Alain David, en 2008, avait accordé un long entretien au Télégramme, au moment où il avait quitté la vie politique. (Archives Le Télégramme)
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Le Chiffon Rouge
Morlaix
Alain David, en 2008, avait accordé un long entretien au Télégramme, au moment où il avait quitté la vie politique. (Archives Le Télégramme)
Alain David, ancien élu de la Ville de Morlaix (Finistère), est décédé jeudi 18 mars 2021. Il a été notamment adjoint aux affaires scolaires et à l’urbanisme, puis dans l’opposition, de 1977 à 2008.
Alain David est décédé jeudi 18 mars 2021. L’homme a été pendant de longues années élu à la Ville de Morlaix, de 1977 à 2008, où il a occupé les fonctions d’adjoints aux affaires scolaires, à l’urbanisme, puis élu dans l’opposition.
Il est né en 1942, et arrive dans la cité du Viaduc à 5 ans avec ses parents. Il a grandi dans le quartier Saint-Mathieu. Il devient instituteur, au début dans la classe de transition à Saint-Martin-des-Champs.
« Il exercera une grande partie de sa carrière comme professeur de technologie à Morlaix », écrit le Parti communiste français du pays de Morlaix. Parti auquel il adhère en 1968. Il a été secrétaire de section et s’est présenté sous ces couleurs aux élections législatives, départementales et municipales.
« C’était un tribun, un débatteur redoutable, quelqu’un de charismatique dont la parole, allant toujours à l’essentiel, soucieuse d’être comprise par tous, était respectée et entendue. En même temps, Alain est resté modeste, proche des gens, bienveillant. »
La mobilisation s’organise à la Fonderie de Bretagne après la décision de Renault de se séparer de l’usine caudanaise. La CGT annonce une grève de 24 heures à partir du lundi 22 mars, à 22 h, et appelle au rassemblement le mardi 23, à 10 h.
Fabien Roussel secrétaire national du PCF participera au rassemblement.
Accompagnons les. Accompagnons le.
Rendez vous à 9h30 sur le parking de SBFM1075 Rue Daniel Trudaine, 56850 CaudanAvec badges, drapeaux et tout le toutim !
Pour info, le communiqué de Fabien Roussel au sujet de la SBFM !COMMUNIQUE DE PRESSEFonderie de Bretagne : Le gouvernement a laissé Renault construire son projet de cession en catimini (Fabien Roussel)Alors que des alternatives crédibles sont mises en évidence par les syndicats pour que le site redevienne rentable à moyen terme, la direction du groupe Renault a annoncé ce 11 mars vouloir céder le site de Caudan et ses 350 salariés, avec la menace habituelle de nouvelles suppressions d’emplois, voire d’activités.La direction de Renault, en complicité avec les pouvoirs publics et le cabinet Advancy, a ainsi profité de la revue stratégique organisée depuis 8 mois, pour mettre en œuvre le projet annoncé à l’origine par le PDG de Renault, d’abandonner ce site. Avec un objectif : permettre au groupe d’économiser 2 milliards d’euros… essentiellement par une purge massive de l’emploi.C’est d’autant plus scandaleux que Renault bénéficie dans le cadre du plan de relance d’un soutien de l’Etat à hauteur de 5 milliards d’euros, et qu'il pourrait investir dans des lignes de production conformes aux évolutions du marché automobile.C’est par ailleurs une trahison, orchestrée par le groupe, son cabinet d’experts et l’Etat, sous couvert de confidentialité imposée aux élus locaux.En acceptant que Renault se débarrasse ainsi de la Fonderie de Bretagne, le gouvernement prend la responsabilité d’aggraver encore le lourd bilan d’une crise qui s’est déjà soldée par 700 000 suppressions d’emplois en 2020.Pour le PCF, il est urgent de mobiliser toutes les forces vives de la région aux côtés des salariés pour sauver le site et ses emplois. Avec une priorité : la démocratie et la transparence ! Que tout soit mis sur la table, qu’il s’agisse des alternatives à la cession du site comme des projets de reprise.Je serai prochainement aux côtés des communistes bretons et de leurs élus pour soutenir la lutte des salariés qui rassemblera, je l’espère, l’ensemble des élus et forces de gauche, comme l’ensemble des élus locaux.Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,Paris, le 13 mars 2021.
