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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 07:04
Manifestation contre l'invasion turque à Afrin dans une région tenue par les forces démocratiques kurdes qui y ont combattu les Islamistes, notamment Daesch. Les Etats-Unis (et la France) avaient laissé les forces turques d'Erdogan avec leurs supplétifs de l'Armée Libre Syrienne envahir la région contrôlée par leurs anciens alliés kurdes contre l'Etat Islamique

Manifestation contre l'invasion turque à Afrin dans une région tenue par les forces démocratiques kurdes qui y ont combattu les Islamistes, notamment Daesch. Les Etats-Unis (et la France) avaient laissé les forces turques d'Erdogan avec leurs supplétifs de l'Armée Libre Syrienne envahir la région contrôlée par leurs anciens alliés kurdes contre l'Etat Islamique

Syrie : « L’Etat islamique se nourrira du chaos et du vide politique causé par un retrait » des Etats-Unis
Syrie : « L’Etat islamique se nourrira du chaos et du vide politique causé par un retrait » des Etats-Unis

Pour le spécialiste Patrick Haenni, les Occidentaux doivent laisser aux Kurdes le temps de préparer une sortie de crise négociée avec la Turquie et la Syrie.

Propos recueillis par Allan Kaval Publié le 20 décembre 2018

Si elle est rapidement suivie d’effets concrets, la décision, inattendue et brutale, de Donald Trump de retrait des forces américaine en Syrie est susceptible d’engendrer un bouleversement majeur des rapports de force régionaux. Entraînant celui des autres pays de la coalition internationale, dont la France, un tel départ laisserait sans protection les territoires du nord-est de la Syrie, tenus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), à dominante kurde, qui ont joué un rôle majeur dans la lutte contre l’Etat islamique (EI). La région se trouverait alors à la merci de la Turquie, hostile aux Kurdes de Syrie, et du régime syrien.

Patrick Haenni est expert de terrain, spécialiste du nord-est de la Syrie et conseiller pour le Centre pour le dialogue humanitaire (HD). Cette organisation, basée à Genève, œuvre à prévenir, atténuer et résoudre les conflits armés par le biais du dialogue et de la médiation. Depuis près de vingt ans, le HD est engagé dans plus de quarante initiatives de dialogue et de médiation dans plus de vingt-cinq pays.

Le chercheur estime qu’il est nécessaire de laisser le temps aux autorités à dominante kurde de la région de trouver une sortie de crise négociée, seul moyen d’éviter une situation chaotique dont l’Etat islamique, qui a conservé sa capacité de nuisance, pourrait profiter pour se régénérer.

Donald Trump a justifié sa décision de retrait en déclarant que l’Etat islamique avait été vaincu en Syrie, est-ce réellement le cas ?

L’Etat islamique a perdu l’essentiel des territoires autrefois placés sous son contrôle en Syrie, mais cela ne veut en aucun cas dire que l’organisation djihadiste a été vaincue. Il est très important de comprendre que l’affaissement territorial de l’Etat islamique ne signifie pas la fin de sa capacité de mobilisation. D’abord, même si les forces djihadistes et leurs structures de gouvernance ont été chassées des vastes territoires, repris depuis 2014 par les Forces démocratiques syriennes (FDS) à dominante kurde dans le nord-est de la Syrie, l’Etat islamique n’y a pas perdu tous ses relais.

Les cellules dormantes, même dans les territoires contrôlés par les FDS, sont extrêmement nombreuses

L’organisation est toujours présente, clandestinement. Les cellules dormantes, même dans les territoires contrôlés par les FDS, sont extrêmement nombreuses. Sa capacité à recruter localement se maintient. C’est notamment le cas dans des zones récemment reprises par les FDS, comme la région de Deir ez-Zor, frontalière de l’Irak, véritable cœur historique de l’Etat islamique, où des combats avaient encore lieu mi-décembre autour de la localité de Hajine.

Le travail est loin d’être terminé dans cette région, car la poursuite tardive des combats au sol a retardé tout plan de contrôle sécuritaire efficace, contrairement à ce qui a pu se faire tant bien que mal dans l’ancienne capitale de l’Etat islamique, Rakka, reprise par les FDS avec le soutien des Etats-Unis et de la coalition fin 2017. Dans la région de Deir ez-Zor, l’EI peut aussi tirer parti des divisions profondes qui segmentent les groupes tribaux arabes dont certaines franges ont, par le passé, fait le pari du ralliement à l’Etat islamique pour se renforcer vis-à-vis des autres dans le cadre de conflits portant sur la terre, le contrôle des ressources, l’autorité dans les structures tribales.

La bataille de la région de Deir ez-Zor n’est pas à proprement parler terminée. Or cette bataille n’est pas celle des Kurdes, mais celle qu’ils mènent pour le compte de l’Occident. Si celui-ci se désengage avec le retrait américain et que les garanties que leur offrait la coalition s’évanouissent, les FDS, dominées par les Kurdes, n’auront aucun intérêt à poursuivre leur effort contre les djihadistes. Placées sous la menace de voisins hostiles (la Turquie et le régime syrien), qu’un retrait américain rendrait libre de les attaquer, elles devront revoir leurs priorités et repositionner leurs forces ailleurs, sans pouvoir déraciner l’EI de cette région, à partir de laquelle il pourra se régénérer.

Du point de vue de l’Etat islamique, un retrait américain se traduirait donc par une réduction de la pression au niveau local, qui lui permettrait d’exploiter pleinement ces atouts, ce vivier de sympathisants potentiels. Et, dans son histoire, l’EI a montré que, même très affaibli, il a su rebondir de manière surprenante à chaque fois que la pression militaire qui s’exerçait contre lui a diminué.

