Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 19:04
Malgré son parcours «exemplaire» depuis cinq ans en Bretagne, Alhassane Kaba est menacé d’expulsion (Zoé Boiron, Ouest-France, 17 mars 2024)
La réunion du comité de soutien aura lieu le samedi 23 mars à 11 h salle du rouallou à Pleyber Christ.
 
La pétition pour la régularisation d'Alhassane Kaba a recueilli déjà plus de 30 000 signatures.
 
 Aidez-nous à franchir le cap symbolique des 50 000 signatures le plus rapidement possible!!! 
 

Sandrine Corre nous présente le parcours de ce jeune homme, Alhassane Kaba, qui mérite largement sa place dans notre pays.

     Alhassane est un jeune réfugié guinéen de 21 ans.
Il a fui la Guinée à l'âge 14 ans, abandonné très tôt par sa maman, il n'a jamais connu son papa. Il a grandi dans la rue. Après un exil qui le fait passer par la Mauritanie, le Maroc, il traverse la Méditerranée sur un bateau, à la rame.
C'est ensuite l'Espagne, la France, Paris et enfin la Bretagne, au Cloître-Saint-Thégonnec, où il arrive en été 2019. Minorité contestée ; mais il n'y pas eu de recours engagé avant ses 18 ans. Alhassane a alors 16 ans. Il a une seule envie, étudier !
     Il ne sait pas bien lire et n'a jamais été à l'école. Il intègre en septembre le collège de Plounéour-Ménez en classe de 3ème où il ne cesse de travailler pour obtenir son brevet, avec une mention! Il intègre ensuite une seconde générale au lycée Tristan Corbière de Morlaix, c'est pas facile mais Alhassane bosse dur! Il choisit d'intégrer une première microtechnique, il enchaîne les stages, c'est une réussite à chaque fois. Alhassane s'intéresse à tout et s'intègre très vite. Il obtient son bac avec mention Bien.
Il cherche sans arrêt des petits boulots pour gagner un peu d'argent, pas simple sans papiers...

    Alhassane est solaire, d'une extrême gentillesse et il a de nombreux amis de tous les âges. Il vit en famille d'accueil et a un parrain et une marraine civils, depuis la cérémonie célébrée par le maire de PleyberChrist.
Depuis 6 mois, celle avec qui il a créé des liens depuis un bon moment devient sa petite amie.

     Malgré de nombreux et magnifiques témoignages Alhassane vient d'avoir un refus de sa demande de titre de séjour assorti d'un OQTF.
C'est l'incompréhension pour tous, il coche TOUTES les cases de l'intégration, il parle très bien le français, il a deux promesses d'embauche en poche, obtenues pendant ses stages (une entreprise de Morlaix et l'autre chez Enedis), il est scolarisé depuis son arrivée sans interruption. Il est toujours volontaire pour tout. Il a fait tant d'efforts que nous sommes révoltés par cette décision digne de Kafka.
Si Alhassane n'obtient pas son titre de séjour avec son sans faute, objectivement, qui l'obtiendrait ?

    L'avocate d'Alhassane lance cette semaine le recours contre la décision de la préfecture, ce qui, déjà, suspend l'obligation de quitter le territoire.
Nous l'aimons évidemment et il est inconcevable qu'il soit renvoyer en Guinée, un pays où il n'a plus de lien ni de projets. Plus de vie.
Sa place est ici ; sa vie est ici, avec nous, et nous nous battons pour qu'il réalise tous ses rêves.
Merci d'avoir pris le temps de lire son histoire

    Pour Alhassane Kaba, et son Comité de soutien constitué,

Ouest-France

Malgré son parcours «exemplaire» depuis cinq ans en Bretagne, Alhassane Kaba est menacé d’expulsion

Zoé BOIRON. Publié le

Ses proches vivent dans « la peur » de son expulsion. Alhassane Kaba, Guinéen de 21 ans, vit depuis cinq ans en pays de Morlaix. Pour avoir le droit de travailler en alternance, il a demandé un titre de séjour. Le 11 janvier 2024, la préfecture du Finistère lui a refusé et a émis une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Son entourage organise une réunion de soutien samedi 23 mars 2024, à Pleyber-Christ.

