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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 08:47

Le groupe Carrefour, qui va supprimer des centaines d'emplois, voit 90 000 de ses 110 000 salariés payés sur fonds publics en généralisant, comme Auchan et Casino, les mesures de chômage partiel sous prétexte de fermetures des rayons non essentiels pour faire pression sur l'Etat. En même temps il a versé 183 millions d'euros de dividendes et perçu ces dernières années 755 millions de CICE. Fabien Gay , sénateur communiste de Seine St Denis, a interpellé le ministre de l'économie Bruno Le Maire sur cette situation complètement illogique et dénoncé en séance la pratique des grands groupes de la distribution. Au prétexte que des rayons sont fermés, ils profitent de l'argent public, sans morale, alors que de nombreux commerces, bars, restaurants, cinémas clubs de sport et autres sont au bord de la faillite. A quel moment le gouvernement va dire stop?  

 

Les syndicats ont réagi comme l'annonce le Ouest-France du 14 novembre: 

« Tous les salariés sont concernés hormis la logistique et le drive. C’est un véritable scandale », réagi Philippe Allard, délégué CGT Carrefour auprès de France Info.

« À ce stade, ça nous paraît démesuré parce que nous n’avons pas de chiffres sur la baisse de fréquentation, les bénéfices, déplore aussi Olivier Guivarch, syndicaliste CFDT. On a quand même l’impression qu’aujourd’hui, dans le commerce alimentaire, l’activité va bien. Donc oui, c’est prématuré de faire appel à l’argent public pour baisser le coût du travail. »

« Aujourd’hui, la grande distribution, en clair, dit au gouvernement : 'Vous voulez nous interdire la vente des produits non essentiels, vous allez assumer une partie des salaires de nos entreprises' », remarque Dominique Moualek, délégué Force Ouvrière.

https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/carrefour/carrefour-place-ses-salaries-en-chomage-partiel-les-syndicats-denoncent-un-veritable-scandale-7051675 

 

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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 07:16
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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 05:58

Fabien Roussel invité de Europe 1 avec Sonia Mabrouk le 12 novembre 2020

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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 05:55

Débat avec les historiens Frédérick Genevée, Jacques Girault, Jean-Louis Robert. Animé par Guillaume Roubaud-Quashie

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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 13:00
Vaccin Covid-19 : Pas de géant - par Méline Le Gourrierec, commission internationale du PCF

L’annonce par les laboratoires américains, le "géant" Pfizer, et leur partenaire allemand BioNTech de la mise au point d’un vaccin performant contre la covid-19 à « 90 % d'efficacité » a fait la une de l'actualité en ce début de semaine faisant renaître l’espoir fou d’une sortie proche de la crise pandémique et sanitaire.

Depuis le début de la pandémie, une course de vitesse internationale est engagée pour la recherche d'un traitement et d'un vaccin. La communauté scientifique est sur tous les continents mobilisée à plein pour élaborer et tester en un temps record le vaccin que tous les peuples attendent impatiemment.

Nombre de chercheurs ont souligné l'importance de renforcer la coopération internationale pour atteindre cet objectif tant qualitatif que de délai. C'est d'ailleurs ainsi qu'en temps ordinaire, par la mise en commun et la communication de leurs recherches et résultats, que la médecine et la science franchissent des pas de géant mais cette exigence de coopération s'en trouve redoublée en période de pandémie de Covid19 étant données les l'étendue de la crise sanitaire dans les pays développés et les répercussions sociales de la crise dans un contexte économique déjà sinistré. Malgré l'ostracisme dont elles ont fait l'objet de la part de chefs d’État de grandes puissances, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation des Nations unies (ONU) n'ont eu de cesse d'appeler les États et gouvernements à inscrire résolument leur action médicale, sanitaire, scientifique dans un cadre commun et coopératif.

Pourtant, c'est bien, à cette heure, partout, la loi du marché et les logiques de compétition qui sont à l'œuvre – l'OMS recense 47 « candidats vaccins » en cours d'essais cliniques en cours –, quitte à laisser sur le banc de touche des centaines de millions d'êtres humains.

A la suite de l'annonce tonitruante de Pfizer, d'autres communiqués ont déferlé mettant en lumière les intérêts en jeu : les industries pharmaceutiques veulent toutes découvrir en premier ce « graal » qui leur apportera un maximum de profits, et aux États, un prestige au plan national et une assise au plan internationale.

Ce dont il s’agit, toutefois, c’est bien de santé publique. En un an, plus de 1,3 millions de femmes et d’hommes sont décédés de ce virus, plus de 34 millions ont survécu mais n'en sont pas sortis indemnes et il faudra encore attendre longtemps avant de bien connaître toutes les séquelles du coronavirus.

L’accès aux soins pour toutes et tous est un combat quotidien face à des systèmes de santé mal en point voire inexistants par endroit. La rentabilité et les intérêts économiques ont pris le dessus. Les soins et les médicaments atteignent, dans certains pays et selon les maladies, des prix exorbitants, excluant de fait des populations entières. Ce constat quotidien appelle des changements profonds, des ruptures de logique.

Nous ne sommes pas, les peuples ne sont pas, égaux face à la covid-19, ni même les individus. La pandémie et la crise sanitaire ont considérablement aggravé les inégalités déjà insupportables dans chaque pays et entre chaque région du monde.

Pour protéger les populations de chaque pays de la Covid19, il n'y a pas d'autres issues viables que de les protéger toutes, partout. L’enjeu est que nous soyons, que les peuples soient, égaux dans l’accès aux vaccins et aux traitements qui seront produits.

C'est là le cœur de la bataille politique du moment.

Il se trouve que la production du fameux vaccin Pfizer-BioNTech est coûteuse et que ses « conditions de conservation sont très contraignantes ». Autrement dit, une sélection par l'argent décidera de qui, où, sera vacciné-e. Or pour être efficace en cas de pandémie, une stratégie de vaccination mise en œuvre et coordonnée au niveau international est indispensable pour protéger les quelque 8 milliards d’êtres humains que nous sommes.

Tout bénéfice du vaccin doit d'abord être médical et humain.

C’est dans ce sens que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) participe au mécanisme Covax qui doit « favoriser un accès et une distribution équitables des vaccins, […] pour protéger les populations de tous les pays ».

Et c'est pourquoi, le Parti communiste français s'est engagé dans la campagne européenne pour un vaccin gratuit donc accessible à tous (#Right2Cure).

Il y a l'urgence à laquelle il est indispensable de répondre : protéger les populations, protéger les emplois, protéger les écosystèmes ; et il y a le tournant à prendre : sortir la santé, la médecine et le médicament, la protection sociale du domaine marchand. Rien ne sera plus déterminant que les mobilisations sociales, populaires, pour, là aussi, franchir, ensemble, des pas de géant.

Méline Le Gourriérec,
membre de la commission International du PCF

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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 11:48
Centenaire du PCF - Conférence de Adeline Blaszkiewicz-Maison, Fréderic Genevée, Jacques Girault sur le Congrès de Tours ce samedi 14 novembre

Le centenaire du PCF trouvera une traduction plus numérique que nous l'avions prévu.

A partir de ce samedi 14 novembre, nous vous donnerons rendez-vous tous les mardis et samedis à 18h pour des débats Facebook autour du centenaire du congrès de Tours. (Les vidéos seront ensuite disponibles sur la chaîne YouTube du parti.)

Ce samedi, c'est l'histoire du congrès de Tours qui est au programme. Avec Adeline Blaszkiewicz-Maison, doctorante à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, Frédérick Genevée, président du Musée de l'histoire vivante, Jacques Girault, professeur émérite à l'université Paris-XIII - Villetan

Mardi, ce sera Picasso et, au-delà, la relation du PCF et des artistes au milieu du XXe siècle.

