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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 07:51
Mary Lou Mac Donald, dirigeante du Sinn Féin

Mary Lou Mac Donald, dirigeante du Sinn Féin

Brexit : « Un référendum sur la réunification de l’Irlande est posé »
Jeudi, 7 Février, 2019

La décision de Theresa May de renégocier le « filet de sécurité » sur l’Irlande (« backstop ») pour disposer d’une majorité parlementaire sur l’accord de Brexit avec l’UE a provoqué la colère des Irlandais. Mary Lou McDonald, leader du Sinn Féin, explique tous les dangers d’une frontière physique en Irlande. entre les Irlande.

La présidente du Sinn Féin (parti républicain irlandais, gauche), Mary Lou McDonald, dénonce le non-respect des négociations et de l’accord sur le Brexit par la première ministre britannique, Theresa May : la décision du Parlement et du gouvernement de renégocier la clause dite « backstop ». Une clause qui permet de conserver ouverte aux biens et aux personnes la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord. Cette dernière resterait ainsi alignée sur les normes européennes pour éviter de remettre en place les contrôles des biens avec la République d’Irlande. De fait cette clause respecte l’accord du Vendredi saint conclu entre le Royaume-Uni et l’Irlande en 1998, qui a mis fin à trente ans de violences en Irlande du Nord, et a permis de supprimer les contrôles le long des 500 km de frontière entre la province britannique et la République d’Irlande. Seul parti politique présent à la fois en République d’Irlande et en Irlande du Nord, le Sinn Féin appelle désormais à un référendum sur la réunification.

Comment réagissez-vous après le vote britannique d’aboutir à un accord de sortie avec l’Union européenne si la question de l’Irlande était modifiée ?

C’est clairement une mauvaise chose. Theresa May comprend parfaitement pourquoi un protocole sur l’Irlande est nécessaire avec le backstop. Cette clause dite de sauvegarde doit empêcher le rétablissement d’une frontière physique entre les deux Irlandes (République d’Irlande et l’Irlande du Nord), lorsque le Royaume-Uni quittera l’Union européenne, le 29 mars. Theresa May sait que le backstop représente le strict minimum de ce qu’on demande pour protéger l’Irlande, nos intérêts économiques, le commerce irlandais, nos droits, l’unité de l’île…

Mais le plus important, c’est le maintien des accords du Vendredi saint signés. Je pense que l’action des tories (conservateurs), des « brexiter » et de Theresa May est un acte d’agression contre l’Irlande. C’est une agression calculée étant donné la position qu’ils ont prise. C’est scandaleux que le Parlement britannique torpille un accord négocié depuis des mois et se désiste de ses engagements. Il est évident que nous ne tolérerons pas, ni les Irlandais, la remise en cause des accords du Vendredi saint. Le non-respect du processus de paix et des frontières est inconcevable. Nous l’avons expliqué à plusieurs reprises au cours des négociations à Theresa May et au gouvernement britannique. Je la rencontrerai bientôt pour lui réexpliquer notre position.

Quelle a été la réaction des Irlandais ?

Cela a provoqué une immense colère au sein de la population. Les citoyens et le Sinn Féin ne veulent pas être les victimes collatérales du Brexit pour le plaisir des conservateurs britanniques. Remettre en cause un accord négocié durant des années et présenter des « arrangements alternatifs » au backstop n’est ni sérieux ni réaliste. Ils ont déjà été rejetés car impossibles à mettre en place. Et nous les avions déjà jugés irréalisables, avec d’autres propositions, comme celle d’une limite temporaire pour le backstop qui apparaissait contradictoire avec l’idée même de backstop.

Ce protocole sur l’Irlande n’a pas été imposé au gouvernement britannique, il est issu des négociations menées conjointement avec l’Europe. Theresa May et ses ministres ont pleinement participé à l’élaboration de cet accord ces deux dernières années. La solution du backstop a été réalisée communément pour éviter le pire.

Le Brexit devient une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Les critiques à l’égard du projet européen sont largement fondées. La construction européenne apparaît perdue car aucun projet véritable ne se dégage. Mais ce divorce n’est pas une bonne réponse. Les conservateurs ne souhaitent que démontrer leur arrogance et appliquer leur agenda négatif pour l’Irlande. On le constate dans les médias britanniques qui parlent d’une grande victoire de Theresa May alors qu’elle risque de faire sauter des accords de paix historiques. Ils parlent de victoire alors que l’essentiel de son Parlement a voté contre le texte initial et le modifie pour retirer un des éléments qui avaient été négociés durant des mois avec plusieurs acteurs…

Pensez-vous que ce projet de Theresa May peut amener une nouvelle frontière physique et déboucher sur de fortes tensions ?

C’est le véritable danger qui découle de ce vote. Et c’est bien pour éviter cela que nous avions proposé, étant donné les circonstances, de ne pas limiter le backstop. Il s’agit d’une question centrale. Nous ne pouvons ni ne devons aboutir à une frontière en Irlande. Nous ne le tolérons pas. Les Irlandais ne l’accepteront pas. Tous se considèrent comme un seul peuple. Bien évidemment que, dans la perspective d’un Brexit dur ou d’un Brexit désordonné, la question d’une frontière va se poser. Mais elle s’oppose aux accords du Vendredi saint qui prévoient un référendum sur l’unité de l’Irlande. Et j’ai été très claire avec Theresa May : si elle insiste pour aller vers un no deal ou un hard deal et donc l’instauration d’une frontière en Irlande, nous appliquerons les accords du Vendredi saint, qui prévoient l’organisation d’un référendum sur la question de la frontière. Si les partis politiques et les élus n’arrivent pas à régler cette question, il est prévu que les citoyens tranchent une fois pour toutes sur leur unité et l’indépendance de l’Irlande.

Le Sinn Féin propose un statut spécial pour le Nord dans le cadre de l’Union européenne. Qu’en est-il ?

