Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 16:59

Des organisations de chômeurs et de précaires ont été reçues le 15 mars par Michel Sapin, le ministre du Travail.

Pas dans n'importe quel contexte: montée du chômage, de la pauvreté des inégalités et de la désespérance sociale avec la crise, les licenciements boursiers, la politique d'austérité. Suicide de Djamal Chaab à Nantes le 13 février, suivi par plusieurs tentatives d'immolations de chômeurs devant Pôle Emploi. Souffrance au travail des salariés de Pôle Emploi complètement débordés du fait du manque de moyens humains et dégoûtés par la réorientation de leur métier vers une politique de radiation et de tri des hommes en fonction de leur employabilité.

Elles attendaient des réponses claires et précises sur la nécessité de redonner à Pôle Emploi les moyens de fonctionner de manière efficace et humaine, et une mise en oeuvre rapide de mesures d'urgence:

- un moratoire sur les indus.

- la mise en oeuvre rapide des préconisations du médiateur de Pôle Emploi en matière de radiations, notamment concernant les nombreux abus de radiations pour "absence à convocation".

- le déclenchement automatique d'une allocation de solidarité (RSA, ASS) pour les fins de droits.

- le rétablissement intégral de l'Allocation Equivalent Retraite.

- l'augmentation substantielle des minima sociaux

- le rétablissement de la Dispense de Recherche d'Emploi

- mise en place d'un fonds scocial d'urgence à l'emploi.

 

Le moins que l'on puisse dire est que Michel Sapin n'a pas donné satisfaction aux demandes des chômeurs, refusant même de les écouter jusqu'au bout. Et c'est ce qui se prétend être un gouvernement de gauche !

 

Voici le communiqué du MNCP, Mouvement national des Chômeurs et Précaires:

 

Les organisations de chômeurs ont été reçues ce matin par le ministre du Travail lors d’un comité national de liaison de Pôle Emploi. Elles y ont porté les mesures d’urgence sur lesquelles elles attendaient la réponse du ministre : arrêt des radiations, moratoire sur les indus, fonds social pour les chômeurs…, toutes mesures qui permettraient de redonner un peu d’oxygène aux chômeurs et aux précaires dans cette période de crise insupportable.

Au lieu d’annonces en faveur des précaires, les associations de chômeurs se sont confrontées au silence d’un ministre impuissant et coincé dans son obsession de la dette, dogme insupportable par lequel le gouvernement se prive des moyens d’agir.

Tout au plus avons-nous appris que nous serions consultés d’ici juillet sur la réforme de la loi sur les droits et devoirs des chômeurs et sur les moyens de Pôle Emploi.

Devant un tel niveau d’insuffisance et face au mépris d’un ministre qui s’échappe avant la fin de l’échange, les associations de chômeurs, porteuses d’urgences collectives et de la souffrance de moins en moins supportable vécue au quotidien par les chômeurs, s’apprêtent donc à réagir.

Le gouvernement nous refuse la négociation, nous allons donc tout mettre en œuvre pour l’y amener, par la mobilisation collective des chômeurs et de leurs associations.

Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 12:47

CF. Journal de 7h de France Culture (à partir de 8mn): http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4588665

 

Là encore, à cause du choix de l'austérité et parce que l'on refuse de soumettre davantage à l'impôt les revenus du capital et les profits des entreprises, on s'oriente vers une réforme a minima, alors que les besoins sont immenses du côté des personnes âgés, des associations d'aide à l'autonomie et des personnels.

 

Plutôt que de financer l'augmentation du nombre de personnels bien formés à domicile et en établissement...

 

Plutôt que de créer un grand service public de l'aide à l'autonomie (soutenant des structures publiques et associatives locales d'aides à domicile, développant des maisons de retraites publiques accessibles à toutes les bourses), de renforcer la présence des personnels auprès des personnes âgées, de renforcer le financement de l'APA et de faire rentrer la prise en charge de personnes âgées en perte d'autonomie de plein pied dans la Sécurité Sociale solidaire, le gouvernement semble privilégier des demi-mesures sans ambition dont le financement retombera essentiellement sur les salariés, les retraités, les familles ou les personnes dépendantes elles-mêmes.

 

Les rapports remis aujourd'hui au gouvernement vont dans le sens d'un encouragement à un prolongement du maintien à domicile pour les vieux, entendu comme pis-aller dans un contexte de rigueur, d'une absence de renforcément des solidarités et du service public dans le domaine de la perte d'autonomie.

 

Lisons le Télégramme du jour:

"Attendue depuis la canicule meurtrière de 2003, la réforme de la prise en charge des personnes âgées, notoirement insuffisante, avait été promise puis repoussée plusieurs fois sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, pour des raisons budgétaires. Pendant ce temps, les rapports sur le sujet se sont empilés. Trois autres ont été rendus hier, permettant au gouvernement de mettre au point sa loi sur « l'adaptation de la société au vieillissement », promise pour la fin de l'année et qui pourrait entrer en vigueur début 2014 et s'étaler sur plusieurs années.
Une taxe de 0,3 % en 2014
« On a toutes les expertises, maintenant, il faut des décisions », a affirmé, hier, le conseiller général (PS) du Val d'Oise, Luc Broussy, auteur de l'un de ces documents. La prise en charge des personnes âgées est estimée actuellement entre 22 et 25 milliards d'euros annuels. Les pistes de financement sont sur la table depuis des années : hausse de la CSG, assurance privée, nouvelle journée de solidarité... Seule certitude, les retraités imposables seront soumis à une taxe de 0,3 % en 2014 pour financer la dépendance.
Le nombre de plus de 85 ans devrait passer de 1,3 million en 2007 à 5,4 millions en 2060, selon l'Insee, mais seulement une petite partie sera dépendante.
Pour améliorer les choses, Luc Broussy prône la création d'un « guichet unique » d'information et de coordination, commun aux personnes âgées et handicapées, sous la forme de Maisons de l'autonomie. Parce que « sans logement adapté, il n'y a pas de maintien à domicile », il suggère aussi des quotas de logements neufs (20 %) adaptés dans des « zones propices au vieillissement » définies dans les documents d'urbanisme...
Après avoir promis 80.000 logements adaptés par an pendant la campagne présidentielle, François Hollande en promet désormais 80.000 sur cinq ans. Le rapport rappelle aussi que la prise en charge des personnes âgées représentera 350.000 emplois médico-sociaux d'ici à 2020 et promeut la création d'une « filière industrielle » des technologies pour les seniors (« gérontechnologies », comme la téléassistance), encore peu répandues en France" .
 
Même si on peut toujours espérer que le gouvernement et les Parlementaires améliorent ces préconisations on est pour l'instant loin, très loin du compte !
  
