Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 août 2022 4 25 /08 /août /2022 09:34

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 août 2022 3 24 /08 /août /2022 08:06

 

Nasser Mansouri-Guilani

Entre juin 2021 et juin 2022, les prix ont augmenté de 8,6 % dans l’Union européenne et de 5,8 % en France. Ces « taux moyens » masquent le réel fardeau pour les travailleurs salariés, retraités, privés d’emploi. Ainsi, en France, le coût de l’énergie, qui représente environ 10 % des dépenses des ménages, a augmenté de 28 % sur cette même période.

Alimentée par la pandémie de Coronavirus, puis la guerre en Ukraine, la hausse des prix s’explique fondamentalement par les mécanismes de fonctionnement de l’économie capitaliste, caractérisée à présent par une financiarisation à outrance.

La hausse des prix réduit le pouvoir d’achat et durcit les conditions de vie, particulièrement celles des travailleurs. En effet, la baisse du pouvoir d’achat constitue le premier sujet de préoccupation des travailleurs en France. Mais la hausse des prix affecte aussi l’activité économique et l’emploi.

Le problème n’est pas propre à la France et devient universel. En particulier, les régions les plus pauvres du monde souffrent de plus en plus à la fois d’une hausse des prix et d’une pénurie de denrées alimentaires. À tel point que la plupart d’entre eux est confrontée au problème de l’insécurité alimentaire. Comme le constate la Banque mondiale : « Avant même la survenue de la pandémie de COVID-19, qui a fait chuter les revenus et désorganisé les chaînes d’approvisionnement, la sous-alimentation chronique et aiguë était en augmentation… L’impact de la guerre en Ukraine ajoute des risques qui menacent la sécurité alimentaire… ce qui pourrait plonger des millions de personnes supplémentaires dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë » (Banque mondiale, Le point sur la sécurité alimentaire, mai 2022).

Patronat et libéraux veulent faire supporter le coût de la hausse des prix par les travailleurs

Le discours libéral dominant présente la hausse des prix comme un « phénomène exogène », quelque chose qui serait venu de l’extérieur du système. Ils attribuent ainsi la hausse des prix à la pandémie, puis à la guerre en Ukraine.

Certes, ces événements sont lourds de conséquences, et ceci non uniquement en termes de prix. Mais de tels propos visent à camoufler le fait que les difficultés viennent du mode de développement capitaliste, de la soif insatiable du profit et des politiques libérales et leurs effets néfastes sur l’emploi, les salaires, les conditions de travail et de vie des travailleurs et sur l’environnement.

On nous dit qu’après trois décennies de prix bas, nous entrons dans une phase de la hausse des prix. Ainsi, le ministre de l’Economie affirme qu’il va falloir désormais s’y habituer, ne serait-ce que du fait de la transition écologique (France Inter, 1er juin 2022). Parallèlement, pour habituer les citoyens à la hausse des prix, certains responsables et observateurs politiques font le lien avec la guerre en Ukraine, prévoyant que celle-ci sera de longue durée.

Une telle présentation vise en fait à enjoliver les politiques libérales appliquées en France depuis un demi-siècle, à l’instar des autres pays capitalistes. Elle est critiquable car ces prix bas avaient, ont, comme contreparties une « déflation salariale » et, parallèlement, une « inflation financière ».

Expression de la solution capitaliste à la crise structurelle du capitalisme, le couple « déflation salariale / inflation financière » constitue aussi une caractéristique essentielle de la financiarisation de l’économie.

Sans entrer dans les détails, nous passerons ici en revue les conséquences de cette combinaison « déflation salariale / inflation financière » au travers des mouvements conjoncturels de l’économie française du demi-siècle passé.

Au cours des années 1970, on assiste à une coïncidence de faiblesse de l’activité économique (stagnation) et de hausse régulière des prix (inflation). La notion de « stagflation » rend compte de cette configuration.

Le remède, de ceux qu’il est à présent convenu d’appeler « les libéraux », à cette crise fut de dévaloriser le travail. C’est la fameuse « désinflation compétitive » qui constitue, depuis, l’alpha et l’omega des politiques économiques et de gestion des entreprises. Cette logique libérale a également présidé les choix politiques au niveau de la construction européenne.

Cette politique a certes permis de réduire l’inflation, mais à quel prix ?

  1. Faiblesse structurelle des salaires, de l’emploi et de la formation, hausse du chômage massif et de longue durée, développement de la précarité… (« déflation salariale ») ;
  2. Hausse des prix des actifs financiers et de l’immobilier (« inflation financière »), avec son corollaire, hausse du « coût du capital ». 

En effet, l’une des conséquences les plus importantes et les plus structurantes de cette combinaison « déflation salariale / inflation financière » est un partage des fruits du travail aux dépens des travailleurs — qui créent les richesses par leur labeur — et au profit des détenteurs de capitaux. Cette déformation se réalise par deux mécanismes simultanés :

  1. baisse de la part des salaires (et des cotisations sociales des salariés et des employeurs) dans la valeur ajoutée ;

2. inversement, hausse des prélèvements opérés par le capital sur cette même valeur ajoutée.

Ces prélèvements prennent plusieurs formes : dividendes et bénéfices versés aux actionnaires et propriétaires, intérêts versés aux créanciers, rachat d’actions, rente foncière… La notion de « coût du capital » fait référence à cet ensemble. On peut donc dire que l’une des conséquences de la combinaison déflation salariale / inflation financière est bien la hausse du coût du capital.

En effet, l’accumulation du capital en général et particulièrement celle du capital financier nécessité de mobilier une part de plus en plus importante de la valeur ajoutée pour « rémunérer » ce capital. Ce qui veut dire qu’il en restera moins pour les travailleurs en termes absolu (salaire net) et relatif (affaiblissement de la protection sociale du fait de l’insuffisance relative des recettes de la Sécurité sociale et de l’État au regard des besoins à satisfaire).

En termes de comptabilité nationale, le concept de « taux de marge » (excédent brut d’exploitation) est une expression de ces prélèvements réalisés au profit du capital.

Le graphique 2 retrace l’évolution du taux de marge des entreprises sur la longue durée. On constate une hausse vertigineuse au cours des années 1980 qui coïncide avec les débuts de la mise en place de la politique de désinflation compétitive, puis une hausse depuis une petite dizaine d’années en lien avec la multiplication des « cadeaux » accordés aux entreprises notamment dans le cadre de la politique dite d’« économie de l’offre », promue particulièrement par Emmanuel Macron, conseiller du président Hollande devenu plus tard ministre de l’Économie puis président de la République.

Dans la vie quotidienne, ces prélèvements se traduisent dans le prix des biens et services. On mesure et la pression qu’ont subie les travailleurs, autrement dit le degré d’exploitation et l’ampleur de la déflation salariale tout au long de ces années, car en même temps que ces prélèvements — qui, rappelons-le, constituent une partie du prix des biens et services — augmentaient, ces prix, eux-mêmes, n’augmentaient guère.

Ce constat est important pour le débat actuel autour de la hausse des prix et les moyens d’y faire face. Il confirme que contrairement à ce que prétendent les libéraux et le patronat, la hausse des prix ne s’explique pas par celle des salaires. Elle s’explique, de façon structurelle, par le coût exorbitant, et croissant, du capital. Même si, comme cela a été évoqué plus haut, elle s’explique aussi, de façon conjoncturelle, par la pandémie et surtout par la guerre en Ukraine.

La conclusion logique qu’on peut tirer de ce constat est que pour faire face à la hausse des prix, il faut remettre en cause le sacro-saint principe libéral qui consiste à tout faire pour veiller à la rentabilité du capital ; principe connu aussi sous le vocable de « théorie de ruissellement », revêtu également par M. Macron sous la formule des « premiers de cordée ».