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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 09:07
Néonicotinoïdes : Pour Hubert Wulfranc , "cette loi est emblématique d'une politique qui donne la primeur à l'économie libérale par rapport au vivant."  Lu dans l'Humanité et sur la page Facebook des Députés Communistes le 12 novembre

Néonicotinoïdes : Pour Hubert Wulfranc , "cette loi est emblématique d'une politique qui donne la primeur à l'économie libérale par rapport au vivant." Lu dans l'Humanité et sur la page Facebook des Députés Communistes le 12 novembre

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 18:39
Suzanne Lanoy - Source: Lecteurs de L'Humanité - Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Suzanne Lanoy - Source: Lecteurs de L'Humanité - Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Portrait de résistante communiste:

11. Suzanne Lanoy, une enseignante en résistance

(100 ans d'engagements communistes)

Suzanne Lanoy, Suzanne Blin de son nom de jeune fille, naît à Bully-en-Gohelle le 8 juillet 1913.

Suzanne Blin était la fille d’un cheminot des mines, Paul Blin, et d’Hélène Demailly. Elève du cours complémentaire de Bully-les-Mines (Pas-de-Calais) de 1924 à 1929, elle fit de brillantes études à l’École normale d’institutrices d’Arras (Pas-de-Calais) où elle entra avec le numéro 1 en 1929. Admise en 4e année à l’ENI de Rennes (Ille-et-Vilaine), puis surveillante à l’ENI de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) où elle fut sanctionnée en 1935 (aucune trace ne figurait dans son dossier), elle fut reçue première au concours du professorat des écoles normales et des écoles normales supérieures en 1935. Institutrice stagiaire dans le Pas-de-Calais, à Fleurbaix puis au cours complémentaire d’Hesdin, elle exerça dans les ENI de La Roche-sur-Yon (Vendée) de 1935 à 1936 puis de Douai (Nord) de 1936 à 1940, date de la fermeture par le gouvernement de Vichy, des ENI considérées comme des foyers de laïcisme et de républicanisme. De 1940 à sa mort en 1944, elle enseigna à l’école primaire supérieure de Douai, rue Fortier. En mars 1940 à Douai, elle épousa René Lanoy un instituteur. Un garçon naquit en 1942.
En 1934, Suzanne Blin adhéra au Parti communiste et mit ses connaissances au service du mouvement ouvrier. De 1936 à 1939, elle donna des conférences à la Maison de la Culture à Lille, ainsi qu’aux militants ouvriers à Douai. En 1936, elle devint la secrétaire parlementaire du député-mineur de Douai, Henri Martel.

Dès l'automne 1940, un groupe d'instituteurs d'Arras décide de ne pas accepter la trahison et l'occupation allemande. Suzanne en fait partie, distribuant les journaux et tracts du Parti communiste, puis du Front National constitué en 1942. Elle appartient au Front National des instituteurs du Nord et du Pas-de-Calais. Leur publication prend le titre de "La Pensée libre". Suzanne est la rédactrice de ce journal destiné aux enseignants et aux intellectuels. À la fin de 1942, elle créa un nouveau journal du Front National : Vaincre.
La qualité du travail et les résultats obtenus firent désigner René Lanoy, en avril 1943, comme responsable départemental du Front National du Pas-de-Calais, responsabilité qu’il exerça jusqu’à la Libération sous le pseudonyme de « Gilbert ».

Après la répression des mineurs de charbon, une répression féroce s'abat sur le Nord et le Pas-de-Calais. Les arrestations se comptent par centaines. Le Front National du Pas-de-Calais est décapité. Tous ses membres sont arrêtés. La résistance se réorganise peu à peu. Au début de 1943, Suzanne Lanoy prend l'initiative de réunir à son domicile des professeurs et des instituteurs, tous illégaux. Suzanne qui a enseigné à l'Ecole normale d'instituteurs jusqu'à ce que Pétain décrète la fermeture de ces établissements se voit confier la responsabilité du groupe. Membre du PCF depuis 7 ans, elle a acquis un sens de l'organisation et du contact populaire. Elle exerce son métier de professeur au collège Marceline Desbordes-Valmore le jour. Les nuits sont en grande partie consacrées à l'action illégale. Avec René son mari, elle travaille à la réorganisation du Parti et des Comités de femmes. Ils reconstituent des comités du Front National dans le Douaisis et le Cambresis. Suzanne, fichée aux renseignements généraux, devient une cible prioritaire de la police. Elle est convoquée au commissariat une première fois, questionnée toute la journée, puis remise en liberté, faute d'éléments probants sur son travail illégale. Les Renseignements Généraux vont ensuite pister Suzanne avec la Gestapo. 

La police allemande eut vent de l’activité clandestine de René Lanoy ; elle perquisitionna à son domicile le 1er mars 1944 et découvrit un poste TSF et des documents ayant servi à la rédaction des journaux clandestins. Suzanne est arrêtée à son domicile à sept heures le matin, en l'absence de René. On trouve un poste de radio derrière un mur et des documents analysant la situation militaire dans le Nord et le Pas-de-Calais, ainsi que des sabotages effectués dans la région par les F.T.P.F.

Suzanne Blin-Lanoy fut conduite au siège de la police allemande, le Sichereitsdienst (service de sécurité SS), quai du Maréchal-Foch à Douai et y fut sauvagement torturée pendant cinq jours alors qu’elle était enceinte. Elle se suicida pour ne pas parler. Les SS menacent d'envoyer son enfant en Allemagne dans un orphelinat. La violence qui entoura son mort fut telle que les autorités allemandes tentèrent de le présenter aux membres de sa famille et aux responsables de l’administration française comme le fruit d’un suicide. A ses sœurs qui souhaitaient lui rendre visite le 7 mars 1944, les autorités allemandes font savoir qu’elle s’est pendue la veille. Les Allemands l’enterrèrent à la sauvette le lendemain au cimetière de Douai et laissèrent des agents sur place au cas où René Lanoy viendrait se recueillir sur la tombe. Quelques jours après, des résistants plantèrent une croix portant ces mots : « Suzanne Lanoy, héroïne de la résistance morte pour la France le 6 mars 1944 ». René Lanoy, prévenu, évita l’arrestation à son domicile. Peu de temps après, un commandant FTP abattit le tortionnaire de Suzanne Lanoy.
Un vibrant hommage lui fut rendu dans la Pensée française d’avril-mai 1944.
René Lanoy trouva la mort dans un accident de voiture à la mi-décembre 1944. Il allait être nommé préfet du Pas-de-Calais.

Source:

Antoine Porcu, Héroïques II Femmes en résistance, Le Geai Bleu, 2007

Odette Hardy-Hémery, Michel Rousseau (Maitron)

SOURCES : Arch. Nat., F17/23612 B. —RGASPI, Moscou, 495 270 8480.— Jean Estager, Ami, entends-tu. La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Messidor-Éditions sociales, 1986. — Catherine-Astol, Le genre de la Résistance, la Résistance féminine dans le Nord de la France, Sciences Po les Presses, Paris 2015.p317à 319. — Notes de Jacques Girault

lire aussi:

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Portrait de résistante communiste - 6. Hélène Le Chevalier, résistante costarmoricaine et militante du secours populaire clandestin (100 ans d'engagements communistes)

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Portrait de résistante communiste: 11. Suzanne Lanoy, une enseignante en résistance (100 ans d'engagements communistes)
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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 08:32
Conseil National du 7 novembre - le PCF lance les travaux de son 39e congrès (L'Humanité) - rapport de Fabien Roussel au Conseil National
Conseil National du 7 novembre - le PCF lance les travaux de son 39e congrès (L'Humanité) - rapport de Fabien Roussel au Conseil National
Gauche. Le PCF lance les travaux de son congrès
Lundi 9 Novembre 2020 - L'HUMANITE

Crises multiples, élections de 2022… les sujets majeurs ne manquent pas et le Parti communiste a décidé d’engager sans tarder les débats de son 39e congrès.