Il faut que la société investisse des milliards d'euros pour faire de la prise en charge de la perte d'autonomie un droit universel sans conditions d'âge ou de ressources, financé par la solidarité nationale dans le cadre de la sécurité sociale.
Il faut garantir l'égalité d'accès à ce droit sur l'ensemble du territoire. Ce droit doit s'inscrire dans une démarche de services publics au plus proche des besoins et des réalités locales dans un cadre national qui en définit les objectifs, prenant en compte l'ensemble des dimensions:
- structures publiques de soin et de prévention de proximité
- développement des structures hospitalières
- accès au logement social adapté, aux transports, à la culture.
- développement en amont de la prévention, de la médecine du travail, de la santé.
Les associations d'aide à domicile à but non lucratif financées par des crédits publics doivent pouvoir perdurer adossées à un vrai soutien et un contrôle public départemental pour garantir la qualité de la prise en charge et des formations.
Des maisons de retraite publiques ou associatives à but non lucratif doivent être construites, renovées et agrandies au plus près des gens, afin que leurs coûts modérés limitent le reste à charge pour les personnes âgées: aujourd'hui, avec un coût moyen de 1900€ mensuel en Bretagne et de 2200€ en France (2600€ de prix moyen pour le privé lucratif), les maisons de retraite sont quasimement inaccessibles à des gens qui ont des petites retraites. Ce pourquoi, en forçant le trait, on pourrait dire qu'on y rentre quasiment que "pour y mourir": la durée moyenne d'un "séjour" en maison de retraite est de 23 à 24 mois. Or, sans nous dissimuler le fait que la plupart des personnes âgées, même partiellement dépendantes, préfèrent rester chez elles avec un accompagnement adéquat et qu'elles sont plus heureuses comme cela, beaucoup d'entre elles aussi pourraient trouver un bénéfice à rentrer plus tôt en maison de retraite si elles en avaient la possibilité financière et si les moyens humains étaient plus importants en maison de retraite.
Aujourd'hui, dans le Finistère, il y a 91 EHPAD représentant 9127 places, et 42 foyers foyers logement pour personnes âgées autonomes (2390 places). Mais Pierre Maille lui-même disait il y a deux ans à Plouigneau: il manque 2000 places en maison de retraite dans le Finistère.
  
Surtout, il faut que les effectifs des personnels à l'hôpital, en maison de retraite, dans les services d'aide à domicile, permettent une réelle prise en charge humaine et efficace des personnes âgées en perte d'autonomie.  
La présidente de la FNPAEF (Fédération Nationale des Associations de Personnes âgées et leurs familles), citée le 9 janvier 2013 dans le Télégramme, disait: "il manque 12 milliards d'euros" chaque année pour assurer une prise en charge décente et universelle de la perte d'autonomie, "à comparer avec les 70 milliards d'euros de niches fiscales".
Michèle Delaunay (voir Sud Ouest:  http://www.sudouest.fr/2013/01/27/reforme-ambitieuse-947720-710.php ), pour sa réforme prétendument ambitieuse, n'envisagerait qu'une rallonge budgétaire de 2,5 milliards, une politique de limitation des coûts d'hébergement en maison de retraite, une formation et une aide supplémentaire aux aidants familiaux pour maintenir à domicile.
C'est insuffisant! Les personnes âgées ont bâti notre pays, travaillé toute leur vie à produire des richesses sociales diverses: elles ont le droit de vieillir dignement, qu'elles soient aisées ou pas.
Relever dans la solidarité et l'humanité le défi du doublement du nombre de Français de 85 ans et plus d'ici 2040 exige, comme la création de la Sécurité Sociale dans l'après-guerre, la création de nouveaux espaces de socialisation des richesses limitant la financiarisation de l'économie.  
Le bien-être des vieux est un problème de partage des richesses.
 
I.D
 
  
Partager cet article
Repost0
5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 08:36
 
Ecoutez cette admirable chronique de Philippe Meyer sur France Culture contre l'acharnement de Dominique Voynet contre l'équipe du cinéma indépendant Le Meliès: "qui veut étrangler son chien l'accuse d'être enragé..." .
 
 
TRIBUNE DES REALISATEURS SOUTENANT LE MELIES CONTRE DOMINIQUE VOYNET DANS LIBERATION.
 
Par Sólveig Anspach, Dominique Cabrera, Robert Guédiguian et Dominik Moll Cinéastes, membres du conseil du cinéma Méliès

Depuis plus de trois semaines, l’équipe du cinéma Méliès de Montreuil est en grève avec le soutien massif de ses spectateurs et des milieux de la création cinématographique. Le Méliès de Montreuil, salle municipale d’art et d’essai, est emblématique à plus d’un titre : reconnue pour ses choix éditoriaux exigeants et éclectiques, elle a su fidéliser un public nombreux et s’attirer la reconnaissance de tous, notamment pour son travail autour du cinéma de recherches, des films de patrimoine et du cinéma jeune public. De Michael Cimino à Claude Chabrol, de Tsaï Ming-liang à Oliver Stone, Agnès Varda et Nuri Bilge Ceylan, les plus grands réalisateurs français et étrangers y font escale pour montrer leur film et débattre avec un public passionné. En 2006, la municipalité de l’époque et le directeur artistique du Méliès, Stéphane Goudet, se sont engagés dans un projet d’extension. Il prévoit un déménagement des salles pour créer un nouveau lieu de six écrans au lieu de trois. Objectif, renforcer l’éditorialisation du cinéma en exposant mieux - c’est-à-dire plus longtemps - les films programmés, en renforçant la mission pédagogique envers les scolaires ainsi que le travail sur les films de patrimoine dans cette ville qui fut marquée par la présence des studios de Georges Méliès. Ce projet est alors violemment attaqué par deux des plus gros groupes français d’exploitation, UGC et MK2, qui prétextent un «abus de position dominante» et une «concurrence déloyale» pour tenter de stopper net l’extension des salles. Détournement de langage stupéfiant quand on connaît la position dominante de ces deux circuits dans l’espace parisien. Soutenu par son public et par certains des plus grands cinéastes du monde entier, le cinéma Méliès gagne la bataille et le projet d’extension suit son cours.

Elue maire de la ville en 2008, Dominique Voynet remet aussitôt en cause le projet engagé par son prédécesseur, estimant dans la presse le projet «trop cher», «élitiste», «bobo», et jugeant «arrogant» l’affrontement avec les deux groupes d’exploitation. Après moult tergiversations, la nouvelle équipe municipale se ravise, paraît soutenir le Méliès et revendique le projet d’ouverture de la plus grande salle publique de France dans sa ville. Cela ne dure pas. Depuis plus d’un an, la mairie n’a de cesse de déstabiliser l’équipe du Méliès afin de reprendre la main sur le projet mais sans ceux qui, par leurs compétences et leurs choix éditoriaux, l’ont rendu possible. Enquêtes administratives, procédures judiciaires, calomnies, mensonges et double discours, toutes les méthodes sont employées. La dernièreprocédure remonte à quelques semaines. Elle a provoqué la grève actuelle et la large mobilisation des spectateurs : à la veille des fêtes de fin d’année, Dominique Voynet porte plainte contre l’équipe du Méliès et suspend le directeur artistique et deux salariées pour «détournements de fonds». Il s’agit en réalité de recettes de projections «non commerciales», ne donnant pas lieu à une billetterie du Centre national du cinéma (CNC) mais à une deuxième caisse tolérée par le CNC. Un usage courant pour ce type de salles. Ici, le Méliès n’a fait qu’utiliser cet argent pour compenser des places offertes par la ville à des associations partenaires.