Lire aussi Avec leur départ de Syrie, les Etats-Unis prennent de court leurs alliés et comblent leurs adversaires
Un retrait américain représenterait en fait une aubaine pour l’EI ?

Dans des régions comme celle de Deir ez-Zor, l’Etat islamique, qui n’a pas perdu sa capacité de nuisance, bénéficie d’un vivier de recrutement dans lequel il pourra plus facilement puiser si la fin de la présence américaine conduit les FDS à abandonner leur effort de reprise en main. S’il est mené sans intervention directe des Etats-Unis et de la coalition, la mise en place d’un dispositif sécuritaire visant à faire pression sur les réseaux djihadistes ne peut se faire si le retrait américain rebat toutes les cartes et déstabilise les rapports de forces dans la région.

Aussi, si l’encadrement kurde de FDS se retrouve dans l’incapacité à organiser la gouvernance et la surveillance de ces zones, des sympathisants de l’Etat islamique, des membres des anciennes structures civiles de l’organisation, les personnes en quête de revanche suite aux abus commis localement par les FDS offrent un réservoir bien réel et disponible pour des recrutements de tous genres.

A ces derniers s’ajoute la grande masse des personnes impliquées localement dans les structures de l’Etat islamique qui n’ont pas été inquiétées par les services de sécurité des FDS. Ces dernières n’avaient pas les moyens de mettre tout le monde en prison et ont mené une politique d’amnistie où les notables tribaux locaux ont joué un rôle de garant. Est-ce que l’Etat islamique pourra mobiliser à nouveau ses anciens affiliés dans le nouveau contexte qui s’annonce ? Pas en bloc, c’est certain. Mais les djihadistes vont tenter de déstabiliser la zone autant qu’ils le pourront en s’appuyant sur tous ceux qu’ils pourront influencer ou acheter.

Lire aussi Syrie : la grande peur des Kurdes, abandonnés en terrain hostile
Dans le contexte qu’ouvre la perspective du retrait américain, comment les puissances occidentales peuvent-elles éviter une résurgence de l’Etat islamique ?

L’Etat islamique se nourrit du chaos et du vide politique, des conséquences qu’on peut attendre d’un retrait précipité des Etats-Unis. En effet, un tel recul risque de conduire à une course de vitesse entre le régime syrien, son allié iranien et la Turquie pour la reprise des territoires tenus par les FDS et alors privées de la protection américaine.

Cette escalade, qui conduirait à des déstabilisations majeures, est possible alors même qu’aucun des acteurs en place n’y a intérêt. Pour la Turquie, une invasion militaire massive, importante, est possible mais difficile et coûteuse et assortie d’un risque d’exportation de la crise vers ses propres régions kurdes. Pour le régime et l’Iran, le vide créé par un départ américain est problématique car ils savent très bien qu’un retrait précipité favorisera la Turquie, qui a plus de capacités immédiates de projection de puissance.

La clé, à présent, est donc de gagner du temps pour permettre un dénouement négocié qui éviterait le chaos et laissera une marge de manœuvre réduite à l’Etat islamique. Mais il n’y aura pas de sortie de crise pour les Kurdes sans des choix politiques douloureux. Il s’agira de concessions massives à la Turquie pour éviter la guerre, ou de concessions massives à Damas pour permettre au régime de se poser en alternative à une agression turque.

Un arrangement bilatéral avec Damas consisterait à accepter un accord qui signifiera la fin de l’autonomie militaire des FDS et la réintégration de leurs structures politiques dans le giron de l’Etat, et selon les termes imposés par le régime. Cela reviendrait à sacrifier son projet politique au nom du refus d’une guerre qu’il juge ne pas pouvoir gagner. Eviter la guerre avec la Turquie signifierait un pari historique pour le mouvement kurde, renoncer au combat contre la Turquie au nom d’une priorité mise sur la préservation de son projet en Syrie.

Il est donc vital de laisser aux leaders du mouvement kurde la possibilité de penser une sortie de crise négociée et politique, la seule capable d’éviter que le nord-est du pays, qu’il contrôle, vienne s’ajouter à la liste déjà longue des guerres qui ont éclaté dans le sillage du soulèvement syrien. Pour cela, il leur faut du temps, ce qui est le minimum que l’Occident peut donner à son allié d’hier, pour lui permettre, finalement, de faire ses choix, aussi douloureux

 

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 19:07
Les élus communistes brestois reçoivent Salah Hamouri en mairie annexe de Bellevue (20 décembre 2018)
Les élus communistes brestois reçoivent Salah Hamouri en mairie annexe de Bellevue (20 décembre 2018)

Quel grand honneur et quelle grande joie pour le groupe des élus communistes d'avoir reçu hier, avec Claude Leostic de l'AFPS, notre compatriote et camarade franco-palestien Salah Hamouri.

Salah Hamouri, avocat , a été incarcéré durant 403 jours dans une prison israélienne sous le régime arbitraire de la détention administrative, c’est-à-dire sans aucun jugement, sans aucune inculpation. Cette procédure, renouvelable à l’infini, est contraire au droit international.

Nous devons sa libération, le 30 septembre dernier, à une mobilisation extraordinaire qui a su rassembler une diversité de personnalités, d’associations, d’élus, de citoyens.

180 élus finistériens avaient cosigné une lettre adressée au Président pour demander sa libération. Un vœu avait été voté par conseil municipal de la ville de Brest.

La mobilisation locale et nationale a payé. Aujourd'hui, il est libre !

Il faut maintenant continuer à prendre toutes les initiatives politiques nécessaires à la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens et plus largement du peuple palestinien tout entier.