 

Malgré la pandémie, le PCF a commencé ce week-end à s’atteler à son prochain congrès. « Statutairement, il devait déjà se tenir en 2021 et la situation mondiale et nationale, à bien des égards historique, le   rend d’autant plus indispensable », souligne Christian Picquet. Responsable du pôle « mouvement des idées », il était en charge de présenter, lors du conseil national de la formation, ce samedi, les « quatre grands thèmes de débat » proposés à l’ordre du jour du futur rendez-vous.

Au menu de ce 39e congrès du PCF, doit ainsi figurer, au rang des questions de fond, « la crise de civilisation à l’échelle internationale totalement révélée par l’épidémie de Covid-19 ». Celle-ci « s’articule avec une crise de la globalisation capitaliste engendrant un chaos politique et idéologique », dans lequel « le communisme est plus que jamais un horizon d’avenir », détaille Christian Picquet. L’analyse de « l’enchevêtrement en France des crises sanitaire, économique, sociale et politique, face auxquelles aucune réponse progressiste n’est ni à la hauteur ni crédible », sera aussi au cœur des échanges du congrès, qui devraient tout autant porter sur le « projet novateur pour la France qu’oppose le PCF ».

Une décision sur le calendrier, le 12 décembre

Tout comme la feuille de route pour bâtir un « Parti communiste plus fort et implanté », la question des élections présidentielle et législatives sera un autre axe majeur. Un sujet qui avait créé de vifs débats lors du précédent ­rendez-vous en 2018, jusqu’à la non-reconduction de la direction sortante. « Notre parti doit décider de la manière dont il traduit ce qui avait été le mandat du précédent congrès. À savoir une candidature communiste pour l’élection présidentielle et porter une offre de reconstruction globale et en profondeur de la gauche », résume Christian Picquet, pour qui la question reste cependant « ouverte » et doit associer le maximum de communistes. Ce qui ne va pas sans difficultés. « D’un côté, le confinement rend très compliqué le fonctionnement normal d’un parti et donc a fortiori la ­préparation d’un congrès, de l’autre le bouleversement du calendrier électoral (les régionales et départementales prévues en mars pourraient être reportées en juin, voire au-delà - NDLR) perturbe l’agenda que nous avions prévu avec un rendez-vous final en juin », explique le membre du comité exécutif national. Dans ces circonstances, la direction de la formation a ouvert une consultation de ses fédérations sur la méthode à retenir. L’une des hypothèses sur la table serait de « découpler les décisions sur la présidentielle et les législatives de la tenue du congrès ». Une décision doit être prise lors d’un prochain conseil national, le 12 décembre.

Icon QuotePas de reconstruction de gauche majoritaire sans un PCF influent porteur de la logique révolutionnaire. Christian Picquet

D’ici là, une plateforme doit être mise en place pour ­accueillir les premières contributions des adhérents. Et il s’agit ­également pour les communistes de rester tournés vers l’action. Crise sanitaire, attentats… « Plus que jamais, il y a besoin d’un horizon d’espoir, d’un projet de rupture avec le grand désordre capitaliste. C’est là qu’un parti comme le nôtre, porteur de la perspective du communisme, a un rôle irremplaçable à jouer en ce moment », a ainsi fait valoir, samedi, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. ­Fustigeant un « confinement très libéral », « une culpabilisation insupportable de nos concitoyens » et des « décisions prises par un exécutif très isolé », le député du Nord a ­notamment appelé à « limiter le travail aux activités économiques et culturelles indispensables », à « mettre en œuvre une sécurisation de l’emploi et de la formation » et à la ­mobilisation pour que ne soit plus « épargnée la responsabilité du capital et des dirigeants actuels dans cette crise »

Conseil national du PCF – 7 novembre 2020

Rapport de Fabien Roussel, secrétaire national

Cher·e·s camarades,

Nous vivons un moment qui nous confronte à des défis d’immense ampleur. L’un des objets de ce conseil national est de permettre à notre parti d’en mesurer pleinement les enjeux. La pandémie de Covid-19 s’abat sur de très nombreux pays avec une seconde vague de contaminations entraînant un très grand nombre de malades graves et de morts. Dans le même temps, elle ouvre en grand une crise économique et sociale que les travailleurs et les peuples paient, et vont payer encore davantage, au prix fort si nous ne parvenons pas à obtenir des avancées. La gestion de la crise sanitaire dans notre pays est catastrophique, conduite essentiellement par des logiques libérales et un président qui décide seul, instaurant un régime autoritaire. Nos services publics, qui devraient être en capacité de garantir des droits pour chacun dans une telle crise sont, au contraire, réduits à peau de chagrin.

Un tel contexte favorise l’obscurcissement des consciences et la recherche de solutions réactionnaires. Il provoque des polarisations politiques et idéologiques à droite, voire à l’extrême droite, on le voit aux États-Unis où la probable défaite de Trump ne saurait occulter les phénomènes que vient de révéler l’élection présidentielle.

Plus que jamais, il y a besoin d’un horizon d’espoir, d’un projet de rupture avec le grand désordre capitaliste. C’est là qu’un parti comme le nôtre, porteur de la perspective du communisme, a un rôle irremplaçable à jouer en ce moment. Sa parole et ses propositions fortes sont décisives pour combattre les tentations de la résignation, du découragement et du repli sur soi. Il est, à la fois, le parti de la responsabilité, lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts matériels et moraux des classes travailleuses et populaires, par exemple face à la crise sanitaire ou à la crise sociale, et le parti qui propose une autre voie, un autre mode de développement pour faire face à l’épreuve.

D’une certaine manière, tout cela dessine la toile de fond de notre 39e Congrès et la place que nous pourrions occuper lors des échéances électorales à venir.

Nous en débattrons cet après-midi. Ce matin, je voudrais me concentrer sur les grands traits de la situation mondiale et nationale, afin d’ouvrir la réflexion entre nous sur notre positionnement et nos initiatives. Je commencerai, naturellement, par dire quelques mots de l’élection présidentielle américaine. 

A l’heure où je prononce ces mots et malgré la tentative de coup de force, pour ne pas dire de coup d’État institutionnel de Donald Trump, Joe Biden doit pouvoir revendiquer la victoire à l’élection présidentielle du 3 novembre. Le temps viendra des analyses fines permettant de bien comprendre les dynamiques qui ont traversé cette élection et d’en tirer les enseignements sur l’état des rapports de force politiques et idéologiques, et des leviers sur lesquels pourront s’appuyer les forces progressistes pour changer profondément la société américaine. Toutes les questions demeurent dans un pays où la bourgeoisie, les forces de l’argent verrouillent le système institutionnel, avec un bipartisme visant à préserver les intérêts essentiels des banques, des marchés financiers et du complexe militaro-industriel. Et la victoire plus étriquée que prévue de Joe Biden dans nombre d’États, autant que le nombre croissant de suffrages obtenus par Trump, soulignent les limites du programme du Parti démocrate. Nous pouvons d’ores et déjà saluer et féliciter ces députés de gauche, socialistes, marxistes pour certains, issus de l’équipe de Bernie Sanders, qui ont été élus ou réélus.

Elles et ils sont issus de la classe ouvrière, de familles modestes, du mouvement féministe et/ou antiraciste, à l’image de l’équipe d’Alexandria Ocasio-Cortez et de ses collègues élu·e·s haut la main. C’est à elle que Trump avait dit : « rentrez chez vous ! ». 28 des 37 candidats des Socialistes démocrates d’Amérique ont été élus, dont la marxiste Julia Salazar, sénatrice de l’État de New-York.

