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Mercredi 27 avril - Présentation à la presse du programme de la fête du Viaduc organisée place Allende par le PCF dimanche 1er mai: Jean-Luc Le Calvez, Ismaël Dupont, Daniel Ravasio, Rolland Labrousse, Mariette Labrousse, Benoît Dormegnie, Alain David
Ligne Morlaix-Roscoff, exigeons son maintien et son développement
Lors du conseil communautaire du 18 avril dernier, Ismaël Dupont, conseiller PCF-Front de Gauche, s’est inquiété du sort de la ligne TER Morlaix-Roscoff dont la réhabilitation n'était pas prévue dans le plan de financement Etat-Région, et qui risquait d'être sacrifiée au profit des cars Macron ou autres au nom de la sacro-sainte économie budgétaire. Or plus de 30000 personnes environ, scolaires, salariés, pourraient être intéressés potentiellement dans leurs trajets quotidiens par un usage de cette ligne avec une autre fréquence des trains et des arrêts nombreux si l'on partait sur un train-TRAM.
De son côté le syndicat CGT des cheminots de Morlaix fait circuler la pétition suivante, conjointement avec “ l’association de promotion de la ligne Morlaix-Roscoff” affiliée à la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports).
La CGT cheminots demande également, depuis longtemps, l’organisation d’une table ronde sur ce sujet, qui réunirait, outre les organisations syndicales et les élus, l’association “A fer et à flots” et les professionnels du secteur du tourisme. Pour l’instant aucune suite positive n’a été réservée à cette demande pressante.
Exigeons l’instauration d’un débat public sur cette question importante pour les usagers du pays de Morlaix.
Signez et faites signer la pétition.
http://www.france-palestine.org/Initiative-serieuse-ou-poudre-aux-yeux
En annonçant son initiative pour une conférence internationale sur la question israélo-palestinienne, la France a pris acte de l’échec du processus initié à Oslo en 1993 et des diverses tentatives pour le ranimer. Chacun constate en effet que la seule chose qui s’est ancrée sur le terrain c’est l’occupation et la colonisation poussée toujours plus avant. Cela en violation du droit international et des Conventions de Genève, avec pour conséquence l’absence de tout horizon politique pour les Palestiniens, le désespoir qu’il engendre et le chaos pour perspective.
C’est à cette situation que la France dit vouloir répondre et l’annonce de son initiative a été saluée par diverses personnalités, anciens ministres ou diplomates dignes de respect constatant que « les principes qui ont guidé les tentatives de négociations entre Israël et les Palestiniens au cours de toutes ces années - le face à face des deux parties sous le regard de Washington - ont fait la preuve de leur faillite ».
Rappeler les principes comme veut le faire la France est nécessaire. Encore faut-il ne pas se payer de mots avec des discours ambigus ou contradictoires. C’est bien malheureusement la configuration dans laquelle nous sommes ces derniers mois. En témoignent les propos du Premier ministre appelant à la répression de l’appel au boycott et confondant délibérément antisionisme et antisémitisme, l’abstention peu glorieuse de la France au Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur l’établissement d’une liste noire des entreprises participant à la colonisation ou encore les propos de Jean-Marc Ayrault en retrait par rapport à son prédécesseur quant à la reconnaissance de l’État de Palestine.
La crédibilité de l’initiative française sera jugée à ses résultats. Elle ne peut souffrir de la moindre complaisance face à ceux qui ont fait de la violation du droit le principe de leur action politique. Au contraire, seule une politique de sanctions et de pression continue sur Israël peut amener cet État à respecter le droit international.
Le Conseil de sécurité vient de rappeler « sa vive préoccupation devant les tentatives répétées d’Israël de défier la volonté de la communauté internationale et de faire perdurer l’occupation et l’annexion du Golan syrien » et que, comme l’a établi la résolution 497, « la décision israélienne d’imposer ses lois, sa juridiction et son administration au Golan syrien occupé est nulle et non avenue et sans effet en droit international ».
La France, comme membre permanent, doit soutenir pleinement la résolution condamnant la colonisation qui est entre les mains du Conseil et marquer ainsi que le respect du droit est la condition même de la paix.
Le Bureau national
Association France Palestine Solidarité (AFPS)
Lire aussi :
Une date est enfin fixée. La première conférence internationale, proposée par la France pour relancer un processus politique entre Israéliens et Palestiniens, se tiendra à Paris lundi 30 mai. Elle rassemblera les ministres des affaires étrangères d’une vingtaine de pays, dont les membres du Quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne (UE), Organisation des Nations unies (ONU)), les principales nations de l’UE et les pays clés de la Ligue arabe. Cette conférence doit servir avant tout à s’accorder sur un calendrier et des objectifs généraux, avant la tenue d’une nouvelle réunion, décisive, entre chefs d’Etat et de gouvernement, d’ici à la fin de l’année. C’est seulement alors que Palestiniens et Israéliens seraient conviés à la table des discussions. L’initiative française vise à sortir du patronage traditionnel et infructueux des Etats-Unis dans les négociations bilatérales. Depuis le printemps 2014 et l’échec du secrétaire d’Etat, John Kerry, aucun processus politique n’a été relancé. Paris aimerait surmonter le pessimisme général et réunir toutes les bonnes volontés autour de ce conflit, même s’il est passé au second rang des priorités. D’ici au 30 mai, le Quartet devrait rendre un rapport dressant un constat sévère de la détérioration sur le terrain et dessiner des pistes pour la préservation d’une solution à deux Etats.
Obama attendu sur le dossier
L’annonce de la date du 30 mai a été faite par Haaretz, jeudi 21 avril. Le quotidien israélien a compromis la communication du Quai d’Orsay. Plusieurs quotidiens, français et étrangers, doivent publier vendredi un entretien avec Jean-Marc Ayrault, dans lequel le ministre des affaires étrangères annonce la première concrétisation de l’initiative française, en termes de calendrier. La conférence du 30 mai devrait être précédée d’un ou plusieurs jours par une réunion technique entre diplomates, pour s’accorder sur les termes du communiqué final. Auparavant, M. Ayrault pourrait effectuer une visite éclair en Israël et dans les territoires occupés. La date du 13 mai est examinée.
