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15 novembre 2025 6 15 /11 /novembre /2025 07:24
Note de lecture - Jean-Marie Le Scraigne: une vie de militant au Huelgoat

C'est le troisième volet du récit de vie de Jean-Marie Le Scraigne que m'a fait découvrir notre amie et camarade Patricia Paulus. 

Le conteur breton, militant communiste, ancien résistant, et élu communiste à Huelgoat pendant plus de 40 ans, Jean-Marie Le Scraigne y raconte sa vie professionnelle et son dur labeur de petit paysan, "héritier" de générations de paysans sans terre, sans capital et aux terres pauvres du hameau du Fao, percuté par la révolution technique agricole et de tailleur de pierre, sa vie municipale et politique, le pittoresque de la vie sociale au Huelgoat quand il était plus jeune, les rivalités avec Scrignac et Berrien (première communiste communiste du centre-Finistère, depuis l'avant-guerre).  

Le récit, émaillé d'expressions en breton, est passionnant, truculent. Il fait revivre un Finistère intérieur et rural haut en couleur, les spécificités d'une agriculture centrée sur l'élevage de chevaux de labour dans les Monts d'Arrée, florissant pendant la guerre et dans l'après-guerre, mais déclinant avec la mécanisation des années 1950-1960.

L'implantation du PC à Huelgoat est ancienne, avec notamment l'élection aux élections municipales du secrétaire de section, le médecin des pauvres Fernand Jacq, élu au Conseil Municipal en 1935, puis battu à 20 voix d'écart seulement par le candidat socialiste aux élections cantonales de 1937, exécuté en 1941 près de Chateaubriant où il avait été enfermé avec les autres internés communistes, dont les 27 fusillés le 22 octobre 1941. 

FERNAND JACQ médecin et élu au Huelgoat, militant communiste et résistant, fusillé à Châteaubriant le 15 décembre 1941 (archives départementales du Finistère)

8 mai 2025: le PCF rend hommage à Fernand Jacq au cimetière de Huelgoat. Discours de Pierre-Yves Thomas

« Médecin des pauvres » et Résistant : un hommage rendu à Fernand Jacq, ce 8 mai dans le Finistère - Mariam Fournier, Ouest-France, 6 mai 2025

Le jeudi 8 mars au cimetière de Huelgoat à 15h45, le PCF rendra hommage à Fernand Jacq, médecin des pauvres et élu et militant communiste du Huelgoat, fusillé par les Nazis le 15 décembre 1941

 Jean-Marie Le Scraigne adhère au PCF en 1947 après avoir été candidat une première fois sur la liste municipale du PCF en 1945, au sortir de la résistance. C'est son beau-père, petit paysan pauvre lui aussi mais plus conservateur qui sera élu à sa place au 1er tour du scrutin, et à l'époque, deux membres d'une même famille ne pouvaient être élus sur la même liste. A l'époque, le Parti communiste compte quatre cellules au Huelgoat: celle du centre-ville, celle du Vieux tronc, celle de Kervao, celle du Coat-Guinec. On se réunit chez le maire communiste depuis 1945, Alphonse Penven, où chez d'autres camarades. Le PC pousse Jean-Marie Le Scraigne à prendre des responsabilités dans la mutuelle chevaline indemnisant les paysans ayant eu des pertes de bêtes lors de la reproduction des chevaux. Dans l'après-guerre il y avait 50 exploitations agricoles avec des paysans de Huelgoat, aujourd'hui deux. 

Jean-Marie Le Scraigne raconte avec verve et force anecdotes les batailles homériques entre l'équipe de Pierre Blanchard, le candidat socialiste, appuyé sur le centre et la droite, très anti-communiste, et celle de Alphonse Penven, né en 1913 au village de Pierre Mocun, premier maire communiste du Huelgoat en 1945, puis sans discontinuer jusqu'en 1985, et député communiste aux élections à la proportionnelle de 1956, pendant la guerre d'Algérie, avec deux autres députés communistes finistériens: Marie Lambert, et G. Paul (de 1956 à 1958, avant la fin de la IVe République, et l'avènement de de Gaulle). 

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 35/ Alphonse Penven (1913-1994)

Il nous conte les virées électorales d'Alphonse Penven, très charismatique et bon orateur, proche du monde paysan dont il était issu, sachant s'exprimer en breton, dans le Léon, où il l'accompagnait comme "garde du corps" avec Pierre Lozach. Mais aussi les opérations coups de poing de solidarité pour empêcher les saisies contre les petits paysans endettés, comme à l'époque des années 30 le faisait Tanguy Prigent et ses compagnons.    

Jean-Marie Le Scraigne nous raconte aussi les campagnes saisonnières de la ramasse des betteraves à sucre dans l'Aisne, au service de propriétaires terriens richissimes, souvent issus de l'aristocratie, où les travailleurs, paysans bretons pauvres bien souvent, étaient obligés d'accepter des cadences dures et des salaires chichement comptés pour pouvoir améliorer l'ordinaire. Même betteravier saisonnier dans l'Aisne, Jean-Marie Le Scraigne continue à faire de la politique pour le PC et à défendre les idées du PCF contre de Gaulle et la droite, les référendums plébiscitaires. 

L'auteur nous raconte aussi comment il faut responsable des associations de parents d'élèves au collège Jean Jaurès, inauguré en 1953, les relations parfois difficiles avec des directions de collège hostiles aux communistes, et plutôt proches des socialistes, les clivages de classe et politique entre lui, devenu ouvrier carrier, tailleur de pierre, cégétiste et communiste, et ses camarades issus des milieux populaires, et des enseignants ou ingénieurs de la centrale nucléaire de Brennilis, issus de milieux plus bourgeois mais tentés par le gauchisme, PSU et d'extrême-gauche, dans les années autour de 68. 

Il nous raconte aussi les fêtes de plein air du Parti, au mois d'août, à Huelgoat (Kervao), Scrignac et Berrien, avec kermesse l'après-midi et fest-noz le soir, très populaires dans les années 60-70, avant de connaître une fréquentation plus réduite dans les années 80, ses tournées des bars pour vendre les tickets d'entrée et vignettes pour les fêtes du Parti, parfois plus de 100 dans une tournée, au prix de cuites carabinées.

Un jour, il vend 130 vignettes bon de soutien pour la Fête de l'Humanité de Vincennes et devient le premier vendeur de billets sur le département du Finistère: le Parti lui offre donc le voyage en bus depuis Morlaix et l'entrée. Il retrouve à la fête de l'Huma à Paris des vieux copains exilés de Huelgoat, discute avec des communistes afghans, toute la magie de la fête! Le lendemain il est invité par un parlementaire communiste à suivre une séance du parlement européen à Strasbourg où il voit une délégation afghane demander de l'aide pour ses combattants contre le gouvernement communiste.    

