dynamique, prospère, le Chili, qui affiche une croissance économique de 2,5 %, est présenté comme un modèle de réussite. Tout dépend pour qui. Le pays est considéré comme l’un des pays les plus inégalitaires de la région. En 2017, 1 % des plus fortunés détenaient à eux seuls 26,5 % des richesses nationales tandis que 50 % des foyers n’en détenaient que 2,1 %, selon un rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et la Caraïbe. Le salaire minimum est de 380 euros ; 50 % des travailleurs chiliens perçoivent un salaire mensuel égal ou inférieur à 505 euros.

 

3. Vieux et pauvres à la fois

Le 24 juillet 2016, 750 000 Chiliens ont défilé contre leur système de retraites, les AFP (administratrices de fonds de pension). En 1981, les cotisants ont été contraints de choisir une des six AFP qui gèrent la bagatelle de plus de 150 milliards de dollars. Le mode de calcul a de quoi faire frémir ou, au contraire, inspirer les libéraux zélés. Le montant des pensions est déterminé par la valeur des cotisations versées et des intérêts perçus. Une fois l’âge de la retraite acquis, le salarié peut, au choix, opérer des retraits de son compte capital, selon son espérance de vie, ou s’acquitter d’une rente viagère auprès d’un organisme privé, bien sûr. Les précaires et travailleurs pauvres ont de fait été exclus de ce système par capitalisation. L’Institut national de statistiques (INE) estime que la moyenne des pensions est de 257 euros mensuels. La réforme des retraites, qui était une promesse phare de Sebastian Piñera lors de sa campagne électorale en 2017, est actuellement bloquée au Parlement. Pour rappel : le grand artisan de ce système conspué n’est autre que José Piñera, ministre du Travail de Pinochet et frère du chef de l’État.

 

4. Le « No Future » des jeunes Chiliens

« Non à la course au profit du modèle éducatif. » Le slogan a retenti comme un cri en 2011, lorsque les étudiants ont envahi les rues du pays pour dénoncer la marchandisation de l’éducation. Dans l’esprit des Chicago Boys, Pinochet et les siens ont autorisé en 1981 l’entrée massive des capitaux privés dans les centres d’éducation. « La liberté d’enseigner », selon la consigne dictatoriale, n’a pas de prix. En 2006, la révolution des Pingouins, surnom lié à l’uniforme noir et blanc des lycéens, était partie bille en tête contre la Loce (loi organique constitutionnelle de l’enseignement) qui a instauré de facto le désengagement de l’État et la privatisation du système éducatif public. Plus tôt, ils revendiquaient la gratuité des transports et de l’examen d’entrée à l’université (PSU). Pour s’asseoir sur les bancs de la fac, les étudiants doivent débourser en moyenne près de 100 euros de frais d’inscription et 5 000 euros par an, voire plus. En 2016, le gouvernement de la présidente socialiste, Michelle Bachelet, s’est engagé à financer l’université aux étudiants les plus pauvres du pays. Deux ans plus tard, en avril, un mois après l’investiture de Piñera, les étudiants se sont de nouveau mobilisés contre la décision du Tribunal constitutionnel de retoquer une mesure qui aurait empêché les universités de faire du profit. Ce même Piñera qui avait osé déclarer en 2011 que l’éducation était un bien de consommation comme un autre. 70 % des étudiants sont de fait endettés, parfois à vie, tout comme leurs familles. Selon une étude de la Banque centrale chilienne datant de ce mois-ci, 74 % des revenus des foyers sont destinés à rembourser des dettes. C’est « No Future » pour nombre de jeunes contraints d’abandonner leurs études sans pouvoir se délester de leurs prêts faramineux. L’entrée de plain-pied dans la vie active rime pour beaucoup avec précarité.

 

5. Eau, transports, électricité… le grand hold-up

Le prix du tarif dans le réseau public de métro de la capitale avait déjà connu une première augmentation en janvier. Selon une étude de l’université Diego-Portales, le Chili occupe le neuvième rang des transports les plus chers par rapport au revenu moyen de ses habitants sur un total de 56 pays. L’autre service de base très rentable, l’électricité. L’exécutif de Piñera, qui gèle désormais les tarifs, a acté une augmentation de 10,5 % en octobre. Quant à l’eau, pourtant considérée comme un bien national d’usage public, ses sources sont entre les mains d’entreprises privées depuis 1981, et gèrent l’or bleu selon les conditions qu’elles imposent aux usagers.

 

6. La santé, ce luxe qui n’a pas de prix

D’après une enquête de caractérisation socio-économique (Casen), 80 % des Chiliens souscrivent au Fonds national de santé (public), tandis que 20 % sont sous le régime des institutions de santé privé, dit Isapre. Absence de spécialistes, hôpitaux en nombre insuffisant, manque de prévention, les premiers doivent souvent patienter des mois, voire des années, sur des listes d’attente dans les établissements de santé. Les prix des médicaments figurent parmi les plus chers de la région et les pharmacies s’en frottent les mains. Les trois grandes corporations pharmaceutiques Fasa, Cruz Verde et Salcobrand se sont retrouvées au cœur d’un vaste scandale, lorsque le parquet a révélé que ces mastodontes s’étaient accordés pour augmenter les prix de 222 médicaments traitant dans leur majorité de pathologies chroniques, ramassant ainsi un pactole en milllions. Ces deux dernières décennies, la consommation d’antidépresseurs a explosé de plus de 470 %, les sociologues faisant un trait d’union entre cette béquille médicamenteuse et les inégalités sociales.

Cathy Dos Santos

 

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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 13:00
Chili. Morts, violences sexuelles, enlèvements de force…
Vendredi, 25 Octobre, 2019 - L'Humanité

L'arsenal répressif de l'exécutif de Sebastian Pinera a fait 18 morts, dont un enfant, des centaines de blessés et plus de 2400 arrestations.

 

Des militaires, fusils en joug, pointent une foule désarmée. Là, des visages ensanglantés, plus loin, des manifestants, aux blessures ouvertes, sont traînés de force, avec mépris. Le choc des chars envahissant la rue ne chasse pas les terribles images de la répression qui a cours au Chili depuis le 17 octobre. La Cour interaméricaine des droits de l’homme de l’Organisation des États américains a condamné, le 23 octobre, « l’usage excessif de la force ». « Les armes à feu doivent être exclues des dispositifs utilisés dans le contrôle des protestations », a-t-elle rappelé à l’exécutif de Sebastian Piñera qui, outre l’instauration du couvre-feu le 19 octobre et l’état d’exception, a rappelé en renfort l’armée pour mater le soulèvement populaire. La focale des médias mainstream sur les pillages et les saccages est un pathétique écran de fumée qui ne parvient pas à cacher les exactions perpétrées contre les manifestants pacifistes.

Un bilan officiel fait état de 18 morts. Le 23 octobre, l’Institut national des droits humains (INDH) a rendu publique une enquête inquiétante, faisant état de 535 blessés, dont 210 par armes à feu d’agents de l’État. Il estime que 2 410 personnes ont été arrêtées depuis le 17 octobre. Pas moins de 274 de ces détenus sont des mineurs. Après avoir entendu des témoignages effrayants, l’INDH a décidé de présenter plus d’une cinquantaine de plaintes devant la justice, dont 5 pour homicide et 8 pour violences sexuelles. « La violence politico-sexuelle a été une continuité dans notre pays durant les dernières décennies. Les appareils policiers ont été formés pour être des dispositifs patriarcaux. C’était vrai durant la dictature et la période post-dictatoriale », a dénoncé au média digital El Desconcierto, l’avocate du réseau chilien contre la violence faite aux femmes, Silvana del Valle.

Valentina Miranda a également porté plainte le 24 octobre contre des carabineros. La coordinatrice nationale des étudiants du secondaire (Cones) ainsi que deux autres militants des Jeunesses communistes ont été arrêtés durant la nuit de mardi, et sortis de force du lieu où ils étaient contraints de se réfugier en raison du couvre-feu. De bien triste mémoire, mais cela se passe aujourd’hui, au Chili. C. D. S.

Cathy Dos Santos
Chili: Morts, violences sexuelles, enlèvements... L'arsenal répressif de Pinera se solde par 18 morts, 2400 arrestations (L'Humanité, 25 octobre)
Carmen Castillo : « Les multinationales possèdent tout : la terre, les montagnes, l’océan… »
Vendredi, 25 Octobre, 2019 - L'Humanité

Chili.  La réalisatrice Carmen Castillo décrit un mouvement horizontal, cristallisant le rejet d’un modèle inégalitaire et le refus, parmi les jeunes des classes populaires, d’endurer encore des conditions de vie indignes. Entretien.

 

L’écrivaine et cinéaste franco-chilienne Carmen Castillo a travaillé auprès du président Allende. Après le coup d’État de 1973, les militaires ont abattu son compagnon Miguel Enriquez, chef du Mouvement de la gauche Révolutionnaire (MIR) ; elle-même, gravement blessé, a trouvé refuge en France. Au cœur du soulèvement populaire elle porte aujourd’hui une « mémoire vivante ».

Quelle est l’atmosphère des marches populaires qui se succèdent au Chili ?

Carmen Castillo. C’est une ambiance extraordinaire, par la multitude des collectifs et des organisations impliqués, par l’originalité des pancartes brandies, pleines d’humour dans l’expression des demandes sociales, par le souffle que donnent à ce mouvement la jeunesse des quartiers populaires et les étudiants. Toutes les générations sont emportées par cet élan. Ce qui s’affirme, c’est le refus de céder à la peur, la détermination à tenir la rue. Personne ne se laisse prendre au festival de démagogie mis en scène par le discours, mardi soir, du président Sebastián Piñera, qui affiche un grand mépris devant les exigences exprimées par les Chiliens.

Les images du déploiement militaire face au mouvement populaire ont soulevé partout dans le monde une vague d’émotion, d’indignation. Quelles formes, quelle ampleur revêt la répression ?

Carmen Castillo. L’Institut des droits de l’homme, un organisme d’État, a recensé cette semaine 18 morts et plus de 1000 arrestations. Des cas de torture ont été mis en lumière. Mercredi matin, lors de la manifestation autour du métro Plaza Baquedano, au centre de Santiago, on a découvert les traces d’un centre clandestin de torture. Des investigations sont en cours. Des protestataires ont, semble-t-il, été torturés dans une aile de la station de métro. La maltraitance est manifeste, les arrestations d’étudiants se multiplient, le déploiement de l’armée est pesant. La population est en alerte, des témoins filment les scènes de violences. À ce jour, le ministère de l’Intérieur se montre incapable d’établir un bilan précis, et même de publier les noms des personnes tuées. Mais ce qui est frappant, pour nous qui vivons ces évènements, c’est que cette répression n’arrête rien. Ils ne parviennent pas à susciter le  repli. Le déploiement d’une armée prête à tirer ne produit pas l’effet recherché, celui de nous faire rentrer à la maison. Cette réponse répressive, la posture martiale du gouvernement, qui se dit « en guerre », a provoqué, au contraire, un regain de mobilisation. Mercredi, les protestataires ont franchi le périmètre interdit, la marche a continué son chemin.  Un groupe, en ce moment-même, danse la cueca sous les fenêtres du palais de la Moneda, malgré l’impitoyable répression en cours dans le centre-ville. Les Chiliens occupent la rue. J’ai subi le coup d’État, la dictature. Mon indignation de voir l’armée ainsi déployée ne produit en moi aucune paralysie, bien au contraire. Nous-mêmes, les plus vieux, sommes portés par cette disparition de la peur.

Comment expliquez-vous l’ampleur prise par ce mouvement qui, parti d’une révolte contre la hausse des prix des transports, semble mettre en cause le modèle néolibéral ?

Carmen Castillo. La hausse du prix du ticket de métro a allumé une révolte d’abord propagée par les étudiants. Le gouvernement leur a dit : « Vous ne payez pas les transports ». Ils ont répondu : « Nos parents, nos grands parents, eux, paient. Nous nous mobilisons pour eux ». Ces jeunes ont attiré dans la contestation des familles entières. Le 18 octobre, à 18 heures, le gouvernement a décidé d’arrêter le métro, bloquant au centre ville 100 000 personnes qui ne pouvaient plus rentrer chez elles. Voilà comment le mouvement a pris corps : il est né d’une prise de conscience, du refus de subir encore des conditions de vie indignes. C’est une explosion sociale, nationale, populaire, contre un système qui a cru pouvoir régler les affaires de la société par le marché, les abus, l’exploitation des plus pauvres. Le clivage social au Chili reflète une situation de lutte des classes, avec, d’un côté, les riches appuyés par un petit secteur des classes moyennes, et puis, de l’autre côté, les pauvres et la plus grande partie des classes moyennes, qui subissent de plein fouet le système. Cette société est coupée en deux.

Qui sont les manifestants sortis spontanément dans la rue ?

