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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 17:48
Ce que la France doit au Parti communiste - par Patrick Le Hyaric, 24 décembre 2020
Ce que la France doit au Parti communiste
Jeudi 24 Décembre 2020 - L'Humanité
 

Cent ans déjà, 100 ans à peine. Nous fêtons cette semaine la fondation du Parti communiste français. Né de l’horreur de la Première Guerre mondiale, du refus de la collaboration qu’une partie du courant socialiste scella avec l’Union sacrée, ce parti, qui sut concilier le drapeau tricolore et le drapeau rouge, a toujours été un élément moteur de l’union populaire et des forces prônant la transformation sociale, comme le fer de lance des combats internationalistes pour l’émancipation humaine.

Malgré les obstacles, les persécutions dont ses militants ont souvent été l’objet, les erreurs et retards dont il a su faire la critique, on ne peut enlever aux générations de militants leur dévouement sans faille à la défense des intérêts populaires, la fidélité à ceux de leur pays et à la solidarité internationaliste, les combats pour la paix, le désarmement et l’antiracisme. C’est par la voix de ces militants que les noms de Sacco et Vanzetti, Julius et Ethel Rosenberg, Angela Davis, Nelson Mandela, comme ceux de Marwan Barghouti et de Mumia Abu Jamal ont pu s’inscrire dans les rues et résonner sur les places publiques.

Deux des combats portés par les communistes trouvent aujourd’hui une singulière résonance. Tout d’abord, l’appel que le Parti a lancé avec ses parlementaires pour s’opposer à la Constitution gaullienne de 1958, dont le présidentialisme exacerbé continue d’être un verrou institutionnel bloquant toute perspective de changement. De même, ses propositions pour refuser « l’Europe du capital », dès la fin des années 1950, comme l’incomparable force d’entraînement qu’il a constituée pour que les Français refusent le projet de Constitution européenne, après avoir été le seul parti à refuser l’Acte unique, puis le traité de Maastricht, tout en travaillant à une union des peuples souverains fondée sur des projets communs, démontrent sa capacité d’anticipation.

Les tentatives répétées d’effacer son apport à l’histoire de France, par la guerre idéologique comme par l’empilement des contre-réformes vouées à l’anéantissement d’un siècle de conquêtes sociales, témoignent de l’intangible détermination des capitalistes et de leurs serviteurs à plonger dans l’oubli politique les classes populaires et leurs aspirations à vivre mieux, libres et respectées. C’est ainsi que le champ politique tend aujourd’hui à se résumer à un panel de nuances, parfois fortes, voire inconciliables, mais dont les classes populaires sont absentes, reléguées ou renvoyées dans la foule des abstentionnistes anonymes.

Prolongement de l’histoire révolutionnaire du pays, le communisme en fut tout autant la « rupture » en proposant pour la première fois au large peuple du travail un cadre d’organisation inédit, performant et fraternel, que chacune et chacun investissait en le transformant, rendant vivante la maxime de la Ire Internationale selon laquelle « la libération des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Ce faisant, le Parti communiste permit à des millions d’entre eux d’acquérir des compétences rivalisant avec celles de la bourgeoisie, d’accéder à des formations de très haut niveau politiques, culturelles, scientifiques, donnant ainsi honneur et dignité à celles et ceux qui n’étaient jusqu’ici jugés dignes ni de l’un, ni de l’autre.

Des générations d’élus gagnant des responsabilités jusqu’aux ministères, de responsables syndicaux ou associatifs devinrent ainsi des « cadres » de grande qualité, restés proches du peuple dont ils et elles étaient issus. Cela au bénéfice de l’ensemble de la nation, qui s’est redéfinie à l’aune des conquêtes sociales arrachées par les travailleurs organisés.

Ses ennemis d’aujourd’hui comme d’hier refusent d’accepter que l’essor de la démocratie en France soit étroitement lié à celui du phénomène communiste. Sans l’apport communiste, la République n’aurait pu être qualifiée de démocratique, de sociale ou de laïque que par abus de langage. Plus que cela, par son activité intense, ses victoires politiques, son ancrage, il a retissé le lien avec les avancées décisives, philosophiques et politiques, de la Grande Révolution ou de la Commune. Et quand la nation sombrait sous la collaboration, il en fut l’honneur. C’est à lui que l’on doit ces fragments de communisme que sont la Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, la création d’EDF, les congés payés, les services publics, la retraite solidaire par répartition, les réductions du temps de travail, plusieurs nationalisations, les maisons de la Culture comme les centres de santé dans les municipalités, la solidarité concrète avec les travailleurs immigrés.