La combinaison déflation salariale / inflation financière a également d’autres conséquences de portée économique, sociale et environnementale :

  • des économies sur la recherche-développement, délocalisation des activités, désindustrialisation, affaiblissement du potentiel productif du pays, déficit chronique du budget de l’État, des comptes de la Sécurité sociale et du commerce extérieur… ;
  • atteintes contre l’environnement, par exemple à travers la multiplication des transports de marchandises dans le cadre des délocalisations et de segmentation des processus productifs ;
  • hausse des inégalités sociales à cause de trois phénomènes majeurs : un partage de la valeur ajoutée au détriment des travailleurs ; une hausse importante des hauts et très hauts salaires alors que les autres échelons de salaires restaient très peu dynamiques ; un affaiblissement des services publics et de la protection sociale…[1]

Cette configuration produit aussi des fragilités économiques et financières se manifestant (outre la faiblesse chronique de l’activité économique, le chômage massif et de longue durée et le développement de la précarité) par une répétition des crises foncières d’ampleur plus ou moins importante, qui s’avèrent lourdes de conséquences pour les travailleurs.

Le piège du débat technicien sur la stagflation

Depuis quelques mois, on assiste à une combinaison de la hausse des prix et du ralentissement de l’activité économique. Comme cela a été évoqué plus haut, les responsables politiques et le patronat attribuent ces évolutions à la pandémie puis à la guerre en Ukraine qui ont engendré des difficultés d’approvisionnement de matières premières, d’énergie et de certains produits. D’où la résurgence du débat sur la stagflation.

Il importe de souligner qu’avant même ces événements, une nouvelle crise économique et financière se profilait à l’horizon, précisément à cause de la déflation salariale et de son corollaire, la financiarisation de l’économie.

Ces responsables politiques et le patronat évoquent la stagflation pour justifier la déflation salariale et revendre leurs vieilles recettes : empêcher la hausse des salaires, soi-disant pour éviter la spirale « hausse des salaires-hausse des prix » ; améliorer la rentabilité du capital et le taux de marge des entreprises ; restreindre les services publics et la protection sociale ; et pour certains, augmenter les taux d’intérêt et réduire l’offre de monnaie.

À vrai dire, le débat technicien sur la stagflation interdit de débattre du vrai sujet qui est la combinaison « déflation salariale/inflation financière » et des thèmes fondamentaux comme la part des profits dans les prix et celle de la spéculation dans la hausse récente de ceux-ci, l’usage des centaines de milliards d’euros d’aides accordées par l’État ou injectés par la Banque centrale européenne (BCE), les effets néfastes de la financiarisation, la mainmise des actionnaires et des financiers sur les entreprises.

Pour les travailleurs, l’enjeu n’est pas de savoir si on entre en stagflation et qu’elles en seront l’ampleur et la durée. L’enjeu est bien de sortir de la déflation salariale.

Spéculateurs et actionnaires des grands groupes sont les gagnants de la hausse actuelle des prix

Sur un fond de phénomènes structurels (par exemple, le réchauffement climatique) qui affectent la disponibilité des ressources et des produits, et sur la base des « coûts de production » (qui, rappelons-le encore, incluent aussi les profits des entreprises), à un moment donné le prix dépend de la rencontre entre l’offre et la demande. Les moments de tension, comme c’est le cas actuellement, perturbent cette rencontre et sont propices à la spéculation (acheter aujourd’hui pour revendre plus cher demain).

La Russie et l’Ukraine sont parmi les plus gros fournisseurs de denrées alimentaires et d’engrais. Leur production n’a pas diminué du jour au lendemain, suite au déclenchement de la guerre. Pourtant les prix de ces produits ont grimpé. La raison en est que, profitant de la guerre, les « fonds spéculatifs » — qui ne sont parfois que les filiales des banques, des compagnies d’assurances et d’autres institutions financières — ont acheté pour revendre plus cher.

Ainsi, entre avril 2021 et 2022, au niveau mondial le prix des produits alimentaires a augmenté de 30 %, celui des céréales de 34 %, de l’huile végétale de 46 %, des produits laitiers de 23,5 %, du sucre de 22 % et de la viande de 17 % (source : FAO). En mai 2022, le prix des produits agricoles a grimpé de 42 % par rapport à janvier 2021, celui du maïs et du blé de 55 % et 91 % respectivement (source : Banque mondiale).

C’est la même chose en ce qui concerne le pétrole. D’après l’Opep, la guerre en Ukraine a « suscité des inquiétudes quant à une perturbation de l’approvisionnement à court terme … Les fonds spéculatifs et autres gestionnaires de fonds ont augmenté leurs positions en prévision d’une hausse des prix du pétrole. »

Les graphiques 3 et 4 illustrent bien le caractère spéculatif de la hausse des prix.

Ces évolutions expliquent aussi, partiellement, la hausse des bénéfices des grands groupes. Ainsi, grâce à la hausse des prix de l’énergie, TotalEnergies a engrangé au premier trimestre 2022 un bénéfice net de 4,9 milliards de dollars, et cela malgré les dépréciations liées à la Russie (source : Le Figaro, 28 avril 2022).

Pour la paix, la stabilité et le progrès social

Le prolongement de la guerre en Ukraine affectera les conditions de production et par conséquent l’offre de certaines matières premières, de denrées alimentaires et plus généralement de produits.

Or, comme le souligne une note réalisée par les ONG Attac et Oxfam : « Avant même cette guerre, l’insécurité alimentaire dans le monde était en effet en hausse pour la sixième année consécutive : en 2020, 2,4 milliards de personnes en souffraient, que ce soit en Europe (10 % de la population touchée) ou ailleurs. »

Selon le Fonds monétaire international (FMI), « la situation des pays fragiles ou touchés par un conflit est particulièrement préoccupante, car leurs réserves stratégiques couvrent moins de 2,5 mois de consommation intérieure nette. Globalement, les hausses des prix alimentaires et les risques de pénuries de blé pénalisent davantage les pauvres, qui consacrent une part supérieure de leurs dépenses à l’alimentation. Ce contexte accentuera la pauvreté et les inégalités mais aussi les risques de troubles sociaux. »

Trois mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, force est de reconnaître que chaque jour de conflit engendre des souffrances pour le peuple ukrainien, première victime de cette guerre abominable, et aussi pour les autres peuples. Dans l’intérêt de tous les peuples, il est donc indispensable d’explorer toutes les voies diplomatiques pour y mettre fin le plus vite possible, car la fuite en avant dans la guerre aggrave la situation et ne profite qu’aux spéculateurs et aux fabricants et marchands d’armes.

L’enjeu est d’autant plus grand que cette guerre sert d’alibi pour une dérive dans la militarisation à travers le monde. L’Union européenne n’y échappe pas. Ainsi, l’Allemagne budgétise des dizaines de milliards d’euros à cette fin, particulièrement pour l’achat des avions de combat américains. Et en France, le président de la République nouvellement réélu ordonne une nouvelle loi de programmation militaire.

Au-delà de la guerre en Ukraine et ses effets dévastateurs, la situation actuelle pose un ensemble de questions qui, en dernière analyse, ont trait au droit de tous les peuples au progrès social et au mode de développement ; elle met aussi en exergue la nocivité des politiques libérales appliquées en France, en Europe et dans le reste du monde.

Le fait que les « pays les moins avancés » dépendent largement des importations de denrées alimentaires témoigne du caractère néfaste des « programmes d’ajustement structurel » imposés par le FMI et la Banque mondiale avec le soutien des grandes puissances, parmi lesquelles l’Union européenne. Il témoigne aussi de l’absolue nécessité de transformer la politique d’aide au développement pour en faire un levier de véritables coopérations permettant, entre autres, de développer des services publics de qualité et de promouvoir une agriculture diversifiée et autonome assurant la sécurité et la souveraineté alimentaires.