Pour l’heure, les Israéliens font preuve d’une grande réserve publique par rapport à l’initiative française. Ils estiment que son sort dépend des intentions de l’administration Obama, qui demeurent illisibles. Le président américain tentera-t-il, dans les derniers mois de son mandat, de s’activer une dernière fois sur ce dossier maudit ? La période avant le scrutin présidentiel de novembre est très défavorable. Mais les deux mois suivants, avant l’entrée en fonction de son successeur, peuvent lui offrir une liberté inédite.
Et Pierre Haski dans le Nouvel Obs: "Israël-Palestine, faux semblants au Proche Orient"
On reparle enfin de la question israélo-palestinienne. Depuis que les "printemps arabes" ont abouti à plusieurs guerres (Syrie, Irak, Libye, Yémen…), le dossier palestinien a été relégué au second plan, comme si la nécessité de résoudre un conflit ne se mesurait qu’en nombre de victimes. L’absence de règlement de ce conflit vieux de plusieurs décennies fait pourtant peser des menaces permanentes sur la région, et bien au-delà, jusqu’au cœur de la société française.
La question israélo-palestinienne revient à l’ordre du jour, notamment à la faveur d’une initiative diplomatique française ; mais, pour autant, est-on plus près d’une solution ? Malheureusement il faut répondre par la négative, tant le rapport de forces est, à l’heure actuelle, très défavorable à une paix réelle et équitable. Un rapide aperçu des acteurs en présence laisse peu de place à une solution négociée, près de vingt-cinq ans après la conférence de Madrid, qui avait mis face à face pour la première fois Israéliens et Palestiniens, et vingt-trois ans après les accords d’Oslo, qui avaient permis la reconnaissance mutuelle.
Du côté israélien, la puissance dominante sans laquelle rien n’est possible, l’heure n’est pas au compromis, au contraire. La colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est se poursuit inexorablement, créant sur le terrain une situation de fait qui, chaque jour, affaiblit l’option des deux Etats. Et les Israéliens, l’opinion comme le gouvernement de droite et d’extrême droite, n’ont jamais été, depuis plus de deux décennies, aussi peu favorables à une entente avec leurs voisins palestiniens.
L’"intifada des couteaux", qui a fait quelque deux cents morts, en grande majorité palestiniens, depuis son déclenchement il y a six mois, a durci une opinion déjà largement acquise au camp des "faucons", alors que celui des "colombes" est réduit à la portion congrue. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, répète à l’envi qu’il est prêt à négocier sans conditions, mais les Israéliens eux-mêmes savent qu’il n’en pense pas un traître mot…
L’espoir fait vivre, dit-on
Côté palestinien, ce n’est guère mieux. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est à bout de souffle et condamné à la gesticulation internationale ; sa succession s’annonce complexe, tandis que les islamistes du Hamas contrôlent la bande de Gaza, ghetto explosif soumis à un blocus israélien générateur de toujours plus de frustrations et de rancœurs. Le désespoir de la génération post-Oslo a conduit aux attentats au couteau – suicidaires –, des actes de violence individuelle insensée échappant à toute stratégie d’appareil.
A ceux qui espèrent en ce qu’on n’ose plus appeler la communauté internationale pour imposer un règlement, il faut recommander un peu de lucidité. L’initiative française est sympathique et louable, mais, lancée par Laurent Fabius alors qu’il se savait sans doute déjà sur le départ, elle est menée avec la quasi-certitude de ne pas aboutir. La seule "menace" qui lui donnait un peu de crédibilité, l’annonce qu’en cas d’impasse la France reconnaîtrait "automatiquement" la Palestine, a été abandonnée car trop isolée, y compris en Europe, comme d’habitude aux abonnés absents sur ce sujet sensible.
Les Etats-Unis, en pleine période électorale, ne peuvent ni ne veulent se "mouiller" au sujet de la Palestine avant l’élection de novembre, surtout après huit années d’impuissance de Barack Obama sur ce dossier. Alors que reste-t-il ? L’espoir qu’en en reparlant on fera bouger les lignes au Proche-Orient ? L’espoir fait vivre, dit-on ; de nouveau déçu, il peut aussi faire mourir.
Une très belle chronique de François Labbé transmis par le "Centre d'histoire de la Bretagne": en peu de mot, c'est un magnifique portrait littéraire et moral de Louis Guilloux, un écrivain que j'adore et dont les livres, entre beauté, noirceur humaine et sociale, espoir et mélancolie, m'ont beaucoup marqué, notamment "Le sang noir". Guilloux n'a sans doute pas la gloire littéraire nationale qu'il mérite. Son écriture tout en étant très accessible, est forte et personnelle. Assez peu d'écrivains de sa génération ont montré ainsi une sensibilité aussi forte à la question sociale, aux classes populaires. Je me suis permis de faire partager cette chronique de François Labbé que j'ai reçu par mail aux lecteurs du Chiffon Rouge. Car Louis Guilloux était un écrivain engagé dont les combats se rapprochent fortement des nôtres aujourd'hui. Ismaël
Chronique de l'histoire littéraire des Bretons par François Labbé (Centre d'histoire de la Bretagne): Louis Guilloux
http://www.centre-histoire-bretagne.com/
Saint-Brieuc est d’abord pour moi la ville de Louis Guilloux. Je l’ai découvert vers 1975 grâce à Yannick Pelletier qui écrivait sa thèse sur lui et avait eu la chance de le rencontrer à plusieurs reprises.
Je revois cette émouvante photo parue dans Ouest-France vers 1978 : Louis Guilloux âgé, la pipe à la main, assis avec Yannick Pelletier sous le marronnier de la Place Saint-Pierre, cette place qui fut le lieu de jeu de sa jeunesse (dans ses romans Place Saint-Paul ou Place Saint-Jacques) et où son père avait son échoppe de cordonnier. La municipalité voulait alors transformer la place, la moderniser, l’urbaniser : Louis Guilloux aurait souhaité qu’on en conserve le côté intime... Sa volonté n’a pas été respectée, mais le marronnier (planté à la révolution de 1848) a été heureusement préservé.