Ce sont eux qui se battent pour l’augmentation des salaires et la hausse du salaire minimum à 15 $ de l’heure, pour l’encadrement des loyers, pour un autre Green New Deal et pour l’accès à une assurance-maladie universelle.

Leurs bons résultats et leur élection est un signe d’espoir pour tous les mouvements populaires qui se battent pour les droits sociaux, pour le climat et pour la paix.

La paix, justement, est un enjeu majeur alors que les guerres et les tensions internationales restent importantes. Alors que l’Onu lançait sa semaine du désarmement dans le monde, du 24 au 30 octobre, les conflits n’ont jamais cessé. La pandémie, les millions de morts du coronavirus dans le monde auraient pu pousser les belligérants, des pays à poser les armes, à cesser le feu, à stopper le commerce des armes. Il n’en n’est rien. Qu’il s’agisse de la situation à Gaza, régulièrement bombardée par l’aviation israélienne, des tentations impérialistes de la Turquie face à la Grèce ou encore de la situation au Haut-Karabagh.

Ailleurs, des peuples ont réussi à imposer d’autres choix. C’est le cas en Amérique latine où le peuple chilien, à une écrasante majorité, plus de 78 %, s’est débarrassé de la constitution imposée par la dictature de Pinochet. Il aura fallu plus de trente ans, une mobilisation sociale sans précédent, avec au premier rang les jeunes générations et les femmes, pour que les conditions soient créées d’une nouvelle constitution dans le pays. Une nouvelle bataille s’engage pour ne pas laisser à la prétendue « élite » la charge de rédiger la nouvelle constitution. La majorité démocratique, progressiste,  transformatrice doit pouvoir, comme les urnes viennent de le confirmer, rédiger le nouveau texte constitutionnel. En Bolivie, c’est le retour de la démocratie, avec la victoire éclatante du MAS en Bolivie.

C’est aussi la résistance de Cuba et du Venezuela face aux criminels blocus et actions terroristes. C’est ainsi l’Amérique latine qui s’inscrit, à nouveau, dans la voie de la transformation progressiste.

De quoi donner confiance, encouragements, à toutes celles et ceux qui à travers le monde résistent au rouleau compresseur des politiques libérales et de l’impérialisme. Je veux saluer aussi le grand mouvement féministe qui a déferlé sur la Pologne contre la politique du gouvernement d’extrême droite. Après l'élimination du droit à la contraception d’urgence, le recul de l’éducation sexuelle dans les écoles et de la lutte contre les violences faites aux femmes, la décision du tribunal constitutionnel rendant quasi illégal l'avortement a été la régression de trop.

Avec la mobilisation de centaines de milliers de femmes ces dernières semaines, un mouvement social de grande ampleur, le plus important de la période, est en train peu à peu de mettre en très grande difficulté le pouvoir. Il faut saluer le courage de ces femmes face à un gouvernement réactionnaire, nationaliste et clérical, face aux milices d’extrême droite qui s’en prennent violemment aux manifestantes. Le PCF est à leurs côtés dans ce combat et le sera jusqu'à ce que leur droit inaliénable à disposer de leur corps soit garanti, jusqu'à la victoire.

Et en France, j'appelle tous les communistes à se mobiliser à l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, lors des deux temps forts de cette année, le 21 novembre à l'initiative de « Nous toutes » et, bien sûr le 25, à manifester lorsque cela sera possible, à s'adresser à la jeunesse en diffusant le violentomètre, à interpeller les parlementaires ainsi que les préfectures sur la prise en charge des femmes victimes de violences comme le propose la commission nationale Droits des femmes du parti.

L’actualité est aussi nationale.

Elle a été marquée ces dernières semaines par l’accumulation d’événements dont nous devons analyser la portée. Notre pays, depuis notre dernier CN, a subi une vague d’agressions terroristes, plus ignobles les unes que les autres, contre des salariés de l’agence Premières lignes devant les anciens locaux de Charlie hebdo, contre le professeur Samuel Paty et contre trois fidèles catholiques, à Nice. Commis par des terroristes islamistes, ces crimes ont provoqué l’effroi et le dégoût. En s’en prenant à la presse, au monde enseignant, aux croyants, le terrorisme islamiste révèle son projet de semer la terreur et diviser notre pays. C’est pourquoi, notre réponse doit appeler à l’unité du peuple, à la tolérance et à faire triompher une République sociale et démocratique.

Car chacune de ces attaques a aussi fait l’objet d’une surenchère guerrière, politique, parfois un déchaînement de violence, par les mots et même par les armes, des courants identitaires, racistes et fascistes. C’est le message que j’ai porté à travers la vidéo que nous avons publiée cette semaine. 

Les auteurs de ces crimes, comme ceux qui cherchent à attiser la haine, théorisent et espèrent une guerre des religions, une guerre des civilisations qui peut conduire notre pays à la guerre civile. Nous ne pouvons pas sous-estimer la gravité de la situation. Nous ne pouvons pas sous-estimer la menace islamiste qui existe en France comme nous ne pouvons pas sous-estimer la manière dont la droite et l’extrême droite utilisent cette menace pour gagner le pouvoir, au risque de faire basculer le pays dans un cycle de haine et de violences. Notre parti, face à de telles menaces, doit prendre toutes ses responsabilités. Et montrer à nos concitoyens que nous sommes prêts à prendre toute notre part pour, d’un coté, faire reculer la montée de l’islamisme en France tout en faisant respecter l’État de droit, organiser la reconquête de la République, en actes et non en paroles, donc par la justice sociale, la démocratie, la liberté, l’égalité, la fraternité, la paix et la coopération internationale.

Nous devons approfondir le débat au sein du parti, autour de nous tant un climat délétère est en train de s’installer en France, véhiculant sur les réseaux sociaux, et dans les consciences les pires idées, y compris chez nous. Il est important de refuser tout amalgame entre, d’un côté, l’immense majorité des musulmans qui pratiquent l’islam dans le respect des lois de la République et, de l’autre, les prêcheurs de haine, les islamistes qui veulent imposer leurs lois, leurs règles dans notre pays. Il est important de rappeler que les musulmans dans le monde sont les premiers à subir et à mourir des attentats islamistes. Important aussi de distinguer les différences entre religion et jihadisme ou origine et nationalité quand tout est fait pour assimiler le terrorisme à l’islam et à l’immigration. Important enfin, comme nous l’avons porté dans notre déclaration, d’assécher le terreau auquel s’alimente le terrorisme. Et au cœur de la réponse à apporter, au cœur de la République sociale et démocratique à restaurer, il y l’école.

L'école publique, visée par l'assassin de Samuel Paty, affaiblie encore davantage par l’exécutif dans la crise sanitaire, qui doit faire l'objet d'une mobilisation à la hauteur du rôle qu'elle tient dans notre projet d’émancipation. Nous aurons d’ailleurs une nouvelle rencontre avec les syndicats, ce lundi. Nous avons beaucoup échangé entre nous ces 3 dernières semaines.

L'hommage à Samuel Paty, l'engagement de nos enseignants qui tiennent la République debout et leur courage dans la situation sanitaire méritent mieux que les saillies « contre l’islamogauchisme » et les petits calculs libéraux du ministre Blanquer. Je veux saluer les enseignants et les lycéens mobilisés ces derniers jours qui ont commencé à faire reculer le gouvernement en rendant incontournable la question du protocole sanitaire dans les lycées. 

