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En passant par les Cévennes
Sur la Corniche des Cévennes, à mi-chemin entre Florac et Saint Jean du Gard, juste au-dessus de la petite commune de Saint Roman de Tousque, un parking sur la crête. S’offre à nous un point de vue magnifique sur la succession de chaînes et vallées Cévenoles. Une table d’orientation panoramique nous guide, et tout à côté... une stèle à la mémoire de la Résistance de la seconde guerre mondiale !
Rien d’extraordinaire, me direz-vous, sauf que, Ô surprise, sur la stèle qui comporte une cinquantaine de noms, ce sont majoritairement des noms … Allemands ! 31 au total qui, de Norbert Beisäcker à Karl Trinka en passant par Otto Kühne (1) ou encore Hermann Mayer voisinent avec 19 noms Français ainsi que des noms Russes et Espagnols.
La stèle est érigée juste en face du théâtre de leurs actes de bravoure contre l’occupant Nazi. C’était sur les contreforts de la Picharlarié sur la commune de Moissac vallée Française, où était basé le réseau de Résistance Bir Hakeim. A celui-ci s’était joint le réseau de résistance Montaigne basé, lui juste derrière, de l’autre côté de la crête au lieudit Galabartès en la commune de Saint Germain de Calberte, et composé d’antinazis étrangers, surtout Allemands, réfugiés en Cévennes.
Les Allemands antinazis, sont souvent des anciens combattants des Brigades internationales de la guerre d'Espagne et membres du Parti communiste allemand (DKP). Ils avaient fui l’Allemagne nazie dans les années trente. C’est donc tout naturellement, leur idéal communiste et internationaliste chevillé au corps, qu’ils s’étaient engagés sans hésiter et sans réserve dans la Résistance en France lors de l’occupation par les troupes Allemandes.
Belle œuvre de mémoire qui rappelle que l’idéologie nazie n’avait pas « contaminé » la totalité du peuple allemand, même s’il était difficile d’y résister au quotidien en Allemagne. Cela nous renvoie aussi au chef d’œuvre de Anna Seghers « Das Siebte Kreuz » (2) qui expose admirablement la situation des opposants, notamment communistes, dans la montée du nazisme, et où l’auteure nous montre que dans les circonstances les plus sombres, la dictature nazie n’est pas parvenue à éteindre l’idéal révolutionnaire et la solidarité ouvrière.
Une saine réhabilitation, donc, des actions antifascistes menées par des citoyens Allemands en nombre plus important qu’on ne le pense généralement. Cela fait chaud au coeur et nous assure que, même dans les moments de doute, la flamme brûle toujours et que, oui certainement, l’Internationale sera le genre humain !
Roger Héré
(1) ancien député communiste au Reichstag
(2) La septième croix, à lire !
« L’école va mal, elle ne réduit plus les inégalités, elle n’attire plus les vocations ». En faisant ce constat, Emmanuel Macron entend masquer que sa politique durant 5 ans n’a fait qu’accélérer la crise de notre système éducatif.
A la pénurie de vocation, il répond par l’embauche de contractuels, l’abaissement du niveau de recrutement et la réduction de la formation des futurs professeurs.
Aux difficultés de l’enseignement professionnel, parent pauvre de l’éducation, il répond par la mise en concurrence.
Pour résoudre les inégalités de réussite, il veut réduire aux « fondamentaux » les efforts à fournir.
C’est la mise en œuvre d’une école a minima qui se poursuit.
Le PCF porte un projet radicalement différent : redonner à l’Education nationale les moyens de faire réussir tous les jeunes, d’élever le niveau de connaissance de toute une classe d’âge avec une culture commune de haut niveau tout en s’attaquant aux causes des inégalités sociales de réussite scolaire.
A terme, nous voulons rebâtir une école faite pour l’enfant qui n’a que l’école pour apprendre et se construire.
Nous proposons l’embauche de 30.000 enseignants pour répondre aux besoins immédiats de cette rentrée en engageant le pré-recrutement en licence d’enseignants qui seront titularisés à bac + 5 et recevront une formation complète, à la hauteur des défis qui sont face à l’école.
Nous proposons également :
une revalorisation salariale qui prenne en compte l’inflation et le rattrapage du point d’indice resté gelé depuis près de 15 ans.
L’abandon de Parcoursup et l’embauche de 10.000 enseignants chercheurs pour que chaque bachelier accède au cursus de l’enseignement supérieur de son choix.