Alhassane Kaba, entouré de Sandrine Corre (à droite), chez qui il vit depuis 5 ans, d'Annaïg, 17 ans, sa petite amie, et des parents d'Annaïg, Hervé et Aurélie Bonthonneau, parrain et marraine civils d'Alhassane.

Alhassane Kaba, entouré de Sandrine Corre (à droite), chez qui il vit depuis 5 ans, d'Annaïg, 17 ans, sa petite amie, et des parents d'Annaïg, Hervé et Aurélie Bonthonneau, parrain et marraine civils d'Alhassane. | OUEST-FRANCE

Depuis cinq ans, Alhassane Kaba a fait un parcours « exemplaire » pour s’intégrer en France. Alors, le refus de titre de séjour, couplé à une Obligation quitter le territoire français (OQTF), émis par la préfecture du Finistère, le 11 janvier 2024, est un gros coup de massue. Et même bien plus que ça.

Aujourd’hui entouré d’une nouvelle famille, d’une petite amie, de nombreux amis et de professeurs témoins de sa réussite, Alhassane Kaba, 21 ans, risque de tout perdre. De voir tous ses efforts jetés en pâture.

Son entourage organise une réunion publique à Pleyber-Christ à 11 h, à la salle du Rouallou, près de l’Ehpad. « On est dans une démarche de sensibilisation, pas de revendication », précise Sandrine Corre. Alhassane Kaba vit chez elle depuis 2019. « Il est comme mon fils. »

Une pétition a été lancée. Elle réunit déjà plus de 31 400 signatures.

« Il a bossé comme un dingue »

Né en Guinée, Alhassane raconte avoir été abandonné par sa mère et ne pas connaître son père. Livré à lui-même, il n’a « jamais été scolarisé ». En 2018, il traverse, « à 15 ans et demi », la Méditerranée « à la rame, depuis Tanger » au Maroc. Il transite, selon son récit, par l’Espagne, puis le camp de migrants de la porte de la Chapelle à Paris « J’ai squatté, trimballé mes affaires… » décrit-il.

À Vannes (Morbihan), le Département refuse de reconnaître son statut de mineur isolé. En août 2019, on le guide vers l’association Les Utopistes en action, à Pleyber, qui lui donne des cours de soutien en français et en mathématiques.

Il intègre ensuite une classe de 3e au collège des monts d’Arrée de Plounéour-Ménez. « L’AVS (auxiliaire de vie scolaire) d’un ami a vu que j’étais motivé et m’a aidé. En même temps, je m’étais inscrit au club de lecture du collège. On devait faire des résumés de livre chaque semaine », raconte-t-il. « Il a bossé comme un dingue », se souvient Sandrine Corre. Alhassane Kaba obtient son brevet avec mention Assez bien.

Un parrain et une marraine

Lors de sa seconde générale au lycée Tristan-Corbière de Morlaix, il demande à réaliser trois stages. Il effectue le premier en informatique, auprès d’Hervé Bonthonneau. « J’ai eu l’indélicatesse de lui demander immédiatement son histoire et j’ai été bouleversé. » Le tuteur de stage devient un ami. « Il y a bientôt deux ans », Hervé et son épouse, Aurélie Bonthonneau, sont devenus parrain et marraine, au civil, d’Alhassane Kaba. Et il forme depuis quelques mois un couple avec leur fille, Annaïg, 17 ans.

Dans leur salon, une photo d’Alhassane et Hervé est épinglée, souvenir d’un road trip en Finistère à vélo. Il est aussi très proche de Romane, leur seconde fille, et de son petit ami, Ludovic : « On a des t-shirts en commun », glisse-t-il en riant. Sa belle-famille et famille d’adoption parlent d’un garçon « solaire », « qui s’accroche ». Il fait des ménages chaque semaine, quelques travaux de jardinage, payés en chèque emploi-service.