Dans le dernier chapitre conclusif de ces mémoires "Et Maintenant?", Jean-Marie Le Scraigne montre qu'il n'a rien perdu de ses convictions communistes alors que Sarkozy gouverne, récupère le nom et le sacrifice de Guy Môquet (ce troisième livre de mémoire est publié chez Emglao Breizh en 2013, trois ans avant la mort de Jean-Marie Le Scraigne): 

" Dès que l'on veut parler politique avec la majorité des gens, tous vous disent que cela va mal. Nombreux sont même ceux qui vous disent que le capitalisme tire à sa fin, qu'il va dans le mur. Si c'est vrai, et je pense que ça l'est, par quoi va t-on le remplacer? A ceux qui me le demandent, je réponds que, bon gré mal gré, il faudra un jour en revenir aux théories de Marx et qu'il faut pour cela un changement de comportement et de mentalité. Il faut faire en sorte que l'humanité cesse d'être la jungle qu'elle est devenue, où ce ne sont pas des bêtes féroces qui dominent, mais des gens aux dents longues qui accaparent toutes les richesses de la planète.

Pour le camoufler, pour endormir les opinions publiques, ils se sont emparés en quelque sorte de tous les moyens d'information. Journaux, radios, télévisions, etc, diffusent chaque jour un refrain à la mode: la crise. La crise, d'accord, mais la faute à qui? Et ce n'est pas la crise pour tout le monde! Alors que les États se disent tous endettés, les grandes entreprises, elles, affichent des bénéfices toujours en hausse. (...). Le capitalisme, c'est comme le chiendent, il faut le déraciner. "

On ne peut que vous conseiller la lecture de ces mémoires de Jean-Marie Le Scraigne, un ressourcement militant et une plongée aussi dans l'histoire du Huelgoat et du centre-Finistère. 

Ismaël Dupont 

15 novembre 2025 

 

Voir aussi: 1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 63/ Jean-Marie Le Scraigne (1920-2016)t

L'oncle du journaliste, historien et écrivain quimpérois Georges Cadiou (L'hermine et la croix gammée), Jean-Marie Le Scraigne (en breton Jan-Mari Skragn, dit-il) est né au Huelgoat en juin 1920 (décédé en décembre 2016). Il a été retiré de l'école à 13 ans pour aider à la ferme malgré ses excellents résultats scolaires. Il est d’abord resté travailler à la ferme familiale, sur le plateau granitique de cette commune (en breton ar c’hludou), au cœur de l’Arrée.

Après son mariage, devenu père de famille, il préféra changer de métier et travailla comme carrier et marbrier, jusqu’à sa retraite.

Fervant militant communiste, il fut longtemps (une vingtaine d'années) conseiller municipal d’Huelgoat, élu sur la liste d"Alphonse Penven (maire et conseiller général PCF de la Libération à 1983, paysan de ce même quartier qui fut également député dans les années d'après-guerre).

Jean-Marie Le Scraigne s’est parfois exprimé à la télévision en breton (FR 3) sur la période du Front Populaire et nous a expliqué son engagement, contre la volonté paternelle...Il était connu comme chanteur de fest-noz (dans les années soixante-dix, avec B. Le Guern, L. Lozac’h). C’est à l’heure de la retraite qu’il s’est mis à composer des chansons, notamment à danser, en breton et en français. En 1986, il s'inscrit à un concours de contes en breton et obtient le premier prix. C'est en français il commencera à mettre ses contes par écrit, avant que les responsables de "Brud Nevez" lui conseillent de le faire en breton.

Francis Favereau, linguiste, spécialiste de la culture et de la langue bretonne, raconte:

" Parallèlement, Jean-Marie Le Scraigne a commencé à raconter divers contes (rismodilli, dit-il), qu’il avait entendus dans sa jeunesse à Kervinaouet, de la bouche de valets ou de mendiants, essentiellement. Il est ainsi devenu conteur, à la radio ou à la télévision, comme dans les veillées organisées ces dernières années, notamment par Dastum... Il compte actuellement parmi les meilleurs, avec Marcel Guilloux (Haute-Cornouaille) ou Jude Le Paboul (de Baud, Vannetais, disparu en 2001). L’originalité de J.M.Le Scraigne, c’est qu’il a transcrit la plupart de ses contes, d’abord en français, ne sachant guère écrire le breton, nous disait-il. Chez lui, Bilz(ic), l’adversaire déclaré du seigneur ainsi que du recteur, devient un «voleur honnête», comme il en faudrait davantage, conclut-il. Voilà qui, pour ce qui est de l’idéologie, nous situe aux antipodes de la morale traditionnelle héritée de FEIZ HA BREIZ  etc. Il y a chez lui un peu de cet «esprit sauvage de la Montagne», comme le dit si bien Y. Gwernig. On comprend mieux ce positionnement original grâce à l’étude qu’en a faite Ronan Le Coadic dans Campagne Rouges de Bretagne (SKOL VREIZH n° 22, 1991), où il a donné laparole aux communistes de cette région, en breton (F. Landré, maire de Scrignac, décédé en 1999, Daniel Trellu - cf. tome 3 - et Alphonse Penven, maire du Huelgoat et conseiller général du cantonde 1945 à 1983, qui fut député communiste de 1956 à 1958, disparu peu après son interview, ancien paysan dans la ferme de Coat Mocun sur les hauteurs du Huelgoat, dont J.M. Le Scraigne fut longtemps le colistier :

«Cela vient de loin, cela est ancien, parce que cette région était pauvre et que la terre était mauvaise. Les habitants pauvres avaient envie d’améliorer leur situation. Oui. Certains dans cette région ont fait la Révolution des Bonnets Rouges. Il y en avait beaucoup dans la région de Carhaix. A Plouyé, on en a découvert beaucoup en faisant le nouveau cimetière, beaucoup d’ossements. Ces gens avaient été tués par les soldats. Il y avait eu des heurts au Ty meur en Poullaouen, un combat entre Poullaouen et Carhaix. Et les Rouges, malheureusement, avaient perdu. Beaucoup avaient étét ués. Puis ce pays a été longtemps radical. Oui, c’était une région rouge par ici autrefois» (p. 55)...«Moi, je crois que les communistes ont confiance en l’homme, en son travail, et qu’ils soutiennent les pauvres surtout. Oui, des humanistes. Il s’agit d’aider ceux qui sont en bas de l’échelle à remonter et d’essayer d’avoir plus de justice dans ce pays» disait Jean-Marie Le Scraigne...