Un plan de titularisation des AESH qui remplissent des missions essentielles pour l’accueil de tous les élèves.
Un plan national de rénovation et construction de bâtiments scolaires en lien avec les collectivités.
L’inquiétude est grande en cette rentrée parmi les personnels et les parents d’élèves et les mesures annoncées, marquées par la logique libérale et sélective du quinquennat précédent, auront les mêmes conséquences. Nous serons de toutes les mobilisations des personnels de l’éducation, des parents d’élèves, des lycéens et étudiants, à commencer par celles et ceux de l’enseignement professionnel directement visés par le Président de la République.
Alors que le cours du baril de brent est redescendu sous son niveau d’avant la guerre en Ukraine, les tarifs de l’essence et du gazole ont, eux, mis du temps à diminuer, malgré la ristourne de l’État. À qui profite la manne ?
Les automobilistes comptent les jours. Ce jeudi, les prix à la pompe dégringolent de 12 centimes. C’est, en effet, le 1er septembre que la ristourne gouvernementale passe de 18 centimes à 30 centimes, selon un décret publié mardi dernier. Un répit temporaire, sans doute insuffisant, pour les automobilistes, en espérant que, d’ici la fin de l’année, l’envolée des prix de l’or noir s’estompe. Les économistes interrogés se gardent bien de prévoir la suite des événements.
Certes, « la hausse de l’offre de pétrole, liée à l’augmentation de la production de l’Opep (Riyad en tête), et la hausse des exportations étatsuniennes qui puisent dans leurs stocks ont pour effet de relâcher la tension sur les prix », analyse Valérie Mignon, conseillère scientifique au Centre français d’étude et de recherche en économie internationale (Cepii).
Idem côté demande, puisque « les inquiétudes sur le ralentissement de la croissance mondiale et, tout particulièrement, de la Chine, deuxième pays le plus consommateur de pétrole au monde », tirent les prix vers le bas. Mais, pour combien de temps ? La décision d’imposer, d’ici la fin de l’année, un embargo sur plus de 90 % du pétrole russe importé en Europe pourrait de nouveau tendre le marché.
L’inquiétude des rouleurs du quotidien est d’autant plus forte que, cet été, malgré la chute des cours du brent (l’indice du pétrole), les prix des carburants ont baissé moins rapidement que ceux du pétrole. La semaine dernière, les prix du gazole ont même stoppé net leur décrue pour poursuivre leur ascension (voir infographie).
Ainsi, en l’espace de six mois, soit juste avant le début de la guerre, le prix d’un litre de sans-plomb 95 s’est stabilisé à la pompe autour de 1,80 euro le litre. Sauf que, décompté de l’aide gouvernementale, ce même tarif a, en réalité, progressé de 18 centimes et reste encore nettement supérieur à son niveau d’avant le début de la guerre
Pour le gazole, l’atteinte au porte-monnaie est encore plus importante puisque, ristourne étatique comprise, le gazole a atteint, le 25 août, 1,95 euro contre 1,71 euro six mois auparavant. S’il existait un lien direct entre le prix du pétrole brut et celui des carburants, l’essence ou le gazole devrait à nouveau coûter le même prix qu’en février de cette année.
Même à son pic le plus élevé, le cours du brent n’a pas battu ni approché les 147,50 dollars, son record de 2008. Or, à l’époque, le diesel à la pompe se payait moins de 1,50 euro et l’essence SP95 un peu plus de 1,60 euro… Pour comprendre pourquoi les pétroliers explosent les bénéfices et les automobilistes trinquent, il est nécessaire de décomposer le prix du litre de diesel ou d’essence à la pompe.
« La hausse des prix à la pompe est presque automatique. Dans l’autre sens, la transmission de la baisse des cours du baril est moins sensible », fait remarquer Valérie Mignon. À cela deux explications principales : « La première vient des distributeurs. En cas de hausse – du fait de la faiblesse de leurs marges – ces derniers ne peuvent pas maintenir durablement leurs prix inchangés puisqu’ils subiraient alors des pertes trop importantes », explique cette spécialiste de la filière.
Alors qu’à l’inverse « les distributeurs peuvent avoir un comportement stratégique en différant la répercussion de la baisse du prix du brut sur les prix à la pompe en jouant sur le manque d’information de la part des consommateurs ». Ainsi, selon une étude de la Banque de France, il faudrait environ trois semaines pour qu’une variation à la baisse des prix de gros se répercute à la pompe.
