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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 11:38
L'association de jumelage Morlaix-Wavel verse 1800 euros pour du matériel scolaire au camp palestinien de Wavel (Liban) qui rend hommage à Jean-Marc Nayet, le président du comité pour un jumelage Morlaix-Wavel
L'association de jumelage Morlaix-Wavel verse 1800 euros pour du matériel scolaire au camp palestinien de Wavel (Liban) qui rend hommage à Jean-Marc Nayet, le président du comité pour un jumelage Morlaix-Wavel
L'association de jumelage Morlaix-Wavel verse 1800 euros pour du matériel scolaire au camp palestinien de Wavel (Liban) qui rend hommage à Jean-Marc Nayet, le président du comité pour un jumelage Morlaix-Wavel
L'association de jumelage Morlaix-Wavel verse 1800 euros pour du matériel scolaire au camp palestinien de Wavel (Liban) qui rend hommage à Jean-Marc Nayet, le président du comité pour un jumelage Morlaix-Wavel

En mars 2007, une délégation d’élus du Pays de Morlaix, lors d’un voyage organisé par la fédération des villes jumelées avec les camps palestiniens, s’est rendue dans un lieu situé au nord du Liban à la frontière syrienne : Wavel.
Au retour et afin de favoriser des liens d’amitié et de solidarité avec ce camp de réfugiés palestiniens l’association de jumelage Morlaix Wawel a été créée le 11 septembre 2007.
Depuis cette date et jusqu’à aujourd’hui, de multiples initiatives ont été prises pour :
⦁    apporter à la population du territoire de Morlaix la connaissance de la réalité de la vie de ces réfugiés palestiniens auxquels se sont joints des syriens fuyant la guerre
⦁    fournir une aide matérielle et financière dans le cadre de la solidarité
⦁    agir pour une reconnaissance de l’état palestinien et du droit au retour de ces peuples déplacés
Tout dernièrement, à la suite du décès du président et en respect de sa volonté, nous avons pu enfin (confinement et situation du Liban) verser la somme récoltée lors de ses obsèques.

Nous avons pu joindre une association humanitaire française sur place qui s’est chargée de se rendre dans ce camp pour verser la somme de 1800 €, permettant l’achat de matériel scolaire et sanitaire (photos reçue le 4 décembre dernier).

Nous la remercions vivement.
L’association de jumelage Morlaix -Wavel

 

 

 

Morlaix - Le Télégramme, 19 décembre 2020

Morlaix - Le Télégramme, 19 décembre 2020

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:49
Centenaire du PCF - Vente de livres au local du PCF Morlaix ce samedi 19 décembre
Centenaire du PCF - Vente de livres au local du PCF Morlaix ce samedi 19 décembre
Centenaire du PCF - Vente de livres au local du PCF Morlaix ce samedi 19 décembre
Centenaire du PCF - Vente de livres au local du PCF Morlaix ce samedi 19 décembre
Centenaire du PCF - Vente de livres au local du PCF Morlaix ce samedi 19 décembre

Centenaire du PCF - librairie militante au local du PCF Morlaix ce samedi 19 décembre avec Roger, Lucienne, Daniel, Enzo, Walden, Marie-Francoise, Jean-Luc, Mariane, Martine, Ismaël etc. 26 livres ont été vendus à cette occasion. 

Les communistes brestois avaient quant à eux organisé une vente de livres militante autour du centenaire mercredi soir dans les locaux de la Rue Henri Moreau et de la rue André Berger, deux résistants communistes brestois fusillés au Mont-Valérien en 1943.

Photos Mariane Gauthier Destable et Ismaël Dupont

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:49
Il y a 100 ans - Ho Chi Minh, militant socialiste parisien partisan de l'adhésion à la IIIe Internationale, invite la question coloniale au Congrès de Tours
Il y a 100 ans - Ho Chi Minh, militant socialiste parisien partisan de l'adhésion à la IIIe Internationale, invite la question coloniale au Congrès de Tours

En juin et en août 1919, L'Humanité publie le premier texte public d'Ho Chi Minh, manifeste rédigé avec d'autres patriotes vietnamiens a Paris, "Les revendications du peuple annamite":

" 1) Amnistie générale en faveur de tous les condamnés politiques indigènes.

2) Réforme de la justice indochinoise sur l'octroi aux Indigènes des mêmes garanties judiciaires qu'aux européens, et la suppression complète et définitive des Tribunaux d'exception qui sont des instruments de terrorisation et d'oppression contre la partie la plus honnête du peuple Annamite.

3) Liberté de Presse et d'Opinion.

4) Liberté d'association et de réunion.

5) Liberté d'émigration et de voyage à l'étranger.

6) Liberté d'enseignement et création dans toutes les provinces d'écoles d'enseignement technique et professionnel a l'usage des indigènes.

7) Remplacement du régime des décrets par le régime des lois.

8) Délégation permanente d'indigènes élus auprès du Parlement français pour le tenir au courant des desiderata indigènes".

Des" vœux très modérés dans la forme et dans le fond" qui visent à étendre une partie des libertés et des droits de la République française aux trois provinces du Vietnam (Cochinchine, Annam, Tonkin) et à l'Indochine (Cambodge, Laos, Vietnam).

Le lettré Nguyen Tat Thanh, ou Nguyen Ai Quoc, né dans un village de l'Annam (Centre-Vietnam, secteur de Tourane, en 1890), est arrivé en France après son doctorat de lettres une première fois en 1911.

Sur le trajet en paquebot jusqu'à Marseille, il se fait embaucher comme aide-cuisinier et plongeur sur le Latouche-Treville, demande a intégrer l'école coloniale à Marseille, mais, sans appui de l'administration coloniale ni soutien d'une grande famille de mandarin, il n'est pas accepté. Il gagne Le Havre et devient jardinier dans la banlieue du Havre avant de travailler à nouveau dans les cuisines d'un Paquebot avec lequel il voyage en Algérie, en Tunisie, au Sénégal, au Dahomey, au Mexique, au Brésil, en Uruguay.

Il sympathise avec un certain Charlie Chaplin sur un trajet et il continuera à entretenir des contacts chaleureux avec le génial acteur américain.

Il s'installe aux États-Unis en 1913, notamment a Boston où il croise des nationalistes coréens. Puis il se fixe à Londres où il vit les premières années de la Grande Guerre avant de rejoindre Paris en février 1917.

L'odyssée du mystérieux camarade Ho Chi Minh, le "Gandhi rouge", éboueur et vendeur à la criée à Paris, photographe sans le sou, journaliste rouge, est racontée avec maestria dans un livre passionnant, contextualisant les écrits d'Ho Chi Minh, par l'historien Alain Ruscio (préface de Joseph Andras) aux Temps des Cerises (2019).

C'est à ce texte que nous empruntons ce récit.

En 1919, Ho Chi Minh profite du climat de la fin de la guerre et de la déclaration Wilson pour tenter de sensibiliser à Paris la CGT, la Ligue des Droits de l'homme, la SFIO au combat contre l'oppression coloniale, comme les dizaine de milliers de soldats vietnamiens de la Grande Guerre encore présents en France.

Dès 1917, l'auteur des Revendications du peuple annamite est surveillé par la police française et de multiples rapports sont écrits sur lui, plus ou moins approximatifs...

Le 5 août 1919, L'Humanité, qui a ouvert une souscription " pour élever un monument a Jaurès", note qu'un certain "Nguyen Ai Quo, Paris" a versé 5 francs...

C'est le futur Ho Chi Minh.

Le même quotidien le 13 janvier 1920 informe que "le secrétaire du groupe des révolutionnaires annamites" invite "les camarades de la 14e jeunesse" à "une conférence sur l'évolution sociale des peuples en Extrême-Orient, et des revendications de l'ancienne nation d'Annam".

Le 2 mai 1920, Nguyen Al Quoc est annoncé comme orateur socialiste, secrétaire du parti socialiste annamite, à un meeting socialiste réunissant 2000 personnes devant la mairie du Kremlin-Bicêtre.

