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17 mars 2025 1 17 /03 /mars /2025 07:40
Histoires d'Algérie: L'histoire d'un poème anticolonialiste de 1952 de Kateb Yacine: Le fourgon cellulaire
Histoires d'Algérie: 
 
L'histoire d'un poème anticolonialiste de 1952 de Kateb Yacine
Le fourgon cellulaire
 
Bienheureux soit ce printemps d'orage
Qui fermera ton poing sur le pavé d'Houriya
Tu jouais pensive à l'ombre de la prison
Quand la brute tira son arme
Et ne sut dans quelle poitrine
Poursuivre son appel obstiné
Libérez les patriotes
Qui sinon toi
Patrie au cercueil décloué
Qui souffle aux lèvres de Lucie en veste rouge
Le cri de Houriya emmurée
Debout au passage des héros!
Dans le fourgon obscur
Les assassins ont cru dissimuler nos chaînes
Ils ont cru t'enterrer toute vive Houriya
Mais ce deuil n'est pas le nôtre
Les vrais captifs de ce fourgon funèbre
Ce sont les oppresseurs
Par notre union mis en bière
Bienheureux soit ce printemps d'orage
 
Lucette Larribère Hadj Ali alors militante du Parti communiste algérien, comme son père (docteur à Oran pratiquant les accouchements sans douleurs) et ses sœurs, raconte dans ses mémoires (Itinéraire d'une militante algérienne aux éditions du Tell, 2011):
 
"Je me souviens aussi, en avril 1952, le parti organisa une manifestation sur la petite place en face de la prison Serkadji (Barberousse alors) dans la Haute-Casbah, pour saluer et soutenir les militants nationalistes de l'OS (Organisation spéciale) au moment où dans leurs fourgons, ils réintégraient la prison au retour du Palais de justice. A "Alger républicain", nous fûmes nombreux à aller y participer. La police accourut aussitôt, arrêtant de nombreux militants et se jetant sur les enfants qui avaient envahi la place. Je me lançai alors en hurlant pour protéger les gosses et arrêtée, je fus "jetée" dans le commissariat.
Le lendemain, rue d'Isly, une femme, voilée en haïk blanc, m'arrêta et m'embrassa, m'expliquant qu'elle m'avait vu la veille sur la place, du haut de son balcon, et qu'elle m'avait reconnue car je portais en effet "la même veste rouge". Kateb Yacine, qui avait participé à cette manifestation, écrivit ensuite un poème: "Le fourgon cellulaire".
 