L’autre explication est « liée aux coûts d’ajustement des stocks ». Ainsi, « lorsque le prix du baril diminue, la demande de carburants augmente, ce qui a pour conséquence de diminuer les stocks lors de la période d’ajustement de la production. Le déstockage étant coûteux, la baisse observée des prix à la pompe n’est que partielle en comparaison à celle du prix du baril, car les prix à la pompe doivent prendre en compte le coût du déstockage ».
Un autre facteur permet d’expliquer cette différence de courbe. Sur le marché du pétrole brut, les échanges se font en dollars et non en euros. Or, « la dépréciation de l’euro face au dollar (16 % en un an – NDLR) a pour conséquence que la baisse des prix du carburant affichés en euros est moins forte que celle observée du prix du baril affiché en dollars », note Jamal Bouoiyour, économiste à l’université de Pau, spécialiste des questions énergétiques.
En 2008, par exemple, 1 euro s’échangeait contre 1,60 dollar. Aujourd’hui, un euro égale un dollar. Cette dépréciation reflète en partie la forte appréciation du dollar, car l’euro se maintient mieux avec la plupart des autres devises. Mais cette nouvelle différence de change ajoute pour l’automobiliste de l’inflation à l’inflation.
Un autre déterminant du prix est majeur. À savoir le coût lié à l’activité de transformation du pétrole brut en essence, gazole, appelé le coût du raffinage. « La guerre en Ukraine et les sanctions envers la Russie ont provoqué une explosion de ces marges », explique Valérie Mignon.
Pourquoi ? Selon le Cepii, 25 % de nos importations de gazole proviennent de Russie. « Les sanctions à l’égard de la Russie ont conduit à une baisse drastique des importations en provenance de ce pays. Cette perte de la capacité de raffinage russe n’a pas été compensée par d’autres capacités ailleurs, le secteur étant déjà en situation de pénurie bien avant le déclenchement du conflit. Cela s’explique par un manque d’investissement des compagnies pétrolières dans leurs capacités d e raffinage et par des tensions entretenues par ces mêmes compagnies sur le marché du raffinage. »
Entre 2010 et 2020, par exemple, le nombre de sites de raffinage a diminué de 13 % dans le monde. « En France, il ne reste que six raffineries – trois exploitées par Total, deux par Esso et une par Petroineos », liste, de son côté, Jamal Bouoiyour. « Ce manque de capacités a alimenté la hausse des prix des carburants, conduisant à une explosion des marges. De 30 euros la tonne en janvier, celle-ci est passée à… 140 euros », poursuit l’économiste.
Ainsi, ce deuxième trimestre, les profits des cinq majors du pétrole ont atteint 62,4 milliards de dollars – soit l’équivalent du PIB de la Bulgarie –, dont 5,7 milliards de dollars pour le seul TotalEnergies. Le géant français a vu son résultat multiplié par 2,6. Selon les professionnels, la rentabilité des raffineries s’obtient lorsque la marge réalisée est de 30 euros par tonne de pétrole. À partir de 2015, avec 52 euros par tonne, les marges ont commencé à augmenter jusqu’en 2019. Comment ? « En réduisant leur capacité de raffinage », explique Jamal Bouoiyour. « Ce qui a eu comme résultat de tendre le marché et donc d’augmenter les marges. »
Parce qu’elle pèse 60 % du prix, la fiscalité est le premier facteur d’augmentation des prix à la pompe. Certaines des taxes « sont indépendantes des fluctuations du cours du baril », poursuit l’économiste du Cepii, comme la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (Ticpe) gelée depuis 2018. En revanche, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) évolue en même temps que la hausse des cours.
Ainsi, sur un litre d’essence à 2 euros le litre, la TVA atteint environ 20 centimes le litre, alors qu’avec un litre à 1,50 euro, les recettes de TVA pour l’État s’élèvent seulement à 15 centimes le litre. Ce prélèvement est d’autant plus élevé qu’il s’applique sur la somme globale (en prenant en compte la Ticpe). « C’est pour ainsi dire une taxe sur la taxe », résume Jamal Bouoiyour. Depuis le début de l’année, cette hausse a généré environ 2 milliards de recettes supplémentaires pour l’État. Un surplus qui sert à payer les baisses à la pompe de 18 puis 30 centimes sur le litre de carburant.
Violences sexistes En 2021, le ministère de l’Intérieur a dénombré 122 féminicides, soit 20 % de plus qu’en 2020. Ce retour à des chiffres d’avant le confinement montre le peu d’effet de la « grande cause nationale » décrétée par l’exécutif.