Lire aussi:

Salah Hamouri à Brest ce mercredi 19 décembre 2018, à la Maison du Peuple (photos Ismaël Dupont)

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 07:04
photo Le Télégramme

photo Le Télégramme

Les agents grévistes, à Morlaix communauté, ont rencontré leur Président ce matin, ce qu’ils attendaient de pied ferme. « Nous avons obtenu des avancées du côté de la résorption de l’emploi précaire, se félicite Marc Corbel, représentant CGT, qui pilote le mouvement. Concernant le service environnement, des ouvertures de poste nous ont été annoncées pour la 2e
quinzaine de janvier. Concernant l’ensemble du personnel, cela prendra plus de temps, et nous le comprenons ».

Financier : ça bloque

En revanche, par rapport aux revendications sur la partie financière, les choses sont plus compliquées. « Le Président a retenu le montant le plus élevé de nos propositions, a estimé le coût de leur impact à 650 000 € et c’est cette somme qui sera portée au vote des maires, lors de leur Conseil, le 21 janvier. Nous aurions préféré que plusieurs propositions leur soient faites. En l’état, nous risquons d’obtenir un refus », poursuit Marc Corbel. Par ailleurs, les grévistes ont demandé à bénéficier d’un principe de rétroactivité, à partir de janvier 2019, toujours pour cette partie financière, ce qui ne leur a pas été promis.

En conséquence, le ramassage des ordures est toujours stoppé. « Nous proposons, au choix, deux mesures contre lesquelles nous sommes prêts à lever le mouvement : soit une réunion extraordinaire des maires, avant le 21 janvier, soit un écrit d’engagement sur l’aspect rétroactivité », poursuit le syndicaliste. 

Le PCF soutient

Enfin, ce jeudi, le mouvement a reçu le soutien du parti communiste. « Le PCF du Pays de Morlaix soutient les agents en lutte pour leur pouvoir d'achat et la titularisation de certains agents et demande à ce que les maires et l'exécutif de Morlaix Communauté affirment leurs positions (...) afin qu'une sortie de crise et un compromis de progrès pour les agents soient trouvés rapidement», indique le parti dans un communiqué.

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 06:38
L'HUMANITE - ÉCRIVEZ VOS CAHIERS DE LA COLÈRE ET DE L’ESPOIR

Par Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité

La colère qui parcourt le pays, de villages en entreprises, de quartiers en lycées, se déploie contre l’injustice sociale et fiscale, mais aussi contre le mépris des puissants et de prétendus « sachants » vis-à-vis du peuple travailleur et des privés d’emploi.

 

Le mouvement des gilets jaunes, qui revêt déjà un caractère historique, en est l’expression. Il survient après les mouvements sociaux contre la casse de notre droit du travail, celui pour la défense d’une SNCF utile à la vie des territoires et à l’environnement, ou encore les Nuits debout.

Nos concitoyens ne supportent plus les corsets du présidentialisme, d’une Assemblée nationale représentation inversée des catégories sociales qui constituent la nation, composée de godillots dont les choix dépendent de plus en plus de normes édictées par les traités européens, pourtant rejetés comme ce fut le cas en 2005.

Mieux, on impose aujourd’hui l’élaboration des budgets nationaux et des budgets des collectivités qui en découlent à partir d’un « traité budgétaire » voulu par M. Sarkozy et Mme Merkel, et qui n’a pourtant plus d’existence légale, car il était signé pour cinq ans. Le Parlement européen a refusé de l’inscrire ces dernières semaines dans le droit européen.

Les gilets jaunes ont porté des cahiers de revendications qui justement portent sur la nécessité de sortir de l’austérité, de relever le pouvoir d’achat, de défendre les services publics, de passer à un nouvel âge de la démocratie. Les institutions de la Ve République sont en effet à bout de souffle. De nombreux maires mettent à disposition de leurs administrés des cahiers de doléances où chacune et chacun peut faire part de ses besoins, de ses aspirations, de ses propositions.

L’Humanité, journal des sans-voix, le journal que Jean Jaurès définissait dans son premier éditorial comme celui dans lequel « sans nous arrêter aux diversités et aux contrariétés de tactiques et de formules, nous serons heureux d’accueillir toutes les communications où se manifestera la vie ouvrière », se met à la disposition de toutes celles et tous ceux qui veulent faire connaître leurs problèmes et leurs souhaits. Ce seront les cahiers de vos colères et de vos espoirs. Servez-vous de l’Humanité pour vous faire encore plus et mieux entendre !

Chaque lettre, chaque texte ou contribution que vous déposerez sur la plateforme en ligne spécialement ouverte à cet effet sera remis au ministre concerné, aux groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi qu’au président de la République.

Pour chaque grande question, nous organiserons des discussions publiques associant contributeurs, syndicalistes, chercheurs et élus.

 

Cet espace est à vous.

Déposez votre contribution en ligne à l’adresse suivante : humanite.fr/cahiers

Ou envoyez  votre contribution à l’adresse suivante : Les cahiers de la colère et de l’espoir, l’Humanité, secrétariat du directeur, immeuble Calliope, 5, rue Pleyel, 93528 Saint Denis Cedex.

 

 

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 06:35

Campagne coût du capital

 

Deux vidéos réalisées par la commission économique du PCF pour la campagne sur le coût du capital sont à disposition et à partager sans modération

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 06:33

 

Alors que la Commission nationale du débat public (CNDP) s’inquiète d’une trop forte main-mise de l’exécutif sur le « grand débat » promis par Emmanuel Macron, le gouvernement a déjà prévenu qu’il n’était pas question de revenir sur les « transformations » engagées depuis le début du quinquennat.