***
Lucette Larribère, dite Lucie, est née à Oran en 1920. Et morte à 94 ans le 26 mai 2014 à La Seyne-sur-Mer (Var). Fille du célèbre docteur des quartiers pauvres d'Oran Jean-Marie Larribère, communiste après guerre, et d'une maire institutrice, elle fut géographe, puis journaliste à Liberté (PCA) puis à Alger Républicain ; directrice de Femmes d’Algérie et présidente de l’Union démocratique des femmes ; membre du Comité central du PCA ; épouse en secondes noces du dirigeant communiste Bachir Hadj Ali ; clandestine depuis 1955 jusqu’à l’indépendance, agent de liaison et secrétaire du PCA interdit. Pendant la guerre, elle rencontre un dessinateur au service topographique, Robert Manaranche qui est né et a grandi en milieu petit-blanc colonial, se réclamant certes de la Commune de Paris mais empreint de racisme anti-arabe. Ils se marient en 1943 et auront deux garçons. Par anti-racisme, son mari devient communiste en 1945 sous l’impulsion de sa femme et de ses amis Henri Alleg et David Cohen. Communiste de famille et d’instruction, devenue journaliste, Lucette Larribère collabore d’abord au quotidien du PCA Liberté ; elle doit interrompre un an pour raison de santé ; à son retour, le PC lui confie la direction de Femmes d’Algérie, le périodique de l’Union démocratique des femmes.
En 1946, elle succède à Lise Oculi, morte du typhus, à la tête de cette Union démocratique des femmes. Le PCA est revenu sur sa dénonciation des nationalistes du PPA accusés de faire le jeu du nazisme en 1945 en suscitant un complot qui, à travers la campagne des AML (Amis du manifeste et de la Liberté), a conduit aux manifestations du 8 Mai 1945 suivies de la terrible répression et des massacres. Le PCA relance la demande d’un Front démocratique algérien ; l’Union des femmes participe à cette ouverture. À Oran en particulier, compensant des abandons de femmes européennes, l’Union des femmes gagnent des femmes algériennes ; la présidence régionale est assurée par une algérienne, Abassia Fodhil*, femme de dirigeant du PCA, et qui entre elle-même au comité central.
La ligne devient plus combative et Lucette Larribère retrouve plus foncièrement pied quand, avec la guerre froide, à partir de l’été 1947, la solidarité se porte au soutien des grèves et des femmes de grévistes, au port d’Oran et au port minier de Beni-Saf. Les grèves de 1951 et 1953 se doublent de grèves des ouvriers agricoles du vignoble oranais. Dans cet affrontement classe contre classe, les femmes de l’Union démocratique sont aussi au premier rang des manifestations contre l’impérialisme américain. Lucette Larribère a encore renforcé ses convictions acquises au marxisme soviétique d’enseignement stalinien en suivant, en 1949, l’école de formation des cadres communistes pour l’Afrique du Nord. Elle entre au comité central du PCA.
Depuis 1947, elle est proche de Bachir Hadj Ali qui devient en 1949 secrétaire du PCA et membre du Bureau politique. Ils travaillent souvent dans le même bureau ; cet homme rayonne comme poète du parti, poète et connaisseur de musique andalouse ; il écoute les leçons d’histoire de son amie et romance en une geste ininterrompue une suite glorieuse d’histoire de l’Algérie faite de Résistance. Attentif à l’évolution intellectuelle, il est un des nouveaux dirigeants communistes qui veut réussir l’algérianisation du PCA. Ils sont nés le même jour mais lui en 1921 et elle en 1920 ; aussi est-ce rituellement Lucie Larribère (Manaranche) qui est chargée de lui porter le bouquet d’anniversaire. Ils manifestent ensemble ; ils sont arrêtés ensemble en délégation devant la prison de Barberousse, et Yacine Kateb célèbre « Lucie à la veste rouge ». Bref, ils se marient devant le cadi après l’indépendance. Bachir Hadj Ali a quatre enfants de son premier mariage.
« En 1952, le Parti m’a demandé d’aller travailler comme permanente au journal Alger Républicain où j’étais responsable de l’équipe de jour, celle qui relate tout ce qui se passe dans une journée, jusqu’à la saisie du journal en 1955 ». À cette date Bachir Hadj Ali est déjà clandestin, à la tête même de la direction clandestine du PCA avec Sadek Hadjerès. Cette direction va préparer la mise en place d’un maquis communiste après le détournement d’armes d’Henri Maillot (avril 1956) et conduire des négociations avec la direction du FLN à Alger qui ne pourront que concéder le ralliement individuel des communistes aux maquis de l’ALN.
Libre encore de ses mouvements, ayant son logement propre à Alger, Lucie Manaranche, pour la légalité française, sert de secrétaire et d’agent de liaison. Après un passage à Oran, elle revient en clandestinité à Alger en septembre 1956. Robert Manaranche est arrêté ; les enfants recueillis à Oran. Lucette Larribère échappe aux arrestations ; elle est aux côtés des dirigeants Bachir Hadj Ali et Sadek Hadjerès qu’assiste Élyette Loup, aidant à la sortie des tracts et publications et à des transports de matériel et de personnes ; elle passe de cache en cache mettant souvent à contribution des catholiques progressistes. Malgré l’OAS, elle revient au jour en 1962.
(Source Maitron, René Gallissot)
***
Kateb Yacine
Kateb Yacine naît en 1929 à Constantine.
Il est issu d'une famille chaouie originaire des Aurès. Son grand-père maternel est juge suppléant du cadi, à Condé Smendou, son père est avocat et sa famille le suit dans ses mutations successives.
Le jeune Kateb (nom qui signifie « écrivain» en arabe) entre en 1934 à l'école coranique de Sedrata, et en 1935 à l'école française à Lafayette (aujourd'hui Bougaa en Petite Kabylie, actuelle wilaya de Sétif), où sa famille s'est installée, puis en 1941, comme interne, au lycée de Sétif : le lycée Albertini.
Kateb Yacine se trouve en classe de troisième quand éclatent les manifestations du 8 mai 1945, auxquelles il participe et qui s'achèvent sur le massacre de plusieurs dizaines de milliers d'Algériens par la police, l'armée françaises et des milices.
Quatorze membres de sa famille sont tués au cours du massacre. Trois jours plus tard, il est arrêté et détenu durant deux mois. Il est définitivement acquis à la cause nationale, tandis qu'il voit sa mère « devenir folle ».
Il dira: «Je suis né quand j’avais seize ans, le 8 mai 1945. Puis, je fus tué fictivement, les yeux ouverts, auprès de vrais cadavres et loin de ma mère qui s’est enfuie pour se cacher, sans retour, dans une cellule d’hôpital psychiatrique. Elle vivait dans une parenthèse, qui, jamais plus, ne s’ouvrira. Ma mère, lumière voilée, perdue dans l’infini de son silence»
Exclu du lycée, traversant une période d'abattement, plongé dans Baudelaire et Lautréamont, son père l'envoie au lycée de Bône.
Il y rencontre Nedjma (l'étoile), « cousine déjà mariée », avec qui il vit « peut-être huit mois », confiera-t-il,et y publie en 1946 son premier recueil de poèmes.
Il se politise et commence à faire des conférences sous l'égide du Parti du peuple algérien, le parti nationaliste de masse de l'époque.
En 1947, Kateb arrive à Paris, « dans la gueule du loup ». Il prononce en mai, à la Salle des Sociétés savantes, une conférence sur l'émir Abdelkader et adhère au Parti communiste algérien.
Au cours d'un deuxième voyage en France métropolitaine, il publie l'année suivante Nedjma ou le Poème ou le Couteau (« embryon de ce qui allait suivre ») dans la revue Le Mercure de France.
Journaliste au quotidien communiste de rassemblement "Alger républicain" entre 1949 et 1951, son premier grand reportage a lieu en Arabie saoudite et au Soudan (Khartoum).
À son retour, il publie notamment, sous le pseudonyme de Saïd Lamri, un article dénonçant l'« escroquerie » du lieu saint de La Mecque.
Après la mort de son père, survenue en 1950, Kateb devient docker à Alger, en 1952. Puis il s'installe à Paris jusqu'en 1959, où il travaille avec Malek Haddad, se lie avec M'hamed Issiakhem, Armand Gatti et, en 1954, s'entretient longuement avec Bertolt Brecht, dialogue avec Cesaire, Glissant.
En 1954, la revue Esprit publie « Le Cadavre encerclé » qui est mis en scène par Jean-Marie Serreau, mais interdit en France.