Les classes possédantes ont ainsi été contraintes de céder du terrain, non pas tant par la radicalité des discours et des postures que par l’organisation politique massive de celles et ceux qui ont un intérêt objectif à changer le monde : l’immense peuple des travailleurs, dont les plus exploités d’entre eux, les créateurs. Cette irruption des classes populaires, conscientes de leur poids, de leur rôle historiques, de leurs responsabilités à l’égard du peuple français comme des peuples du monde en a fait pâlir plus d’un. Et le poids que le Parti communiste, certes réduit, continue d’exercer par l’activité parlementaire, par l’engagement de ses milliers d’élus et de ses réseaux militants, qui en ce moment même organisent la solidarité avec les plus démunis dans les quartiers, animent des combats pour la garantie de l’emploi dans des entreprises et se placent aux côtés des créateurs, n’a pas fini d’exaspérer les tenants de l’ordre injuste qui ne rêvent que de conjurer définitivement le spectre d’un changement révolutionnaire, au moment où le mode de développement capitaliste est entré en procès permanent.

Comme ont su le faire les anciennes générations de militants et de dirigeants, l’heure est à l’invention pour une puissante ambition transformatrice, rassembleuse et innovante. Avec, au cœur de tout, la démocratie jusqu’au bout, la démocratie pour de vrai. Voilà ce à quoi se refusent les capitalistes. Voilà ce qui continue d’inspirer les communistes.

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 17:11
Attaques antisémites contre April Benayoum - Il y a urgence à combattre le racisme sous toutes ses formes ! (PCF)
Publié le 21/12/2020 par PCF
Il y a urgence à combattre le racisme sous toutes ses formes ! (PCF)

April Benayoum, Miss Provence élue première dauphine de Miss France, vient de subir, ce week-end, de violentes attaques antisémites après avoir déclaré que son père était d'origine israélienne.

L'an dernier, la Guadeloupéenne Clémence Bottino, à peine élue Miss France, avait elle aussi subi des attaques racistes sur les réseaux sociaux et avait été comparée à un singe.

 

Dans le même temps, des tags haineux étaient découverts sur la mosquée de Beaucaire. Et la parole raciste pouvait s'exprimer sans filtre sur les radios, avec des propos abjects tenus contre la chroniqueuse Rokaya Diallo mettant en cause ses origines africaines.

Sud Radio vient d’ailleurs de présenter ses excuses à cette dernière. Il n'en demeure pas moins que la libération de la parole raciste est intolérable et qu'elle est insuffisamment combattue sur les réseaux sociaux.

Face à ces agressions, le PCF assure April Benayoum, Rokaya Diallo et toutes les victimes de racisme, d’antisémitisme et d’autres propos haineux, notamment sur les réseaux sociaux de son soutien.

Il demande que les auteurs d'actes et de paroles racistes et antisémites soient sans délai recherchés, poursuivis et condamnés comme le prévoit déjà la Loi Gayssot.

Il appelle le Conseil supérieur de l'audiovisuel à intervenir auprès des chaînes de radio et télévision afin que ne soient plus tolérés des débordements qui deviennent de plus en plus fréquents.

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 14:07

 

Les visio conférences du centenaire du PCF Le PCF et la culture : une histoire passionnelle Avec Michel Duffour, Yolande Rasle, Julie Brochen, Alain Hayot et pierre dharréville.

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27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 14:06

L’immeuble de la direction nationale du PCF, place du Colonel-Fabien, fut tout un temps espionné par les services secrets américains. Un fonds d’archives l’atteste. Retour sur une affaire qui fit du bruit au milieu des années 70.