C’est la deuxième grande promesse d’Emmanuel Macron. Celle qui est censée compléter d’ici le printemps 2019 les mesures décidées dans l’urgence et l’improvisation pour répondre à la crise des « gilets jaunes ». Lundi 10 décembre, le président de la République avait annoncé vouloir rapidement tenir un « débat sans précédent », destiné, selon ses mots, à « bâtir le socle de notre nouveau contrat pour la Nation ». Dans la foulée, le gouvernement et la majorité se sont emparés de l’idée, la dégainant à la moindre occasion pour montrer la volonté du pouvoir d’être enfin à l’écoute des Français.

D’abord concentré sur la seule question de la transition énergétique, ce « grand débat » a ensuite été élargi aux trois autres axes que sont la fiscalité, l’organisation de l’État, et la démocratie et la citoyenneté – l’immigration ayant un temps été envisagée comme une thématique à part entière, avant d’être fondue dans ce dernier ensemble. Initialement prévu du 15 décembre au 1er mars, il démarrera finalement mi-janvier, au terme d’une « première étape » qui doit, selon l’Élysée, « permettre de nourrir la dynamique portée au niveau des maires, qui ont déjà commencé à faire remonter le résultat de leurs échanges avec leurs administrés ». Sans que l’on sache vraiment où ces remontées ont atterri.

La présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal Jouanno. © Facebook/Chantal Jouanno

Selon Benjamin Griveaux, la seconde phase du « grand débat » devra déboucher, « fin mars, mi-avril », sur « des décisions très concrètes, en fonction des consensus identifiés ». Mais l’exécutif a d’ores et déjà fixé les lignes rouges de l’exercice. Elles ont été énoncées par le porte-parole du gouvernement à l’issue du conseil des ministres du mercredi 19 décembre. Et elles en disent long sur la façon dont les futures remontées du terrain seront réellement prises en compte. « Il y a un principe simple qui est que ces 18 mois ne seront pas détricotés en totalité par les trois mois de débat », a ainsi prévenu le secrétaire d’État. Avant de poursuivre : « Je rappelle que nous avons un président de la République et une majorité parlementaire nette qui ont été élus sur un projet. »

Interrogé sur le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), réclamé par bon nombre de gilets jaunes, Benjamin Griveaux a rappelé qu’il y aurait une évaluation de son remplacement par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui serait faite par « des experts indépendants et des parlementaires ». « Quand bien même un consensus se ferait [sur le rétablissement de l’ISF – ndlr], la mesure a moins d’un an d’existence, a-t-il ajouté. Si on passe son temps à détricoter en moins d’un an ce qui a été fait l’année précédente, ça ne s’appelle pas gouverner, ça s’appelle zigzaguer, ça s’appelle ne pas tenir les grands axes structurants d’une politique publique, ça n’est pas un service rendu au débat démocratique. »

Cette sortie du porte-parole du gouvernement va à l’encontre de ce que la Commission nationale du débat public (CNDP), présidée par Chantal Jouanno et saisie le 14 décembre par le premier ministre pour mener « une mission de conseil et d’expertise » en vue du « grand débat », préconisait dans un courrier adressé à Matignon le lendemain. Rappelant qu’il était « primordial de ne jamais laisser entendre que le gouvernement pilote directement ou indirectement » les débats, cette autorité indépendante écrivait également : « Nous déconseillons fortement de préciser publiquement avant le débat les “lignes rouges”, c’est-à-dire les propositions que le gouvernement refusera quoi qu’il advienne de prendre en compte, et plus encore les sujets dont il ne veut débattre. »

« La défiance à l’égard de la sincérité du gouvernement dans ses démarches participatives, constatée lors de nos auditions préalables, est forte, soulignait la CNDP. Trop de consultations, concertations, dont les participants ont le sentiment qu’elles n’ont servi à rien et que les décisions du gouvernement n’en ont pas tenu compte. » Ainsi l’institution a-t-elle encore déconseillé, « très fortement » cette fois-ci, « d’utiliser les mots de pédagogie, d’explication, ou tout autre terme qui laisse à penser que les décideurs n’écoutent pas et se placent toujours dans une position de supériorité ».

Une recommandation qui n’est pas sans rappeler les propos tenus par le président du groupe La République en marche (LREM) à l’Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, qui a récemment esquissé un mea culpa tout personnel, qui colle désormais à la majorité : « Il y a une deuxième erreur qui a été faite et dont nous portons tous la responsabilité, moi y compris. C’est le fait d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques dans les mesures de pouvoir d’achat », a-t-il indiqué lundi sur Public Sénat, avant de se raviser en répétant peu ou prou la même chose.

Au Palais-Bourbon, un groupe d’une quinzaine de députés de la majorité s’est constitué autour d’Éric Bothorel et de Marie Guévenoux, pour participer au « grand débat », sans pour autant s’être coordonné avec la CNDP. « On a anticipé ce que pourrait être notre rôle dans ce débat, explique Éric Bothorel. Depuis 18 mois, on a promulgué des choses qui ont loupé leur cible. Le sujet, c’est aussi la différence entre ce qui a été fait et ce qui a été perçu… » Dans la majorité, nombreux sont ceux à vouloir se saisir de l’occasion pour renouer avec ce que les marcheurs de la première heure continuent à qualifier d’« ADN », malgré la crainte, émise par l’institution présidée par Chantal Jouanno, que ces débats ne se transforment en « meetings politiques ».