Aujourd’hui, ses proches vivent dans « la peur » de son expulsion. Les larmes montent aux yeux d’Annaïg : « Il est tellement optimiste. Je dois tenir pour lui, je ne veux pas être source de stress. »

Côté scolarité, le jeune homme a travaillé d’arrache-pied. Après une 1re et une Terminale en bac pro microtechnique, il décroche son diplôme avec mention Bien. Depuis septembre, il est inscrit en BTS au pôle formation de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) de Brest. Il obtient deux promesses d’embauche en alternance. Pour finaliser la procédure, Alhassane, formule donc une demande de titre de séjour, le 9 juin 2023.

Annaïg Bonthonneau et Alhassane Kaba sont en couple depuis quelques mois. "Il était souvent à la maison", à bricoler avec son père, sourit la jeune fille. | OUEST-FRANCE

À ce moment-là, il est toujours en situation irrégulière, mais est confiant. Face au refus, Alhassane Kaba se dit « déçu », mais « essaie de prendre du recul ».

Malgré près de 70 courriers de soutien d’élus, de professeurs et d’amis, l’arrêté préfectoral indique : « L’ensemble des attestations produites au dossier […] et sa scolarité suivie avec assiduité, ne sauraient suffire à démontrer une intégration dans la société d’une particulière intensité. » « Le récit de l’intéressé sur son parcours manquait de spontanéité », peut-on aussi lire. La préfecture pointe surtout un manque de documents pour prouver sa minorité, à son arrivée en France. « Son apparence staturo-pondérale, sa maturité et sa capacité de réflexion ne corroboraient pas » l’âge de 15 ans et demi.

Alhassane avait trente jours pour quitter la France. Son avocate, Me Lucie Clairay, a déposé un recours, ce qui suspend l’OQTF. L’affaire est désormais entre les mains du tribunal administratif de Rennes. L’audience est prévue le 17 avril. « Si ça ne marche pas, conclut Sandrine Corre, on saisira la Cour de cassation et la cour européenne des droits de l’Homme. »

Pétition : https://www.change.org/p/tous-en-soutien-à-alhassane

https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/malgre-son-parcours-exemplaire-depuis-cinq-ans-en-bretagne-alhassane-kaba-est-menace-dexpulsion-abb1e976-e468-11ee-b685-1479f5265e87

Partager cet article
Repost0
21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 18:17
21 mars 2024: Le Sénat vote contre le CETA à l'initiative du groupe communiste!
Partager cet article
Repost0
21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 18:07
Léon Deffontaines invité de la matinale de France Inter vendredi 22 mars à 8h20
Partager cet article
Repost0
20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 19:45
Partager cet article
Repost0
20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 15:46
Les camarades du PCF distribuent l'invitation au meeting de Léon Deffontaines et Fabien Roussel du 26 mars sur le marché de Roscoff ce mercredi 20 mars

Les camarades du PCF sur le marché de Roscoff ce mercredi matin. Très bon accueil pour nos trois mousquetaires du jour, avec l'invitation au meeting de Léon Deffontaines et Fabien Roussel à Quimper le 26 mars: Roland Bagnis, Marie-France Monery, et Lucienne Nayet.

Partager cet article
Repost0
20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 15:43
Distribution de A coeur ouvert, le journal santé du PCF, à l'hôpital de Morlaix ce mercredi 20 mars
Distribution de A coeur ouvert, le journal santé du PCF, à l'hôpital de Morlaix ce mercredi 20 mars

Distribution du A coeur ouvert, journal santé du PCF, à l'hôpital de Morlaix ce mercredi 20 mars. De bons échanges avec les personnels de l'hôpital et les patients.

Partager cet article
Repost0
20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 11:21
CETA : voter contre la ratification, c’est remettre à plat la politique commerciale européenne  (L'Humanité, 20 mars 2024)
CETA : voter contre la ratification, c’est remettre à plat la politique commerciale européenne

Nous publions la lettre ouverte adressée par les organisations mobilisées contre les accords de libre-échange en direction des sénateurs qui doivent se prononcer ce jeudi 21 mars.