De la même manière, le fait que les fonds spéculatifs et les grands groupes profitent de cette situation pour enrichir leurs actionnaires prouve la nécessité d’un contrôle public et social de leurs activités. Il s’agit notamment des droits d’intervention des salariés et leurs représentants sur les choix stratégiques de ces entreprises. L’enjeu est d’appliquer les critères sociaux et environnementaux et de repousser l’exigence de rentabilité financière, ce qui permettrait d’alléger la pression sur les travailleurs et, entre autres, réduire les coûts et par conséquent les prix à la consommation.

Dans la mesure où les institutions financières et les groupes énergétiques se rangent parmi les grands gagnants de cette situation, la question d’une ré-appropriation publique et sociale de ces institutions se pose également, car leur privatisation a contribué à cette situation et n’a profité qu’aux actionnaires.

Enfin, et non la moindre des choses, face à la hausse des prix, le soutien du pouvoir d’achat des travailleurs est fondamental. Il est erroné de croire qu’on pourra y arriver par des mesures ponctuelles comme les primes et les chèques. Des mesures telles que l’encadrement des prix des produits et services de première nécessité ou encore la taxation des bénéfices des groupes obtenus grâce à la spéculation sont nécessaires. Plus fondamental encore, il est indispensable d’augmenter les salaires pour sortir de la déflation salariale et de la trappe à bas salaires car, comme cela a été souligné plus haut, contrairement à ce que disent les libéraux et les patrons, ce qui handicape notre économie, ce n’est pas le prétendu coût élevé du travail, mais bien le coût exorbitant et croissant du capital.

Graphique 1

Indices des prix à la consommation

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 août 2022 7 21 /08 /août /2022 17:00
A coeur ouvert - Journal santé du PCF, 3e trimestre 2022
A coeur ouvert - Journal santé du PCF, 3e trimestre 2022
A coeur ouvert - Journal santé du PCF, 3e trimestre 2022
A coeur ouvert - Journal santé du PCF, 3e trimestre 2022
Partager cet article
Repost0
21 août 2022 7 21 /08 /août /2022 16:03
Fête de l'Humanité 2022 à la base aérienne 217 de Plessis-Pâté dans l'Essonne: les 9, 10, 11 septembre: réservez votre week-end!
Un « nouvel élan » pour la Fête de l’Humanité

Après vingt-deux ans passés en Seine-Saint-Denis, cet événement musical et politique majeur, grand rendez-vous politique de rentrée de la gauche, organisé par les communistes depuis plus de 90 ans, va poser ses valises sur l’ancienne base aérienne 217, au Plessis-Pâté, dans l’Essonne, les 9, 10 et 11 septembre. Fini l’aire des Vents, une nouvelle ère s’ouvre.

 
En 2022, la Fête de l’Humanité prend son envol ! 🪂
 
C’est une toute nouvelle Fête de l'Humanité, intégralement repensée et complètement inédite, qui sera à découvrir les vendredi 9, samedi 10 et dimanche 11 septembre prochains, sur La Base 217 du Plessis-Pâté en Essonne !
 
Il est possible d'acheter votre bon de soutien ouvrant droit aux 3 jours d'entrée sur la fête auprès des militants et sections communistes du Finistère pour 35 euros par bon de soutien avec une invitation pour l'entrée à valider ensuite par internet.
 
Ce bon de soutien est aussi un soutien au journal l'Humanité. Et il est possible d'acheter un bon de soutien de 35 euros pour soutenir le journal l'Humanité, journal engagé pour l'alternative sociale et politique de gauche, et les idées émancipatrices et communistes, sans venir à la fête soi-même.
 
Si vous souhaitez participer à la fête de l'Humanité comme bénévole sur le stand du PCF Finistère, qui fonctionne chaque année avec 60-70 bénévoles et militants et qui dispose d'un espace de restaurant (Kig-ha-Farz finistérien, Saucisses de Molène-Pommes de terre grenailles) et bar, ouverts du vendredi au dimanche, vous pourrez en donnant 3h par jour minimum de travail pour le stand vivre une très belle expérience collective, fraternelle et festive, et profiter de la fête de l'intérieur tout en plantant votre tente à l'arrière du stand si besoin.
 
Les fiches d'inscription sont annexées en pièce-jointe avec les plannings à la publication. Contact et retours avant le dernier week-end d'août à federation@29.pcf.fr /et PCF 29 - 5 rue Henri Moreau - 29 200 BREST - renseignements: 02 98 43 47 78 
 
 
Possibilité d'envisager des covoiturages pour se rendre sur la fête.
 
Vous serez les bienvenus sur le stand du PCF Finistère les 3 jours de la fête. Il sera situé dans l'espace Bretagne Avenue Gisèle Halimi.
 
L'espace Bretagne aura une scène commune:
 
Avec Fest-Noz le vendredi soir
 
Débat sur les Transports et Mobilités le samedi après-midi, 10 septembre, à 15h:

"Le train : un service public, efficace pour les breton.ne.s et pour le climat "

Animé par Gladys Grelaud, Conseillère régionale PCF, de Bretagne

Dimanche 11 Septembre à 11h, Espace – débats Bretagne:

T2A : "Rendre le soin aux soignants..."

- Hamama Bourabaa – Fondatrice et présidente de l'association “Rendre le soin aux soignants”

- Jean-Marie Fessler – Docteur en économie de santé - Président du conseil scientifique de l'Institut Montparnasse – Docteur en éthique médicale – Ancien directeur d'hôpital et des établissements de soins de la MGEN

- Fabien Cohen – Commission santé / protection sociale du PCF – Membre du Comité national du PCF

Animé par Christiane Caro, Atelier Citoyen Santé Bretagne,PCF "

 
 
 
Sinon, entrée commerciale à la fête de l'Humanité actuellement à 50 euros pour les 3 jours à vendre sur le site de l'Humanité:
 
 
🔴 Pass 3 Jours en vente ici dès maintenant* 👉 http://fetehumanite.seetickets.com/
 

Si la base 217 peut paraître lointaine, elle n’est pas moins accessible en transports en commun que ne l’était l’aire des Vents. « Entre l’entrée de la Fête et la station de Brétigny sur la ligne C, la distance est la même que celle qui séparait le RER du Bourget du site de La Courneuve, approximativement 3 kilomètres », indique le directeur de la Fête.

En outre, des navettes assureront la liaison durant tout le week-end entre les gares des RER C et D (cette dernière étant un peu plus éloignée) et la Fête. « Et nous avons travaillé avec la SNCF et les collectivités pour adapter le plan de transport, afin de s’assurer que le site sera accessible, poursuit le responsable. Une vingtaine de trains supplémentaires seront ainsi rajoutés ce week-end-là. » Le lieu proposera également davantage de places de parking sur site, à proximité du cœur de Fête.

Pour ceux qui souhaiteraient dormir sur place, ce sera bien évidemment possible. Le camping, qui existait déjà sur l’aire des Vents, sera là-bas proposé avec de nouveaux services : locations de tipis, de tentes, de matelas, de draps. Un coin famille sera également proposé. Une importante zone sera dédiée aux camping-cars, au prix de 20 euros les trois jours.