Carmen Castillo. Le moteur de ce mouvement, c’est une jeunesse transversale. Pas seulement les étudiants : tous les quartiers populaires sont dans la rue, avec cette jeunesse précarisée, sans emploi. Tout a commencé par un grand « ça suffit ! », avec le refus de payer si cher des transports en commun drainant chaque jour 2,5 millions de passagers. Le métro a été attaqué, incendié parce qu’il est le symbole même de ce système, d’une modernité bien réglée. On marche, on prend le métro, on subit des trajets de deux heures, on va travailler, on obéit. Et il faut payer, en prime, des prix exorbitants pour ceux qui perçoivent le salaire minimum. Le métro cristallise, comme les supermarchés, comme les pharmacies qui vendent à prix d’or les médicaments, le refus de la réponse de marché, de la corruption. Il y a une raison sociale à ces violences. Les grands médias fustigent en boucle le vandalisme, dans le but de faire refluer le mouvement. Sans succès : dans les quartiers populaires, les habitants se sont auto-organisés pour défendre les petits magasins, pour faire face à la délinquance, aux bandes domestiquées qui s’attaquent aux pauvres. Mais ce qui est complètement nouveau, c’est que les manifestations s’étirent jusqu’au  cœur des quartiers riches.

Comme celles des gilets jaunes en France…

Carmen Castillo. Oui ! Comme en France, les protestataires ont investi ces quartiers chics, c’est complètement inédit. Ce que nous vivons ici devrait d’ailleurs alerter le gouvernement français, et tous les gouvernements de la planète dévoués au néolibéralisme. Le Chili était, de ce point de vue, le système parfait. On ne pouvait pas s’attendre à ce qui est venu. Ici, dans ce laboratoire du néolibéralisme, ça fonctionnait très bien : le soi-disant ruissellement n’est jamais arrivé ; la population endurait l’oppression, elle était ligotée par la consommation, les cartes de crédit, l’endettement. Avec, bien sûr, une société pour les pauvres et une société pour les riches. Une éducation pour les pauvres, une éducation pour les riches. Idem pour le système de santé, les transports, etc. Au Chili, les gens subissent une immense cruauté. Les choses sont en train de bouger, même s’il est impossible de prédire l’issue de ce soulèvement. Ce qui est évident, c’est que l’évènement a eu lieu et que rien ne peut plus être comme hier. Je participe, avec mon collectif de l’école populaire de cinéma, à des actions, des micros ouverts, des projections d’images, des assemblées de quartier. Ces rendez-vous fédèrent tout le monde, autour de revendications sociales et du sentiment que la vie n’est plus vivable, qu’il n’y a plus rien à perdre. Il y a des syndicalistes, des écologistes, des féministes, des citoyens engagés dans des collectifs ou des groupes de quartiers, des gens seuls qui se retrouvent avec d’autres. C’est magnifique. Vous savez ce que l’on ressent quand on a le privilège de vivre un tel éveil…

Comment jugez-vous les premières réponses avancées par le président Piñera ?

Carmen Castillo. Elles sont stupides, burlesques. Au Chili, de toute façon, la classe politique ne fait plus de politique depuis longtemps. Ils pensaient pouvoir gérer cette situation en déployant l’armée, en décrétant le couvre feu en mobilisant la rhétorique de la guerre et de l’ennemi intérieur : ça ne marche pas. Une hausse du salaire minimum est envisagée, mais elle serait prise en charge par l’État ! Personne n’est dupe de ces petites mesures. L’aveuglement de ce pouvoir est celui de tous les pouvoirs néolibéraux au monde. Ils sont tous pareils. Ils ne savent pas comment vivent les gens, ce qu’ils pensent. Après un demi-siècle, bientôt, de néolibéralisme au Chili, les mots qu’emploient partout les gens dépourvus d’organisation, dans les lieux de rassemblement, tissent une parole authentique, d’une intelligence sidérante. On ne peut plus les berner. Ils n’ont pas réussi à occuper complètement les têtes avec leurs histoires de consommation, de marchandise et d’argent.

Ces dernières années, l’Amérique latine est devenue le théâtre d’une contre-révolution pour anéantir les politiques populaires expérimentées par la gauche. Les mouvements de protestation qui se développent aujourd’hui, au Chili et ailleurs, expriment-il le rejet de cette reprise en main par les tenants du néolibéralisme ?

Carmen Castillo. Je l’espère. Je ne peux parler que du Chili. Je suis cinéaste : j’ai besoin du tangible. Je suis en train de tourner des images avec des jeunes cinéastes, vidéastes, qui filment les évènements en cours. Ce qui surgit aujourd’hui, c’est l’inattendu, l’imprévisible de l’histoire. Je l’ai toujours répété, j’ai voulu le dire dans mon film « On est vivant » : il n’y a pas de fatalité, jamais, c’est nous qui faisons l’histoire. Il faut donc tenir, tenir contre l’impossible. D’innombrables mouvements sociaux ont précédé ce soulèvement. À chaque fois, nous perdions. Mais nous ne perdions pas tout : la preuve est là, ça ressurgit et ça prend. Les abus sont trop forts, la conscience de l’injustice est trop grande. Les luttes, depuis 2006, sont incessantes, elles se sont heurtées à ces gouvernements se prétendant de gauche, qui n’ont fait qu’administrer le modèle néolibéral de Pinochet. Bien sûr, on ne peut comparer les trente années écoulées à l’ère de la dictature mais les politiques conduites tout au long de cette période n’ont fait qu’aggraver l’injustice et le saccage. Au point que le Chili appartient totalement, désormais, aux multinationales. Elles possèdent tout : l’eau, les montagnes, la terre, l’océan, l’électricité, les transports. Tout ! La lutte pour l’eau, dans le Chili d’aujourd’hui, est une lutte profondément anticapitaliste. Le mot révolution n’a pas été levé ces jours-ci. Mais des lignes de perspectives apparaissent, avec la revendication d’une assemblée constituante, l’appel à une nouvelle constitution. Chaque jour, de nouvelles pistes sont défrichées. Le mot « égalité », ce mot formidablement dense, qui avait été évacué du vocabulaire politique au profit du mot équité, vide de sens, fait aujourd’hui son retour. Il est brandi dans les marches, avec le mot « liberté ». Au point où nous en sommes, ce que je ressens, c’est que ces archipels de luttes peuvent créer un continent populaire où la majorité des Chiliens pourra se retrouver.

Quelle place tiennent les organisations politiques, syndicales, dans ce mouvement horizontal ?

Carmen Castillo. Les syndicats y sont impliqués, ils ont lancé un appel à la grève, le pays est à moitié paralysé. D’autres organisations, actives depuis des années, sont engagées, comme le mouvement  « no mas AFP », qui demande l’abolition du système de retraite par capitalisation hérité de la dictature. Ses porte-parole sont dans la rue, à l’antenne des radios, sans être à la tête du mouvement. Le peuple mapuche vient de publier une déclaration très forte, avec un appel à élargir la mobilisation et à s’organiser dans les territoires indigènes. La parole mapuche est très importante dans le Chili d’aujourd’hui… L’attitude de Daniel Jadue, le maire communiste de Recoleta, au nord de Santiago, est formidable, il se tient au côté des protestataires, comme Jorge Sharp Fajardo, le maire de Valparaiso, militant de Convergencia social. Les députés communistes et quelques figures du Frente amplio disent « non » et refusent toute négociation en catimini. Mais ce n’est pas par là que ça passe. Des collectifs, des individus se retrouvent et marchent ensemble. On ne voit pas de dirigeants politiques dans la rue. Ce mouvement horizontal, sans leaders, trouve ses articulations à la base, hors des cadres traditionnels.

Les révoltés chiliens regardent-ils vers les soulèvements populaires en cours ailleurs dans le monde ? Ont-ils le sentiment de participer à un mouvement global ?

Carmen Castillo. Jusqu’ici, les protestataires s’exprimaient en marchant, en chantant, au travers de cacerolazos, avec peu de prises de parole. Ils commencent à prendre le micro et lorsqu’ils le font, la parole qui jaillit est intarissable. Certains font la connexion avec une crise planétaire du système néolibéral. Comme si le néolibéralisme n’arrivait pas à mourir, et que nous étions dans le temps long de l’agonie d’un monde, avec des sursauts du mouvements social contre ce système fondé sur l’exploitation, l’injustice et la cruauté. Mais la conscience d’un mouvement global n’est pas répandue pour l’instant. Elle viendra. Pour l’instant, nous en sommes encore à nous reconnaître entre nous, à vivre au jour le jour, à surmonter les tensions et les peurs pour faire perdurer cet élan. Cette conscience viendra, car il y a de frappantes similitudes entre les explosions sociales contre cette logique économique et son modèle de société.

Vous avez pris part, au côté d’Allende, à l’expérience de l’Unité populaire. Vous avez subi dans votre chair l’innommable violence de la dictature de Pinochet. Comment ce mouvement résonne-t-il aujourd’hui en vous ?

Carmen Castillo. Vous savez, quand on survit à tout cela, on porte en soi une mémoire vivante. Je ne ressens pas de nostalgie. Je regrette simplement que ma génération n’ait pas su transmettre assez cette histoire, la façon dont nous faisions de la politique dans ces années-là. Nous aurions du raconter davantage et mieux, aux Chiliens et au monde entier, comment Salvador Allende a consacré toute sa vie à la construction de cette alliance politique qui a gagné les élections. Il était tout le contraire d’un démagogue : c’était un éducateur du peuple, un homme d’un grand courage, porté par une éthique, une intelligence politique, un attachement profond à l’unité. Nous aurions du faire vivre la pensée de Miguel Enriquez, celle du pouvoir populaire et de l’action directe. Aujourd’hui, je suis habitée par eux, je suis avec eux dans la rue. Cette mémoire des vaincus reste une énergie qui s’incarne aujourd’hui dans ce mouvement populaire. En y prenant part, je ne pense pas au coup d’État. Ce n’est pas ça que j’ai en tête quand je traverse le couvre-feu. J’affronte, avec cette jeunesse révoltée, les enjeux d’aujourd’hui, avec l’expérience du passé. Ce que je porte en moi de Salvador Allende, de Miguel Enriquez et de mes amis assassinés, torturés, disparus, ce n’est pas leur mort. C’est leur vie.

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

Communiqué de la Jeunesse communiste du Chili (traduction Nicolas Maury, 23 octobre):

En tant que Jeunes communistes, nous dénonçons la détention illégale et arbitraire, ainsi que la persécution politique de nos dirigeants, Valentina Miranda, porte-parole du CoNES, Pablo Ferrada, responsable étudiant de la JC, et Anaís Pulgar, secrétaire politique de la JC à l'Université régionale de Santiago .

Cette détention s’est déroulée à l’intérieur d’un bâtiment, sans aucune provocation, sans violer le couvre-feu, ils ont été attaqués au gaz et emmenés au 3ème commissariat des carabiniers de Santiago.

Nous tenons Sebastián Piñera, Andrés Chadwick et le général Iturriaga pour responsables de ce qui arrive à nos camarades, leur sécurité au sein du commissariat n'étant pas garantie.

Nous déposons cette plainte publiquement car il est devenu évident que le gouvernement actuel ne ménage aucun effort pour réprimer la population, les plaintes pour torture et contraintes illégitimes se sont généralisées et les meurtres perpétrés lors des manifestations sont devenus une triste réalité.

Ce gouvernement a dépassé toutes les limites démocratiques, nous ne resterons pas silencieux et nous dénoncerons avec plus de force que jamais ce que le Chili vit actuellement avec la dictature.

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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 12:51
Camilla Vallejo et Karol Cariola (photo L'Humanité, septembre 2019)

Camilla Vallejo et Karol Cariola (photo L'Humanité, septembre 2019)

lu sur le blog: https://www.editoweb.eu/nicolas_maury
L'initiative des député.e.s du Parti communiste, a été soutenue par le bloc de l'opposition au sein de la Chambre des député.e.s. Comme l'a expliqué la députée Camila Vallejo, la proposition est étayée par diverses études scientifiques et vise à améliorer la qualité de la vie des travailleurs-travailleuses chilien.ne.s - article et traduction Nico Maury

Avec un résultat de 88 voix pour, 24 contre et 27 abstentions, la Chambre des député.e.s du Chili a soutenu le projet visant à ramener la journée de travail hebdomadaire à 40 heures contre 45 actuellement. L'initiative venant des député.e.s communistes, avec le soutien de l'opposition, inflige une nouvelle défaite au gouvernement de droite réactionnaire de Sebastián Piñera.

"C’est une lutte sans relâche contre ce gouvernement qui a déclaré la guerre aux 40 heures (…). Ce projet vise à donner aux familles un peu plus de dignité humaine. C'est un moment de victoire, mais il manque encore des étapes », a déclaré la députée communiste Camila Vallejo, principale promotrice du projet avec sa camarade Karol Cariola.

