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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 09:26
Nécrologie. Le Rennais Guy Faisant est décédé vendredi matin, à l’âge de 93 ans. Résistant dès 1940 contre l’Allemagne nazie, il a été déporté en 1942 dans un camp de la Gestapo. Il sera l’un des piliers du concours national de la Résistance en Ille-et-Vilaine.

Nécrologie. Le Rennais Guy Faisant est décédé vendredi matin, à l’âge de 93 ans. Résistant dès 1940 contre l’Allemagne nazie, il a été déporté en 1942 dans un camp de la Gestapo. Il sera l’un des piliers du concours national de la Résistance en Ille-et-Vilaine.

 

Guy, André Faisant

Résistant, déporté - WIKI RENNES

( 23 octobre 1925 Rennes - 8 février 2019, Rennes)

Le père de Guy, ancien combattant de la guerre 1914/18, est agent de ligne aux PTT, militant syndicaliste et sa mère femme au foyer. Après l'école de la rue de Nantes il entre à l'école d'industrie pour y préparer un brevet industriel de tourneur. Il est sur la passerelle de Quineleu pour s'y rendre lors du bombardement du 17 juin 1940 par l'aviation allemande. À la fin de 1940, il est contacté par un membre d'une Organisation Spéciale (O.S.) de la Résistance pour recruter, au sein de l'école, des jeunes hostiles à l'occupation. Des collégiens s'assemblent autour de Guy : Gilbert Anquetil, Jean Annick, Michel Goltais, Jacques Tarrière, Yves Le Moigne et Pascal Lafaye, élève au cours complémentaire de l'école de la rue d'Échange, se joint au groupe en juin 1941.

 
Guy Faisant, après son arrestation en 1942

Ils distribuent des tracts du groupe de la Résistance de la SNCF, lacèrent des affiches prônant la collaboration, détruisent des panneaux de signalisation allemands. Le 17 juin 1941 : manifestation rennaise à laquelle ils participent au cimetière de l'Est, pour fleurir les tombes des victimes du bombardement allemand survenu un an auparavant, veille de l'entrée des troupes d'occupation dans Rennes. Le 12 novembre 1941, arrêté par la police allemande Guy est incarcéré à la prison Jacques-Cartier mais faute de preuve il est remis en liberté quelques temps après.

Guy Faisant et Yves Le Moigne sabotent un câble allemand passant sous le Pont de Nantes à Rennes. Le groupe récupère des armes à la Courrouze et dans un entrepôt des " Établissements Reiner ", boulevard de Chézy mais il est dénoncé par un étudiant en médecine qui, arrêté par la police allemande pour un trafic d'or, obtient grâce en devenant agent indicateur. Ils sont arrêtés par le S.D. (Service de Sécurité de la Police allemande). Ayant 16 ans et demi, Guy, arrêté le 5 mars 1942 au 33 rue des Ormeaux à Rennes, est le plus âgé du groupe et est incarcéré à la prison Jacques-Cartier. Au siège du S.D., au 10, rue de Robien ont lieu les interrogatoires sévères. Des perquisitions sont effectuées au domicile de chacun ainsi qu'à l'école d'industrie et des armes sont retrouvées.

Fin mai, les membres du groupe sont envoyés à Paris à la prison du Cherche Midi, en application du décret "Nacht und Nebel", "NN" ("Nuit et Brouillard"), du 7 décembre 1941. Les six Rennais sont déportés, le 4 juin 1942 vers l'Allemagne. Ils font partie du premier convoi de déportés d'Ille-et-Vilaine et le troisième convoi de France. Pascal Lafaye, qui n'a pas encore 15 ans, doit être le plus jeune déporté "NN" d'Europe Occidentale. Le 5 juin 1942, ils arrivent au camp spécial de la Gestapo à Hinzert en Rhénanie. Le 10 janvier 1944, à Breslau, Guy Faisant, ses camarades, comparaissent devant le Sonder-Gericht (Tribunal Spécial), où les armes retrouvées au domicile de ces derniers sont présentées comme pièces à conviction. Tous sont condamnés aux travaux forcés, sauf Marie Lafaye qui est condamnée à la réclusion et meurt à Ravensbrück. Les six Rennais sont envoyés dans une prison atelier de Schweidnitz, où ils doivent fabriquer des pièces. Le plus jeune, Pascal Lafaye, n'ayant pas d'expérience est dirigé au Camp de Mittelbau, bientôt rejoint par Jacques Tarrière qui après une tentative d'évasion est repris et envoyé dans le même camp. Il y meurt d'épuisement le 1er mars 1945 et Pascal Lafaye meurt pendant le bombardement du camp le 8 avril 1945.

Pendant l'avancée de l'armée soviétique, Guy et ses camarades sont transférés à pied sur 60 kilomètres, par –25 degrés, à Hirschberg, dépendant du camp de concentration de Gross-Rosen. Ils seront libérés le 8 mai 1945 par les Soviétiques.

 
Guy Faisant

Guy rentre à Rennes, le 10 juin 1945. Le groupe de collégiens de l'École d'Industrie sera incorporé aux Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.), Guy Faisant sera homologué sergent FFI. Grand invalide de guerre, il se remet physiquement au bout d'un an pendant lequel il suit des cours du soir à l'École des Beaux-Arts pour passer un examen de dessinateur. Le 1er juin 1946, il entre comme dessinateur à l'Intendance Militaire. En 1948, Guy épouse Jeannine et ils auront deux enfants et six petits-enfants. Il passe un concours d'entrée aux Ponts et Chaussées en 1954. En tant qu'ancien déporté, Guy peut prétendre à une retraite anticipée et quitte ce qui est devenu, entre temps, la Direction Départementale de l'Équipement (D.D.E.) le 23 octobre 1980. Il peut alors consacrer plus de temps à deux activités : les Hospitaliers Sauveteurs Bretons (H.S.B.) et la défense des intérêts moraux et matériels des anciens résistants et déportés. Pour la défense de ses anciens camarades de déportation, il s'investit dans différents comités. Guy devient le président de la section rennaise de la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (F.N.D.I.R.P.). Au sein du Comité de Coordination du Mouvement de Résistance (C.C.M.R.), sous la présidence de Marcel Viaud, il devient secrétaire du Comité.

Guy Faisant adhère à l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (A.N.A.C.R.) depuis son origine, et en fut président départemental à partir de 2002. Privé de la parole, il se faisait un devoir de participer à toutes les grandes manifestations mémorielles. Il décède à 93 ans.


Décorations civiles et militaires :

Médaille d'or des H.S.B., Médaille de la reconnaissance de la S.N.S.M., Médaille d'or de la Jeunesse et des Sports, Médaille d'Honneur de Société et Encouragement au bien, Médaille de Combattant Volontaire de la Résistance, Médaille de Déporté Résistant, Médaille Militaire, Croix de Guerre, Officier de la Légion d'Honneur.