 

Informations diverses:

https://www.facebook.com/FetedelHumanite

https://fete.humanite.fr/

 
🔴 OUVERTURE DE LA BILLETTERIE PARKING !
Vous pouvez désormais réserver vos billets pour le parking de la Fête de l'Humanité, situé directement aux abords du site de la Fête.
♿ Parking PMR/PSH : un parking gratuit est accessible en Porte B sur présentation de la carte mobilité inclusion.
🚲🏍 Parking 2 Roues : un parking gratuit est accessible en Porte R (motos et scooters) et via l'entrée piéton (vélos). Ce parking est géré par la FFMC - Fédération Française des Motards en Colère, partenaire de la Fête de l'Humanité.
Réservez votre parking sur 👉 https://parkings-fh.agp.fr/
Fête de l'Humanité 2022 à la base aérienne 217 de Plessis-Pâté dans l'Essonne: les 9, 10, 11 septembre: réservez votre week-end!
FOCUS SUR... La programmation de la Scène Angela Davis ! 👀
Du rap à la soul en passant par la chanson française et l’électro, la programmation de la Scène Angela Davis vous fera voyager dans des univers musicaux éclectiques. Les 9, 10 et 11 septembre prochain vous pourrez y retrouver Jacques Dutronc & Thomas Dutronc, Sexion D'Assaut, Selah Sue, Laylow, CHRISTOPHE MAE, Kungs, Benjamin Biolay, Ibeyi, Ronisia, Zamdane, The Excitements et le Grand Choeur du Canto ! 🔥
Fête de l'Humanité 2022 à la base aérienne 217 de Plessis-Pâté dans l'Essonne: les 9, 10, 11 septembre: réservez votre week-end!
Entre beats tranchants, rythmes dansants, et textes émouvants, ils viendront tous enflammer la scène Joséphine Baker sur la Base 217, nouvelle terre d’accueil de la Fête de l’Humanité ! 🔥
Pass 3J à retrouver 👉 fetehumanite.seetickets.com
Partager cet article
Repost0
20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 12:53

Après deux ans passés à Aix-en-Provence (2021, 2019), et quatre ans passés à Angers, cette année, l'université d'été du PCF aura lieu à Strasbourg les 26, 27, 28 août, avec un programme très intéressant comme d'habitude, ouvert sur le monde, la diversité de la gauche, l'histoire, la réflexion et les enjeux sociaux, sociétaux et internationaux. Une expérience très formatrice qui permet d'échanger avec des camarades de toute la France. Cinq camarades de la fédération PCF du Finistère au moins participeront à cette université d'été: Gladys Grelaud, Marion Francès, Enzo De Gregorio, Taran Marec et Ismaël Dupont.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 12:40

 

 

 

Deux événements concomitants, intimement liés, ont marqué la semaine passée. Le premier est le sinistre anniversaire de la reprise du pouvoir en Afghanistan par les talibans. Depuis un an, ils y font régner la terreur et contribuent à amplifier une pauvreté absolue. Ils cultivent la haine contre la culture et l’émancipation. Ils emprisonnent physiquement, psychologiquement, socialement les femmes et les jeunes filles jusque dans la geôle vestimentaire, grillagée, barbare et féodale, qu’ils leur imposent. Le deuxième événement s’est déroulé à New York. Alors que l’écrivain Salman Rushdie s’apprêtait à tenir une conférence sur l’une des plus belles créations humaines, la littérature, il a été victime d’une tentative d’assassinat au couteau. À cette heure, selon les informations provenant de son entourage, ses jours ne semblent plus en danger, mais il semble que Salman Rushdie aura de nombreuses séquelles de cette attaque sauvage. Nous lui souhaitons le meilleur rétablissement possible.

Ces deux événements relèvent de la même absurde logique de l’islamisme intégriste. Celui-là même dont des millions de musulmans sont les victimes au quotidien. Dans les deux cas, c’est la culture, le savoir, l’éducation, l’imaginaire qu’on tue. Dans les deux cas, c’est au nom d’un dieu, la négation de l’être humain et la glorification de la mort.

À Kaboul, une manifestation de femmes devant le ministère de l’Éducation nationale pour le droit au travail et à la santé a été violemment dispersée en à peine quelques minutes.

Les gardiens du temple djihadiste les ont pourchassées, les ont battues à coups de crosse. À New York, un même bras armé par le fanatisme et l’obscurantisme poignardait le grand écrivain.

Ces coups de poignard sont de nouvelles entailles contre la liberté de penser, d’écrire, de publier, de parler. Les mêmes poignards de haine ont ôté la vie à Samuel Paty, au père Jacques Hamel et à Daniel Pearl. Le même fanatisme a tué nos amis de Charlie Hebdo.

Ces crimes sont l’expression barbare de la négation de l’être humain, de son rapport aux autres, de sa volonté et sa liberté de s’informer, de comprendre, de s’exprimer, d’aimer.

Celui qui, à New York, a brandi ce poignard pour le plonger dans la chair de Salman Rushdie n’a jamais lu aucun de ses livres. Encore moins, Les versets sataniques qui ont servi depuis une trentaine d’années à déclencher une série de manifestations et d’assassinats de traducteurs, d’éditeurs, de journalistes.

La première manifestation contre cet ouvrage a eu lieu le 12 février 1989 au Pakistan. Elle était organisée par ceux-là mêmes qui aujourd’hui constituent le mouvement islamique des talibans en Afghanistan. Ceux auxquels les États-Unis ont fait place nette il y a un an, dans une fuite honteuse, abandonnant les Afghans à leur funeste sort.

C’est en découvrant cette manifestation que l’ayatollah Khomeiny condamnait à mort Salman Rushdie et appelait à le tuer. Non pas que le livre lui ait déplu : il ne l’a pas lu. Sa fatwa n’avait pour seul objectif que de redorer son blason au moment où son étoile pâlissait. Rien à voir donc avec le contenu du livre lui-même, mais tout à voir avec une lutte politique au sein de l’Iran et plus largement d’une lutte politique au sein de l’islam politique. La dénonciation des Versets sataniques était pour lui le moyen de tenter de se transformer en chef de l’Orient islamique. C’est au nom de son projet personnel que les services de l’État iranien pourchassent Rushdie de par le monde tout en appelant les faibles d’esprit, les criminels, les obscurantistes à exécuter sa sentence. Est-ce que le meurtrier de la semaine dernière a agi avec ce décret religieux en tête ? Il semblerait que oui.

On ne peut que regretter qu’à l’époque un cordon politique protecteur n’ait pas été érigé autour de Salman Rushdie et de son œuvre. Tant de chefs d’État, de personnalités de différentes obédiences, de responsables religieux jusqu’au Vatican, d’écrivains et d’intellectuels ont trop banalisé cette abominable sentence, cet appel au meurtre en soutenant l’idée qu’il s’agissait d’un blasphème.

 

Blasphème ? De la part d’un ami de l’islam, celui de son enfance indienne qu’il défendait. « Cette pensée musulmane large d’esprit », disait ce défenseur du Coran qu’il souhaite voir interprété au vent frais des Lumières. Un islam vivant, donc ouvert aux interrogations, argumentations voire controverses. C’est cette ouverture qui parcourt la riche œuvre de Salman Rushdie. Que le chef d’une théocratie puisse condamner ainsi à mort un homme, citoyen britannique, né en Inde sans soulever de protestations défie les universelles valeurs.

Au-delà de la censure, il s’agissait d’une violation de la légalité internationale, un acte de banditisme d’État. Un acte de terrorisme d’État. Ce que le sectarisme, l’obscurantisme condamnait ce n’était pas simplement une opinion, ni seulement la liberté d’expression, mais une œuvre. Une œuvre romanesque. Un roman qui mêle fictions et pensées critiques, en reprenant le travail intellectuel de grands chercheurs musulmans. Les versets sataniques ne sont pas une énonciation et encore moins une dénonciation, mais une fiction d’où jaillit plusieurs voix narratives, un tissage et un détricotage de contradictions, un travail d’angles aigus, pointus pour décrypter, soulever la réalité, celle que l’auteur a vécu avec l’émigration.