Aveuglée par des luttes de territoire politiciennes, Dominique Voynet ne semble pas voir l’essentiel. Qu’en déclarant la guerre au Méliès, elle affaiblit l’une des salles d’art et d’essai les plus exemplaires de France. Et que, ce faisant, elle rend plus difficile le combat de tous ceux qui se battent pour une meilleure exposition de nos films. Aujourd’hui, les grands circuits d’exploitation monopolisent une telle part des écrans qu’il arrive, certaines semaines, que cinq films occupent près de 4 000 écrans sur les 5 200 disponibles. La production indépendante est trop souvent cantonnée à une poignée de salles quand, au même moment, quatre ou cinq blockbusters occupent chacun 600 à 900 écrans. Cela aboutit à un turnover catastrophique pour les films sortis avec des moyens modestes : le public n’a pas le temps de les découvrir… qu’ils sont déjà retirés !

Nous pensons que la seule alternative à cet état de fait est le renforcement des salles indépendantes d’art et d’essai. Or, leur vitalité passe par des politiques éditoriales singulières, incarnées par des programmateurs passionnés. Ce sont eux qui donnent une identité forte à ces salles, tel le Méliès. L’aveuglement de la mairie de Montreuil aboutit à un immense gâchis et désespère tous ceux, spectateurs et cinéastes, qui croient encore que le cinéma n’est pas une marchandise comme les autres ; qu’une salle défendue avec ferveur par une équipe entière est une sorte de bien public que rien ne devrait pouvoir mettre à mal. Nous tenons à réaffirmer notre engagement au côté de l’équipe du Méliès, celle qui défend nos films avec enthousiasme et conviction.

Premiers signataires : Mathieu Amalric, Bertrand Bonello, Laurent Cantet, Jean-Louis Comolli, Arnaud Desplechin, Valérie Donzelli, Pascale Ferran, Agnès Jaoui, Gilles Marchand, Gérard Mordillat, Nicolas Philibert, Bruno Podalydès, Mariana Otero, Chantal Richard, Bertrand Tavernier, Jean-Pierre Thorn.

 

 

La revue de presse culturelle d'Antoine Guillot sur France Culture:
 
Le feuilleton n’en finit pas : nouveaux rebondissements dans l’affaire du Méliès, le cinéma art et essai municipal de Montreuil. Cela fait en effet un mois que les salariés sont en grève. Samedi, après une manifestation devant le cinéma, l’équipe du Méliès a tenu “une conférence de presse dans le but de répondre, point par point, aux accusations contenues dans l’enquête de la direction générale des services de la ville, et dans le rapport de la direction départementale des finances publiques. Une synthèse de ces deux documents, d’une quinzaine de pages, a été transmise à la presse par les services de la maire de Montreuil, l’écologiste Dominique Voynet, rapporte Clarisse Fabre dans Le Monde. En cause, rappelle-t-elle, l’existence d’une double billetterie au Méliès, l’absence de comptabilité publique pour les séances « non commerciales » depuis 2004 (films expérimentaux, films sans distributeurs…) et la soustraction des fonds correspondants au Trésor public. La ville estime le manque-à-gagner à 77 000 euros, un chiffre jugé totalement fantaisiste par les soutiens du Méliès. […] La synthèse fournie par la ville estime que les irrégularités comptables pourraient être qualifiées de « détournements de fonds publics », de « faux » et de « gestion de fait ». Une « caisse noire », alimentée par les recettes de ces séances non commerciales, aurait servi à l’achat de billets commerciaux, mais aussi, selon des témoignages d’agents, à faire des avances sur salaire, à régler des frais au Festival de Cannes. Voire à acheter de la drogue ! Cependant, la ville se montre désormais prudente et précise que « certains de ces usages ne peuvent être vérifiés par l’enquête administrative », mais par une enquête judiciaire – le procureur ayant été saisi. Enfin, deux autres préjudices financiers auraient été subis par la ville : le premier serait lié à des défauts d’encaissement de séances scolaires ; le second serait dû aux billets exonérés constatés sur la période 2008-2012. Le total du manque-à-gagner serait de 143 000 euros, conclut l’enquête. Cet épisode, rappelle à nouveau Le Monde, est le dernier rebondissement d’un feuilleton qui oppose, depuis plus d’un an, Dominique Voynet à celui qui faisait office, depuis 2002, de directeur artistique du Méliès, le critique de cinéma Stéphane Goudet. Déjà suspendu de ses fonctions, depuis décembre 2012, Stéphane Goudet vient de recevoir sa lettre de convocation à un entretien préalable de licenciement, pour manquement à l’obligation de réserve, au devoir de loyauté, et non-dénonciation de pratiques comptables irrégulières. Trois autres agents, la programmatrice, la régisseuse et la régisseuse adjointe, vont également quitter le navire. C’est ce que Dominique Voynet appelle une « sortie de crise ». D’autres diront qu’elle fait table rase, pour en finir avec l’ère Goudet. Désormais, la patronne du Méliès est Nathalie Hocquard, récemment recrutée par Mme Voynet. A la mairie, on la nomme simplement « la chef du service ».”

On souhaite en tout cas bien du plaisir à cette dernière dans ses relations avec les cinéastes montreuillois membres du conseil du Méliès : Sólveig Anspach, Dominique Cabrera, Robert Guédiguian et Dominik Moll, qui ont publié la semaine dernière dans les pages Rebonds de Libération une tribune cosignée par nombres de leurs éminents collègues. Après avoir retracé l’historique du conflit entre le cinéma et la municipalité, et contesté un certain nombres des points litigieux avancés par la mairie, ils élargissent leur propos : “Aveuglée par des luttes de territoire politiciennes, Dominique Voynet ne semble pas voir l’essentiel, écrivent-ils. Qu’en déclarant la guerre au Méliès, elle affaiblit l’une des salles d’art et essai les plus exemplaires de France. Et que, ce faisant, elle rend plus difficile le combat de tous ceux qui se battent pour une meilleure exposition de nos films. Aujourd’hui, les grands circuits d’exploitation monopolisent une telle part des écrans qu’il arrive, certaines semaines, que cinq films occupent près de 4 000 écrans sur les 5 200 disponibles. La production indépendante est trop souvent cantonnée à une poignée de salles quand, au même moment, quatre ou cinq blockbusters occupent chacun 600 à 900 écrans. Cela aboutit à un turnover catastrophique pour les films sortis avec des moyens modestes : le public n’a pas le temps de les découvrir… qu’ils sont déjà retirés !