La députée communiste Karol Cariola, a expliqué après le vote que "c'est une bonne nouvelle pour le pays". Mais "ce n'est pas la solution à tous les problèmes" que connaît actuellement le Chili, qui s'est soulevé pour protester pour exiger des réformes sociales contre la misère et l'inégalité.

Les réactionnaires et le patronat soutenait le projet de Sebastián Piñera qui visait la réduction du temps de travail à 41H, mais introduisait une flexibilité renforcée et une baisse progressive du temps de travail, selon le bon vouloir du patronat.

 
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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 07:32
Photo Jean-Marc Nayet

Photo Jean-Marc Nayet

 
 
"Morlaix Ensemble. Pour une ville sociale, écologique, solidaire". Rendez-vous à toutes les personnes intéressées le samedi 2 novembre a 10h au local du PCF - 2 petite rue de Callac pour faire connaissance et échanger sur le lancement de notre campagne, les attentes de chacun sur le projet et la campagne pour retrouver une majorité politique de gauche à la mairie de Morlaix. Merci à Jean-Marc Nayet pour la photo de groupe.

Lancement de campagne de la liste « Morlaix Ensemble, pour une ville sociale, écologique et solidaire »

Conférence de presse du mardi 22 octobre

Compte rendu partiel...

Nous sommes réunis pour lancer notre liste Morlaix Ensemble, une ville sociale, écologique et solidaire.

Jean-Paul Vermot : notre travail a bien avancé, et nous sommes prêts désormais à proposer une vision à long terme pour toute la ville, et pas seulement son centre et sa gare tant sur :

1 - le renouveau démocratique de Morlaix, pour ne plus laisser les décisions se prendre seule dans un bureau. Nous avons tout une démarche détaillée pour faire vivre la démocratie tout au long d'une campagne et d'un mandat, en associant chacun, dans son quartier, de la décision à l’action par des budgets participatifs par exemple.

2 -L'économie et l'emploi sont une priorité. Notre volonté, c'est de dynamiser notre territoire par une politique volontariste. L’ascenseur dont on a besoin, c’est l’ascenseur économique et social.

3- notre cadre, c'est le sérieux budgétaire. Et nous mettrons en œuvre celui-ci pour assurer le développement à long terme de la ville. La première des responsabilités, c'est donc d'activer avec force tous les partenariats possibles pour ne pas monter de manière isolée ses projets. Et ne pas « oublier » des subventions de droit comme sur la réfection des routes, comme nous l’avons vu au cours de ce mandat.

4 - L'écologie. A la place d'un grand projet coûteux, nous proposons d’étudier des liaisons en navette électriques tant de la gare au centre-ville, que du centre-ville à la gare, et du centre-ville au fond de vallée. C'est à toute la ville que l'on doit penser, a tous ses quartiers. En rouvrant la ville sur son port et la renaissance de la Manu, en assurant une place de qualité au piéton dans cet axe, nous ré-attirerons dans un Morlaix animé.

Ismaël Dupont :

L'actualité récente, c'est le refus de Morlaix Alternative Citoyenne de construire l'union à gauche et avec nous. Nous ne pouvons que faire part de notre déception et de notre incompréhension. Nous voulions cette union, parce qu'elle était la plus à même de réunir toutes les compétences à gauche, parce qu'elle nous aurait mis en meilleure position pour battre la droite et proposer une autre politique pour Morlaix, parce qu'elle était réclamée surtout par les Morlaisiens et les électeurs de gauche.

Pour pouvoir obtenir ce rassemblement de la gauche, nous avons discuté 2 mois avec les représentants de Morlaix Alternative Citoyenne, en suspendant notre campagne et en y consacrant 5 réunions, des échanges de propositions par courrier. Nous ne comprenons pas la position de Morlaix Alternative Citoyenne.

Ils n'ont jamais voulu parler à fond du programme, des propositions pour Morlaix mais ont validé notre programme, celui, résumé en une dizaine de pages, que nous leur avons envoyés comme base d'un accord et de discussion entre nous. Le programme doit être ce qui justifie pourtant toute alliance politique. C'est l'essentiel pour nous : ce qu'on veut faire pour notre ville, pour Morlaix et les Morlaisiens, avec eux. Dans ce programme d'ailleurs, la place transversale et première accordée à la démocratie de participation citoyenne aurait dû nous réunir.

Nous avions un accord sur le mode de campagne que nous voulions faire, à base de réunions publiques thématiques, des forums participatifs ouverts à l'expression des habitants et se basant sur celle-ci, et de réunions de quartiers.

Nous étions prêt à désigner à égalité 12 premiers colistiers issus de chacun des collectifs (6 Morlaix Alternative Citoyenne + 6 Morlaix en Commun) pour coordonner l'entrée en campagne et pour discuter en leur sein de la personne à mieux à même de conduire la liste, sachant que nous défendions nous la candidature de Jean-Paul Vermot comme la plus crédible et la plus efficace mais que nous étions prêts à discuter et soumettre au vote interne de ces premiers colistiers d'autres hypothèses de candidatures : celles-ci n'ont d'ailleurs jamais été proposées concrètement par Morlaix Alternative Citoyenne, malgré notre insistance. Par ailleurs, pour obtenir cet accord, nous avons proposé un principe d'égale représentation de Morlaix Alternative Citoyenne et de Morlaix en Commun sur les postes d'adjoints, de conseillers délégués, d'élus communautaires.

Nous voulions régler l'ensemble des questions pouvant faire clivage entre nous avant d'ouvrir des assemblées citoyennes publiques afin de pouvoir conduire cette campagne dans la recherche de consensus, l'unité, la juste représentation des uns et des autres, plutôt que dans la compétition et l'affrontement internes.

Finalement, Morlaix alternative citoyenne a annoncé qu'il partait seul par un mail très confus envoyé la nuit avant la réunion qui devait sceller notre accord, et suite à une AG interne convoquée à la hâte pour empêcher l'accord et réunissant 15 personnes. 15 personnes qui décident de la désunion de la gauche, ce n'est pas notre vision de la démocratie participative.

Quand nous avons entendu dans le communiqué de MAC que pour nous les habitants ne seraient tout juste bons qu'à alimenter un comité de soutien sans pouvoir sur le programme et la liste, c'est parfaitement faux. Notre comité de soutien aurait pu faire évoluer le programme, il aurait voté pour la liste et en aurait constitué le vivier (pour les 25 autres candidatures). Et pour nous les habitants de Morlaix, qu'ils soient ou non favorables à notre liste, nos idées, à la gauche, sont des partenaires, quels qu'ils soient dont les attentes seront prises en compte si nous arrivons à être élus en position majoritaire. Nous ne trions pas entre les citoyens. C'est pour ça que notre liste s'appelle « Morlaix Ensemble ».

Maintenant, cette phase de négociation est du passé malheureusement. Nous rentrons dans une nouvelle phase où notre collectif de gauche composé de Génération.s, du PCF, du PS, et qui discute encore de manière très sérieuse et encourageante avec l'UDB, s'ouvre à toute personne désireuse de travailler avec nous, sur la base des premières orientations de programme que nous avons construits ensemble, pour construire une équipe municipale et une majorité de gauche à Morlaix. Tous les habitants, acteurs associatifs et morlaisiens, militants, organisations politiques qui veulent nous rejoindre, la liste, l'équipe de campagne, le comité de soutien, sont les bienvenus.

Catherine Tréanton:

Pour faire Morlaix ensemble, il faudra créer du lien : c'est la maison des Associations que nous proposons pour que les associations morlaisiennes puissent avoir accès à des salles de réunions, des services. Notre majorité assurera les conditions du dialogue serein pour que les acteurs travaillent ensemble et soient soutenus dans leurs actions

- Faire ensemble, c'est aussi le projet d’un centre de santé publique multi-spécialités : faire avec l'hôpital public, les médecins de Morlaix pour couvrir les manques et assurer à tous un accès aux soins.

Jean-Paul Vermot :

Que l'on vive mieux, ensemble, nous avons besoin de projets communs, d'où notre idée d'achats groupés, de mutuelle santé en commun, de l'énergie en commun, ou nous nous proposons de monter une société locale de production d'énergie verte.

Nous avons besoin de notre territoire et nous nous inscrivons dans une majorité de gauche sur le territoire de Morlaix co, car Morlaix doit sans cesse travailler avec les villes de la communauté.

Nous construirons Morlaix ensemble, une ville sociale, écologique et solidaire.

Et avant d'imaginer la Présidence de Morlaix, nous, nous sommes fixés sur l'objectif des Municipales, sans rien s'interdire quand nous saurons si une majorité s'est dégagée à Morlaix co.

D'ailleurs, nous œuvrons conjointement en additionnant nos forces sur d'autres villes, en construisant dans toutes les communes où nous le pouvons l'union de la gauche pour être en mesure de piloter de manière cohérente, et sur un projet social et écologique, de progrès, la communauté d'agglomération, et les communes de cette communauté, dans l'intérêt des habitants.

Ismaël Dupont : Notre projet n'est pas complètement ficelé et achevé, il doit encore être travaillé, précisé, et surtout mis en discussion dans nos réunions publiques et nos échanges avec les habitants. Il ne vient pas de nulle part non plus ou seulement de nos échanges internes. Il s'appuie sur notre expérience d'élus, 6 élus d'opposition de gauche sur 8 soutiennent notre liste « Morlaix Ensemble » et sur ce que nous avons déjà fait comme démarche d'écoute et de concertation : en un an de travail, nous avons rencontré et rencontrons encore bon nombre d’associations, d’entreprises, car c'est tout un territoire qu'il faut mobiliser pour un regain, certes du centre-ville, mais de la ville et de la communauté

Sur le sport et la politique sportive, qui devrait être plus ambitieuse: nous le disions depuis des années, un nouveau complexe des sports en herbe s'impose avec des terrains synthétiques ou semi-synthétiques afin d'assurer une pratique continue tout au long de l’année. On l'appelle de nos vœux depuis des années en Conseil Municipal

Nous proposons aussi un vaste projet de réhabilitation de l'habitat, avec Morlaix co. Avant de faire du neuf, occupons-nous aussi de notre ancien bâti.

Justement, en tant que président de Finistère Habitant, de la SAFI, qu'élu départemental et communautaire, Jean-Paul Vermot a construit une expertise sur ce sujet central de l'habitat dans une ville qui a perdu environ 2000 habitants depuis qu'Agnès Le Brun a été élue maire pour la première fois en 2008.

Si nous avons choisi de travailler avec Jean-Paul Vermot comme proposition de maire à gauche, c'est parce que nous nous sommes entendus sur des idées, des méthodes, les grandes lignes d'un programme, c'est un compromis entre nous basé sur une ambition d'union et d'efficacité à gauche, ambition pas spécifique à Morlaix mais que nous avons aussi dans les autres communes, c'est parce que, après 6 ans de travail avec lui dans l'opposition, nous avions confiance en lui, en sa capacité à toujours être un homme de dialogue et d'écoute, respectueux de la diversité et tolérant, sans arrogance ni autoritarisme, et parce que nous savions qu'il avait la capacité, l'expérience et les compétences et connaissances nécessaires pour gérer la ville de Morlaix dès son élection, et rompre avec son isolement car il travaille depuis 6 ans avec tous les élus de gauche de Morlaix Communauté et est à même de créer les convergences pour travailler en bonne entente entre Morlaix et Morlaix-Communauté pour nos intérêts réciproques, mettre en œuvre notre projet de gauche dans sa dimension communautaire (économie, transport, habitat).

Compétence, expérience, sens du dialogue, valeurs de gauche, attachement aux services publics, respect de la diversité et tolérance, notoriété, ce sont des qualités importantes chez Jean-Paul Vermot qui font que nous soutenons sa candidature et que nous pensons qu'elle est la plus à même de faire gagner la gauche à Morlaix, et même de rassembler au-delà tous ceux qui veulent d'une autre manière de gérer la ville que celle d'Agnès Le Brun, d'une alternance après 2 mandats.

Rejoignez-nous pour un moment amical d’échanges le samedi 2 novembre à 10h00 pour participer au comité de soutien à la liste que nous créerons ensemble. Même si vous ne pouvez pas arriver pour 10h et ne faites qu'un passage, c'est bien. On prendra un apéro convivial ensemble ensuite.

Municipales: la liste d'union de la gauche "Morlaix Ensemble" conduite par Jean-Paul Vermot lance sa campagne ce 22 octobre 2019

 

Ensemble Morlaix

Pour une ville sociale, écologique, solidaire

Notre projet pour Morlaix

 

Depuis octobre 2018, le collectif pour les Municipales à Morlaix en Commun, regroupant Génération.s, le PS, le PCF, réfléchit à un programme de gauche sociale et écologiste pour la ville.

Aujourd'hui, nous devenons « Ensemble Morlaix. Pour une ville sociale, écologique, solidaire ».