Liens externes

lien:http://falcya.free.fr/resistants/faisant/index.html

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 08:39
1939-2019:  Il y a 80 ans, la Retirada, l'exil de 500 000 républicains espagnols en France (L'Humanité, Jean Ortiz et Cathy Dos Santos, 6 février 2019)
La Retirada, un traumatisme au long cours
Mercredi, 6 Février, 2019

L’universitaire Jean Ortiz nous livre le témoignage de son père, Enrique, contraint, comme des millions d’Espagnols, à l’exil en France. Républicain, antifasciste, il a transmis le flambeau des combats qu’il a porté au nom d’un nécessaire travail de mémoire.

Enrique Ortiz Milla, placé à 10 ans chez un grand propriétaire terrien « manchego », a vite fait la différence entre une société quasiment féodale et une République prometteuse. Adolescent, il s’engagea naturellement pour défendre sa République. Il était intarissable, préférant le « nous » au « je » : « Nous sommes passés en France par la montagne, le 13 février 1939, par Prat-de-Mollo, de nuit. Une mère était tombée dans un précipice, et nous n’avons pas pu la secourir. » C’est ça, la Retirada, l’un des plus grands exodes du XXe siècle. Hitler et Mussolini exultent. La stratégie fallacieuse des démocraties occidentales, dite de « l’apaisement », de la « non-intervention », visait en fait à étrangler la jeune République espagnole. Du 28 janvier au 13 février 1939, plus de 450 000 républicains espagnols sont jetés sur les routes, après la chute de Barcelone, désormais aux mains des franquistes. De déchirantes colonnes de familles souvent séparées fuient l’avancée des troupes franquistes, qui procèdent comme elles le font partout : répandre la terreur.

« Les sommets, les chemins, étaient enneigés. Nos chaussures avaient gelé. À la frontière, nous pouvions à peine marcher. Des brutes uniformées nous dépouillèrent du peu que nous avions sur nous. » Les réfugiés avançaient comme des moutons poussés par des chiens. Certains marchaient depuis Barcelone, baluchon sur le dos, bombardés par l’aviation nazie. Ce désastre, Paris et Londres s’en frottent hypocritement les mains. Elles ont opté délibérément pour l’indignité, contre les « rouges front-populistes ». La France n’est pas dépassée ; elle a choisi l’accueil indigne, policier, humiliant.

La défaite de la République, beaucoup, par intérêt de classe, la voulaient ; la France était même pressée d’envoyer un ambassadeur à Burgos, auprès des putschistes. Elle y délègue le sénateur Léon Bérard pour préparer la reconnaissance de Franco. Ce dernier refusa les propositions de « paix » faites par la « Junte de Casado », très anticommuniste, qui fit un coup d’État à Madrid en mars 1939, contre son propre camp. Franco exigeait une reddition inconditionnelle. Le correspondant du Times L. Fernsworth écrivait « de bout en bout de Pyrénées », des « hordes d’Espagnols » ; chacun porte une tragédie intime. Seule une partie de la société française se montre solidaire : syndicats, municipalités rouges, comités anarchistes, Parti communiste français…

Parmi les combattants réfugiés, nombreux sont ceux qui ne s’avouent pas battus. Le gouvernement français empêche le retour de Toulouse, Perpignan, à la zone centre-sud espagnole, encore contrôlée par les républicains. La première réaction du trio Daladier, Sarraut, Bonnet fut de renvoyer ces « indésirables » vers l’Espagne des prisons et des cimetières. Beaucoup tombèrent dans le piège. D’autres furent rapatriés de force, avant de choisir une autre stratégie : utiliser les républicains comme main-d’œuvre quasi esclave dans les départements « d’accueil ».

« Nous étions des “étrangers dangereux”, “subversifs”, “indésirables” »

La Retirada demeure un moment fondateur, un traumatisme encore bien vivant, pour des milliers de descendants de réfugiés républicains. Cet exil « rouge » fut très politique. « Moi, je n’avais pas l’intention de me réfugier en France. Le parti nous incitait à rejoindre la zone espagnole centre-sud, encore aux mains des nôtres, pour y continuer la lutte. » Juan Negrin, le chef du gouvernement de la Seconde République espagnole, voulait résister « jusqu’au bout » afin de pouvoir évacuer un maximum de républicains, et d’arracher les conditions d’une paix la moins sanglante possible. Mais Franco ne raisonnait qu’en termes d’holocauste. Le 9 février, il ratifia la « loi de responsabilités politiques », qui criminalise chaque républicain, y compris rétrospectivement. « À la frontière, les militaires et gendarmes français nous bousculaient et criaient : “Allez, allez, plus vite.” Avec la volonté de nous humilier. Toute ma vie, j’ai porté en moi cette image de la France de classe, des riches… haineux des “rouges” que nous étions. Ils nous traitaient comme du bétail. Enfin, depuis le décret de novembre 1938 du gouvernement de “centre gauche” du radical Daladier, nous étions des “étrangers dangereux”, “subversifs”, “indésirables”. Une nouvelle marche nous amena jusqu’aux plages du Roussillon, transformées en “camps du mépris”. » Un univers de sable et de barbelés. À Argelès, le 6 mars 1939, s’entassaient 87 000 personnes, parquées, surveillées par des militaires, des tirailleurs sénégalais, des spahis ; ces troupes coloniales, les Espagnols les assimilèrent aux sadiques « Maures » des troupes franquistes. « Moi, j’ai rejoint le “camp de concentration” de Barcarès. Par un hiver glacial, nous dormions au début à même le sable, et nous buvions de l’eau saumâtre. Ensuite, nous avons nous-mêmes construit nos baraques. On nous donnait un pain d’un kilo pour 24 personnes. Tous les matins, un camion bâché passait ramasser les morts de la nuit. »

J’ai hérité de la besace que mon père, Enrique, a trimballée d’un combat antifasciste à l’autre. J’y ai trouvé ses adresses : « Camp de Barcarès, îlot J, baraque 25 », et « Argelès-sur-Mer, camp n° 7, baraque 182, P.O. ». Et un « cahier de Barcarès », avec des notes, des exercices de mathématique, des poésies… Dans les camps, les différents partis se réorganisèrent clandestinement, en même temps que s’aiguisèrent leurs affrontements. La première résistance fut culturelle. Les camps ont été pour mon père, comme pour la plupart, des universités.

Jean Ortiz

Maître de conférences émérite à l’université de Pau

Histoire. La Retirada, ce douloureux exil des Espagnols en France
Mercredi, 6 Février, 2019

Le 26 janvier 1939, l’arrivée des franquistes dans Barcelone contraint 500 000 personnes à l’exode. Ils traversent alors la frontière française pour éviter la répression. Paris piétine les principes universels, en leur réservant un accueil indigne.