La foule se rend ensuite a la barrière d'Italie en chantant l'Internationale. En juillet-aout 1920 se tient à Moscou le IIe congrès de L'Internationale communiste qui retient 21 conditions exigées de chaque section nationale pour y être reconnue.

La 8eme fixe clairement l'objectif de lutte contre le colonialisme et pour la libération des peuples colonisés: "Dévoiler impitoyablement les prouesses de "ses" impérialismes (...), soutenir, non en paroles, mais en fait, tout mouvement d'émancipation, (...) exiger l'expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, (...) nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimés, (...) entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression".

Ho Chi Minh défend désormais les thèses bolcheviques avec l'aile gauche de la SFIO, et notamment le jeune et brillant Paul Vaillant Couturier. Il tient des conférences en février et en mars pour la jeunesse de la SFIO a Paris sur "Le bolchevisme en Asie". Un informateur de la police résume ses propos:

"L'Annam, l'Egypte, l'Irlande espèrent obtenir leur indépendance grâce aux principes de Lénine"...

Début novembre 1920, Quoc (Ho Chi Minh) est présent au congrès national des Jeunesses socialistes qui vote l'adhésion à la IIIe Internationale.

L'inspecteur de police qui fait la synthèse des rapports de ses informateurs cite les propos d'Ho Chi Minh:

"M.Nguyen Ai Quac félicite les congressistes sur le vote et déclare que cela facilitera la tâche des pays opprimés qui sont sous le régime et la protection de la France qui a civilisé son pays par des coups de canon et de fusils. Mon pays, ajoute-t-il, n'a foi que dans les thèses de Lénine et seul le régime communiste instaurera sur tous les pays une République universelle".

Nguyen Ai Quoc- Ho Chi Minh a 30 ans quand il adhère avec le groupe socialiste du 13e section de Paris a la IIIe Internationale et du 19 au 25 décembre 1920, c'est le seul colonisé présent au congrès de Tours (même si les trois fédérations socialistes d'Algérie ont voté massivement pour l'adhésion à la 3e internationale, elles n'ont envoyé aucun délégué).

Son discours au Congrès de Tours, avec les commentaires des adversaires Jean Longuet et Paul Vaillant Couturier qu'il occasionne, est le seul moment où l'oppression coloniale est évoquée au Congrès de Tours.  Et néanmoins, ce discours est très applaudi, et remarqué dans la presse le 27 décembre 1920 (L'Humanité, Le Gaulois, La Lanterne), et dans le Petit Parisien, qui publie une photo d'Ho Chi Minh (en couverture - source Géo Histoire) le 29 décembre 1920. 

Voici l'intervention de notre camarade Ho Chi Minh au Congrès de Tours (reprise du livre d'Alain Ruscio):

" Le Président: L'Indo-Chine a la parole (Applaudissements).

Le Délégué d'Indo-Chine: Camarades, j'aurais voulu venir collaborer avec vous à l’œuvre de la révolution mondiale, mais c'est avec la plus grande tristesse et la plus profonde désolation que je viens, aujourd'hui, comme socialiste, protester contre les crimes abominables commis dans mon pays d'origine. (Très bien!) Vous savez que depuis un demi-siècle le capitalisme français est venu en Indo-Chine; il nous a conquis avec la pointe des baïonnettes et au nom du capitalisme. Depuis lors, non seulement nous sommes honteusement opprimés et exploités, mais encore affreusement martyrisés et empoisonnés. Entre parenthèses, je soulignerai ce mot "empoisonnés" par l'opium, l'alcool, etc. Il m'est impossible, en quelques minutes, de vous démontrer toutes les atrocités commises en Indo-Chine par les bandits du capital. Plus nombreuses que les écoles, les prisons sont toujours ouvertes et effroyablement peuplées. Tout indigène réputé d'avoir des idées socialistes est enfermé et parfois mis à mort sans jugement. C'est la justice indo-chinoise, car là-bas, il y a deux poids deux mesures; les Annamites n'ont pas les mêmes garanties que les Européens ou les européanisés. La liberté de presse et d'opinion n'existe pas pour nous, pas plus que la liberté de réunion ou d'association. Nous n'avons pas le droit d'émigrer ou de voyager à l'étranger; nous vivons dans l'ignorance la plus noire parce que nous n'avons pas la liberté d'enseignement. En Indo-Chine, on fait tout ce qu'on peut pour nous intoxiquer avec l'opium et pour nous abrutir avec l'alcool. On a fait mourir plusieurs milliers d'Annamites et on a fait massacrer plusieurs milliers d'autres pour défendre des intérêts qui ne sont pas les leurs. Voilà, camarades, comment plus de la vingt millions d'Annamites, qui représentent plus de la moitié de la population de la France, sont traités. Et pourtant ces Annamites sont des protégés de la France (Applaudissements). Le parti socialiste se doit de mener une action en faveur des indigènes opprimés (Bravos).

Jean Longuet: Je suis intervenu pour défendre les indigènes.

Le Délégué d'Indochine: J'ai imposé, en commençant, la dictature du silence... (Rires). Le Parti doit faire une propagande socialiste dans les colonies. Nous voyons dans l'adhésion à la IIIe Internationale la promesse formelle du Parti socialiste de donner enfin aux questions coloniales l'importance qu'elles méritent. Nous avons été très heureux d'apprendre la création d'une délégation permanente pour l'Afrique du Nord et nous serons heureux, demain, si le Parti envoie un camarade socialiste étudier sur place, en Indo-Chine les problèmes qui se présentent et l'action à mener.

(...) Au nom de l'humanité tout entière, au nom de tous les socialistes, ceux de droite et ceux de gauche, nous vous disons: Camarades, sauvez-vous! (Applaudissements).

Le Président: Le représentant d'Indo-Chine a pu voir, par les applaudissements qui l'ont salué, que le Parti socialiste tout entier est avec lui pour protester contre les crimes de la bourgeoisie". 

Suivit un échange acerbe entre Jean Longuet, petit-fils de Marx, 44 ans, et Paul Vaillant-Couturier (28 ans). 

Nguyen Ai Quoc - le futur Ho Chi Minh - est le voisin de Paul Vaillant-Couturier au congrès de Tours. Les deux hommes seront très liés. Paul aidera Nguyen a trouvé un nouveau logement. Marie-Claude Vaillant Couturier, 10 ans après la mort de Paul, en octobre 1937, fut d'ailleurs reçue par Ho Chi Minh à Paris en 1946. 

Pendant les 30 mois qui vont du congrès de Tours à son départ à Moscou, Ho Chi Minh va être un militant assidu du nouveau parti communiste et l'Union Intercoloniale, sorte de filiale non officielle du parti. Au sein de cette mouvance communiste, Ho Chi Minh s'organise avec les militants révolutionnaires colonisés immigrés en France: le Malgache Samuel Stéfany, les Algériens Abdelkader Hadj Ali et Ahmed Bourhala, les Guadeloupéens Elie Bloncourt et Max Clainville-Bloncourt. Il écrit dans le journal anti-colonialiste d'influence communiste Le Paria  hébergé dans les locaux de Clarté, le journal de l'écrivain et intellectuel pacifiste, sympathisant communiste, Henri Barbusse.  

Le Paria lance l'appel: "En face du capitalisme et de l'impérialisme, nos intérêts sont les mêmes; souvenez-vous des paroles de Karl Marx: "Prolétaires de tous pays, unissez-vous!".

Le 22 mai 1922, Nguyen Ai Quoc (Ho Chi Minh) est le principal organisateur d'un meeting de soutien aux patriotes irlandais, 16 rue de la Sorbonne.  La parole y est donnée à un orateur de l'IRA, Robert Benkett. Une semaine plus tard, l'Américain William S. Nelson, de la Negro Associated Press, se voit offrir une tribune pour dénoncer la situation de ségrégation et de racisme violent dont sont victimes les noirs dans son pays. 