Aragon plaçait Le sang Noir à côté de Don Quichotte et Camus comparait Guilloux à Tolstoï ! En Allemagne (longtemps, il fut seulement publié à l’Est !), un important critique, Walter Heist, le comparait à Dickens et Balzac tandis que Peter Hamm en faisait le plus allemand des grands romanciers français du XXe siècle. Il est un fait que Le Sang Noir n’est pas sans rappeler Professor Unrat de Heinrich Mann, et Cripure, son personnage principal, possède la même complexité, la même profondeur que Peter Kien dans Blendung d’Élias Canetti ! Cependant, si j’ai personnellement beaucoup apprécié le chef-d’œuvre de Louis Guilloux, s’il est indiscutable qu’il fait partie des grands textes contemporains, je ne souscris pas entièrement à l’opinion de Gaëton Picon qui le voyait au niveau de Voyage au bout de la nuit et de La nausée ! En ce qui concerne le roman de Sartre, c’est sans doute vrai, mais le chef-d’œuvre de Céline me paraît être incomparable, ce qui n’enlève évidemment rien au génie de Louis Guilloux.
Lire Guilloux a été pour moi, citadin, habitant des quartiers HLM de Maurepas à Rennes, « galvaudeux » selon mes professeurs, une extraordinaire révélation. Cet auteur parlait d’une Bretagne tout à fait différente de la Bretagne alors littérairement traditionnelle des bardes, des aristocrates, des prêtres, des paysans pauvres, des pêcheurs traqués par la mort, des mendiants errant dans les campagnes, de la dévotion, des superstitions, de la misère sans fond et sans espoir, de la nature granitique, de la mer infinie. La majorité des œuvres se rapportant à la Bretagne traitent en effet du peuple des campagnes ou du peuple de la mer, celui des villes étant un peu laissé pour compte. Paysan et pêcheur, voilà le Breton ; pas de place pour l’artisan, l’ouvrier, l’habitant des villes. Or, un auteur mettait enfin en scène ce petit peuple des artisans et des ouvriers, des petits-bourgeois et des révoltés, le prolétariat et la lutte des classes. Il n’abolissait pas la présence tutélaire de la province et de ses spécificités, mais il la plaçait dans une autre lumière, plus moderne, plus directement axée sur les combats qui alors sévissaient dans le monde, en France et en Bretagne. Louis Guilloux me donnait une voix !
Dans Le Sang noir, l’auteur briochin s’attache certes à une tragédie individuelle : l’histoire d’une journée de 1917, à Saint-Brieuc, loin du front, avec un personnage central, inspiré par cet important (et méconnu) philosophe ayant vécu à Saint-Brieuc, Georges Palante (1862-1925), surnommé par ses élèves « Cripure » (Critique de la raison pure), mais, il transcende le cas d’espèce. À travers le calvaire de ce professeur de philosophie, qui lui ressemble aussi beaucoup, Guilloux brosse le tableau d’un microcosme social fait de pharisiens, d’insupportables personnages figés dans leurs préjugés, mais aussi d’êtres bons et de victimes. Cripure (le professeur Merlin) est à la fois ridicule et sublime, petit et grandiose, détestable et admirable. Conscient de sa personnalité bornée, de son être petit-bourgeois, il hait les autres car il décèle chez eux les mêmes traits de caractère. Il ne parvient plus à dépasser cette condition déplorable que dans l’ivresse, autrement ses paroles ne sont que verbiage, banalité. Conscient de sa déréliction et de ses faiblesses, cela renforce sa haine de soi et sa vie s’enferme dans une spirale qui ne peut mener qu’à la mort. Le coup de génie de Guilloux, est peut-être d’avoir fait de ce roman une véritable tragédie classique – il conserve l’unité de lieu et de temps et Cripure n’échappera pas à son destin. Il n’est d’ailleurs pas une victime propitiatoire, un Messie permettant une régénération, mais une victime générique, symbolique, entourée de tous ces petits-bourgeois qui font la société de la guerre, ces personnages réifiés dont Prévert donnera l’horrible tableau dans son célèbre poème :
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu’est-ce qu’il fait le père ?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père[…]
Guilloux livre un tableau très détaillé d’une ville de province pendant le premier conflit mondial : alors que les fils de la cité versent leur sang sur le front, leurs pères se grisent d’un patriotisme casanier et bavard, vide de substance, égoïste auquel l’auteur fait contraster la révolte de soldats désillusionnés contre la brutalité de leurs officiers. Cette révolte (avec en arrière-fond les exécutions pour l’exemple sur le front), symétrique de la veulerie des pères, est extraordinairement rapportée par l’auteur qui souligne ainsi la perversité des embusqués et des officiers et laisse entrevoir la seule échappatoire possible. Cripure est plus qu’une caricature, il est le représentant de l’Homme (d’avant 14 ?), de l’Homme d’une civilisation désormais caduque et sans vraies ressources, pitoyable. Le Sang noir est avant tout un roman certes plus métaphysique que politique mais qui remet en cause les structures de la société bourgeoise bien-pensante. C’est là le chef-d’œuvre d’un écrivain anarcho communiste, préfigurant parfois La Nausée, ce qui est nouveau en Bretagne et parlera particulièrement aux générations ayant vécu 1968 et ses espoirs, mais un roman toujours « actuel ». D’ailleurs, selon Louis Guilloux lui-même, ce roman ne met pas seulement en cause la bourgeoisie, mais « remet toute la vie en question ».
Dans Dossier confidentiel, il donnera encore une peinture sans compromis du climat qui règne « à l’arrière » pendant cette situation exceptionnelle et révélatrice qu’est la guerre : censure, hypocrisie, poses, méchancetés mises à jour…
Fils d’un petit cordonnier militant socialiste, né en 1899, Louis Guilloux devient vite un écrivain « de gauche » mais qui sait rester indépendant. Une bourse lui a permis de fréquenter le lycée de Saint-Brieuc où ses lectures lui révèlent Romain Rolland et Jules Vallès. Dès la fin de la guerre, il se rend à Paris. Il entre à l’Intransigeant en 1921 comme lecteur d’anglais, participe à de nombreuses revues. Grâce à André Chamson qui est devenu un ami, il peut confier à Daniel Halévy, lecteur chez Grasset, le manuscrit de La Maison du peuple, ce magnifique roman, à mon sens, qui fait découvrir le vieux Saint-Brieuc et les luttes ouvrières du début du siècle. Cet ouvrage sera défendu avec ardeur par Jean Guéhenno et sera à la base de la carrière d’écrivain de Louis Guilloux. En 1926, il se rend à Toulouse d’où est originaire sa femme, Renée Tricoire, épousée en 1924. En 1930, il revient à Saint-Brieuc, fait construire sa maison rue Lavoisier et est responsable du Secours Rouge.