Loin d’être lointaine ou exotique, l’auteur à partir de son expérience fait sentir combien l’immigration bouleverse les vies, agite les contradictions de ce monde. Les versets sataniques font mesurer la richesse de la diversité humaine, la pluralité des cultures qu’elle insuffle, ses entrelacements, ses chocs aussi.

Ce roman fait ré-émerger l’histoire profonde. Celle de l’empire arabo-musulman dont les interdits mortifères ont précipité la chute entre le 11e et le 13e siècle. En reprenant ce travail d’intellectuels musulmans du Moyen-Âge, par l’écriture d’une fiction, Salman Rushdie nous fait comprendre que le monde musulman n’est ni un bloc uniforme ni figé dans la pierre. Son roman projette le vieux et souvent douloureux conflit qui depuis des siècles met en tension la littérature et la religion, la littérature et les affaires politiques. Rien donc à voir avec un quelconque blasphème ! L’œuvre de Salman Rushdie est souvent une mise en abîme, une mise en perspective des questions liées à l’identité. Qu’il s’agisse de l’identité nationale, de l’identité ethnique, de l’identité religieuse bref ce qui fait le miel de tous les fondamentalistes et extrémistes réactionnaires. Les adeptes de la fatwa décrétée contre Rushdie se recrutent dans ces cercles où l’ignorance et l’obscurantisme sont les deux mamelles de la bêtise humaine.

Ce même obscurantisme qui niait, il n’y a pas si longtemps les dérèglements climatiques, celui professé dans des cercles des droites extrêmes contre l’histoire ou la science ou encore ceux qui remettent en cause le droit à l’avortement et veulent perpétuer la soumission des femmes à un ordre patriarcal.

Nous souhaitons que Salman Rushdie s’en sorte au mieux, et qu’il puisse continuer à écrire, à créer, à parler. Nous souhaitons la plus grande solidarité combative aux côtés des Afghanes, les travailleuses, les intellectuels, les sportives en Afghanistan pour qu’elles puissent se libérer de leurs cages.

Marie-George Buffet, qui a été une excellente ministre des Sports, avec l’association qu’elle a créée, a depuis longtemps pris le parti de permettre aux sportives afghanes de pratiquer et concourir librement. Qu’elle puisse être entendue et soutenue, afin que les sportives afghanes puissent participer aux Jeux Olympiques à Paris en 2024.

Il ne faut pas qu’après nos larmes, à peine séchées, vienne à nouveau l’oubli.

La vigilance s’impose. Cela fait trente-trois ans maintenant que Salman Rushdie, infatigable éveilleur des consciences, est la cible d’une fatwa exigeant sa mise à mort.

Son combat, le combat pour la liberté, n’est jamais gagné. Il doit sans cesse occupé les esprits justes et forts.

C’est le combat pour la culture, pour la liberté d’écrire, de créer. C’est le combat pour la liberté de la presse et le droit des journalistes de faire leur travail qui doit être partout respecté.

Faut-il que ces ennemis de la liberté, qui pourchassent Salman Rushdie ou Talisma Nasreen, Ousmane Diarra, ou Nudem Durak et tant d’autres depuis si longtemps et martyrisent les femmes, soient à ce point, si dépourvus, si faibles d’esprit pour avoir ainsi peur de mots, de phrases, d’un livre, de la culture, de la création et de la littérature ?

La solidarité avec les Afghanes comme avec les Iraniennes, les Gazaouis, les Pakistanaises, les Irakiennes, les Kurdes et tant d’autres doit vivre et se développer. C’est le combat pour l’émancipation des femmes, d’apprendre, de travailler, de créer. Celui pour leur droit à disposer de leur corps, d’aimer librement, de donner naissance ou non.

 Dans les deux cas, des actes forts sont nécessaires.

Les femmes afghanes pourraient, par exemple, recevoir le prix Sakharov du Parlement européen et être présentées à la candidature pour le prix Nobel de la paix.

Salman Rushdie pourrait être présenté pour le prix Nobel de littérature. Symbolique ? Peut-être ! Mais si fort que ces distinctions seraient partie intégrante d’un nécessaire rapport de forces pour protéger toutes celles et ceux qui vivent en permanence sous la menace et promouvoir la liberté. Nul ne peut être étranger au combat pour leur liberté, pour la liberté.

Partager cet article
Repost0
19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 12:27
Des mots pour une alternative - Contribution au débat des communistes au sein du PCF - par Yvon Huet

YVON HUET

 

CONTRIBUTION AU DÉBAT DES COMMUNISTES AU SEIN DU PCF

 

Des mots pour une alternative

Pour que l'amour soit plus fort que la haine, à l’instar des bons conseils de Salman Rushdie, il faut redonner un sens aux mots qu'on utilise parfois à tort et à travers sans trop savoir d'où ils viennent et où ils vont. La décennie que nous venons de vivre a vu certains mots gonfler au point d'exploser, d'autres disparaître dans l'autocensure, d'autres encore mélanger les genres au point de ne plus savoir ce qu'ils veulent vraiment dire. Derrière tout cela, une énorme crise de société dont les règles sont régies par un jeune système âgé de quelque deux cents ans, le capitalisme, ressenti comme très vieux mais en fait très jeune au niveau de l’histoire humaine. Il fixe le terrain de jeu des guerres qui s'étendent, cristallise les incompréhensions et les défiances dont les mots sont les vecteurs. 

Pertes de repères

 

Pour étayer ce que j'exprime, je renvoie au port de l'étoile jaune par des jeunes, voire moins jeunes, mobilisés dans des manifestations dites « anti-vax » lors de la crise sanitaire. Un signe assez grossier du mélange des genres et de la négation de la mémoire historique. Au niveau de la communication politique, on atteint souvent le sommet de la manipulation qui mène à une sorte d’appel incantatoire au "tribunal populaire" contre ceux qui ne sont pas dans les cordes de la pensée dominante d’un moment de la révolte virtuelle érigée en grand soir permanent ou de son contraire, le dit « raisonnable » qui s’arrange de la fatalité de l’existant. Le vent de la perte des repères, conforté par cette crise savamment entretenue des mots, est particulièrement fort notamment depuis que les témoins de la Seconde Guerre mondiale ont presque tous disparu, mais aussi depuis que la révolution informationnelle a bouleversé le mode de communication traditionnel dans un sens totalement orienté par les GAFAS (Google, Apple, Facebook et Amazon).

 

Éclairage de l’objectif

 

L’accumulation des raisons de cette situation pourrait nous faire croire qu’on ne peut rien y faire. Il ne faut pourtant pas se laisser impressionner et aller à l'essentiel dans le cadre de la lutte que nous menons pour la justice sociale. L’objectif, comme l’a si simplement dit Victor Hugo qui, n’en doutons pas, n’était pas un léniniste, est l’éradication de la pauvreté, qu’elle soit physique ou mentale, et la mise au pas des profiteurs qui, entre autres, font la pluie et le beau temps des terminologies.


Mots brouillés

 

L'exemple du mot "fascisme" employé à la volée est symptomatique de l’ambiance. On a oublié ce qu’il génère réellement pour ne s’attaquer qu’à la forme actuelle de l’exercice du pouvoir qui en fait n’est que le résultat de l’autoritarisme d’un exécutif surdimensionné en tant que réponse des libéraux à la crise du capitalisme. Que dire du mot socialisme et son corollaire le communisme ? Ils sont employés à toutes les sauces, plutôt aigres, voire empoisonnées, dans un fracas de confusions dont le but est de susciter la réaction ultime, « Plus jamais ça », à partir de l’expérience avortée de l’Union soviétique, le but n’étant pas d’analyser ce qui n’avait pas marché mais de tirer à vue sur tout ce qui pourrait désormais remettre en cause un monde capitaliste qui a pu prendre sa revanche et le fait payer aux peuples au prix fort. Là aussi, l’origine des mots est occultée pour ne présenter que la pâle copie d’un idéal dont l’origine est en fait identique à l’éclosion du capitalisme et qui motive encore, sous des formes nouvelles, le corps militant les partis d’une gauche qui se veulent alternatifs. A partir de ces exemples, on peut constater une radicalisation diabolisant le sens des mots. Elle tend à figer les divisions et le rejet, donc toutes formes de clanismes.