Francis Favereau  (https://ffavereau.monsite-orange.fr)

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11 mai 2025 7 11 /05 /mai /2025 12:23
8 mai 2025: le PCF rend hommage à Fernand Jacq au cimetière de Huelgoat. Discours de Pierre-Yves Thomas
8 mai 2025: le PCF rend hommage à Fernand Jacq au cimetière de Huelgoat. Discours de Pierre-Yves Thomas
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8 mai 2025: le PCF rend hommage à Fernand Jacq au cimetière de Huelgoat. Discours de Pierre-Yves Thomas
8 mai 2025: le PCF rend hommage à Fernand Jacq au cimetière de Huelgoat. Discours de Pierre-Yves Thomas

8 mai 2025 : Discours de Pierre-Yves Thomas au cimetière de Huelgoat pour l'hommage à Fernand Jacq

Photos de Jean-Luc Le Calvez

La section PCF de Carhaix-Huelgoat, la fédération PCF du Finistère ont tenu en ce jour du 80 ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, de la victoire sur l’Allemagne nazie et le fascisme, à rendre hommage à Fernand JACQ, en cette commune du Huelgoat où il fut médecin et un militant communiste très apprécié de la population.

Bien qu’étant né à Granville dans la manche, il arrive en Bretagne peu après sa naissance dans la petite commune de Pleyber-Christ. Élève studieux et brillant malgré une santé fragile, il s’oriente vers des études de médecine et sort diplômé de la faculté de Rennes, ville où il rencontre sa femme. En 1930, Fernand JACQ adhère au Parti Communiste Français alors qu’il est étudiant à Rennes.  En 1933, il revient dans le Finistère et s’installe au Huelgoat comme médecin, terminant sa thèse de doctorat en médecine en 1934.

Sa mère écrira en 1945, qu’elle l’interrogea sur son engagement politique. Il lui répondit : « Parce que j’ai eu faim ! Et que je travaille pour qu’il n’y ait plus de misères ».

En 1937, Fernand JACQ était candidat du PCF aux cantonales au Huelgoat, il était en même temps secrétaire de la section du Huelgoat, membre du comité régional du PCF.

De 1935 à septembre 1939 Fernand JACQ sera conseiller municipal au Huelgoat date à laquelle le Parti Communiste Français sera interdit. Néanmoins Fernand JACQ participera activement à sa restructuration, dans ce pays des Monts d’Arrée.

Lorsque la guerre éclate, Fernand Jacq est contrarié de n’être pas mobilisé. Il est réformé pour raison de santé mais adresse un courrier au préfet du Finistère par lequel il demande d’être incorporé dans un régiment quelconque. Il souhaite, d’après le témoignage de sa mère, être aux côtés de ses camarades dans le combat. Sa demande est rejetée et il est contraint d’attendre l’arrivée des Allemands au Huelgoat.

A l’arrivée des troupes d’occupation à Pont-Aven, commune de résidence de ses parents, un notaire menace et rappelle les engagements politiques de Fernand JACQ à son père. Il déclare espérer que le médecin sera bientôt fusillé. Le médecin est déchu de son mandat politique par le Gouvernement de Vichy.

Le médecin est empêché par les Allemands et sa mairie collaboratrice de circuler en voiture dès la fin 1940 il n’a pas de bons d’essence pour ses déplacements. 

Qu’importe, il va de village en village, à pied ou à bicyclette, dans la boue ou la neige, apporter aux malades soins et réconfort moral. Sensible au courage quotidien des paysans des Monts d’Arrée arrachant à une terre ingrate une maigre subsistance, il en est aimé à cause de sa simplicité et de sa générosité.

Naturellement, Fernand JACQ rejoint la Résistance en adhérant en 1941 au Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Il procède à de nombreux recrutements et est l’un des organisateurs des premiers groupes de FTP (Francs-Tireurs et Partisans) dans le Finistère. En juin de la même année, il est désigné comme responsable départemental du Service Sanitaire et réussit rapidement à mettre sur pied les éléments d’une organisation qui rend de grands services à la Résistance. Fernand JACQ est arrêté le 3 juillet 1941, probablement victime d’une des innombrables lettres de délation envoyées aux autorités sous l’Occupation. Il est immédiatement conduit dans le camp d’internement de Choisel, à Châteaubriant (Loire-Inférieure).

Dans les lettres adressées à sa famille, le Docteur JACQ ne renie jamais ses engagements et redit sa fierté de partager le sort de millions d’Hommes, d’être enfermé à Choisel au milieu de camarades constituant « l’élite de la France ». Il écrit aussi : « Il y a plus d’intelligence ici que dans n’importe quel lycée de France et nous vivons dans l’attente d’un avenir que nous sentons très proche, avec la certitude de la victoire ».

L’abattement n’est donc pas de mise et Fernand JACQ est très actif dans le camp, il dispense durant sa captivité des cours de breton pour les autres otages du camp et met en place une chorale bretonne.

Côté population, l’émoi suscité par l’arrestation du médecin est grand. L’arrestation de Fernand JACQ choque donc bien la population du Huelgoat, à tel point que le Sous-Préfet de Châteaulin semble craindre que son maintien en détention ne constitue un danger dans le rapport des autorités avec la population locale.

Á la suite d’attentats à Paris, les Allemands décident de fusiller 100 otages ; neuf seront pris dans le camp de Choisel. Parmi eux figure Fernand JACQ. Vers midi, le 15 décembre 1941, ils sont conduits en plein cœur de la forêt de Juigné, au bord de l’étang de La Blisière où ils sont exécutés aux alentours de 15 heures.

Au moment du départ des otages pour le lieu de l’exécution, les prisonniers du camp de Choisel s’étaient mis à entonner la Marseillaise, certains chantèrent le Bro gozh ma zadoù,  d’autres enfin entonnèrent l’Internationale en breton.

L’espoir et la résistance à l’oppression ne quitta pas ces hommes comme en témoigne encore la dernière lettre de Fernand JACQ, lettre d’adieux rédigée à ses parents le jour même de l’exécution.

Fernand JACQ ne manque pas de rappeler dans cet écrit que lui et ses camarades ne sont pas les premières victimes de l’occupant au camp de Choisel et commémore les fusillés du 22 octobre 1941. Ce jour-là, les Allemands avaient fusillés 27 détenus du camp de Choisel dont le jeune Guy Môquet (17 ans).