 

 

 

lire aussi:

Centenaire du PCF - Ho Chi Minh et le congrès de Tours

Hô Chi Minh - un révolutionnaire made in France (GEO HISTOIRE, mai 2014)

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:41
Des rassemblements dans le Finistère pour exiger le retrait de la loi sécurité globale les 18 et 19 décembre: Brest, Quimper, Quimperlé, etc.
Des rassemblements dans le Finistère pour exiger le retrait de la loi sécurité globale les 18 et 19 décembre: Brest, Quimper, Quimperlé, etc.
Des rassemblements dans le Finistère pour exiger le retrait de la loi sécurité globale les 18 et 19 décembre: Brest, Quimper, Quimperlé, etc.

Des rassemblements étaient organisé à Brest (600 manifestants), Quimper (200 manifestants), Quimperlé en fin de semaine dans le Finistère, avec à chaque fois une présence de militants du PCF, pour le retrait de la loi Sécurité Globale. Après plus d'un mois et demi de mobilisation, nous restons déterminés à obtenir le retrait de cette loi liberticide. 

Photos à Quimperlé hier, 19 décembre, Dominique Gontier

Et à Quimper, 18 décembre, Yvonne Rainero

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:34
Photo publiée sur la page Facebook Les Députés communistes avec le communiqué de Marie-George Buffet sur la présentation de son rapport sur la précarité de la jeunesse

Photo publiée sur la page Facebook Les Députés communistes avec le communiqué de Marie-George Buffet sur la présentation de son rapport sur la précarité de la jeunesse

🔴L’ouverture du RSA pour les moins de 25 ans fait l‘unanimité : le gouvernement doit mettre en place cette mesure d’urgence🔴
A l’initiative de Marie Georges Buffet, députée communiste de Seine Saint-Denis, une commission d’enquête parlementaire sur les conséquences de la covid sur les jeunes a été créée au mois de juillet dernier.
Mouvement des Jeunes Communistes (MJCF)
 
[Communiqué de Marie-George Buffet]
Commission d’enquête sur les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse : le rapport est adopté à l'unanimité
J’ai rendu aujourd’hui mon rapport au nom de la commission d’enquête parlementaire pour mesurer et prévenir les effets de la Covid-19 sur les enfants et la jeunesse, après 4 mois de travaux. Voici brièvement ses conclusions principales, en attendant que le rapport soit rendu public.
Tout d’abord, nous avons été alertés tout le long de nos auditions par les mouvements de jeunesse, les syndicats étudiants, les professionnels de l’enfance sur ce déficit de représentation de la jeunesse dans les débats et dans les politiques publiques.
Pour reprendre le terme d’un des auditionnés, nous devons mettre de l’enfance partout.
Plusieurs propositions du rapport vont dans ce sens : renforcement du collège des jeunes dans plusieurs instances comme le HCVA, création d’une délégation permanente à l’enfance au sein de l’Assemblée, participation d’un pédiatre et d’un pédopsychiatre au sein du Conseil scientifique.
Bien que sensiblement préservés, des effets dramatiques de la Covid-19, les conséquences sanitaires sont réelles pour les enfants et adolescents. En effet, les témoignages recueillis font état d’une dégradation de l’état physique de la jeunesse, à raison de deux grands facteurs de risques : en premier lieu, la sédentarité et les déséquilibres alimentaires ; en second lieu, des retards possibles dans la prévention et le suivi des traitements curatifs.
De plus, notre pays souffre d’un déficit très important en pédopsychiatrie. Le nombre de pédopsychiatres a fortement diminué au cours des dernières années : en 2006, près de 1 200 pédopsychiatres formés exerçaient leur activité en France, contre 600 actuellement, et leur moyenne d’âge atteint entre 61 à 62 ans.
Le rapport propose ainsi plusieurs pistes pour remédier à ce déficit, en agissant notamment au niveau de la spécialisation par sa revalorisation.
De même, le soutien psychologique aux étudiants et à leur santé mentale est extrêmement lacunaire, notre pays est très en retard dans ce domaine. Le ratio du nombre d’étudiants par professionnels de santé est préoccupant : le nombre d’étudiants par équivalent temps pleins de médecin de service de santé universitaire atteint 15 813 et le nombre d’étudiants par équivalent temps plein de psychologue est encore plus élevé, avec 29 882 étudiants. Un psychologue pour près 30 000 étudiants alors que les standards internationaux recommandent un ratio de 1 pour 1500.
Concernant la fermeture des établissements scolaires, le constat partagé est celui du creusement des inégalités que cela a entrainé. Les disparités en termes de dotations matérielles, de connaissance du numérique, de conditions de vie ont eu un impact très significatif sur la possibilité ou non, pour les enfants, de continuer à avoir un lien avec l’école, de connaître une véritable continuité pédagogique bien que les équipes pédagogiques aient déployé l’ensemble des moyens mis à leur disposition pour maintenir ce lien. Le rapport propose ainsi un renforcement des efforts dans l’identification des difficultés des élèves et des familles en termes de matériels mais aussi d’illectronisme.
Nous avons tenu collectivement à ce que nos travaux abordent en profondeur la situation des jeunes les plus vulnérables avec leurs problématiques spécifiques et notamment les questions autour de la protection de l’enfance.
Les témoignages recueillis font d’état d’un fort engagement des personnes de l’aide sociale à l’enfance, notamment de la présence renforcée des éducateurs auprès des enfants pris en charge.
Pour les aider dans leurs missions, le rapport propose de renforcer le pilotage national et territorial de la politique de la protection de l’enfance, en réaffirmant l’impératif d’une prise en charge équivalente des enfants sur l’ensemble des territoires. Cet objectif, suppose de réaffirmer le rôle de l’État dans la définition des orientations de cette politique et dans le contrôle de leur mise en œuvre.
La pauvreté infantile atteint 21% des enfants. La crise aggrave les inégalités mais surtout la pauvreté. Les associations caritatives nous ont alerté sur l’urgence de moyens supplémentaires pour aider les ménages pauvres, amplifier la lutte contre la précarité car les enfants sont les premières victimes de la crise économique.
De même, la précarité étudiante, exacerbée par la perte des jobs étudiants, n’aura de cesse de perdurer si nous n’agissons pas structurellement sur l’accompagnement que proposent l’État et les établissements d’enseignement supérieurs, le système de bourses actuel peine à répondre efficacement.
Enfin, l’absence de filet de sécurité pour notre jeunesse nous a été relatée à toutes les auditions si bien que la question des moyens de l’autonomie des jeunes doit être au cœur de notre action et le rapport propose l’engagement d’une réflexion sur les moyens de l’autonomie financière et matérielle des étudiants et l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans.
Jeunesse. Le rapport parlementaire qui sonne l’alarme
Vendredi 18 Décembre 2020 - L'Humanité

Marie-George Buffet a remis le 16 décembre un rapport parlementaire inquiétant sur les conséquences de la crise sanitaire sur les enfants et les jeunes. La députée communiste fait également 80 propositions dont certaines applicables en urgence.

 

Le rapport d’enquête parlementaire remis par la députée (PCF) Marie-George Buffet le 16 décembre donne l’alerte. La jeunesse du pays est durement touchée par la crise du Covid et ses conséquences. « Ils sont au cœur de l’épidémie », prévient la parlementaire : « Ce n’est pas la maladie en elle-même, mais toutes ses conséquences ». Marie-George Buffet explique notamment que lors des auditions menées par la commission d’enquête parlementaire, « les pédiatres ont constaté des prises de poids, de masse graisseuse, une baisse de la capacité physique des enfants. On connaît des cas de malnutrition dans les familles les plus précaires, et chez les étudiants ».

Mais ce qui est encore plus inquiétant selon elle, ce sont les conséquences psychiques. Ces dernières ont déjà été mesurées en pleine augmentation dans la population générale, mais répondent à des problématiques plus spécifiques chez les jeunes. « On ne tient pas compte de la santé mentale dans ce pays », déplore Marie-George Buffet. « Avec le confinement, des enfants sont devant les chaînes d’information en continu, et entendent s’égrener le nombre de morts tous les jours ».