Cela fait des semaines que nous demandons d’ailleurs un dédoublement des classes dans les lycées et les collèges parmi les mesures à mettre en œuvre, comme l’ont demandé nos parlementaires. Il faut maintenant aller au bout de cette bataille pour obtenir des moyens humains, matériels et financiers, à la hauteur de l'enjeu. Toutes les propositions que nous avons portées lors du premier confinement sont d'une grande actualité.

Avec le réseau École, avec le MJCF qui s'est immédiatement engagé dans le mouvement actuel, agissons avec les élèves et les personnels pour obtenir les avancées que nous réclamons depuis des mois. Engageons les États généraux de l'éducation dont le pays à besoin pour construire une école émancipatrice pour toutes et tous, une école pour celles et ceux qui n'ont que l'école pour réussir et qui aspirent à maîtriser leur avenir. Nous aurons aussi à formuler des propositions lors de la présentation, le 9 décembre prochain, du projet de loi dit de « renforcement de la laïcité et des principes républicains ».

Nous avons eu un premier échange avec le ministre de l’Intérieur, les présidents de nos deux groupes, Pierre Dharréville, Stéphane Peu, Christian Picquet et moi-même. Et si nous pouvons être d’accord sur quelques aspects, notamment la nécessaire transparence sur le financement des associations cultuelles, nous aurons aussi des désaccords avec le gouvernement sur le rôle de l’État et son implication dans l’organisation du culte. Dans un tel climat, il est nécessaire d’affirmer un double objectif : celui de combattre l’intégrisme et toutes les formes de fascisme, et affronter les offensives qui cherchent à profiter du contexte pour encourager les stigmatisations racistes ou religieuses, s’attaquer à ce qui fait le vivre ensemble dans notre société. Dès que nous aurons le texte, nous aurons un temps de travail sur ce sujet pour faire nos propres commentaires et propositions. De même, les questions de sécurité revenant sur le devant de la scène, notre parti formulera des propositions d’ici quelques semaines sur ce thème. J’avais appelé à y travailler, lors de l’Université d’été, afin que notre parti formule sa vision de l’accès au droit la sécurité et à la tranquillité dans notre pays. Olivier Dartigolles, missionné sur ce sujet, anime un groupe de travail et nous présentera prochainement ses travaux. Le gouvernement cherche à donner un sentiment de sécurité à nos concitoyens quand l'insécurité est quant à elle bien réelle.

Et elle ne reculera pas par des opérations de communication du ministre de l’Intérieur qui vise une répression plus forte des actes de délinquance les moins graves pour faire du chiffre, sans s'attaquer aux trafics et aux réseaux. Quant au projet de loi pour la sécurité globale, il ne permettra en rien d'améliorer la sécurité de nos concitoyens et comporte de nombreux dangers. Son objectif, c'est d'étendre le marché de la sécurité, de préparer un nouvel affaiblissement de la Police nationale en renforçant les pouvoirs des polices municipales et privées, et d’accroître la surveillance de masse. Tout cela au détriment de toute ambition de service public. Et plutôt que d’accepter un contrôle démocratique des forces de l’ordre, essentiel car elles disposent du monopole de la violence légitime, avec l’interdiction de les filmer, le gouvernement laisse le champ libre à la minorité d’agents qui commettent des violences policières. 

J’en viens à la situation sanitaire. La colère populaire franchit un palier supplémentaire avec la gestion catastrophique de la pandémie de Covid-19 par le pouvoir. Il est important d’abord de rappeler que si notre pays de 66 millions d’habitants enregistre 37 435 morts de ce virus depuis le début de la pandémie, alors que l’Allemagne, pays de 88 millions d’habitants en compte 11 000, c’est bien parce que la stratégie sanitaire a été inefficace et que notre système de santé a été considérablement affaibli. Nous sommes le 7e pays au monde qui enregistre le plus de décès. Oui, la responsabilité du gouvernement est énorme et il faut le rappeler et dire que la santé des Françaises et des Français est une chose trop sérieuse pour être laissée entre les seules mains de l’exécutif. Malgré tous les efforts de nos soignants, leur engagement, leur conditions de travail dégradées, il y a eu beaucoup trop de morts dans notre pays.

Notamment à cause des 100 000 lits supprimés ces dernières années, à cause des services d’urgences et des hôpitaux de proximité fermés, à cause des milliers de médecins, infirmiers, aides-soignants non formés et et du refus d’embauches massives. Et ce gouvernement n’a pas été en reste avec 7 500 lits fermés en 2 ans. Il y a une capacité totale qui peut être portée à 10 000 lits de réanimation en France quand l’Allemagne en a 20 000.

Alors oui, aujourd’hui, c’est encore le feu dans nos hôpitaux avec le regain de l’épidémie. Et comme nous ne pouvons pas augmenter davantage nos capacités de réanimation, et comme il faut aussi protéger nos concitoyens de ce virus qui se propage à grande vitesse avec l’arrivée des températures hivernales, il faut reconfiner le pays. Et le faire sérieusement, en partageant cette décision avec nos concitoyens car c’est une décision difficile. Aussi, cette mesure moyenâgeuse qui aurait pu être évitée avec une stratégie sanitaire efficace est aujourd’hui devenue une mesure incontournable. Comme cela a pu être fait en mars, comme tous les pays l’ont fait lors de la 1re vague.

Mais ce gouvernement a fait le choix d’un confinement très libéral ! C’est un confinement à la Trump, un confinement qui privilégie l’économie au détriment de la santé ! C’est un confinement qui est doux pour les entreprises du CAC 40, juteux même pour les Gafa, mais extrêmement dur pour les petits, pour les commerçants, comme pour les ouvriers, les enseignants, tous ceux qui sont exposés à la maladie. Le confinement actuel risque donc d’être insuffisant.

Nous avons en ce moment, après une semaine de confinement, toujours plus de 50 000 contaminés par jour. Et 60 400, hier ! Dans 8 à 11 jours 1 % d’entre eux va développer la forme grave et ira en réanimation, soit 500 à 600 personnes par jour. Le taux d’occupation de ces services monte donc toujours dangereusement. On est passé de 57,5 % au 1er jour du confinement à 85,4 % de taux d’occupation hier. Dans moins de 10 jours, ce sera 100 %. 

On pourra toujours dire que c’est la faute à tous les gouvernement précédents qui ont abîmé l’hôpital public – et on le dira encore – mais cette réalité s’imposera à tous. C’est pour cela que je trouve irresponsable de la part du ministre de la Santé de dire, jeudi soir, lors de sa conférence de presse : « Si les Français ne respectent pas le confinement, dans 8 jours la situation sera désespérée dans nos hôpitaux» !

Ce serait donc de notre faute ! C’est une culpabilisation insupportable de nos concitoyens. Comment peut-il dire aux lycéens, aux collégiens et aux personnels de ces établissements que ce sera de leur faute s’ils attrapent ce virus quand ils sont obligés de s’entasser dans des couloirs, à la cantine, ou quand la moitié des personnels d’entretien sont malades et non remplacés ? Comment peut-il faire porter la responsabilités aux ouvriers tels ceux de Toyota que j’ai rencontrés et qui sont 3 500 à travailler à Onnaing, à se croiser dans les vestiaires, à la cantine, avec leur pause de 20 minutes pour manger ? Un tiers des clusters se situe dans les entreprises. Comment peut-il faire porter la responsabilité à toutes celles et ceux obligés d’aller travailler et de prendre le métro, le RER ou le TER et à s’entasser dans ces transports collectifs, comme si le virus n’y circulait pas ? Lors de la première vague, le confinement strict de l’économie durant le mois de mars avait permis de faire baisser le taux de contamination de 77 % en 4 semaines !