Depuis le début, nous avons correctement analysé les divers problèmes que soulevait le Brexit. Nous pensions donc qu’il faudrait un arrangement spécial pour protéger le nord de l’Irlande, pour protéger les accords du Vendredi saint et reconnaître de fait que les citoyens irlandais et les citoyens européens vivant en Irlande ne pourraient pas être dépossédés de leurs droits. Le Brexit ne peut pas remettre en cause les droits sociaux. Ce statut spécial prévoit qu’il faut reconnaître le cas particulier de l’Irlande dans le Brexit. Nous étions le premier parti politique à défendre cette autorisation spéciale devant le Parlement, il y a plusieurs années. Je suis fière de voir qu’aujourd’hui, avec le temps, nos idées se sont imposées. Désormais, tout le monde évoque un statut spécial pour l’Irlande et la question irlandaise a été mise sur le devant de la scène. Au niveau des négociations européennes, tous les partis ont soutenu une autorisation spéciale, d’où la création du backstop.

L’Union européenne vous apporte-t-elle pleinement son soutien ?

Elle témoigne de sa solidarité avec un partenaire européen qui subit les effets du Brexit. C’est aussi un appui pragmatique, car la question de la frontière n’est pas seulement un problème irlandais, mais européen. Il s’agit d’une frontière européenne qui impacte le marché commun, l’union douanière, les règles européennes (sanitaires, fiscales, environnementales, sociales…).

Mary Lou Mc Donald, présidente du Sinn Féin (parti républicain de la gauche irlandaise) à l'Humanité, 7 février: nous appelons à un référendum sur la réunification de l'Irlande
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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 07:45
Les libertés en veilleuse - Patrick Le Hyaric, L'Humanité
Les libertés en veilleuse
Jeudi, 7 Février, 2019

L'éditorial de Patrcik Le Hyaric. L’État mute peu à peu en force de coercition, jouant sa légitimité à travers le recours à la force, en asséchant le débat démocratique. 

Plus de 2 000 personnes ont été blessées par les forces de l’ordre depuis le début du mouvement des gilets jaunes. Quatre-vingt-treize l’ont été gravement. Certaines se sont vues amputées d’un membre et treize ont perdu un œil. Les traumas crâniens, les visages défigurés s’ajoutent à ce sinistre recensement. Jamais, depuis la fin de la guerre d’Algérie, les forces de sécurité publique ne se sont autant compromises dans la violence envers leur propre population. Les lanceurs de balles de défense, qui ne sont utilisées par aucune autre police européenne, doivent impérativement être interdits comme le réclament de concert les parlementaires de gauche et des personnalités qui font autorité en la matière comme Alain Bauer.

Samedi dernier, les manifestants ont défilé en nombre pour exprimer leur solidarité avec toutes les personnes blessées, et leur colère face à une stratégie de maintien de l’ordre qui confine à la provocation en se substituant aux réponses politiques qu’appelle un mouvement de cette envergure et de cette durée. L’écrasante majorité des blessés ne faisaient aucunement partie des petits groupes de casseurs professionnels, connus des services de police et de renseignements.

Incontestablement, le macronisme enfile les vieux habits du parti de l’ordre. Celui qui, de tout temps, instille les désordres économiques et sociaux, et verrouille l’expression populaire, attisant ainsi la violence qui justifie le durcissement des méthodes de maintien de l’ordre. La méthode est rodée ! Voilà désormais que le gouvernement fait voter une énième loi sécuritaire, proposée par la droite et applaudie par l’extrême droite, qui écorne une nouvelle fois les libertés démocratiques. C’est désormais le droit constitutionnel de manifester qui se trouve mis en cause, soumis à une autorité administrative, en l’occurrence les préfets, au détriment de l’autorité judiciaire, sur simple suspicion, en contravention avec les conventions internationales et la Constitution. Nous devons nous demander, comme l’a courageusement fait un député centriste au Parlement, quel usage en ferait une force d’extrême droite…

S’ajoute à cela la connivence, chaque jour plus évidente, entre l’autorité politique et judiciaire qui pousse à des gardes à vue excessives dans un objectif d’intimidation, ou encore à des arrestations préventives souvent sans fondement. Le droit commun est peu à peu infecté par des mesures d’urgence. Serions-nous dans une situation permanente d’urgence ? D’urgence sociale, certainement, qui trouve face à elle l’éternelle matraque ! Évidemment, tout cela concourt à réprimer dans l’œuf tout mouvement de contestation d’un ordre établi qui ne trouve plus d’approbation majoritaire, mais au contraire une contestation parfois confuse mais déterminée au sein des classes populaires du pays.

Cette dérive sécuritaire est l’un des aspects de la dérive autoritaire de ce gouvernement dont les causes sont intimement liées à sa politique tout au service de la minorité d’accapareurs capitalistes. Elle ne peut être séparée de l’avilissement du Parlement, ramené au rang de caisse enregistreuse des directives d’un exécutif hypertrophié qui use de toutes les ficelles institutionnelles pour écraser toute résistance à l’agenda ultralibéral imposé à la nation.

Tout cela démontre la faiblesse intrinsèque des gouvernements qui se réclament du consensus libéral. Consensus pour brouiller jusqu’à le détruire le clivage entre la droite et la gauche, mais surtout consensus sans consentement d’une majorité de citoyens, des travailleurs, ouvriers ou employés. L’État mute peu à peu en force de coercition, jouant sa légitimité à travers le recours à la force, en asséchant le débat démocratique. Un État qui se délégitime aux yeux des classes populaires en bradant tous les actifs publics pour doper la folle machine capitaliste ou en mettant en œuvre des politiques antisociales.

Le mouvement social et ouvrier a su, à de nombreuses reprises, se lever pour la défense des libertés démocratiques, le droit de manifestation, la stricte séparation des pouvoirs. Il les a même suscités. Ce sera, aujourd’hui comme demain, encore et toujours, notre devoir.

Patrick Le Hyaric avec Glenn Le Saoût, deux candidats bretons aux européennes du PCF (Patrick Le Hyaric est n°3 sur la liste de Ian Brossat et député européen sortant), en débat sur l'Europe et les services publics à Carhaix - 2018

Patrick Le Hyaric avec Glenn Le Saoût, deux candidats bretons aux européennes du PCF (Patrick Le Hyaric est n°3 sur la liste de Ian Brossat et député européen sortant), en débat sur l'Europe et les services publics à Carhaix - 2018

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 07:22

Loi anti-casseurs. Le Feur s'explique, le PCF dénonce.