Nous pensons, écrivent les cinéastes qui soutiennent le Méliès, que la seule alternative à cet état de fait est le renforcement des salles indépendantes d’art et essai. Or, leur vitalité passe par des politiques éditoriales singulières, incarnées par des programmateurs passionnés. Ce sont eux qui donnent une identité forte à ces salles, tel le Méliès. L’aveuglement de la mairie de Montreuil aboutit à un immense gâchis et désespère tous ceux, spectateurs et cinéastes, qui croient encore que le cinéma n’est pas une marchandise comme les autres ; qu’une salle défendue avec ferveur par une équipe entière est une sorte de bien public que rien ne devrait pouvoir mettre à mal. Nous tenons, concluent-ils, à réaffirmer notre engagement au côté de l’équipe du Méliès, celle qui défend nos films avec enthousiasme et conviction.”

Dominique Voynet a elle aussi pris la plume, toujours dans les pages Rebonds de Libération, pour remercier hier les cinéastes de poser « enfin » la bonne question. “Mesdames et messieurs les réalisateurs, écrit-elle, ce que j’essaie simplement de vous dire, c’est que les principes de « bonne gestion », ou tout simplement de « gestion légale », ne sont pas un frein à l’expression artistique, mais bien un socle sur lequel peut et doit s’appuyer la culture, comme toute autre politique publique. Et c’est bien dans ce sens que je souhaite, comme vous, que le Méliès retrouve au plus vite un climat apaisé. C’est notre intérêt à tous.” Un intérêt, mais de quel ordre ? Selon Alexandra Michot, qui a assisté samedi pour Le Figaro à la manifestation de soutien, si “beaucoup évoquent des arrière-pensées politiques pour expliquer les accusations de la mairie, un ancien programmateur de cinémas d’art et essai en banlieue parisienne suggère plutôt des raisons économiques. Déjà engagée dans le projet d’une future piscine écologique sur les hauts de Montreuil estimée à 15 millions d’euros, la mairie n’a pas forcément les moyens de financer aussi les salaires et l’entretien du tout nouveau cinéma Méliès de six salles qui doit ouvrir fin 2013 en centre-ville. Ce futur plus grand cinéma municipal d’art et essai de France pourrait, non pas coûter, mais rapporter une jolie somme à la ville, si l’un des deux groupes sur les rangs pour le gérer à la place de la municipalité le prenait en concession.”

 

http://www.franceculture.fr/emission-revue-de-presse-culturelle-d-antoine-guillot-le-melies-quel-interet-2013-02-19

 

Procès à charge au Méliès

Dominique Voynet veut se débarrasser de l’équipe de salariés ayant fait du cinéma de Montreuil un exemple de politique culturelle.

 
 

« Non, Stéphane Goudet n’est pas débarqué du cinéma Le Méliès de Montreuil. » Voilà ce qu’on pouvait lire en titre d’un communiqué de la ville administrée par Dominique Voynet (EELV), en date du 25 mai 2012. On attend désormais le communiqué affirmant le contraire, puisque Dominique Voynet, sur le point de parvenir à ses fins, vient d’adresser au directeur artistique du cinéma une lettre de convocation à un entretien d’entente préalable au licenciement pour manquement à l’obligation de devoir de réserve, manquement au devoir de loyauté et non-dénonciation de pratiques comptables irrégulières.

Cette triste situation est le résultat d’une série de coups de boutoir opérés par la première édile montreuilloise. L’avant-dernier a eu lieu au printemps 2012. Stéphane Goudet est alors soupçonné de malmener des salariés du cinéma… dont 14 sur 15 lui apportent immédiatement leur soutien. Du coup, la municipalité est bien obligée de reconnaître que « non, Stéphane Goudet n’est pas débarqué du cinéma Le Méliès… », même si c’est à contrecœur. Au passage, on apprend que Dominique Voynet tient la programmation du directeur artistique pour élitiste – « je n’ose pas dire pour les bobos montreuillois », précise-t-elle (le Monde du 7 juin 2012), qualifiant par ce bel élan populiste le constant travail d’élargissement des publics réalisé par Stéphane Goudet, dont le cinéma n’a cessé de gagner en affluence avec des films et des animations de grande qualité.

Le dernier épisode s’est ouvert en décembre dernier avec la plainte contre X déposée par Dominique Voynet pour « détournement de fonds publics » au Méliès. Trois salariés, dont Stéphane Goudet, sont suspendus de leurs fonctions. Raison invoquée : l’existence d’une « caisse noire » alimentée par une double billetterie. La municipalité annonce qu’une enquête administrative est diligentée. Les résultats de cette enquête effectuée par la Direction générale des services de la ville, complétés par un rapport de la Direction départementale des finances publiques, viennent d’être rendus publics. La maire de Montreuil en a assuré la médiatisation, notamment lors d’une conférence de presse le 12 février (à laquelle aucun journaliste de Politis n’a été convié). La « synthèse du rapport d’enquête administrative » a fait l’effet d’une petite bombe car elle contient un chiffre explosif : on y lit que « le déficit de recettes du Méliès dû aux irrégularités de gestion […] peut être estimé au minimum à ce jour à 143 000 euros » depuis 2004. Ce chiffre, associé à l’accusation de « détournement de fonds publics », a de quoi nourrir les fantasmes, en particulier d’enrichissement personnel, dont il n’est finalement pas du tout question. Dominique Voynet a elle-même alimenté la rumeur en déclarant dans la presse que « les sommes servaient aussi […] à acheter de la drogue » (le Monde, 21 janvier). D’une évidente gravité, cette dernière allégation, dénuée de preuves, n’est en rien avérée par l’enquête administrative. « Certains de ces usages, reconnaît la note, ne peuvent être vérifiés par l’enquête administrative. »

L’équipe, en grève depuis le 19 janvier, n’a pas attendu pour réagir et désamorcer les accusations. Le 16 février, une manifestation était organisée, suivie d’une conférence de presse qui s’est transformée en vaste happening, où plusieurs centaines de personnes se sont donné rendez-vous. Des cinéastes (Anspach, Cabrera, Cantet, Guédiguian, Thorn…), des syndicalistes, des politiques et des spectateurs fidèles du Méliès y ont pris la parole. Pour l’équipe, Stéphane Goudet en tête, l’heure était aussi à l’explication de texte. Sur les 143 000 euros incriminés, 77 000 seraient issus, à en croire la ville, de l’absence de comptabilité pour les séances « non commerciales » (scolaires, films sans visa d’exploitation…). Mais ce chiffre repose sur l’estimation arbitraire (puisque décompte, précisément, il n’y a pas) d’une moyenne de 91,2 spectateurs payants. C’est « 3 à 4 fois » supérieur à la réalité, rétorque l’équipe, qui chiffre les recettes non commerciales à moins de 10 000 euros depuis 2004. Cet argent était reversé dans la billetterie commerciale (alimentant ainsi le fonds de soutien du CNC, qui finance la création cinématographique). Aux yeux de la maire, c’est autant de perdu pour la ville. Mais l’équipe rappelle que 45 % de ces recettes reviennent à celle-ci. D’où un « manque à gagner pour Montreuil, si tant est qu’on se place dans cette logique absurde, de quelques milliers d’euros seulement (3 500 exactement) », expliquent les salariés.