Le compte n’y est toujours pas. Cinq ans après le discours d’Emmanuel Macron faisant de l’égalité hommes-femmes la grande cause du quinquennat, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint en 2021, selon le rapport publié le 26 août par le ministère de l’Intérieur. Ce chiffre, qualifié de « glaçant » par Isabelle Rome, la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, est en hausse de 20 % par rapport à 2020, année marquée par le confinement et les couvre-feux. Il retrouve en revanche un ordre de grandeur similaire à ceux d’avant le Covid : 146 en 2019, 121 en 2018, 130 en 2017. « Malgré les efforts sans précédent engagés par l’État ces cinq dernières années, les féminicides restent à un niveau trop élevé », a dû admettre la ministre.
Circonstances et profil des auteurs comme des victimes restent inchangés d’une année à l’autre. L’homme qui tue sa conjointe est « le plus souvent en couple, de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans ou de 70 ans et plus, et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle ». Le passage à l’acte est motivé par une dispute (31 cas), une séparation non acceptée (27 cas), la jalousie (25 cas) ou la maladie de la victime (21 cas) – qui, après 70 ans, devient la cause principale. Le meurtre, perpétré au domicile conjugal dans l’immense majorité des cas (78 %), est le plus souvent commis avec une arme blanche dans 37 cas, arme à feu dans 44 cas.
L’étude souligne en creux l’incapacité de l’État à protéger les femmes, même quand les autorités ont été alertées. Deux victimes seulement faisaient l’objet d’une ordonnance de protection au moment du meurtre, alors que plus de la moitié des 32 % de femmes ayant subi des violences antérieurement les avaient signalées à la police et que, parmi elles, 84 % avaient porté plainte. La même négligence est observée du côté des meurtriers : un seul conjoint était sous contrôle judiciaire au moment de son passage à l’acte, alors que « dans 25 % des cas, l’auteur est connu des services de police et de gendarmerie pour avoir commis antérieurement des violences (36 auteurs), dont 75 % pour des faits de violences conjugales commis sur la victime et/ou une ex-partenaire (27 auteurs) ».
Ces chiffres montrent les limites du Grenelle contre les violences conjugales organisé par le gouvernement en 2019. Les mesures adoptées à ce moment-là « n’ont pas été assez budgétées, elles ne peuvent pas être déployées partout : il n’y a pas assez de bracelets anti-rapprochement, ni de téléphones grave danger pour protéger les femmes », explique Pauline Baron, du collectif féministe #NousToutes. Alors que des adolescentes figurent dans ce décompte macabre, les organisations féministes pointent en outre l’absence, à l’école, de programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle. Pour réduire les violences, il est urgent de donner aux jeunes filles des armes pour contrecarrer l’image du couple, encore trop souvent véhiculée, dans laquelle amour et possession se confondent.
Dans son intervention à l’Université d’été à Strasbourg, samedi 27 août, Fabien Roussel évoque longuement la situation internationale, la crise énergétique et la crise climatique, la question des transports aussi. Extraits ci-dessous de la dernière partie de son propos sur les enjeux politiques de la rentrée.
Notre projet de société, ce n’est pas seulement de résister en désobéissant au capital, à ses relais institutionnels ou économiques. Nous voulons que les travailleurs et les classes populaires comme les classes moyennes, les peuples, s’approprient les pouvoirs partout où c’est nécessaire pour imposer les changements indispensables. Vous savez ce que ça signifie. Il va falloir se mobiliser. Beaucoup. Car le camp libéral, majoritaire en France au Parlement, avec le soutien de l’extrême droite, prépare un tour de vis violent pour les Français. Violent pour les familles populaires, pour la jeunesse, violent pour les services publics dont nous avons pourtant un impérieux besoin, violent pour le monde du travail et de la création.
Le besoin de résistance à cette politique et le besoin d’espoir, d’alternative est plus urgent que jamais pour redresser le pays. Nous y parviendrons à la seule condition que toutes les forces vives du pays qui ont intérêt au changement se mettent en mouvement. Car là se trouve la majorité politique de demain.
Comme ils l’ont fait au plus profond des années noires, avec le programme des Jours heureux, les communistes engagent aujourd’hui toutes leurs forces pour rassembler toutes les forces sociales qui ont intérêt à rompre avec les logiques capitalistes autour de la perspective d’une nouvelle République, sociale, démocratique, laïque et universaliste, qui donne enfin les moyens à la majorité de la France de décider enfin de son avenir, grâce à de nouveaux pouvoirs d’intervention et de décision.