Les années trente seront particulièrement fructueuses : Dossier confidentiel (1930), Hyménée (1932), Le lecteur écrit (1932), Angelina (1934), Le Sang Noir (1935)…
Il s’engage de plus en plus dans la lutte contre les fascismes, conscient que le danger immédiat réside dans ce totalitarisme qui s’empare de l’Europe et que, face à ce cancer, il faut faire taire les querelles de chapelle à gauche (il est secrétaire du premier Congrès des écrivains antifascistes). En 1936, il accompagne André Gide en URSS, mais déçu par ce qu’il découvre, il ne poursuit pas ce voyage jusqu’à son terme. Il ouvrira sa porte aux réfugiés espagnols en sa qualité de responsable du Secours Populaire Français. En 1937, il est critique littéraire de Ce Soir mais son refus, malgré les pressions de Aragon et Bloch de dénoncer, comme le voudrait aussi la ligne du journal, les Retouches à mon Retour d’URSS de Gide, il se voit obligé de démissionner. Pendant la guerre, il demeure à Saint-Brieuc où il termine son Pain des rêves (livre exceptionnel sur le petit peuple de Saint-Brieuc, sur les espoirs du prolétariat que Charles Le Quintrec considérait au même titre que Le Sang noir, comme un chef-d’œuvre et qui sera récompensé par le Prix Populiste (1942). Sa maison est ouverte aux Résistants, et, en 1943, au cours d’une perquisition, on arrête chez lui une militante communiste qu’il abrite, Hélène Le Chevalier, de Kergrist. En 1944, il fuit la Gestapo et se cache à Toulouse. Après la Libération de Saint-Brieuc, il sert comme interprète auprès des tribunaux militaires américains, une expérience relatée dans O.K., Joe ! Il est très lié à Albert Camus (reçu chez lui en 1947) et à Jean Grenier (rencontré en 1917 à la bibliothèque de Saint-Brieuc !). Le Sang Noir faillit obtenir le prix Goncourt en 1935 ; il obtient le prix Renaudot en 1949 avec Le Jeu de patience qui aborde le thème du chômage et de la déshumanisation qu’il implique.
En 1962, il adapte Le sang noir pour la scène (Cripure) et poursuit son œuvre (Les batailles perdues, La confrontation, Salido… Notons son intérêt pour la Bretagne avec des livres comme La Bretagne que j’aime ou l’album photographique Souvenirs de Bretagne.
Toute sa vie, il restera comme en marge du « marché » littéraire même si le prix de l’Académie française lui sera remis.
Son œuvre est immense et la parution de ses carnets a été un événement pour tous ceux qui aiment son œuvre, la Bretagne ou qui s’intéressent à l’histoire littéraire entre les deux guerres.
Camus a dit de lui : « Guilloux songe presque toujours à la douleur chez les autres, et c’est pourquoi il est, avant tout, le romancier de la douleur ».
Parfois, quand, dans mon exil du Pays de Bade, je veux revoir la Bretagne, ce sont les photos sépias de Charles Lhermitte que je regarde publiées par les éditions Chêne en 1988, ces Souvenirs de Bretagne pour lesquelles Louis Guilloux rédigea une préface, une émouvante « divagation bretonne », comme il l’écrit.
Guerlesquin. Une nouvelle organisation chez Tilly Sabco Bretagne:
Ainsi donc, François Hollande et son gouvernement ont très clairement fait le choix de la provocation et des violences policières hier, dans plusieurs villes, lors de la journée de mobilisation pour le retrait de la loi El Khomri.
Cela ne date pas d'hier, nous avions déjà, lors des dernières mobilisations, alerté sur des comportements et des actes indignes d'une police qui doit agir dans le respect des valeurs de notre République, qui plus est quand il s'agit d'intervenir auprès de jeunes.
La journée du 28 avril marque une inacceptable surenchère qui, pour avoir été constatée en de si nombreux endroits, ne peut qu'avoir été décidée par le ministre de l'Intérieur avec des instructions pour créer un climat de tension.
Ceci est d'abord le signe de l'extrême fébrilité de l'exécutif face aux mobilisations et aux convergences pour le retrait de la loi El Khomri.
Bernard Cazeneuve doit faire preuve de sang froid et s'interdire tout amalgame. Les casseurs, doivent être arrêtés et présentés à la justice, et les jeunes manifestants, les salariés, les représentants des organisations syndicales et de jeunesse qui agissent dans le cadre d'un mouvement social et citoyen doivent pouvoir manifester en toute sécurité. Un peu de discernement ! Il n'est pas très compliqué de faire la différence entre des jeunes avec des pancartes et porteurs d'exigences pour leur vie, et des casseurs cagoulés et équipés pour en découdre avec les forces de l'ordre.
L'exécutif doit se ressaisir, ne pas faire le choix du pourrissement, en décidant du retrait de la loi dite "travail", rejetée par une écrasante majorité, et en acceptant un vrai dialogue pour de vraies solutions.
Olivier Dartigolles, porte parole du PCF
En voilà un qui ferait bien de surveiller ses arrières.....
Macron (Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro) (né vers 21 avant JC et mort en 38) est un haut fonctionnaire impérial romain du 1er siècle. Selon Tacite et Dion Cassius, il serait l'assassin probable de l'empereur Tibère*
Quand bien même ce ne serait point Tibère (ni même un quelconque imperator !!!), il devrait se souvenir de Caesar.............et de Chirac !
édito de Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF
La « route des Balkans » est comme l’enfer.
Les dirigeants européens, restés sourds depuis des années aux alertes du Haut commissariat aux réfugiés, ont invoqué la responsabilité de « protéger les populations européennes » – qu’ils ne protègent pourtant pas de la crise économique et sociale, bien au contraire. Sur fond de crise sans précédent, et de leur obstinant refus de sortir des politiques d’austérité qui appauvrissent nos pays et nos peuples, ces dirigeants ont préféré – non pas sauver des vies – mais fermer les frontières, confiner les migrants dans des camps, monter des murs de barbelés, mobiliser les forces armées pour les pourchasser, attiser une peur panique fabriquée par la droite et l’extrême droite, de voir l’Europe « submergée ».