Autre préjudice avancé par la ville : les 58 000 euros que représenteraient les entrées exonérées, depuis 2009. Outre que l’équipe du Méliès dénonce là encore un chiffre exagéré, la décision municipale d’interdire désormais toute place exonérée serait une première en France, car aberrante. « Quid des professionnels du CNC ou des autres salles de cinéma que Le Méliès a obligation de laisser entrer gratuitement ?, interrogent les salariés. Des enseignants accompagnant les classes, des accompagnateurs des crèches, écoles et centres de loisirs ? Un budget de 10 % a-t-il été alloué au service enfance pour prendre désormais leurs places de cinéma en charge ? » Restent 8 000 euros (pour que l’addition atteigne 143 000), qui correspondraient à des défauts d’encaissement de séances scolaires. Mais il s’agit en réalité de paiements différés, pratique courante qui permet aux écoles dont la coopérative ne peut payer l’abonnement des classes dès septembre de s’en acquitter au cours de l’année scolaire.

Dans une tribune parue en début de semaine (Libération du 18 février), Dominique Voynet assure que le projet d’extension du Méliès, lancé par le maire précédent qu’elle-même a combattu, verra le jour « dans quelques mois » – dans un nouveau lieu et avec six salles au lieu de trois. « Le Méliès est et demeurera un “laboratoire de recherche” », écrit-elle, avant d’ajouter que « cela passera par la reconstruction d’une équipe “professionnelle”, forte de son expertise et de sa passion pour le cinéma, et soucieuse des règles de la comptabilité publique ». Le procès à charge lancé contre l’équipe actuelle, notamment contre Stéphane Goudet, ponctué d’arguments grossiers et de méthodes brutales, montre que cette « reconstruction » devait d’abord passer par une destruction. Pas sûr que ce genre d’acte fonde une politique culturelle ambitieuse et sereine.

Par Christophe Kantcheff  - 21 février 2013

 

 

Partager cet article
Repost0
2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 07:50

J’ouvre le journal et je lis un entretien avec madame Parisot. Elle réclame un nouveau tour de vis sur les retraites. Le départ à 67 ans. Je comprends que la petite musique qui courait sur les plateaux médiatiques va devenir la prochaine grande bataille sociale. Je fais donc un point rapide en fouillant dans mes notes. Car la consigne de durcissement vient d’Europe, comme chaque fois qu’il y a un mauvais coup contre les droits sociaux. Ça ne donne que plus de relief à la bataille engagée sur l’amnistie.

La même madame Parisot a commencé la journée du lendemain du vote de la loi au Sénat par une agression verbale contre l’incitation au saccage que serait l’amnistie. C’est elle le chef de la droite. La vraie. Celle qui débite les mêmes couplets de haine de classe depuis des lustres à chaque occasion solennelle. Aussitôt, tous les ténors de l’UMP se sont mis en mouvement pour chanter la vieille musique de la défense de l’ordre établi. En fin de journée on en était même au lancement d’une pétition contre la loi d’amnistie. Naturellement tout ceci doit nous conduire à redoubler de vigilance et d’activité.

Il faut d’abord arracher au gouvernement d’inscrire la loi à l’ordre du jour des débats de l’assemblée. Puis il faut obtenir la réintégration des condamnés pour avoir secouru des enfants sans papier ou bien les faucheurs d’OGM ou les délits imputés aux paysans en lutte. Et avoir à l’œil ceux des socialistes et des PRG qui sont en train de tourner de l’œil sous les cris de la droite. Car on voit bien que si on n’avait pas tordu quelques bras, la loi ne passait pas au Sénat ou elle n’eut le dernier mot qu’avec trois voix d’avance.

Notre victoire partielle doit nous ouvrir l’appétit. Il faut mettre la pression maximum. Notez que c’est de cette façon que nous avons mis cette loi dans la lumière. A présent c’est l’occasion d’ouvrir un cycle de défaite pour le MEDEF qui nous nargue depuis des mois en faisant la pluie et le beau temps et en intimidant le gouvernement pleutre. Une fois bien sonné sur l’amnistie on cueillera plus facilement l’accord made in MEDEF que nous allons combattre dans la rue le 5 mars prochain à l’appel de nos syndicats. Le tout forme une ligne stratégique de contre offensive de gauche. Bref, tout ne fait que commencer.

 

 

« Arracher l'amnistie »

 

amnistie_01

Les commentaires de Madame Parisot à présent montrent de quoi Hollande avait peur. L’amnistie est un signe exactement inverse à celui que le PS voulait donner au grand patronat et aux milieux de la finance. Un signe inverse à la présence de dix ministres aux universités du MEDEF, inverse au grand coming-out de la politique de l’offre et ses vingt milliards de cadeaux aux « entreprises » et à leurs actionnaires. Je n’en ajoute pas davantage, vous avez suivi les épisodes. Il ne faut pas croire que cela est seulement du domaine des symboles. Mais les symboles ont aussi leur très grande importance dans la vie sociale. Ce sont des messages qui portent profondément dans l’imaginaire collectif et souvent même l’organisent. Mais ce n’est pas tout. Un amnistié est un signal ambulant. A ses propres yeux, la personne est rétablie dans sa confiance en soi : elle sait qu’elle avait raison de lutter, raison de tenir bon. L’amnistié reprend plus facilement du service au combat s’il n’a pas été trop amoché dans sa vie professionnelle ou familiale par l’épisode répressif. Il peut aussi revenir dans l’entreprise et exiger sa réintégration. Alors, aux yeux de tous, un syndicaliste ou un militant associatif amnistié reconstruit de ce seul fait le rapport de force que sa condamnation avait déséquilibré ou bien même détruit.

C’est pourquoi le Medef et la droite traditionnelle ont toujours détesté les amnisties. Leur argumentaire tourne en boucle depuis plusieurs jours. L’amnistie serait un déni de justice : les faits imputés sont radicalement condamnables, on ne saurait les effacer. Car sinon ce serait un encouragement au saccage et aux violences. On connait. Le caractère exceptionnel des actes de violences physiques méritent mieux que cette idée lamentable selon laquelle les salariés sont une masse spontanément violente et déréglée, qui aime le chaos et la violence. C’est l’image éternelle de la bestialité des masses et de leurs porte-paroles. Cette imagerie fonctionne elle aussi comme une machine à faire symbole. Elle permet de masquer l’envers du décor : la violence patronale.