C’est pourquoi, en cette rentrée, je lance un appel à toutes ces forces, aux forces de gauche, aux forces syndicales et associatives. À toutes et tous, je dis : construisons ensemble ce grand mouvement populaire, social et écologique, dont la France a besoin. Regardez d’ores et déjà le mouvement des travailleurs britanniques qui grandit outre-manche. Un mouvement exceptionnel quand on sait les freins à la grève dans ce pays.
Une mobilisation qui montre la force de l’action collective avec l’engagement récent des dockers qui rejoignent les cheminots, les postiers, les éboueurs, les avocats, les employés de l’opérateur télécom BT ou encore de nombreux salariés de la logistique. Certains de ces secteurs n’étaient pas entrés en grève depuis plus de vingt ans.
En France aussi nous avons besoin que le peuple, les travailleuses et les travailleurs, s’en mêlent ! C’est pour cette raison que les communistes soutiennent fortement les journées de mobilisation des 22 et 29 septembre décidées par plusieurs organisations syndicales. J’appelle les communistes à s’investir pleinement pour la réussite de ces deux journées qui marqueront une première étape indispensable de la mobilisation.
Comme je l’ai dit hier, travaillons ensemble, force de gauche et mouvement social, à une réforme progressiste des retraites et obtenons un référendum pour que les Français puissent choisir entre une réforme des retraites justes, sociale, féministe, et une réforme des retraites dures, allongeant le temps de vie au travail, triste pour l’avenir de nos enfants.
L’heure est à la construction d’un mouvement populaire inédit pour l’éradication du chômage, pour un travail et un salaire digne, pour le déploiement de la République partout et pour toutes et tous, avec le développement des biens communs que sont le climat, la santé, l’éducation, la culture, par de grands services publics et la grande paix humaine.
Et si nous voulons qu’un tel mouvement obtienne des avancées, nous devons montrer que les richesses existent et nous voulons reprendre le pouvoir dessus, sur leur production, sur leur répartition. Nous voulons nous réapproprier nos moyens de production, reconquérir notre souveraineté économique et même politique en nous délivrant des règles terribles de la concurrence libre et non faussé imposée par les traités européens.
Le monde du travail, les salariés doivent participer aux décisions dans les multinationales, dans les banques, dans les secteurs stratégiques de l’économie de l’utilisation de l’argent, qu’il s’agisse des profits des entreprises, des dépenses publiques ou encore du crédit bancaire.
C’est aussi comme cela que nous serons terriblement efficaces pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscale qui continuent de piller notre économie. Exigeons toute la transparence dans la comptabilité de ces grands groupes, et battons-nous pour le prélèvement à la source de leurs impôts, avant que les bénéfices ne partent dans les paradis fiscaux !
C’est notre combat. Je veux m’adresser en particulier à mes camarades insoumis, socialistes et écologistes, à qui je rappelle notre responsabilité : C’est d’abord de permettre aux millions de Français qui veulent le changement de se mobiliser, quelles que soient leurs différences, quelles que soient nos différences.
Nous ne serons pas plus forts en effaçant notre diversité dans une fédération ou un parti unique, ou encore en tentant de chapeauter le mouvement social.
Nous serons plus forts en agissant aux côtés du peuple, des salariés et de leurs organisations syndicales, en contribuant aux mobilisations pour résister à la politique des droites et en menant ensemble, avec les Français, le débat sur les changements à opérer et l’action pour des avancées immédiates, concrètes, qui améliorent leur quotidien.
Ma candidature à l’élection présidentielle que nous avons portée collectivement est d’ailleurs riche d’enseignements. Prenons le temps d’en parler. J’en fais pour ma part un bilan très positif.
Cette campagne présidentielle, je l’entends auprès de vous, nous a permis de faire de grandes avancées, dans nos idées, dans nos rencontres avec les Français, dans notre organisation même. Nous avons enregistré 3 068 adhésions pendant la campagne de mai 2021 à avril 2022 ! La JC et l’UEC se sont renforcées avec plus de 250 adhésions et 13 fédérations créées.
Je croise tellement de Français qui me disent « continuez, tenez bon, vous êtes vraiment différent des autres à gauche ». D’autres encore qui me disent : « On n’a pas voté pour vous mais vous êtes vraiment sympathique ». Mais la prochaine fois, qu’ils votent ! Nous avons eu tellement d’échos positifs de notre campagne des jours heureux, de notre bienveillance, de notre souci de rassembler les Français, sans sectarisme, sans transiger non plus sur nos idées.