La loi dite "anti-casseurs" a été votée, cette semaine, par l'Assemblée Nationale. La députée de la quatrième circonscription, Sandrine Le Feur (LREM), s'est expliqué dans un communiqué sur son vote favorable à cette loi.

"Avec l'interdiction administrative de manifester pour les personnes dont la participation à une manifestation constitue un risque d'une particulière gravité pour l'ordre public, avec l'inscription au fichier des personnes recherchées de ces casseurs ayant commis des actes délictuels à l'occasion de précédentes manifestations, nous pourrons enfin tenir à distance les fauteurs de trouble", écrit la députée. L'élue de poursuivre: "Ces mesures de prévention me semblent de bon sens. Lorsque Morlaix se transforme en ville morte un jour de marché, il me semble urgent de légiférer pour prévenir les violences et sanctionner leurs auteurs. Il est évident que la loi ne vise pas à empêcher les manifestations, mais bien à renforcer la liberté de manifester, par un régime simplifié de déclaration".

Pour le PCF (Parti communiste), "ce sont que les députés comme Sandrine Le Feur ont osé voter restera à tout jamais comme une tache indélébile dans notre histoire républicaine. Ces dispositions vont dans le sens d'une restriction des libertés publiques et du droit de manifester. Dans un contexte de fortes mobilisations violemment réprimées, de grand débat vérrouillé, cette loi est une indication supplémentaire de la dérive antidémocratique et répressive du pouvoir macronien. Face à une contestation grandissante de sa politique antisociale, des injustices criantes qu'elle génère, le gouvernement, au lieu de répondre à la colère des Français, veut mettre l'éteignoir". Le parti de préciser: "Loin de nous l'idée de vouloir épargner les casseurs, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici. Au moment où les blessés graves dus aux forces de l'ordre se comptent par centaines, ce que tente le pouvoir avec cette loi est de dissuader de manifester"    

Loi anti-casseurs. Le Feur s'explique, le PCF dénonce (Le Télégramme, 9 février 2019)
Loi anti-casseurs. Le Feur s'explique, le PCF dénonce (Le Télégramme, 9 février 2019)

Interdiction de lanceurs de balle de défense dans le cadre du maintien de l’ordre

 

Christine PRUNAUD

 

Sénatrice  des côtes d’Armor

GROUPE COMMUNISTE, REPUBLICAIN ET CITOYEN

Commission des affaires étrangères Et de la défense

Membre de la Délégation aux Droits des Femmes

 

Mme Christine Prunaud attire l'attention de M le Ministre de l’Intérieur sur l’interdiction de certaines armes utilisées dans le cadre du maintien de l’ordre.

En effet, de plus en plus de signalements pour violences policières présumées sont effectuées auprès de l’inspection générale de la police nationale. Les griefs portent notamment sur l’utilisation de lanceurs de balle de défense LBD40 ou des grenades GLI-F4.

Ces armes provoquent de graves blessures pour les personnes visées, de la simple contusion, à la perte d’un membre, d’un œil, voire plus grave au comas et au décès.

Elle lui rappelle que notre pays est le seul à en être doté au sein de l’Union Européenne. De plus, le Défenseur des Droits, l’ONU, l’Union Européenne et de nombreuses associations jugent ces armes extrêmement dangereuses et appellent à leur interdiction.

Pour ces raisons, elle lui demande s’il entend interdire l’utilisation de ces armes par les forces de l’ordre, lors des manifestations.

 

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 06:52
Résistance bretonne: Stephanie Trouillard en dédicace pour Mon oncle de l'ombre le 22 et le 23 février 2019 à Dialogues Brest et Dialogues Morlaix

Stephanie Trouillard, l'auteur de "Mon oncle de l'ombre" sur son oncle résistant du maquis de St Marcel chez Skol Vreizh sera en dédicace dans le Finistère le: 

vendredi 22 février : rencontre/dédicace à la librairie Dialogues de Brest (29) à 18h

samedi 23 février: dédicace à la librairie Dialogues de Morlaix (29) à partir de 10h30

Par Catherine Lozach - le Télégramme, 2 janvier 2019

Le 9 février 2019 aux Invalides à Paris, trois enfants recevront la médaille de la Résistance française au nom de leur arrière-grand-oncle André Gondet. Une longue quête pour Stéphanie Trouillard qui rend sa place dans l’histoire et dans sa famille au jeune maquisard fusillé le 12 juillet 1944 à Kerihuel, en Plumelec (56).

En septembre 2018, Stéphanie Trouillard publie « Mon oncle de l’ombre. Enquête sur un maquisard breton ». La journaliste livre alors six ans d’enquête dans les pas d’André Gondet.

Dans la famille, ce grand-oncle n’est plus qu’un portrait. Son histoire tragique a imposé le silence, si bien que le jeune résistant breton est aux portes de l’oubli. Sur le terrain auprès des derniers témoins ou dans les archives, Stéphanie Trouillard retrouve patiemment une grande partie du puzzle des 23 ans de la vie de son grand-oncle. « En décembre 2015, je me suis renseignée auprès de l’Ordre de la Libération pour savoir s’il avait été décoré de la médaille de la Résistance », raconte la journaliste, passionnée d’histoire. Elle découvre alors qu’il avait bien sa carte de combattant volontaire de la résistance, mais pas de médaille. « Ils étaient surpris ».

 

Des demandes encore possibles

 

Trois de ses compagnons FFI, fusillés à ses côtés le 12 juillet 1944 à la ferme Gicquello de Plumelec, ont reçu cet hommage : Henri Louail, Emmanuel Le Breton et Georges Grillon. « Les familles avaient dû faire les démarches nécessaires dès les années 1960, mais à l’époque mes arrière-grands-parents étaient déjà décédés », explique Stéphanie Trouillard. Elle apprend alors qu’il est toujours possible de demander cette reconnaissance à titre posthume pour les personnes tuées pendant la guerre ou morts en déportation pour des faits de résistance. Elle dépose le dossier d’André Gondet début 2017 au bureau des décorations, émanation du ministère de la Défense.