L’émotion est grande à la mort du médecin du Huelgoat. C’est à la libération qu’on mesurera l’impact qu’eurent ces exécutions arbitraires de civils parmi la population française.

Médecin de campagne, médecin des pauvres, profondément humaniste, Fernand JACQ était considéré comme une sorte de « saint laïc » au Huelgoat, dans la montagne rouge de l’Arrée. Il était très estimé dans toute la région du Huelgoat où il fit campagne pour le développement de l’hygiène.

Selon Pierre Guyomarc'h, ancien FTP, cité par Fernand Grenier, dans son livre, (Ceux de Châteaubriant), la mort de Fernand JACQ va susciter une vive recrudescence de l’activité patriotique dans tout le Finistère et fera lever de nombreux combattants décidés à venger JACQ et à chasser l’envahisseur.

Dans son ultime message Fernand JACQ écrit : « La mort naturelle libère l’humanité de ses fragments usés; la mort violente donne par réaction, une énergie nouvelle à cette humanité. Toute ma vie, j’ai lutté contre la guerre et pour une vie meilleure, pour le progrès. Les morts sont de grands convertisseurs. Ma mort sera utile… »

Fernand JACQ, avec la grande majorité des 700 détenus, avait refusé de signer une déclaration d’allégeance à Pétain.

Les Allemands, rapporte le grand résistant communiste Fernand Grenier, voulaient éviter de faire traverser Châteaubriant aux condamnés pour les emmener à la sablière comme les 27 fusillés du 22 octobre, tant l’émotion était grande dans la ville de Loire-Inférieure après ce crime.

Les 9 condamnés à mort communistes furent attachés aux arbres dans la forêt. Les Allemands avaient décidé d’assassiner au fond d’un bois, loin de toute agglomération.

Les communistes Finistériens sont fiers d’avoir eu comme camarade un homme comme Fernand JACQ. En lui rendant hommage aujourd’hui, ils n’oublient pas les sacrifices de ces hommes et de ces femmes, souvent au péril de leur vie, pour l’émergence d’un monde plus juste et de paix.

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11 mai 2025 7 11 /05 /mai /2025 06:45
Tredudon-le-Moine: 80 ans de commémoration de l'héroïsme du premier village résistant de France et d'hommage à ses martyrs
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Tredudon le Moine, discours des 40 ans de l'hommage avec Daniel Trellu ancien chef de la résistance FTP du Finistère

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Tredudon-le-Moine, en Berrien dans les Monts d'Arrée - depuis 80 ans, on commémore l'héroïsme et les martyrs du premier village résistant de France. Plongée dans les archives de Pierre Plassart, ancien dirigeant local communiste et FTP de la résistance à Tredudon, et de sa fille Marguerite Plassart.

Pierre Plassart (photo prise à Vannes) avant guerre, en tenue d'appelé. Il crée le premier triangle de direction de l'organisation clandestine de résistance du parti communiste dans le canton de Huelgoat avec ses deux frères.

Pierre Plassart (photo prise à Vannes) avant guerre, en tenue d'appelé. Il crée le premier triangle de direction de l'organisation clandestine de résistance du parti communiste dans le canton de Huelgoat avec ses deux frères.

Le jeune frère de Pierre Plassart, Jean-Marie Plassart, arrêté à la feuillée, déporté dans le dernier convoi vers les camps de concentration au départ de Fresnes. Il succombera au bout de 13 mois de déportation à Melk non loin du camp de Mathausen où il a aussi enduré le calvaire des déportés nuit et brouillard

Le jeune frère de Pierre Plassart, Jean-Marie Plassart, arrêté à la feuillée, déporté dans le dernier convoi vers les camps de concentration au départ de Fresnes. Il succombera au bout de 13 mois de déportation à Melk non loin du camp de Mathausen où il a aussi enduré le calvaire des déportés nuit et brouillard

Tredudon-le-Moine: 80 ans de commémoration de l'héroïsme du premier village résistant de France et d'hommage à ses martyrs
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10 mai 2025 6 10 /05 /mai /2025 06:07
Tredudon-le-Moine en Berrien: le premier village résistant de France rend hommage à ses héros (Le Télégramme, 10 mai 2025)
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9 mai 2025 5 09 /05 /mai /2025 05:42
Un vibrant hommage rendu au résistant Fernand Jacq à Huelgoat (Le Télégramme, 9 mai 2025)
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7 mai 2025 3 07 /05 /mai /2025 04:59
Un hommage sera rendu à Fernand Jacq, jeudi 8 mai à Huelgoat. |  ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU FINISTÈRE - 1J448

Un hommage sera rendu à Fernand Jacq, jeudi 8 mai à Huelgoat. | ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU FINISTÈRE - 1J448

Ouest-France

« Médecin des pauvres » et Résistant : un hommage rendu à Fernand Jacq, ce 8 mai dans le Finistère

Publié le

À l’occasion des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Fédération départementale du Parti communiste français organise deux cérémonies successives jeudi 8 mai 2025, à Berrien (Finistère), puis Huelgoat, où un hommage sera rendu à Fernand Jacq. Il fut médecin à Huelgoat, avant d’être arrêté en 1941 et fusillé par les Allemands.

Pour marquer les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Fédération du Parti communiste du Finistère organise un rassemblement à Trédudon-le-Moine, « premier village résistant de France » , situé dans la commune de Berrien (Finistère), ce jeudi 8 mai 2025. Le PCF a voulu aussi rendre hommage à l’un de ses « camarades », Fernand Jacq, qui fut médecin à Huelgoat, Résistant fusillé en 1941.

Les Archives départementales ont retracé le parcours du « médecin des pauvres » , comme décrit parfois, grâce à un certain nombre de documents qu’elles ont reçues en don en 2003. « Fernand Jacq, fils de deux fonctionnaires, adhère au Parti communiste à l’âge de 22 ans, alors qu’il est étudiant à Rennes en médecine. Il s’installe à Huelgoat en 1934 et devient conseiller municipal de la commune en 1935. » Les Archives citent sa mère qui écrira en 1945, pour expliquer l’engagement politique de son fils ; celui-ci lui aurait répondu : « Parce que j’ai eu faim ! Et que je travaille pour qu’il n’y ait plus de misères. »

Engagement dans la Résistance

Lorsque le PCF est interdit, Fernand Jacq participe à la réorganisation du parti sous sa forme clandestine. Et quand la guerre éclate, il voulait rejoindre les rangs d’un régiment, mais est réformé pour raisons de santé.