Je crains fort que ce confinement très soft pour l’économie ne parvienne à ce résultat. Les Français sont prêts à accepter des décisions difficiles pour leur santé si les consignes sont claires, cohérentes, les même pour tous, et qu’elles ne changent pas tout le temps. Elles sont acceptées quand elles sont discutées ensemble et admises par tous, ce qui est l’opposé de ce gouvernement qui préfère diriger via un conseil de défense. Oui, il faut limiter le travail aux activités économiques et culturelles indispensables, mettre en œuvre une sécurisation de l’emploi et de la formation, par des mises en formation massives et rémunérées à hauteur des salaires et décider d’embauches dans les secteurs vitaux. Oui, il faut une politique de tests qui s’accompagne d’une vraie prise en charge et d’un isolement des personnes positives ou cas contact. Il suffit aussi de regarder comment ont géré cette crise des pays d’Asie, la Nouvelle Zélande, ou encore la province indienne du Kerrala, dirigée par le Parti communiste indien, avec ses 60 millions d’habitants. Cela pose évidemment la question d’une véritable démocratie sanitaire et plus largement de sortir de cet étau de décisions prises par un exécutif isolé, sans débat, sans construction partagée avec les forces vives du pays : Parlement, bien sûr, mais aussi forces syndicales et politiques, acteurs économiques, associatifs, culturels, sans oublier les élus locaux. Nous pouvons aussi relancer la campagne sur la gratuité du masque, devenue plus incontournable encore dès lors que des millions de salariés, d’écoliers, de collégiens, de lycéens sont obligés de le porter. 

Et je pense évidemment à la reconquête et au renforcement des moyens de l’hôpital public, encore affaibli durant la pandémie, tant en nombre de lits qu’en matière de moyens humains. Là aussi, la pétition, les affiches « De l’argent pour l’hôpital, pas pour le capital » doivent être toujours utilisées pour parler avec nos concitoyens de cette crise. * J’ai évoqué la colère populaire et les risques d’aventures politiques dramatiques qu’elle peut induire, si nous ne la nourrissons pas d’un contenu progressiste, d’un contenu radicalement transformateur. Ceci suppose d’affronter la formidable bataille idéologique en cours, qui vise à épargner la responsabilité du capital et des dirigeants actuels dans cette crise. Depuis le premier discours de Macron lors du confinement du printemps dernier et ses promesses de « jours meilleurs », voyant alors dans cette crise inédite « une chance pour nous réinventer et [lui] le premier », force est de constater que tant dans la gestion des crises sanitaire et économique que dans l’exercice du pouvoir, ce sont bien les vieilles recettes libérales et autoritaires qui se sont développées. Cette fuite en avant trouve également des traductions concrètes dans le projet de loi de finances pour 2021, comme dans le prétendu plan de relance, qui vise bien davantage à relancer les profits qu’à sécuriser l’emploi, protéger les TPE et PME des conséquences de la pandémie ou lutter contre la pauvreté. Pour ne citer que cet exemple, sur les 100 milliards du mal nommé « plan de relance », il y a encore un cadeau pour les grandes entreprises avec les 20 milliards de suppression des impôts de production.

Le gouvernement présente cette aide en disant que toutes les entreprises vont en bénéficier. Outre le rôle utile de cet impôt, son apport pour les collectivités, la réalité c’est que 13 milliards sur les 20 milliards profiteront à 9 200 grandes entreprises et ETI et 7 milliards de crédits d’impôts bénéficieront aux 560 000 PME et TPE. Tout pour les gros, des miettes pour les petits ! De plus, aucune garantie, aucune condition n’accompagne ce dispositif.

Tous nos amendements dans ce sens ont été rejetés.

Cela veut dire que : · Total, qui verse 6,9 milliards de dividendes ; · Sanofi, 3,9 milliards ; · Thalès, 130 millions ; ou encore · Bridgestone, qui ferme son site en 2022 ; tous bénéficieront de ce nouveau cadeau en 2021. Loin de surmonter la crise économique et sociale, toutes les décisions prises par le gouvernement alimentent, à coups de milliards d’euros, l’infernale machine à profits et à dividendes, avec son pendant en matière d’emploi et de production. 

Malgré des sommes considérables d’argent public, européen et national, déversées pour l’essentiel aux grands groupes industriels et financiers, et bien que les sociétés du CAC 40 prévoient 30 milliards de dividendes à leurs actionnaires cette année, se succèdent par dizaines les plans de suppressions d’emplois, d’activités productives, de démantèlement de filières entières, à l’image de l’aérien ou de l’automobile.

Pour les travailleurs, la menace du chômage, de la précarisation voire de la pauvreté, la pression idéologique est souvent terrible et peut conduire à la résignation, y compris pour accepter des accords de performance portant atteinte à leurs salaires, à leur temps de travail et plus généralement à leurs conditions de travail.

Oui, la violence de la crise économique ne nourrit pas naturellement, nous le savons, la conscience de classe et l’esprit de combat face au patronat, si nous n’y opposons pas un projet et des propositions crédibles et en rupture totale avec les vieilles recettes libérales.

Prenons alors appui sur une question que se posent de plus en plus de nos concitoyen·ne·s : qui doit décider de l’utilisation de ces sommes colossales et à quelles fins doivent elles servir ? N’y a-t-il pas d’autre voie que la concurrence permanente entre les salariés, que la guerre économique toujours plus mortifère, que la course aux profits alors que tant de besoins ne sont pas satisfaits dans la société, que la pauvreté explose, que les services publics sont parfois à l’agonie, que les salariés aspirent à voir leur travail retrouver du sens et que l’urgence climatique n’a jamais été aussi prégnante ? J’ai amené cette discussion à chaque fois lors des 35 rencontres que j’ai eues avec des syndicats et des salariés, issus d’entreprises rencontrées ces deux derniers mois. De Verallia à Greed et General Electric, de Bridgestone dans le Pas-de-Calais à Jtekt dans le Rhône, en passant par les salariés de Renault, de la Fonderie du Poitou, de Hop, d’Airbus, de Vallourec ou celles de la Caisse d’Épargne en bagarre pour une véritable égalité professionnelle femmes-hommes, partout ces questions émergent des luttes engagées, parfois massivement par les salariés avec leurs organisations syndicales, au premier rang desquelles la CGT.

J’aimerais d’ailleurs pouvoir vous rendre compte de toutes ces rencontres pour faire émerger les points communs, les logiques capitalistes et montrer comment ce gouvernement encourage encore les délocalisations, la désindustrialisation du pays, avec l’aide de la BCE, avec l’argent public et à l’inverse de tous ses discours. J’ai d’ailleurs repris, lors de mon dernier déplacement à Villeurbanne dans le Rhône, la proposition d’organiser des Assises de l’énergie, pour la maîtrise publique de la filière de l’énergie, proposée par les camarades de Belfort, par la CGT de General Electric, comme ceux d’EDF ! Tout cela conforte les décisions prises par notre CN, début septembre, pour que nous menions, partout et à toutes les échelles, la bataille pour sécuriser l’emploi et la formation et pour la reconquête industrielle, en France comme en Europe, sur le contrôle de l’argent et de nos moyens de production, pour nos services publics. Tout cela a été au cœur de la mobilisation lancée les 9 et 10 octobre derniers. Ce fut un succès. 9 Les communistes se sont mobilisés dans toute la France, en étant présents sur 103 villes ou sites , dans 65 départements. Ne sous-estimons pas ce que nous avons fait durant cette période, en pleine pandémie. Peu de partis sont capables de tenir une telle mobilisation. Et nous sommes le seul à y mettre ces contenus. Dans certains endroits, comme dans l’Aube qui compte 300 adhérents, les communistes se sont rassemblés à quelques dizaines et ont pu mettre en débat ces questions avec le préfet lui-même. C’est la première fois qu’ils sont reçu par le représentant de l’État en personne, depuis des années. Dans d’autres, ils ont interpellé les directions de services publics, comme à Paris avec l’hôpital, ou de boîtes privées, pour montrer que les richesses existaient pour sécuriser l’emploi, augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail, dans le privé comme dans le public. Partout ou presque, la presse régionale a fait écho à ces mobilisations. Tout cela donne confiance aux militants, à notre organisation. Cette bataille est essentielle alors que nous ne sommes qu’au début d’une crise qui va s’avérer plus dévastatrice encore dans les prochains mois.