Son chef d’œuvre, Nedjma paraît en 1957 (et Kateb se souviendra de la réflexion d'un lecteur : « C'est trop compliqué, ça. En Algérie vous avez de si jolis moutons, pourquoi vous ne parlez pas de moutons ? »).
Nedjma, c’est à la fois la femme et l’Algérie, l’incarnation de la résistance à toutes les oppressions. Nedjma lui confère une place singulière dans la littérature, le propulse au premier rang, le consacre comme l’écrivain de la littérature moderne algérienne. Avant lui, Mammeri, Feraoun, ­Mohamed Dib, Malek Haddad avaient entrouvert la porte. Kateb la pousse définitivement.
Et la figure de Nedjma fera des apparitions récurrentes dans son œuvre, fantôme incarné qui franchit le temps et l’espace, toujours là avec, à ses côtés, ­Lakhdar et Mohamed.
En 1958, le metteur en scène et ami Jean-Marie Serreau monte le Cadavre encerclé, de Kateb. Cela fait quatre ans que l’Algérie est le théâtre d’une guerre sans nom. Les autorités françaises interdisent la pièce. Elle se jouera au Théâtre Molière, à Bruxelles, dans un climat de grande tension. Dans la distribution, Serreau, mais aussi José Valverde, Edwine Moatti, Paul Crauchet ou encore Antoine Vitez.
Durant la guerre d'Algérie, Kateb, harcelé par la Direction de la surveillance du territoire, connaît une longue errance, invité comme écrivain ou subsistant à l'aide d'éventuels petits métiers, en France, Belgique, Allemagne, Italie, Yougoslavie et Union soviétique.
En 1962, après un séjour au Caire, Kateb est de retour en Algérie peu après les fêtes de l'Indépendance.
Il reprend sa collaboration à "Alger républicain", mais il effectue entre 1963 et 1967 de nombreux séjours à Moscou, en Allemagne et en France tandis que "La Femme sauvage", qu'il écrit entre 1954 et 1959, est représentée à Paris en 1963.
Il publie en 1964 dans "Alger républicain" six textes sur "Nos frères les Indiens" et raconte dans Jeune Afrique sa rencontre avec Jean-Paul Sartre, tandis que sa mère est internée à l'hôpital psychiatrique de Blida (« La Rose de Blida », dans Révolution Africaine, juillet 1965). En 1967, il part pour le Vietnam, abandonne complètement la forme romanesque et écrit "L'Homme aux sandales de caoutchouc".
Lorsqu’il décide de rester plus durablement en Algérie, en 1970, il abandonne l’écriture en français et se lance dans une expérience théâtrale en langue dialectale dont Mohamed, prends ta valise, sa pièce culte, donnera le ton. Fondateur de l’Action culturelle des travailleurs (ACT), il joue dans les lieux les plus reculés et improbables, usines, casernes, hangars, stades, places publiques... avec des moyens très simples et minimalistes — les comédiens s’habillent sur scène et interprètent plusieurs personnages —, le chant et la musique constituant des éléments de rythme et de respiration.
« Lorsque j’écrivais des romans ou de la poésie, je me sentais frustré parce que je ne pouvais toucher que quelques dizaines de milliers de francophones, tandis qu’au théâtre nous avons touché en cinq ans près d’un million de spectateurs. (...) Je suis contre l’idée d’arriver en Algérie par l’arabe classique parce que ce n’est pas la langue du peuple ; je veux pouvoir m’adresser au peuple tout entier, même s’il n’est pas lettré, je veux avoir accès au grand public, pas seulement les jeunes, et le grand public comprend les analphabètes. Il faut faire une véritable révolution culturelle. »
L’engagement politique de Kateb détermina fondamentalement ses choix esthétiques : « Notre théâtre est un théâtre de combat ; dans la lutte des classes, on ne choisit pas son arme. Le théâtre est la nôtre. Il ne peut pas être discours, nous vivons devant le peuple ce qu’il a vécu, nous brassons mille expériences en une seule, nous poussons plus loin et c’est tout. Nous sommes des apprentis de la vie . » Pour lui, seule la poésie peut en rendre compte ; elle est le centre de toutes choses, il la juge « vraiment essentielle dans l’expression de l’homme ». Avec ses images et ses symboles, elle ouvre une autre dimension. « Ce n’est plus l’abstraction désespérante d’une poésie repliée sur elle-même, réduite à l’impuissance, mais tout à fait le contraire (...). J’ai en tous les cas confiance dans [son] pouvoir explosif, autant que dans les moyens conscients du théâtre, du langage contrôlé, bien manié »
Un « pouvoir explosif » qu’il utilisera dans "Le Cadavre encerclé", où la journée meurtrière du 8 mai 1945, avec le saccage des trois villes de l’Est algérien, Guelma, Kherrata et Sétif, par les forces coloniales, est au cœur du récit faisant le lien entre histoire personnelle et collective.
Kateb Yacine a fait le procès de la colonisation, du néocolonialisme mais aussi de la dictature post-indépendance qui n’a cessé de spolier le peuple. Dénonçant violemment le fanatisme arabo-islamiste, il luttait sur tous les fronts et disait qu’il fallait «révolutionner la révolution ».
S’il considérait le français comme un « butin de guerre », il s’est aussi élevé contre la politique d’arabisation et revendiquait l’arabe dialectal et le tamazight (berbère) comme langues nationales. Surnommant les islamo-conservateurs les « Frères monuments », il appelait à l’émancipation des femmes, pour lui actrices et porteuses de l’histoire : « La question des femmes algériennes dans l’histoire m’a toujours frappé. Depuis mon plus jeune âge, elle m’a semblé primordiale. Tout ce que j’ai vécu, tout ce que j’ai fait jusqu’à présent a toujours eu pour source première ma mère (...). S’agissant notamment de la langue, s’agissant de l’éveil d’une conscience, c’est la mère qui fait prononcer les premiers mots à l’enfant, c’est elle qui construit son monde »
L’éventail et la radicalité de sa critique lui ont valu autant de passions que d’inimitiés.
En 1986 il livre un extrait d'une pièce sur Nelson Mandela, et reçoit en 1987 en France le Grand prix national des Lettres.
Dans la perspective du bicentenaire de la Révolution française, on lui commande une pièce. Il écrit le Bourgeois sans-culotte ou le Spectre du parc Monceau. Elle est jouée en 1984 à Arras, puis en 1988 au Festival d’Avignon. Il faut lire et relire cette pièce. C’est une sorte de grand embrasement révolutionnaire de 1789 aux luttes pour l’indépendance. Les terroristes – tels que les qualifiaient les royalistes, les pétainistes et les nazis, les défenseurs de l’Empire colonial français – sont des révolutionnaires. Kateb prend le contre-pied des thèses en vogue d’un Furet, qui s’acharne à détruire la figure de Robespierre. Pour lui, les révolutionnaires de 1789 sont les ancêtres des indépendantistes algériens : « Le préfet de police Papon achève l’œuvre de La Fayette. À Charonne comme au Champ-de-Mars, la police française a tué des Français. (…) Cinq cent mille Parisiens ont assisté à l’enterrement des neuf morts de Charonne. La France de la Révolution vient de se reconnaître dans l’Algérie indépendante. »
« Notre théâtre, confiait-il en 1975 à Colette Godard dans le Monde, est de combat. (…) Nous défendons, nous attaquons, c’est une forme d’action politique dans la ligne de la Révolution.(…) Nous ne faisons peut-être pas du théâtre, mais nous créons le débat idéologique sans lequel toute révolution n’est qu’un exercice militaire. » Kateb ne cède rien, ni aux sirènes de la gloire, ni au confort d’une reconnaissance réelle, ni au public qu’il bouscule dans ses retranchements : « Il faut le harceler, ne pas le laisser reprendre son souffle. Le vrai théâtre est un combat pour le public et contre lui », dira-t-il.
Son théâtre est aussi subversif par sa langue : indisciplinée, rugueuse, joyeuse. Le lire et le relire aujourd’hui est à la fois vertigineux et salutaire. Comme un Gatti, un Benedetto, ses écrits sont à redécouvrir. Il serait temps de retourner à ces création denses, d’oser les remettre sur le métier. À Paris, un square dans le 13e arrondissement porte son nom. À Grenoble, une bibliothèque. Le théâtre de Tizi Ouzou. C’est peu au regard de l’immensité de son talent, de son engagement. On ne connaît pas la date de naissance exacte de Kateb Yacine. On est sûr qu’il est mort le 28 octobre 1989. Laissant une œuvre inachevée qui respire encore…
Il est enterré au cimetière d'Al Alia à Alger.
 