Une cérémonie aux Invalides

 

La bonne nouvelle est venue en avril 2018 : par décret signé du président de la République, le jeune maquisard s’est vu attribuer la médaille de la Résistance française. Et Stéphanie Trouillard vient de l’apprendre : elle sera officiellement remise à la famille le 9 février 2019 aux Invalides, jour anniversaire de la création de cette distinction.

« Nous aurons d’abord une visite du musée de l’Ordre de la Libération », détaille la jeune femme. Deux autres visages de l’histoire de son grand-oncle y seront présents : Pierre Marienne et François Martin, parachutistes SAS et compagnons de la Libération, eux aussi tombés à Kerihuel. Puis ce sont les trois benjamins de la famille, de 4, 6 et 8 ans, qui recevront la médaille des mains d’un général. Toute la famille assistera ensuite à l’allumage de la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de triomphe.

 

Faire vivre la mémoire

 

« André Gondet a repris sa place dans notre famille et dans l’histoire. Il a aujourd’hui un chemin à son nom dans son village de Bohal (56). Cette cérémonie est une belle manière de conclure. Tout cela c’est pour lui, mais comme mon livre, c’est aussi pour tous les oubliés », souligne Stéphanie Trouillard, heureuse que les gens viennent la voir pour partager leur histoire, commencer des recherches et ouvrir le dialogue dans leur famille autour de ce sujet encore lourd. Mais peut-elle vraiment conclure ? Dans quelques mois, seront commémorés les 75 ans de la bataille du maquis de Saint-Marcel et du massacre de Kerihuel. « Les dernières cérémonies importantes avec les témoins encore vivants… » Elle y sera évidemment présente.


En savoir plus
Stéphanie Trouillard fera une conférence le samedi 12 janvier, à 15 h, à la médiathèque de Saint-Jean-Brévelay (56).
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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:59
Communication de L'Humanité par Patrick Le Hyaric - Grâce à nous, l'Humanité vivra!

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Communication de l'Humanité
Jeudi, 7 Février, 2019

Par Patrick Le Hyaric.

Le Tribunal de commerce de Bobigny a décidé de placer l’Humanité en redressement judiciaire, assorti d’un plan de continuation, avec une période d’observation de six mois renouvelables.
 
Cette décision et la période de transition qui s’ouvre désormais doivent permettre, dans un premier temps, de consolider notre économie de court terme tout en travaillant à un projet de pérennisation de l’entreprise.
 
Celui-ci passe notamment par la poursuite de la campagne de dons et de souscription, par la promotion des contenus de nos journaux et une augmentation des lecteurs et abonnés à l’Humanité et l’Humanité-Dimanche
 
Nous remercions toutes celles et tous ceux qui se sont déjà inscrits de diverses manières dans la chaine de solidarité pour protéger l’Humanité. Plusieurs centaines de personnalités d’opinions diverses, de syndicalistes et de syndicats, d’associations, de créateurs, de penseurs, de journalistes, des parlementaires et responsables politiques, ont tenu à manifester leur solidarité par des messages de soutien ou des dons. Des centaines de lectrices et lecteurs ont apporté en quelques jours 700 000 euros en souscription populaire. 470 abonnements ont été réalisés en moins de 10 jours auxquels s’ajoutent les abonnements que réalisent des lectrices et lecteurs dans le cadre de la campagne « à chaque lectrice, lecteur son (sa) nouvel(le) abonné(e) ».
 
Cette large mobilisation entamée conforte toutes les équipes de l’Humanité dans le difficile combat engagé. Elle doit encore s’amplifier. Samedi prochain, l’assemblée des amis de l’Humanité sera un moment de ce débat pour réussir une multitude d’initiatives visant à promouvoir l’Humanité, l’Humanité-Dimanche, l’humanité.fr, leurs contenus, leur rôle au service d’une information diversifiée et de qualité prenant le parti de la justice sociale, de la démocratie, d’une planète vivable et durable, du désarmement et de la paix.
 
La soirée de mobilisation du 22 février s’annonce déjà très importante. Elle sera à la fois la manifestation concrète de la mise sous protection populaire de l’Humanité, et l’un des moments importants pour créer les conditions d’un nouvel élan pour l’Humanité
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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:48
Portrait. Danielle Casanova, la déterminée (Claude Pennetier, historien - L'Humanité, vendredi 8 février 2019)
Portrait. Danielle Casanova, la déterminée
Vendredi, 8 Février, 2019

Née le 9 janvier 1909, la Corse Danielle Casanova est une femme de la période Front populaire du communisme français marquée par l’antifascisme, la volonté d’ouverture, la redécouverte de la Révolution française. Elle meurt à l’âge de 34 ans, le 10 mai 1943, en déportation à Auschwitz.

Ce n’est pas uniquement son martyre, sa mort à Auschwitz, qui fait sa grandeur, c’est aussi sa création et sa direction déterminée de l’Union des jeunes filles de France (UJFF), ainsi que son rôle de premier plan dans le communisme clandestin et son entrée en résistance. Où a- t-elle puisé cette fermeté, cette force de caractère, cette humanité, ce charisme qui ont contribué à la pérennité de sa mémoire ? Elle est la femme communiste la plus honorée. Depuis 1989, un paquebot transporteur de la compagnie maritime SNCM porte son nom.

Il s’impose à l’esprit son origine corse. Elle naît le 9 janvier 1909, à Ajaccio. La famille Perini, des instituteurs, porte des valeurs républicaines. Les grands-parents de Piana se disent du « clan Landy » républicain. Mais il n’est pas question de communisme. Un frère aîné est même un journaliste radical-socialiste. C’est Vincentella (premier prénom de celle qui se fit appeler Danielle) qui, encouragée par ses parents à faire des études de dentisterie à Paris, est gagnée au communisme et qui, avec sa force de conviction, entraîne l’essentiel de sa famille et aussi son amoureux, l’étudiant en droit Laurent Casanova, qui devient le collaborateur de Maurice Thorez.