Au gouvernement en revanche, l’enthousiasme se fait bien plus discret. « Certains sont clairement moins motivés que d’autres », glisse un ministre, avant de prévenir : « Ce “grand débat”, si c’est juste une thérapie collective façon alcooliques anonymes, ça ne servira à rien. » C’est aussi ce que répètent, en d’autres termes, certains proches du président de la République, qui voient dans l’exercice la dernière carte à jouer pour renouer le lien avec les Français. En cas d’échec, estiment-ils, il n’y aura plus de rebond possible. L’exécutif souhaite donc associer tous ceux qu’il a délaissés depuis un an et demi, à commencer par les corps intermédiaires, les responsables associatifs et les élus locaux, pour que chacun y trouve in fine son compte.

 « Nous voulons être une courroie de transmission », se réjouit la maire divers-droite de Beauvais (Oise), Caroline Cayeux, présidente des Villes de France. L’élue, qui comme tout un chacun ne voit pas encore très clair dans les modalités exactes d’organisation du « grand débat », se veut toutefois confiante sur la tenue de ce dernier car, selon elle, « le gouvernement n’a aucun intérêt à le verrouiller ». Mais en insistant en amont, comme l’a fait Benjamin Griveaux, sur le fait que les « transformations » engagées allaient se poursuivre, difficile de ne pas y voir une façon de préempter les discussions à venir. « Si on voulait cornaquer le débat ou le corseter, ça se ferait en préfecture, avec le préfet en maître de cérémonie », s’est tout de même défendu le porte-parole du gouvernement, mardi matin, sur France Info.

Le lendemain, à l’issue du conseil des ministres, le secrétaire d’État a d’ailleurs assuré que « la commission nationale du débat public aura évidemment toute sa place » dans le dispositif, avant d’ajouter : « Ce sera aussi sous l’autorité d’une coordination régionale, et ça, c’est aux préfets de coordonner, mais à nouveau ce sont aussi les maires qui vont organiser. » En vérité, on trouvera à la manœuvre de ce « jardin à l’anglaise », pour reprendre les mots d’Édouard Philippe, un peu tout le monde – et donc un peu personne –, mais surtout Emmanuel Macron qui s’est emparé du sujet et souhaite, comme à son habitude, tout piloter. « Je rencontrerai moi-même les maires de France, région par région », avait-il annoncé, dès le 10 décembre. Mardi soir, c’est d’ailleurs à l’Élysée que se tenait une grande réunion de préparation, en présence du premier ministre, de plusieurs membres du gouvernement… mais sans Chantal Jouanno.

 

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 19:00
Conseil. Pas de vagues autour du budget

 

Alain Tigréat, adjoint aux finances (à gauche), a présenté les grandes lignes du budget primitif 2019 de la ville.

Alain Tigréat, adjoint aux finances (à gauche), a présenté les grandes lignes du budget primitif 2019 de la ville.

Il a beaucoup été question de gros sous, ce mardi soir, lors du dernier conseil municipal de l’année, qui devait se pencher, entre autres, sur le budget primitif 2019 de la ville. Celui-ci est en hausse, à la fois en fonctionnement et en investissements. L’opposition s’est abstenue, sans faire de vagues.

Un mois après le débat d’orientations budgétaires, Alain Tigréat, adjoint aux finances, a présenté ce mardi le budget primitif 2019 de la ville. L’avant-dernier de la mandature. En section fonctionnements, il s’équilibre à hauteur de 22,77 M€, soit 420 000 € de plus que le précédent budget. Après deux années de baisse consécutives, Morlaix retrouve donc quasiment le niveau de son budget 2016.

Les principales recettes viennent des impôts et taxes, qui représentent 62,1 % du total. Concernant les dotations et participations (22 % du total), il est à noter que celles de l’État augmentent enfin (+0,6 %) après une baisse drastique entre 2014 et 2018. La dépense la plus importante se situe dans les charges de personnel, qui continuent d’augmenter (10,395 M€, soit 45,7 %).

L’an prochain, 7,825 M€ seront consacrés aux services généraux et aux administrations publiques locales (34,4 %), 4,19 M€ à l’enseignement et la formation (18,4 %) et 4,16 M€ à l’aménagement, le service urbain et l’environnement (18,3 %). Les plus petits budgets sont alloués au logement (55 500 €, soit 0,2 %) et l’action économique (35 600 €, soit 0,2 %).

Davantage d’investissements

La politique d’investissements, elle, s’élèvera l’an prochain à 9,79 M€ (contre 8,78 M€ en 2018), dont 8,598 M€ de dépenses d’équipements. Près de 2 M€ seront consacrés au musée des Jacobins et à la maison à Pondalez, un peu plus d’1 M€ à la plate-forme culturelle du 9, rue de Paris, et 2,34 M€ aux travaux de voirie (dont 965 000 € rien que pour la Voie d’accès au port). Ces investissements seront financés à 53,2 % par l’emprunt et à 12,5 % par l’autofinancement. Et ce, dans un contexte de stabilité de la fiscalité voulue par la majorité. Les taxes d’habitation et sur le foncier non bâti sont inchangées. Quant à celle sur le foncier bâti, elle baisse d’1 %. Cela étant, les bases de calcul, décidées par l’État, sont à la hausse. Les ménages morlaisiens n’y gagneront donc rien. « Au global, l’impôt va même rapporter un peu plus à la ville, a remarqué Jean-Paul Vermot, pour l’opposition. On aurait pu faire mieux ».

Le même Jean-Paul Vermot s’est ensuite interrogé sur la façon dont l’État allait compenser la suppression de la taxe d’habitation. « Une simulation vient d’être faite. En l’état, Morlaix va perdre beaucoup d’argent », lui a répondu Agnès Le Brun.

Un film, deux piques

L’opposition ayant pu dire, le mois dernier, ce qu’elle pensait de ce budget, personne ne s’est éternisé sur le sujet, ce mardi, Jean-Pierre Cloarec, Ismaël Dupont et Jean-Paul Vermot se contentant de se faire préciser deux ou trois points de détail. Pour la forme. Après quoi, elle s’est abstenue en bloc lors du vote.