C’est cet esprit de rassemblement qui nous a poussés à bâtir cette coalition électorale aux élections législatives et qui nous a permis de gagner collectivement 151 députés dont 22 siègent au groupe communiste et GDR. Bien sûr, cet accord a laissé beaucoup de camarades et de députés potentiels sur le bord de la route. Mais regardons ce que nous avons réalisé pendant ces élections et surtout ce potentiel politique que nous avons gagné avec les Jours heureux !
Nous avons fait grandir dans les têtes l’utilité du Parti communiste, pour la construction d’une alternative politique en rupture avec le capital, autant que pour la construction d’une véritable union populaire !
Le Parti communiste a toujours été dans son histoire et continuera à être un acteur indispensable du rassemblement. C’est ça l’espoir à gauche et pour le monde du travail !
C’est pourquoi je vais proposer aux communistes d’engager un grand Tour de France pour aller à la rencontre des Français, des salariés, des classes populaires et des classes moyennes, des ruraux et des urbains, des salariés, des jeunes et des retraités, pour entamer un dialogue sans tabou, sans détour.
Entrons à nouveau en campagne ! Je vous propose d’organiser dans chaque région des rencontres ou je répondrai à toutes les questions qui me seront posées, en ayant la parole la plus libre qui soit, comme je l’ai fait durant la campagne. On y parlera de tout, surtout de tout ce que les Français veulent parler : travail, guerre, pouvoir d’achat, république, communisme, écologie, jours heureux… Tous les sujets pourront être abordés.
Une parole libre, pour parler de tout, pour parler de vous ! Avec une affiche, un tract pour organiser ces rencontres dont je présenterai le calendrier après la Fête de l’Huma. Je serai sur le gril le temps qu’il faut. Et comptez sur moi pour parler avec franchise et sincérité !
C’est comme cela que nous serons toujours plus forts, que la gauche sera plus forte : en agissant aux côtés du peuple, des salariés et de leurs organisations syndicales, en étant à l’écoute et en phase avec les Français.
Ce sera aussi, pour nous, pour moi, pour toute la direction du Parti, important d’être à l’écoute du cœur battant de la France, en même temps que nous préparons notre congrès.
Un congrès qui doit plus que jamais être tourné vers l’action et le rassemblement ! Dans lequel nous aborderons tous les sujets sans sectarisme et sans naïveté !
Nous devons construire un parti le plus populaire qui soit, le plus rassembleur du monde et le plus influent aussi pour que ça change en France ! Nous voulons gagner, nous voulons prendre le pouvoir au capital ! Alors il y a du boulot !
L’heure est donc à la mobilisation des communistes, partout dans le pays, dans cet objectif.
Dans « Toute une moitié du monde », Alice Zeniter fait une pause dans l’écriture romanesque pour questionner le « pays de la fiction » et réfléchir sur ses pratiques d’autrice et de lectrice.
Autrice de sept romans, Alice Zeniter a obtenu le prix du livre Inter pour « Sombre dimanche » (2013) et le Goncourt des lycéens pour « l’Art de perdre » (2017), où elle retrace sur trois générations l’histoire d’une famille de harkis. Après le monologue théâtral « Je suis une fille sans histoire », qu’elle a joué sur scène au printemps, elle poursuit sa réflexion théorique dans un essai stimulant, « Toute une moitié du monde ». Né d’un besoin de prendre le temps, ce livre se retourne sur vingt ans d’écriture, met au jour les carcans qui pèsent sur les autrices et lectrices, exprime une gratitude envers les romancières et penseuses féministes, de Toni Morrison à Virginie Despentes. Il contient aussi quelques saillies salutaires sur le patriarcat et les agressions sexuelles qui existent dans le milieu littéraire comme dans tous les milieux.
Je l’ai toujours su, mais je l’ai réalisé très tard. Ma pratique d’enfant lectrice m’a tout de suite montré qu’il n’y avait pas de personnages féminins auxquels je pouvais m’identifier. Si je voulais, dans la fiction, avoir une vie active et aventureuse, il fallait que je sois d’Artagnan et pas Constance Bonacieux, il fallait que je sois à la rigueur Claude dans le Club des cinq, Mick et François, mais certainement pas Annie. Le mouvement et l’agentivité étaient toujours du côté des garçons. Mais, comme il était facile de pratiquer le saut de genre dans l’identification, je n’avais pas forcément l’impression d’une restriction.