Source: Wikipedia, article de Marina Da Silva dans Le Monde Diplomatique, article de Marie-José Sirach dans L'Humanité
 
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17 mars 2025 1 17 /03 /mars /2025 05:39
samedi 22 mars: combattre le racisme, conquérir l'égalité - Manifestons dans tout le Finistère
Communiqué du PCF Finistère:
 
22 mars, combattre le racisme, conquérir l’égalité
 
Manifestons dans tout le Finistère.
 
Brest 14 h 30 Place de la Liberté.
Crozon 10 h 30 Place de la Mairie.
Morlaix 14 h Place de la Résistance
Quimper 15 h Place St Corentin
 
Venu·e·s d’ailleurs, l’égalité des droits c’est pour toutes et tous ! » :
c’est le mot d’ordre qu’ont choisi les associations antiracistes, de défense des droits humains et les organisations syndicales pour appeler à des manifestations ce samedi 22 mars dans tout le pays.
Cet appel s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (21 mars) qui marque l’anniversaire du massacre de Sharpeville en Afrique du Sud, quand la police tua 69 personnes lors d’une manifestation contre l’apartheid.
C’était en 1960.
Aujourd’hui en France, les paroles et les actes racistes sont en forte augmentation, et vont de pair avec la persistance d’un haut niveau de discrimination, notamment à l’embauche et au travail.
Nous saluons à ce titre l’initiative inédite des huit grandes organisations syndicales qui lanceront le 21 mars une grande campagne unitaire contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie en direction du monde du travail.
La xénophobie, le racisme, l’antisémitisme et les discriminations sont des armes de division massive qui alimentent les fractures et permettent aux idéologies identitaires et à l’extrême droite de progresser partout. Une progression aujourd’hui largement permise par la parole même du Premier ministre, quand il évoque la « submersion migratoire », ou par les actes du ministre de l’Intérieur dont la circulaire dangereuse doit être abrogée.
Fabien Roussel déclarait récemment : « Quand tout est fait pour nous diviser en fonction de notre couleur de peau, de notre religion, de notre lieu d’habitation – urbains versus ruraux –, quand certains à gauche ne proposent rien d’autre que le chaos, le travail doit être le socle du rassemblement. »
Nous inscrivons ainsi notre lutte contre le racisme dans une perspective indissociable du combat de classe pour la justice sociale et intimement liée à la bataille universaliste pour l’égalité. Elle est celle de la République qui refuse de distinguer les êtres humains, quelle que soit leur nationalité, en fonction de leur origine, de leur couleur de peau ou de leur religion.
Nous combattons le racisme et la xénophobie qui demeurent des ressorts majeurs de la progression de l’extrême droite en alimentant le rejet des immigrés et en portant le principe de « priorité nationale », clé de voûte du programme du RN. Nous combattons avec autant de force la haine antijuive, qui a conduit dans notre pays à l’affaire Dreyfus et à la collaboration avec le génocide hitlérien. Et parce que nous savons que la dynamique de l’extrême droite et des idéologies identitaires se nourrit de la crise économique et sociale, nous voulons remettre la question du travail au centre de la bataille politique et amplifier notre mobilisation pour une nouvelle industrialisation et pour le développement des services publics.
Samedi 22 mars, soyons très nombreux aux côtés des victimes du racisme, avec les associations et les syndicats, et les autres partis politiques de gauche, pour conquérir l’égalité !
 