 

Des longs entretiens entre Marchal, Guérin et Durand, il ressort que le fonctionnement et l’activité de la CIA à Paris sont très hiérarchisés, très compartimentés aussi. Il y a les agents de terrain, les agents de base comme Marchal : ils ne sont jamais de nationalité française ou américaine, ils sont belges, ou allemands, parfois hongrois. Ils se présentent sous la couverture de représentants de commerce ou d’agents immobiliers. Ces petites mains sont choisies en fonction du travail qu’on attend d’eux ; on va prendre par exemple un ex-mannequin s’il est chargé de séduire une cible ; pour assurer une filature, un ancien agent de sécurité de l’Otan fera très bien l’affaire. Si ces personnages venaient à rencontrer des problèmes avec les autorités, ils seraient exfiltrés du pays sans difficulté, en évitant toute complication diplomatique.

Au-dessus des agents, il y a les analystes, les chefs de l’opération. Eux sont américains. Ce sont eux qui récupèrent toutes les infos recueillies, qui classent, qui trient, qui font tourner leurs machines, qui relancent si nécessaire les agents dans leurs recherches

Marchal cite cet exemple : la Centrale avait entendu dire que des dirigeants communistes résidaient dans telle tour, ou telle cité d’une banlieue proche ; elle souhaitait avoir les noms de tous les résidents de l’immeuble afin de les donner à ses ordinateurs et voir quels recoupements elle pourrait faire avec ses propres fichiers.

Ces analystes font carrière dans l’Agence, ils ont le statut d’« officiers » et bénéficient d’une couverture diplomatique. D’ailleurs le numéro de téléphone qu’ils donnent à leurs espions est tout simplement celui de l’ambassade. Selon Marchal, les contacts avec la hiérarchie se passaient ainsi : au standard de l’ambassade, l’agent demandait le poste X ; là il déclarait souhaiter parler à Y. Si on lui répondait : « désolé il/elle ne travaille plus ici » (en ajoutant sans doute quelques formules convenues), cela signifiait que l’agent avait rendez-vous à telle heure dans telle brasserie avec son « correspondant ». En règle générale, ce genre d’entretien se passait dans le quartier de l’Etoile ou près d’une station de métro de la ligne 1.

Ces services américains jouissent sous le giscardisme en gloire d’une assez large impunité. Le fait que les maîtres espions puissent être joignables directement à l’ambassade américaine, même sous une forme vaguement codée, en est un signe. On n’ira pas jusqu’à dire que l’agence agit alors à visage découvert, mais disons qu’elle opère sans trop prendre de précautions.

Comme l’annonce Marchal, ce que reprendra d’ailleurs Alain Guérin quelques mois plus tard dans un article de l’Humanité dont nous reparlerons, la CIA organise ainsi en plein Paris aussi bien ses activités de « contrôle » du personnel que des stages d’entrainement des agents, toutes choses qui supposent une certaine logistique (et qui doit se voir des services français).

Les stages d’ « entrainement » ou de « drilling » des agents se déroulent dans divers appartements parisiens dont l’un est situé non loin du métro Abbesses dans le 18e arrondissement. Ces stages comportent des cours théoriques sur des thèmes tels que « la démocratie américaine » ou « pourquoi il faut lutter contre le communisme », des cours pratiques aussi, par exemple de « filature », avec des projections de films, des exercices de mémorisation.

D’autre part, la CIA aime contrôler régulièrement son personnel en le faisant passer au « détecteur de mensonge », un appareil censé mesurer les émotions d’un individu quand il est interrogé ; c’est une règle, semble-t-il, intangible de cette organisation. Ces séances se passent soit dans un grand hôtel du quartier des Tuileries, soit dans un appartement proche de La Motte-Picquet-Grenelle.

On a parlé des agents et des officiers/analystes, reste les spécialistes. Eux sont sollicités pour des opérations ciblées. Ils viennent tout exprès de Francfort/Main, QG de la CIA en Europe, ou de Washington (on présenta à Marchal l’un d’eux comme un ancien du Watergate…). Leur mission ? la pose d’un matériel d’écoute sophistiqué par exemple ou le repérage d’appartements ou d’immeubles à louer ou acheter comme bases d’espionnage des environs.  En règle générale ils déconseillaient toute opération sur des cibles logées en HJM : trop compliqué pour obtenir des appartements voisins dans ce secteur public… En revanche, si la cible résidait dans le privé, ils n’hésitaient guère à louer ou acheter les appartements (ou pavillons) à proximité. Leur mission, précise et limitée, une fois remplie, ils retournaient à leur camp de base.