On pourrait faire un glossaire de toutes les évolutions de l'expression qui enflamment les discussions des réseaux sociaux. Elles font aussi apparaître une tendance à un ordre moral sous-jacent fondé sur les frustrations générées par cette société capitaliste (j’insiste) qui fait payer ses crises et enferme les consciences dans de multiples voies de garage où l’envie d’en découdre et la détestation aboutissent à des limites que savent gérer les idéologues de la diaspora capitaliste.

 

Résultat ? La majorité se replie sur le mode survie et quitte la scène de l’activité citoyenne pendant que qu’une minorité se paye majoritairement des déchirements de façade fondés sur les leurres de la délégation de pouvoir et du providentiel. Reste une conscience collective à gauche qui se réveille certes mais qui peine à tracer son chemin, elle-même en partie déstabilisée par la perte des repères.
 

Se former pour respirer et gagner

 

Pour sortir de cette chausse trappe récurrente, il faut privilégier l’école de la formation qui conforte l’école de la vie. Il faut prendre son temps dans la réflexion et privilégier les efforts de celles et ceux qui croient à juste titre aux bienfaits de la science quand elle est mise au service de l'humain. Sans compter l’importance à redonner un sens aux mots en expliquant ce qu'ils ont voulu dire dans leur source historique sans craindre l’évolution naturelle des terminologies, sous réserve qu’elles ne soient pas utilisées, comme le mot écologie, pour cacher la misère et les ravages provoqués par le capitalisme financiarisé.  

 

Dans ce contexte, la réflexion fondée sur l'investigation sérieuse* – qui ne contredit pas la nécessité d’une activation la plus importante possible du mouvement social – n’a jamais été si nécessaire qu’aujourd’hui. La relance d’une vie intellectuelle sortie des pratiques de l’élitisme doit permettre de sortir du feu de paille des colères pour entrer dans un processus qu’il faut savoir appeler par son nom, révolutionnaire (encore un mot souvent censuré), parce que remettant en cause la logique d’un ordre établi fondé sur la soumission, n’ayons pas peur non plus de ce mot qui ne mérite aucune capture sectaire. Au même titre que les Droit de l’Homme et du Citoyen si bien défendus par la revue de la LDH, Droits &libertés, qui répond toujours très justement et sur le fond à bien des sujets qui fâchent.

 

N’oublions pas non plus les nombreuses revues de la CGT, qu’elles soient confédérales ou fédérales, qui activent les réseaux de la réflexion syndicale en redonnant pour l’essentiel, du sens aux objectifs souhaitables pour le mouvement social, avec, cerise sur le gâteau, un excellent travail de mémoire réalisé par l’IHS (Institut d’Histoire sociale) ainsi que ses déclinaisons régionales et départementales.

 

Les nombreux outils de communication de la pensée alternative peuvent servir de socle à une formation citoyenne des militants, voire, plus largement, de ceux qui préfèrent la curiosité à la « philo de comptoir » qui se résume souvent à des tweets rageurs et réducteurs que les historiens auront bien du mal à répertorier parce qu’ils seront défraîchis le lendemain de leur apparition comme les lucioles d’un printemps inachevé.

 

Ce ne sont pas des « Bibles » mais des outils de référence qui doivent permettre à chacune et chacun de penser par soi-même, donc de ne jamais craquer devant la pression de la pensée dominante, libérale autant que brutale dans ses exigences, agissant comme un rouleau compresseur et sachant tirer à ses intérêts les contradictions d’une société dans laquelle elle a su individualiser l’essentiel des réflexes, dans le travail comme dans le mode de vie, en isolant chacune et chacun d’entre nous dans un environnement souvent peu propice au débat collectif.

 

La tâche est donc difficile parce qu’à contre-courant de l’existant, mais aussi passionnante, parce qu’elle met en évidence la nécessité de savoir rêver sans perdre les pédales du réel qu’il faut regarder en face sans en être paralysé pour autant. Dans ce sens, les mots que nous utilisons pour exprimer des concepts correspondant soit à la réalité soit à l’espoir alternatif en construction doivent tendre à un retour de repères collectifs significatifs, faute de quoi les conditions durables d’un changement de société permettant aux citoyens de s’épanouir en toute liberté ne seront pas atteints, même en cas d’alternance à gauche.

 

En poussant plus loin le bouchon à titre d’exercice, faisons le tour de deux mots, alternatif et radical. L’utilisation du mot alternatif définit bien le sens d’une rupture pour une libération des forces sociales, avec le pari d’une pérennisation d’un changement de société, avec cette exigence de mettre le monde du travail au cœur des décisions et des préoccupations. L’utilisation du mot radical exclut de fait toute prise en compte de la diversité des options offertes dans le processus alternatif, dans le temps comme dans le contenu. Elle est donc source de soumission et/ou de simple témoignage face à un pouvoir centralisé. La démarche alternative, au contraire, permet la liberté du choix et de son rythme. En cela, elle garantit la liberté de conscience et le débat collectif qui lui donne un cadre, et ce n’est pas rien, quand on sait ce qu’ont donné les réductions pyramidales et ce qu’elles donnent encore aujourd’hui.

 

En cela, nous rejoignons la courageuse leçon humaniste de Salman Rushdie tout en suivant les enseignements d’un marxisme qui n’a d’intérêt que pour se libérer des chaînes d’une société moribonde qu’il faut remettre en cause sans pour autant rejeter tout ce qui a été fait de bon et sérieux grâce à la créativité du monde du travail.

 

Reste l’utilisation du mot dépassement. Je le trouve bien faible en regard des exigences même s’il est rempli de bonnes intentions. Mais c’est une autre histoire qui peut être facilement dépassée par un débat de fond sérieux autant que fraternel intégrant l’humour en tant qu’exigence d’une pensée révolutionnaire qui se doit d’être gaie autant que respectueuse d’une diversité riche de promesses dans mon parti, le PCF.

Yvon Huet

 

(*) Concernant la réflexion et sa méthode la gauche alternative, sous réserve de mise à jour, dont les communistes particulièrement actifs, a de multiples outils. En voici une liste non exhaustive :
 

–     Progressiste ;

  • La Pensée ;
  •  Recherche internationale ;
  • Cahiers d’histoire ;
  • Silo, agora des pensées critiques (plateforme internet).

 

Et tant d’autres déclinaisons sectorielles dont :

 

  • Le Réseau d’Action Promouvoir Sécuriser l’Emploi (Commission économique).