Une liste de rassemblement de la gauche ouverte à tous les citoyens qui veulent d'une alternance de gauche à Morlaix pour relancer la ville.

Voici les orientations sur lesquelles nous avons travaillé pour Morlaix.

Ce n'est qu'un pré-projet que nous allons continuer à travailler avec nos colistiers, citoyens et membres de nos 3 partis politiques, les citoyens, le monde associatif et les acteurs morlaisiens.

Nous avons voulu ce programme à la fois bien ancré à gauche et réaliste, et susceptible de relancer la ville de Morlaix, en grande difficulté économique, sociale, démographique, des difficultés qui se sont aggravées depuis que Agnès Le Brun est maire. 20 % de chômeurs à Morlaix, un taux de pauvreté très supérieur à la moyenne, ça interroge et cela nous donne des responsabilités.

Ce projet qui reste provisoire à cette étape est à discuter avec les habitants de Morlaix qui nous apporteront d'autres propositions et idées, nous n'en doutons pas.

Nos propositions rentrent dans un cadre finançable sur les 6 ans à condition de renoncer à des projets pharaoniques et non prioritaires du type du funiculaire (il en est de même de la passerelle sur le Viaduc) et de rester dans le cadre d'une gestion financière sérieuse et rigoureuse, avec des mutualisations à prévoir avec Morlaix-Communauté (le Théâtre, Langolvas) et une volonté de réduire les impôts locaux qui sont élevés à Morlaix dans une trajectoire raisonnable.

Notre pré-projet pour la liste "Ensemble à gauche. Pour une ville sociale, écologique et solidaire". Liste conduite par Jean-Paul Vermot et soutenue actuellement par les partis de gauche Génération.s, le PCF, le PS.

 

Notre projet à cette étape :

1. Associer les citoyens aux prises de décision et démocratiser le fonctionnement de la municipalité.

Faire de la démocratie participative et de l'implication des habitants et des acteurs de la ville (associations, etc.) dans les choix de gestion, d'investissement, un des grands axes de notre mandat de gauche pour la ville est une priorité pour nous.

Nous voulons :

- des conseils de quartiers et des élus référents de quartier

- un conseil municipal des jeunes, un ou des budgets participatifs

- des commissions extra-municipales ouvertes aux associations et citoyens, des commissions municipales qui soient des lieux d'élaboration et de débat

- des assises de la ville avec les citoyens et associations

- une concertation large avant les grands projets et le vote du budget primitif qui pourra donner lieu à un compte rendu de mandat annuel et une projection sur les projets à venir.

- une relation de dialogue et de travail véritable avec les associations et le personnel municipal, les représentants syndicaux qui doivent être considérés comme des vrais partenaires, etc.

Nous voulons étendre cette conception d'une citoyenneté active et d'une démocratie de participation citoyenne et populaire à la communauté d'agglomération elle aussi selon des modalités que l'on devra définir ensemble et avec les autres équipes de gauche de Morlaix-Communauté.

 

2. En lien avec Morlaix-Communauté, redynamiser la situation de l'emploi et de l'économie, travailler à la problématique du logement, des services publics et du bien vivre à Morlaix pour faire revenir et conserver des habitants.

Pour l'économie, la création d'une agence de développement de l'économie dont les objectifs seraient l'animation des filières économiques (métallurgie, biotechnologies, construction, santé et soin, transition écologique, numérique, formation, etc.), la communication, le financement des projets, la création d'une ZAC d'activités sur le quartier de la gare pour y favoriser la création d'activités d'avenirs, la mise à disposition de locaux commerciaux pour aider les porteurs de projets, l'émergence de projets internationaux en appui avec la Métropole BMO (Inde, Cornouailles, Allemagne, Afrique), la reconquête de l'habitat avec un programme de rénovation en utilisant les outils d'achat public (Foncière de CDC Habitat ou outil propre).

Nous pensons aussi développer la formation aux nouveaux métiers du numérique et de l'informatique, gisement d'emplois importants, travailler tout particulièrement sur l'insertion des jeunes dans le travail en nous donnant des objectifs dont le niveau de satisfaction serait mesurable et en ne craignant pas d'expérimenter des dispositifs novateurs.

Nous examinons en ce moment la possibilité et les avantages d'une inscription dans la démarche « Zéro chômeur de Longue Durée », comme Saint Thégonnec-Loc Eguiner, et voulons d'une participation beaucoup plus active et revendiquée de la ville au service public de l'emploi, à l'insertion des jeunes dans la vie professionnelle, à la lutte contre le chômage de longue durée.

Des expérimentations ont été faites ailleurs qui peuvent être tentées ici, il y a aussi à innover localement pour faire reculer le chômage, la précarité et la pauvreté dans un des bassins d'emplois les plus sinistrés de Bretagne. Nous nous donnerons des objectifs et nos politiques en matière de réduction du chômage feront l'objet d'une évaluation régulière. Un des leviers sera un groupement de commande et de prestation pour les Morlaisiens pour la mutuelle santé, l'accès à l'énergie.

Ces objectifs fondamentaux pour l'avenir de la ville impliquent de travailler en étroite collaboration avec Morlaix Communauté dans le cadre d'une majorité de gauche, et donc de mettre notre projet en débat au niveau du groupe de gauche communautaire et de tenir compte aussi du travail communautaire en cours dans les différentes équipes de gauche des communes avoisinantes.

Nous voulons travailler à renforcer nos coopérations. Avant même de parler de fusion ou de grand Morlaix, on peut développer les projets, actions et achats communs, proposer la conférence du pôle aggloméré associant Saint-Martin-des-Champs, Plourin-les-Morlaix et Sainte-Sève, pour y développer toutes les collaborations possibles. Travailler aussi à avoir une relation plus confiante, franche et apaisée avec Morlaix-Communauté, en évitant les postures politiciennes qui sont celles de la majorité morlaisienne actuelle.

3. Un territoire et une commune en transition écologique

Nous voulons le développement des circuits courts alimentaires sur la cuisine centrale et la commande publique, le Bio en commun (appui municipal dans l'accessibilité de tous au bio local), le développement des potagers, des arbres fruitiers et de la végétalisation, une halle des circuits courts alimentaires au centre-ville, le développement de la ville vers la promotion des déambulations et trajets piétons et cyclistes, le développement du transport en commun et de l'usage des bus par la gratuité du transport. A étudier: achat groupé d'énergie renouvelable et société locale de production d'énergie renouvelable.

Nous voulons expérimenter l'extension du secteur piétonnier du centre-ville.

Nous veillerons à ce que nos espaces publics, rues, venelles ou trottoirs, parcs et jardins permettent à toutes et tous, valides ou handicapés, de se déplacer, se promener ou se rencontrer en toute quiétude, de jour comme de nuit. Il s'agira de veiller à la qualité des lieux, des revêtements, de l'éclairage et de l'accessibilité.

Un audit énergétique du patrimoine de la ville, couplé à un plan pluriannuel de travaux d'économies d'énergie sur les bâtiments municipaux, sont nécessaires.

Nous voulons également que notre liste défende la gratuité du transport en commun sur le pôle urbain et travaille dessus pour argumenter auprès des autres élus de Morlaix-Communauté, dans le cadre d'un contrat de majorité et d'un projet communautaire à construire ensemble, quitte à y aller progressivement (en commençant par exemple par la gratuité pour les – 26 ans par exemple, et gratuité de navettes haute fréquence dans le centre-ville reliées à des parkings). 

Il faut aussi travailler pour favoriser les mobilités et le désenclavement des quartiers sur les horaires, l'accès au transport en commun le dimanche, les dessertes des quartiers. Tout le plan de circulation sur Morlaix est à repenser.

 

4. Défense des services publics

Nous défendons la reprise en gestion publique du Transport en commun et une densification des offres de transport en commun sur le réseau péri-urbain, avec de nouvelles lignes et des fréquences et dessertes améliorées. C'est aussi une condition pour que les autres majorités en place à Morlaix Communauté acceptent de financer la gratuité du transport en commun.

Nous soutenons la création de la régie publique de l'eau de Morlaix-Communauté, outil nécessaire pour améliorer la qualité de l'eau, des réseaux, et préserver la ressource.

La qualité de vie à Morlaix passe aussi par la défense des services publics et de vrais moyens pour leur fonctionnement, comme à l'hôpital, la Poste, dans les écoles publiques, pour les liaisons ferroviaires pour le fret et les personnes et la relance de la ligne Morlaix-Roscoff, les Finances Publiques (notre majorité municipale devra résister aux politiques néo-libérales et d'austérité), mais aussi par la construction de nouveaux services publics.

En lien avec la médecine de ville et l'hôpital public, nous voulons étendre l'accès aux soins des Morlaisiens en envisageant la réalisation d'un centre de santé public multi-spécialités pouvant salarier des professionnels de santé. Ce centre de santé permettrait de sédentariser sur Morlaix et sa région des spécialistes et de lutter contre la raréfaction de certaines offres de soins tout en s'adaptant aux évolutions des métiers et des aspirations en terme de temps de travail et de manière de travailler des professionnels de santé.

 

5. Vie associative, jeunesse et sports

Nous voulons avancer rapidement sur le chantier d'une maison des associations. Trop d'associations peinent à obtenir des locaux pour exercer leurs activités, se réunir. Or, la richesse du tissu associatif est une des vraies forces de notre ville et un facteur de qualité de vie essentiel. Dans nos choix d'investissements, la création d'une maison des associations est fondamentale, qui pourrait comporter un accueil en lien avec le Resam et/ou les services de la ville permettant une mise à disposition de services et d'information pour les associations.

Nous voulons aussi une politique plus dynamique, participative ambitieuse pour la Jeunesse, son accès à la citoyenneté, aux loisirs, aux arts à la culture et aux sports : à réfléchir, des Tickets Sports à dynamiser avec des moyens supplémentaires (découvertes des sports et des arts avec les élèves), chèques vacances pour les jeunes (pour l'accès aux loisirs et à la culture), colos et camps de découverte sportive, culturelle, touristique à tarifs accessibles pour les familles.

Il nous semble prioritaire aussi de se pencher sur une rénovation en profondeur des locaux de la MJC pour accompagner le développement de ses activités, et son caractère central pour l'éducation populaire, la politique de mixité et d'accompagnement de la jeunesse vers le bien-être et l'émancipation dans la ville. Nous voulons construire avec MAJ, la MJC, Carré d'As, les services jeunesse de Morlaix Communauté, le 2 D, une politique jeunesse visant à la réussite, l'accès à la culture et aux loisirs, à une mixité respectueuse, l'apprentissage citoyen et l'émancipation des jeunes.

 

Dans le domaine de la politique sportive, il y a beaucoup à faire :

  • Au niveau de la promotion du sport (et de la santé), aider les associations à adapter leur système tarifaire pour permettre l’accès à la pratique au plus grand nombre. Encourager les clubs sportifs à mettre en place des opérations de type « tickets sport » pendant les congés scolaires. Possibilité à étudier de bourses en fonction du quotient familial pour encourager les pratiques sportives des jeunes.

  • Au niveau de l’initiation, renforcer les liens entre l’école et les clubs pendant le temps scolaire (intervenants extérieurs qualifiés), entre les accueils périscolaires, les accueils de loisirs et les clubs hors temps scolaire.

  • Au niveau des investissements, adapter et améliorer les infrastructures des pratiques sportives collectives en extérieur (terrains en herbe ou synthétique). Envisager un agrandissement et une rénovation de la piscine de la Boissière.

  • Au niveau de la relation entre la mairie et les clubs sportifs, installer (réinstaller ?) un dialogue facilité, direct (office des sports) qui permette une consultation régulière des acteurs locaux du sport.

 

6. Politique sociale, personnes âgées

A l'EHPAD de la Boissière, à Belizal, et dans les autres structures, nous voulons travailler à améliorer la qualité de la prise en charge des personnes âgées, à contenir ou réduire le prix du séjour, à favoriser le lien et la mixité intergénérationnelle, améliorer la formation des intervenants et des professionnels, l'accès aux droits et aux bien-être des personnes âgées en perte d'autonomie. C'est aussi pour cela que nous nous engageons par exemple à soutenir fortement les missions de l'ORPAM, à travailler sur la problématique de lutte contre l'isolement et d'accès aux services des personnes âgées. Nous réfléchissons à une mise en place à Morlaix de forme d'habitats partagés, en particulier pour les seniors.

Il nous paraît aussi important dans le domaine social de reprendre la réflexion sur l'épicerie sociale et sur d'autres dispositifs de lutte contre l'exclusion et la pauvreté. Il y a un projet global à définir, l'accumulation actuelle de dispositifs non coordonnés n'est pas satisfaisante.