Oui, au sens où cela nous donne accès à une bibliothèque plus vaste. Mais, au-delà de la question du saut de genre, on reste dans une société qui porte les séquelles d’un clivage très vieux entre une parole féminine limitée à la sphère du privé et une parole masculine qui peut être publique. L’idée que les femmes écrivent toujours pour les femmes continue à peser aujourd’hui. Ce qui fait qu’une partie de la bibliothèque n’est pas lue par les hommes parce qu’un roman de femme porte toujours la suspicion d’être un roman de « bonne femme ». Tant que les hommes ne se mettront pas à lire massivement les autrices et à les citer dans leur panthéon littéraire, l’idée que les femmes écrivent pour les femmes perdurera. De même que l’idée qu’il n’existe pas de génie femme. Dans son essai « Relire », Laure Murat remarque que, quand on demande à de grands lecteurs et lectrices quels auteurs ils relisent en permanence, ils ne citent pas de femmes. À la rigueur, s’ils en citent une, c’est une écrivaine morte. Remettre en question ces schémas va prendre du temps, car le poids de l’histoire littéraire joue contre nous.
Je ne l’ai pas pensé comme un acte fort, mais, en effet, une manière de mettre les autrices à égalité avec les auteurs, c’est de les citer comme des références. Si je regarde mes dissertations d’étudiante en lettres, je me tournais vers des penseurs hommes dès qu’on abordait la théorie. J’ai voulu faire un livre foisonnant de références d’autrices qui m’ont nourrie, qui m’ont fait grandir, et envers lesquelles j’ai une immense gratitude. Tout livre est un livre de dette, ça fait partie du travail que de dire merci à celles qui sont arrivées avant, à celles qui arrivent maintenant et à celles qui produiront dans le futur des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé.
C’est très lié à une représentation de la figure de l’écrivain. Dans les textes que je voulais écrire, il y avait quelque chose de très fantasmatique attaché aux figures des Grands Mecs de la Littérature. Une approche à la Hemingway qui consistait à voir l’écriture comme un tour de force. Je me voyais ne dormant jamais, produisant des textes pendant mes nuits d’insomnies, jetant des pages en l’air ou balançant la machine à écrire par la fenêtre. J’avais peur d’être diminuée comme autrice si j’écrivais chez moi, à des horaires de bureau, si je ne faisais pas de grands voyages, si je ne revenais pas avec une balle dans la cuisse, si je ne déréglais pas tous mes sens par l’alcool et les drogues, je me disais que je serais forcément moins bien que les auteurs hommes. Puis j’ai lu Toni Morrison disant, calme et assurée, que cette manière d’écrire est la seule qui lui convient et que personne ne peut lui dire ce qu’elle doit faire. Quand je vois ce qu’elle a écrit, je me dis que tout va bien ! On n’est pas un écrivain moindre parce qu’on n’a pas coché toutes les cases de la parade virile. Je sais aussi de plus en plus quels sont mes outils et comment les manier : j’ai appris à accorder de la valeur au calme, à la patience, à la minutie et à la gratitude qui sont nécessaires pour que mes livres naissent.
C’est une question que je me pose en permanence. Qu’est-ce qu’un texte difficile ? Comment est-ce que je peux sortir de schémas narratifs préconçus qui ont l’immense avantage d’être efficaces, rassurants. Comment m’en éloigner sans que ce que j’écris devienne un pensum pour le lecteur ? Je ne veux pas être élitiste au sens où j’écrirais un texte qui n’aurait de sens que dans une sorte de téléologie de la littérature, en me situant après le nouveau roman, par rapport à l’héritage du roman moderne, etc. Je veux utiliser ces outils mais réussir à faire une forme qui ne laisserait pas à la porte une partie de la population par un effet d’intimidation. C’est un tâtonnement et une recherche permanents.
C’est une recherche qui aurait pu arriver plus tôt, puisque je suis une femme qui ne vient pas d’une famille de la bourgeoisie blanche. Cela aurait pu être évident pour moi d’écrire sur des gens qui n’existaient pas dans les livres que j’avais lus. Mais, pendant longtemps, je me suis dit que, si je voulais écrire un vrai roman, le personnage principal devait être un jeune homme blanc, probablement lancé dans la conquête de milieux sociaux considérés comme éminemment romanesques, à savoir la bourgeoisie, l’aristocratie. Aujourd’hui encore, je suis parfois obligée de m’arrêter et de contrer par mes réflexions théoriques des automatismes nés d’une longue fréquentation d’un certain type de romans.