Gérard Streiff

 

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26 décembre 2020 6 26 /12 /décembre /2020 14:04

 

Jacques Dimet, Francis Wurtz, Jean Radvanyi, Serge Wolikow et Sandrine Kott

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26 décembre 2020 6 26 /12 /décembre /2020 13:57

L’immeuble de la direction nationale du PCF, place du Colonel-Fabien, fut tout un temps espionné par les services secrets américains. Un fonds d’archives l’atteste. Retour sur une affaire qui fit du bruit au milieu des années 70.

 

Marchal confirme que le siège du PCF est l’objet d’une surveillance constante. Dans son dispositif, la « Central Intelligence Agency » (CIA) possède un appartement 83 boulevard de la Villette, à deux pas de « Fabien », d’où sans doute elle tente d’écouter ce qui se passe dans l’immeuble de verre. Aux alentours du bâtiment, une équipe, où opère Marchal, est chargée de noter tous les mouvements, les entrées et sorties, de véhicules et d’employés, un travail méthodique avec, par exemple, établissement de listes interminables des plaques d’immatriculation. Avec la complicité de la police de Poniatowski, le ministre de l’Intérieur de l’époque, l’agence n’aurait guère de mal à identifier les propriétaires et leurs adresses, puis de choisir des objectifs plus précis. Marchal raconte alors une technique simple pour entrer en contact - si on peut dire - avec un de ces propriétaire : repérer le véhicule en stationnement près du lieu où il réside, donner (discrètement, de nuit par exemple) un petit coup (de marteau) sur la carrosserie, laisser un billet d’excuse sur l’essuie-glace avec un numéro de téléphone, attendre. Lors de la rencontre qui suit, immanquablement, l’agent (avec son nom d’emprunt) se montre très conciliant, indemnise sans problème, cherche à sympathiser, suggère - pourquoi pas - de se revoir pour un apéro, etc.

Place du Colonel-Fabien, les agents disposent d’une valise-caméra qui photographie les voitures et les individus. Le matériel est un peu encombrant et Marchal demanda un jour s’il n’y avait pas moyen d’installer un « soum » (du mot sous-marin), c’est ainsi qu’on désigne en argot policier ces camionnettes qui semblent stationner ad vitam aeternam à la même place et d’où on procède à une surveillance discrète d’un quartier… On lui répondit texto : « Non, les Français le font ! » Comme quoi il y avait du beau monde autour du siège communiste ces années-là !

La surveillance vise aussi à identifier les employés, une partie du moins – Marchal dénombre 175 personnes occupées alors à Fabien, un chiffre assez vraisemblable. Les agents doivent donner de brèves descriptions de ces hommes, de ces femmes : âge, taille, couleur des cheveux, habillements, etc. Si le « centre » le demande, ils peuvent prendre certaines personnes en filature. Un même agent n’assure pas toute la « filoche », plusieurs se relaient ; ou alors il « tronçonne » son travail, par exemple le premier jour, il va suivre la cible de Fabien au métro, le jour suivant il l’attend du métro pour aller jusqu’à une correspondance du RER, le jour d’après du RER au domicile, etc.

Quand il est établi (par le centre) que la cible vaut le coup, l’agent cherche la rencontre. Si la rencontre se fait, trois moyens de pression sont possibles, la corruption, l’exploitation d’un point faible ou la séduction.

Corruption : les Américains répètent à Marchal que tout s’achète. Pour l’Agence, « des offres de mensualités de l’ordre d’un million d’anciens francs doivent être irrésistibles ».

Séduction : il peut être demandé à l’agent de repérer si la personne suivie porte une alliance ou pas. Des collaboratrices (plus rarement des collaborateurs) sont ciblées, leurs modes de vie inspectés. Marchal parle d’un agent dont ce travail de séduction était en quelque sorte la spécialité. Il détailla, pour s’en moquer avec Guérin et Durand, une histoire où cet « expert » avait réussi une première approche, il géra une puis deux rencontres préliminaires pour finalement se prendre un râteau !