Fédération du Finistère du PCF, 
 
Communiqué du 17 mars 2025
 
 
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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 17:39
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Terreur en Kabylie : L’Algérie du gouverneur Naegelen, ses élections truquées et sa répression, dénoncées par les militants du Parti Communiste Algérien et l'équipe d'« Alger Républicain »
En 1947, un projet de statut pour l’Algérie présenté au Parlement français comme libéral et progressiste prévoit qu’une Assemblée Algérienne de 120 membres sera élue pour la moitié d’entre eux par un collège constitué essentiellement par les Européens d’Algérie, qui représentent 15 % du corps électoral (1 million d’habitants), et pour moitié par le deuxième collège des « Français Musulmans » (8 millions d’habitants), amputé des femmes algériennes, qui ne peuvent pas encore voter.
Les élections doivent se tenir en avril 1948. Henri Alleg fait partie des observateurs du PCA depuis Bône (Annaba). Les annonces de trucage, d’obstructions des élections, de bourrage d’urnes, d’empêchements des électeurs d’aller aux urnes ou d’observer le dépouillement se multiplient.
« A Dechmya (près d’Aumale, dans le département d’Alger), des fellahs s’étaient montrés réticents à mettre dans l’urne le bulletin qu’on leur imposait et avaient naïvement prétendu utiliser celui qu’ils avaient eux-mêmes choisi. Les gardes mobiles, intervenant pour les « ramener à la raison », avaient ouvert le feu. Sept morts. La même protestation indignée dans un bureau de Champlain, un village des hauts plateaux proches de Boghari, aboutissait à un résultat identique. Là aussi, les forces de l’ordre avaient tué quatre fellahs. A Bône, où je me trouvais, le premier tour s’était déroulé quasiment normalement, peut-être parce que certains exécutants hésitaient à appliquer dans une ville aussi importante les ordres de trucage venus d’en haut. Au premier tour le candidat du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, de Messali Hadj) était arrivé largement en tête avec 6544 voix contre 3174 au poulain de l’administration. Celui-ci se rattrapait au deuxième tour. Sans même se préoccuper de vraisemblance – quelle importance quand on était d’avance assuré de l’impunité et que l’on se moquait bien de ce que pouvaient penser les électeurs ! - le candidat nationaliste n’obtenait que 96 voix tandis que le béni oui-oui triomphait avec 16 348 suffrages. Des résultats dûment confirmés par leur publication au « Journal officiel ».
Chacun pouvait mesurer l’étendue de la fraude, du mensonge et de l’hypocrisie que couvraient ceux qui, à Paris et à Alger, continuaient à parler de mise en place d’institutions « démocratiques ». Tout cela sous l’égide du nouveau Gouverneur Général, Marcel-Edmond Naegelen, membre de la direction du Parti socialiste (SFIO), qui, deux mois avant les élections, en février 1948, avait succédé à Yves Chataigneau, surnommé « Mohammed Chataigneau » par les colons, qui le détestaient parce que « trop mou avec les Arabes ». Naegelen, quant à lui, sera couvert de fleurs pour sa « fermeté ».
Dès son arrivée, il avait proclamé, vigoureusement applaudi par toute la presse coloniale, sa volonté de « frapper fort » pour mettre les « séparatistes hors d’état de nuire ». Ce qu’il fit sans crainte de piétiner la légalité. Il avait vite appris de son entourage de hauts fonctionnaires, familiers de la « colonie », que « les Arabes ne comprennent que la force » et que même si officiellement on devait dire le contraire – l’Algérie n’était pas la France, qu’on pouvait s’y permettre beaucoup de choses. Comme pour montrer à quel point il s’en était convaincu, à la veille même du scrutin, sur les cinquante-neuf candidats présentés par le MTLD, le gouverneur général en faisait appréhender trente-deux « pour agissements ou propos portant atteinte à la souveraineté française ».
Ce n’était là qu’une entrée en matière. Tout au long de son proconsulat la répression ira en s’accentuant. L’un des épisodes les plus spectaculaires en fut, en septembre 1949, l’expédition punitive dirigée contre le douar Sidi Ali Bouneb, proche de Camp-du-Maréchal, en Kabylie. Un jeune fellah, appelé à l’armée, avait refusé de rejoindre la caserne et pris le maquis. Connu comme militant nationaliste et recherché par la police, il avait été aperçu dans le voisinage et sa présence signalée aux autorités par un indicateur.
C’était un motif suffisant pour que les gendarmes, armés jusqu’aux dents, montent à l’assaut du douar, considéré comme collectivement complice de l’homme en fuite, et se mettent à l’œuvre : gourbis démolis ou saccagés, provisions détruites, sacs de blé et d’orge éventrés, bidons d’huile crevés, pétrole déversé sur les denrées pour les rendre inutilisables. Jugeant sans doute que la punition n’était pas encore suffisante pour que ces paysans peu coopératifs en tirent la leçon, les gendarmes les rassemblèrent sur la place, et là tombèrent sur eux les insultes et coups de matraque. Des femmes furent bousculées, humiliées, violées. Un vieillard, déshabillé de force, fut contraint de danser nu devant tous les habitants du village.
Boualem Khalfa, envoyé d’« Alger Républicain », qui, en compagnie de plusieurs personnalités dont Pierre Fayet, député communiste d’Alger, était allé enquêter sur les lieux mêmes, relata dans les colonnes du journal ce qu’avait été la honteuse expédition, loin d’être la première du genre dans les annales de l’Algérie coloniale. Le récit fut aussitôt qualifié de « roman-feuilleton » par le préfet d’Alger, et la majorité de l’Assemblée Nationale, devant laquelle l’affaire avait été évoquée, refusa l’envoi d’une commission d’enquête. Cela, à la demande de Jules Moch, ministre de l’Intérieur, volant au secours de Naegelen, son camarade de parti. L’affaire se conclut devant le tribunal d’Alger, qui condamna Khalfa à deux ans de prison pour avoir diffamé gendarmes et autorités. La sentance fut confirmée en appel et il n’échappa – mais pour un temps seulement – à l’arrestation qu’en entrant dans la clandestinité après l’insurrection de novembre 1954 » (Henri Alleg, Mémoire algérienne, Stock, 2005 – p.144-146).
Ces évènements sont restitués de manière circonstanciée par Boualem Khalfa dans un reportage courageux le 6 octobre 1949 dans « Alger Républicain » (6 octobre 1949). Il met en cause une volonté de Naegelen d'instaurer une atmosphère de terreur pour étouffer dans l’œuf toute contestation contre l'ordre colonial. Le gouverneur général dénonce les "calomnies antifrançaises des communistes".
« Le gouvernement et sa majorité « Troisième Force », dans laquelle sont associées droite « modérée » et gauche anticommuniste, couvrent les responsables du saccage et des viols de Sidi Ali Bounab comme ils couvriront les assassinats « légaux », les tortures et exactions de toutes sortes que les « forces de l’ordre » vont multiplier jusqu’à l’explosion insurrectionnelle du 1er novembre 1954. Par 396 voix contre 197, l’Assemblée refuse l’envoi d’une commission d’enquête en Algérie. » (La Grande aventure d’Alger Républicain, éditions Delga, H. Alleg, A. Benzine, B.Khalfa).
Les rédacteurs et gérants de "Liberté", le journal communiste algérien, et de "Algérie Nouvelle" qui ont repris l'information sur les exactions de Sidi Ali Bounab sont également réprimés et condamnés.
 