Brest - Les Jeunes communistes et le PCF avec la manif des jeunes pour le climat
Face à l'urgence climatique nous ne désarmerons pas ! À l'appel du collectif Youth For Climate nous étions cette après-midi mobilisé·es pour le climat et notre avenir
Le PCF appelle à participer à la marche pour le climat ce vendredi 19 mars, à Carhaix
Le Télégramme, 18 mars 2021
La section du PCF de Carhaix-Huelgoat appelle à participer à la manifestation organisée ce vendredi 19 mars 2021, à Carhaix, à l’appel de Youth for climate.
La section de Carhaix-Huelgoat du Parti communiste français soutient l’appel des étudiants de Youth for climate et invite à se joindre à la manifestation prévue ce vendredi 19 mars, à 10 h 30, au départ du parking Biocoop (côté rocade). Pour Pierre-Yves Thomas, porte-parole de la section, « le nombre et l’ampleur des événements climatiques se multiplient. L’écologie a besoin, au quotidien et dans tous les domaines, de l’intervention solidaire de femmes et d’hommes, toujours plus actifs et déterminés à mettre en cause le système productif dominant planétaire responsable du réchauffement climatique. La France doit aller plus loin que le contenu de la loi climat. Comme l’ont souligné les participants à la convention citoyenne sur le climat, celle-ci a été une mascarade. Sur les 149 propositions préconisées, très peu ont été retenues et dans leur majorité vidées de leur substance. Il faut aller dans le sens d’une réduction forte des transports émetteurs de CO2 : ferroutage prioritaire, plus écologique que les camions, développement des transports en commun, circuits courts agricoles et industriels, etc. Il faut une taxe kilométrique pour dissuader les transports de marchandises évitables… Par ailleurs, il faut réduire la consommation d’énergies carbonées », souligne-t-il.
Le collectif du Forum social brestois appelle à manifester, samedi, pour commémorer les 150 ans de la Commune. (Le Télégramme, 19 mars 2021)
Après une première édition consacrée au militantisme et une deuxième à l’extrême droite, la nouvelle édition du Forum social brestois, qui se tient du 18 mars au 28 mai, met à l’honneur les 150 ans de la Commune. À cette occasion, le collectif appelle à une manifestation festive à Brest, ce samedi 20 mars, au départ de la place de Strasbourg. Le cortège se dirigera vers la place de la Liberté afin de rejoindre, à 15 h, le rassemblement contre la loi Sécurité globale à l’initiative du collectif StopLoiSécuritéGlobale. Renseignements sur la page Facebook du Forum social brestois.
Alain David vient de nous quitter.
Le dernier hommage de Alain à son ami Michel Derrien, décédé fin décembre 2020
HOMMAGE A MICHEL DERRIEN
Avec la disparition de Michel le parti communiste perd un militant aux qualités humaines unanimement reconnues qui s’est investi sans relâche dans toutes ses activités pendant des années. Mais la ville de Morlaix et ses habitants perdent aussi un élu, un soutien qui n’a ménagé ni son temps ni son énergie pour améliorer la vie de ses concitoyens particulièrement les plus fragiles.
J’ai connu Michel en 1968, l’année de mon adhésion au Parti. J’ai tout de suite été frappé par la qualité de sa réflexion, de son apport à la réflexion collective en tant que secrétaire de section de Morlaix et au rayonnement des idées communistes. De la qualité et de la bienveillance de son écoute aussi Cette année- là Michel, qui militait déjà syndicalement au SNI y prit des responsabilités départementales et je me retrouvai propulsé au secrétariat de section. Il avait pris soin de rassurer le néophyte que j’étais en disant qu’il ne laisserait pas tomber la section …et contrairement à ce qui arrive parfois , il tint bien entendu parole et continua à participer activement à notre vie.