« Toutefois, cela n’empêche pas Fernand Jacq de rejoindre la Résistance en adhérant en 1941 au Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, relatent les Archives départementales. Il procède à de nombreux recrutements et est l’un des organisateurs des premiers groupes de FTP (Francs-Tireurs et Partisans) dans le Finistère. En juin de la même année, il est désigné comme responsable départemental du Service sanitaire. »

Interdit de circuler en voiture dès fin 1940 par les Allemands, il aurait continué à exercer en allant à pied de village en village pour soigner ses patients, selon le PCF. Mais le médecin est finalement arrêté le 3 juillet 1941 et interné dans le camp de Choisel, à Châteaubriant (Loire-Atlantique).

Cours de bretons et chorale

Malgré tout, ses lettres à sa famille traduisent sa force, refusant de renoncer : « Il y a plus d’intelligence ici que dans n’importe quel lycée de France et nous vivons dans l’attente d’un avenir que nous sentons très proche, avec la certitude de la victoire », écrit-il. « Il était profondément enraciné dans le centre Bretagne et avait appris la langue bretonne. Il donnait des cours de bretons aux autres emprisonnés politiques de Châteaubriant », explique Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF. Les Archives départementales soulignent également la mise en place « d’une chorale bretonne ».

Lire aussi : Défilé, bal, véhicules anciens… À Morlaix, le 8 mai 2025 sera « commémoratif et festif »

Les 18 et 20 décembre 1941, le sous-préfet de Châteaulin enverra deux courriers successifs au préfet du Finistère pour demander « la grâce » pour le médecin alors que la population « commence à le considérer comme un héros ». Mais ses lettres arrivent trop tard. « À la suite d’attentats à Paris, les Allemands décident de fusiller 100 otages ; neuf seront pris dans le camp de Choisel, détaillent les Archives. Parmi eux figure Fernand Jacq. » Ils sont exécutés le 15 décembre 1941.

Obsèques

La dernière lettre du médecin à ses parents, rédigée le jour de son exécution, restera pourtant empreinte de la même foi que les précédentes : « Soyez forts, courageux, votre fils meurt pour la France et pour un avenir meilleur. De pareils crimes, après cette guerre dont l’issue ne peut faire de doute pour personne, ne se renouvelleront plus. » Ses obsèques civiles, qui rassembleront la population, auront lieu à la Libération, le 15 décembre 1945. Le même jour, une rue à son nom est inaugurée.

« C’était un militant reconnu bien au-delà de Huelgoat, ajoute Ismaël Dupont. Il fait partie des militants communistes qui ont eu un rôle important dans la Libération et qui étaient animés par un objectif de paix entre les peuples. »

Cérémonies. Jeudi 8 mai 2025, à 15 h 45, au cimetière de Huelgoat, puis à 17 h à Trédudon-Le-Moine.

https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/medecin-des-pauvres-et-resistant-un-hommage-rendu-a-fernand-jacq-ce-8-mai-dans-le-finistere-7c61a33e-2835-11f0-b7b8-37276f4d776e

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5 mai 2025 1 05 /05 /mai /2025 08:09
Le jeudi 8 mars au cimetière de Huelgoat à 15h45, le PCF rendra hommage à Fernand Jacq, médecin des pauvres et élu et militant communiste du Huelgoat, fusillé par les Nazis le 15 décembre 1941
Le jeudi 8 mars au cimetière de Huelgoat à 15h45, le PCF rendra hommage à Fernand Jacq, médecin des pauvres et élu et militant communiste du Huelgoat, fusillé par les Nazis le 15 décembre 1941
Le 8 mai 2025, 80 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, nous rendrons hommage avec la section PCF Carhaix-Huelgoat et la fédération du Parti communiste du Finistère à notre camarade Fernand Jacq devant sa tombe au cimetière de Huelgoat à 15h45.
 
Avant le rassemblement unitaire de Tredudon-le-Moine à 17h pour la Paix, la Justice sociale et contre le fascisme.
 