Le 11 octobre 1949, Alger Républicain annonce la nomination de Maurice Papon comme préfet de Constantine:  le préfet Papon, dont on sait aujourd'hui qu'il fut l'organisateur des déportations de 1.690 juifs dont 200 enfants dans la préfecture de la Gironde entre 1942 et 1944, fut nommé préfet de Constantine (un des trois départements d'Algérie, le plus oriental) fut ainsi nommé par le ministre de l'intérieur Jules Moch en octobre 1959.
Il fera en Algérie un "bon organisateur" de la répression, avant et après l'insurrection du 1er novembre 1954, notamment fin 1954-début 1955 dans les Aurès et le Constantinois, sous la houlette d'abord du gouvernement de Mendès France et du ministre de l'intérieur Mitterrand, puis comme préfet de Paris, il organisera consciencieusement les exécutions de manifestants algériens et les noyades dans la Seine après le retour au pouvoir de De Gaulle.
 
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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 07:45
Pierre Seghers (1906-1987)

Pierre Seghers (1906-1987)

 

La gloire

Mon beau dragon Mon lance-flammes

Mon tueur Mon bel assassin

Ma jolie brute pour ces dames

Mon amour Mon trancheur de seins

Mon pointeur Mon incendiaire

En auras-tu assez brûlé

Des hommes-torches et violé

Des jeunes filles impubères

 

Broyeur de morts lanceur de feu

Rôtisseur de petits villages

Mon bel envoyé du Bon Dieu

Mon archange Mon enfant sage

Bardé de cuir casqué de fer

Fusilleur Honneur de la race

Que rien ne repousse où tu passes

Mon soldat Mon fils de l’enfer

 

Va dans tes bêtes mécaniques

Ecraser ceux qui sont chez eux

Va de l’Equateur aux Tropiques

Arracher le bonheur des yeux

Va mon fils va tu civilises

Et puis meurs comme à Epinal

Sur une terre jaune et grise

Où nul ne te voulait de mal

 

Deux poèmes inédits

Editions La Presse à Bras, 1952

 

Éditeur des poètes, Pierre Seghers (1906-1987) est le fondateur de la Maison de la Poésie, dont il fut le premier directeur, de 1983 à sa mort en 1987. Il créa en 1944 la célèbre collection «  Poètes d'aujourd'hui » qui rendit la poésie accessible au plus grand nombre. Résistant de la première heure, il eut un rôle actif dans le combat que menèrent poètes et gens de plumes contre l'occupant, avec sa célèbre revue Poètes casqués (P.C.) puis Poésie (40, 41, 42, 43). Il est l'auteur de l'anthologie de poèmes de la Résistance La Résistance et ses poètes. Il fut proche de Louis Aragon, qu'il hébergea avec Elsa Triolet pendant l'occupation dans sa maison de Villeneuve d'Avignon, de Paul Eluard, Robert Desnos, René Char.

Seghers adhère brièvement au parti communiste à la Libération.