Mesdames et Messieurs les Sénatrices et Sénateurs,
Le 21 mars prochain, vous serez amené·es à vous prononcer sur la ratification du CETA, cet accord de libéralisation du commerce et de l’investissement entre l’Union européenne et le Canada. Conclu en 2016, le CETA n’est toujours pas pleinement ratifié, ni en France ni au sein de l’UE, huit ans plus tard. La partie commerciale de l’accord, soit environ 90 % du texte, est pourtant entrée en application provisoire dès septembre 2017, sans que les parlementaires nationaux n’aient été consulté·es à ce sujet. La France fait partie des 10 Etats-membres de l’UE qui n’ont toujours pas pleinement ratifié le CETA. Le contexte actuel de crise agricole devrait nous permettre de compter sur vous.
Malgré vos demandes réitérées, notamment par le vote d’une résolution invitant le gouvernement à « envisager la poursuite de la procédure de ratification du CETA » le 15 avril 2021, les promesses de l’exécutif d’ouvrir les débats sur les risques de cet accord en inscrivant le CETA à l’agenda du Sénat sont restées sans lendemain. Cela a privé le Sénat, et le pays, d’un débat démocratique à son sujet. À ce jour, seule l’Assemblée nationale s’est prononcée sur le CETA, dans un vote précipité au milieu de l’été, divisant fortement la majorité présidentielle d’alors : le 23 juillet 2019, une majorité de députés n’ont pas voté en faveur de la ratification du CETA (211 contre et 77 abstentions contre 265 pour).
Le 21 mars 2024, vous avez donc l’occasion de vous prononcer enfin sur la ratification d’un accord qui n’est pas devenu « bénéfique » comme par enchantement comme voudrait le faire croire l’exécutif. Agiter quelques chiffres bien choisis pour illustrer des opportunités commerciales ne rend pas compte de la réalité des effets et des risques d’un tel accord de
libéralisation du commerce et de l’investissement sur le long terme.

Permettez-nous de vous en rappeler quelques-uns :
● Normes agricoles moins restrictives au Canada : Les normes négociées entre l’UE et le Canada sont moins restrictives que celles imposées aux agriculteur·rices français·es, créant un déséquilibre inacceptable. Le Canada par exemple utilise toujours plus de 40 molécules de pesticides interdites dans l’UE.
● Déstabilisation des filières locales : la mise en concurrence de systèmes productifs nationaux exerce nécessairement une pression à la baisse sur les prix agricoles et les normes des deux côtés de l’Atlantique
● Justice d’exception pour les multinationales : Le mécanisme de règlement des différends investisseur-État, bien que modifié, reste une menace pour la capacité des États à réguler dans l’intérêt public.
● Menace pour la démocratie : les mécanismes de coopération règlementaire et de règlement des différends investisseur-État donnent aux entreprises un pouvoir disproportionné sur les politiques publiques, au détriment de votre pouvoir en tant que parlementaires.
● Impacts sur le climat : les dispositions du CETA ne fournissent pas une protection adéquate contre les impacts négatifs d’un tel accord sur le climat, et le prétendu « Veto climatique » ne résout pas la question.
Voter contre le CETA ne signifie pas s’isoler et mettre fin au commerce transatlantique entre l’UE et le Canada, pas plus qu’isoler la France en Europe. Voter contre la ratification du CETA c’est ouvrir les conditions de possibilité d’une remise à plat de la politique commerciale européenne. Celle-ci ne doit pas continuer à faire de l’agriculture une monnaie d’échange, au détriment des agriculteurs et agricultrices, de la qualité de notre alimentation ou de notre souveraineté alimentaire. Nous devons pouvoir décider des règles que nous voulons dans l’UE, sans en être empêché·es par ces accords et/ou être menacé·es d’être attaqué·es par des multinationales canadiennes ou passant par leurs filiales au Canada.
Enfin, nous ne saurions conclure sans rappeler qu’il n’y a « ni commerce ni parts de marché sur une planète morte ».
Nous vous prions de recevoir, Mesdames et Messieurs les Sénatrices et Sénateurs, l’expression de nos sincères salutations.