Point faible : l’agent doit chercher si la cible est sensible à certaines dérives, alcool, sexe… La CIA s’intéresse particulièrement aux services « périphériques » de Fabien, en particulier les agences de nettoyage/entretien et la cantine ; elle va repérer un responsable d’une agence d’entretien qui mènerait une vie privée tumultueuse, avec un petit penchant pour les « partouzes ». Marchal ira même plusieurs soirs de suite sous les fenêtres du bonhomme pour vérifier si le lieu était « chaud ». Quoi qu’il en soit, un agent va prendre contact avec lui en prétendant être propriétaire d’importants locaux de bureaux (qui seraient proches de Fabien) et solliciter les services de sa société. À l’évidence, ici, les contacts iront assez loin.

Pour finir, un détail qui montre l’ingéniosité de nos espions : on fume dans les bureaux à cette époque ; il y a donc des cendriers partout et notamment des cendriers estampillés Ricard, interchangeables ; l’objectif était de récupérer un de ces objets (facile à manier et à remplacer) ; des techniciens (venus tout exprès) y incorporeraient un micro et le cendrier ainsi « armé » reprendrait sa place.

 

Gérard STREIFF

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25 décembre 2020 5 25 /12 /décembre /2020 14:19

 

Dirigeant du PCF en charge de coordonner son centenaire, Guillaume Roubaud-Quashie met en perspective un siècle d’histoire de la formation née du congrès de Tours avec l’actualité du combat communiste.

 

GUILLAUME ROUBAUD-QUASHIE Historien, membre de la direction du PCF

Les communistes soufflent cette année les cent bougies du congrès de Tours. Face à la crise historique que nous vivons, comment leur combat prend-il une nouvelle actualité ?

GUILLAUME ROUBAUD-QUASHIE L’une des dimensions du congrès de Tours est l’ambition d’un changement de civilisation. Dans la période que nous vivons, cette volonté de rupture rencontre une possibilité plus importante que cent ans en arrière du fait des connaissances accumulées par l’humanité. Mais aussi une nécessité plus grande due aux ravages du capitalisme. Le lamentable épisode mercantile des vaccins, où certains sont davantage préoccupés par les profits à engranger que par les vies à sauver, l’illustre parfaitement.

Révolution ou réformisme, ce débat trouve-t-il encore une résonance aujourd’hui ? Quelle forme prend aujourd’hui la révolution dont rêvent les communistes ?

GUILLAUME ROUBAUD-QUASHIE Ce vocabulaire est ancien mais a encore un usage aujourd’hui : dans une partie du monde syndical, par exemple, certains évoquent parfois la constitution d’un pôle réformiste. Nous nous définissons toujours comme révolutionnaires. Évidemment, ce mot a une histoire et peut évoquer la brutalité, la brièveté, éventuellement l’idée d’insurrection barricadière. Si ce n’est pas notre stratégie, nous pensons en revanche que les changements à impulser sont globaux. En l’occurrence, sortir d’une logique fondée sur la seule rentabilité quitte à broyer les êtres humains et la planète, pour miser sur le libre et plein développement de chacun. Malheureusement, les forces qui ne portent pas clairement l’ambition d’affronter les logiques du capital sont nombreuses à gauche, peut-être même plus qu’au cours du siècle passé. Ce qui ne doit pas être tout à fait étranger à l’état de la gauche. Est-ce qu’avec des mesures qui laissent le cœur du réacteur intact, on sauvera le million d’espèces menacées ? Beaucoup de gens se rendent comptent que ça ne tient pas.

L’histoire du PCF est aussi celle des conquêtes sociales rendues possibles par de puissants mouvements populaires et le rassemblement de la gauche. Quelles leçons en tirer ?

GUILLAUME ROUBAUD-QUASHIE Les enjeux institutionnels et électoraux ont une grande importance. Mais une grande illusion consiste à penser que les changements révolutionnaires ne pourraient advenir que par une logique délégataire. Ce à quoi les communistes appellent, c’est à la mise en mouvement la plus large et de toute nature. Je sais bien que, dans la période, certains cherchent des sauveurs suprêmes, mais, sur ce point, l’Internationale n’a pas pris une ride. En outre, ce sont ces cercles vertueux fondés sur des perspectives de victoires qui ont donné leur force au mouvement populaire en 1936 ou à la Libération. Aujourd’hui, la résignation n’est pas seulement le fruit de la bataille idéologique, mais aussi de déceptions politiques objectives et de difficultés du mouvement social. Cependant, il faut aussi mesurer les points marqués, comme les concessions, malgré toutes leurs limites, que le pouvoir a été obligé de consentir au monde de la santé… La direction actuelle du PCF fait aussi montre de volontarisme pour structurer les communistes sur les lieux de travail et de création de plus-value, parce que le combat de classe y prend sa source. C’est une tâche difficile mais qui n’a rien perdu de sa pertinence.