La députée de Seine-Saint-Denis souligne également le problème du rapport au masque : « Des parents d’élève et des enseignants ont attiré notre attention sur le rapport entre l’apprentissage de la parole et les masques. Et au-delà du langage, de la difficulté à appréhender le caractère sérieux ou ironique de celui qui leur parle. Un enfant reconnaît ces choses-là au visage », indique également Marie-George Buffet.

Au-delà de ces constats, son rapport dresse une liste de quelque 80 propositions en faveur de la jeunesse. Certaines sont des mesures d’urgence. « Les vaccinations ont pris du retard, et il va falloir le rattraper chez les jeunes enfants. Nous proposons de débloquer tout de suite 100 millions d’euros pour les PMI dans cet objectif », explique Marie-George Buffet. Mais aussi, « tout de suite, il faut des lieux de parole, où les enfants et les jeunes puissent être accueillis, entendus ». La députée appelle également à « faire très attention aux campagnes de communication, qui ont été très culpabilisantes envers les enfants et les jeunes ».

La commission a également voté à l’unanimité le déblocage en urgence du RSA pour les moins de 25 ans, et demande la création d’un observatoire de la jeunesse alors que les experts auditionnés ont souvent souligné manquer de données chiffrées. La commission a voté, également à l’unanimité, l’interdiction des expulsions de familles avec enfants mineurs, l’augmentation du nombre de médiateurs scolaires auprès des familles les plus isolées, « notamment celles logées par le 115 dans des hôtels sociaux ». Marie-George Buffet a également pointé la « fracture numérique » qui a entraîné un décrochage scolaire. « Distribuer du matériel ne suffit pas », nous explique-t-elle. « On a besoin, sur le long terme, de former à la fois les élèves mais aussi les familles. Si l’on connaît un nouveau confinement en janvier ou en février, les familles démunies seront à nouveau en rupture avec le système éducatif ». Le rapport parlementaire présenté par Marie-George Buffet propose également de « faire entrer un pédopsychiatre dans le Conseil scientifique ».

Diego Chauvet

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:34
Centenaire du PCF. Fabien Roussel : « Le communisme, c’est la jeunesse du monde »
Vendredi 18 Décembre 2020 - L'Humanité

À quelques jours du 100e anniversaire du congrès de Tours, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a livré ce jeudi sur la Toile un discours pour célébrer la riche histoire de son parti « avec les yeux braqués sur le présent et vers l’avenir ».

 

Souffler sa centième bougie est une occasion qui ne se manque pas. Malgré la pandémie, le PCF s’organise pour célébrer comme il se doit les 100 ans du congrès de Tours, qui lui a donné naissance sous le nom alors de Section française de l’Internationale communiste. Avec un peu d’avance, le rendez-vous de 1920 ayant eu lieu du 25 au 30 décembre, son secrétaire national, Fabien Roussel, a prononcé un discours ce jeudi, estimant qu’au-delà du siècle écoulé, « cette fête est celle d’un commencement ». « En 2020 comme il y a cent ans, le communisme, c’est la jeunesse du monde. Et face au vieux système capitaliste, nous avons besoin d’idées radicalement nouvelles », a-t-il lancé lors d’une allocution depuis le siège de la place du Colonel-Fabien retransmise – Covid oblige – sur les réseaux sociaux. Une fête « avec les yeux non pas tournés vers le passé, mais braqués sur le présent et vers l’avenir », a-t-il insisté dans la foulée.

Un engagement internationaliste bien de notre temps

Qui dit anniversaire dit néanmoins détour par l’histoire, surtout lorsque, comme celle du PCF, elle est faite de combats emblématiques et de conquêtes sociales qui ont marqué la France au fil des décennies. « C’était déjà l’urgence du présent qui présidait le congrès de Tours, quand le Parti communiste s’est créé sous la banderole “Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !” », a ainsi estimé Fabien Roussel, rappelant qu’après « l’horreur de la Première Guerre mondiale, il s’agissait de garantir pour de bon la paix entre des peuples que l’impérialisme montait les uns contre les autres, de tourner la page d’un capitalisme broyant les vies humaines ». D’une guerre à l’autre, « c’est cette volonté de changer le cours du monde, d’être tout simplement utile qui hante encore le jeune Guy Môquet, lycéen de 17 ans, à la veille de son exécution par les nazis, le 22 octobre 1941, dans sa dernière lettre », note le député du Nord. Parmi ces grandes conquêtes, sont égrenés les congés payés de 1936, la création de la Sécurité sociale portée par le ministre communiste Ambroise Croizat ou encore le droit de vote des femmes inscrit dans la loi en 1944 par un amendement de Fernand Grenier. « C’est Étienne Fajon, autre député communiste, qui proposera en 1946 de graver dans le marbre de notre Constitution la laïcité », ajoute Fabien Roussel en écho aux débats des dernières semaines autour de la loi « confortant les principes républicains », au cours desquels le PCF a dû essuyer des accusations en complicité avec les tenants de l’islamisme. Mais ce sont aussi « 1968 et le rôle majeur des communistes, au côté des syndicats et de la jeunesse, dans les conquêtes sociales du printemps dont une hausse du Smic de 35 % » et « 1981 et la victoire de la gauche grâce au score de 15 % de Georges Marchais avec un projet ambitieux pour le monde du travail » qu’évoque également Fabien Roussel, retraçant l’histoire de son parti.

Le communisme municipal à la pointe du progrès social

Une centaine d’années par ailleurs marquée par un engagement internationaliste à travers la lutte pour la décolonisation et les indépendances ou encore contre l’apartheid. Des combats eux aussi bien de notre temps : « C’est le même engagement que nous avons aujourd’hui pour demander la libération de Marwan Barghouti, le député palestinien enfermé dans les geôles israéliennes, ou pour mettre fin au blocus contre le peuple cubain », a expliqué le parlementaire, soulignant au passage les batailles livrées contre l’Europe du fric, et notamment celle, victorieuse en 2005, contre le traité constitutionnel.

Autre pilier de l’histoire du PCF : le communisme municipal. « Notre honneur, hier comme aujourd’hui, c’est l’engagement des maires communistes, à la pointe du combat pour créer des logements sociaux de qualité ou des centres médicaux de santé, pour développer la culture et l’éducation populaire, pour favoriser la diversité et la mixité sociale, pour permettre à tous les enfants de partir en vacances, pour garantir à chaque citoyen les mêmes droits », a salué l’élu du Nord. « Rien que dans la période qui s’étend de 1965 à aujourd’hui, environ 2 900 communes ont eu à un moment ou un autre un maire communiste ou apparenté, ce qui représente 10 millions d’habitants », selon les calculs de l’historien Roger Martelli. Aujourd’hui encore, l’une des forces du PCF réside dans son réseau de militants et d’élus, avec 50 000 adhérents, 660 maires à l’issue du dernier scrutin municipal et des « milliers d’élu-es locaux, départementaux, régionaux ».

À l’heure où les lieux de culture ont porte close, c’est en pointant les liens entretenus par son parti avec le monde de la création – de Picasso à Éluard en passant par Ferrat – que Fabien Roussel a saisi l’occasion de dénoncer les décisions de l’exécutif en la matière. « Quelle honte de voir le gouvernement décréter, lorsque des mesures de restriction sanitaire s’imposent, que la culture n’est pas indispensable », a-t-il taclé.