Signataires

 

 
  • ActionAid France
  • Aitec
  • Alofa Tuvalu
  • Amis de la Terre France
  • Attac France
  • Bloom
  • CADTM France
  • CCFD-Terre Solidaire
  • Collectif national Stop CETA-Mercosur
  • Confédération Paysanne
  • CGT
  • Chrétiens Unis pour la Terre
  • Extinction Rebellion France
  • Greenpeace France
  • Fédération Artisans du Monde
  • Fondation Copernic
  • Fondation pour la Nature et l’Homme
  • FoodWatch
  • FNE
  • France Amérique Latine – FAL
  • FSU
  • Institut Veblen
  • LDH
  • Le Mouvement de la paix
  • MIRAMAP – Mouvement Inter-régional des AMAP
  • Nature et Progrès Fédération
  • Solidaires
  • WECF
  • ZE

 

Partager cet article
Repost0
20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 10:51
Le communiste Fabien Gay : « Si le Sénat vote contre le Ceta, ce sera un coup de tonnerre ! » (entretien Médiapart, 19 mars 2024)

Libre-échange : le Ceta, stop ou encore? Entretien

Le communiste Fabien Gay : « Si le Sénat vote contre le Ceta, ce sera un coup de tonnerre ! »

Le communiste Fabien Gay, à l’origine de l’inscription du Ceta à l’agenda du Sénat jeudi 21 mars, détaille la stratégie visant à faire échouer la ratification de cet accord de libre-échange avec le Canada. Pour lui, Emmanuel Macron ne pourra pas faire la sourde oreille si le texte est rejeté.

Pauline Graulle et Ludovic Lamant

Jeudi 21 mars, c’est lui qui sera le fer de lance de la bataille sénatoriale contre le Ceta, l’accord de libre-échange avec le Canada. Élu de Seine-Saint-Denis, le communiste Fabien Gay revient pour Mediapart sur la manière dont le groupe communiste a mis à l’ordre du jour parlementaire la ratification de cet accord, sept ans après l’entrée en vigueur provisoire de l’essentiel du texte.

Si – et l’hypothèse est très probable – le texte est rejeté par la gauche, les écologistes mais aussi par la droite Les Républicains (LR), jeudi dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg, le coup sera rude pour Emmanuel Macron. D’autant plus que se profilent des européennes à haut risque pour le camp présidentiel.

Mediapart : Pourquoi mettre aujourd’hui le Ceta à l’ordre du jour de votre niche au Sénat ?

Fabien Gay : Nous, les communistes, menons ce combat depuis très longtemps, notamment grâce à Patrick Le Hyaric, qui a beaucoup œuvré lors qu’il était eurodéputé [de 2009 à 2019 – ndlr] avec d’autres parlementaires de gauche et écologistes, comme Yannick Jadot et José Bové. En 2018, nous avions déjà demandé un débat pour faire un bilan provisoire. En 2021, nous avons déposé une résolution invitant le gouvernement à poursuivre le processus de ratification : elle a été adoptée l’unanimité. Mais Franck Riester, qui était alors ministre délégué au commerce extérieur, nous avait répondu avec dédain : oui, nous disait-il, cela arriverait, mais en attendant, il avait d’autres choses à faire…

On n’a pas besoin de traités de libre-échange pour commercer.

C’est donc après toutes ces interpellations, par oral ou par écrit, que nous décidons aujourd’hui de reprendre le projet de loi pour le soumettre au vote du Sénat. Ce n’est pas commun qu’un groupe d’opposition mette à son ordre du jour un projet de loi gouvernemental. Mais nous voulons que la démocratie puisse enfin s’exprimer parce que le gouvernement a jusqu’ici refusé de le faire, laissant le traité s’appliquer de manière provisoire sans achever le processus en bonne et due forme…

Pourquoi, d’après vous, le gouvernement a-t-il sans cesse repoussé le vote au Sénat ?