Sur les questions dites de société comme le féminisme ou l’antiracisme, les positions à gauche ont fluctué, quelles ont été les évolutions du PCF sur ces sujets au cours de son histoire ?

GUILLAUME ROUBAUD-QUASHIE C’est plus compliqué que ce que l’on dit toujours : avant, les luttes étaient hiérarchisées, maintenant elles ne le sont plus. La logique multidimensionnelle des changements à opérer a été l’objet de fluctuations, parfois de conflits pendant tout ce siècle. Les années 1920 sont celles de l’accentuation de la question de classe, mais aussi d’affirmation du combat des femmes, avec des candidates aux élections municipales, par exemple. Cela est atténué lors du Front populaire parce que ces questions ne font pas l’objet d’un accord unanime dans la société française et que le rassemblement prime face à la menace fasciste. Avec la Libération, viennent les combats pour le droit de vote et d’éligibilité des femmes ou encore la création de l’Union des femmes françaises. Pendant les années 1950, des oppositions avec le mouvement féministe naissent sur la question du « birth control », suivies d’autres ratés en 1968 et dans les années 1970 avec une hostilité réciproque assez forte. Mais, dans la décennie 1990, un rapprochement s’opère à nouveau sous l’impulsion de personnalités comme Marie-George Buffet qui affirment très clairement qu’il n’y a pas à penser de hiérarchie dans les combats émancipateurs. Sur l’antiracisme, les combats contre l’antisémitisme des années 1930, la lutte contre le fascisme, contre la colonisation, ou encore la création du Mouvement national contre le racisme, qui deviendra ensuite le Mrap, ont marqué l’histoire du PCF. Tout cela est abîmé à la fin des années 1970 et début 1980 par un moment de flottement sur des questions de politique migratoire, encore l’objet aujourd’hui d’instrumentalisation de l’extrême droite. Mais on ne peut pas résumer le Parti communiste ni même Georges Marchais, puisque c’est de lui qu’il est question, à ce flottement de quelques années.

Courant majoritaire à gauche après-guerre, l’influence du PCF a reflué à partir de 1978. Quelles sont aujourd’hui ses forces et ses faiblesses ?

GUILLAUME ROUBAUD-QUASHIE La mémoire du pays est assez sensible aux années 1970. Or ces années sont effectivement un moment d’apogée, très loin de représenter les cent ans du PCF. Si on se place en regard de l’histoire générale du mouvement ouvrier, on peut mesurer que le Parti communiste d’aujourd’hui par rapport à celui du début des années 1930, par exemple, compte un nombre tout à fait significatif d’adhérents, de cotisants, de municipalités… La période des années 1980-1990 a été extrêmement difficile, avec un déclin qui semblait impossible à arrêter. Depuis une quinzaine d’années, le PCF a réussi à en sortir. L’image de l’URSS continue de jouer négativement, mais elle est moins significative pour les plus jeunes générations. Et cette dynamique est aussi liée à la crise du capitalisme : nombreux sont ceux qui cherchent une alternative. Les succès d’éditions autour de Marx le donnent à voir.

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25 décembre 2020 5 25 /12 /décembre /2020 14:02

 

Les besoins humains face à la domination du capital : - services publics, transformation du travail et de la formation, - appropriation et socialisation avec Caroline Besse-PCF Denis Durand PCF Sophie Binet UGICT CGT Bernard Thibaud OIT

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25 décembre 2020 5 25 /12 /décembre /2020 13:55

L’immeuble de la direction nationale du PCF, place du Colonel-Fabien, fut tout un temps espionné par les services secrets américains. Un fonds d’archives l’atteste. Retour sur une affaire qui fit du bruit au milieu des années 70.