–    Terre Mer (Agriculture, pêche, forêt) ;

  • La fabrique du possible (Culture) ;  
  • Communistes-féministes (Droits des femmes/féminisme ;
  • Rés’lib (Droits et libertés) ;
  •  Luttes de classes(s) (Ecole) ;
  • Carnets rouges (Ecole) ;  
  • Planète humanité (Ecologie) ;
  • Coopéractif (Economie sociale et solidaire) ;
  •  XYZ (Enseignement supérieur-recherche) ;  
  • Genres humains (Fière-s et révolutionnaires-LGBT) ;
  • Plein Temps (Retraités) ;
  • Globule rouge. (Santé/protection sociale) ;
  •  A cœur ouvert (Santé/protection sociale) ;  
  • Pour le sport (Sport) ;  
  • Au travail (Travail/emploi) ;
  • La Lettre aux vétérans (Vétérans) ;
  • La Lettre des Relations Internationales (Secteur International).
Partager cet article
Repost0
18 août 2022 4 18 /08 /août /2022 12:24
CETTE ALLÉGEANCE QUI PROSCRIT TOUT SENS CRITIQUE... - par Francis Wurtz
CETTE ALLÉGEANCE QUI PROSCRIT TOUT SENS CRITIQUE...
Trois faits convergents intervenus ces derniers jours sont suffisamment graves pour qu'il soit utile d'y revenir. Ils ont en commun de contribuer à installer dans le pays un climat d'intolérance en montrant du doigt quiconque exerce son sens critique sur des sujets réputés sensibles. Au nom du « Qui ne dit mot consent », ne pas réagir à ce rabougrissement du débat public pourrait être interprété comme une acceptation tacite de cette culture de l'allégeance au « camp » dominant dans chacun des domaines concernés. Parlons donc franchement.
La première de ces « affaires » est celle provoquée par -excusez du peu !- le Garde des sceaux en personne à propos du désormais fameux projet de résolution de 38 députés de la NUPES, qui condamnait « l'institutionnalisation par Israël d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien ». Le ministre, rappelons-le, avait, sur cette base, insidieusement accusé les députés de gauche d'antisémitisme, à l'instar de la pratique honteuse d'un Netanyahu comme de ses successeurs à l'égard de quiconque exprime une critique de fond de leur politique discriminatoire à l'égard des Palestiniens. Une chose est de désapprouver l'usage, en l'occurrence, du terme d'apartheid : cela fait partie du débat normal en démocratie , même si, outre Amnesty International ou Human Rights Watch, la très respectée organisation israélienne B'Tselem ou la courageuse journaliste du quotidien israélien Ha'aretz, Amira Hass, entre autres, prennent cette notion à leur compte, et que la loi de 2018 sur « l’Etat-nation du peuple juif » institue officiellement la ségrégation...Ce qui est, en revanche, totalement inadmissible est de proscrire le débat de fond par le chantage à l'antisémitisme ! Tout démocrate devrait s'insurger contre cette dérive ignoble.
La deuxième affaire, également déplorable, est l'entreprise de culpabilisation menée par nombre de commentateurs contre les auteurs du rapport d'Amnesty International (A.I.) accusant l'armée ukrainienne de mettre des civils en danger, notamment en établissant des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux. Si le Président Zelensky estime que A.I. tente ainsi « d'amnistier l’État terroriste russe », c'est son affaire. Rien ne devrait, pour autant, altérer le débat : oui, l'Ukraine est l’agressée et la Russie l’agresseur, mais les exactions des troupes russes ne rendent pas caduque la question des pratiques éventuellement condamnables de l'armée de Kiev. La seule question qui vaille est donc de savoir si les preuves apportées par A.I. sont contestables ou non. Le débat de fond, pas l'allégeance.
Enfin, l'accusation de « reprendre les éléments de langage de Pékin » (Antoine Bondaz) lancée contre les rares dirigeants politiques qui ont désigné la visite de Nancy Pelosi à Taïwan en pleine crise internationale par le terme approprié (« provocation ») est, là encore, une façon de troquer le nécessaire débat de fond contre l'injonction à s'aligner sur les positions d'un « camp », en l'occurrence le camp occidental. « Ayez le culte de l’esprit critique ! » conseillait, en grand scientifique, Louis Pasteur. C’est plus vrai que jamais.
 
Francis Wurtz
Ancien député européen communiste, 18 août 2022
Partager cet article
Repost0
17 août 2022 3 17 /08 /août /2022 09:22

 

 Sous couvert de deux lois, l’une prétendument pour protéger le pouvoir d’achat, l’autre modifiant le budget en cours d’exécution s’est dessinés les contours de l’alliance des droites et de la macronie largement imprégnées de celle-ci avec les ministres Le Maire et Darmanin. Comme je l’écrivais ici dès la fin du mois de juin, les groupes de droite à l’Assemblée et au Sénat sont main dans la main avec le gouvernement à la manœuvre anti-sociale. Ils infléchissent de nombreux textes de loi encore plus en faveur du grand patronat contre les intérêts populaires.


Ils ont certes bien défendu le pouvoir d’achat des grands groupes capitalistes en refusant la taxation des « surprofits », mais ils ont avancé encore plus avant sur le chemin de la destruction des droits sociaux. Un pouvoir et une droite au service des classes possédantes spoliant les travailleurs. C’est ce qui s’appelle « la lutte des classes ». Ceci se fait en plein été en tentant de brouiller l’esprit de nos concitoyens. La présentation est enveloppée de sucreries dont les travailleurs et les plus humbles découvriront l’acidité au fil des semaines.

 

Pour ne pas avoir à augmenter les salaires et à préserver le capital de l’intervention des mouvements sociaux, ont été inventés des mécanismes comme le rachat des RTT, ou l’augmentation du plafond d’exonération de l’impôt sur le revenu sur les heures supplémentaires, l’augmentation de la fameuse prime, dite Macron défiscalisée et exonérée de contribution aux caisses de la Sécurité sociale. La cohérence de ces dispositions tient à la mise ne pièce des droits sociaux et une surexploitation plus grande encore du travail salarié alors que la Sécurité sociale sera mise en difficulté. Ce n’est pas le travail qui est au cœur du dispositif, mais « l’exploitation du travail ». Ce qui n’est pas la même chose.

 

La fin de la redevance télévision et radio voulue par l’extrême droite avant d’être reprise par M. Macron peut-être le coup de grâce de l’audiovisuel public. Rappelons que la candidate d’extrême droite propose de le privatiser totalement. Pour le vendre à qui ? Peut-être Neflix ou Amazon. C’est une conception de la souveraineté, de la diversité et de l’exception culturelle qui plaît tant aux capitalistes américains. Quant au prix, aucune disposition n’est prise pour les contenir. La ristourne sur les carburants est un faux-nez qui cache un financement de Total par l’État. Ce dernier paie en apparence pour le consommateur qui n’en profitera qu’en automne, mais c’est le contribuable qui paiera l’addition.

 

Les électrices et les électeurs ont-ils voulu voter pour un bloc des droites à l’Assemblée ? Bien sûr que non. Ils ne s’attendaient pas à ce que la forte formule de Jacques Duclos « Blanc bonnet et bonnet blanc » puisse à ce point s’appliquer à l’actuelle situation.

Partager cet article
Repost0
17 août 2022 3 17 /08 /août /2022 05:37

 

Les Mulliez ont sans doute mieux qu’aucune autre dynastie française poussé la logique du capitalisme familial à un certain paroxysme à travers une organisation, formelle et informelle, où les liens économiques, du sang et de l’alliance sont étroitement entremêlés.