Le premier tournant s’est fait au moment de « Juste avant l’oubli ». Alors que je raconte une histoire d’amour qui se délite principalement vue par l’homme, je lis « King Kong Théorie », de Virginie Despentes, et je réalise que j’ai créé mes personnages féminins pour qu’ils suscitent un amour chez le personnage masculin. J’ai retravaillé ce livre de manière beaucoup plus consciente. « L’Art de perdre » est un passage à une autre dimension : comment donner toute leur place à des figures qui ont été laissées à l’arrière-plan ? Dans des récits de l’Algérie que j’ai lus, il y a des Arabes comme il y a des palmiers.
Autour de la question des « sensitivity readers », qui a fait pousser des cris d’orfraie à toute une partie de la presse française, j’ai l’impression que, depuis vingt ans que j’écris, j’ai toujours fait appel à des relecteurs ou relectrices quand je travaillais sur un sujet qui ne m’était pas familier, qu’il s’agisse d’avocats ou de hackers. Plus largement, je ne comprends pas qu’on puisse voir comme de la censure la volonté de produire des récits qui n’ont pas encore été faits. Dire qu’on aimerait des personnages plus riches, plus d’histoires qui échappent à ces carcans, c’est aller très gaiement dans un territoire de la fiction jusque-là laissé en friche. Pour moi, c’est le contraire de la censure, d’une absence de liberté ou de joie, le contraire d’une rigueur de bonne sœur ou de « moraline », comme on l’a entendu au moment de l’affaire Matzneff. Ces ouvertures de la fiction offrent la possibilité de mettre à bas les barrières. C’est un moment que je trouve extrêmement joyeux pour l’art.
Démocratie Les annonces de boycott du Conseil national de la refondation, voulu par Emmanuel Macron, se multiplient.
Plus la date approche, moins les participants s’annoncent nombreux. Le Conseil national de la refondation (CNR) qu’Emmanuel Macron souhaite lancer, le 8 septembre, ne suscite pas l’enthousiasme parmi les forces politiques censées y prendre part. À son tour Gérard Larcher, le président LR du Sénat, vient de faire savoir son intention de boycotter, comme le reste de sa formation politique, l’instance censée incarner la « nouvelle méthode » promise par le chef de l’État. « Les mécanismes de démocratie participative peuvent contribuer à éclairer la représentation nationale, mais ils ne peuvent en aucun cas s’y substituer », a mis en garde le sénateur dans un courrier adressé vendredi 26 août au président de la République. Une missive, dévoilée lundi par le Figaro, dans laquelle il dénonce une « confusion des rôles ».
Le CNR version Macron devait réunir « les responsables des partis politiques, les responsables des groupes parlementaires, des représentants d’associations d’élus des territoires, des représentants des corps intermédiaires, les syndicats en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental » afin de « partager les diagnostics à l’échelle de la nation sur des grands enjeux », avait expliqué, mi-juillet, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
Mais l’invitation ne ravit pas davantage la gauche. «Chaque fois qu’il a été en difficulté, Emmanuel Macron a créé des instances dont il n’a tenu aucun compte», fustige le porte-parole du PCF, Ian Brossat. La France insoumise a aussi confirmé, ce week-end, dans la Drôme, qu’elle ne donnera pas suite à cette proposition, qualifiée dès son annonce de « saison 2 du grand bla-bla » par Jean-Luc Mélenchon. Cela « démontre le mépris de la démocratie parlementaire du président, qui, de nouveau, contourne le Parlement pour mieux le piétiner », explique Mathilde Panot, la présidente du groupe FI.
Du côté des écologistes, une position doit être arrêtée ce mardi, tandis que chez les socialistes, la décision officielle ne devrait pas être prise avant le début de la semaine prochaine. Mais le premier secrétaire du PS ne mâche pas ses mots. Emmanuel Macron « va chercher à mettre en scène la concertation, la discussion, montrer que lui est ouvert et que ce sont les autres qui bloquent. Mais la réalité, c’est qu’avec lui, avant même que la discussion ne commence, on connaît déjà le point d’arrivée », juge Olivier Faure. Un démarrage chaotique pour ce conseil, après un premier faux départ au mois de juin avec le report dans la précipitation de sa première séance.