« Nous portons l’objectif d’éradiquer le chômage et la pauvreté »

Au-delà de la culture, la crise sanitaire met en relief « l’actualité » du communisme sur bien d’autres terrains, a encore assuré Fabien Roussel – arrivé à la tête de son parti en 2018 sur le thème « PCF is back », un slogan décliné lors des européennes de 2019 en « Red is the new green ». « Jamais les inégalités, les injustices, les espoirs d’un monde de justice, de paix, de fraternité, écartant les menaces climatiques, préservant la planète, jamais ces colères et ces espoirs n’ont été aussi forts », a-t-il martelé, voyant dans le communisme « la réponse pertinente à un système économique qui menace la civilisation humaine comme le climat ». Face aux « centaines de milliers de salariés qui reçoivent en ce moment même leur lettre de licenciement », a-t-il poursuivi, « nous portons l’objectif pour notre pays d’éradiquer le chômage et la pauvreté, de garantir à chacun un emploi, une formation, un salaire tout au long de sa vie » et de « donner plus de pouvoir, plus de droits à tous ceux et toutes celles qui créent les richesses par leur travail, quand une minorité les accapare ». Fustigeant les « authentiques vieillards » que sont « les Bernard Arnault, les Jeff Bezos et autres Bill Gates », c’est à leur reprendre le pouvoir qu’appelle le secrétaire national du PCF, dans une lutte des classes des plus acharnées, malgré tous les discours aimant à faire croire à sa disparition. En somme, conclut Roussel : « C’est le capitalisme qui a fait son temps. Une nouvelle ère doit s’ouvrir. Et le communisme est le nom de cet espoir pour l’humanité. »

À l'occasion du centenaire du congrès de Tours et de la création du PCF, l’Humanité publie Besoin de communisme, un hors-série qui explore le passé, le présent et l’avenir de cette visée « commune », plus que jamais nécessaire face aux crises sociales et environnementales. Un numéro exceptionnel à commander ici.

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 10:01
Photo Taran Marec, élu communiste à Brest

Photo Taran Marec, élu communiste à Brest

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 09:58
Brest - les communistes présents avec les salariés d'EDF contre le projet Hercule (photos Enzo de Gregorio)
Brest - les communistes présents avec les salariés d'EDF contre le projet Hercule (photos Enzo de Gregorio)

Les communistes étaient présents à Brest au côté des salariés d'EDF contre le projet Hercule.

Contre le démantèlement d'EDF et le projet Hercule
Les communistes étaient aux cotés des salariés des industries électriques et gazières à Brest Keraudren le Jeudi 17 décembre (195 rue Ernestine de Trémaudan).
Le projet Hercule n'est que l'ultime étape d'un projet de libéralisation débuté dans les années 1990.
Le PDG d’EDF a pour mission de mettre en place une transformation de l’entreprise visant à accélérer le processus de privatisation et, au final, remplir les poches des actionnaires et faire grimper la facture pour l’usager.
Ainsi, l’État projetterait de scinder le groupe, avec d’un côté tous les moyens de production d’EDF détenus par l’État, et d’un autre tout le reste qui serait placé dans une autre structure dont le capital pourrait être ouvert au privé.
Si cette solution était choisie, ce serait bel et bien un schéma de démantèlement que le gouvernement serait en train de préparer.
Par ailleurs, cette désintégration réduirait EDF à devenir un simple fournisseur d’énergie électrique, ce qui serait la fin d’une part majeure de ses missions de service public car la totalité de la production nucléaire serait mise à la disposition du privé.
L’heure n’est certainement pas à un démantèlement du modèle EDF qui fait ses preuves depuis plus de 70 ans puisque la création d’EDF date d’avril 1946 au moment où la nationalisation a été présentée à l’Assemblée nationale par le ministre communiste Marcel PAUL. D’autant plus que la France a un rôle de premier plan dans le secteur de l’Energie, hautement stratégique pour l’économie et les usagers de notre pays et de toute l’Europe.
Le PCF agit en faveur d’une société basée sur la solidarité et la coopération. L’énergie est un bien commun, un droit fondamental qui doit être accessible à tous. Au regard des enjeux de progrès social et écologique, de souveraineté et d’indépendance de la France, de renouveau industriel, d’aménagement équilibré du territoire et d’égalité républicaine, nous sommes favorables à un mix énergétique diversifié, sous maîtrise publique.
Le PCF propose de créer un établissement public en charge de l’ensemble des énergies, dénommé France Énergie, rassemblant toutes les participations de l’État dans les entreprises du secteur et permettant à la Nation de reprendre progressivement le contrôle d’un secteur essentiel à son devenir et d’en organiser une maîtrise publique au service des usagers, particuliers comme acteurs économiques et industriels.
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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 08:47
Alain Badiou:  Le Parti communiste est, pour Aragon, à la hauteur du rêve, du cœur, de l’ivresse (L'Humanité, 19 décembre 2020)
Alain Badiou : « Le Parti communiste est, pour Aragon, à la hauteur du rêve, du cœur, de l’ivresse »
Samedi 19 Décembre 2020

Le philosophe vient de publier « Radar poésie » (Gallimard), un essai sur l’œuvre poétique de Louis Aragon. L’occasion de le rencontrer, d’évoquer avec lui le poète et de le questionner sur l’actualité. Entretien

 

On peut, à bon droit, s’étonner d’une lecture tardive d’Aragon-poète par le philosophe Alain Badiou. On savait, en outre, son intérêt fondamental pour Mallarmé. Mais, à y regarder de plus près, une logique surgit : elle tient, en résumé, à son parcours intellectuel même, depuis la social-démocratie de « gauche » vers le communisme, le tout à la lumière de Mai 68. Aujourd’hui, Alain Badiou tente de comprendre comment le poète Aragon fut « organisé ». Il repère dans son œuvre trois engagements : la politique, l’amour et l’art, le dernier étant une « cause-idée » centrale, quand les deux premiers sont des « objets-causes » ayant respectivement pour nom propre le Parti communiste français et Elsa Triolet.

Alain Badiou est un philosophe et dramaturge français né le 17 janvier 1937 à Rabat. Professeur émérite à l’École normale supérieure, il est le fondateur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine. En 1988, il publie une somme philosophique, « l’Être et l’événement ». C’est son ouvrage intitulé « De quoi Sarkozy est-il le nom ? » (2007) qui le fera connaître du grand public.
Qu’est-ce qui vous a poussé à une relecture attentive de l’œuvre poétique de Louis Aragon ? A priori, on vous attendait davantage sur Mallarmé – les préjugés ont la vie dure !

Alain Badiou Le préjugé serait plutôt que, pour s’intéresser à Aragon, il faille abandonner Mallarmé ! J’ai pratiqué Mallarmé longtemps, et j’ai écrit sur lui d’assez copieux paragraphes. Mais, dans le même temps, j’aimais et je citais très régulièrement Hugo. C’est qu’il y a, dans la langue française, deux sortes de poètes : ceux qui vont de la sensation à l’abstraction, comme quand Mallarmé dit extraire de toutes les fleurs sensibles « l’absente de tous bouquets » ; et ceux qui font surgir de la langue, conceptuelle ou narrative, une pure présence sensible, comme Hugo qui prépare de loin l’apparition du « chardon bleu des sables ». Indubitablement, Aragon est du côté de Hugo. Cela dit, c’est pour moi une révélation récente : c’est en rencontrant, un peu par hasard, le poème d’éloge du Parti communiste titré « Comment l’eau devint claire » que j’ai saisi la grandeur absolument originale d’Aragon, et que je me suis mis à le lire systématiquement.

 

Lire aussi : Le fou d’Aragon
Qu’est-ce qui vous a amené à penser que le poème, chez Aragon, a besoin d’une cause pour être « mis en branle » ?

Alain Badiou Contrairement à ce qu’on a pu parfois déclarer, quand on a salué ou vilipendé, chez Aragon, l’opportunisme et la virtuosité, quand je le lis, je sens toujours, moi, s’agiter comme en amont du poème une sensation, un problème, un tourment, une certitude, une occasion à ne pas manquer. J’ai voulu discerner, en quelque sorte, les registres réels de ces motivations subjectives, et j’ai vu que, outre la poésie elle-même, qui est sa plus difficile et aussi la plus féconde de ses passions, il y avait deux référents solides, objectifs, auxquels il revenait avec obstination : le Parti communiste et Elsa Triolet. Et, m’inspirant de Lacan, j’ai nommé « objets-causes du désir (de poésie) » ces deux objets. Il me semble que cette façon de faire s’est avérée féconde.