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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 07:27
Histoires d'Algérie - Alice Sportisse, députée communiste d'Oran
Histoires d'Algérie - Alice Sportisse, députée communiste d'Oran
Histoires d'Algérie - Alice Sportisse, députée communiste d'Oran
 
"Alice Sportisse (qui dirige à la libération l'Union des Femmes Algériennes avec Lise Oculi) était une très belle femme, mais son visage était marqué par la maladie qui l'avait frappée dans sa jeunesse (la tuberculose je crois) et par la vie rude qui avait été la sienne alors qu'elle avait été, durant la Guerre d'Espagne, l'une des assistantes de Dolorès Ibarruri, la Passionaria (combattante communiste pendant la Guerre d'Espagne et pour la République, autrice du célèbre "No pasaran"). Ayant été élue députée d'Oran, elle s'était ensuite installée à Paris où elle avait rencontré un universitaire exilé avec lequel elle avait une fille handicapée dont elle devait s'occuper exclusivement." (Lucette Larribère Hadj Ali, Itinéraire d'une militante algérienne).
Alice a eu pour premier mari Lucien Sportisse, dirigeant communiste algérien d'origine juive expulsé avant guerre au moment du Front Populaire et qui sera tué par la Gestapo et la milice à Lyon à la fin de la guerre dans la Résistance. En 36, Lucien et son épouse, Alice Cremades, se sont séparés.
William Sportisse précise dans ses mémoires, "Le Camp des Oliviers" qu'Alice Cremades est une "militante importante du PCA à Oran, élue au Comité central aux côtés de Lucien en 1936" et qu'elle était allée à Paris puis en Espagne organiser la solidarité concrète avec le peuple espagnol contre le franquisme. Alice gardera le nom de Sportisse quand elle militera au PCF et au PCA clandestin pendant la seconde guerre mondiale et qu'elle sera élue conseillère générale d'Alger-Bab al Oued (1945-1951) et députée communiste d'Oran (1945-1951). En décembre 1954, c'est elle qui intervient à l'Assemblée Nationale pour dénoncer la politique du tout répressif conduite par Mitterrand et Mendès-France après le 1er novembre 1954 et exiger des réformes politiques et sociales en Algérie qui prennent en compte le fait national algérien et l'aspiration à la liberté du peuple algérien.
 
Elle est députée communiste d'Oran de 1945 à 1955. 
Elle dénonça la répression en Tunisie et au Maroc, et la proclamation de l’état d’urgence en Algérie. Le report des élections législatives du 2 janvier 1956 en Algérie, lui enleva la faculté de se représenter à la députation.
Après l'indépendance algérienne, elle s'établit en France, à Valence d'Agen, et reste membre du parti communiste français jusqu'à sa mort à 86 ans à Agen. 
 
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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 07:10
Gabrielle Gimenez

Gabrielle Gimenez

Histoires d’Algérie. 

Gaby Gimenez est une militante communiste algérienne, combattante pour l'indépendance de l'Algérie et contre le fascisme. Ce fut la seule femme non française du comité central du PCA pendant la seconde guerre mondiale.

Ses parents sont nés à Oran et ses grands-parents, paysans pauvres, sont arrivés en Algérie d'Andalousie et d'Almeria en 1900. Elle naît à Oran en 1920. Son père avait combattu dans l’armée française durant la Première Guerre Mondiale notamment dans la Bataille des Dardanelles et l'expédition de Salonique, puis c'est devenu un cheminot cégétiste. 

Gabrielle s'engage en 1936 à la Jeunesse communiste dès ses 16 ans et participe à Oran aux combats de rue contre les bandes fascistes armées menées par le maire d'Oran de l'époque l'Abbé Lambert. 

En 1940 elle participe clandestinement à l'aventure de " La Lutte sociale" avec les anciens des brigades internationales et futurs combattants de l'indépendance algérienne Maurice Laban et Georges Raffini. Ils défendent déjà l'idéal d'une Algérie indépendante. 

Arrêtée à Alger au milieu de l’année 1941, elle est mise nue et torturée par le commissaire français Achiary, emprisonnée à la prison Barberousse puis condamnée aux travaux forcés.  Elle est libérée en février-mars 1943, quelques mois après le débarquement allié de novembre 1942.

Après le démantèlement à l'été 1956 du maquis communiste des combattants de la libération elle continue à organiser des secours et des collectes de médicaments avec son mari Roger Benichou et ils seront arrêtés et torturés par l'armée française. 

Sa situation est citée dans un éditorial du journal communiste L'Humanité le 25 septembre 1956 par Léon Feix: « N’est-il pas révoltant que Gaby Gimenez, ancien conseiller général d’Oran, condamnée aux travaux forcés sous Vichy, ait été victime de procédés pires que ceux dont elle a eu à souffrir cruellement en 1941 ». Elle est condamnée par le tribunal militaire d’Oran le 25 juillet 1957 à vingt ans de travaux forcés ramenés à quinze ans par un nouveau jugement en janvier 1958, après que les avocats aient pu faire valoir un vice de forme. Elle rejoint les condamnées femmes à la prison de El Harrach avant d’être transférée à Paris à la prison des femmes de la Petite Roquette à Paris parmi les prisonniers de droits communs

Emprisonnée à la prison de Maison Carrée puis à la petite roquette à Paris avec des droits communs, elle obtient l'aide de la philosophe Simone Weil, notamment pour être regroupée avec d'autres prisonnières politiques algériennes combattantes de l'indépendance à la prison de Rennes. 

Ses parents sont menacés par l'OAS, sa sœur est blessée dans un attentat de l'OAS et après les accords d'Évian elle va être libérée et obtient la nationalité algérienne. 