De poursuivre, en concertation avec les habitants et en prenant en compte leurs points de vue, la réhabilitation de l'habitat locatif, HLM ou privé mais fréquenté par des habitants ayant des bas revenus. Oeuvrer pour la transition écologique de l'habitat social. De construire avec les acteurs publics et associatifs concernés un projet permettant de travailler à des dispositifs innovants et concertés pour lutter contre la pauvreté, l'exclusion.

Pour faire gagner du pouvoir d'achat aux citoyens morlaisiens, nous envisageons une démarche d'achat en commun et de négociation par la mairie de biens et de services utiles à la population.

 

7. La culture, un des atouts forts de Morlaix

Dans le domaine de la culture, on ne part pas de rien. Loin de là... La culture est le point fort de Morlaix, un de ses atouts essentiels en terme de qualité de vie, de richesse humaine, d'image et d'attractivité.

Le Théâtre du Pays de Morlaix connaît un vrai succès de fréquentation et d'estime, le projet SEW à la Manu est extrêmement ambitieux et prometteur, l'Espace des Sciences peut être un très bel outil de transmission et diffusion d'une culture technique et scientifique, en lien avec les enjeux écologiques contemporains. Le chantier de rénovation du musée est un projet qu'il faudra continuer à suivre de près pour faire en sorte que la ville tire le meilleur parti de ses investissements importants décidés par la majorité actuelle.

Et au-delà, il nous faudra accompagner et soutenir (parfois mieux qu'aujourd'hui) les associations culturelles, conventionnées ou non, particulièrement nombreuses, talentueuses et actives à Morlaix, être facilitateurs pour leurs initiatives, travailler sur la mise en cohérence. La ville doit être aussi moteur et initiatrice de projets pour des actions culturelles ambitieuses, faisant la place à la création, la culture vivante à volonté émancipatrice, donnant les moyens aux citoyens de penser et de rêver leurs vies. Une politique culturelle locale reste à définir avec ses priorités et une approche claire en termes d'objectifs car on ne peut pas faire que soutenir le réseau local, même si le terreau est important.

Nous souhaiterions donner plus d'exposition et de visibilité à nos artistes locaux, davantage valoriser les pratiques amateur (salon des artistes amateur l'été, participation des jeunes musiciens et musiciens amateur à des animations estivales, des vitrines pour les artistes.

Il pourrait être intéressant par exemple de continuer à valoriser l'image artistique de la ville autour du Street Art et de la Poésie, de mieux mettre en avant son patrimoine, son histoire maritime et commerçante.

Nous mettrons l'accent sur la démocratisation de l'accès à la culture (revenir à la gratuité du musée pour les Morlaisiens par exemple, s'intéresser à l'offre de transport pour l'accès aux évènements culturels), sur le fait que nous puissions aussi avoir des offres culturelles qui touchent toutes les couches de la population et les quartiers, et aux pratiques artistiques (pratiques tarifaires attractives).

Nous soutiendrons la création de l'école inter-communale de musique avec le souhait de nouveaux espaces d'accueil et souhaitons travailler à la baisse significative des tarifs du Patio et à l'augmentation de la capacité d'accueil pour l'enseignement musical et artistique.

 

8. Faire toute sa place à la culture bretonne et bretonnante à Morlaix

C'est à la fois un héritage à préserver, une réalité des pratiques en devenir porteuse d'identité et d'attractivité pour notre ouest breton (maison d'édition Skol Vreizh, Diwan, classes bilingues, KLT, pratiques des cours de breton, etc) et un vecteur de lien social. Nous voulons réaffirmer avec force l'identité bretonne de Morlaix car la spécificité et les différences d'un territoire sont porteuses de lien social et de richesse humaine, y compris dans les échanges et l'ouverture aux autres, à l'opposé d'une mondialisation économique qui appauvrit en homogénéisant. La richesse du tissu associatif lié à la langue et la culture bretonne dans la région de Morlaix, son implantation ancienne et sa vitalité en termes de pratiques et de productions, justifierait qu'on se penche à l'échelle de Morlaix-Communauté sur une « maison de la culture bretonne » (Ti Ar Vro), pouvant fédérer un certain nombre d'associations, mettre en commun des salariés, des services et des espaces.

 

9 - Droits de l'homme et solidarité internationale

Nous voulons aussi une municipalité qui organise l'accueil des réfugiés et migrants, conformément à sa tradition de solidarité, et qui promeuve la solidarité internationale, l'ouverture à l'international en partant des partenariats et projets existants et en les valorisant davantage (Palestine, Inde, Burkina Faso, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne...).

La défense des droits de l'homme nous semble essentielle comme valeur à défendre par notre municipalité de gauche.

Il ne s'agit là de pistes de politique municipale encore à préciser dans leur mise en œuvre que nous vous soumettons comme base d'accord et que nous espérons pouvoir proposer avec vous à la population morlaisienne en échangeant avec les habitants de Morlaix sur leurs attentes vis à vis de la nouvelle municipalité qui gèrera la ville en 2020 jusqu'en 2026.

 

10- Une pratique municipale des élus basée sur la proximité, l'écoute, la discussion, la bienveillance vis-à-vis des habitants, en vue d'une vie collective plus fraternelle et respectueuse de chacun.

 



 

Jean-Paul Vermot (au centre, accompagné de colistiers et de soutiens) mènera la liste « Ensemble à gauche. Pour une ville sociale, écologique et solidaire ». (Le Télégramme/Gwendal Hameury)

Jean-Paul Vermot (au centre, accompagné de colistiers et de soutiens) mènera la liste « Ensemble à gauche. Pour une ville sociale, écologique et solidaire ». (Le Télégramme/Gwendal Hameury)

Le Télégramme, 22 octobre

À Morlaix, c’est le premier à se jeter dans l’arène. Ce mardi soir, au local du PCF, le socialiste Jean-Paul Vermot a officiellement lancé sa campagne municipale. Il mènera une liste d’union de gauche baptisée « Morlaix Ensemble. Pour une ville sociale, écologique et solidaire ».

Ils ont Morlaix en commun et travaillent depuis un an sur un programme de gauche susceptible de rassembler celles et ceux qui veulent d’une alternance à la mairie de Morlaix. Ce mardi soir, au local du parti communiste, Jean-Paul Vermot (PS), Ismaël Dupont (PCF) et Catherine Tréanton (Génération.s) ont estimé qu’ils étaient prêts à proposer leur vision à long terme pour la ville, « et pas seulement son centre ». Ils ont donc officiellement lancé leur campagne en vue des élections municipales de mars 2020. C’est le premier d’entre eux qui mènera la liste baptisée « Morlaix Ensemble. Pour une ville sociale, écologique et solidaire ». Et c’est tout sauf une surprise. « Au regard de son expérience, de ses connaissances et de son sens du compromis, c’est le mieux à même de gérer la ville. C’est aussi le candidat idéal pour rompre l’isolement de Morlaix au sein de la communauté, et rompre avec la gestion arrogante de la municipalité actuelle », ont soutenu ses colistiers.

 

« S’investir sur Morlaix. Rien que Morlaix »

 

Ce qui est davantage une surprise, c’est l’échec des négociations avec Morlaix Alternative Citoyenne, à l’issue de deux mois de réunions. « C’est une déception et une incompréhension, a expliqué Ismaël Dupont. Car l’attente était grande chez les électeurs de gauche. Ils ont préféré parler formes et procédures plutôt que projet ». Et d’ajouter sèchement : « La démocratie participative, ce n’est pas décider à 15, lors d’une assemblée générale, qu’il n’y aura pas d’union ». Fermez le ban.

« Nous restons néanmoins une liste d’union de la gauche qui a une vision, et dans laquelle toutes les bonnes volontés pourront s’agréger », a soufflé Jean-Paul Vermot. Une vision pour la ville. Et pour l’agglomération. « Au cours de la campagne, nous allons parler de sujets intercommunaux, puisque c’est à l’agglo que se situent beaucoup de compétences. Mais avant de parler de Morlaix communauté, on va pleinement s’investir sur Morlaix. Rien que Morlaix ».

 

« Faire en sorte que les gens vivent mieux »

 

Comme pour bien prouver qu’ils formaient une équipe solidaire, Jean-Paul Vermot, Ismaël Dupont et Catherine Tréanton ont détaillé, à tour de rôle, quelques éléments de ce programme électoral « déjà très dense mais pas encore totalement ficelé ». Premier axe développé : le renouveau démocratique. « Nous souhaitons associer les citoyens aux prises de décisions et démocratiser le fonctionnement d’une municipalité où, à l’heure actuelle, tout se décide dans la solitude d’un seul bureau ». Ce qui signe le renouveau des comités de quartier, à qui des budgets participatifs seront alloués.

L’économie et l’emploi sont aussi au cœur des propositions de la liste Ensemble à gauche (création d’une agence de développement de l’économie). « Car il faut dynamiser le territoire. Et s’il a besoin d’un ascenseur, c’est d’un ascenseur économique et social ». La transition écologique (gratuité des transports, création de liaisons de navettes électriques, extension du secteur piétonnier), la vie associative (création d’une Maison des associations), la santé (création d’un centre de santé public et d’une mutuelle de territoire), la réhabilitation de l’habitat et le sport (création de terrains synthétiques) ont aussi été abordés. « Notre volonté est de faire en sorte que les gens vivent mieux à Morlaix », a conclu Jean-Paul Vermot.


Pratique
Une première réunion d’organisation, ouverte à tous, aura lieu le 2 novembre, à 10 h, au local du PCF, 2 petite rue de Callac. La première réunion publique participative aura lieu le samedi 9 novembre, à 18 h, dans un lieu qui reste encore à définir.
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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 07:00

Les nouvelles règles imposées vont réduire le montant de l’allocation chômage de 30% pour ceux qui restent. L’Etat autoritaire exige 3,4 milliards d’euros d’économies sur le dos des chômeurs

 500 000 Privés d’emploi actuellement indemnisés vont perdre la totalité de leur allocation car il faudra travailler 6 mois au lieu de 4 mois actuellement pour ouvrir des droits.

250 000 Privés d’emploi ne rechargeront plus leurs indemnités chômage en travaillant à côté, car ils n’auront pas atteint 6 mois de travail contre 150 heures actuellement.

250 000 Privés d’emploi verront la durée de leur allocations réduite, car la période de recherche des mois travaillés se fera sur 24 mois contre 28 actuellement.

400 000 Travailleurs précaires verront leur indemnisation réduite de 30% car les jours où ils n’ont pas travaillé seront comptés dans le calcul de leur allocation.

1 400 000 Chômeurs se font voler des droits pour lesquels ils ont cotisé!

La CGT des organismes sociaux. 18 septembre 2019

Chômeurs, salariés de Pôle Emploi: la transformation d'un service public de l'emploi en machine deshumanisée soumise aux logiques néo-libérales

Pas de pitié pour ceux que le monde capitaliste du travail met à l'écart...

Le chômage tue! Une étude de l'INSERM le montre: le chômage est un facteur important de surmortalité. Sans compter les 584 suicides recensés entre 2008 et 2010 qui pourraient être attribués à la hausse du chômage selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Car au-delà de ces actes exceptionnels, la réalité est encore plus glaçante : le chômage tuerait "entre 10.000 et 20.000 personnes par an", selon une estimation de Pierre Meneton (Inserm), auteur d'une étude sur la santé des chômeurs. Entre 1995 et 2007, le scientifique a suivi 6.000 volontaires âgés de 45 à 64 ans pour observer les effets du chômage sur la santé cardiovasculaire et la mortalité globale. À partir des résultats obtenus, le chercheur a réalisé des projections publiées en décembre 2014 dans la revue International Archives of Occupational and Environmental Health.

(Science et avenir: https://www.sciencesetavenir.fr/sante/10-000-a-20-000-morts-par-an-dues-au chomage_28753?fbclid=IwAR2EoCT_8dAz8b1AOe4GBi2ML4jNgKZl8doaZyruBDcGJjO6fvjF2vMRsmU)

Et pourtant...

La réforme de l'assurance chômage annoncée le 18 juin dernier par Muriel Penicaud,  ex DRH de Danone et actuelle ministre du travail, pénalisera un chômeur indemnisé sur deux, 1, 2 million de personnes sur 2,6 millions qui touche chaque mois une somme de Pôle Emploi (1022€ en moyenne).

Il s'agit de faire 3 milliards d'euros d'économies supplémentaires sur les chômeurs.

Bien sûr, il s'élèvera toujours, jusqu'au sein même des salariés, des voix pour justifier ce recul historique. Les chômeurs seraient des « fainéants », en quelque sorte « responsables » de leur situation.

Exit les délocalisations, les fermetures de commerces, les suppressions de postes...

Mais la réalité reviendra comme un boomerang. Les plus jeunes travailleurs enchaînent les CDD courts et les stages non-rémunérés dans les années qui suivent la fin de leurs études, y compris supérieures ; ils seront les premiers touchés par la réforme. Dans un document, l'Unedic estime le nombre d'impactés à 1,2 million de chômeurs ; c'est une estimation bien basse et, en réalité, la population des privés d'emploi concernée par cette régression, dans un contexte de précarisation et de périodes de travail hachées de tous les salariés, ne fera que croître d'années en années.