En Hongrie et au Danemark, il est maintenant question de confisquer leurs biens, le peu qui leur reste, aux migrants.
Cela nous ramène violemment aux heures les plus noires de notre histoire.
Devant la détresse de familles entières fuyant la guerre en Syrie, en Irak, en Afghanistan, devant les tragiques morts de milliers d’entre eux en Méditerranée, devant l’élan de survie de milliers de femmes et d’hommes fuyant la misère, les bouleversements climatiques ou la dictature, les habitants des îles grecques ou des côtes italiennes ne sont pas restés tétanisés par l’émotion ou la peur, et ont déployé des trésors de solidarité pour leur venir en aide. Partout en Europe, des réseaux de solidarité se sont organisés tandis que les gouvernants ont opposé les populations les unes aux autres en arguant du poids du chômage, de l’avenir incertain, de la précarité. Autant de peurs renforcées par des attentats conduisant à installer l’amalgame « migrants / terroristes ». Certains rêvent même à présent d’exclure de la zone Schengen la Grèce qui a, seule, fait face à l’arrivée de milliers de migrants, et dont le premier ministre a été le seul dirigeant européen à aller à la rencontre des réfugiés et des acteurs de la solidarité. Si les migrants et réfugiés sont plus nombreux que jamais, « l’invasion » n’a pas eu lieu et, en France, moins qu’ailleurs… Les chiffres sont là.
ALORS POURQUOI CETTE OPÉRATION ?
Parce que jouer sur la peur des migrants permet de masquer les vé- ritables causes des difficultés qui assaillent les Français et qui sont à chercher dans les conséquences de la politique d’austérité et de la soumission aux dogmes libéraux qui créent chômage, bas salaires et délitement social. Austérité et solidarité sont incompatibles.
Parce que jouer sur la peur des « autres », de ceux que l’on présente comme des désespérés alors qu’au contraire, c’est l’espoir pacifique d’une vie meilleure qui les meut permet de masquer les responsabilités respectives dans les déséquilibres mondiaux qui causent ces mouvements massifs de populations. La crise des migrants est mondiale : tous les continents sont touchés d’autant que, pour l’essentiel, ces mouvements migratoires qui atteignent des records historiques restent cantonnés pour 80 % d’entre eux du sud vers le sud. Il y a donc aussi des solutions mondiales à mettre en oeuvre.
Alors comment répondre à cette vaste entreprise de falsification qui vise à brouiller les cartes et conduit dans l’impasse alors qu’il est urgent d’agir.
Le PCF avance des propositions qu’il développe dans ce livret. Il s’agit de changer de logique mais il y a des politiques possibles aujourd’hui.
J’en soulignerai 3 à engager d’un même mouvement :
• D’abord, les migrants ont des droits fixés par des institutions internationales et ratifiés par les Etats qui ont la responsabilité de les mettre en œuvre. Il faut souligner le courage, le dévouement des associations, des militants, des élus qui agissent pour le respect des droits et de la dignité des migrants. C’est eux que le gouvernement doit écouter et appuyer.
• La politique d’austérité en dégradant les conditions de vie et de travail s’en prend à tout ce qui concoure à faire vivre les valeurs d’égalité et de fraternité, moteurs du vivre ensemble : le travail, les services publics, le droit au logement et à l’éducation, à la santé, les droits collectifs et individuels. L’asphyxie budgétaire du pays et de nos collectivités territoriales ne mène qu’à plus d’inégalités et d’injustices.
• Enfin, c’est toute la politique extérieure française qu’il faut changer. Les migrations qui augmentent au plan mondial ont une triple origine : fuir les conflits et les violences ; échapper à la misère pour assurer à sa famille une vie meilleure et aux dérèglements climatiques que nos modes de développement et de production, mais aussi les règles du « libre-échange », engendrent. S’attaquer aux causes c’est donc promouvoir un nouvel ordre mondial, basé sur la paix et le développement et le recul des inégalités que provoque une mondialisation capitaliste prédatrice, c’est aussi commencer à s’attaquer au terreau du fondamentalisme religieux et du terrorisme. Ainsi, que la guerre cesse en Syrie, et des milliers de Syriens pourraient retrouver leur pays.
Français et immigrés partagent un intérêt commun, celui de construire une société de justice, de partage, de mise en commun, qui réponde aux aspirations de tous les citoyens à égalité de droits et libertés. C’est de ce côté que se trouve l’avenir, un avenir pour chacun d’entre nous.
- par Patrick Le Hyaric, député européen, directeur de L'Humanité
La crise migratoire a changé le visage de l’Europe.
Elle a pour origine essentielle la guerre qui se poursuit au Proche-Orient et qui jette sur les routes de l’exode des centaines de milliers de personnes victimes de violences et de persécutions. La volonté de l’organisation Etat islamique de pratiquer des attentats au sein de l’espace européen et les menaces qu’il fait peser ont des incidences sur la réaction des opinions européennes face aux questions migratoires.
La réponse ne peut pas être, pour autant, dans le repli sécuritaire et dans l’Europe forteresse. Avec de telles réactions l’Europe foule aux pieds des valeurs dont elle se réclame. Plus encore, le non traitement des questions aggrave la crise : on n’empêchera pas des hommes et des femmes de fuir les massacres. On ne favorisera pas ainsi la sortie des logiques de guerre en Orient. La France doit faire le choix d’un rôle beaucoup plus actif et positif pour que soit traitée conformément aux textes internationaux, à la convention de Genève dont elle est signataire, la question du droit d’asile. Nous ne pouvons pas en rester à la déclaration de M. Valls du 18 novembre 2015 en Allemagne rapportée par le Süddeutshe-Zeitung : « Nous ne pouvons pas accueillir plus de réfugiés ».
Alors que dans un premier temps l’Union européenne avait laissé entendre qu’elle pourrait ouvrir modestement ses portes et pratiquer une politique de « relocalisation » des migrants, arrivés en grand nombre en Italie et en Grèce, avec une répartition par quotas, la réalité est vite devenue bien différente.
Ainsi la France a accueilli le chiffre famélique de 19 demandeurs d’asile « en besoin manifeste de protection » depuis le mois de septembre.