Icon QuoteC’est en rencontrant le poème d’éloge du Parti communiste titré “Comment l’eau devint claire” que j’ai saisi la grandeur absolument originale d’Aragon. 

Dans « Radar poésie », vous écrivez que « le commun du malheur ouvre au communisme ». Que voulez-vous dire exactement ?

Alain Badiou J’ai toujours remarqué que les parties les plus pauvres et les plus exposées d’une société sont aussi celles où l’on trouve les preuves les plus évidentes d’entraide et de solidarité. Qu’un malheur soit vécu comme commun en atténue grandement la morsure. Mais alors, on doit se souvenir que « communisme » porte « commun », ce qui est commun. Après tout, une grève ouvrière réussie est une grève qui soude entre eux les ouvriers à partir de ce qu’ils ont en commun : les postes de travail, la chaîne, les cadences, l’inégalité programmée des salaires, même à travail égal, etc. C’est pourquoi, quand j’expliquais aux ouvriers de Chausson, à Gennevilliers, au milieu des années soixante-dix du dernier siècle, les mécanismes de la plus-value, ils comprenaient très vivement ce que je disais, car cela renvoyait à une expérience commune, faite en commun, du surtravail. De la grève au marxisme et inversement, la circulation était portée par le commun du malheur.

Chez Aragon, le Parti communiste est « poétisé ». En sorte qu’il n’est plus seulement une organisation politique. Qu’est-ce alors ?

Alain Badiou Oui, pour Aragon, qui dit avec force « mon Parti », le Parti communiste est un support, un soutien, de la subjectivité agissante. Le Parti a le pouvoir, quand le sujet y rentre comme dans une part de lui-même, comme dans « sa » maison, de résoudre des problèmes, de surmonter des contradictions personnelles, par exemple (« mon Parti m’a rendu les couleurs de la France »), la contradiction apparente entre l’engagement internationaliste et le patriotisme de la Résistance. C’est pourquoi il peut y avoir ce superbe quatrain où le Parti est, pour le sujet-Aragon, à la hauteur du rêve, du cœur, de l’ivresse, du parfum, et finalement de la vie comme telle :

« Salut à toi (le Parti) phénix immortel de nos rêves

Salut à toi couleur du cœur force du vin

Parfum lorsque le vent du peuple enfin se lève

Envahissant la vie enfin. »

Venons-en à l’actualité brûlante. Où en est le communisme, la « cause-idée » communiste à l’heure du capital globalisé ? N’insistez-vous pas sur ce que vous nommez « le prolétariat nomade » ?

Alain Badiou L’idée communiste en est au tout début de sa troisième étape, après, en gros : premièrement son invention, entre les années 1840 et la fin du XIXe siècle, signifiée par le nom propre Marx ; deuxiè­mement sa première forme de réalisation, entre la révolution de 1917 et, disons, les années 1960, 1970 du XXe siècle, sous la forme du Parti-État, par exemple en Russie puis en Chine, signifiée par le nom de Lénine ; enfin, troisièmement, couvrant la fin du XXe siècle et le début du XXIe, l’esquisse encore très obscure d’un communisme distant de l’État, portant activement son dépérissement, dont la seule expérience, mais tout aussi précaire et vaincue que l’avait été la Commune de Paris, est la Révolution culturelle en Chine, via son apogée : la Commune de Shanghai. Ce qui cependant suffit pour que le troisième nom-symbole soit celui de Mao Tsé-Toung. S’inscrire dans cette troisième séquence, c’est, entre autres choses, travailler constamment aussi près que possible du niveau mondial, du marché mondial, en évitant tous les traquenards du nationalisme. À cet égard, l’attention portée au caractère mondial du marché de la force de travail, au fait qu’ici même une partie considérable du prolétariat ne provienne d’ailleurs que de la France, soit immédiatement, soit par descendance, est un critère de la plus haute importance, face à une circulation des marchandises et de la monnaie devenue, elle, absolument mondiale. C’est pourquoi je parle d’un prolétariat nomade.

Icon Quote Il n’y a jamais eu d’autre alternative au capitalisme que le communisme. Ce qui s’est présenté d’autre n’a jamais été qu’une variable d’ajustement du capitalisme.

L’idée communiste constitue-t-elle une alternative à la seule option que l’on nous vend comme « crédiblement » possible : la poursuite immuable du capitalisme ?

Alain Badiou Il n’y a jamais eu d’autre alternative au capitalisme que le communisme. Ce qui s’est présenté d’autre, par exemple la social-démocratie, n’a jamais été qu’une variable d’ajustement du capitalisme, sa roue de secours en cas de difficulté locale. Ce qui brouille les pistes aujourd’hui est le passage très complexe entre la deuxième étape, centrée sur le Parti-État, et la troisième, qui doit se distancer de cette centration, et revenir sur les questions intrinsèques du communisme : la fin du salariat, le dépérissement de l’État, la fin des « grandes différences », comme celle entre travail manuel et travail intellectuel, ou entre tâches d’exécution et tâches de direction… Tout cela devra être ramené au centre des actions communistes, en même temps que le mot d’ordre de suppression de la propriété privée de tout ce qui a une valeur commune. En même temps, et non reporté indéfiniment à plus tard.

Pensez-vous toujours que nous élisons des « fondés de pouvoir » ?

Alain Badiou Au niveau de l’État, de la gestion générale, cela ne fait aucun doute. Citez-moi un seul président qui n’ait pas été un gestionnaire de l’ordre bourgeois établi ! Mitterrand, élu en 1981 pour autre chose, a montré dès 1983 qu’il patronnerait sans hésiter le retour à l’ordre capitaliste. Songeons que c’est en 1986 que le gouvernement Chirac a créé ce qui a fonctionné comme le bureau central des privatisations ! Et rappelons-nous le fier Jospin, déclarant aux ouvriers de Michelin en grève : « On ne va quand même pas revenir à l’économie administrée ! » Si, du reste, il en allait autrement, on ne voit pas comment la France pourrait soutenir son inclusion sans heurt dans le marché mondial. Bien sûr, au niveau municipal, on laisse quelques marges d’action. Mais cela même est en train de disparaître : voyez ce qui se passe, avec la désindustrialisation massive, dans toute la banlieue de Paris… Il n’existe et il n’existera aucune orientation centrale communiste dans le cadre de la démocratie parlementaire. Il faut mener une active campagne pour discréditer totalement le vote, et rendre ainsi visiblement illégitimes et virtuellement totalement minoritaires les fondés de pouvoir des fortunes du CAC 40.

Quels sont aujourd’hui vos rapports avec Marx ?

Alain Badiou Excellents à tous égards. Je suis stupéfait de constater que si le meilleur manuel du militant communiste reste « le Petit Livre rouge », fait de textes de Mao, la meilleure introduction à la compréhension générale du communisme, articulée à l’histoire de la lutte des classes et à l’analyse du capitalisme, reste le « Manifeste du Parti communiste ».

Que nous dit la crise sanitaire du monde dans lequel nous sommes ?

Alain Badiou Pas grand-chose, à vrai dire. Les épidémies frappent les collectivités humaines depuis toujours. Elles sont aussi, dans certains cas, comme la variole, qui massacrait les êtres humains par millions, éradiquées par un vaccin découvert dès le XVIIIe siècle. Bien entendu, la mondialisation du marché capitaliste et les moyens de transport transcontinentaux ont diffusé le virus à une vitesse autrefois inconnue. Bien sûr aussi, la dimension de classe est parfaitement visible, entre le bourgeois qui se réfugie dans sa maison de campagne, et le pauvre, notamment justement le prolétaire nomade, qui est dans la rue ou qui vit, entassé avec d’autres, dans un foyer semi-clandestin. Cela dit, comme dans les situations de guerre, un gouvernement, quel qu’il soit, tente de tenir équilibrée la balance entre le risque, meurtrier ou sanitaire, et la continuation de l’activité économique. Il n’y a pas, en la matière, de solution miracle, surtout quand le virus n’est pas encore scientifiquement tout à fait connu et maîtrisé.