La vraie cible des décideurs politiques et économiques n'est autre que la Sécurité sociale. L'assurance chômage en est un des piliers, au même titre que la retraite, elle aussi gravement attaquée par l'instauration d'un système par points. C'est le principe même de la Sécu, la socialisation d'une partie des richesses créées par les salariés allant vers les travailleurs malades, retraités ou privés d'emploi, qui est insupportable aux yeux de la grande bourgeoisie industrielle et financière : c'est une part de la richesse nationale qui échappe totalement à sa rapacité. Après les complémentaires-retraites, les complémentaires-santé, pourquoi pas les complémentaires-chômage ?

La réforme s'appliquera progressivement, avec des conséquences humaines d'une gravité croissante, à partir de 2020.

Il s'agit de faire 3 milliards d'euros d'économies supplémentaires sur les chômeurs. La réforme s'appliquera progressivement, avec des conséquences humaines d'une gravité croissante, à partir de 2020. Aujourd’hui, pour accéder à l’assurance-chômage dans le régime général (hors annexes  8 et 10), il faut avoir travaillé au minimum 4  mois sur les 28 derniers mois. Avec la réforme, la période minimale de travail pour accéder à l’indemnisation sera donc ramenée à 6 mois sur 24. Quand vous êtes un salarié avec des pratiques discontinues, c’est beaucoup ! Il faudra 6 mois désormais pour recharger ses droits en cas d'interruption d'indemnisation et non plus un mois. Ce durcissement des conditions d’accès empêchera des centaines de milliers de travailleurs de bénéficier de l’assurance-chômage. Muriel Pénicaud a créé un nouveau statut de "permittents", (intérimaires, CDD, saisonniers etc.) dont on ne tolèrera plus qu'ils puissent avoir des périodes d'inactivité, qui correspondent pourtant aux variations saisonnières et à la demande des employeurs, et qui devront donc trouver des emplois toute l'année. Au delà de ça :  Les indemnités chômage seront désormais calculées sur le revenu mensuel moyen du travail, et non sur les seuls jours travaillés comme aujourd’hui.

Actuellement, quelqu’un qui travaille 1 jour sur 2 au Smic jour a son indemnité calculée sur la base du Smic jour. Donc, le jour où il a un mois entièrement chômé, son indemnisation mensuelle sera basée sur le Smic. Et il en va de même s’il travaille 1 jour sur 3. Pour calculer l’indemnité journalière (IJ), on se base sur son revenu de journée travaillée. Dorénavant, avec la réforme, ce salarié à travail discontinu aura son indemnité calculée sur la base d’un demi-Smic s’il travaille 1 jour sur 2, d’un tiers s’il travaille 1 jour sur 3, etc. Si ce mode de calcul était mis en place pour les intermittents, l’immense majorité des indemnités journalières ne dépasserait pas 20 euros, soit 600 euros par mois en cas de mois entièrement chômé  ! On ne perçoit plus ses indemnisations chômage qu'en fonction des jours effectifs travaillés et non plus par rapport au salaire mensuel ou hebdomadaire qui comprenait les jours de congé hebdomadaires. Ainsi et c'est une énorme régression les journées non travaillées ne seront plus indemnisées.

Outre le durcissement des conditions d'accès au régime dès le 1er novembre, avec l'obligation de travailler six mois sur 24 contre quatre mois sur 28 aujourd'hui, à partir d'avril 2020, le changement de calcul de l'indemnisation va toucher en priorité les travailleurs alternant emplois et allocations. 850 000 personnes avec des périodes non travaillées entre deux contrats percevront une allocation plus faible de 22% en moyenne.

Auparavant, tu travaillais 3 mois, tu avais une interruption de 3 mois puis tu retravaillais trois mois, tu étais indemnisé. Ce ne sera plus le cas!

La chute sera encore plus dure pour 190 000 personnes travaillant entre un quart et un mi-temps, elles perdront 50% de leur allocation, passant de 868€ à 431 €.

Il s'agit d'une attaque d'une gravité exceptionnelle contre les droits des chômeurs, mais ce n'est qu'un nouveau palier franchi dans l'inacceptable! Fabien Roussel, député communiste et secrétaire national du PCF, rappelait il y a trois mois: "Ce dimanche 28 juillet, en plein cœur de l'été, le gouvernement a publié le décret consacré à l'assurance chômage. A l'abri des regards, il a ainsi officialisé la casse d'un système de protection sociale, issu du Conseil national de la Résistance. Durcissement des conditions d'accès aux indemnités, réduction de leur montant, multiplication des contrôles et des sanctions... Ces dispositions permettront de réaliser 2,85 milliards d'euros d'économies d'ici 2021 sur le compte des demandeurs d'emploi, dont 50% sont déjà aujourd'hui privés de toute forme d'indemnisation. Cette réforme injuste et rétrograde, adoptée sans débat et en l'absence d'accord des partenaires sociaux, fera de 2019 un « été meurtrier » pour celles et ceux qui perdent leur emploi ou qui subissent les contrats à durée déterminée... Au lieu de chasser les chômeurs, le gouvernement ferait mieux de chasser le chômage !"

 

Un agent public de Pôle Emploi nous a longuement exposé la dégradation des conditions de travail à Pôle Emploi, et plus encore des missions et relations vis-à-vis des chômeurs.

Voilà ce que nous avons retenu de cet entretien avec ce salarié de Pôle Emploi:

Syndiqué à la CGT, il fait partie des derniers survivants du service public de l'emploi, avec un contrat de droit public.

Il n'y a plus que 189 emplois de droit public en Bretagne: plus de concours, plus d'augmentations pour ceux arrivés en fin de carrière, ni de progressions pour eux. Plus de 90% des salariés de Pôle Emploi, et tous les jeunes, souvent recrutés sur des niveaux de qualifications inférieurs à leurs aînés et plutôt centrés sur le commercial, sont en droit privé. La rupture historique s'est faite en 2011 avec la fusion sous la présidence Sarkozy de l'Assedic (chargée de l'indemnisation des chômeurs) et de l'ANPE (chargée de la recherche d'emploi, formation, orientation, et conseil).

Il y a eu de la part de l'encadrement un fort encouragement à accepter les contrats de droit privé: pression, incitation de salaires sur 14 mois et demi, au lieu de 12 mois seulement pour ceux qui gardaient le statut public.

Dans la réforme à venir, Pôle Emploi supprimera 4000 emplois mais recrutera 1000 CDD principalement affectés aux services entreprise, visant à fournir en main d’œuvre les entreprises locales.

Les services civiques y sont légion - 3 ou 4 par agence - malléables à l'envie, à qui l'on donne les tâches les plus dures avec un salaire de misère. Un agent de pôle emploi gère de 300 à 1000 dossiers de demandeurs d'emplois, selon que les demandeurs d'emploi sont considérés comme très éloignés de l'emploi (modalité renforcée), à guidée, ou méritant un simple suivi (plus autonomes et plus proches de l'emploi).

Il doit répondre pour ce portefeuille d'usagers aux mails arrivant 24h sur 24, en 72h maximum de délai d'attente. Et doit proposer au moins un rendez-vous tous les 6 mois pour les modalités suivi et bien plus pour les autres modalités, ce qui est en pratique irréalisable.

Les demandes de formation prennent parfois 3 ou 4 heures à être instruites, tant les dossiers sont complexes et doivent prévoir des cofinancements.

La pression est énorme. Mais au-delà du stress et de la charge de travail, la pénibilité vient de la dénaturation du sens du travail : il ne s'agit plus d'aider les chômeurs à trouver du travail (c'est de plus en plus délégué à des organismes privés de placement, comme les centres de formations).

Quant aux formations dignes de ce nom, il est loin le temps où on pouvait en proposer sur 3 ans et vraiment qualifiantes...

Il faut désormais faire illusion, contrôler, surveiller, punir, radier...

Les agents, les agences, les régions sont de plus en plus mises en concurrence les uns avec les autres en fonction d'indicateurs chiffrés renvoyant aux rendements les plus discutables: nombres de demandeurs d'emplois contrôlés, radiés...

On pratique à Pôle Emploi le "lean management": ça vient de Toyota, ou comment faire plus avec moins de moyens. Le maître mot est l'efficience ! Les radiations augmentent énormément ces derniers mois : ce sont souvent des équipes de volontaires, constituées de salariés de droit privé, complètement acquis aux valeurs impitoyables du "marche ou crève" et de la culpabilisation des chômeurs.

Ces équipes de contrôle radient sans jamais recevoir les demandeurs d'emploi, mais simplement en vérifiant derrière leurs écrans s'ils font assez de recherche ou pas. Les cibles privilégiées et les plus faciles : les personnes les plus âgées avec les réformes successives des retraites, nombre de personnes de 60-61 ans et bientôt plus se retrouvent obligées de s'inscrire à pôle Emploi pour toucher une allocation avant de pouvoir bénéficier de leur retraite, on compte aussi les handicapés, les invalides...

Quand on n'a pas de place pour quelqu'un d'handicapé en CAT, en ESAT, en atelier protégé, cette personne peut subir une double peine en étant radiée et en perdant ses allocations.

Conclusion...

"Macron n'en a rien à faire de ces gens là".

Moins de 50% des demandeurs d'emplois touchent une allocation de Pôle Emploi (d'autres ont le RSA, d'autres rien). Le recours accru à l'intelligence artificielle dans le calcul des droits rend de plus en plus difficile l'accès aux demandeurs d'emploi à un juste droit tel qu'il était calculé auparavant par les agents expérimentés de l'indemnisation, aujourd'hui remplacés par des machines.

L'inscription, même quand elle ne donne pas lieu à indemnisation, accorde néanmoins des garanties de protection sociale, l'accès aux contrats aidés. Bien sûr, le chômage réel reste beaucoup plus important que le nombre d'inscrits à Pôle Emploi. Les contrôles et radiations se font sur la base d'un premier tri de dossier que Pôle Emploi dit aléatoire, mais qui se base plus sûrement sur des signalements de collègues zélés. Les conseillers sont désormais clairement encouragés à faire de la délation. Notre informateur note qu'une partie des collègues, qui n'a plus la culture du service public, et qui est acquise aux crédos managériaux, assimilés sans aucun recul, se conduit de manière irrespectueuse avec les demandeurs d'emploi. L'humain est évacué, les propos plein de préjugés et parfois xénophobes ne sont pas évités chez certains. Les formations sur la déontologie vis à vis des demandeurs d'emploi qui étaient auparavant un préalable avant d'exercer ne sont plus incontournables...

De manière générale, les chômeurs allocataires sont infantilisés : on va faire la morale à quelqu'un qui a Bac + 5 et qui n'a pas trop envie d'aller ramasser des échalotes. On le menace de radiation. Dans un proche avenir pourrait d'ailleurs se généraliser le carnet de bord du chômeur sur internet : il devra lui-même s'auto-contrôler sous le regard de Big Brother : noter toutes les démarches qu'il fait pour trouver un emploi.

On se croirait dans le film de Ken Loach : « Moi, Daniel Blake... »

Les entretiens pour s'inscrire comme demandeurs d'emploi seront à terme réalisés sous forme d'informations collectives et non plus individualisés, ni centrés sur une recherche véritable d'orientation et de formation. C'est déjà le cas dans certains dispositifs expérimentaux, comme au Pôle Emploi de Carhaix.

Les directions territoriales, bras armés de Macron, incitent le management à rentrer dans les objectifs du chiffre à tout prix et des bonnes conduites néolibérales, et obligent les demandeurs d'emploi à passer toute une journée à Pôle Emploi à suivre des ateliers en groupe, qui ne répondent pas à leur demande individuelle.

A Cherbourg, on expérimente la suppression de l'accueil au public dans 2 agences de Pôle Emploi sur 3, celles-ci ne font plus que du back office: mail, visio, formation collective... Certains voient l'avenir des activités de Pôle Emploi sous la forme de "France service", le regroupement des activités CAF, Sécu, Impôts, Pôle Emploi avec un conseiller itinérant dans un bureau, la personne devant répondre à tout toute seule, premier guichet en prise avec les souffrances sociales, avec pour seule consigne de diriger le demandeur d'emploi sur internet pour y trouver les réponses à ses questions, sans tenir compte de la fracture numérique qui handicape beaucoup d'usagers...