Prenons une zone commerciale comme il en existe tant en périphérie de nos villes. Autour d’un hypermarché Auchan se distribuent différentes enseignes positionnées chacune sur un « besoin » particulier : Decathlon pour les articles de sport, Bruce, Jules, Pimkie ou Kiabi pour les vêtements, Saint-Maclou pour les tapis et moquettes, Leroy Merlin pour le bricolage, Midas ou Norauto pour faire réparer ou entretenir sa voiture, sans oublier Flunch pour se restaurer entre deux courses. On en passe, et beaucoup. Peu parmi les nombreux clients de ces différentes chaînes commerciales se doutent qu’en y effectuant leurs achats, ils donnent leur argent à une seule et même famille : les Mulliez. Ou plus exactement à l’Association famille Mulliez (AFM), détentrice des actions des plus de cent trente entreprises de cette constellation familiale, qui cumulent un chiffre d’affaires supérieur à 100 milliards d’euros par an et emploient plus de sept cent mille salariés selon les chiffres du journal Le Monde. Un groupe informel, non reconnu comme tel devant la loi, ce qui permet à la famille d’outrepasser certaines obligations légales, telle celle de reclasser les salariés d’une entreprise en difficulté au sein d’une autre. Seuls peuvent faire partie de l’AFM les descendants de Louis Mulliez, prospère filateur de Roubaix à l’origine de la saga au début du siècle dernier, et leurs conjoints. Non seulement les statuts prévoient l’interdiction de vendre ses parts à un extérieur, mais même les transactions entre cousins sont étroitement surveillées par les dirigeants de la holding familiale élus tous les quatre ans parmi les quelque mille quatre cents membres à ce jour-là encore selon Le Monde, d’autres sources déclarant moitié moins. Celle-ci règne sur un magot estimé autour de 30 milliards d’euros, le chiffre exact demeurant confidentiel, car aucune de ces entreprises n’est cotée en bourse. Une bourse que les Mulliez diabolisent, ce qui rappelle qu’on peut être capitaliste sans être adepte des marchés financiers.

« Les Mulliez s’appliquent à éviter l’impôt autant que les caméras, ainsi que le suggère le fait qu’un grand nombre d’entre eux ait élu domicile dans la même rue de la petite commune belge d’Estampuis, à deux pas de la frontière et du siège de la holding à Roubaix. »

 

Un beau bas de laine

Pour faire partie de cette « association » à but très lucratif, il ne suffit pas d’être de la famille : il faut encore avoir suivi une formation minimale en gestion, suivre un stage de découverte du fonctionnement de l’association, et enfin être coopté par les autres membres. Les impétrants sont encouragés à lancer leur propre affaire pour faire grossir encore le magot collectif, mais aussi à se montrer discrets : on n’étale pas ses richesses, même si elles sont considérables, contrairement à certaines autres familles de nantis que l’on préfère déclarer ne pas fréquenter. La solidarité est de mise au sein de la famille à travers ce dispositif juridico-financier, puisque les bonnes affaires des uns profitent aux autres et inversement. En revanche, elle l’est moins vis-à-vis du reste de la société : les Mulliez s’appliquent à éviter l’impôt autant que les caméras, ainsi que le suggère le fait qu’un grand nombre d’entre eux ait élu domicile dans la même rue de la petite commune belge d’Estampuis, à deux pas de la frontière et du siège de la holding à Roubaix. En 2016, ce siège a été perquisitionné par la justice française, soupçonnant certains éléments frauduleux dans ce schéma d’ « optimisation » fiscale monté par les dizaines de juristes employés directement par l’AFM. L’association organise également des festivités en marge de ses assemblées générales, des activités pour les enfants des membres et des voyages pour les adultes, ainsi que des formations et conférences destinées tout autant à renforcer la cohésion au sein de la grande famille qu’à cultiver l’esprit d’entreprendre armé des connaissances nécessaires – et de l’appui des capitaux non seulement financiers, mais aussi « humains » et sociaux du clan. En clair, des réseaux. Car où que voyage un Mulliez dans le monde, il sait pouvoir atterrir chez un « cousin » plus ou moins éloigné, avec qui le sujet principal de conversation est déjà tout trouvé : la famille, et surtout ses affaires.

« L’Association famille Mulliez (AFM), un groupe informel, non reconnu comme tel devant la loi, détient les actions des plus de cent trente entreprises de cette constellation familiale, qui emploient plus de sept cent mille salariés. »

Une internationalisation à l’image des réseaux d’approvisionnement des enseignes du groupe, passées maîtresses dans la sous-traitance de leur production dans les pays où la main-d’œuvre est mal payée et travaille dans des conditions peu enviables, principalement en Asie du Sud-Est. Cela n’empêche nullement le patriarche Gérard Mulliez, fondateur d’Auchan, vaisseau amiral de cette galaxie, de vanter ses préoccupations sociales en développant un vaste plan d’actionnariat salarié. Un bel outil de discipline et de motivation des troupes surtout, comme l’a montré notamment la sociologue Sophie Bernard (Le Nouvel Esprit du salariat, PUF, 2020), car quand une caissière ou un magasinier se croient propriétaires de la firme, ils redoublent d’ardeur au travail et acceptent volontiers le fameux « BAM » – « Bonjour, au revoir, merci » – qu’il s’agit de débiter à chaque client avec un grand sourire. Tant pis s’ils n’ont au mieux que des miettes des faramineux bénéfices de l’entreprise. Les gains de productivité ainsi obtenus peuvent même se retourner contre eux, comme l’a rappelé le vaste plan social annoncé en septembre 2020 : mille cinq cents salariés licenciés sur les soixante-quinze mille que compte le groupe en France, soit un sur cinquante, alors même que, comme ses homologues et contrairement au reste de l’économie, ce dernier avait largement profité du confinement. Exit notamment la dizaine de centres de réparation pour les produits du groupe, qui avaient été déployés récemment dans une stratégie d’amélioration du service après-vente… l’écologie attendra. Et encore, aucune « hôtesse » et « hôte » de caisse n’était de cette charrette-là, qui pourrait être suivie par d’autres dans un futur proche, ainsi que le redoutent les syndicats de l’enseigne. Aujourd’hui nonagénaire, Gérard Mulliez ne préside plus aux destinées du groupe de distribution, même s’il reste à la tête d’un « comité stratégique », et a transmis les rênes à Vianney, le fils d’un de ses cousins, plutôt qu’à son propre rejeton Arnaud. Une pratique courante dans la famille, où l’on se méfie des descendants en ligne directe, qui pourraient être tentés de « tuer le père » à travers l’entreprise qu’il vous léguerait.

« Seuls peuvent faire partie de l’AFM les descendants de Louis Mulliez, prospère filateur de Roubaix à l’origine de la saga au début du siècle dernier, et leurs conjoints. »

 

Ne pas perdre le Nord

Les Mulliez ont ainsi sans doute mieux qu’aucune autre dynastie française poussé la logique du capitalisme familial à un certain paroxysme à travers cette organisation, formelle et informelle, où les liens économiques, du sang et de l’alliance sont étroitement entremêlés. Bien que d’obédience catholique, ils ont ainsi incorporé un certain ethos protestant reposant sur un ascétisme, favorable plus que toute autre à l’épargne et à l’esprit d’entreprise, comme l’avait montré Max Weber (L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905). Mais surtout, ils ont rationalisé de manière redoutable une organisation combinant une forte solidarité appuyée par les liens familiaux, permettant le partage des risques comme des ressources de différentes natures, avec un système de contrôle et de promotion internes où il s’agit de se former et faire ses preuves pour monter petit à petit dans l’organigramme sous le regard des aînés, légitimés par des élections formelles. Un véritable « communisme familial », ainsi que le baptisent les journalistes du Monde qui ont enquêté sur le clan, l’été dernier, confirmant ainsi les analyses des sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon sur la grande bourgeoisie. Pas sûr que les intéressés aient apprécié l’image. Lorsque la section lilloise du PCF a lancé en 2015 une affiche le dénonçant comme « profiteur de la crise » et comparant ses revenus à ceux des caissiers et caissières de son groupe, Gérard Mulliez a ainsi déboulé à son local pour se plaindre, se contentant d’asséner le fameux argument par lequel les capitalistes aiment à couper court à toute discussion, à savoir qu’il « crée des emplois ». Il en détruit aussi parfois, et des vies avec. Et la prise de contrôle annoncée de Carrefour par Auchan risque fort de laisser sur le carreau encore des milliers de travailleuses et de travailleurs et leurs familles. Chez les Mulliez, on a l’esprit de famille, mais surtout de la sienne.

Edgar Dunhort est sociologue.

Cause commune • mars/avril 2022

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011