Né à Granville (Manche) le 12 janvier 1908, Fernand Jacq est issu d’une famille de fonctionnaires (père douanier, mère employée des PTT). Ses parents quittent peu après sa naissance la Normandie pour la Bretagne et Fernand grandit en Finistère, dans la petite commune de Pleyber-Christ.
Élève studieux et brillant malgré une santé fragile, il s’oriente vers des études de médecine et sort diplômé de la faculté de Rennes, ville où il rencontre sa femme. En 1933, il revient dans le Finistère, d’abord à Querrien, puis s’installe au Huelgoat comme médecin, terminant sa thèse de doctorat en médecine en 1934.
Communiste, sa mère écrit en 1945 dans une brève biographie de son fils, qu’elle l’interrogea avant guerre sur son engagement politique. Il lui répondit : « Parce que j’ai eu faim ! et que je travaille pour qu’il n’y ait plus de misères ».
En effet, dès 1930, Fernand Jacq adhère au Parti Communiste Français alors qu’il est étudiant à Rennes. Il devient conseiller municipal au Huelgoat en 1935, puis participe à sa restructuration après son interdiction en septembre 1939. Il fut élu municipal à Huelgoat de 1935 à 1939. En 1935, la liste communiste aux municipales, composée de huit artisans, quatre cultivateurs, un instituteur et deux retraités, avait devancé la liste SFIO, obtenant ainsi trois élus. En 1937, Fernand Jacq était candidat du PCF aux cantonales à Huelgoat ; il se désista en faveur de Pierre Blanchard (SFIO), élu au second tour avec 55 % des voix face au radical François Le Dilasser.
Fernand Jacq était en même temps secrétaire de la section de Huelgoat, membre du comité régional du PCF.
L’arrivée de la guerre
Lorsque la guerre éclate, Fernand Jacq est contrarié de n’être pas mobilisé. Il est réformé pour raison de santé mais adresse un courrier au préfet du Finistère par lequel il demande d’être incorporé dans un régiment quelconque. Il souhaite, d’après le témoignage de sa mère, être aux côtés de ses camarades dans le combat. Toutefois, sa demande est rejetée et il est contraint d’attendre l’arrivée des Allemands au Huelgoat.
A l’arrivée des troupes d’occupation à Pont-Aven, commune de résidence de ses parents, un notaire menace et rappelle les engagements politiques de Fernand Jacq au père de ce dernier. Il déclare espérer que le médecin sera bientôt fusillé. La famille vit alors dans une inquiétude perpétuelle. Le médecin est en effet déchu de son mandat politique par le Gouvernement de Vichy. Le médecin est empêché par les Allemands et sa mairie collaboratrice de circuler en voiture dès la fin 1940 (il n’a pas de bons d’essence pour ses déplacements). » Qu’importe, il est allé de village en village, à pied ou à bicyclette, dans la boue ou la neige, apporter aux malades soins et réconfort moral. Sensible au courage quotidien des paysans des Monts d’Arrée arrachant à une terre ingrate une maigre subsistance, il en est aimé à cause de sa simplicité et de sa générosité » (Fernand Grenier).
Naturellement, Fernand Jacq rejoint la Résistance en adhérant en 1941 au Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Il procède à de nombreux recrutements et est l’un des organisateurs des premiers groupes de FTP (Francs-Tireurs et Partisans) dans le Finistère. En juin de la même année, il est désigné comme responsable départemental du Service Sanitaire et réussit rapidement à mettre sur pied les éléments d’une organisation qui rend de grands services à la Résistance.
Arrestation et internement
Fernand Jacq est arrêté le 3 juillet 1941, probablement victime d’une des innombrables lettres de délation envoyées aux autorités sous l’Occupation. Il est immédiatement conduit dans le camp d’internement de Choisel, à Châteaubriant (Loire-Inférieure), section politique, baraque 7. Voici son témoignage le lendemain de son arrivée (correspondance à ses parents) :
Dans les lettres suivantes adressées à sa famille, le Docteur Jacq ne renie jamais ses engagements et redit sa fierté de partager le sort de millions d’Hommes, d’être enfermé à Choisel au milieu de camarades constituant « l’élite de la France ». Il écrit aussi : « Il y a plus d’intelligence ici que dans n’importe quel lycée de France et nous vivons dans l’attente d’un avenir que nous sentons très proche, avec la certitude de la victoire ». Toutes ses lettres dénotent d’une grande foi en l’avenir et la victoire finale du camp de la Liberté.
L’abattement n’est donc pas de mise et Fernand Jacq est très actif dans le camp. Il dispense durant sa captivité des cours de breton pour les autres otages du camp et met en place une chorale bretonne.
Côté population, il faut aller chercher dans la correspondance préfectorale pour mesurer l’émoi suscité par l’arrestation du médecin. En décembre 1941, en effet, deux courriers du Sous-Préfet de Châteaulin sont transmis à son supérieur direct, le Préfet du Finistère.
Il demande la grâce du Docteur Jacq, assortie d’une mesure d’éloignement du département.
La raison de cette démarche volontariste du Sous-Préfet transparaît clairement dans ses écrits. La population « … commence à le (Fernand Jacq) considérer comme un héros ». La libération par les autorités à la période de Noël « … dissipera définitivement le malaise dont j’ai pu être témoin depuis quelques semaines au cours de mes tournées dans la région susvisée ».
L’arrestation de Fernard Jacq choque donc bien la population du Huelgoat, à tel point que le Sous-Préfet de Châteaulin semble craindre que son maintien en détention ne constitue un danger dans le rapport des autorités avec la population locale.
Cette initiative du Sous-Préfet restera toutefois lettre morte, intervenant trop tardivement.
Les Neuf de la Blisière
En effet, à la suite d’attentats à Paris, les Allemands décident de fusiller 100 otages ; neuf seront pris dans le camp de Choisel. Parmi eux figure Fernand Jacq, désigné par Vichy en tant qu'otage à fusillé parce que militant communiste. Vers midi, le 15 décembre 1941, les feldgendarmes conduisent les neuf otages en plein cœur de la forêt de Juigné, au bord de l’étang de La Blisière où ils sont exécutés aux alentours de 15 heures.
Au moment du départ des otages pour le lieu de l’exécution, les prisonniers du camp de Choisel s’étaient mis à entonner la Marseillaise, certains chantèrent le Bro gozh ma zadoù (hymne national breton), d’autres enfin entonnèrent l’Internationale en breton.
L’espoir et la résistance à l’oppression ne quitta pas ces hommes comme en témoigne encore la dernière lettre de Fernand Jacq, lettre d’adieux rédigée à ses parents le jour même de l’exécution.
Fernand Jacq ne manque d’ailleurs pas de rappeler dans cet écrit que lui et ses camarades ne sont pas les premières victimes de l’occupant au camp de Choisel et commémore les fusillés du 22 octobre 1941. Ce jour là, en représailles à l’assassinat du commandant de Nantes, le Feldkommandant Fritz Holtz, les Allemands avaient fusillés 27 détenus du camp de Choisel dont le jeune Guy Môquet (17 ans).
L’émotion est grande à la mort du médecin du Huelgoat. Les premiers témoignages d’afflictions des proches de la famille en attestent bien sûr, mais c’est à la libération qu’on mesurera l’impact qu’eurent ces exécutions arbitraires de civils parmi la population française.
Médecin de campagne, médecin des pauvres, profondément humaniste, Fernand Jacq était considéré comme une sorte de « saint laïc » à Huelgoat, dans la montagne rouge de l’Arrée. Au camp de Châteaubriant, il avait ouvert des cours de breton et monté un groupe de chant choral. Il était très estimé dans toute la région d’Huelgoat où il fit campagne pour le développement de l’hygiène. Acquise aux communistes dès 1921, la mairie du Huelgoat fut marquée par la dissidence de Corentin Le Floch (ancien SFIO et PCF), avant de devenir le fief d’Alphonse Penven entre 1945 et 1989. Selon Pierre Guyomarh, ancien FTP, cité par Fernand Grenier (Ceux de Châteaubriant), la mort de Fernand Jacq va susciter « une vive recrudescence de l’activité patriotique dans tout le Finistère et fera lever de nombreux combattants décidés à venger Jacq et à chasser l’envahisseur ».
Extrait de l’ultime message de Fernand Jacq:
« La mort naturelle libère l’humanité de ses fragments usés; la mort violente donne par réaction une énergie nouvelle à cette humanité. Toute ma vie, j’ai lutté contre la guerre et pour une vie meilleure, pour le progrès. Les morts sont de grands convertisseurs. Ma mort sera utile… »
Fernand Jacq après l’exécution des 27 otages communistes et cégétistes à Châteaubriant le 22 octobre 1941 avait refusé, au camp de Choisel, avec la grande majorité des 700 détenus (seuls 20 firent exception), de signer une déclaration d’allégeance à Pétain qui aurait pu le sortir des listes d’otages potentiels à fusiller en cas d’attentat contre les troupes d’occupation allemandes.
Il est fusillé le 15 décembre alors qu’il n’a que 32 ans avec un autre docteur, Louis Babin, l’instituteur Paul Baroux, le charpentier Maurice Pillet, le secrétaire de la fédération CGT des Produits Chimiques René Perrouault, Adrien Agnès, agent technique, les métallos Raoul Gosset et Georges Vigor, le jeune ouvrier Georges Thoretton.
Quand son nom est prononcé pour l’appel des condamnés, Fernand Jacq travaille à une étude avec les médecins Ténine et Pesqué sur la médecine sociale.
« Les neuf appelés sont amenés devant le bureau. Ils sont aussitôt enchaînés. Ils montent dans les camions, la tête haute. Le 22 octobre se renouvelle avec la même émotion. La « Marseillaise » éclate puis le « Chant du Départ ». Tout le camp chante avec eux, jusqu’à ce que disparaissent au tournant de la route les deux véhicules… C’est aux abords de la forêt de Juigné, en un lieu enchanteur, La Blisière, que le crime va être consommé ». Les Allemands, rapporte le grand résistant communiste Fernand Grenier dans Ceux de Châteaubriant voulaient éviter de faire traverser Châteaubriant aux condamnés pour les emmener à la sablière comme les 27 fusillés du 22 octobre tant l’émotion était grande dans la ville de Loire-Inférieure après ce crime. Ils avait décidé d’assassiner au fond d’un bois, loin de toute agglomération. Les 9 condamnés à mort communistes furent attachés aux arbres dans la forêt. Le crépitement des balles fut entendu des fermes proches. Le même jour, Gabriel Péri tombe au Mont Valérien et Lucien Sampaix, secrétaire général de la rédaction de l’Humanité, à Caen.
Le jeudi 8 mars au cimetière de Huelgoat à 15h45, le PCF rendra hommage à Fernand Jacq, médecin des pauvres et élu et militant communiste du Huelgoat, fusillé par les Nazis le 15 décembre 1941
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21 janvier 2025 2 21 /01 /janvier /2025 19:25
La nouvelle salle de sport de Plounéour-Menez porte le nom de Pierre Lachuer (1921-2000), ancien résistant FTP, maire communiste de Plounéour-Menez pendant deux mandats, agriculteur et syndicaliste agricole
Bravo et merci à Sébastien Marie, le maire de Plouneour Menez, et aux élus du conseil municipal de Plouneour Ménez, d'avoir baptisé le nouveau gymnase municipal du nom de Pierre Lachuer, ancien commandant FTPF de la résistance à Plouneour Ménez, élu pendant six mandats à Plouneour, au seuil des monts d'Arrée, et maire communiste de Plouneour Ménez pendant deux mandats et agriculteur et syndicaliste agricole du Modef. Une belle reconnaissance pour cet engagement humain et politique au service de ses idéaux et de la collectivité de Plouneour Ménez. Ici sur les deux photos transmises par Sébastien Marie: Pierre Lachuer photographié par Robert Doisneau dans sa ferme dans les années 60 et la nouvelle salle sportive de Plouneour, une réalisation de plus pour un mandat qui en comptera beaucoup au service du dynamisme de la commune.
 