 

Lors des différents entretiens avec Marchal, à l’hôtel Le Méridien de la Porte Maillot, l’ordre du jour est assez informel ; à en juger par les comptes rendus d’archives, la discussion pouvait passer du coq à l’âne. Marchal livra en vrac une série d’informations, toujours confirmées par des documents peu contestables (lettres, papiers divers). Par exemple, il signala qu’un cadre (en retrait de la direction fédérale) d’une fédération du Sud avait écrit, en janvier 1975, au consulat américain de Marseille. Il offrait ses services aux Américains pour les informer (de l’intérieur) de l’actualité communiste. Le consulat réagit avec retard, sans doute pour vérifier les faits. Il envoya même un courrier, au contenu très neutre, pour accuser réception ; le correspondant américain s’appelait - ou se faisait appeler plutôt - Walter Allee. Au final ça ne se fera pas. Pourquoi ? Dans le fonds d’archives on assure que l’homme, le candidat taupe, aurait entretemps adhéré au PS…

Après l’espionnage des Vietnamiens, Marchal fut aussi, un moment, affecté à la surveillance de personnalités soviétiques (l’un d’eux résidait rue de la Faisanderie). Le groupe de Marchal pouvait aussi favoriser la sortie de dissidents de pays de l‘Est avec la méthode suivante : un agent se rendait en voiture (en grosse voiture) en Bulgarie où il laissait le véhicule et de faux papiers d’identité ; il revenait en France par avion ; l’opposant russe pouvait accéder sans trop de problème en Bulgarie ; il y récupérait l’automobile et sa fausse identité, et passait à l’ouest, par la Grèce.

Cependant, l’essentiel de l’activité d’espionnage de Marchal va très vite consister à espionner le siège de la direction nationale du PCF, le tout nouvel immeuble de la place du Colonel-Fabien. Une partie du bâtiment alors est encore en travaux. Marchal vit cette nouvelle fonction comme une promotion ; il doit aussi s’attendre à une meilleure rétribution (ce qui, semble-t-il, ne se fera pas et l’agacera fortement).

Le travail de son équipe consiste à repérer tous les mouvements des dirigeants, des employés du siège, et si possible à infiltrer des micros dans l’immeuble.

Les Américains ont trois dirigeants communistes dans le collimateur : Georges Marchais, Gaston Plissonnier, Jean Kanapa.

Marchais : Il est alors en pleine gloire, politique, médiatique. Un des objectifs est de poser un micro dans sa voiture. Manifestement cet objectif sera atteint, les « services » réussiront à « sonoriser » (comme ils disent) son véhicule où se trouvait aussi le chauffeur (et parfois le garde du corps). Marchal se souvenait de l’enthousiasme de sa hiérarchie à l’annonce de ce « succès ». (Évidemment, aussitôt avertie, la direction prendra les mesures adéquates…).

Plissonnier : Il a la réputation de tout savoir sur tout, depuis toujours, il fut donc amplement ciblé. C’est sa maison personnelle, un pavillon dans les Hauts-de-Seine, qui doit être particulièrement visé. Les services ne sont pas regardants en matière financière et sont prêts à louer ou acheter tout lieu proche du pavillon. Selon Marchal, ils sont alors équipés pour écouter efficacement jusqu’à 200 mètres de distance. Ils vont même faire venir « en urgence » de Washington des experts en écoute pour apprécier le terrain, les meilleures possibilités d’écoute, etc.

Kanapa : Les archives contiennent cette phrase de Marchal : « Kanapa c’est le principal. » Il faut dire qu’il était à la fois le principal conseiller de Marchais et le chef de la « polex », la section internationale du PCF. Il connaissait parfaitement le mouvement communiste mondial et encourageait une orientation « eurocommuniste ». La presse parfois le présentait comme un possible ministre des Affaires étrangères en cas de victoire de la gauche aux prochaines élections. Alors ils pistent Kanapa et il leur vient une idée étonnante, même si tout est étonnant dans ce dossier. Il est demandé à Marchal et à tous les agents d’être extrêmement précis dans leurs descriptions de Kanapa, taille, visage, look, tics, cheveux, costumes, habitudes. Il avait un type bien marqué, c’était un homme fin, élégant, le visage sévère, les cheveux plaqués, un peu l’air - avec tout le respect qu’on lui doit - d’un officier britannique de l’armée des Indes, genre David Niven… La CIA demande donc sur lui une profusion de détails. Leur idée, c’est de « fabriquer » un sosie de Kanapa ! De se servir de ce doublon pour fouiller notamment son appartement (à Bagnolet) lorsqu’il serait occupé à Fabien ou en voyage. Envisageaient-ils que le faux Kanapa trompe la vigilance des gardes et entre aussi à Fabien ? Un face à face entre Kanapa et son sosie dans un ascenseur de Fabien n’aurait pas manqué de sel…