C’est aux Jeunesses communistes que la jeune femme s’affirme

Certes, son militantisme commence avant le Front populaire : adhésion à l’Union fédérale des étudiants en 1927 (mouvement qui n’avait pas été créé par les communistes, mais où ceux-ci sont de plus en plus présents), adhésion aux Jeunesses communistes (JC) en 1928, responsabilités au Parti communiste en 1930. Mais c’est bien aux JC que la jeune femme va s’affirmer et, en quelques années, devenir l’élément féminin de la direction, celle qui parle, qui écrit, qui organise. Très tôt, elle s’initie aux tâches clandestines qui nécessitent de la discrétion, de la méthode, du sang-froid et, bien sûr, du courage. Elle le fait dans le cadre de l’activité antimilitariste et des questions coloniales.

Moment important et initiateur pour elle, l’invitation au VIe congrès de l’Internationale communiste des jeunes en septembre-octobre 1935, où elle entre au comité exécutif de l’ICJ, suivi du congrès de Marseille des JC en mars 1936 qui la voit monter sur la marche supérieure parmi les quatre secrétaires, avec mission de fonder et de diriger l’UJFF. Pourquoi séparer garçons et filles ? On peut faire appel à la montée des thématiques familialistes sous le Front populaire. Danielle Casanova s’en explique en invoquant les réticences des familles populaires de l’époque à laisser s’engager des jeunes filles dans des mouvements mixtes et en misant sur un développement rapide d’un tel mouvement, ce qui se confirme.

Danielle Casanova, entourée de Claudine Chomat et de Jeannette Vermeersch, jouit de ses qualités naturelles d’organisatrice et de son sens des relations humaines. De plus, elle bénéficie de l’amitié de Thorez, qui apprécie sa présence et celle de Laurent Casanova dans les repas entre proches. Elle garde son jardin secret, la coopération avec le Kominterm pour les actions de transmissions et de déplacements. Maurice Tréand veille à la discrétion de ces missions qui nécessitent l’emploi de femmes jeunes, cultivées et sûres. L’UJFF est un vivier de choix. N’oublions pas que le PCF est encore, jusqu’en 1943, une section de l’Internationale communiste, avec la nécessité de faire circuler des cadres. Toujours est-il que, mieux que beaucoup d’autres, elle maîtrise les techniques de base de la clandestinité, ce qui lui donne un temps d’avance lorsque le Parti entre dans la clandestinité, puis la Résistance.

Revenue de Corse, elle choisit aussitôt de disparaître après le pacte germano-soviétique et l’interdiction du PCF en septembre 1939, évitant les arrestations et les internements administratifs qui touchent durement les militants et les libertés républicaines. Chargée un moment de superviser la propagande politique dans l’armée, elle s’oriente à partir d’octobre 1940 vers la mise en place des comités féminins dans la région parisienne et la zone occupée, avec une belle réussite. Elle suit également les rapports avec les intellectuels. Amaigrie, habillée avec élégance comme une bourgeoise, elle se déplace dans la plus grande discrétion. Mais la police réussit à l’arrêter le 15 février 1942, chez Maïe et Georges Politzer. Elle connaît la prison, l’internement à Romainville. Si les Allemands ne fusillent pas les femmes en France, préférant les déporter, elles apprennent les exécutions de leurs maris, frères et amis, notamment au Mont-Valérien.

En déportation à Auschwitz, elle est dentiste au Revier (l’infirmerie). Sa mort du typhus, le 10 mai 1943, affecte ses codétenues.

Le PCF honore sa mémoire en faisant d’elle, à juste titre, une héroïne nationale célébrée le jour de la fête de Jeanne d’Arc. Le tableau de Boris Taslitzky, la Mort de Danielle Casanova, peint en 1950, en est l’expression artistique, ainsi que sa présence dans le Musée Grévin d’Aragon. Charlotte Delbo en fait un personnage marquant de son œuvre. Dans le martyrologue qui s’affirme, elle est « la femme », Guy Môquet « le jeune », Gabriel Péri « l’intellectuel », Pierre Semard « le cheminot », Jean-Pierre Timbaud « le métallo ».

Tous les noms qui figurent dans ce papier sont accessibles librement sur le site maitron-en-ligne.univ-paris1.fr
 
Claude Pennetier Historien, codirecteur du <i>Maitron</i>

 

 

Portrait. Danielle Casanova, la déterminée (Claude Pennetier, historien - L'Humanité, vendredi 8 février 2019)
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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:47
Inde. Ces travailleurs invisibles qui triment pour quelques roupies (Lina Sankari, L'Humanité, 6 février 2019)
Inde. Ces travailleurs invisibles qui triment pour quelques roupies
Mercredi, 6 Février, 2019

Sous-traitantes des grandes marques internationales, les usines du textile indien ont recours à des millions d’ouvriers à domicile pour un salaire à la tâche. Loin de tout cadre légal et social, ces derniers sont les soutiers du développement.

Chez eux, c’est-à-dire nulle part ou du moins hors de portée syndicale, des millions de travailleurs indiens travaillent pour une bouchée de pain. Ces ouvriers invisibles de l’industrie de l’habillement gagnent moins d’une roupie (0,01 euro) pour chaque pièce rendue. Loin du salaire minimum légal de 150 roupies (1,83 euro) par jour. Pour acheter 500 grammes de pain à 29 roupies, ils devront ainsi effectuer plusieurs dizaines de tâches. Sauf si les travailleurs en question se voient pénalisés de ne pas avoir honoré leurs commandes à temps, notamment durant les fêtes où la demande redouble. Le secteur du textile indien, qui emploie plus de 12,9 millions de personnes dans ses usines, leur confie des travaux de broderie, de découpe des manches ou de pose de boutons. Selon une étude publiée vendredi dernier par l’université de Californie, il s’agit surtout de femmes souvent issues de minorités ou de communautés marginalisées.

Des enfants non scolarisés mis au travail illégalement

« Le manque de transparence et de caractère formel du travail est également à relever », explique, en outre, Siddharth Kara, l’auteur de l’étude. Les juteux profits réalisés par les géants du prêt-à-porter proviennent de « l’exploitation subie par ces travailleurs », souligne le rapport qui s’abstient pourtant de citer les marques en cause. 85 % de ces invisibles du textile s’inscrivent ainsi au cœur des chaînes d’approvisionnement qui partent à l’exportation vers l’Union européenne et les États-Unis. « Ce problème touche toutes les grandes marques, tous les détaillants et l’ensemble de la chaîne des fournisseurs de vêtements en Inde. Il ne suffit pas de dire : “Eh bien, mon usine ne m’a pas dit qu’elle avait recours à des sous-traitants”, c’est aux (entreprises) d’exiger transparence et formalité. Faute de quoi, l’exploitation reste permise », souligne Siddharth Kara.