Pas de quoi émouvoir Agnès Le Brun, qui a enchaîné en faisant projeter un petit film, réalisé par Brut., qui met en avant la politique de développement durable de la ville, « soutenue par tous les élus ». En l’occurrence, l’opération de lutte contre le gaspillage alimentaire à l’école Jean-Jaurès. Un exercice d’autosatisfaction municipal qui a entraîné une question de Jean-Paul Vermot : « La minorité aura-t-elle aussi la possibilité de diffuser des vidéos sur l’état des terrains de sport quand il pleut, par exemple, et l’annulation des matches ? ». « Je ne vous connaissais pas mesquin, lui a rétorqué la maire du tac au tac. Vous nous gâchez notre plaisir ». Un partout, balle au centre. Pas de quoi en faire un film…

En complément

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Plus d’1 M€ de subventions aux associations culturelles

Un total de 1 040 256 €de subventions aux associations et structures culturelles conventionnées a été voté ce lundi par le conseil municipal.

Wart, 45 420 € pour le fonctionnement et les participations à l’organisation du festival Panoramas et à la navette bus pendant ledit festival ; Les Moyens du Bord, 27 000 €; le théâtre du Pays de Morlaix, 522 000 €; le théâtre de l’Entresort, 8 200 €; le cinéma art et essai La Salamandre, 15 000 €; la Maison des Jeunes et de la Culture, 136 500 €; l’Espace des sciences, 15 000 €; centre social du Plateau Carré d’As, 63 504 €, plus 1 000 € pour l’organisation d’une fête de fin d’année ; centre social Ty an Oll de Kernéguès, 10 200 €; accueil de loisirs sans hébergement (ALSH) La Récré, 67 320 €; Morlaix animation jeunesse (Maj), 83 946 €; Office de retraités et personnes âgées de Morlaix (Orpam), 45 166 €.

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Les Gilets jaunes veulent pouvoir continuer à se réunir

En préambule à ce dernier conseil de l’année, Agnès Le Brun a autorisé une délégation de Gilets jaunes à prendre la parole. Ces derniers, qui venaient de se faire déloger de leur emplacement, près du Décathlon, ont résumé leur action, leurs revendications (« faire avancer la démocratie ») et exprimé leurs remerciements aux gens, « nombreux », qui les soutiennent. Après quoi, ils ont demandé une salle où ils pourraient se réunir. « Nous aussi, nous voyons la situation se dégrader. On vous enlève du pouvoir d’achat et on nous enlève les moyens de faire fonctionner nos collectivités. Nous ne sommes pas différents », leur a répondu Agnès Le Brun. Mais pour ce qui est de la salle, les règles sont strictes : il faut que la demande soit portée par une association, avec un représentant légal, qui dispose d’une assurance.

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En bref

Écoles sous contrat. Les élus ont voté l’attribution d’un montant de 311 357,56 € aux écoles morlaisiennes sous contrat d’association, dans le cadre d’une participation aux dépenses de fonctionnement pour l’année scolaire 2018-2019. Sachant que dans la Cité du viaduc, le coût de fonctionnement par élève a été estimé à 1 486,59 € (légèrement inférieur à la moyenne départementale) pour les écoles maternelles et de 672,97 € pour les écoles élémentaires (très supérieur à la moyenne départementale), il a été attribué la somme de 23 614,51 € à l’école Diwan, 69 437,03 € à l’école Notre-Dame-de-Lourdes, 89 998,27 € à Notre-Dame de Ploujean et 128 307,75 € à l’école Saint-Joseph.

Tarifs municipaux. Les tarifs municipaux 2019 ont été votés à l’unanimité. Hormis une augmentation des tarifs des concessions des cimetières, des columbariums, des emplacements cinéraires, ils sont stables.

À noter, néanmoins, la baisse du prix des tickets sports et des entrées à la piscine.

Dérogation à la règle du repos dominical. Pour les commerces de détail autres que l’automobile, il sera possible d’ouvrir le dimanche 30 juin (soldes d’été) pour le non-alimentaire, le dimanche 4 août (braderie), les dimanches 8, 15 et 22 décembre ; et le dimanche 29 décembre (pour l’alimentaire). S’agissant de l’automobile, les concessions pourront ouvrir les dimanches 20 janvier, 17 mars, 16 juin, 15 septembre et 13 octobre.

https://www.letelegramme.fr/finistere/morlaix/conseil-pas-de-vagues-autour-du-budget-18-12-2018-12165978.php

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 15:23

 

Alerte Rojava / Soutien total au PYD, aux peuples et à sa jeunesse contre la barbarie

 

Alors que les Forces démocratiques syriennes (FDS) poursuivent victorieusement et au prix de sacrifices inouïs le combat contre l'Etat islamique, encore présent dans l'Est du pays, la Turquie a annoncé l'imminence d'une offensive militaire contre le Rojava. S'appuyant sur des groupes djihadistes affiliés, prise dans l'ivresse de la puissance des deux agressions antérieures, dont celle d'Afrin, elle entend anéantir les forces pacifistes et démocratiques kurdes de Syrie.

Alors que la crise économique fait des ravages en Turquie, Ankara exacerbe la fibre nationaliste pour mobiliser son électorat dans la perspective des prochaines élections municipales en mars 2019. RecepTayyip Erdogan use aussi de la stratégie du grand écart diplomatique entre l'OTAN, les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie et l'Iran pour consolider sa position et rejeter, avec Bachar al-Assad, toute perspective d'autonomie du Rojava. C'est dans ce contexte que Donald Trump vient d'annoncer le retrait des forces américaines stationnées illégalement en Syrie livrant le peuple kurde aux assauts de la barbarie.