Celle-là qui est la cause de la violence sociale de réplique reste toujours impunie quand, pour un pourcentage de profit supplémentaire, des centaines de gens sont condamnés à la mort sociale. Elle masque aussi la violence que les salariés retournent contre eux avec le suicide. Elle met seulement en scène une violence fantasmée. Manuel Valls a été spécialement loin quand il a asséné, à la radio, qu’on ne pouvait pas « accepter que l’outil de travail soit détruit ». On voit l’image ! Mais où cela a-t-il eu lieu au cours des dix dernières années ? Ou des salariés ont-ils dévasté leur entreprise ou cassé leurs machines ? En fait c’est tout le contraire ! Ce sont les patrons voyous qui ont détruit l’outil de travail avec le déménagement sauvage de machines ! Ou avec la délocalisation de production. On voit que l’amnistie nous amène au cœur de l’affrontement des symboles et des rapports de force entre les intérêts en jeu dans la production et la répartition de la richesse.

 

D’abord le PS fit ce numéro incroyable de présenter l’amnistie comme une mesure de "pardon". Ce fut leur mot. Manière de vider le symbole de son sens qui légitime la lutte. Le pardon ! Vous entendez ? Voilà le discours du PS après son coming-out sur la ligne « démocrate » de Hollande. Elle postule en effet qu’il faut être à équidistance de « l’entreprise et des salariés » selon la doctrine des Clinton, Blair et Schroeder. Dans ce contexte pas de lutte de classe, pas de rapport de force. Juste des fautes des uns et des autres et du pardon pour effacer tout. Comme il est possible que tout ceci paraisse un peu trop intellectuel, l’oratrice du PS se fit explicite pour bien faire comprendre qu’il ne s’agissait pas d’encourager la lutte. A cette occasion le vocabulaire religieux revint à la charge : « le pardon pour hier n’est pas l’absolution pour aujourd’hui ni pour demain ! ». Peut-on imaginer pire déchéance verbale pour quelqu’un qui se réclame du combat de Jaurès que de parler de cette façon des luttes salariales ?  Après quoi, les socialistes ont tout fait pour vider le texte de la proposition de loi de sa substance.

C’est au point à présent qu'au-delà de l'affichage du vote de justesse de l'amnistie, la loi est en réalité privée d'une grande partie de sa portée pratique. On est loin du compte. Voyez plutôt le détail consternant de ces amendements adoptés sur la proposition de la sénatrice PS Valérie Klés et du sénateur PRG Jacques Mézard. Ils ont d'abord limité dans le temps l'application de la loi. En effet ils ont exclus tous les faits commis avant le 1er janvier 2007. Comme si les luttes sociales n'avaient pas existé avant et si la répression ne s'était pas déchaîné déjà de 2002 à 2007 en particulier quand Sarkozy était ministre de l'Intérieur. Avec cet amendement du PS, ce sont notamment toutes les poursuites liées au mouvement des retraites de 2003 ou au mouvement contre le CPE de 2006 qui sont exclues de l'amnistie. Il faut savoir que certaines procédures concernées connaissent encore aujourd’hui des développements tant d’années plus tard. En particulier pour refus de tests ADN. Et surtout quand des condamnations définitives ont été prononcées, l'amnistie aurait eu le mérite de rendre justice à ceux qui ont tant payé dans ces mouvements, en effaçant ces condamnations de leur casier judiciaire. Cette restriction dans le temps est un acte d’arbitraire pur. Il ne repose sur aucun argument de justice. Et c’est Christiane Taubira elle-même qui l’a rappelé aux socialistes en affirmant qu'"il n'y a pas de nécessité juridique à fixer une date de départ de l'amnistie". Eux n’en avaient rien à faire. Ils avaient décidé sur ce point d'être plus restrictifs encore que la ministre Christiane Taubira. Mais ils n'en sont pas restés là, malheureusement.

Les sénateurs PS et PRG ont ensuite fait voter la limitation des peines couvertes par l'amnistie. Pour en exclure en particulier toutes les infractions visant les personnes dépositaires de l'autorité publique. Cela signifie que toutes les poursuites pour « outrages » sont exclues de l'amnistie. C'est pourtant dans ces cas que l'arbitraire répressif et la volonté d'intimider le mouvement social est la plus évidente et la plus discutée dans les milieux militants. C'est d'ailleurs ce qui m'avait conduit à proposer une loi d'abrogation de la plus absurde des incriminations pour « outrage au chef de l'Etat ». Ainsi notre camarde Hervé Eon condamné à deux reprises pour avoir « outragé » Nicolas Sarkozy n’aura pas été « pardonné » par François Hollande.

Les sénateurs PS et PRG ont enfin voulu restreindre sévèrement les secteurs du mouvement social et les militants concernés par l'amnistie. Là encore,  de manière totalement arbitraire, ils ont encore opéré un tri entre les types de mouvement pour ne retenir que ceux "au sein des entreprises et relatifs au droit au logement". Tous les autres mouvements sont exclus de l'amnistie, c'est-à-dire aussi bien les luttes écologistes (anti EPR, anti-pub, anti-OGM), les luttes pour les services publics et la santé (contre les fermetures de maternités par exemple), les luttes pour l'éducation, les luttes pour les libertés et les luttes pour les migrants (RESF notamment). Quel sens ont ces discriminations ? Quel est la différence de situation du point de vue de l’intérêt général ? Quelles différences avec les luttes salariales et « la défense de l’outil de travail » dans ce cas où se mêlent d'ailleurs souvent des militants associatifs, des élus et de simples citoyens.

Un dernier amendement infâme fut adopté à l'initiative de la sénatrice PS Valérie Klés. Il s’est agi pour le PS et le PRG de restreindre les conditions de l'amnistie dans le cas des poursuites pour refus de tests génétiques. Seuls les refus de tests faisant suite à des infractions elles-mêmes amnistiées pourront eux-mêmes être amnistiés. Incroyable ! Car comme nous avons vu que le champ des infractions amnistiées avait été considérablement restreint, celui de l'amnistie des refus de tests ADN l'est d'autant plus. Cette dernière restriction est d'autant plus insupportable que le PS avait lui-même combattu en 2007 l'extension voulue par Sarkozy des tests ADN au-delà des crimes sexuels auxquels ils étaient jusque-là réservés.