À pied ou en camion, emmitouflés dans des couvertures ou dans de longs manteaux, ils seront près de 500 000 femmes, enfants, vieillards puis, plus tard, miliciens de l’armée républicaine espagnole à franchir les cols enneigés des Pyrénées. L’arrivée des troupes conduites par le général Franco, le 26 janvier 1939, à Barcelone, jette sur les routes ces acteurs et défenseurs du Front populaire, contraints de fuir l’Espagne et la terrible répression exercée par les franquistes.

La Retirada (la retraite) est considérée comme l’un des exodes les plus massifs de l’histoire contemporaine espagnole. Dans un dénuement le plus total, assaillies par le froid, la faim et la peur, en moins de quinze jours, un demi-million de personnes se pressent à la frontière française dans l’espoir d’y trouver refuge après trois années de guerre, de privations et d’exactions. Paris, qui craint d’être submergé par des éléments jugés subversifs, n’autorise l’ouverture de ses frontières que le 28 janvier. Ce n’est que le 5 février que le gouvernement d’Édouard Daladier ouvre la voie aux combattants républicains, pourtant sous les feux franquistes et de l’aviation italienne. Cerbère, Le Perthus ou encore Prats-de-Mollo sont pris d’assaut. Le pays des droits de l’homme, la République amie, ne tient pas ses promesses. Avant même la chute de Barcelone, ces femmes et ces hommes sont considérés comme des indésirables par les autorités françaises. Un deuxième coup de poignard, en somme, après avoir décrété la non-intervention en août 1936 qui livrera à leur sort les progressistes espagnols.

« Une République des travailleurs de toutes conditions »

C’est pourtant sur cette terre d’Espagne que se nouent les espoirs et les tragédies de l’Europe du XXe siècle. Après des années de révoltes populaires et de conflits face à un pouvoir rétrograde et conservateur, la Seconde République est proclamée le 14 avril 1931. Un séisme politique sans précédent. La nouvelle Constitution instaure « une République des travailleurs de toutes conditions ». Outre le droit de vote accordé aux femmes, elle affiche des ambitions inédites en matière de protection sociale comme autant de ruptures révolutionnaires dans les domaines de la santé, de l’éducation publique ou encore du logement. Le Texte fondamental s’attaque aux latifundistes avec une réforme agraire sans précédent. Il ose la laïcité dans un pays où l’Église catholique est omnipuissance. L’alphabétisation sera le moteur de cette nouvelle Espagne qui entend désormais se débarrasser de l’ignorance et des obscurantismes séculaires. Mais l’avant-gardisme de ses réformes se heurte aux forces de la réaction en Espagne comme dans le reste de l’Europe déjà rongé par les fascismes. En 1933, la coalition des droites l’emporte aux élections générales. Les tergiversations et contradictions qui étreignent la gauche ne sont pas étrangères à sa défaite. Désormais au pouvoir, la Ceda cherche à dépecer le vaste programme de réformes encore balbutiantes avec l’aide du clergé, de l’oligarchie et de l’armée. La grève générale d’octobre 1934 est férocement réprimée par un certain général Franco. Pourtant, deux ans plus tard, le Front populaire s’impose aux législatives de février 1936.

Trois longues années meurtrières qui divisent le pays et l’Europe

Durant les six premiers mois de gouvernance, il tente de réactiver ses politiques sociales en faveur des ouvriers et des paysans ouvriers. Mais, dès la victoire des progressistes, l’armée conspire. Gradés, élites et Église sont du complot. L’extrême droite se charge d’insuffler un climat de terreur. Le 17 juillet, le signal est donné. Des généraux se soulèvent dans les garnisons des îles Canaries et Baléares, ainsi que dans les enclaves espagnoles au Maroc pour renverser la jeune République. Le 18 juillet, le coup d’État militaire se répercute dans la péninsule. Démarre alors une guerre terrible qui va durer trois longues années. Trois longues années meurtrières qui divisent le pays et l’Europe, une vaste répétition de ce qui allait advenir.

En France, le gouvernement fait le choix de la « non-intervention », ainsi que l’exécutif conservateur anglais. L’URSS se range aux côtés de la République, tandis que l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste prêtent main-forte aux nationalistes. Les pilotes de la légion Condor procèdent aux tout premiers bombardements de populations civiles, dont l’un des plus tragiques épisodes a lieu en 1937, dans le village basque de Guernica. Le camp républicain tient grâce à l’extraordinaire élan de solidarité internationale. L’un des plus beaux chapitres a été rédigé par ces 35 000 femmes et hommes qui ont livré bataille aux côtés des républicains au sein des Brigades internationales, faisant preuve d’un courage et d’une clairvoyance sans pareils.

Dans les zones qui tombent aux mains des franquistes, la vengeance est sauvage. Les paseos des opposants et de leurs proches, ces promenades orchestrées par les militaires et les militants de la Phalange, s’achèvent dans le sang. Encore aujourd’hui, 100 000 cadavres pourrissent dans des fosses communes. Avant même l’offensive finale contre Madrid « l’héroïque », pour nombre d’Espagnols il n’y a plus de choix : il faut partir.

Malgré la défaite, l’humiliation, les républicains s’organisent et résistent

Cet exil se transforme très vite en un nouveau cauchemar. Les points de passage militarisés aux frontières françaises donnent lieu à des fouilles dégradantes, insultantes. La plupart des femmes, des enfants et des anciens sont dispersés dans plus de 70 départements. Les structures d’hébergement sont précaires mais la solidarité des habitants, celle des militants communistes, des démocrates, améliore un quotidien douloureux. Dans les zones frontalières, en revanche, le dénuement est grand. On parque les combattants désarmés dans des camps d’internement, de concentration qu’ils doivent parfois eux-mêmes bâtir. Les conditions de vie sont inhumaines. À Argelès-sur-Mer, Barcarès et Saint-Cyprien, on dort dans des trous creusés à même le sable. Le froid glacial, la famine et la vermine n’épargnent personne. D’autres encore sont placés à l’isolement, sans aucun autre jugement, dans des camps disciplinaires tels Collioure ou Le Vernet dans l’Ariège. Septfonds, Rieucros, Bram, Agde sont de ce dispositif qui fait honte aux autorités françaises. Ou encore le camp de « Gurs, une drôle de syllabe, comme un sanglot qui ne sort pas de la gorge », écrira Louis Aragon. Paris trébuche sur les principes universels : des Espagnols seront renvoyés de force vers leur pays d’origine où la mort les attend. Dès le mois d’avril 1939, par un décret-loi, des milliers d’Espagnols sont embrigadés dans les compagnies de travailleurs étrangers pour fortifier les frontières. Le premier convoi de déportés vers l’Allemagne quitte Angoulême pour le camp de Mauthausen, en Autriche, le 20 août 1940, avec 900 républicains espagnols. D’autres sont déportés dans des camps en Afrique du Nord et livrés aux nazis.