En 2019, et malgré le fait que La République en marche (LREM) avait alors une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, le vote sur le texte avait été extrêmement serré [il était passé à 26 voix près, les députés LR ayant voté contre – ndlr]. Le gouvernement savait donc que s’il l’inscrivait à l’ordre du jour du Sénat, où les LR sont largement majoritaires, il allait tout droit à l’échec.

Mais on ne peut pas avoir des traités de deuxième génération, qui touchent les intérêts nationaux [parce que le Ceta intègre un mécanisme de protection des investissements privés – ndlr], et voir un traité s’appliquer depuis sept ans sans avoir ne serait-ce qu’un débat au Parlement !

Ces sept ans d’application permettent de faire un premier bilan de l’accord. Le Ceta a profité, semble-t-il, à des filières agricoles françaises, comme le vin ou le lait… Est-ce raisonnable de revenir dessus aujourd’hui ?

D’abord, on n’a pas besoin de traités de libre-échange pour commercer ! Par ailleurs, ces traités ont été établis pendant les années 1990 dans des conditions très opaques. Plus fondamentalement, notre volonté est de faire chuter le Ceta, pas d’arrêter de commercer et de se replier sur soi-même.

Seul un vote « contre » du Sénat permettra de remettre à plat les choses.

En revanche, nous ne voulons pas de la compétition entre travailleurs. Nous voulons des modes de coopération. Or, le Ceta, le Mercosur, ou encore le traité avec la Nouvelle-Zélande, créent tous de la concurrence déloyale pour nos agriculteurs. La crise sociale et environnementale extrêmement forte nous repose par ailleurs des questions sur les moyens de produire, de consommer, de se déplacer.

Le gouvernement insiste sur les clauses miroirs, un concept qui a été à maintes reprises avancé par Julien Denormandie [ministre de l’agriculture de 2020 à 2022 – ndlr]. Mais ces clauses miroirs ne sont pas inscrites dans ce traité. Donc c’est une illusion de faire croire que nous arriverons à les faire entrer sans rapport de force politique. C’est pourquoi seul un vote « contre » du Sénat permettra de remettre à plat les choses.

Mais que dites-vous des bénéfices pour certaines filières en France ?

Les chiffres avancés par le gouvernement sont en valeur absolue, et largement gonflés par l’inflation. Le problème, ce n’est de toute façon pas tant les barrières douanières que les barrières non tarifaires qui, elles, concernent les investissements dans les entreprises, dans les services publics, et qui viennent donc à ce titre toucher nos normes sociales et environnementales. Elles mettent aussi en place les tribunaux arbitraux privés qui permettront demain à une multinationale qui verrait ses intérêts contrecarrés par de nouvelles normes sociales ou environnementales de pouvoir faire condamner des États.

Des partisans du Ceta font valoir que la crainte de voir la viande bovine canadienne inonder le marché français ne s’est finalement pas réalisée.

Il est vrai que, pour l’instant, il y en a peu qui entre car les filières de bœuf aux hormones – pour le dire vite – ne sont pas ou peu structurées. Par ailleurs, aujourd’hui, les filières canadiennes sont extrêmement exportatrices vers la Chine. Mais on sait que d’ici quelque temps, les Canadiens seront en capacité de se tourner vers le marché européen.

La droite sénatoriale pourrait voter contre le texte, jeudi. Pascal Allizard et Laurent Duplomb, les deux rapporteurs LR du texte, ont d’ailleurs déposé des amendements de suppression… Qu’en dites-vous ?