Michel avait beaucoup lu et avait donc une culture très étendue, même s’il ne l’étalait pas. Il avait un souci permanent d’ouverture du Parti invitant à participer aux réunions, au-delà de nos rangs sur des sujets divers, de l’éducation populaire sans en dire le nom au 5, rue haute donc.
Parmi les activités qu’il ne manquait jamais il y avait, comme temps fort, la préparation des congrès. Michel tenait à ce que le maximum de camarades puisse participer aux échanges, à la réflexion et aux propositions. Là encore sa réflexion, son expérience, sa rigueur étaient précieuses .Il était toujours soucieux de la précision des choses et de l’accessibilité des formulations. Je l’entends encore me dire : « tu sais, nous les communistes, il faut que nous soyons compris par tout le monde. S’il y a plusieurs façons de dire les choses, sans en altérer le sens, choisis toujours la plus simple, la plus compréhensible ». A une période où le jargon étant loin d’être absent de notre expression le conseil était particulièrement pertinent.
C’est aussi ce qui motivait son attachement à ce que nous appelions à cette époque les écoles du parti qui ont été développées à Morlaix. C’est de cet « intellectuel collectif « que nous tirions notre efficacité .Je me souviendrai de ces leçons lorsque j’aurai la responsabilité de la Formation des militants au niveau départemental.
Bien sûr je ne saurais oublier tout ce que Michel nous a apporté en ce qui concerne la réflexion sur l’enseignement et la défense de l’école publique. Utilisation précieuse de son expérience syndicale. Même si ses voyages vers Châteaulin n’étaient pas sans danger dans les Monts d’Arrée en hiver, la nuit par temps de brouillard.
Me reviennent à l’esprit les ventes exceptionnelles de l’Huma Dimanche que nous faisions tous les deux à Plourin ,les échanges riches avec la population et les discussions enrichissantes pendant le trajet entre les fermes dont Michel connaissait tous les occupants et leur histoire: ainsi allaient les choses en ce temps-là.
Mais l’apport de Michel n’était pas qu’intellectuel. Il ne rechignait jamais à mettre la main à la pâte. Dans les deux sens du terme. Beaucoup se souviennent encore de ses talents de cuisinier lors des fêtes du parti.
Et puis il y eut 1977 : depuis des dizaines d’années il n’y avait pas eu d’élus communistes à Morlaix et bien entendu nous n’avions pas d’expérience en ce domaine. Michel effectua quatre mandats successifs. Apportant dans le domaine dont il avait la charge (la circulation, le transport et le stationnement) son sérieux, son travail, sa connaissance des dossiers. Mais aussi sa volonté de tenir compte des avis de la population, de prioriser avant toute chose le service au public. Pendant toutes ces années Michel a apporté beaucoup plus que sa compétence ; il a été pour beaucoup dans la cohésion et dans la cohérence du groupe que nous formions y compris lorsque soufflaient sur l’union des vents mauvais.
Le 3ème mandat a été particulier, puisque la majorité sortante ayant été battue, nous nous sommes retrouvés dans l’opposition. A deux communistes sur 8 élus. Une nouvelle expérience où il s’agissait plus de contrôler et de s’opposer que de construire. Avec Michel nous jouions notre rôle même si je voyais bien que ce n’était pas celui qu’il préférait. Il fut certainement plus à l’aise lorsqu’il put à nouveau construire dans la nouvelle municipalité.
Ce mandat terminé, Michel ne resta pas pour autant l’arme au pied. Il s’investit encore davantage au Secours Populaire qui, du coup, prit de l’ampleur. D’autres, diraient mieux que moi tout ce qu’il y a apporté à la fois comme rigueur et comme chaleur humaine avec toujours la volonté de préserver la dignité des personnes accueillies. Car, évidemment, Michel ne faisait rien à moitié.