Malgré la défaite, l’humiliation, les républicains s’organisent et résistent. Certains rejoignent le maquis et entrent dans la Résistance. Lors de la libération de Paris, les premiers chars qui pénètrent dans la capitale portent les noms des grandes batailles d’Espagne. Le gouvernement de la République espagnole est en exil. Ses acteurs sont persuadés que les démocraties, libérées de la bête immonde, leur viendront en aide pour déloger le dictateur Franco. Il n’en sera rien. Troisième coup de poignard. Sur les 240 000 Espagnols qui resteront en France, 40 % sont des exilés républicains. Ils ne renonceront jamais à leur idéal, qu’ils transmettront sans répit. Un idéal qui leur survivra.

Cathy Dos Santos
1939-2019:  Il y a 80 ans, la Retirada, l'exil de 500 000 républicains espagnols en France (L'Humanité, Jean Ortiz et Cathy Dos Santos, 6 février 2019)
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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 08:11
Alain Mila, professeur d'histoire, écrivain, petit-fils d'un enfant réfugié espagnol accueilli au Guilvinec après la Retirada, invité du PCF Quimper le mercredi 27 février aux Halles Saint François, 18h
Alain Mila, professeur d'histoire, écrivain, petit-fils d'un enfant réfugié espagnol accueilli au Guilvinec après la Retirada, invité du PCF Quimper le mercredi 27 février aux Halles Saint François, 18h

Retrouvez Alain Mila, professeur d'histoire, écrivain tarbais, auteur d'"Une enfance retrouvée" sur l'histoire de son grand-père, d'une famille de républicain espagnol victime de la répression fasciste, accueilli par des communistes au Guilvinec, autour d'une conférence/dédicace à la Halle St-François à #Quimper, MERCREDI 27 février à 18h sur l'accueil des espagnols en 1939 dans le Finistère (et réfugiés d'aujourd'hui) à l'initiative du PCF Finistère. Je vous rappelle que mes droits d'auteurs des ouvrages vendus à cette occasion vont en totalité à la station de sauvetage en mer SNSM du Guilvinec.

Alain Mila, professeur d'histoire, écrivain, petit-fils d'un enfant réfugié espagnol accueilli au Guilvinec après la Retirada, invité du PCF Quimper le mercredi 27 février aux Halles Saint François, 18h
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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 08:03
En soutien au journal L’Humanité, par Nadir Dendoune.

En soutien au journal L’Humanité, par Nadir Dendoune.

Nadir Dendoune, né le à Saint-Denis, est un journaliste et un écrivain. Il est l'auteur de Journal de guerre d'un pacifiste, de Lettre ouverte à un fils d'immigré et d’Un tocard sur le toit du monde.

« Gamin, je ne lisais quasiment pas. Pas parce que je n'aimais pas ça mais parce que mes copains ne lisaient pas non plus et à 13 ans, faire partie du groupe majoritaire c'était presque une question de survie. Le seul truc qu'il m'arrivait de feuilleter de temps à autre c'était le journal l'Humanité. Au début, un peu par hasard, je l'avoue. Les militants, des prolos comme mes vieux, qui vivaient à la cité, venaient frapper aux portes pour nous vendre le quotidien communiste. Ma mère n'était pas friquée, elle avait d'autres priorités que de se payer un canard en papier, mais pour ne pas dire non tout le temps et se foutre la honte, sous pression, il lui arrivait de l'acheter. Elle n'a jamais su lire alors elle le laissait traîner sur la table du salon quelques jours puis s'en servait pour emballer les épluchures de ses légumes. Un soir, installé dans sa cuisine, je la regardais faire la popotte, l'Huma posé à ses côtés grand ouvert, une photo de Feu Yasser Arafat remplissait la moitié de la page.
Je ne connaissais pas son blaze mais son visage ne m'était pas inconnu. La veille, j'avais vu de la fierté dans les yeux de mon papa quand l'ancien dirigeant palestinien était apparu au JT. Le daron avait crié "C'est un grand homme cet Arafat !". Curieux d'en savoir un peu plus sur ce personnage qui mettait mon papa dans tous ses états, j'ai saisi le journal et j'ai commencé à lire. Ma mère voulait déjà le récupérer pour emballer les épluchures de ses légumes mais pour l'amour de son fils, elle a su attendre un peu. Dès les premières lignes, j'avais du mal : c'était écrit en minuscule et les phrases duraient des kilomètres. C'était bien la première fois que j'entendais parler de la Palestine. Avec le temps et la patience avec moi-même, j'ai commencé à prendre du plaisir à lire L'Huma. Il m'a permis d'ouvrir les yeux sur beaucoup de choses. Fils de prolo, j'y ai toujours trouvé mon compte. Il est l'un des rares journaux à encore parler de la classe ouvrière, à faire des papiers sur les usines qui ferment, à relayer les luttes syndicales. Sur l'international, le quotidien est nickel chrome, toujours du côté des opprimés. Il y a quelques jours, j'ai entendu ce vieillard qui était interviewé à la radio. Il racontait qu'il distribuait l'Huma depuis 1962 ! Il disait aussi qu'il n'avait jamais fait d'études mais que grâce à ce journal, il s'était bâti une culture générale, politique et internationale. La classe !
Aujourd'hui, l'Humanité, créé par l'immense Jean Jaurès, pourtant certifié quotidien national depuis 115 ans, est menacé de disparaître. Pour qu'il garde son indépendance, pour la pluralité des points de vue, nous devons tous l'aider. Il y a urgence. Demain, il sera trop tard. »

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 07:51
Mary Lou Mac Donald, dirigeante du Sinn Féin

Mary Lou Mac Donald, dirigeante du Sinn Féin

Brexit : « Un référendum sur la réunification de l’Irlande est posé »
Jeudi, 7 Février, 2019

La décision de Theresa May de renégocier le « filet de sécurité » sur l’Irlande (« backstop ») pour disposer d’une majorité parlementaire sur l’accord de Brexit avec l’UE a provoqué la colère des Irlandais. Mary Lou McDonald, leader du Sinn Féin, explique tous les dangers d’une frontière physique en Irlande. entre les Irlande.

La présidente du Sinn Féin (parti républicain irlandais, gauche), Mary Lou McDonald, dénonce le non-respect des négociations et de l’accord sur le Brexit par la première ministre britannique, Theresa May : la décision du Parlement et du gouvernement de renégocier la clause dite « backstop ». Une clause qui permet de conserver ouverte aux biens et aux personnes la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord. Cette dernière resterait ainsi alignée sur les normes européennes pour éviter de remettre en place les contrôles des biens avec la République d’Irlande. De fait cette clause respecte l’accord du Vendredi saint conclu entre le Royaume-Uni et l’Irlande en 1998, qui a mis fin à trente ans de violences en Irlande du Nord, et a permis de supprimer les contrôles le long des 500 km de frontière entre la province britannique et la République d’Irlande. Seul parti politique présent à la fois en République d’Irlande et en Irlande du Nord, le Sinn Féin appelle désormais à un référendum sur la réunification.