Après une enquête minutieuse, il découvre que 19 % des 1 452 travailleurs interrogés sont âgés de 10 à 18 ans. Dans le nord du pays, la majorité est non scolarisée. Révisée en 2016, la loi sur le travail des mineurs interdit théoriquement d’employer des enfants de moins de 14 ans et de recruter des jeunes âgés de 14 à 18 ans dans des métiers dits « à risques ». L’ONU avait, à l’époque, critiqué l’amendement autorisant les plus jeunes à travailler légalement dans des entreprises familiales « pendant les vacances scolaires et en dehors des heures de cours ».

Pour ces invisibles, ni contrat ni inspection. Les travailleurs à domicile n’ont aucun moyen de se défendre contre les pratiques abusives. Selon Varun Sharma, qui a longtemps documenté le travail des enfants, « les industries ont changé de méthodes et sont entrées dans les maisons des travailleurs pour échapper à la vigilance des ministères et des agences de certification internationales qui n’inspectent que les usines ». Le ministère du Travail considère l’activité à domicile comme un mal endémique et entend procéder à un recensement de ces ouvriers de l’ombre qui s’annonce d’ores et déjà complexe.

Retenues en captivité à l’usine par un sous-traitant d’Hugo Boss

Les trois quarts des personnes interrogées, souvent issues de familles surendettées, déclarent travailler hors de toute protection et de tout cadre réglementaire du fait de « pressions ». La servitude pour dette reste courante en Inde malgré son abolition en 1975. L’an dernier, une enquête du journal britannique The Guardian levait le voile sur les abus d’un fournisseur indien de la marque de luxe allemande Hugo Boss. Dans ce cas précis, de jeunes travailleuses ont été retenues en captivité dans les murs des usines du Tamil Nadu (Sud) pendant quatre ans. « Elles sont également vulnérables au harcèlement sexuel et à d’autres formes d’abus commis par des employés masculins qui supervisent leurs activités, que ce soit pendant leurs déplacements à l’extérieur des foyers et sur leur lieu de travail », soutient Urmila Bhoola, spécialiste de l’esclavage contemporain pour les Nations unies.

En Inde, la part du textile dans le PIB pèse 17 %. Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le premier ministre nationaliste, Narendra Modi, tente de profiter de la réorientation du modèle de développement chinois et du passage à une production de biens à forte valeur ajoutée pour faire de l’Inde un acteur majeur du secteur manufacturier. Son plan « Make in India » vise à attirer les investisseurs étrangers et à créer 100 millions d’emplois dans ce secteur. À quel prix ?

Lina Sankari
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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:45
Manifestation le 5 juillet 1961 à Gennevilliers pour la paix en Algérie. Mémoire d’Humanité/AD de la Seine-Saint-Denis

Manifestation le 5 juillet 1961 à Gennevilliers pour la paix en Algérie. Mémoire d’Humanité/AD de la Seine-Saint-Denis

Essai. Une histoire algérienne
Jeudi, 7 Février, 2019

Les Communistes et l’Algérie Alain Ruscio La Découverte, 663 pages, 28 euros
Alain Ruscio aborde avec passion le fil de cette relation très forte et compliquée entre les communistes, leurs organisations et l’Algérie.

Voici un grand livre dont personne ne pourra mésestimer l’importance. L’analyse profonde des relations singulières, extrêmement compliquées, entre le communisme contemporain et l’histoire de l’Algérie supposait audace, subtilité et probité : l’auteur n’a manqué ni de l’une, ni des autres. Interroger des mémoires multiples, souvent contraires, consulter des travaux innombrables, travailler dans les « sources » à la recherche de données nouvelles (archives publiques et privées, procès-verbaux d’organismes politiques comme l’Internationale communiste, le PCF, le PCA, etc.), s’informer dans les journaux, relire les débats parlementaires, consulter les enquêtes, officielles ou non… Alain Ruscio n’avance rien dans son livre qui ne soit référencé. Son ouvrage sera une pièce maîtresse dans le vaste forum livresque consacré à l’histoire de la révolution algérienne.

Il aborde d’abord la précocité et la force de la pénétration du « communisme » en Algérie, dès les années 1920, à la suite de la création du PCF et jusqu’à la fondation du Parti communiste d’Algérie en 1936. Jamais l’historien ne perd de vue le poids déterminant du statut colonial et spécifique de l’Algérie, en sorte qu’on saisit à quel point toutes les tentatives de prétendues réformes, qui ont toutes avorté, n’ont fait que nourrir l’aspiration grandissante des masses autochtones arabo-musulmanes, soumises à la règle de l’indigénat, à l’indépendance de l’Algérie. C’est dans ce cadre qu’Alain Ruscio évalue l’importance relative des mouvements que les protagonistes de la domination coloniale appellent les « séparatistes ». C’est aussi à cette aune qu’il faut apprécier le caractère utopique, illusoire voire fantomatique, de la thèse émise par Maurice Thorez en 1939 de « la nation algérienne en formation » qui devint la référence constante des communistes de France jusqu’à 1954-1956.

l’évolution du PCF et celle spécifique du PCA

Si la revendication de l’indépendance de l’Algérie est devenue dès avant 1940 le fondement du rassemblement politique du peuple algérien, le recours à l’insurrection armée de novembre 1954 doit beaucoup à la violence ahurissante, déshonorante, du colonialisme français en Algérie, surtout après les massacres de mai-juin 1945. À cette barbarie insupportable, contre laquelle en France même, hors les communistes et quelques grands esprits clamant dans le désert, l’opinion publique, gangrenée par la réalité même du colonialisme porteur de racisme, fut pour le moins indifférente. Le programme du Conseil national de la Résistance, si avancé, fut, par exemple, de grande indigence s’agissant des colonies, en particulier sur l’Algérie.