En cette année où l’on fête le 100ème anniversaire du PCF, on célèbre beaucoup et c’est bien normal, les grandes avancées sociales à son actif et toutes celles et tous ceux qui y ont joué un grand rôle. Mais le rôle du PCF c’est aussi le résultat du combat de centaines de milliers de militants et d’élus qui, comme Michel, ont toute leur vie lutté pour bâtir cette France fraternelle que chantait Jean FERRAT.
A l’heure où l’humanité est confrontée à des défis colossaux pour dépasser cette société d’exploitation, de domination et d’aliénation qui sème tant de drames et de misère, à l’heure où la vie même est menacée sur la planète, il est temps que les choses changent. Cela a été le combat de la vie de Michel.
Nous, ses camarades, prenons l’engagement de le poursuivre sans relâche.
Alain DAVID
31.12.2020
Barricade rue de Castiglione, photographiée par Bruno Braquehais. © Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis/I. Andreani
Il y a cent cinquante ans, la révolution parisienne fut l’initiatrice d’une République sociale, laïque et démocratique inédite. Récit de ces 72 jours d'une expérience sans précédents dans l'histoire de la France, et des riches débats qui leur succédèrent.
Soixante ans après le début de la Révolution française, le second Empire avait, sur les cendres des journées de Juin 1848 et le coup d’État du 2 décembre 1851, instauré la dictature de la grande bourgeoisie financière et industrielle sur la France.
Face au régime libéral, plébiscitaire et autoritaire de Napoléon III, une force sociale nouvelle n’avait cessé de s’affirmer avec la transformation du système de production autour de l’industrie, de la machine à vapeur et du travail salarié, dont celui des enfants. Elle avait obtenu, en 1864, la reconnaissance de son droit de coalition et, la même année, s’était organisée politiquement sous la forme d’une Association internationale des travailleurs (AIT).
Confrontée à la montée en puissance de la Prusse, la France avait déclaré la guerre au royaume de Guillaume Ier et d’Otto von Bismarck, le 19 juillet 1870. À peine un mois et demi après, le 2 septembre, la campagne de « Napoléon le Petit », selon l’expression de Victor Hugo en 1852, se soldait, après une série d’autres, par le fiasco militaire de Sedan et la capitulation de l’empereur.
Les événements, fait significatif, seront annoncés au Palais-Bourbon par Eugène Schneider, maître du Creusot et président du corps législatif impérial, président de la Société générale et fondateur, avec Charles de Wendel, du Comité des forges, la veille de la proclamation de la République, le 4 septembre.
Autre fait significatif, c’est dans la galerie des Glaces de Versailles que sera proclamée la naissance de l’État allemand, le 18 janvier 1871, date à laquelle les armées du Kaiser assiègent Paris et tiennent sous leur coupe le nord-est du territoire de la France métropolitaine.
La République proclamée le 4 septembre 1870, celle du gouvernement de la défense nationale puis, après les élections législatives du 8 février 1871, celle placée sous l’autorité d’Adolphe Thiers et d’une Assemblée nationale à majorité royaliste installée à Versailles, organisera, sous la pression de l’Empire allemand et des milieux d’affaires français, l’écrasement de la Commune de Paris.
Elle avait promis une mobilisation acharnée avec à l’esprit les souvenirs des batailles de la Révolution française de Valmy (1792) et de Fleurus (1794). Elle signera – malgré l’opposition de Gambetta et de Garibaldi – un armistice honteux, le 28 janvier, et bientôt un traité préliminaire de paix, le 26 février. Après une série de trahisons, elle entérinera, entre autres humiliations, la perte de l’Alsace-Lorraine, avant de se réarmer, avec l’appui des nouveaux maîtres de l’Allemagne, contre Paris.
Le 7 janvier 1871, l’affiche rouge signée notamment par Édouard Vaillant et Jules Vallès demandant la naissance de la Commune de Paris, à l’image de la Commune insurrectionnelle de Paris de 1792, avait eu peu d’écho. Le 22 janvier, les tirs de la troupe sur les manifestants opposés à la capitulation rassemblés devant l’Hôtel de Ville, le jour où Louise Michel prend pour la première fois les armes, lancent l’alarme. La décision du gouvernement de février d’imposer le règlement des loyers et des échéances impayés, de supprimer la solde des gardes nationaux et de s’emparer des canons de Montmartre mettra le feu aux poudres.