Pour que votre information soit complète, il vous reste à apprendre le plus nul de cette séance au Sénat. Voici. Plusieurs de ces amendements proprement scélérats du PS ne sont passés que grâce au vote des sénateurs de droite. De leur côté les sénateurs du Front de Gauche, parfois rejoints par ceux d'Europe Ecologie les Verts ont, bien sûr, toujours refusé ces restrictions qui vident la loi de sa substance. Trop contents de pouvoir rabougrir l'amnistie, les sénateurs de droite ont ainsi tranquillement aidé le PS à vider la loi de son contenu. Alors ? Qui « vote avec l’UMP » comme le récitait le PS et ses griots médiatiques contre le vote des communistes au Sénat hostiles au budget de rigueur ? Le PS et la droite se sont unis pour protéger la condamnation des faucheurs d’OGM, des défenseurs des enfants sans papier, des protecteurs de maternité. La classe ! L’autre !

 

Après le contrat de travail, les retraites !

Dans Le Monde de samedi 2 mars, Laurence Parisot a fait une journée d’offensive entre une matinale anti amnistie et une interview contre le droit a la retraite. Elle se prononce donc a présent pour un report de l'âge légal de départ à la retraite à 67 ans ! Et pire elle y ajoute un allongement de la durée de cotisation pour avoir droit à une retraite à taux plein à 43 années de cotisations. La commission européenne jubile. Son principal commanditaire se met lui-même au travail pour faire suivre ses recommandations.

 

Car les provocations de Parisot sont un écho direct des exigences de la Commission européennes. A l'occasion de la publication de ses prévisions économiques, vendredi 22 février, la commissaire européen Olli Rehn a été très clair : les retraites sont la prochaine cibles de l'Europe austéritaire. Dans la langue des libéraux de la Commission, ça donne : "Les réformes doivent se poursuivre, en particulier pour assurer la viabilité à long terme du système de retraite". Vous voila prévenus ! La chaine de commandement est courte. Barroso a décidé, Ayrault exécute. Ce mercredi 27 février, le Premier ministre a installé une "commission pour l'avenir des retraites". Elle est censée préparer le terrain à une réforme dans les prochains mois. On connait la musique. C’est la même méthode à chaque fois. Cette commission sera présidée par Yannick Moreau. Mais n’importe quel passant dans la rue aurait pu faire l’affaire. Car il s’agit seulement de signer un texte écrit à l’avance. Là c'est une ancienne présidente du Conseil d'orientation des retraites, cet organisme destiné à alimenter la propagande pour préparer les esprits aux régressions sociales. On peut donc légitimement être certain du pire. Les autres membres sont des hauts fonctionnaires, quelques chercheurs et plusieurs proches du PS comme Florence Parly, ancienne secrétaire d'Etat de Lionel Jospin ou Sylvie François, issue la promotion Voltaire de l'ENA comme François Hollande et ancienne des cabinets ministériels de Pierre Beregovoy et Michel Rocard.

Cette commission pour l'avenir des retraites doit rendre son rapport d'ici juin prochain. Ensuite, le gouvernement prévoit une "concertation" avec les syndicats et le patronat. Les revolvers a mettre sur la tempe des syndicats sont déjà chargés. Les décisions devront être prises avant la fin 2013 pour s'appliquer dès 2014. Et donc permettre à la France d’obéir en temps et a l’heure aux diktats de la Commission européenne.

Déjà les socialistes lancent les ballons d'essai. On se souvient que le 14 janvier, dans Les Echos, le ministre du Budget Jérôme Cahuzac avait « envisagé » un gel des retraites. Ce serait une régression qui entraînerait immédiatement une baisse du pouvoir d'achat des retraités. Depuis 1993 et la contre-réforme Balladur, les retraites ne progressent plus sur un rythme indexé sur les salaires mais seulement sur l'inflation. Les pensions ont ainsi augmenté beaucoup moins vite qu'avec le système précédent. Le résultat est le suivant : en 2012, le montant moyen d'une pension du régime général pour une carrière complète est de 1 040 euros par mois. Le salaire net moyen est lui de 2 082 euros. La pension moyenne représente donc à peine la moitié du salaire moyen. Et encore, c'est une moyenne. Les femmes retraitées touchent en moyenne 30% de mois, soit 899 euros par mois. Et bien sûr, le calcul de ces moyennes ne prend pas en compte les 500 000 retraités qui n'ont droit qu'au minimum vieillesse soit 777 euros, moins que le seuil de pauvreté.

Cahuzac propose d'aller encore plus loin, et de ne même plus augmenter les retraites comme les prix ! Pour se cacher, il espère que le MEDEF imposera aux syndicats le gel dans les discussions en cours sur les régimes de retraites complémentaires. Il n'aurait ainsi plus qu'à vanter le "dialogue social" pour imposer son attaque.

 

Le chômage de masse plombe tous les comptes de la Sécurité sociale. En effet, un chômeur de plus, c'est d'abord un cotisant en moins ! Donc des recettes perdues pour la Sécurité sociale. Au moment de la contre-réforme Fillon de 2010, nous avions calculé qu'en créant 300 000 emplois par an d'ici 2020, on dégagerait 24 milliards d'euros de ressources nouvelles pour les retraites. C'est-à-dire plus que les besoins calculés par le Conseil d'orientation des retraites lui-même. Et dire cela n'a rien d'irréaliste. Près de deux millions d'emplois avaient été créés en cinq ans sous le gouvernement Jospin. C'est donc tout à fait possible.

A l'inverse, le seul résultat de la politique d'allongement de la durée de cotisation et de report de l'âge légal de la retraite, c'est la hausse du chômage des "seniors". Nous n'avons cessé de le dire pendant les mobilisations de 2003 et 2010. Les libéraux de l'UMP et du MEDEF répétait en chœur le contraire. Selon eux, les employeurs rechignaient à embaucher des seniors car ils allaient devoir s'en séparer à 60 ans. Dans leur raisonnement, le report de l'âge de départ à la retraite et l'allongement de la durée de cotisation devait donc favoriser l'emploi des "seniors". Qui avait raison ?

Ce sont encore une fois nos arguments qui étaient les bons. Les chiffres du chômage le confirment. Bien sûr, ils sont mauvais pour toutes les tranches d'âges. Mais ils sont encore plus mauvais pour les chômeurs de plus de 50 ans. Depuis l'entrée en vigueur de la contre-réforme Fillon le 1er juillet 2011, le nombre de chômeurs de plus de 50 ans toutes catégories confondues à augmenté de 20,2%. C'est sept points de plus que la hausse déjà énorme du nombre total d'inscrits à Pôle emploi, toutes classes d'âge confondues, qui a augmenté de 14% entre juillet 2011 et janvier 2013. On retrouve le même écart si l'on regarde les seuls chômeurs de catégorie A. Le nombre de chômeurs de catégorie A tous âges confondues a augmenté de 16,5% depuis juillet 2011. Le nombre de chômeurs de catégorie A de plus de 50 ans a explosé de +23,7% sur la même période ! Au total, sur les 19 mois écoulés depuis l'entrée en vigueur de la contre-réforme Fillon, on compte 161 000 chômeurs de plus de 50 ans supplémentaires inscrits à Pôle Emploi. Aujourd'hui, on compte 958 700 demandeurs d'emplois de plus de 50 ans officiellement recensés.