Dans l'urgence, la France doit saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour placer les Kurdes de Syrie, à l'image de ceux d'Irak, sous protection internationale afin d'empêcher de nouveaux crimes de guerre et un nettoyage ethnique de la région.

Face à la tragédie qui s'annonce, à l'arrogance de D.Trump qui n'est égalée que par son incurie, face à l'aveuglement sur la brutalité, le cynisme des pouvoirs russe, iranien, turc et syrien, les capitulations successives constituent une indignité et une faute politique aux conséquences désastreuses.

Le Parti communiste français (PCF) appelle à la mobilisation et exprime sa solidarité totale avec le PYD, les peuples et la jeunesse du Rojava épris de liberté, de justice et de paix.

Parti communiste français
Paris, le 20 décembre 2018

Alerte Rojava / Soutien total au PYD, aux peuples et à sa jeunesse contre la barbarie (PCF, 20 décembre 2018)
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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 15:11
Salah Hamouri, photo Le Télégramme

Salah Hamouri, photo Le Télégramme

 

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien de 33 ans, était l’invité d’honneur de l’Association France Palestine Solidarité, le 30 novembre, à Plourin-lès-Morlaix (29), dans le cadre du Festival des Solidarités. Il est revenu, à cette occasion, sur ses 13 mois de captivité dans une prison israélienne et sur le sort des Palestiniens dans l’État hébreu. Un témoignage qu’il renouvellera ces mercredi et jeudi, à Carhaix, Brest et Quimper (*).


Vous avez été libéré le 30 septembre, après plus d’un an de détention dans les geôles israéliennes. Comment allez-vous ?
 

« Ça fait vraiment du bien d’être libre. C’est un sentiment compliqué à décrire avec des mots… Cet emprisonnement a été d’autant plus difficile à vivre que ma femme, qui est française, et notre fils étaient interdits de séjour en Israël - ils le sont toujours -, et ne pouvaient donc pas me rendre visite. Une fois libéré, j’ai fait au plus vite pour venir les retrouver en France ».


Que vous reprochait Israël ?

« J’ai passé 13 mois en détention administrative et je ne sais toujours pas pourquoi. La détention administrative est une loi qui a été créée sous le mandat britannique avant l’occupation de 1948, et qui permet à l’armée israélienne d’arrêter n’importe quel Palestinien et de l’emprisonner pendant plusieurs mois, par périodes renouvelables, ad vitam, sur la base d’un dossier qui reste secret. Ni moi, ni mon avocat ne savons ce qu’il contient. Je sais juste que c’est le ministre de la Défense qui a signé l’ordre de m’arrêter pour une période initiale de six mois. Et qu’on me considère comme un danger pour la sécurité d’Israël. Mais je ne suis pas le seul. Nous sommes plusieurs centaines, comme ça ».

Comment s’est déroulée cette détention ?

« Les prisons israéliennes sont faites pour briser mentalement les prisonniers politiques palestiniens. On est à l’isolement total. Collectivement. Moi, j’étais détenu à Neguev, au Sud, dans le désert, près de la frontière égyptienne. On était 1 600. Coupés du monde. Le seul lien avec l’extérieur, mais ce n’est pas valable pour tout le monde, c’est la visite de la famille très proche (père, mère, frères, sœurs), une fois par mois. On a le droit à 45 minutes au téléphone, derrière une vitre. Et tout est enregistré. On fait donc attention à ce que l’on dit, de peur que ce soit utilisé ensuite ».


Déjà en 2005, vous aviez été inculpé pour avoir projeté l’assassinat du rabbin Ovadia Yossef et pour votre appartenance présumée au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP)…

« C’est une vieille histoire. J’ai été condamné à sept ans de prison pour cela. J’avais accepté un plaider coupable pour éviter une peine de 14 ans, mais il n’y avait rien de précis dans le dossier ».


Êtes-vous membre du FPLP ?

« Ce n’est pas une question à laquelle je peux répondre. Le FPLP est considéré comme une organisation terroriste. Ce n’est pas du tout comme en France où on peut dire que l’on est communiste, socialiste… Là-bas, toute appartenance à un parti politique est interdite. Je ne peux pas dire si je suis membre ou pas ».


Vous considérez donc qu’il s’agit d’un acharnement de l’État d’Israël vis-à-vis de votre personne et des Palestiniens en général.

« Bien sûr. Depuis 1967, environ 850 000 Palestiniens sont passés par les prisons israéliennes ; il y a eu 215 morts. C’est 30 % de la société qui est touchée. Aujourd’hui, il y a plus de 5 000 prisonniers palestiniens, dont 250 enfants et 62 femmes… 80 d’entre eux sont incarcérés depuis plus de 25 ans. C’est un système destiné à faire pression. On veut clairement nous chasser de Palestine. Personnellement, j’ai déjà été détenu à quatre reprises. La première fois, j’avais 16 ans ».


Le simple fait d’être Palestinien ferait de vous un danger pour Israël ?

« Pour eux, oui. Car je refuse d’accepter la situation. Et puis je suis avocat. Je n’ai jamais caché que je voulais défendre les prisonniers politiques ».


Étiez-vous au courant qu’en France, vous étiez soutenu par le monde associatif et une partie de la classe politique ?

« Un peu seulement, grâce à ma famille. Car, contrairement à ma précédente détention, l’administration avait cette fois interdit de faire entrer des lettres. Même les livres en français m’étaient interdits ».


La diplomatie française a-t-elle fait ce qu’il fallait pour faciliter votre libération ?