Essentielle pour la jeunesse notamment, première victime de cette double crise sanitaire et économique. Tournons-nous résolument vers elle, avec notre mouvement de jeunesse, et en lien avec les organisations syndicales, en travaillant à des plans d’embauches, de pré-recrutements, de formations dans une multitude d’entreprises publiques et privées. Les conditions sanitaires imposent évidemment des actes militants adaptés. Mais elles n’empêchent pas une intervention communiste déterminée et de haut niveau. C’est évidemment indispensable pour faire gagner des luttes, obtenir des reculs du patronat et du gouvernement. Mais c’est aussi une condition pour que les salariés, dans toutes leurs composantes, renouent avec l’utilité de l’acte politique, alors même qu’élection après élection, nous déplorons un recul de la confiance en la capacité de la politique à changer radicalement les choses. Cher·e·s camarades, Les semaines qui viennent vont être décisives, tant du point de vue de la bataille idéologique à mener dans le pays que des initiatives politiques à faire grandir pour donner une issue de progrès à la colère populaire qui grandit. Dans un contexte de confinement, même partiel, l’intervention communiste va s’avérer une fois encore plus complexe à mettre en œuvre. Complexe, oui, mais pas impossible, si nous mobilisons ce qui fait la force première de notre parti, je veux parler des adhérents. 

Cela passe d’abord par un effort de toutes nos directions pour renforcer les contacts et le dialogue avec ces milliers de camarades, confrontés eux aussi aux conséquences des crises que nous vivons, tant du point de vue idéologique que d’un point de vue matériel. Nous avons besoin d’aller les voir, de prendre de leurs nouvelles, de leur apporter aide et soutien quand c’est nécessaire. C’est aussi notre famille.

Prenons le temps de les voir, de les contacter, un à un, pour manifester notre solidarité, pour discuter avec tous de la situation politique dans le pays et dans le monde. Ils sont eux aussi, en réalité, les premiers de cordée de la bataille idéologique et politique que nous devons mener. Avec eux, nous pouvons décider aussi de renouer avec les chaînes de solidarité que certaines de nos sections, comme à Villejuif, avaient mises en place lors du 1er confinement, pour aider à des distributions alimentaires et débattre d’un véritable plan de lutte contre la pauvreté.

Nos adhérents sont confrontés aux mêmes angoisses, aux même colères, que l’ensemble de nos concitoyens. Alors, prenons la décision d’avoir un contact physique ou téléphonique avec chacun d’entre eux d’ici la fin de l’année. Je proposerai une cellule de suivi de ce travail au niveau national pour faire le point régulièrement. Ce sera aussi l’occasion de mieux sentir, de mieux apprécier l’état de nos adhérents, l’impact des médias et des réseaux sociaux sur leur réflexion.

Ce sera, surtout aussi, l’occasion de cultiver cet espoir et cette solidarité qui sont au cœur de notre engagement communiste.

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 08:14
Les montagnes du Haut-Karabakh (photo Ismaël Dupont, 11 novembre 2020)

Les montagnes du Haut-Karabakh (photo Ismaël Dupont, 11 novembre 2020)

Haut-Karabakh : PAIX ET SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE ARMÉNIEN (PCF)
 
Après six semaines d’agression militaire, de bombardements et d’exactions contre les républiques d’Artsakh et d’Arménie, l’Azerbaïdjan vient de reprendre le contrôle de plusieurs districts (Agdam, Gazakh, Kelbajar) qu’entérine le cessez-le-feu ratifié sous l’égide de Moscou.
Cette déclaration fige des positions désormais garanties par le déploiement de 1 960 soldats russes.
 
Le premier ministre arménien, Nikol Pashinian, a affirmé que sa ratification avait été « incroyablement douloureuse pour (lui) et (son) peuple ». Le bilan humain, amplement sous-estimé, est terrible puisqu’il
fait état de 1 300 morts et d’un exode massif des civils. Le nettoyage ethnique est à l’œuvre, avec sa brutalité sanguinaire, exacerbé par le nationalisme criminel du président Ilham Aliev : « J’avais dit que nous
chasserions [les arméniens] de nos terres comme des chiens et nous l’avons fait ».
 
Cette annexion de territoires arméniens, si elle renvoie à un conflit territorial ancien, ne doit pas masquer les mutations des relations internationales et à l’implication directe du régime turc.
 
Ankara a joué un rôle déterminant dans l’ouverture de ce nouveau front en équipant matériellement l’armée azérie et en l’épaulant par l’envoi d’experts et de mercenaires djihadistes. R.T. Erdogan méprise la légalité internationale et ne connait que la règle de la force et du fait accompli. Il a profité de l’absence de volonté politique et surtout de l’impuissance du groupe de Minsk (Etats-Unis, Russie, France) pour accroître son expansionnisme et pour imposer ses volontés en Irak, en Syrie et en Méditerranée orientale. Ne nous y trompons pas, ce nationalisme islamiste nourrit des relents génocidaires à l’encontre des Arméniens.
 
Les Etats-Unis, plus nettement encore sous l’Administration Trump, ont constamment protégé la Turquie de R.T. Erdogan alors qu’à la face du monde Ankara appuyait l’organisation de l’Etat islamique (DAESH) et soutient encore une kyrielle d’organisations djihadistes. L’Union européenne quant à elle, tétanisée par la question des migrants et ses divisions, a fermé les yeux sur les agissements de ce tyran allant jusqu’à extrader, encore récemment, des Kurdes promis à la mort. Quant à la Russie, menacée par plusieurs incendies dans son environnement immédiat (Donbass, Biélorussie, Kirghizistan), elle remporte la palme du
cynisme puisqu’après avoir armé les deux camps, elle doit faire face désormais à l’intrusion turque dans le Caucase. Enfin que dire de l’immense responsabilité du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui
refuse de reconnaitre le génocide arménien et fait de Bakou son principal allié régional en pourvoyant ce régime d’armements de pointe.
 
La communauté internationale a laissé seul un peuple victime d’un agression sauvage.
 
Dans les circonstances présentes, le peuple arménien a besoin d’une solidarité large et massive des peuples et des forces progressistes. La guerre menée par le duo turco-azérie a aggravé les tensions régionales,
les ressentiments nationalistes, chassé de leur terre les Arméniens et ne règle en aucun cas le conflit.
 
Il serait mortifère pour l’avenir de sceller la situation actuelle et de passer à autre chose.
 
La paix ne pourra jamais être fondée sur cette occupation. Il est de la responsabilité des Etats membres de l’ONU, des membres de son Conseil de sécurité, d’assurer la protection internationale des populations
arméniennes et de conduire une diplomatie offensive, sur la base des principes de Madrid, afin de frayer un chemin possible vers la paix respectant les droits inaliénables des peuples.
 
Le gouvernement d’Emmanuel Macron a gravement fait défaut l’amitié qui lie historiquement la France au peuple arménien.  Il s’est targué de sa neutralité alors qu’il a, lui aussi, armé les deux belligérants, et il a
failli dans sa responsabilité au sein du groupe de Minsk. La diplomatie française  doit s’engager résolument pour un véritable retour à la paix.
 
Dans la lutte pour une paix durable, le peuple arménien peut compter sur la solidarité du Parti communiste français.
 