Laissons la parole à Sébastien Marie: "Avec le développement de Plounéour-Menez et la création de nouveaux services à la population, il m'est paru important de donner un nom à la nouvelle salle de sports qui sort de terre entre différents autres bâtiments. Le nom d'un grand serviteur de la commune m'est apparu important et le nom de Pierre Lachuer m'a paru évident. Résistant dès l'âge de 19 ans, 6 mandats à son actif dont 2 de maire (1983-1995), il était également militant communiste et syndicaliste agricole (Modef). Il est à l'origine entre autres de cette salle de sports reconstruite, de l'ensemble salle polyvalente/ salle foyer/ foyer logements et du maintien du collège qui depuis a connu un développement exponentiel. Cette proposition de nom a été adoptée à l'unanimité par le Conseil Municipal de Plounéour-Menez".
 
ttps://www.letelegramme.fr/finistere/plouneour-menez-29410/la-salle-de-sports-de-plouneour-menez-portera-le-nom-de-pierre-lachuer-6624970.php
 
https://www.ouest-france.fr/bretagne/plouneour-menez-29410/plouneour-menez-le-nom-de-lancien-maire-pierre-lachuer-sera-donne-au-gymnase-8a0bd3a6-4023-11ef-ae5b-bfe38155f8bc
Pierre Lachuer photographié par Pierre Doisneau dans les années 60 dans son exploitation agricole

Pierre Lachuer photographié par Pierre Doisneau dans les années 60 dans son exploitation agricole

LACHUER Pierre, Marie

Né le 17 mars 1921 à Plounéour-Ménez (Finistère), mort le 2 mars 2000 à Plounéour-Ménez ; cultivateur ; résistant ; syndicaliste (CGA et MODEF) ; membre du comité de la fédération du PCF du Finistère (1946) ; adjoint au maire (1951-1983) puis maire de Plounéour-Ménez (1983-1989).

LACHUER Pierre, Marie

Pierre Lachuer était le fils de cultivateurs. Il adhéra au parti communiste clandestin sous l’Occupation. D’après Eugène Kerbaul il fut en contact avec Bernard Paumier, un des responsables interrégionaux Bretagne et responsable national du PCF pour les questions paysannes. Il créa avec son aide des groupes de l’union des jeunes paysans patriotes. Après le débarquement, il forma une compagnie de FTP qui prit part à de nombreuses opérations.

Il fut élu membre du comité de la fédération du PCF du Finistère en août 1946. Il milita essentiellement à la CGA puis au MODEF. Élu premier adjoint au maire communiste de Plounéour-Ménez en 1951, il fut réélu à chaque scrutin jusqu’en 1983 où il devint maire de la commune.

Il se maria en 1946 dans sa commune natale avec Hélène Henry.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136608, notice LACHUER Pierre, Marie par Alain Prigent, version mise en ligne le 6 avril 2
Gloire à Pierre Lachuer

"C'était une petite ferme près de chez moi du temps où l'on vivait « là bas dans les Monts d'Arrée ». Deux ou trois fois par semaine, j'y allais avec mon pot au lait. L'étable était chaude et sentait bon. les vaches mâchouillaient leur foin. La trayeuse électrique ronronnait. Le plus souvent c'était Hélène qui me servait. Elle prenait bien soin d'agiter le lait dans le grand bac en inox, car la crème était rassemblée en surface par la loi de la physique. Mais quand il arrivait qu'Hélène ne soit pas là, je me gardais bien de mélanger : je faisais partie des dix pour cent d'humains adorateurs de la crème du lait.