Ils sont les seuls des quelques 30 000 personnes que l’Etat français s’était engagé à recevoir en deux ans dans le plan européen de relocalisation qui portait sur 160 000 personnes. C’est tout simplement une honte !
Pour toute l’Europe ce sont 200 personnes qui auront été accueillies.
Quant au chiffre hors quotas de gens qui sollicitent l’asile dans notre pays il ne progresse que de 15 % à 20 % par rapport à 2014 année où il était en baisse, pour atteindre entre 75 000 et 80 000. Cette augmentation serait liée à la situation à Calais et à Dunkerque où se concentrent dans des conditions indignes des migrants qui veulent aller en Angleterre où ils sont refusés. Ces chiffres sont très loin de ceux de l’Allemagne qui aurait accueilli plus d’un million de personnes en 2015.
Mais désormais c’est dans toute l’Europe que se développe l’hostilité à l’accueil des réfugiés. En Europe orientale et centrale ce mouvement prend une tournure explicitement raciste avec l’érection de barbelés et des décisions de chasse à l’homme qui sont contraires aux principes fondateurs de l’Union.
En Suède, les réfugiés sont spoliés de leurs biens personnels. Les mesures de contrôle et de surveillance aux frontières de l’Union sont renforcées, la Grèce et l’Italie sont pressées de bloquer les entrées sur leur territoire et un accord douteux est passé avec la Turquie pour qu’elle garde sur son territoire le maximum de réfugiés syriens. Il faut tout faire pour sortir de cette logique mortifère et aller vers une sécurisation des parcours des réfugiés et un traitement de ce douloureux dossier conformes aux textes de l’ONU.
Avec plus de 3 800 personnes noyées en 2015 en cherchant à traverser la Méditerranée, le nombre de personnes ayant trouvé la mort sur le chemin de l’exil dépassera, en 2016, les 30 000 depuis l’an 2000.
Au lieu de prendre la mesure de ce funeste décompte les Etats membres de l’Union européenne confirment, de sommets en conseils, leurs politiques xénophobes et sécuritaires. À coup de chiffres alarmistes, les défenseurs de l’Europe forteresse feignent de faire face à une crise migratoire sans précédent. Mais les chiffres disent autre chose. Il y a, à ce jour, autant de demandeurs d’asile par habitant de l’UE qu’il y en avait au début des années 1990. Et, dans le monde, le nombre de personnes sous mandat de protection du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies est le même qu’en 1995. En effet, en 2015, plus de 60 millions de nos semblables ont été contraints de quitter leur foyer à cause de la guerre et de la pauvreté. Mais les pays riches, de par leurs logiques de dominations économiques et militaires, en sont les principaux responsables.
58 % des demandeurs d’asile, l’an passé, venaient des zones de conflits où les armées occidentales sont les plus engagées : Syrie, Afghanistan et Irak.
Et pourtant, 86 % des migrations se font du sud vers le sud.
Le Liban reste le pays qui accueille le plus grand nombre d’exilés, avec 209 réfugiés pour 1 000 habitants. En Allemagne, par exemple, ce rapport est de 6 pour 1 000. Et de 5 pour 1 000, en France.
La prétendue invasion que subirait l’Europe est un mythe. Pire, c’est un mensonge qui vise à alimenter la peur et à justifier des politiques dictées par une idéologie d’extrême droite. Si les images de bidonvilles dans le nord, de campements en plein Paris ou sur les côtes mentonnaises inondent nos écrans de télévision, c’est qu’en France, comme dans les autres pays de l’UE, les dirigeants font le choix de l’égoïsme contre nos valeurs de fraternité.
par Dominique Watrin, sénateur du Pas de Calais
À plus d’un titre, Calais se trouve dans une impasse. Impasse des politiques sécuritaires : procédures administratives, judiciaires, reconduites à la frontière et déplacements d’office qui atteignent aujourd’hui des sommets (un millier de personnes renvoyées ces dernières semaines vers des centres de rétention administrative) au nom de la lutte contre « l’appel d’air ».
Impasse d’une logique qui voudrait séparer réfugiés politiques et migrants économiques « qui ont vocation à être reconduits à la frontière » selon Bernard Cazeneuve quand la jungle de Calais est peuplée d’Érythréens, d’Afghans, d’Irakiens et de peu de Syriens.
Impasse des logiques de guerre et de grandes puissances menées au Moyen-Orient depuis 25 ans qui ont fait le lit des dictateurs et de Daesh.
Avant tout, je tiens à rendre un hommage appuyé à la population calaisienne qui subit une triple peine avec d’une part, un taux de chômage record (16 %) tandis que les suppressions d’emplois se multiplient (dentelle, Tioxide, My ferry Link…). Et d’autre part, la pauvreté, la précarité encore renforcées par cette situation de cul-de-sac migratoire. Hommage aux associations humanitaires pré- sentes 24h sur 24 aux côtés des réfugiés, et qui mènent un travail irremplaçable d’accompagnement (social, juridique, sanitaire…) et de lien humain. Il a tout de même fallu que Médecins du monde et le Secours catholique-Caritas saisissent le Tribunal Administratif de Lille pour que soit reconnu officiellement que les 4 500 migrants de Calais « étaient bien exposés à des traitements inhumains et dégradants » en étant entassés dans des conditions insalubres.
Les sénateurs communistes du Nord/Pas-de-Calais rencontrent régulièrement les salariés du port et du Tunnel sous la Manche, les syndicalistes, les associations humanitaires et les réfugiés euxmêmes. Ils lancent aujourd’hui un appel pressant au gouvernement.
Nous, parlementaires communistes du Nord/Pasde-Calais, nous disons que la logique de la force est vaine comme le démontre l’échec des déplacements forcés.
Ainsi l’évacuation du camp de Téteghem s’est-elle conclue par le retour dans les campements de l’immense majorité des déplacés qui souhaitent d’abord se rendre au Royaume-Uni où ils ont de la famille, où les petits boulots souspayés sont légion et où ils sauront parler la langue !
La France doit renégocier les accords du Touquet signés par Nicolas Sarkozy et qui ont mis la frontière anglaise à Calais !
Le durcissement sécuritaire avec une frontière quasi étanche ne fera que rendre encore plus explosif le cul-de-sac migratoire.