Le 18 mars 1871, l’idée de la Commune ressurgit avec la claire prise de conscience de la trahison du gouvernement de défense nationale puis du gouvernement de février et l’engagement des manœuvres de ce dernier pour écraser définitivement la résistance parisienne. Le 28 mars, à la suite des élections municipales du 26, un Conseil de la Commune est proclamé. La Commune de Paris de 1871, du 18 mars au 28 mai, date de la fin de la « semaine sanglante », durera soixante-douze jours (soixante-treize avec la prise du dernier fort à Vincennes, le 29 mai).
« Ceux qui tiennent la matraque exigent l’amnésie historique », écrit Noam Chomsky dans l’Ivresse de la force (Fayard). La Commune de Paris de 1871, clé de l’histoire contemporaine, non seulement française mais mondiale, ce « sphynx » selon l’expression de Karl Marx (1), trop souvent biffé d’une censure tenace dans notre mémoire, sera, malgré l’adversité, d’une intensité politique inouïe.
Stimulée par l’action des clubs, journaux, comités, assemblées, cercles, syndicats, associations, unions dont, en particulier, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, fondée par Nathalie Le Mel et Élisabeth Dmitrieff, militante de l’AIT, ou le Comité des femmes de la rue d’Arras, organisant des ateliers collectifs « afin de préparer l’organisation du travail des femmes par elles-mêmes ». Le rôle des femmes du peuple de Paris est décisif. Les « mains de Jeanne-Marie » comme l’écrivait Arthur Rimbaud, mais aussi leurs voix, leurs plumes et leurs cœurs battants entraîneront, dans le cours des événements, un bouillonnement de projets et d’idées inédit.
De par son œuvre économique et sociale tout d’abord, la Commune répond à l’urgence d’une situation hautement critique et dessine les linéaments d’une nouvelle organisation de la société. Entre autres mesures, elle promulgue l’interdiction de l’expulsion des locataires, un moratoire sur les loyers, la réquisition des logements vacants pour les donner aux sans-logis et aux victimes des bombardements.
Elle transforme huissiers, notaires, commissaires-priseurs et greffiers des tribunaux en fonctionnaires pour les plus pauvres, elle promulgue la suspension de la vente des objets du Mont-de-piété et le dégagement gratuit pour certains d’entre eux. Elle met en place les éléments d’une protection sociale, avec la création de pensions, de cantines, de dispensaires, d’orphelinats ainsi que de soins médicaux gratuits.
Dans le champ du travail qu’elle commande directement, elle limite la journée de travail à dix heures, journée de travail qui était le plus souvent de quinze, voire de dix-huit heures par jour. Elle réglemente le travail de nuit et l’interdit dans les boulangeries. La Commune prend des mesures d’augmentation des salaires pour les travailleurs communaux, dont les postiers et les instituteurs. Elle contraint les entreprises qui travaillent pour elle de fixer un salaire minimum.
Elle interdit la pratique des amendes et des retenues sur les salaires opérée par le patronat. Elle assimile l’abandon d’un atelier par un patron à une désertion et légalise la remise aux travailleurs, constitués en société coopérative, des ateliers abandonnés avec une journée de travail maximale de dix heures et la désignation de leurs cadres par élection. Elle supprime les bureaux de placement privés et stimule la création de chambres syndicales qui se multiplient, et accroissent leurs actions.
Inédite par son œuvre sociale et économique, la Commune de Paris de 1871 le sera également par son œuvre politique. Constitué de républicains de gauche, jacobins, blanquistes et indépendants ainsi que de socialistes, proudhoniens, internationalistes communistes ou radicaux, le Conseil de la Commune tire son inspiration politique des revendications démocratiques de la Convention montagnarde (1793-1794), de la Constitution de l’an I ainsi que de celles nées pendant et après la révolution de 1848, mettant en avant la démocratie directe – question agitant également les rangs de l’AIT –, la déconcentration du pouvoir d’État ainsi que le contrôle des représentants par le peuple.