Comment réagissez-vous après le vote britannique d’aboutir à un accord de sortie avec l’Union européenne si la question de l’Irlande était modifiée ?

C’est clairement une mauvaise chose. Theresa May comprend parfaitement pourquoi un protocole sur l’Irlande est nécessaire avec le backstop. Cette clause dite de sauvegarde doit empêcher le rétablissement d’une frontière physique entre les deux Irlandes (République d’Irlande et l’Irlande du Nord), lorsque le Royaume-Uni quittera l’Union européenne, le 29 mars. Theresa May sait que le backstop représente le strict minimum de ce qu’on demande pour protéger l’Irlande, nos intérêts économiques, le commerce irlandais, nos droits, l’unité de l’île…

Mais le plus important, c’est le maintien des accords du Vendredi saint signés. Je pense que l’action des tories (conservateurs), des « brexiter » et de Theresa May est un acte d’agression contre l’Irlande. C’est une agression calculée étant donné la position qu’ils ont prise. C’est scandaleux que le Parlement britannique torpille un accord négocié depuis des mois et se désiste de ses engagements. Il est évident que nous ne tolérerons pas, ni les Irlandais, la remise en cause des accords du Vendredi saint. Le non-respect du processus de paix et des frontières est inconcevable. Nous l’avons expliqué à plusieurs reprises au cours des négociations à Theresa May et au gouvernement britannique. Je la rencontrerai bientôt pour lui réexpliquer notre position.

Quelle a été la réaction des Irlandais ?

Cela a provoqué une immense colère au sein de la population. Les citoyens et le Sinn Féin ne veulent pas être les victimes collatérales du Brexit pour le plaisir des conservateurs britanniques. Remettre en cause un accord négocié durant des années et présenter des « arrangements alternatifs » au backstop n’est ni sérieux ni réaliste. Ils ont déjà été rejetés car impossibles à mettre en place. Et nous les avions déjà jugés irréalisables, avec d’autres propositions, comme celle d’une limite temporaire pour le backstop qui apparaissait contradictoire avec l’idée même de backstop.

Ce protocole sur l’Irlande n’a pas été imposé au gouvernement britannique, il est issu des négociations menées conjointement avec l’Europe. Theresa May et ses ministres ont pleinement participé à l’élaboration de cet accord ces deux dernières années. La solution du backstop a été réalisée communément pour éviter le pire.

Le Brexit devient une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Les critiques à l’égard du projet européen sont largement fondées. La construction européenne apparaît perdue car aucun projet véritable ne se dégage. Mais ce divorce n’est pas une bonne réponse. Les conservateurs ne souhaitent que démontrer leur arrogance et appliquer leur agenda négatif pour l’Irlande. On le constate dans les médias britanniques qui parlent d’une grande victoire de Theresa May alors qu’elle risque de faire sauter des accords de paix historiques. Ils parlent de victoire alors que l’essentiel de son Parlement a voté contre le texte initial et le modifie pour retirer un des éléments qui avaient été négociés durant des mois avec plusieurs acteurs…

Pensez-vous que ce projet de Theresa May peut amener une nouvelle frontière physique et déboucher sur de fortes tensions ?

C’est le véritable danger qui découle de ce vote. Et c’est bien pour éviter cela que nous avions proposé, étant donné les circonstances, de ne pas limiter le backstop. Il s’agit d’une question centrale. Nous ne pouvons ni ne devons aboutir à une frontière en Irlande. Nous ne le tolérons pas. Les Irlandais ne l’accepteront pas. Tous se considèrent comme un seul peuple. Bien évidemment que, dans la perspective d’un Brexit dur ou d’un Brexit désordonné, la question d’une frontière va se poser. Mais elle s’oppose aux accords du Vendredi saint qui prévoient un référendum sur l’unité de l’Irlande. Et j’ai été très claire avec Theresa May : si elle insiste pour aller vers un no deal ou un hard deal et donc l’instauration d’une frontière en Irlande, nous appliquerons les accords du Vendredi saint, qui prévoient l’organisation d’un référendum sur la question de la frontière. Si les partis politiques et les élus n’arrivent pas à régler cette question, il est prévu que les citoyens tranchent une fois pour toutes sur leur unité et l’indépendance de l’Irlande.

Le Sinn Féin propose un statut spécial pour le Nord dans le cadre de l’Union européenne. Qu’en est-il ?

Depuis le début, nous avons correctement analysé les divers problèmes que soulevait le Brexit. Nous pensions donc qu’il faudrait un arrangement spécial pour protéger le nord de l’Irlande, pour protéger les accords du Vendredi saint et reconnaître de fait que les citoyens irlandais et les citoyens européens vivant en Irlande ne pourraient pas être dépossédés de leurs droits. Le Brexit ne peut pas remettre en cause les droits sociaux. Ce statut spécial prévoit qu’il faut reconnaître le cas particulier de l’Irlande dans le Brexit. Nous étions le premier parti politique à défendre cette autorisation spéciale devant le Parlement, il y a plusieurs années. Je suis fière de voir qu’aujourd’hui, avec le temps, nos idées se sont imposées. Désormais, tout le monde évoque un statut spécial pour l’Irlande et la question irlandaise a été mise sur le devant de la scène. Au niveau des négociations européennes, tous les partis ont soutenu une autorisation spéciale, d’où la création du backstop.

L’Union européenne vous apporte-t-elle pleinement son soutien ?

Elle témoigne de sa solidarité avec un partenaire européen qui subit les effets du Brexit. C’est aussi un appui pragmatique, car la question de la frontière n’est pas seulement un problème irlandais, mais européen. Il s’agit d’une frontière européenne qui impacte le marché commun, l’union douanière, les règles européennes (sanitaires, fiscales, environnementales, sociales…).

Mary Lou Mc Donald, présidente du Sinn Féin (parti républicain de la gauche irlandaise) à l'Humanité, 7 février: nous appelons à un référendum sur la réunification de l'Irlande
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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 07:45
Les libertés en veilleuse - Patrick Le Hyaric, L'Humanité
Les libertés en veilleuse
Jeudi, 7 Février, 2019

L'éditorial de Patrcik Le Hyaric. L’État mute peu à peu en force de coercition, jouant sa légitimité à travers le recours à la force, en asséchant le débat démocratique. 

Plus de 2 000 personnes ont été blessées par les forces de l’ordre depuis le début du mouvement des gilets jaunes. Quatre-vingt-treize l’ont été gravement. Certaines se sont vues amputées d’un membre et treize ont perdu un œil. Les traumas crâniens, les visages défigurés s’ajoutent à ce sinistre recensement. Jamais, depuis la fin de la guerre d’Algérie, les forces de sécurité publique ne se sont autant compromises dans la violence envers leur propre population. Les lanceurs de balles de défense, qui ne sont utilisées par aucune autre police européenne, doivent impérativement être interdits comme le réclament de concert les parlementaires de gauche et des personnalités qui font autorité en la matière comme Alain Bauer.