La partie la plus éclairante du livre nous replace en plein dans la « guerre d’Algérie », comme on dit désormais officiellement après avoir condamné si longtemps ceux qui la dénonçaient en réclamant la paix ! Le récit montre l’évolution du PCF et celle, spécifique, du PCA, face à une insurrection nationale qui s’impose dans les faits, dès 1955, comme la seule voie d’accès à l’indépendance. Le PCA s’y ralliera sans réserve et ses militants, certains d’origine européenne, seront intégrés dans l’Armée de libération nationale. Retenons ici, au milieu d’un récit haletant, les pages consacrées à Maillot, Iveton, Alleg, Audin, les Guerroudj, Inal. L’évolution du discours du PCF se lit en deux phases : la première de 1954 à 1957, à la suite de l’échec de la mobilisation du 17 octobre, le fait passer de la réclamation de la paix par la reconnaissance du droit à l’indépendance (au « divorce » !), à la réclamation d’une négociation impliquant l’indépendance, intégrant la fin des illusions relatives à une prétendue « union française ». Le moment terrible du vote des pouvoirs spéciaux, en mars 1956, cette fatale « erreur » (Roland Leroy, 2001), a facilité le ralliement de la social-démocratie française à la stratégie colonialiste et à la relance de la visée impérialiste. Qui oserait encore réhabiliter les Mollet, Lejeune et Lacoste, adeptes enfiévrés du fusil d’assaut et du sac au dos ? Il est vrai qu’à l’époque, la SFIO, antécédent du PS d’hier, était, non à « gauche » mais à l’« Ouest », et à ce titre accueillait le tout-venant de la droite atlantiste et du centre, comme le Mitterrand de ce temps-là, garde des Sceaux et patron de la guillotine, qui osa déclarer : « La négociation, c’est la guerre ! »

L’auteur ne sous-estime jamais les difficultés du combat de soutien en France à la cause de l’Algérie, ni les effets de l’évolution interne du FLN, ni les possibles alternatives internes qui ont pu se manifester. Il montre combien les tensions internes au nationalisme algérien ont conduit les insurgés FLN à éliminer les fidèles du MNA de Messali ; il note combien les positions aventuristes de quelques-uns dans la fédération de France ont pu rendre difficiles, en France même, les mobilisations de l’opinion alors que la répression, les saisies de la presse communiste et les intimidations systématiques en rendaient l’exercice périlleux… Ce qui ne fait que renforcer la grande portée de l’engagement des avocats communistes, celui d’Aragon et des Lettres françaises, le courage de grands universitaires communistes comme Jean Dresch, dont l’enseignement est aussi inoubliable que l’engagement.

Rien donc ne manque dans l’essai d’Alain Ruscio, ni l’élan du savoir, ni la précision des faits analysés. Sa démonstration se montre fidèle à ce qu’énonçait son introduction et que livre sa conclusion : il y a eu « une résistance communiste » à la guerre d’Algérie. Et celle-ci a porté la marque et montré les limites de ce qu’on savait alors de la nécessité historique des mouvements de libération anticolonialiste, qui relevaient encore pour une part de l’impensé. Ici se mesurent à la fois la grandeur et les limites de la bataille communiste.

Claude Mazauric Historien
Les communistes et l'Algérie - Alain Ruscio, La Découverte, 663 pages, 28 euros

Les communistes et l'Algérie - Alain Ruscio, La Découverte, 663 pages, 28 euros

Les communistes et l'Algérie - Alain Ruscio, La Découverte, 663 pages, 28 euros

Dans cette somme exceptionnelle, Alain Ruscio propose une lecture érudite et accessible des actions et positions du communisme face à la question coloniale en Algérie. S'appuyant sur une quantité remarquable de documents, il nous permet d'appréhender cette question méconnue de manière dépassionnée, tout en restituant les faits selon leur chronologie propre.
C'est un paradoxe : l'histoire du communisme reste aujourd'hui encore, alors que ce mouvement n'a plus dans la vie politique ni le poids ni la force d'attraction d'antan, un objet de controverses à nul autre pareil, en " pour " et en " contre ". Cet état d'esprit atteint un paroxysme lorsqu'il s'agit d'évoquer les actions et analyses du communisme – français et algérien – face à la question coloniale en Algérie, des origines dans les années 1920 à la guerre d'indépendance (1954-1962). Et s'il était temps, écrit Alain Ruscio, de sortir des invectives ?

Les communistes et l'Algérie - par Alain Ruscio - Une histoire algérienne, Claude Mazoric

Mercredi 13 février à 19 h/ ALGÉRIE :à l’occasion de la parution du livre Les Communistes et l’Algérie de l’historien Alain Ruscio, débat avec Sadek Hadjerès, secrétaire du Parti communiste algérien pendant la guerre d’indépendance, Éloïse Dreure, historienne, doctorante à l’université de Bourgogne-Franche-Comté d’histoire, et Alain Ruscio, historien.
Le débat est organisé au siège national du PCF, 2 place du Colonel-Fabien, Paris 19e.

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:34
Morlaix: loi anti-casseur, le PCF répond à Sandrine Le Feur (Ouest-France, 7 février 2019)
Le Parti communiste français du pays de Morlaix vient de publier un communiqué visant la députée, Sandrine Le Feur. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Ouest-France

Modifié le 07/02/2019

 

Dans un communiqué, la section Parti communiste français (PCF) du pays de Morlaix répond à Sandrine Le Feur, députée de la 4e circonscription du Finistère, pour son vote en faveur de la « loi anti-casseur ». Cette dernière a été adoptée à l’Assemblée nationale, mardi 5 février 2019.

Dans un communiqué, la section Parti communiste français a décidé de répondre à la députée du pays de Morlaix, Sandrine Le Feur, par rapport à son vote en faveur de la « loi anti-casseurs ».