De quoi Trump fut-il le nom et quid de l’après-Trump, selon vous ?

Alain Badiou Trump a été le nom d’une maladie du parlementarisme ou, plus précisément, du fait que le parlementarisme ne fonctionne correctement que s’il y a, clairement, deux partis : républicains et démocrates, conservateurs et travaillistes, droite et gauche… Aujourd’hui, la difficulté est que le pouvoir politique est encore national, alors que la réalité économique relève d’une concentration du capital, qui opère à échelle mondiale. Cette contradiction a entraîné une instabilité des partis parlementaires nationaux. En France, par exemple, la droite est en compétition avec une extrême droite vigoureuse, cependant que la gauche est dans un état de décomposition avancée. En Amérique, de même, un aventurier d’extrême droite a réussi à « représenter » la droite ordinaire. On a eu affaire à une sorte de fascisme électoral ou, aimerais-je dire, un fascisme « démocratique », puisque relevant d’une élection régulière. L’après-Trump, avec le pâle Biden, n’est rien d’autre qu’un retour à la normale, probablement instable, vu que la base électorale de Trump est restée très élevée.

Icon QuoteAvec cette seule règle du profit, il y a nécessairement prédation et destruction dans l’utilisation des ressources. Conclusion : l’écologie sera communiste, ou ne sera pas.

On entend parfois un discours très rude sur « la mythologie écologiste » ; cela veut-il dire qu’il n’y a que du mythologique dans l’écologie ?

Alain Badiou Bien évidemment, les invocations de notre « planète » comme d’une divinité menacée, les prophéties de type biblique, le goût de la catastrophe, tout cela rappelle en effet les religions. La très jeune fille qui prêche pour la nature (Greta Thunberg – NDLR) ressemble à Bernadette de Lourdes. Le réel, lui, est que, la production étant soumise à la seule règle générale du profit et emportée irrésistiblement par la violente logique de la concentration du capital, il y a nécessairement quelque chose de prédateur et de destructeur dans la mise à sac des ressources, alimentaires, minérales, pétrolières, etc. Mais la seule conclusion à en tirer est que l’écologie sera communiste, ou ne sera pas.

Quelles différences fondamentales pointez-vous entre le siècle où vous êtes né, le XXe, et ce nouveau siècle ?

Alain Badiou Le XXe siècle a été le siècle des guerres mondiales, toutes provoquées par la rivalité des grands impérialismes, et des révolutions communistes, engendrant à la fois espoir d’émancipation et impasses finales. Le siècle actuel n’a rien changé du côté du capital, mais le communisme, lui, doit être réinventé. D’où une « couleur » générale moins propice au courage et plus propice aux diverses formes de l’obscurantisme.

« Radar poésie, essai sur Aragon » 
d’Alain Badiou
Gallimard, 64 pages, 9 euros.

LES SUGGESTIONS DE L’AUTEUR
• « Les Poètes », de Louis Aragon, collection « Poésie-Gallimard » (n° 114), 1976.
• « Les Châtiments », de Victor Hugo, Garnier-Flammarion, 1978.

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 08:32
Marcel Paul, ministre communiste à l'origine d'EDF-GDF et de la nationalisation de l'énergie: l’énergie ouvrière chevillée au corps (Alexandre Courban, L'Humanité, samedi 19 décembre)
Marcel Paul, l’énergie ouvrière chevillée au corps
Samedi 19 Décembre 2020

Abandonné par une mère dans l’indigence, le jeune pupille, décidé à s’extirper de sa condition de valet de ferme, embrasse la carrière d’électricien. Et la cause ouvrière. Communiste, syndiqué, résistant... En 1945, le « pitau » devenu ministre nationalise l’énergie française. Ainsi naquit EDF-GDF.

 

On a longtemps imaginé que Marcel Paul est né le jour de l’anniversaire de la prise de la Bastille. Sa mère l’aurait abandonné parce qu’elle était célibataire, contrainte d’agir ainsi pour survivre dans une société masculine profondément inégalitaire. Sa mort, survenue le 11 novembre 1982, jour de la commémoration de la Première Guerre mondiale, quelques heures après qu’il a participé avec le président de la République, François Mitterrand, à la cérémonie officielle à l’Arc de triomphe – bien qu’éclipsée par celle du dirigeant soviétique Leonid Brejnev –, contribua à nourrir la légende de l’homme. Celle d’un ouvrier devenu ministre à la Libération, légitimé par son action dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, considéré – à raison – comme le père de la nationalisation du gaz et de l’électricité et du statut national personnel des industries électriques et gazières.

L’accès à de nouvelles archives, publiques et privées, a permis de régénérer les travaux pionniers de Pierre Durand (1) et de René Gaudy (2), et de renouveler l’approche biographique de ce militant parmi les militants.

Confié à l'Assistance publique

L’ouverture des archives de l’Assistance publique de l’ancien département de la Seine permet de mieux connaître son enfance. Marcel Paul est né le 12 juillet 1900. Son père, qui se prénomme également Marcel, est originaire de l’ouest de la France, il est né en Dordogne en 1878. Sa mère, Marie Dubois, est également originaire de l’ouest de la France, née en 1877 en Ille-et-Vilaine. On ignore tout de leur rencontre. La jeune couturière déclare être arrivée à Paris en 1898. Le concierge de l’immeuble atteste dans les semaines qui suivent la naissance de Marcel Paul qu’elle a toujours eu une très bonne conduite.

 

Toujours est-il que Marie Dubois accouche seule à la maternité du boulevard de Port-Royal. Son compagnon est alors sous les drapeaux depuis huit mois. Ils ne sont pas mariés. Les parents du jeune conscrit se ­seraient opposés pendant plusieurs années à leur union. Ce n’est qu’en 1905 que Marcel Paul et Marie Dubois se marient à Paris, trois ans après le décès du père de Marcel Paul, un an après avoir obtenu le consentement de leurs mères respectives. Trois jours après la naissance de son fils, Marie Dubois explique à un employé du service des enfants assistés du département de la Seine qu’elle ne gagne pas suffisamment d’argent pour placer son fils en nourrice, ce qui l’oblige à le confier à l’Assistance publique. Elle aurait été informée que « l’admission d’un enfant à l’hospice des enfants assistés ne constituait pas un placement temporaire, mais bien un abandon, et que les conséquences de cet abandon étaient les suivantes : ignorance absolue des lieux où l’enfant serait mis en nourrice ou placé ; absence de toute communication, même indirecte, avec lui ; nouvelles de l’enfant données tous les trois mois seulement et ne répondant qu’à la question de l’existence ou du décès ».

Un petit valet de ferme qui rêve d'aviation

Marcel Paul est alors envoyé dans le département de la Sarthe. Il est d’abord placé chez un couple de journaliers, puis chez une autre nourrice, veuve, dans le village de Moncé-en-Belin, où une plaque commémorative apposée depuis sur une façade rappelle sa présence en ce lieu. Marcel Paul semble avoir considéré et aimé sa nourrice comme sa mère. Quant à sa mère biologique, elle regrette presque immédiatement son geste. Pendant vingt ans – ce que nous ignorions jusqu’à présent –, Marie Dubois s’est battue pour retrouver son fils, quand bien même ses multiples démarches ont été compliquées. Il est facile d’imaginer ce que peut représenter pour quelqu’un ne maîtrisant pas correctement la langue française à l’écrit – comme le montrent les lettres conservées dans les archives – de contacter l’administration, et qui plus est pour une femme confrontée au regard d’une décision forcément masculine.

Marcel Paul aspire à devenir typographe. La déclaration de guerre, en août 1914, bouleverse son projet.