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,
 
Paris, le 10 novembre 2020.
 
 
Haut-Karabakh. Bakou et Moscou, les deux grands vainqueurs de la trêve
Mardi 10 Novembre 2020 - L'Humanité

Un accord signé entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie met un terme au conflit qui avait repris depuis le 27 septembre. Négocié sous la médiation de la Russie, ce compromis acte la victoire militaire de Bakou, qui reprend le contrôle sur une partie du Karabakh. Moscou déploie 2 000 soldats de maintien de la paix.

À l’issue de six semaines de rudes combats entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises au Haut-Karabakh, un accord de cessez-le-feu a été conclu, lundi soir, sous la médiation de la Russie. Ces négociations sont intervenues devant l’avancée décisive de l’Azerbaïdjan sur le terrain. Ces dernières semaines, Bakou a infligé plusieurs défaites aux Arméniens de la république autoproclamée de l’Artsakh (nom d’une ancienne province du royaume d’Arménie) dans le sud autour d’Hadrout et plus au nord avec la prise, ces dernières heures, de Chouchi. La ville forteresse, érigée sur les hauteurs des massifs caucasiens s’avère un point stratégique. Elle est située à une dizaine de kilomètres en amont de la capitale Stepanakert et domine le corridor de Latchin. Chouchi apparaît comme un véritable verrou avec le passage de la seule route d’accès qui relie l’Arménie au Karabakh, en partant notamment de Goris.

Bakou aurait pu contrôler l’ensemble du Karabakh

Le président de l’Artsakh, Arayik Harutyunyan a expliqué avoir été obligé de « capituler » pour aboutir à ce cessez-le-feu. Après la perte de Chouchi, le 9 novembre, « les combats se rapprochaient de Stepanakert. Au rythme de l’avancée militaire (des Azéris - NDLR), nous aurions perdu l’ensemble de l’Artsakh en quelques jours et subi de lourdes pertes ». Mais il a tenu à saluer « nos forces armées qui ont pu résister pendant 43 jours » malgré les nombreuses maladies (coronavirus, dysenterie) et blessés, et critiqué la responsabilité de ces prédécesseurs dans cette défaite.

Plusieurs témoignages évoquent un bilan qui s’approchait des 4 000 morts au total. Ce compromis met donc un terme à un conflit extrêmement meurtrier qui avait repris après l’offensive lancée par Bakou, le 27 septembre. Les neuf points de l’accord et sa signature entre le président azéri Ilham Aliev et le premier ministre arménien Nikol Pachinian ont été révélés par le président russe, Vladimir Poutine qui réaffirme son rôle de médiateur, évinçant les autres acteurs : l’Europe et les États-Unis.

Un compromis qui entérine la défaite arménienne

Ce quatrième cessez-le-feu, entré en vigueur ce 10 novembre, est-il le bon ? Pour de nombreux de diplomates, deux aspects marquent une très nette différence vis-à-vis des précédents. Ce texte acte la victoire militaire de l’Azerbaïdjan et la présence des forces de maintien de la paix russes. Pour Dmitri Trenin, membre du Conseil russe des affaires internationales (Riac), « ce compromis permet d’arrêter la guerre et les tueries. Mais il ne s’agit pas encore d’un véritable accord de paix. La route pour y aboutir sera encore longue et difficile. L’Arménie aura du mal à accepter la défaite. Un nouvel équilibre se dessine dans la région. La Russie s’est révélée indispensable, mais a dû accepter la place prise par la Turquie alors que l’importance de l’Occident a considérablement chuté ».

Les divers termes de l’accord offrent à la Russie de se maintenir en position de force dans son « pré carré » que demeure le Caucase du sud. Globalement, Poutine, obtient de revenir militairement dans cette zone et ce pour une longue période. L’accord établit en effet que « des troupes de maintien de la paix de la Fédération de Russie seront déployées le long de la ligne de contact dans le Haut-Karabakh et le long du couloir de Latchin », et que ces soldats russes « y resteront pendant une période de 5 ans, et une prolongation automatique de 5 années supplémentaires, si aucune des Parties ne déclare son intention de mettre fin à l’application de cette disposition 6 mois avant l’expiration de la première période ».

La Russie s’impose comme le principal médiateur

Poutine finalement apparaît comme le maître des horloges dans ce conflit. « La Russie n’a jamais souhaité mener une guerre au Haut-Karabakh pour compenser les propres faux pas d’Erevan (aux yeux de Moscou). La Russie avait aussi ses propres raisons de maintenir de bons liens avec l’Azerbaïdjan. Elle ne souhaitait pas non plus ruiner sa relation très compliquée avec la Turquie qui compte énormément dans son jeu diplomatique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Néanmoins, Ankara n’obtient pas de rôle formel », analyse Alexander Gabuev, du centre Carnegie.

Pour Bakou, cet accord qui marque sa victoire militaire (avec le soutien de la Turquie et des armements israéliens) constitue une revanche après les concessions territoriales subies par les Azéris, au terme de la première guerre 1991-1994. Le président Aliev, s’est d’ailleurs félicité d’une « capitulation » de l’Arménie. « Nous avons forcé [le premier ministre arménien] à signer le document, cela revient à une capitulation », a-t-il déclaré à la télévision. De son côté, la Turquie a salué les « gains importants » de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh. Le président français, Emmanuel Macron a demandé de travailler à un « règlement politique durable » qui « préserve les intérêts de l’Arménie » et réclamé « fermement à la Turquie de mettre fin à ses provocations » dans ce conflit.

L’Arménie plonge dans une crise politique

Avant l’annonce de l’accord dans la nuit de lundi à mardi, la journée avait été marquée aussi par un hélicoptère Mi-24 de l’armée russe abattu par erreur par l’Azerbaïdjan au-dessus de l’Arménie. La partie azerbaïdjanaise s’est excusée pour « cet incident tragique ». Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe, souligne que « n’ayant pu préserver le statu quo en vigueur depuis 1994, la Russie se sort très bien de la crise du Karabakh — à court terme en tout cas » mais que « l’instabilité à Erevan et la montée en puissance de Bakou seront des dossiers à gérer ». À ses yeux, cette crise va conduire au « renforcement probable du dialogue avec Téhéran », pays frontalier.

Une crise politique s’ouvre en Arménie depuis la signature de cet accord. Dans la capitale, la situation est particulièrement tendue. Des milliers de personnes ont manifesté leur colère, encerclant les abords du siège du gouvernement à Erevan et qualifiant de « traître » le premier ministre. 17 partis, dont celui de l’ancien premier ministre Serge Sarkissian, chassé du pouvoir en 2018 par Nikol Pachinian avec l’aide de la rue, ont exigé sa démission. Des centaines de protestataires ont pénétré dans les locaux et ont pris d’assaut également le siège du Parlement. Mardi matin, la police avait repris les deux bâtiments.

Concédant la défaite, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a justifié sa position. « J’ai signé une déclaration avec les présidents de Russie et d’Azerbaïdjan sur la fin de la guerre au Karabakh », a-t-il déclaré, qualifiant cette initiative d’« incroyablement douloureuse pour moi et pour notre peuple ». Face à cette instabilité, le président Armen Sarkissian a proposé d’entamer des « consultations politiques pour trouver dès que possible une solution protégeant les intérêts nationaux » et « former en urgence » un gouvernement d’union nationale. Selon Arnaud Dubien, « le chef de l’état-major arménien Onik Gasparian, qui a rencontré ce matin des partis d’opposition, est vu à Moscou comme un successeur potentiel de Pachinian ». Pour éviter de se mettre à dos l’Arménie et sa population, Moscou devrait remettre rapidement à niveau l’armée arménienne et renforcer ses partenariats avec son allié.

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