Nous espérons qu’une majorité votera contre. Quant à l’initiative d’Hervé Marseille [du groupe centriste – ndlr], qui va tenter de sauver le texte gouvernemental en déposant une motion de renvoi en commission en disant qu’il faut le temps d’étudier, nous lui répondons que si nous avions vraiment voulu débattre ou travailler sur ce texte, nous avions le temps en sept ans ! Je crois qu’il y aura, jeudi, une majorité pour enterrer cette tentative de diversion.

Que se passe-t-il si le Sénat vote contre le texte ? Les communistes de l’Assemblée s’engageront-ils à mettre une nouvelle fois le texte au vote lors de leur prochaine « niche » au Palais Bourbon ?

Je ne veux pas parler à la place des députés mais je suis convaincu que le groupe GDR [le nom du groupe communiste à l’Assemblée – ndlr] regardera cette possibilité avec attention.

Mettre le Ceta à l’agenda à quelques mois des européennes, est-ce un moyen pour les communistes de se faire entendre sur un sujet européen alors que vous n’avez plus de députés à Bruxelles depuis 2019 ?

Nous avons déposé le texte en décembre, avant même que n’éclate vraiment la crise agricole. Aujourd’hui, l’arrivée du texte au Sénat oblige chacun et chacune à clarifier ses positions avant les européennes. On espère qu’il poussera pour un grand débat national en France et que tout le monde se positionnera, y compris sur le Mercosur, sur la pertinence de signer des accords à tour de bras.

Si le Sénat vote contre le Ceta, ce sera un coup de tonnerre qui débordera en France, mais aussi dans l’Union européenne et outre-Atlantique ! D’où les manœuvres du gouvernement et des lobbys pour empêcher cela. En 2020, le Parlement chypriote avait refusé lui aussi de voter pour le Ceta. Mais le vote du Sénat français aura une tout autre dimension. Le gouvernement ne pourra pas rester sourd à ce qu’il va se passer jeudi.

Et pourtant, il peut faire comme si cela n’avait pas existé…

Oui, il peut faire comme à Chypre : ne pas notifier le vote à la Commission européenne et attendre une nouvelle Assemblée plus favorable pour refaire le vote. Après, tout cela pose une question démocratique : soit le gouvernement décide une nouvelle fois de traiter le Parlement comme un paillasson et s’essuie les pieds sur la volonté populaire, soit il prend en compte ce vote, qui sera un vote fort, et décide de renégocier un certain nombre de choses qui vont vers le moins-disant social et environnemental.

Partager cet article
Repost0
19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 06:00
Collecte solidaire pour l'école alternative des Monts d'Arrée

Contact pour la collecte pour les camarades et sympathisants du PCF Morlaix qui ne pourront pas se déplacer au Super U: dupont.ismael@yahoo.fr

Partager cet article
Repost0
18 mars 2024 1 18 /03 /mars /2024 06:13
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024
Bilan de mi-mandat des élues régionales du groupe Communistes et progressistes à la Région Bretagne à Pont-de-Buis ce samedi 16 mars 2024

C'était le rendez-vous de bilan de mi-mandat dans les départements ce samedi 16 mars avec les élues régionales communistes (accompagnées par la députée de la circonscription PS Mélanie Thomin et par la conseillère départementale du canton communiste Isabelle Maugeais) pour un échange sur leur travail à la Région Bretagne, dans le cadre du groupe communiste et Progressistes et de leurs délégations.

Au programme, le plan de résilience de l'eau, la protection des espèces, la défense du système de soins contre la politique du gouvernement qui laisse la situation se dégrader (avec Delphine Alexandre, vice-présidente à la région en charge de la politique de l'eau, de la santé, du Morbihan), la politique pour jeunesse avec le conseil régional des jeunes, le plan breton de mobilisation pour les jeunesses (avec Gaby Cadiou, des Côtes d'Armor), la politique de la ville et notamment le soutien aux investissements dans les quartiers prioritaires, les mobilités et les transports (avec Gladys Grelaud, du Finistère).
Quel travail ! Merci à nos élues régionales de faire un retour de leur activité d'élues à la Région auprès des adhérents et des citoyens.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011