Ces modes de management, la mise à distance de l'humain et du sens dans la relation aux employés de Pôle Emploi, comme aux allocataires, la remise en cause des salariés qui ne rentrent pas dans le rang et les plans de cadres obsédés par leurs bilans chiffrés, tout cela produit beaucoup de départs en pré-retraites et de ruptures conventionnelles à Pôle Emploi, parfois à 40-45 ans, ruptures conventionnelles que Pôle Emploi accepte facilement pour purger ses effectifs, et se purger d'éléments ne rentrant pas dans le nouveau cadre de l'activité. Les dépressions, burn-outs, les suicides ou tentatives de suicide se multiplient chez les salariés de Pôle Emploi, comme il y a 15 - 20 ans à France Telecom, au moins 17 suicides depuis 2014 pour "harcèlement moral" sur les salariés rien qu'en septembre 2017.

Un article est d'ailleurs paru sur une jeune conseillère harcelée par sa hiérarchie et dont les parents ont porté plainte après son suicide, elle ne sortait pas de chez elle sans avoir une corde dans son sac à main...

Les petits chefs décérébrés et obsédés par leur vision utilitariste du métier, la performance, le résultat font rage, mais derrière, c'est l'organisation du travail et les orientations du gouvernement avec les moyens attribués qui sont bien sûr en cause. La nature humaine, pas toujours très reluisante, s'engouffre dans les failles délibérément ouvertes par l'institution. Beaucoup d'agents avec une conscience sociale et humaine, formés à l'esprit du service public de l'emploi, vivent des conflits éthiques forts à travailler dans leurs établissements, ayant l'impression que leur boulot devient de plus en plus "sale", "aliénant", vide de sens, soumis aux nouvelles sémantiques paradoxales et peu compréhensibles de la novlangue du management qui tend à vampiriser les services publics. Euphémismes, antiphrases, paradoxes, néologismes déréalisant, tout est fait pour cacher cette misère que l'on ne saurait voir.

Voici un certain nombre de liens avec des articles édifiants sur la souffrance au travail à Pôle Emploi:

https://www.lanouvellerepublique.fr/chatellerault/des-questions-apres-une-tentative-de-suicide-a-pole-emploi

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/pole-emploi/suicide-pole-emploi-vise-par-une-enquete_2925177.html

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/pole-emploi/enquete-franceinfo-je-me-promenais-avec-une-corde-dans-le-sac-comment-la-souffrance-au-travail-a-gagne-les-rangs-de-pole-emploi_2919159.html

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/pole-emploi/temoignages-franceinfo-harcelement-surmenage-management-a-la-dure-des-agents-de-pole-emploi-nous-ont-confie-leur-malaise_2935729.html

Aujourd'hui, on donne des objectifs du type : contrôle de 33% des demandeurs d'emplois. Les radiations se font dans des centres locaux et non plus régionaux, fermés au public et avec des effectifs d'agents pour la plupart volontaires et à courte échéance sans information préalable au conseiller qui reçoit les demandeurs d'emploi. Les usagers sans ressources, illettrés, âgés ou handicapés se voient pénalisés dans leur accès aux ordinateurs et au numérique et sont lourdement impactés par les radiations. Des agents ont pourtant alerté sur les risques de suicides ou dépressions que courent les demandeurs d'emploi les plus fragiles, suite à ces contrôles. La Direction n'a pas répondu à ces alertes. En réaction, des comités de chômeurs ont envahi plusieurs centres de contrôle de recherche d'emploi en France et notamment à Rennes, pour manifester leur mécontentement.

Mes remerciements à cet agent de Pôle Emploi, syndicaliste, qui a accepté de témoigner de son expérience d'un univers de plus en plus "totalitaire" pour les salariés comme les usagers, comme dans bon nombre d'entreprises à gestion managériale néo-libérale, et de plus en plus brutal et vide de sens pour les chômeurs inscrits.

Évidemment, seules peuvent renverser la donne, des orientations politiques qui remettent l'humain, le travail pour tous et le partage du temps de travail contre le tout-marché et le tout profits privés!

Ismaël Dupont, 24 octobre 2019

Chômeurs, salariés de Pôle Emploi: la transformation d'un service public de l'emploi en machine deshumanisée soumise aux logiques néo-libérales
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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 05:58
Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF

Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF

En 6h de discussion, RT Erdogan et Vladimir Poutine ont "réglé le cas des Kurdes" pour mettre un terme à la construction démocratique du Rojava.

Ainsi, sans scrupule, l'invasion militaire turque en Syrie débouche sur un effroyable et cynique crime humain et politique sans que les dirigeants de nos pays - pourtant si loquaces d'ordinaire en matière de droits humains, démocratie ou liberté quand il s'agit de bombarder et occuper eux-mêmes l'Afghanistan, l'Irak ou la Libye - ne tentent quoi que ce soit pour stopper les troupes turques au Rojava.

L'opération odieusement nommée SpringPeace n'était qu'une entente (tacite?) entre Erdogan et Bachar al Assad pour écraser le Rojava et massacrer les Kurdes. L'un comme l'autre préfèrent encore mille fois leur ennemi utile Daesh, ils l'ont définitivement prouvé, à toute tentative démocratique et laïque.

L'histoire retiendra la monstrueuse complicité des dirigeants occidentaux avec les fascistes Assad et Erdogan, l'habileté toute aussi monstrueuse de Poutine, tous ayant su se servir adroitement d'un dangereux et incontrôlable président Trump qui leur a servi sur un plat en argent le Rojava, le peuple kurde et tout ce qui fait notre commune humanité.

Alors, Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, combien de temps encore la France va-t-elle dire que l'intégrité et la souveraineté territoriale de la Syrie est "sauvegardée"?
Va-t-elle rester dans cette coalition contre Daesh qui ne doit son unique victoire militaire qu'aux seuls YPG?
Va-t-elle rester dans une alliance politico-militaire, l'OTAN, dont la 2e armée - la Turquie - a violé impunément le droit international et procédé à un nettoyage ethnique?
Va-t-elle céder au chantage turc et abandonner de nouveau réfugiés, kurde et population syrienne alors que la Turquie a remis en selle Daesh et Bachar?
Va-t-elle se contenter d'"envier" et de mépriser Poutine alors qu'il aurait fallu une certaine intelligence diplomatique depuis bien longtemps pour briser l'entente Bachar-Poutine-Erdogan?
Croyez-vous réellement qu'"on" puisse en rester là, qu'Erdogan ne lorgne pas maintenant vers l'Azerbaïdjan?...

Vos lâchetés et calculs à 3 sous nous désespèrent mais nous ne nous laisserons pas abattre car nous avons le devoir, nous qui sommes à l'abri, nous qui aux creux des lits faisons encore des rêves, de poursuivre sans faiblir et d'amplifier la mobilisation et la solidarité internationale pour les Kurdes et les FDS, les populations du Rojava, le peuple syrien qui il y a 11 ans s'est levé pour la justice sociale et la démocratie, pour les peuples de Turquie qui tous les jours affrontent la haine, les tentatives d'humiliation et la répression des islamo-conservateurs de l'AKP d'Erdogan, pour les millions d'Irakiens qui luttent contre la misère, la corruption et l'ingérence étatsunienne comme iranienne, pour le peuple iranien qui n'a pas renoncé à la paix, à la démocratie et à la liberté, pour le peuple palestinien dont le droit à un État, aux côtés d'Israël, finira par l'emporter, pour le peuple libanais qui s'est levé pour la justice sociale et contre les affairistes au pouvoir, pour le peuple afghan que vous avez piétiné, pour les démocrates israéliens, pour le peuple yéménite sacrifié sur l'autel de vos ventes d'arme, pour les peuples et forces démocratiques du Bahrein et du Koweït constamment ignorés...

La responsabilité de la France ni de quelque pays, aussi puissant soit-il, que ce soit, n'est pas de décider à la place des peuples mais de soutenir leurs luttes pour l'émancipation. Non pas des déclarations mais par des actes. Nous saurons vous y contraindre.

"Dirigeants du monde, avait dit le précédent secrétaire général de l'ONU, êtes là pour servir les peuples", nous saurons vous le rappeler chaque jour, vous êtes au service du peuple et non l'inverse, qu'il s'agisse de la politique intérieure ou internationale.

Lydia SAMARBAKHSH
responsable à l'International du PCF
Paris, le 22 octobre 2019

RT Erdogan et Vladimir Poutine se mettent d'accord en 6h de discussion pour régler le "cas kurde" (Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF)
Informations du secteur international du PCF concernant l'invasion turque du Rojava:
[SÉNAT]

Pierre LAURENT est intervenu sur l'inoffensive militaire menée par la Turquie au nord-est de la Syrie: "L’heure n’est pas aux mots. Elle est à l’action, à la mobilisation, aux paroles qui résonnent en actes. Parce que la France ne peut pas assister au massacre que le pouvoir d’Erdogan veut perpétrer en laissant dire: «ils n’ont rien fait». Plus que jamais, tout doit être fait pour sauver nos amis kurdes et les populations installées ou réfugiées dans le Nord-est de la Syrie.

 

[ARTICLE]

Pour que vive le Rojava: Stop Erdogan!

La situation du Rojava est catastrophique. Les combats ont atteint un niveau de brutalité exceptionnel comme en témoignent le nombre de victimes civils et militaires et l'exode des 160 000 déplacés dont 70 000 enfants annoncés par l'ONU. Le Rojava pacifiste, féministe, démocratique et progressiste agonise entraînant dans sa chute une nouvelle phase de violence en Syrie, au Moyen-Orient mais aussi dans le monde. [LIRE LA SUITE...]

Article du secteur international du PCF paru dans CommunisteS du 16 octobre 2019.

[ASSEMBLÉE NATIONALE]

Jean-Paul LECOQ est intervenu le 15 octobre dernier sur la question de la place de l’OTAN dans l’invasion de la Turquie dans le nord de la Syrie: "Cette attaque insupportable est aussi le fruit d’une paralysie puisque dans le cadre de l’OTAN, les pays comme la France, l’Allemagne, les États-Unis ou la Turquie sont alliés. Donc on ne peut pas facilement intervenir contre son allié… Usurpant le multilatéralisme de l’ONU, empêchant l’Union européenne d’avoir une véritable politique extérieure indépendante, obligeant les États membres à donner beaucoup d’informations aux USA, sans compter l’obligation pour les États membres de dépenser 2 % de leur PIB pour leur défense, il faut en finir avec l’OTAN!"

[ARTICLE]

Pour l’honneur des Kurdes et le nôtre

La lâche décision de «l’égocrate» de la Maison Blanche de quitter le Kurdistan syrien pour laisser les mains libres au non moins «égocrate» d’Ankara affecte douloureusement tous les démocrates et partisans de la paix. [LIRE LA SUITE...]

Article de Patrick LE HYARIC, directeur de l'Humanité, paru le 15 octobre 2019.

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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 05:49
Commission européenne : Le choix de Macron de proposer Thierry Breton peut faire craindre le pire (Ian Brossat, porte-parole du PCF)
Commission européenne : Le choix de Macron de proposer Thierry Breton peut faire craindre le pire (Ian Brossat)

En remplacement de Sylvie Goulard, Emmanuel Macron a choisi de proposer la nomination de Thierry Breton comme membre de la Commission européenne en charge de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l'espace.

Après le rejet de sa précédente candidate par le Parlement européen, qui a valu au chef de l’État et à la France une véritable humiliation sur la scène européenne, celui-ci choisit un « grand patron », responsable de la privatisation et de la gestion catastrophique des ressources humaines de France Télécom, et ministre de la droite il y a près de quinze ans. Cette nomination serait entachée d’un risque de grave conflit d’intérêt, M. Breton étant PDG d’un groupe leader dans le secteur du numérique.

Avec ce choix, le Président confirme que ses pratiques politiques sont indécrottablement celles du vieux monde, et que ses regards se portent définitivement vers la droite la plus traditionnelle. Confier ce portefeuille stratégique à un membre du patronat fait craindre le pire en matière de réindustrialisation, de protection des salariés et de régulation des plateformes, enjeux capitaux pour notre avenir.

Aussi le PCF désapprouve-t-il ce choix inquiétant et forme le vœu que M. Breton reçoive le même accueil que Mme Goulard de la part des Parlementaires européens.

Ian Brossat, porte-parole du PCF
 
Paris, le 24 octobre 2019.
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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 05:44
Pour la libération immédiate de Georges Ibrahim Abdallah (Fabien Roussel, secrétaire national du PCF)

COMMUNIQUE DE PRESSE

Pour la libération immédiate de Georges Ibrahim Abdallah (Fabien Roussel)


La détention Georges Ibrahim Abdallah, le plus vieux prisonnier d’Europe, n’a que trop duré, il doit être libéré immédiatement après 36 ans dont 20 ans au-delà de sa peine incompressible et ce, au mépris de tout principe de justice d'un État de droit.

Georges Ibrahim Abdallah a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la Cour d’assises spéciale de Lyon en 1987, il était accusé de complicité dans l’assassinat de deux diplomates à Paris en 1982, l’Américain Charles Ray et l’Israélien Yacov Barsimentov. Toutes ces demandes depuis 1999, date depuis laquelle il est libérable, ont été rejetées ou cassées par décision du gouvernement français, exclusivement pour des motivations politiques.