LE TRAITÉ DU TOUQUET
Le traité du Touquet a été signé le 4 février 2003 par les ministres de l'Intérieur de la France et du Royaume-Uni, Nicolas Sarkozy et David Blunkett. Il vise à juguler l'immigration vers le Royaume-Uni, non membre de l'espace Schengen. Il établit que le contrôle de la frontière britannique se fait du côté français de la Manche. En échange du maintien des migrants sur le territoire français, le RoyaumeUni verse une aide financière à la France. Le texte du traité précise que « chaque partie peut y mettre un terme à tout moment » avec prise d’effet « deux ans après la date de ladite notification ».
par Dominique Noguères, avocate et militante des droits humains
Parler de l’immigration relève d’une gageure tant les idées reçues sont fortes comme les manipulations et l’utilisation à des fins politiciennes. La part de la population immigrée augmente, mais de façon très modérée.
De ce point de vue, il n’y a pas de menace pour la cohésion nationale.
En revanche, la manière dont la France gère la régularisation des étrangers est inacceptable. Comment ne pas trouver absurde que l’on demande à un étranger de rester des années en situation irrégulière avant de pouvoir être régularisé ?
La réforme actuelle du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) n’apporte pas de solutions malgré la volonté de créer un titre de séjour pluriannuel d’une durée modulable selon la catégorie juridique en cause.
La précarité du séjour reste la règle.
Plus de 60 millions de personnes sont déplacées en 2014 dans le monde, soit 42 500 personnes par jour selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Nous le vivons chaque jour aux frontières de l’Europe.
Dans ce contexte, la « forteresse » européenne ne fera qu’augmenter l’hécatombe et ne résoudra rien.
En France, demander l’asile relève du parcours du combattant.
La multiplication des textes comme la Convention de Dublin, qui oblige le demandeur d’asile à demander la protection dans le pays par lequel il est arrivé et non pas dans le pays de son choix, et la liste des pays dits sûrs établie et mise à jour régulièrement par l’Ofpra mettent de lourdes barrières aux demandes d’asile.
Seulement un quart des demandes sont acceptées au sein de l’UE et la France est bonne dernière.
Et pourtant, il y a des solutions !
Le migrant ne représente pas un coût pour le pays dans lequel il se trouve sauf à le priver de tous ses droits. Le régulariser, c’est lui faire payer des impôts, des cotisations sociales, participer à la vie économique et sociale du pays. Le laisser dans la clandestinité ou la précarité du séjour, c’est non seulement le mettre en danger, mais c’est se rendre complice des prédateurs mafieux et/ou terroristes. Il faut redonner au droit d’asile sa véritable fonction de protection, cesser de faire la différence entre les migrants « économiques » et les migrants « politiques », et éviter ainsi de créer deux catégories de migrants. La directive de Dublin doit donc être revue de fond en comble. Il est indispensable de réorienter les crédits des politiques européennes sécuritaires vers des politiques d’accueil et d’intégration, de cesser d’externaliser le contrôle des frontières à des pays peu respectueux du droit, qu’ils soient limitrophes de l’UE ou non. Il faut donc que les immigrés puissent circuler librement. Plus on fermera les frontières, plus ils feront tout pour ne plus repartir par peur de ne plus pouvoir revenir, dans un cercle infernal incessant. Le droit de migrer est essentiel dans un monde interdépendant comme tous les travaux d’experts et d’économistes et ceux des grandes organisations internationales (OIT, HCR, OCDE…) consacrés aux migrations l’ont rappelé, études à l’appui. Ils soulignent aussi que les politiques migratoires doivent s’attacher à sécuriser les parcours, dans le respect des droits de l’homme, en assurant la fluidité de l’offre et de la demande de main-d’oeuvre, dans l’intérêt des pays de départ comme des pays d’accueil. C’est un défi essentiel à relever dans l’intérêt de l’humanité tout entière.
Les immigrés sont une très bonne affaire pour l’économie française. Selon une étude réalisée en 2010 par des chercheurs de l’université de Lille pour le compte du ministère des Affaires sociales, les immigrés ont reçu en 2009 de la part de l’Etat 47,9 milliards d’euros mais ont reversé 60,3 milliards. Par conséquent un solde très positif de 12,4 milliards d’euros pour les finances publiques. Ce résultat est issu de la comparaison entre les différents postes de dépense de l’État (retraite, aides au logement, RMI, allocations chômage et familiales, prestations de santé, etc.) et les sommes reversées au budget de l’État par le travail des immigrés (impôt sur le revenu, impôt sur le patrimoine, impôts et taxes à la consommation, impôts locaux, CRDS et CSG, cotisations sociales, etc.).
Déclaration du PCF
En octobre 2015, à l’issue d’une réunion de la Commission européenne, Jean Claude Juncker, son président, souhaitait que « l’Europe soit recherchée comme une terre de refuge et que l’accueil de 160 000 réfugiés soit une première historique est un motif de fierté ».
Déjà, à l’époque, cette déclaration était particulièrement déplacée, car, depuis des mois et des années, les drames s’accumulaient sur la route des migrants venant d’Afrique et du Proche-Orient, par la Méditerranée.
Mais aujourd’hui, elle résonne comme un terrible désaveu devant les échecs, les capitulations de l’UE, son incapacité à remplir ses devoirs de solidarité et à appliquer ses propres décisions.
Six mois après, l’accord signé au Sommet UE-Turquie du 7 mars ne peut que provoquer un sentiment de profonde honte.
En effet, l’accord entre le premier ministre turc Davitoglu et les chefs d’États ou de gouvernements de l’UE vise à renvoyer en Turquie tous les migrants, syriens compris, aujourd’hui en Grèce, venus au péril de leur vie, chercher un refuge en Europe.
En contrepartie, l’UE s’engage à faciliter l’obtention de visas de tous les États membres aux citoyens turcs, d’accélérer le versement des 3 milliards déjà promis, d’en ajouter 3 milliards supplémentaires et de favoriser la reprise des négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’UE.
De son côté, la Turquie s’engagerait, outre à reprendre les réfugiés expulsés d’Europe, à organiser, selon le principe de « un pour un », le passage vers la Grèce de Syriens, uniquement dans le cadre de mesures contrôlées et sécurisées, où l’OTAN jouerait un rôle.