Dans ces années 70, le téléphone était rare, et je devais monter jusque chez Hélène et Pierre pour téléphoner. Et s'il y avait un appel pour moi, ils devaient faire patienter l'interlocuteur, et faire en courant les deux cents mètres du chemin jusque chez moi : « Gérard, téléphone !». Et je remontais le chemin à toute blinde pour répondre tout essoufflé à mon amoureuse ou à une demande de concert.

Après la conversation lointaine, il y avait toujours la conversation proche, et Pierre, ancien résistant et communiste convaincu, vitupérait contre la politique agricole de la France et de l'Europe. « Ils veulent tuer les petits paysans ! Alors que le modèle idéal, c'est la ferme familiale, qui donne du travail à trois ou quatre personnes ».

Pierre est mort prématurément d'un arrêt cardiaque. Mon hypothèse d'expert : le lard qu'il dégustait par grosses tranches sur ses tartines vers dix heures du matin était tout blanc : 100% de matière grasse animale. Depuis la disparition de notre voisin, Les fermes n'ont cessé de grandir. Les tracteurs ont gagné en taille. Et les dettes aussi. Et les banques aussi.

Et voici qu'on entend des responsables agricoles ici ou là qui nous disent : « Le système favorise les grandes exploitations, alors que le modèle idéal, c'est la ferme familiale, qui donne du travail à trois ou quatre personnes ». Tiens donc ?

J'imagine Pierre Lachuer dans sa tombe de Plounéour Menez, Monts d'Arrée. Il doit bien rigoler. Ou peut être qu'il pleure, au fond ?"

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8 décembre 2024 7 08 /12 /décembre /2024 11:59
" Les luttes des Penn Sardin, quelques souvenirs…." - par Piero Rainero

Les luttes des Penn Sardin, quelques souvenirs….

Ma mère Marie-Thérèse Moulac avait 14 ans à l’époque et travaillait aux Établissements Bézier. Le Bézier qui était alors le responsable du syndicat patronal des industriels de la conserve et dont le Préfet du Finistère, dans une note au Ministère du Travail qui fut rendue publique par le journal « Le Temps » , disait qu’il était « Le plus impopulaire et détesté de tous. »

Ma mère, comme les autres Penn Sardin, n’avait rien oublié.

Elles parlaient toutes de ce mouvement avec une légitime fierté. Évoquant « les conditions de travail très dures », les « petits salaires » et « la misère des gens », « l’autoritarisme flirtant avec la violence du patronat », leur participation aux manifestations, aux confrontations avec les gendarmes à cheval dans les petites rues du port, la tentative d’assassinat du maire communiste, Daniel le Flanchec, par des malfrats recrutés à Paris et grassement payés par les industriels pour semer le désordre dans la ville, les meetings aux Halles et les chants entonnés en chœur dans les usines et qu’elles chantaient encore, 50 ans après, avec la même émotion et la même colère qu’au temps de leur jeunesse. Je me souviens d’une réunion de la section du PCF de Douarnenez, au tout début des années 70, où une Penn Sardin entonna plusieurs de ces chansons reprises par l’assemblée dont le maire Michel Mazéas.

Lorsque certaines d’entre elles étaient surprises dans les ateliers à chanter, elles étaient immédiatement « mises à la porte ». Dans le pays bigouden, des chefs d’entreprise allaient jusqu’à faire signer des engagements à ne pas chanter des chansons comme par exemple ce chant ouvrier né dans le Nord de la France dans la seconde moitié du 19ème siècle et devenu emblématique de la lutte des sardinières :

 

« Saluez, riches heureux,

Ces pauvres en haillons,

Saluez, ce sont eux

Qui gagnent vos millions. »

 

Lorsque la fatigue et le manque de sommeil font tomber les paupières, que les gestes mécaniques ininterrompus, mille fois répétés pendant des heures, engourdissent les doigts et rendent les mains maladroites, chanter faisait oublier la dureté du travail dans le froid, l’humidité, le bruit incessant des machines, et les odeurs âcres, irritant les yeux et la gorge, de l’huile de friture et des viscères de poissons qui imprégnaient les vêtements.

Chanter donnait de l’énergie, de l’espoir, faisait vivre la solidarité, la confiance, comme un support, un moteur, de la conscience entre ces ouvrières, tout en étant l’affirmation d’une forme de résistance.

Le chant est un moyen d’expression universel pour porter la colère, la tristesse, la joie, l’espérance.

Les esclaves noirs chantaient dans les champs de coton aux USA.

«  On se battait pour notre dignité, tout simplement, et la dignité c’était pour nous des salaires décents qui nous permettent de vivre normalement et des conditions de travail plus humaines. » Combien de fois n’ai-je pas entendu cela dans les propos de ces Penn Sardin douarnenistes que j’ai rencontrées. Le mot qui revenait le plus dans leurs récits était celui de « dignité ».

Cette grève dont on parlait peu jusque dans les années 70, sinon que dans les familles de ses derniers acteurs et témoins, eut en son temps, un grand retentissement national.

Marcel Cachin alors député de la Seine et directeur de « L’Humanité » se déplaça à Douarnenez où il s’adressa aux grévistes en breton. Ma mère et d’autres s’en souvenaient très bien. Une ouvrière me dit un jour à ce propos : « Ça nous avait marqué un Parisien qui parlait breton. » Elles ignoraient alors que Marcel Cachin était un Breton bretonnant de Paimpol.

Ce mouvement des Penn Sardin est, depuis quelques années, l’objet d’études et de travaux universitaires. Sociologues, historiens, chercheurs, étudiants publient livres et articles qui rencontrent un large écho. Des journalistes recherchent les documents d’époque pour en faire des documentaires. Des conférences sont organisées, des cercles culturels montent des spectacles, de jeunes musiciens écrivent des chansons sur lesquelles dansent les générations nouvelles.

Il n’y a pas de plus bel hommage qui puisse être rendu à toutes ces combattantes pour le respect des droits humains qui ont écrit, il y a un siècle, cette belle page des luttes ouvrières en Bretagne.

Au front du profit « des capitalistes de la conserve » ainsi que Marcel Cachin nomma dans une intervention à la tribune de l’Assemblée Nationale les patrons d’usines de Douarnenez, elles opposèrent, pendant 46 jours, le front uni des luttes sociales pour la justice et le progrès.

Et elles furent victorieuses.

 

Piero Rainero.

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8 décembre 2024 7 08 /12 /décembre /2024 11:03
Décembre 2024: le maire communiste de Douarnenez, Daniel Le Flanchec, destitué (Ouest-France, 8 décembre 2024)
Décembre 2024: le maire communiste de Douarnenez, Daniel Le Flanchec, destitué (Ouest-France, 8 décembre 2024)
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