Samedi dernier, les manifestants ont défilé en nombre pour exprimer leur solidarité avec toutes les personnes blessées, et leur colère face à une stratégie de maintien de l’ordre qui confine à la provocation en se substituant aux réponses politiques qu’appelle un mouvement de cette envergure et de cette durée. L’écrasante majorité des blessés ne faisaient aucunement partie des petits groupes de casseurs professionnels, connus des services de police et de renseignements.

Incontestablement, le macronisme enfile les vieux habits du parti de l’ordre. Celui qui, de tout temps, instille les désordres économiques et sociaux, et verrouille l’expression populaire, attisant ainsi la violence qui justifie le durcissement des méthodes de maintien de l’ordre. La méthode est rodée ! Voilà désormais que le gouvernement fait voter une énième loi sécuritaire, proposée par la droite et applaudie par l’extrême droite, qui écorne une nouvelle fois les libertés démocratiques. C’est désormais le droit constitutionnel de manifester qui se trouve mis en cause, soumis à une autorité administrative, en l’occurrence les préfets, au détriment de l’autorité judiciaire, sur simple suspicion, en contravention avec les conventions internationales et la Constitution. Nous devons nous demander, comme l’a courageusement fait un député centriste au Parlement, quel usage en ferait une force d’extrême droite…

S’ajoute à cela la connivence, chaque jour plus évidente, entre l’autorité politique et judiciaire qui pousse à des gardes à vue excessives dans un objectif d’intimidation, ou encore à des arrestations préventives souvent sans fondement. Le droit commun est peu à peu infecté par des mesures d’urgence. Serions-nous dans une situation permanente d’urgence ? D’urgence sociale, certainement, qui trouve face à elle l’éternelle matraque ! Évidemment, tout cela concourt à réprimer dans l’œuf tout mouvement de contestation d’un ordre établi qui ne trouve plus d’approbation majoritaire, mais au contraire une contestation parfois confuse mais déterminée au sein des classes populaires du pays.

Cette dérive sécuritaire est l’un des aspects de la dérive autoritaire de ce gouvernement dont les causes sont intimement liées à sa politique tout au service de la minorité d’accapareurs capitalistes. Elle ne peut être séparée de l’avilissement du Parlement, ramené au rang de caisse enregistreuse des directives d’un exécutif hypertrophié qui use de toutes les ficelles institutionnelles pour écraser toute résistance à l’agenda ultralibéral imposé à la nation.

Tout cela démontre la faiblesse intrinsèque des gouvernements qui se réclament du consensus libéral. Consensus pour brouiller jusqu’à le détruire le clivage entre la droite et la gauche, mais surtout consensus sans consentement d’une majorité de citoyens, des travailleurs, ouvriers ou employés. L’État mute peu à peu en force de coercition, jouant sa légitimité à travers le recours à la force, en asséchant le débat démocratique. Un État qui se délégitime aux yeux des classes populaires en bradant tous les actifs publics pour doper la folle machine capitaliste ou en mettant en œuvre des politiques antisociales.

Le mouvement social et ouvrier a su, à de nombreuses reprises, se lever pour la défense des libertés démocratiques, le droit de manifestation, la stricte séparation des pouvoirs. Il les a même suscités. Ce sera, aujourd’hui comme demain, encore et toujours, notre devoir.

Patrick Le Hyaric avec Glenn Le Saoût, deux candidats bretons aux européennes du PCF (Patrick Le Hyaric est n°3 sur la liste de Ian Brossat et député européen sortant), en débat sur l'Europe et les services publics à Carhaix - 2018

Patrick Le Hyaric avec Glenn Le Saoût, deux candidats bretons aux européennes du PCF (Patrick Le Hyaric est n°3 sur la liste de Ian Brossat et député européen sortant), en débat sur l'Europe et les services publics à Carhaix - 2018

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 07:22

Loi anti-casseurs. Le Feur s'explique, le PCF dénonce.

La loi dite "anti-casseurs" a été votée, cette semaine, par l'Assemblée Nationale. La députée de la quatrième circonscription, Sandrine Le Feur (LREM), s'est expliqué dans un communiqué sur son vote favorable à cette loi.

"Avec l'interdiction administrative de manifester pour les personnes dont la participation à une manifestation constitue un risque d'une particulière gravité pour l'ordre public, avec l'inscription au fichier des personnes recherchées de ces casseurs ayant commis des actes délictuels à l'occasion de précédentes manifestations, nous pourrons enfin tenir à distance les fauteurs de trouble", écrit la députée. L'élue de poursuivre: "Ces mesures de prévention me semblent de bon sens. Lorsque Morlaix se transforme en ville morte un jour de marché, il me semble urgent de légiférer pour prévenir les violences et sanctionner leurs auteurs. Il est évident que la loi ne vise pas à empêcher les manifestations, mais bien à renforcer la liberté de manifester, par un régime simplifié de déclaration".

Pour le PCF (Parti communiste), "ce sont que les députés comme Sandrine Le Feur ont osé voter restera à tout jamais comme une tache indélébile dans notre histoire républicaine. Ces dispositions vont dans le sens d'une restriction des libertés publiques et du droit de manifester. Dans un contexte de fortes mobilisations violemment réprimées, de grand débat vérrouillé, cette loi est une indication supplémentaire de la dérive antidémocratique et répressive du pouvoir macronien. Face à une contestation grandissante de sa politique antisociale, des injustices criantes qu'elle génère, le gouvernement, au lieu de répondre à la colère des Français, veut mettre l'éteignoir". Le parti de préciser: "Loin de nous l'idée de vouloir épargner les casseurs, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici. Au moment où les blessés graves dus aux forces de l'ordre se comptent par centaines, ce que tente le pouvoir avec cette loi est de dissuader de manifester"    

Loi anti-casseurs. Le Feur s'explique, le PCF dénonce (Le Télégramme, 9 février 2019)
Loi anti-casseurs. Le Feur s'explique, le PCF dénonce (Le Télégramme, 9 février 2019)

Interdiction de lanceurs de balle de défense dans le cadre du maintien de l’ordre

 

Christine PRUNAUD

 

Sénatrice  des côtes d’Armor

GROUPE COMMUNISTE, REPUBLICAIN ET CITOYEN

Commission des affaires étrangères Et de la défense

Membre de la Délégation aux Droits des Femmes

 

Mme Christine Prunaud attire l'attention de M le Ministre de l’Intérieur sur l’interdiction de certaines armes utilisées dans le cadre du maintien de l’ordre.

En effet, de plus en plus de signalements pour violences policières présumées sont effectuées auprès de l’inspection générale de la police nationale. Les griefs portent notamment sur l’utilisation de lanceurs de balle de défense LBD40 ou des grenades GLI-F4.

Ces armes provoquent de graves blessures pour les personnes visées, de la simple contusion, à la perte d’un membre, d’un œil, voire plus grave au comas et au décès.

