Jacques Prévert
Qui ne connaît pas Jacques Prévert ? Poète, scénariste, parolier, dialoguiste, rédacteur, Prévert savait tout faire. Et séduire aussi, par son « artisanat » protéiforme et populaire, par sa verve, son humour, son style inclassable. C’était l’artisan des mots. Il voit le jour le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine et décédera le 11 avril 1977 dans le Cotentin, à Omonville-la-Petite. Jeune, Jacques s’ennuie beaucoup à l’école. Avec la complicité de son père, ses absences répétées le conduisent à découvrir le théâtre, le cinéma tandis que sa mère, elle, l’initie à la lecture. Passé l’adolescence, il vit de petits métiers. Et n’a pas toujours que de bonnes fréquentations. Mais qu’importe. Prévert sait où il va ! Dans les années 20, il rencontre Yves Tanguy puis d’autres connaissances viennent l’enrichir comme celle de Marcel Duhamel, son futur éditeur. Il vit rue du château près de Montparnasse et ce lieu devient rapidement l’endroit de rencontre des surréalistes. Logement collectif, accueil de tous les camarades sans le sou, c’est la maison du bonheur. De la liberté. En 1932, le groupe Octobre vient de naître. Il les rejoint après avoir été sollicité par le communiste Paul Vaillant-Couturier. Ce sont des artistes contestataires, anarchistes, communistes, libertaires. Ils se produisent dans des usines en grève et soutiennent activement le monde ouvrier. Jacques, lui, rédige des textes au vitriol, son talent singulier fera rapidement la notoriété du groupe. Il ne supporte pas l’exploitation. Citroën. « A la porte des maisons clauses, c’est une petite lueur qui luit. C’est la lanterne du bordel capitaliste, avec le nom du taulier qui brille dans la nuit, CITROÊN ». Ses remarques provoquent l’indignation des nantis mais gagnent l’admiration populaire. « J’écris pour faire plaisir à beaucoup et pour en emmerder quelques-uns ». Il se délecte à écouter Berg, Erick Satie, Vivaldi, Carl Orff avec qui il entretiendra une proximité très amicale. Anarchiste contre l’état et les pouvoirs, Prévert l’agitateur extraordinaire, le provocateur obligé, n’aura de cesse de caricaturer le monde épouvantable qui l’entoure. Il n’aime ni le mensonge, ni la fourberie, ni les salauds ! C’est l’anti salaud par excellence. Gréco, Montand, Reggiani, les Frères Jacques l’ont chanté. Carné l’a sacralisé. Il était admiré de tous. Il n’adhère pas au parti communiste, mais s’y associe encore lorsqu’il s’agit d’écrire pour le journal l’Humanité. Jean Renoir, compagnon de route du Parti Communiste collaborera aussi avec lui. Sa liberté est à ce prix. Pas militant, jamais, mais étroit collaborateur et humaniste de gauche, ça oui. Sympathisant communiste, évidemment. « La gauche, c’est la main de l’ouvrier ». « Dans chaque église, il y a quelque chose qui cloche ». « Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange… ». Oublier Prévert, c’est oublier les luttes. La liberté d’expression. L’insoumission. Oublier Prévert c’est mourir de désillusion.
Hector Calchas
Paroles. Citroën. Brest. Drôle de Drame. Les Visiteurs du Soir. Les Enfants du Paradis.
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