« Les députés communistes font, bien sûr, partie des 92 députés qui ont voté contre cette loi liberticide, tout comme notre sénatrice communiste des Côtes-d’Armor, Christine Prunaud , rappelle le PCF.  Ce que des députés comme Sandrine Le Feur ont osé voter restera à tout jamais comme une tache indélébile dans notre histoire républicaine. »

« Restriction des libertés publiques »

Pour la section de Morlaix : « Désormais, les préfets soumis au gouvernement pourront interdire de manifestation quiconque constituerait, selon eux, une menace à l’ordre public. Ces dispositions vont dans le sens d’une restriction des libertés publiques et du droit de manifester. Dans un contexte de fortes mobilisations, violemment réprimées, de Grand débat verrouillé, cette loi est une indication supplémentaire de la dérive antidémocratique et répressive du pouvoir macronien. Face à une contestation grandissante de sa politique antisociale, des injustices criantes qu’elle génère, le gouvernement, au lieu de répondre à la colère des Français, veut mettre l’éteignoir. »

Le PCF s’interroge sur une possible « introduction du fichage politique » , rappelant les sanctions du port de la cagoule. Il conclut : « Ce flou comme la volonté de supprimer le filtre de l’autorité judiciaire, seul garant des libertés individuelles, ont largement de quoi inquiéter. Loin de nous l’idée de vouloir épargner les casseurs, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Au moment où les blessés graves dus aux forces de l’ordre se comptent par centaines, ce que tente le pouvoir avec cette loi est de dissuader de manifester. »
 
 
Communiqué original:
 
Sandrine Le Feur vote la loi anti-manifs! Quand le néo-libéralisme mène à l'autoritarisme!
 

Ce 5 février, la tristement célèbre "Loi anti-casseurs" vient d'être adoptée à l'Assemblée Nationale.  Les députés communistes font bien sûr partie des 92 députés qui ont voté contre cette loi liberticide tout comme notre sénatrice communiste des Côtes d'Armor Christine Prunaud interpellait hier encore le gouvernement sur les violences policières et les ravages des LBD 40 et des grenades GLI-F4! 

Le député PCF Stephane Peu s'est ainsi exprimé à la tribune: "Le jour où les manifestations seront réservées aux plus déterminés, le jour où manifester sera devenu un acte héroïque, notre démocratie aura considérablement régressé. Or depuis 2015, la situation se dégrade."

Ce que des députés comme Sandrine Le Feur ont osé voter restera à tout jamais comme une tâche indélébile dans notre Histoire Républicaine.

En effet, désormais les Préfets (totalement soumis au gouvernement !) pourront interdire de manifestation quiconque constituerait selon eux une menace à l'ordre public.

Ces dispositions vont dans le sens d’une restriction des libertés publiques et du droit de manifester. Dans un contexte de fortes mobilisations violemment réprimées, de grand débat verrouillé, cette loi est une indication supplémentaire de la dérive antidémocratique et répressive du pouvoir macronien.Face à une contestation grandissante de sa politique antisociale, des injustices criantes qu’elle génère, le gouvernement, au lieu de répondre à la colère des Français, veut mettre l’éteignoir.

Les dispositions de la loi prévoient, notamment, des interdictions individuelles de manifester et le fichage de certaines personnes. Outre que de telles dispositions existent déjà dans l’arsenal législatif, au prétexte d’« éviter les saccages et les pillages », elles donneraient un pouvoir répressif à des autorités administratives et non à des juges indépendants. Nombre de juristes notent aussi le caractère vague de certains aspects de la loi, ouverts donc à interprétation. Ainsi le port de la cagoule serait passible de prison et de 15 000€ d’amende, mais un masque ou une écharpe pour se protéger des gaz lacrymogènes pourraient être traités de même. Interrogation identique à l’égard du nouveau fichage prévu à côté de tant d’autres, comme les fichés S, voudrait-on introduire un fichage politique? Ce flou comme la volonté de supprimer le filtre de l’autorité judiciaire, seul garant des libertés individuelles, ont largement de quoi inquiéter. Loin de nous l’idée de vouloir épargner les casseurs, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Au moment où les blessés graves dus aux forces de l’ordre se comptent par centaines, ce que tente le pouvoir avec cette loi est de dissuader de manifester.
 
Section du pays de Morlaix du Parti Communiste Français
 
7 février 2019
 
Image en ligne
 
 
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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:27
Le centre des impôts est resté fermé, ce jeudi matin : les agents grévistes entendaient alerter les usagers sur le service public en danger. (Sophie Guillerm)

Le centre des impôts est resté fermé, ce jeudi matin : les agents grévistes entendaient alerter les usagers sur le service public en danger. (Sophie Guillerm)

Le personnel du Centre des finances publiques de Morlaix était fortement mobilisé, ce jeudi matin 7 janvier, à l’appel des trois syndicats pour la défense des emplois et du service public de proximité. On comptait 80 % de grévistes, sur un effectif de 80 personnes. La vingtaine d’agents présents sur place distribuait des tracts aux usagers, devant un centre des finances resté portes closes toute la journée.

Inquiets pour « le devenir de leur mission » et « le devenir des finances publiques tout court », ils ont exposé un contexte actuel tendu dans le 3centre de finances publiques du département. « Depuis la mise en place du prélèvement à la source, début janvier, les agents doivent faire face à un afflux de contribuables : accueils physiques (80 par jour en moyenne, avec des pics à 130), mais aussi téléphonique et mails. Loin d’être ponctuel, cet afflux devrait se maintenir tout au long l’année, lié aux enregistrements de changement de situation des usagers ». C’est pourquoi ce jeudi matin, ils tenaient à passer un message fort : « Notre direction nous dit qu’elle essaie de faire venir des missions à Morlaix. Pourtant, ici, cinq services ont déjà disparu en cinq ans, ont rappelé les syndicalistes Stéphane Douet (Solidaires), Florence Héré (CGT) et Philippe Drolez (FO) : la fiscalité immobilière, le service de contrôle sur pièces, l’enregistrement, celui de publicité foncière ainsi que le pôle contrôle expertises. Nous craignons aujourd’hui un transfert de notre mission foncière et de cadastre vers Brest ». « En 2014, nous étions 117 agents des impôts, nous ne sommes plus que 80 : le rez-de-chaussée du bâtiment, neuf, est vide ! On transfère les missions, mais pas les emplois. Pour 2019, dans le Finistère, la suppression de 35 emplois est déjà actée, dont deux à Morlaix. Avec les annonces gouvernementales, (20 000 suppressions d’emplois annoncés à l’horizon 2022), Morlaix perdrait encore des postes au rythme de cinq à six emplois par an », déplorent-ils.

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