Elle lui rappelle que notre pays est le seul à en être doté au sein de l’Union Européenne. De plus, le Défenseur des Droits, l’ONU, l’Union Européenne et de nombreuses associations jugent ces armes extrêmement dangereuses et appellent à leur interdiction.

Pour ces raisons, elle lui demande s’il entend interdire l’utilisation de ces armes par les forces de l’ordre, lors des manifestations.

 

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 06:52
Résistance bretonne: Stephanie Trouillard en dédicace pour Mon oncle de l'ombre le 22 et le 23 février 2019 à Dialogues Brest et Dialogues Morlaix

Stephanie Trouillard, l'auteur de "Mon oncle de l'ombre" sur son oncle résistant du maquis de St Marcel chez Skol Vreizh sera en dédicace dans le Finistère le: 

vendredi 22 février : rencontre/dédicace à la librairie Dialogues de Brest (29) à 18h

samedi 23 février: dédicace à la librairie Dialogues de Morlaix (29) à partir de 10h30

Par Catherine Lozach - le Télégramme, 2 janvier 2019

Le 9 février 2019 aux Invalides à Paris, trois enfants recevront la médaille de la Résistance française au nom de leur arrière-grand-oncle André Gondet. Une longue quête pour Stéphanie Trouillard qui rend sa place dans l’histoire et dans sa famille au jeune maquisard fusillé le 12 juillet 1944 à Kerihuel, en Plumelec (56).

En septembre 2018, Stéphanie Trouillard publie « Mon oncle de l’ombre. Enquête sur un maquisard breton ». La journaliste livre alors six ans d’enquête dans les pas d’André Gondet.

Dans la famille, ce grand-oncle n’est plus qu’un portrait. Son histoire tragique a imposé le silence, si bien que le jeune résistant breton est aux portes de l’oubli. Sur le terrain auprès des derniers témoins ou dans les archives, Stéphanie Trouillard retrouve patiemment une grande partie du puzzle des 23 ans de la vie de son grand-oncle. « En décembre 2015, je me suis renseignée auprès de l’Ordre de la Libération pour savoir s’il avait été décoré de la médaille de la Résistance », raconte la journaliste, passionnée d’histoire. Elle découvre alors qu’il avait bien sa carte de combattant volontaire de la résistance, mais pas de médaille. « Ils étaient surpris ».

 

Des demandes encore possibles

 

Trois de ses compagnons FFI, fusillés à ses côtés le 12 juillet 1944 à la ferme Gicquello de Plumelec, ont reçu cet hommage : Henri Louail, Emmanuel Le Breton et Georges Grillon. « Les familles avaient dû faire les démarches nécessaires dès les années 1960, mais à l’époque mes arrière-grands-parents étaient déjà décédés », explique Stéphanie Trouillard. Elle apprend alors qu’il est toujours possible de demander cette reconnaissance à titre posthume pour les personnes tuées pendant la guerre ou morts en déportation pour des faits de résistance. Elle dépose le dossier d’André Gondet début 2017 au bureau des décorations, émanation du ministère de la Défense.

Une cérémonie aux Invalides

 

La bonne nouvelle est venue en avril 2018 : par décret signé du président de la République, le jeune maquisard s’est vu attribuer la médaille de la Résistance française. Et Stéphanie Trouillard vient de l’apprendre : elle sera officiellement remise à la famille le 9 février 2019 aux Invalides, jour anniversaire de la création de cette distinction.

« Nous aurons d’abord une visite du musée de l’Ordre de la Libération », détaille la jeune femme. Deux autres visages de l’histoire de son grand-oncle y seront présents : Pierre Marienne et François Martin, parachutistes SAS et compagnons de la Libération, eux aussi tombés à Kerihuel. Puis ce sont les trois benjamins de la famille, de 4, 6 et 8 ans, qui recevront la médaille des mains d’un général. Toute la famille assistera ensuite à l’allumage de la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de triomphe.

 

Faire vivre la mémoire

 

« André Gondet a repris sa place dans notre famille et dans l’histoire. Il a aujourd’hui un chemin à son nom dans son village de Bohal (56). Cette cérémonie est une belle manière de conclure. Tout cela c’est pour lui, mais comme mon livre, c’est aussi pour tous les oubliés », souligne Stéphanie Trouillard, heureuse que les gens viennent la voir pour partager leur histoire, commencer des recherches et ouvrir le dialogue dans leur famille autour de ce sujet encore lourd. Mais peut-elle vraiment conclure ? Dans quelques mois, seront commémorés les 75 ans de la bataille du maquis de Saint-Marcel et du massacre de Kerihuel. « Les dernières cérémonies importantes avec les témoins encore vivants… » Elle y sera évidemment présente.


En savoir plus
Stéphanie Trouillard fera une conférence le samedi 12 janvier, à 15 h, à la médiathèque de Saint-Jean-Brévelay (56).
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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:59
Communication de L'Humanité par Patrick Le Hyaric - Grâce à nous, l'Humanité vivra!

Vous défendez le pluralisme de la presse, vous voulez assurer l'existence du quotidien de Jaurès, de la gauche sociale, qui couvre les luttes, et apporte une autre voix en matière internationale et culturelle, faites un don. L'Humanité est indispensable! L'Humanité est irremplaçable! L'Humanité est notre bien commun!

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Communication de l'Humanité
Jeudi, 7 Février, 2019

Par Patrick Le Hyaric.

Le Tribunal de commerce de Bobigny a décidé de placer l’Humanité en redressement judiciaire, assorti d’un plan de continuation, avec une période d’observation de six mois renouvelables.
 
Cette décision et la période de transition qui s’ouvre désormais doivent permettre, dans un premier temps, de consolider notre économie de court terme tout en travaillant à un projet de pérennisation de l’entreprise.
 
Celui-ci passe notamment par la poursuite de la campagne de dons et de souscription, par la promotion des contenus de nos journaux et une augmentation des lecteurs et abonnés à l’Humanité et l’Humanité-Dimanche
 
Nous remercions toutes celles et tous ceux qui se sont déjà inscrits de diverses manières dans la chaine de solidarité pour protéger l’Humanité. Plusieurs centaines de personnalités d’opinions diverses, de syndicalistes et de syndicats, d’associations, de créateurs, de penseurs, de journalistes, des parlementaires et responsables politiques, ont tenu à manifester leur solidarité par des messages de soutien ou des dons. Des centaines de lectrices et lecteurs ont apporté en quelques jours 700 000 euros en souscription populaire. 470 abonnements ont été réalisés en moins de 10 jours auxquels s’ajoutent les abonnements que réalisent des lectrices et lecteurs dans le cadre de la campagne « à chaque lectrice, lecteur son (sa) nouvel(le) abonné(e) ».
 