À l’avenir, même si l’accord ne l’indique pas, le rapatriement des autres réfugiés - Afghans, Erythréens, Soudanais, Irakiens… - non admis en Europe, serait mis en place en direction de leurs pays d’origine. Le premier ministre turc déclarait être en discussion sur ce sujet avec ces pays.
Ainsi, l’UE et les États membres abandonnent à la Turquie la responsabilité d’assurer le contrôle de leurs propres frontières et de gérer l’accueil des réfugiés qui vont être chassés de Grèce. Or, ces réfugiés veulent aller en Europe, pas en Turquie, et le droit international exige que leur choix soit respecté.Enfin, le passage - sous contrôle - Turquie-Europe restera aléatoire, lié au bon vouloir d’accueil des pays européens, déjà très réticents.
Les 1,2 millions de migrants en 2015 arrivés sur le sol européen ne représentent pourtant que 0,3 % de la population européenne.
L’Europe se transforme peu à peu en bunker, sourd et aveugle devant la détresse des réfugiés.
Pire, l’UE organise leur expulsion, leur refoulement avec l’aide de la Turquie, niant leur droit à choisir un pays d’accueil où déposer leur demande, la Grèce étant dans l’impossibilité de les accueillir malgré l’extraordinaire élan de solidarité de son peuple.
Que la Turquie ait pu ainsi être investie, grâce à un chantage politique et financier, du rôle de partenaire indispensable auprès de l’UE ne peut que provoquer colère et indignation. Le régime autoritaire turc se livre à une véritable chasse aux démocrates, aux journalistes indépendants ; il mène sur son territoire une guerre sans merci contre les Kurdes ; intervient en Syrie contre les Kurdes syriens qui combattent les groupes djihadistes, groupes armés que la Turquie n’a cessé depuis des années d’utiliser pour ses intérêts de puissance régionale.Les dirigeants européens ontils mesuré les conséquences de leurs décisions et l’image qu’ils donnent de marchandage, de trafics sur la détresse des réfugiés, avec un pays qui bafoue toutes les valeurs démocratiques que l’UE est censée représenter ?
Pourtant, l’UE a les moyens de répondre à ses devoirs d’accueil et d’asile, comme ne cessent de le rappeler l’ONU et son agence pour les réfugiés, le HCR, les grandes associations des droits humains et de défense des migrants, des élus, des citoyens de tous les pays d’Europe, attachés aux valeurs de solidarité, d’entraide et de partage.
Ainsi, l’UE pourrait, avec les États membres qui ont donné leur accord, accélérer l’installation des 160 000 réfugiés, respectant l’engagement pris en octobre et dont le nombre aujourd’hui ne s’élève qu’à un millier !
Que l’UE organise, avec les moyens importants qui sont les siens, non le refoulement de populations, mais l’ouverture entre la Turquie et la Grèce de voies légales sécurisées de passage pour les réfugiés, qui rendraient aussitôt caduc le recours aux passeurs et trafiquants. Mais l’UE et les États membres ont aussi des responsabilités dans les tragédies qui frappent aujourd’hui les peuples du Proche-Orient, les poussant sur les routes de l’exil. Le conflit en Syrie entre dans sa 5e année.
L’UE doit peser de tout son poids pour que le projet de transition politique se mette en place rapidement, pour arriver à un cessez-le-feu durable et à l’arrêt des hostilités dans les luttes inter-syriennes. L’UE s’est trop longtemps alignée sur les positions de ses amis du Golfe, de l’Arabie saoudite, du Qatar… de la Turquie, encouragée dans cette voie par la France qui a multiplié les surenchères politiques et militaires. Nous en mesurons aujourd’hui les conséquences désastreuses : cela n’a que trop duré. L’UE et les États membres se doivent d’apporter un soutien sans équivoque à la feuille de route, fixée par le Conseil de sécurité de l’ONU et à sa mise en oeuvre.
ET LA FRANCE ?
Le président Hollande a salué, quant à lui, cet accord « comme un acte très important de la Turquie pour réadmettre les réfugiés et les migrants qui l’ont quittée de façon irrégulière vers la Grèce ».
Cette déclaration est dans la droite ligne de la politique française depuis des années. Les autorités françaises sont concentrées non sur comment accueillir mieux et plus ces familles en détresse, mais sur comment faire pour en limiter le nombre, sans égards pour ce qu’elles ont vécu et leurs attentes. Cette froideur devant la tragédie de la guerre, de la violence, de la pauvreté est inacceptable.
D’autant que notre pays n’a connu en 2015 qu’une augmentation limitée de réfugiés, 20 % sur 2014, avec 4 600 Syriens sur les 362 000 arrivés en Europe…
Le fantasme de « submersion » alimenté par l’extrême droite aurait-il frappé l’esprit des dirigeants français ?
Le gouvernement français et le président Hollande ne peuvent accepter cet « accord de la honte » signé lundi, concocté par la chancelière Merkel et le premier ministre turc. Notre pays doit faire entendre sa voix, ses valeurs, ses principes en matière de défense des réfugiés et des migrants, en rappelant la vocation de terre d’asile de la France. Déjà contraint de jouer les garde-frontières de la Grande-Bretagne à Calais, notre pays va-t-il maintenant participer à des expulsions massives de ré- fugiés honteusement qualifiés « d’irréguliers » de la Grèce vers la Turquie ? Il doit au contraire proposer que ces populations, aujourd’hui bloquées en Grèce du fait des frontières fermées dans les Balkans, puissent être accueillies dignement dans les pays qui ont laissé la porte ouverte à la solidarité. Les capacités d’accueil existent dans notre pays dans les villes et les villages. Des actions solidaires d’associations, de citoyens sont aujourd’hui inutilisées : 15 000 réfugiés étaient attendus en 2015, seules quelques centaines ont été relogées. Des engagements ont été pris d’aides financières en faveur des collectivités accueillantes. Au lieu de jouer la stigmatisation, la division entre réfugiés et migrants, la France doit leur tendre la main et faire la preuve qu’elle reste ce grand pays de fraternité et de solidarité qui lui valent le respect et le regard amical et chaleureux de bien des pays dans le monde. À la prochaine réunion du Sommet européen, la France doit exiger le rejet de cet accord et enfin, accueillir dignement ces hom