Lucette Larribère Hadj Ali témoigne dans ses mémoires, Itinéraire d'une militante algérienne (2011, Editions du Tell) à propos d'elle: 

"mes camarades m'avaient souvent parlé d'elle, du courage qu'elle avait déployé dans l'action clandestine. Et j'attendais avec impatience de la rencontrer. Militante communiste dès son adolescence, elle avait en effet activement participé, dans la clandestinité, au combat anti-fasciste que menait alors le PCA sous le gouvernement de Vichy. Elle avait à peine seize ans quand elle avait été chargée de transporter d'Oran à Alger une valise de documents et de tracts. Arrivée dans le nuit à Alger, elle n'avait pu déposer son fardeau chez le camarade indiqué, celui-ci, pris de peur, quant refusé de l'accueillir. Elle avait donc repris sa valise et à pied, tard dans la nuit, avait gagné le domicile d'un autre militant, à El Harrach. Arrêtée, elle avait été torturée et condamnée aux travaux forcés à perpétuité. A sa libération, elle avait été élue au conseil cantonal d'Oran. Mais atteinte de tuberculose, elle fut envoyée en France par le Parti pour être soignée et elle n'était revenue qu'en 1951. Sa vie durant, Gaby milita activement dans le Parti et à l'union des femmes, avec toujours une extrême modestie. Nous nous rencontrions souvent quand je me rendais à Oran ou quand elle venait à Alger pour des réunions du comité central du Parti ou celles de l'union des femmes. Elle logeait alors chez moi et jusque tard dans la nuit, nous échangions nos points de vue sur les problèmes en cours. Une solide amitié nous a étroitement liées. Pendant la guerre d'indépendance elle sera à nouveau arrêtée, torturée, puis condamnée à 20 ans, puis à 15 ans de prison. Plus tard, quand s'abattit sur nous la chape noire de l'islamisme intégriste, menacée, elle dut partir se réfugier en France auprès de ses deux garçons".

 

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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 07:05
André Chassaigne, « un monument de l’Assemblée et un militant » (Aurelien Soucheyre - L'Humanité, 15 mars 2025)
André Chassaigne, « un monument de l’Assemblée et un militant »

Figure centrale du PCF et de l’Assemblée nationale, le chef de file des députés communistes a été élu vendredi 14 mars maire-adjoint, à Saint-Amand-Roche-Savine, dans son Puy-de-Dôme natal. Il prévoit de rendre fin mars son mandat parlementaire. Portrait d’un combattant de l’intérêt général.

André Chassaigne, « un monument de l’Assemblée et un militant » (Aurelien Soucheyre - L'Humanité, 15 mars 2025)
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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 07:02
Ouest-France, 13 mars 2025.

Ouest-France, 13 mars 2025.

Morlaix Wavel - AJPF - Un salon artisanal pour financer l'accueil des Palestiniens ce dimanche 16 mars à Plourin-les-Morlaix de 10h à 18h (article Ouest-France, 13 mars 2025)
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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 06:58
Hommage à Missak et Mélinée Manouchian le 22 mars, 11h à Brest, pour le dévoilement de la plaque de la rue rebaptisée du nom des résistants communistes arméniens de la FTP-MOI entrés au Panthéon

Hommage à Mélinée et Missak Manouchian

Nous vous invitons au dévoilement de la plaque en hommage à Mélinée et Missak Manouchian, figures emblématiques de la Résistance.

 Samedi 22 mars
 À partir de 11h
15, rue Coat ar Gueven


Missak Manouchian, chef du groupe des FTP-MOI, et son épouse Mélinée, résistante et survivante, incarnent le combat pour la liberté et la justice. Leur engagement ne doit jamais être oublié.

Venez nombreux leur rendre hommage !

 

Ce même samedi 22 mars, la section communiste organise une conférence d'éducation populaire à 18h 6 rue Berger à Brest avec l'historien de la Résistance Gildas Priol sur la résistance communiste. 

Venez nombreux!

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14 mars 2025 5 14 /03 /mars /2025 19:02
Marche unitaire contre le racisme et l'extrême-droite - Morlaix, samedi 22 mars 2025, à 14h au départ de la place de la Résistance

Marche unitaire contre le racisme et l'extrême-droite Morlaix 22 mars 2025

Stoppons l'extrême droite et ses idées !
Partout dans le monde, l’extrême droite défend un projet raciste et ultralibéral. Dans les sommets internationaux auxquels participe le Rassemblement National, comme dans les discours d’Elon Musk, les saluts nazis sont de retour alors qu’on les croyait disparus à jamais.
En France, Le Pen et Bardella surfent sur le racisme pour combattre les difficultés économiques, lutter contre la précarité et assurer la domination des puissants. En Bretagne, leur présence dans les urnes et la sphère publique est de plus en plus forte et inquiétante. Leurs idées excluantes contaminent le gouvernement Bayrou, au sein duquel Retailleau ou Darmanin sont coutumiers des thèses frontistes. Ils s’appuient sur une offensive médiatique impulsée par les médias du groupe Bolloré et bénéficient d’une expression toujours plus grande dans la totalité des médias de grande écoute.
La violence de l’extrême droite est impunie. Retailleau comme Darmanin multiplient les sorties racistes et xénophobes mais ne disent rien quand des néonazis poignardent un homme en plein Paris, ne disent rien quand un élu est agressé par des fascistes à Cintré près de Rennes, ne disent rien quand les milices d’extrême droite du club le 1988 tabassent des jeunes en plein centre de Rennes.
Ça suffit !
Nous voulons vivre dans une société humaniste, solidaire et égalitaire, contre le racisme, l'exclusion et l'exploitation.
Mobilisons nous pour construire une riposte unie face à la menace de l’extrême droite.
Nous appelons toutes les citoyennes et citoyens à se rassembler contre l'extrême droite et ses ideées à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le racisme, le samedi 22 mars à 14h à Morlaix square de la Résistance.
Organisations signataires de l’appel :
Comité local NFP du Léon-Trégor, la Gauche indépendantiste, Génération s, les Ecologistes, la France Insoumise, PCF, MJCF, PS, UDB, UL CGT, UL Solidaires, Force Ouvrière 29, FSU, LDH, Morlaix Libertés, MNCP, les les Inemployables, l 'AFPS du Pays de Morlaix, Morlaix Antifasciste, L'Amarrée, la Batouk, la Ral'Ko à l'Ouest...
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