Elle fait aussi écho aux revendications de la démocratie ouvrière impliquant la démocratisation de l’organisation des unités de production, usines, manufactures, ateliers et services publics. Entre autres mesures, elle promulgue le principe de séparation de l’Église et de l’État et la suppression du budget des cultes.
Elle met en place, contre l’enseignement traditionnel imprégné d’obscurantisme, de préjugés inégalitaires de race, de sexe et de classe, une commission de l’enseignement avec pour mission la création d’une école laïque, gratuite et obligatoire incluant les arts, le sport et la culture pour tous ainsi que la promotion de l’enseignement professionnel polytechnique et l’égalité des sexes.
Elle met en place une commission fédérale des artistes dans laquelle se retrouvent notamment Corot, Courbet, Daumier et Manet pour faire ouvrir au public les musées de la ville, le jardin des Tuileries aux enfants et les bibliothèques aux travailleurs. Une révolution en matière culturelle pour l’époque.
« Les théâtres s’ouvrent », raconte Prosper-Olivier Lissagaray (2) : « Le Lyrique donne une grande représentation musicale au profit des blessés. L’Opéra-Comique en prépare une autre. Les artistes abandonnés par le directeur de la Gaieté dirigent eux-mêmes leur théâtre. Le Gymnase, le Châtelet, le Théâtre-Français, l’Ambigu-Comique ouvrent leurs portes à la foule. Des concerts sont organisés aux Tuileries, pour les veuves et les orphelins de la Commune. »
Dans le domaine politique au sens institutionnel, la Commune, fonctionnant sur la base d’un dialogue ouvert permanent avec le peuple parisien par le biais des commissions, est placée sous le principe de la révocabilité des élus et des magistrats ainsi que l’idée du mandat impératif.
Patriotique mais dans un sens universaliste, elle ouvre la citoyenneté aux étrangers, qui seront nombreux parmi ses militants et combattants. Soucieuse de rompre avec le centralisme du Paris impérial, elle envisage la mise en place d’une République décentralisée fondée sur un pouvoir municipal élargi.
Mais la Commune de Paris de 1871 ne fut pas seulement un ensemble d’organes politiques et civiques dont l’action, d’une teneur extraordinaire pour les deux mois de son existence, pourrait être considérée comme un « arrêt sur image ». Comme telle, malgré ses audaces, sous la menace constante de son écrasement militaire et de son effondrement politique, isolée par l’échec des Communes provinciales, entre autres, de Lyon, Marseille ou Saint-Étienne, elle souffre nécessairement de nombre d’imperfections, de limitations et de contradictions soulignées, notamment, par la critique marxienne et marxiste.
Elle fut, comme la Révolution française ou la révolution soviétique de 1917, un mouvement social en acte porteur, dans ses interstices mêmes, de principes dépassant sa lettre et traversant les époques.
Portant en elle l’espérance de ce « temps des cerises » qui, depuis la révolte de Spartacus contre le régime de l’esclavage romain, ne cesse de renaître au printemps d’une humanité productrice et créatrice s’émancipant de ses tutelles politiques, économiques, sociales et imaginaires, elle ne cesse de nous interpeller et de nous convier à la découvrir et à la redécouvrir, à l’image du hors-série exceptionnel, « Un espoir mis en chantier », que l’Humanité consacre à son cent cinquantième anniversaire.
Sur ses branches de mai 1871 ensanglantées par l’égoïsme armé des classes et des castes dominantes, comme au sortir de l’Occupation et de la Collaboration, ombrageant le mur des Fédérés témoignant de l’héroïsme des titis et des grisettes de la Commune de Paris, « à l’assaut du ciel », les fleurs de cerisier des « jours heureux ».
(1) La Guerre civile en France, dans Sur la Commune de Paris, textes et controverses. Éditions sociales, 2021.
(2) Histoire de la Commune de Paris 1871, de Prosper-Olivier Lissagaray. La Découverte, 2005.