« Clairement, non. Pour des Français détenus en Turquie ou au Mexique, elle est intervenue, quitte à créer un incident diplomatique. Mais pour moi, rien. Les démarches étaient trop timides, pour ne pas énerver Israël. Il ne faut jamais brusquer Israël ».


Pourquoi avez-vous accepté de venir à Plourin-lès-Morlaix, puis à Carhaix, Brest et Quimper ?

« Pour remercier tous les gens qui se sont mobilisés pour ma libération. Et je sais qu’en Bretagne, ils ont été très actifs (il a été fait citoyen d’honneur de la ville de Carhaix, NDLR). Leur combat ici est important et efficace pour la cause palestinienne. Je suis venu aussi, à la demande de l’Association France Palestine Solidarité, pour évoquer la vie des prisonniers politiques en Israël ».


Vous avez l’intention de retourner vivre en Palestine. N’avez-vous pas peur d’être de nouveau arrêté ?

« La Palestine est mon pays. J’y suis né. Bien sûr que je vais y retourner. Même si les Israéliens m’ont bien fait comprendre que j’avais tout intérêt à rester vivre en France. Mon combat va être de permettre à ma femme et à mon fils de me rejoindre. Il fait savoir qu’en tant que Palestinien de Jérusalem, je n’ai qu’une carte de résidence temporaire. Si je quitte le pays plus de six mois, je la perds. Et on ne me laissera jamais plus rentrer. Quant à une nouvelle arrestation… Ça peut arriver ».


Que pensez-vous du rôle des États-Unis dans le conflit israélo-palestinien ?

« Il faut dire clairement les choses ici. Les États-Unis se servent d’Israël, depuis sa création, comme d’une base armée avancée pour le Proche-Orient. Et ce que vient de faire Trump, en déménageant l’ambassade des USA de Tel-Aviv à Jérusalem, c’est donner le feu vert aux Israéliens pour poursuivre leur projet de colonisation et chasser les Palestiniens de Jérusalem. C’est une décision politique très dangereuse ».


Tous les Israéliens sont-ils, selon vous, en guerre contre les Palestiniens ?

« Il y a une force d’occupation et un peuple occupé. Ça, c’est la base. Ensuite, la volonté de la société israélienne se traduit lors des élections. On voit bien quel est leur choix. C’est l’extrême droite. Les Israéliens antisionistes en faveur des droits des Palestiniens sont extrêmement minoritaires. Du côté des Palestiniens, certains seulement résistent. Mais tous refusent cette colonisation ».


Remettez-vous en cause l’existence même d’Israël ?

« Non, je ne la remets pas en cause. Mais je considère que sa création a été une erreur et une injustice historiques. Le présent le démontre ».

C’est un conflit entre un peuple occupé et une force occupante

Le conflit israélo-palestinien est-il un conflit religieux ?

« C’est tout sauf un conflit religieux. Avant 1948, il y avait bien des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans qui vivaient en paix en Palestine. Je le répète : c’est un conflit entre un peuple occupé et une force occupante. La religion est un prétexte. Moi, je suis né musulman mais je n’ai rien contre les Juifs en tant que Juifs. Ce ne sont pas les Juifs qui occupent nos rues, ce sont les Israéliens. Ce que les Palestiniens contestent, c’est la colonisation ».


Pensez-vous que la paix à une chance de voir le jour dans cette région du monde ?

« Elle arrivera dès lors qu’il y aura un respect des droits des Palestiniens. Sans cela, aucune chance. La solution des deux États est morte et enterrée, à cause de la colonisation. La seule qui vaille, c’est la création d’un État démocratique, laïc, qui garantisse le retour des Palestiniens. Un État où tous les habitants auront les mêmes droits ».

* Salah Hamouri sera à Carhaix ce mercredi 19 décembre, à 14 h 30, à la salle Justice de paix, puis à Brest, à 20 h, à la Maison du Peuple. Il sera reçu en mairie de Brest jeudi à 11 h, avant de se rendre à Quimper, où il est attendu, à 15 h, pour une réception à l’hôtel de ville, puis à 20 h, à la MPT de Penhars, pour une réunion publique.

Interview de Salah Hamouri par Gwendal Hameury, chef de rédaction du Télégramme à Morlaix

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 06:22
Mesures sociales/Gilets jaunes : les soldes avant l'heure (Ian Brossat - PCF)

Mesures sociales/Gilets jaunes : "les soldes avant l'heure" (Ian Brossat - PCF)

 

Après 10 jours de couacs et de cafouillages, le porte-parole du gouvernement a révélé le contenu du projet de loi relatif aux mesures sociales annoncées par le Président de la République.

On connaît donc enfin la vérité des prix. Et force est de constater qu'il y a un écart béant entre les promesses d'Emmanuel Macron et leur mise en œuvre concrète.

La prime touchée par les salarié.es au SMIC ne concernera que la moitié d'entre eux. Elle ne sera pas de 100 euros mais de 90 euros. Il semble que ce soit les soldes avant l'heure.

Quant à la suppression de la hausse de la CSG pour les retraité.es gagnant moins de 2000 euros, elle interviendra en juillet et non en "début d'année".

Enfin, le grand "débat national" n'abordera pas la question du rétablissement de l'ISF, pourtant au cœur des revendications des Gilets Jaunes. C'est à croire qu'avec Macron, les ultrariches bénéficient d'un totem d'immunité.

Le PCF continuera pour sa part à plaider en faveur d'une hausse du SMIC de 200 euros, du rétablissement de l'ISF et d'une réforme fiscale d'envergure avec un principe simple : ceux qui gagnent petit doivent payer petit, ceux qui gagnent gros doivent payer gros.

 

Ian Brossat, porte-parole du PCF,

Paris, le 19 décembre 2018.

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