Comme l’a écrit René Gaudy dans la notice biographique rédigée pour le Maitron en ligne, « le petit pupille de l’Assistance publique prend goût à l’école grâce à son instituteur » (2). En juin 1913, Marcel Paul passe avec succès les épreuves du certificat d’études primaires. Il est même reçu parmi les premiers, ce qui aurait causé médisance et jalousie de la part de quelques notables du village. Marcel Paul aspire alors à devenir typographe. La déclaration de guerre, en août 1914, bouleverse son projet. Âgé de 13 ans, il devient valet de ferme. Pendant quatre ans, il travaille dans différentes exploitations agricoles, tout en caressant à plusieurs reprises le rêve d’intégrer une école d’aviation pour devenir mécanicien.

Engagé dans la Grande Guerre

En avril 1919, Marcel Paul change radicalement d’existence. Contrairement à ce qui a été écrit jusqu’à présent, le jeune pupille décide de son propre chef de s’engager dans l’armée pour quatre ans. Il se rend à la mairie du Mans pour signer son engagement, puis il rejoint le 2e dépôt des équipages de la flotte à Brest. Cette caserne est à la fois un lieu de transit pour les marins en attente d’une affectation ou d’un embarquement et un centre de formation de la marine. Marcel Paul témoignera par la suite avoir pris part à la deuxième vague de mutinerie qui touche, en juin 1919, les ports et arsenaux français, en écho à la révolte des marins français de la mer Noire, entre autres hostiles à l’intervention militaire française contre les bolcheviks et la révolution russe.

Membre du Parti communiste, il exerce successivement différentes responsabilités syndicales durant l’entre-deux-guerres.

En avril 1922, Marcel Paul est démobilisé. Titulaire du brevet élémentaire d’électricien, il se rend aussitôt à Paris pour toucher son compte de pupille. Il travaille d’abord dans une entreprise de travaux publics. Il se syndique alors à la Confédération générale du travail unitaire (CGTU). Il est ensuite embauché à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP). Il travaille quelques mois comme monteur au sein du service électrique, où il est chargé de l’entretien des lignes aériennes du tramway. Il est par la suite recruté comme électricien à la Compagnie des compteurs, à Montrouge. Il intègre enfin la Compagnie parisienne de distribution électrique (CPDE), en 1924, comme releveur de compteurs. Membre du Parti communiste, il exerce successivement différentes responsabilités syndicales durant l’entre-deux-guerres, jusqu’à devenir à l’époque du Front populaire secrétaire général de la fédération de l’éclairage de la CGT réunifiée, jusqu’à la signature du pacte germano-soviétique et au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

De Buchenwald au Comité central

Marcel Paul est l’un des pionniers de la Résistance. Il déploie une ligne d’union populaire à laquelle il restera attaché toute sa vie, indépendamment des vicissitudes idéologiques. En novembre 1941, il est arrêté par la police française à la suite d’une dénonciation qui le conduit des prisons de Vichy au camp de Buchenwald, où il est déporté en avril 1944. Très vite, il participe à l’organisation de la Résistance dans ce camp de travail forcé, aux côtés du colonel Henri Manhès, l’ancien adjoint de Jean Moulin en zone nord. Tout porte à croire que, par son action rassembleuse, Marcel Paul a contribué à inclure à la fois des individus considérés comme des « ennemis du parti », à l’image des militants trotskystes, ou des « adversaires du parti », comme les francs-maçons, sans même parler de dirigeants patronaux, tel l’ingénieur Marcel Bloch qui prendra après la guerre le nom de Marcel Dassault.

La libération de Buchenwald inaugure pour Marcel Paul une période d’activité intense. Cette soudaine notoriété le conduit à être élu au comité central du Parti communiste, lors du Xe congrès, réuni à Paris en juin 1945. Il intègre dans la foulée l’Assemblée consultative, avant d’être élu député de la Haute-Vienne en octobre 1945.

La bataille de la nationalisation

Un mois plus tard, l’ancien secrétaire de la fédération CGT de l’éclairage devient ministre de la Production industrielle du gouvernement formé par le général de Gaulle – qui comprend quatre autres ministres communistes : Maurice Thorez, Ambroise Croizat, François Billoux et Charles Tillon. Marcel Paul s’engage dans une nouvelle bataille : celle de la nationalisation du gaz et de l’électricité, conformément au programme du Conseil national de la Résistance. Si les actionnaires des anciennes sociétés privées sont indemnisés à hauteur de 1 % des recettes annuelles de la future entreprise publique, les salariés du nouveau groupe industriel public disposeront également de la même somme pour développer leurs œuvres sociales dans un futur organisme à mettre en place. La loi est promulguée le 8 avril 1946.

Par ailleurs, Marcel Paul parvient deux mois plus tard à signer le décret approuvant le statut national du personnel des industries électriques et gazières, qui prévoit la création du Conseil central des œuvres sociales (CCOS), qu’il est amené à présider début 1947, après son départ du gouvernement.

Syndicalisme à bases  multiples

En quelques mois, ce comité d’entreprise hors normes, mis en place en janvier 1947 – uniquement géré par les représentants du personnel –, met en œuvre ce que le secrétaire de la CGT Benoît Frachon avait défendu plus d’une fois durant l’entre-deux-guerres : le syndicalisme à bases multiples. Il s’agissait alors d’être utile, au quotidien, aux ouvriers, en leur proposant des services souvent inexistants dans le domaine de la formation, de la santé ou de la culture, sans pour autant renoncer à la lutte revendicative (3). La priorité est alors donnée aux enfants de 6 à 14 ans, qui ont la possibilité de partir un mois en vacances à la campagne, à la mer ou à la montagne. Renouant avec la tradition des coopératives de consommation, le CCOS affirme sa volonté de donner accès aux produits de première nécessité, alors même que la France connaît encore des restrictions importantes. Enfin, dans la lignée du mouvement mutualiste, le CCOS accompagne la création et la mise en place de la Sécurité sociale portée par Ambroise Croizat, autre ministre communiste issu des rangs de la CGT. Par ailleurs, Marcel Paul n’hésite pas à engager le CCOS dans la cogestion de l’appareil de production énergétique français, contribuant à verser en 1950 le reliquat des sommes non dépensées pour la construction de barrages.

Face aux manœuvres droitières

Les activités sociales de l’énergie sont rapidement mises sur la sellette, ne serait-ce que pour la capacité d’entraînement que représente ce modèle aux yeux des adversaires des conquêtes ouvrières et du progrès social. Les forces de droite – politiques et économiques –, dans le contexte de la guerre froide, manœuvrent pour mettre un terme à cette expérience concrète visant à l’émancipation des ouvriers et de leurs familles. Le 17 février 1951, le gouvernement de René Pleven dissout le CCOS.

Par la suite, Marcel Paul redevient secrétaire de la fédération CGT du personnel de l’énergie électrique, nucléaire et gazière, qui s’avère incontournable au sein d’EDF-GDF. Mais la guerre d’Algérie, qui éclate le 1er novembre 1954, l’entraîne dans une nouvelle crise qui se soldera neuf ans plus tard par le départ de Marcel Paul, évincé par une équipe de quadragénaires comprenant Roger Pauwels, René Le Guen, Pierre Delplanque et Claude Flandre.

Marcel Paul consacre alors la fin de sa vie à une autre fédération : celle des déportés, internés, résistants et patriotes (FNDIRP), dont il est cofondateur.

(1) « Marcel Paul. Vie d’un “pitau” », de Pierre Durand. Temps actuels, 1983. (2) Notice Marcel Paul par René Gaudy sur le site du Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article50530. Version mise en ligne le 6 juin 2009, dernière modification le 11 novembre 2020. (3) Voir l’exemple des métallurgistes de la région parisienne dans « Solidarité ! », le livre-DVD retraçant l’histoire de l’Union fraternelle des métallurgistes, de Mathilde de Romefort et Alexandre Courban. UFM-CGT, 2015.
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