En ce triste anniversaire, le PCF demande à nouveau instamment le respect des décisions de justice qui ont approuvé la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

Le gouvernement français doit rompre avec son allégeance aux pressions américaines et israéliennes transformant la justice française en instrument de vengeance, contraire à tout principe de droit dans notre pays.

Fabien Roussel
Député du Nord
Secrétaire national du PCF
 

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24 octobre 2019 4 24 /10 /octobre /2019 05:27

 

Le cessez-le-feu en vigueur depuis cinq jours a expiré mardi soir. Hier également, le président turc a rencontré son homologue russe. La tension est toujours vive, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées et la situation humanitaire s’aggrave.

 

1 pourquoi Recep Tayyip Erdogan s’est-il rendu à Sotchi pour rencontrer Vladimir Poutine ?

Le président turc tente de maintenir un savant équilibre entre les intérêts des deux principales puissances engagées sur le terrain syrien, les États-Unis et la Russie qui, de différentes manières, ont donné l’une et l’autre un feu vert pour son opération militaire. Mais, si les troupes américaines se retirent du nord-est de la Syrie où elles étaient stationnées, ce n’est pas le cas des Russes, dont les soldats sont bien présents. D’ailleurs, si Moscou a dit comprendre certaines des revendications d’Ankara, le Kremlin a en réalité freiné l’avancée turque, en encourageant un dialogue entre Damas et les Kurdes. Dès lors, Erdogan devait en rabattre. Il a fait venir le vice-président américain en Turquie pour annoncer un cessez-le-feu assez flou (les Turcs parlant de « pause » et les zones elles-mêmes prêtaient à confusion), mais s’est déplacé en personne en Russie. Toujours bravache, il déclarait avant de rencontrer Poutine qu’il s’agirait de désarmer des « terroristes », c’est-à-dire des Forces démocratiques syriennes (FDS), et laissait entendre que son armée (mais aussi ses supplétifs islamistes regroupés sous le nom d’Armée nationale syrienne) se déploierait sur un secteur frontalier long de 120 kilomètres et profond de 30 kilomètres en territoire syrien, entre les villes de Tall Abyad à l’ouest et Ras al-Aïn, à l’est. Le prétexte étant la création d’une « zone de sécurité », en réalité une façon de masquer le nettoyage ethnique programmé. Sinon, pourquoi ne pas avoir installé une telle zone de sécurité en territoire turc ?

Il en fallait plus pour impressionner Vladimir Poutine qui, dès le début de la rencontre, a asséné devant son homologue turc : « La situation dans la région est très grave », appelant à « trouver une solution même aux questions les plus difficiles ». La veille, un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, interrogé sur les pourparlers Poutine-Erdogan, précisait : « Pour nous, l’essentiel, c’est d’arriver à une stabilité durable de la Syrie et de la région, et nous considérons que ça ne sera possible qu’en rétablissant l’intégrité de la Syrie. » En un mot, pas un pouce de territoire syrien ne doit échapper au pouvoir central. Un avertissement qui s’adresse autant à la Turquie qu’aux représentants des Kurdes. Mais ces derniers sont en position de faiblesse politique et ne peuvent désormais faire valoir grand-chose. La Turquie, elle, partie prenante du processus d’Astana (devenu celui de Sotchi) avec la Russie et l’Iran, a de nombreuses cartes à faire valoir. Ce que sait très bien le président syrien Bachar Al Assad dont le pouvoir, s’il a été renforcé depuis l’intervention russe de l’automne 2015, reste encore fragile. D’autant que des discussions sont toujours en cours à Genève sous l’égide de l’ONU.

 

2 - Que signifie le déplacement, le même jour, du président syrien Bachar Al Assad dans la province d’Idleb ?

« La bataille d’Idleb est la base pour mettre fin au désordre et au terrorisme dans toutes les régions syriennes », est venu dire, sur le front même, le président syrien. C’est dans cette région du Nord-Ouest, en effet, que se sont regroupés tous les islamistes et les djihadistes battus dans les autres provinces et dominés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), qui s’apparente, par ses pratiques, à Daech. La province d’Idleb et des parties des provinces voisines de Hama, Lattaquié et Alep ont été pilonnées sans interruption par l’armée syrienne, soutenue par l’aviation russe, entre fin avril et fin août. L’armée arabe syrienne de Damas avait également amorcé une progression terrestre jusqu’à la trêve décrétée au mois d’août.

Le déplacement du président syrien ne doit rien au hasard. Il intervient quelques jours après le déploiement de son armée dans des secteurs du nord-est du pays, appelée à la rescousse par les forces kurdes après le lancement de l’offensive turque dans cette région. Il convient pour le raïs de montrer qu’il reste le leader du pays, mais surtout d’affirmer sa présence alors qu’un certain nombre de questions relevant de l’avenir du pays sont discutées sans lui par des puissances extérieures. Soucieux de ne pas s’isoler, il a lancé : « Nous sommes prêts à soutenir toute (…) résistance à l’agression turque », ajoutant que soutenir les Forces démocratiques syriennes dominées par les Kurdes « constitue un devoir constitutionnel et national indiscutable ».

 

3 - Que reste-t-il de la question kurde ?

Lorsque, à la mi-2012, le Parti de l’union démocratique (PYD) kurde installe une nouvelle administration dans le nord-est de la Syrie, qu’il appelle Rojava, une expérience nouvelle et détonante se met en place sur trois cantons : le gouvernorat de Hassaké, à l’extrême nord-est, région frontalière de l’Irak et de la Turquie ; le district de Kobané, sur la frontière turque, et celui d’Afrin, au nord-ouest du pays, lui aussi frontalier de la Turquie. Caractéristique de ce système : il est basé sur l’égalité des peuples, des communautés, des ethnies, des confessions et des genres. C’est cela que Recep Tayyip Erdogan veut détruire, car il a peur que cela fasse tache d’huile en Turquie. Contrairement à ce qui est affirmé, les Kurdes ne revendiquent pas l’indépendance mais une autonomie démocratique.

L’offensive turque a contraint les forces kurdes à faire appel à Damas, qui ne voit pas d’un bon œil politique cette expérience, sans doute trop démocratique. Mais, pour l’heure, les structures administratives mises en place ne sont pas remises en cause. Cela sera-t-il le cas dans l’avenir, lorsque le pouvoir central aura les moyens de prendre les rênes de ces cantons ? Il est trop tôt pour le dire. Mais la question kurde ne pourra pas disparaître des plans discutés pour la Syrie de demain. Ne serait-ce que par le lourd tribut versé par les Kurdes dans la lutte contre Daech. Pour le PYD, la tâche n’est pas mince lorsqu’on sait que, dès la formation d’un conseil de l’opposition dans le courant de l’année 2011, la question kurde n’était pas prise en compte. D’où l’insistance du PYD à pouvoir participer aux discussions en cours au niveau international.

 

4 - Que devient l’opposition syrienne ? Où en est le processus placé sous l’égide de l’ONU ?

Ces derniers mois, l’opposition syrienne a été bien aphone. En réalité, elle ne représente pratiquement plus que les intérêts de certains groupes soutenus par des puissances extérieures. À l’image de l’Armée syrienne libre, qui s’est fondue dans l’Armée nationale syrienne (ANS) créée, financée et armée par la Turquie, et dominée par les islamistes.

Des discussions devraient reprendre bientôt à Genève sous l’égide de l’ONU, notamment pour élaborer une nouvelle Constitution pavant la voie vers une transition en Syrie. Un comité de 150 personnes a été créé en ce sens, mais les discussions sont encore longues. Et il y a un absent de marque : le peuple syrien, qui avait manifesté pour des réformes profondes au printemps 2011 et dont plus personne ne demande l’avis mais au nom de qui tout le monde parle.

Pierre Barbancey

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24 octobre 2019 4 24 /10 /octobre /2019 05:25

 

Franck Gaudichaud est universitaire et copréside l’association France Amérique latine. Ce spécialiste du Chili considère que le soulèvement social traduit l’explosion du modèle néolibéral instauré par le général Pinochet. Entretien.

Coauteur de Chili actuel : gouverner et résister dans une société néolibérale (éditions L’Harmattan), Franck Gaudichaud souligne le rôle premier des jeunes dans la révolte actuelle.

 

La hausse du prix du ticket de métro a mis le feu aux poudres au Chili. Cette mesure, sur laquelle le président, Sebastian Piñera, est revenu, suffit-elle à expliquer l’ampleur du mécontentement ?

Franck Gaudichaud Si l’on regarde l’histoire récente du Chili, il y a eu une accumulation de mécontentements. Plusieurs analystes parlent de la goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase. La hausse du prix du ticket de métro est l’abus de trop qui a fait exploser la marmite néolibérale chilienne. Encore une fois, la jeunesse est à l’origine de cette révolte, comme en 2011 avec les étudiants, ou encore du mouvement féministe l’an dernier. Puis le mouvement s’est étendu de manière « transclasses » à de nombreux secteurs.

 

Pouvez-vous définir ce que vous entendez par « marmite néolibérale » ?

Franck Gaudichaud Les historiens parlent souvent du Chili comme du laboratoire du néolibéralisme en Amérique latine. Le pays a été le premier à expérimenter ce modèle économique dès 1975, sous la dictature du général Pinochet. L’un des drames de la démocratisation, qui a commencé dans les années 1990, est qu’elle n’a pas remis en cause le modèle néolibéral ; d’une certaine manière, elle l’a légitimé. C’est ce modèle social violent, inégalitaire qui est aujourd’hui en pleine ébullition. Le Chili est l’un des pays les plus inégalitaires de la région latino-américaine mais également de l’OCDE.

 

On parle également d’une crise institutionnelle liée à la Constitution chilienne. Qu’en est-il ?

Franck Gaudichaud Il y a une crise sociale au Chili, une crise de mal-être quotidien en raison des salaires extrêmement bas, et des services de base très chers parce que privatisés. Mais il y a également une crise politique et institutionnelle qui couve depuis longtemps. La Constitution en place a été édictée sous Pinochet, en 1980. Il y a eu des réformes constitutionnelles, mais très limitées. Le socle institutionnel de la démocratie est directement issu de la dictature. C’est un cas exceptionnel en Amérique latine où il n’y a pas eu d’assemblée constituante. L’explosion actuelle révèle que les partis, le système institutionnel, l’État, le modèle économique sont injustes, illégitimes et marqués par le sceau de la dictature.

 

État d’urgence, couvre-feu ou encore militarisation des rues… Les réponses du président s’expliquent-elles à l’aune de l’héritage dictatorial ?

Franck Gaudichaud Oui. Le dernier couvre-feu remonte à 1987. Il avait été instauré dans le cadre des luttes révolutionnaires contre le dictateur. Cela montre que la gestion politique de ce mouvement de la part du gouvernement est catastrophique. Il témoigne de l’incompréhension totale de ce qui se passe dans la société chilienne. Les mesures prises par Sebastian Piñera sont le signe d’une fuite en avant autoritaire, excessive. Il a été critiqué, y compris par des voix de droite, et contraint d’appeler tous les partis politiques à une rencontre nationale afin d’essayer de renouer avec la société chilienne.

 

Des organisations sociales telles que la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), le syndicat des enseignants, la coordination No+AFP, qui combat le système des fonds de pension privés, appellent à l’installation d’une assemblée constituante. Cette démarche peut-elle constituer une issue à la crise sociale et politique ?

Franck Gaudichaud La situation changera grâce aux mobilisations sociales, par le bas. Les grandes organisations ont eu du retard à l’allumage du mouvement. Les premières réactions ont été très timides. C’est vrai également de la gauche. Les appels de la Table d’unité sociale, où se trouvent ces organisations, sont positifs. Penser une issue à la crise revient à penser assemblée constituante et remise à plat du système de retraite, qui est aux mains des fonds de pension. C’est également, comme le dit le syndicat du métro, penser l’étatisation des transports à Santiago puisque le réseau de bus, lui, est privatisé. L’issue à la crise passe par la remise en cause de l’héritage néolibéral.

 

Un changement est-il possible dès lors que le modèle néolibéral est institutionnalisé, constitutionnalisé ?

Franck Gaudichaud C’est la question. Depuis la grande mobilisation étudiante de 2011, on s’interroge sur les fissures du modèle néolibéral. Certains pensaient qu’elles allaient s’élargir au point d’ouvrir une perspective post-néolibérale. Pour l’instant, on en est loin. Le Chili est face à une révolte urbaine, forte, violente mais sans perspective politique alternative concrète. L’État chilien est très consolidé, ainsi que les classes dominantes, qui sont fortes et unifiées. Pour renverser ce modèle, il faudra bien plus qu’une révolte urbaine, même si elle montre que la marmite est sur le point d’exploser.

Entretien réalisé par Cathy Dos Santos

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