Gérard Streiff

 

 

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25 décembre 2020 5 25 /12 /décembre /2020 10:16
Pêche. Sur les bateaux et à terre, « jusqu’à 30 000 emplois pourraient être détruits » par le Brexit
Lundi 21 Décembre 2020

Un Brexit sans accord risquerait de porter le « coup de grâce » à la filière après une année 2020 marquée par des difficultés d’écoulement des stocks, prévient Sylvie Roux, déléguée CFDT-FGTE en charge de la pêche. Entretien.

 

Alors que les négociations pour trouver un accord à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, cristallisées depuis plusieurs mois autour des questions de pêche, devraient prendre fin au plus tard dimanche à minuit, les yeux des syndicats sont rivés vers Bruxelles. En cas de victoire de la position de Londres, les pêcheurs français pourraient se voir refuser l’accès aux eaux britanniques. Un scénario alarmant après une année catastrophique pour les marins.

Les bateaux ont été autorisés à prendre la mer pendant les deux confinements. Le coronavirus a-t-il tout de même eu un impact important sur les salariés de la pêche ?

Sylvie Roux La filière entière a été extrêmement fragilisée cette année, à commencer par les entreprises de pêche. Celles-ci ont en effet continuer à pêcher, mais encore fallait-il pouvoir vendre par la suite. Sur la première période de confinement, nous avons rencontré beaucoup de problèmes de commercialisation de nos produits, puisque l’essentiel de nos points de ventes, les poissonneries, les restaurants, et les entreprises de restaurations collectives pour les poissons moins nobles, étaient fermés. Les exportations ont aussi été mises à mal puisque les principaux pays vers lesquels partent nos poissons, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, connaissaient des restrictions similaires. Lors du deuxième confinement, certaines entreprises déjà très fragilisées ont dû retarder le départ en mer de leurs bateaux à cause de cas de contamination au virus parmi les membres de leur équipage. Les pêcheurs sont capables de supporter cette situation quelques semaines, quelque mois, mais comme le virus perdure, il y a un vrai risque de voir les entreprises couler.

La possibilité d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord vous inquiète-t-elle ?

Sylvie Roux Ça risque d’être le coup de grâce. Nous avons calculé qu’en six mois à un an, jusqu’à 30 000 emplois pourraient être détruits, en comptant les emplois induits. Dans les gros ports comme celui de Lorient (Morbihan), dont le sort va être éminemment soumis à la signature ou non d’un accord, des dizaines de bateaux se retrouveraient du jour au lendemain privés de leur pêche. Pour certaines entreprises, la pêche dans les eaux britanniques représente jusqu’à 100 % de leur chiffre d’affaires, ce serait donc vraiment catastrophique. D’autant plus que ces hauturiers ne pourront pas se rabattre sur les eaux nationales, qui sont déjà saturées, et où ils ne disposeront pas des licences et autorisations nécessaires. Si les entreprises de pêche ont plus ou moins réussi à se garder à flot après les restrictions sanitaires, le Brexit, ça sera une tout autre chanson.

Si ce scénario venait à se réaliser, quelles perspectives s’offriraient aux entreprises et salariés de la filière de la pêche ?

Sylvie Roux Par les temps qui courent, je vois mal comment des redéploiements des bateaux vers la Mauritanie, le Maroc, ou vers d’autres côtes africaines, comme cela s’est déjà vu par le passé, pourraient se faire. Donc les solutions restantes sont des plans de sortie de flotte, ce qui revient à détruire des entreprises en les indemnisant. Ce serait évidemment un très mauvais signe, parce que cela signifie détruire des savoir-faire, emmener à la casse des bateaux en état de navigation, voire presque neufs parfois, et supprimer des emplois de pêcheurs. Or, nous savons qu’à cause de leur espace et mode de travail très particuliers, il est dur de reconvertir un marin à terre.

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