Cette large mobilisation entamée conforte toutes les équipes de l’Humanité dans le difficile combat engagé. Elle doit encore s’amplifier. Samedi prochain, l’assemblée des amis de l’Humanité sera un moment de ce débat pour réussir une multitude d’initiatives visant à promouvoir l’Humanité, l’Humanité-Dimanche, l’humanité.fr, leurs contenus, leur rôle au service d’une information diversifiée et de qualité prenant le parti de la justice sociale, de la démocratie, d’une planète vivable et durable, du désarmement et de la paix.
 
La soirée de mobilisation du 22 février s’annonce déjà très importante. Elle sera à la fois la manifestation concrète de la mise sous protection populaire de l’Humanité, et l’un des moments importants pour créer les conditions d’un nouvel élan pour l’Humanité
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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:48
Portrait. Danielle Casanova, la déterminée (Claude Pennetier, historien - L'Humanité, vendredi 8 février 2019)
Portrait. Danielle Casanova, la déterminée
Vendredi, 8 Février, 2019

Née le 9 janvier 1909, la Corse Danielle Casanova est une femme de la période Front populaire du communisme français marquée par l’antifascisme, la volonté d’ouverture, la redécouverte de la Révolution française. Elle meurt à l’âge de 34 ans, le 10 mai 1943, en déportation à Auschwitz.

Ce n’est pas uniquement son martyre, sa mort à Auschwitz, qui fait sa grandeur, c’est aussi sa création et sa direction déterminée de l’Union des jeunes filles de France (UJFF), ainsi que son rôle de premier plan dans le communisme clandestin et son entrée en résistance. Où a- t-elle puisé cette fermeté, cette force de caractère, cette humanité, ce charisme qui ont contribué à la pérennité de sa mémoire ? Elle est la femme communiste la plus honorée. Depuis 1989, un paquebot transporteur de la compagnie maritime SNCM porte son nom.

Il s’impose à l’esprit son origine corse. Elle naît le 9 janvier 1909, à Ajaccio. La famille Perini, des instituteurs, porte des valeurs républicaines. Les grands-parents de Piana se disent du « clan Landy » républicain. Mais il n’est pas question de communisme. Un frère aîné est même un journaliste radical-socialiste. C’est Vincentella (premier prénom de celle qui se fit appeler Danielle) qui, encouragée par ses parents à faire des études de dentisterie à Paris, est gagnée au communisme et qui, avec sa force de conviction, entraîne l’essentiel de sa famille et aussi son amoureux, l’étudiant en droit Laurent Casanova, qui devient le collaborateur de Maurice Thorez.

C’est aux Jeunesses communistes que la jeune femme s’affirme

Certes, son militantisme commence avant le Front populaire : adhésion à l’Union fédérale des étudiants en 1927 (mouvement qui n’avait pas été créé par les communistes, mais où ceux-ci sont de plus en plus présents), adhésion aux Jeunesses communistes (JC) en 1928, responsabilités au Parti communiste en 1930. Mais c’est bien aux JC que la jeune femme va s’affirmer et, en quelques années, devenir l’élément féminin de la direction, celle qui parle, qui écrit, qui organise. Très tôt, elle s’initie aux tâches clandestines qui nécessitent de la discrétion, de la méthode, du sang-froid et, bien sûr, du courage. Elle le fait dans le cadre de l’activité antimilitariste et des questions coloniales.

Moment important et initiateur pour elle, l’invitation au VIe congrès de l’Internationale communiste des jeunes en septembre-octobre 1935, où elle entre au comité exécutif de l’ICJ, suivi du congrès de Marseille des JC en mars 1936 qui la voit monter sur la marche supérieure parmi les quatre secrétaires, avec mission de fonder et de diriger l’UJFF. Pourquoi séparer garçons et filles ? On peut faire appel à la montée des thématiques familialistes sous le Front populaire. Danielle Casanova s’en explique en invoquant les réticences des familles populaires de l’époque à laisser s’engager des jeunes filles dans des mouvements mixtes et en misant sur un développement rapide d’un tel mouvement, ce qui se confirme.

Danielle Casanova, entourée de Claudine Chomat et de Jeannette Vermeersch, jouit de ses qualités naturelles d’organisatrice et de son sens des relations humaines. De plus, elle bénéficie de l’amitié de Thorez, qui apprécie sa présence et celle de Laurent Casanova dans les repas entre proches. Elle garde son jardin secret, la coopération avec le Kominterm pour les actions de transmissions et de déplacements. Maurice Tréand veille à la discrétion de ces missions qui nécessitent l’emploi de femmes jeunes, cultivées et sûres. L’UJFF est un vivier de choix. N’oublions pas que le PCF est encore, jusqu’en 1943, une section de l’Internationale communiste, avec la nécessité de faire circuler des cadres. Toujours est-il que, mieux que beaucoup d’autres, elle maîtrise les techniques de base de la clandestinité, ce qui lui donne un temps d’avance lorsque le Parti entre dans la clandestinité, puis la Résistance.

Revenue de Corse, elle choisit aussitôt de disparaître après le pacte germano-soviétique et l’interdiction du PCF en septembre 1939, évitant les arrestations et les internements administratifs qui touchent durement les militants et les libertés républicaines. Chargée un moment de superviser la propagande politique dans l’armée, elle s’oriente à partir d’octobre 1940 vers la mise en place des comités féminins dans la région parisienne et la zone occupée, avec une belle réussite. Elle suit également les rapports avec les intellectuels. Amaigrie, habillée avec élégance comme une bourgeoise, elle se déplace dans la plus grande discrétion. Mais la police réussit à l’arrêter le 15 février 1942, chez Maïe et Georges Politzer. Elle connaît la prison, l’internement à Romainville. Si les Allemands ne fusillent pas les femmes en France, préférant les déporter, elles apprennent les exécutions de leurs maris, frères et amis, notamment au Mont-Valérien.

En déportation à Auschwitz, elle est dentiste au Revier (l’infirmerie). Sa mort du typhus, le 10 mai 1943, affecte ses codétenues.

Le PCF honore sa mémoire en faisant d’elle, à juste titre, une héroïne nationale célébrée le jour de la fête de Jeanne d’Arc. Le tableau de Boris Taslitzky, la Mort de Danielle Casanova, peint en 1950, en est l’expression artistique, ainsi que sa présence dans le Musée Grévin d’Aragon. Charlotte Delbo en fait un personnage marquant de son œuvre. Dans le martyrologue qui s’affirme, elle est « la femme », Guy Môquet « le jeune », Gabriel Péri « l’intellectuel », Pierre Semard « le cheminot », Jean-Pierre Timbaud « le métallo ».

Tous les noms qui figurent dans ce papier sont accessibles librement sur le site maitron-en-ligne.univ-paris1.fr
 
Claude Pennetier Historien, codirecteur du <i>Maitron</i>

 

 

Portrait. Danielle Casanova, la déterminée (Claude Pennetier, historien - L'Humanité, vendredi 8 février 2019)
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