Toutes les régressions et les souffrances imposées n'ont donc servi à rien. Les contre-réformes  de Fillon ont augmenté le nombre de chômeurs "séniors" au lieu de le baisser comme elles le prétendaient. Au lieu de payer des retraites aux chômeurs qui atteignent 60 ans comme c'était le cas avant, la contre-réforme Fillon oblige maintenant à leur verser… des allocations chômage ! L'économie réalisée dans la caisse de l'assurance vieillesse se transforme instantanément en déficit de l'assurance chômage ! Quant à ceux qui ont conservé leur travail, ils sont obligés d'attendre pour pouvoir partir à la retraite. Pendant qu'un nombre toujours plus important de jeunes attendent de trouver un emploi. Voila le pitoyable résultat des régressions imposées par le dogme libéral et que propose de poursuivre Laurence Parisot.

 

Jean-Luc Mélenchon

Partager cet article
Repost0
2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 07:39

Une analyse éclairante de Laurent Garrouste dans la revue Contretemps, fondée par Daniel Bensaïd:

 

 

Partager cet article
Repost0
1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 06:58

 

IL A ETE DECLARE "LIBERABLE" LE 21 NOVEMBRE 2012

IL DEVRAIT ETRE RENTRE CHEZ LUI AU LIBAN

 

 

 

Petit rappel:

Le 10 janvier 2013, la chambre d'application des peines de Paris qui examinait l'affaire en appel, accède à sa huitième demande de libération, en la conditionnant à un arrêté d'expulsion du territoire français que le ministère de l'Intérieur doit impérativement prendre d'ici le 14 janvier.

 

Lundi, 14 janvier 2013

Le Ministre français de l’intérieur ayant refusé de signer la remise en liberté de Georges Abdallah, les juges lui auraient accordé un délai supplémentaire jusqu’au 28 janvier 2013 pour appliquer la décision du tribunal (signature de l'arrêté d'expulsion).

 

lundi 28 janvier 2013

L’audience prévue ce lundi 28 janvier 2013 pour statuer sur sa libération conditionnelle a de nouveau été reportée au 28 février 2013 en raison d’un nouvel appel du parquet, contestant le report de la décision du Tribunal d'Application des Peines.

 

Ce jeudi 28 février 2013

 

La Chambre d'Application des Peines, a examiné l'appel du Parquet, contestant le report de la décision du Tribunal d'Application des Peines de Paris sur la demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, dans l'attente d'un hypothétique arrêté d'expulsion signé par le ministère de l'intérieur.

Elle a mis sa décision en délibéré au 21 mars à l'issue d'une audience à huis-clos

 

Cela doit cesser, signez la pétition pour sa libération:

http://www.avaaz.org/fr/petition/Liberation_de_Georges_Ibrahim_Abdallah/?ctovncb

Tout l'historique, sur: http://le-chiffon-rouge-pcf-morlaix.over-blog.com/article-georges-ibrahim-abdallah-prisonnier-politique-en-france-depuis-29-ans-115629737.html

 

Yves Abramovicz

 

Georges Ibrahim Abdallah 3

   

Partager cet article
Repost0
28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 07:14

Stephane Hessel était venu à Morlaix en 2010 à l'occasion de la Semaine de la Solidarité Internationale pour plaider notamment pour des solutions de paix juste en Palestine. C'est une grande conscience qui nous a quitté, un homme de haute culture et de coeur qui fut un grand serviteur de l'universalisme et des idéaux républicains, un esprit libre qui su souvent aller à contre-courant avec courage au nom d'une certaine idée de la justice. Merci d'avoir été là pour transmettre infatigablement les idéaux de la résistance, l'héritage d'une époque de fraternité combattante, d'espoir humaniste et social.

 

  stephane_hessel_0.jpg

Décès de Stéphane Hessel : « l'indignation jusqu'au bout »

J'apprends avec infiniment d'émotion la disparition de Stéphane Hessel. Je veux, au nom du PCF, des militants communistes qui ont partagé de très nombreux combats avec lui, dire combien il fut un homme courageux, de gauche, fidèle à des valeurs, à des principes. Jeune résistant ayant rejoint les Forces françaises libres à Londres en 1941 puis déporté, Stéphane Hessel n'a cessé d'agir tout au long de sa vie pour un monde meilleur, une société plus humaine.

Intellectuel, diplomate, écrivain, il fut un homme engagé, un militant des droits de l'Homme, de la solidarité aux sans-papiers, de la paix en Palestine. Il fut aussi un homme engagé à gauche allant jusqu'à défendre une motion au dernier congrès du Parti socialiste pour une social démocratie qui continue à préserver l'humain contre la finance. Doux et passionné, il aimait l'échange, le débat et la fraternité. Le succès mondial de son livre "Indignez-vous" notamment parmi la jeunesse l'avait propulsé au devant de la planète entière, suscitant une irruption démocratique bienvenue.

Amusé, il observait avec un regard malicieux et portait toujours un message invitant à l'engagement, à la solidarité, à des actions collectives autour d'une question : dans quelle société voulons-nous vivre ? Indigné jusqu'au bout, telle fut la vie de Stéphane Hessel. Nous n'avons pas de plus bel hommage à lui rendre que de continuer à s'en inspirer, inlassablement.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

 

 

Stéphane Hessel vient de nous quitter. Nous voulons dire notre profonde émotion et partager la peine de Christiane, sa compagne.

Avec ce combattant inlassable des droits de l’homme, nous perdons un ami précieux qui toujours fut aux côtés des opprimés. D’autres retraceront son parcours exceptionnel et les hommages, nous n’en doutons pas, seront nombreux.

Stéphane restera pour nous le Résistant qui se plaça toujours aux côtés des peuples en quête de justice.

Pour la Palestine, sur place ou en France, son engagement était de principe et sans ambiguïté. Malgré les coups il ne renonçait jamais. Il donna de lui-même sans compter pour permettre la tenue du Tribunal Russell pour la Palestine. C’est en toute générosité, et avec la force que donne la certitude d’un juste combat, qu’il s’engagea aux côtés des militants de la solidarité poursuivis pour des actions Boycott Désinvestissement Sanctions au nom de la honteuse circulaire Alliot-Marie. Que ce soit pour la libération de Salah Hamouri, dans le soutien à la Résistance populaire (il participa à l’une des Conférences de Bil’in), comme dans l’action contre le blocus de Gaza ou pour les prisonniers, toujours, nous savions pouvoir le trouver à nos côtés dans notre combat commun pour la justice et la paix.

Son extraordinaire appel « indignez-vous ! » fut plus qu’un cri du coeur, un appel profond et positif à l’engagement. Nous l’avons fait nôtre.

La figure lumineuse et la bonté de Stéphane Hessel marqueront pour longtemps celles et ceux qui jamais ne se résignent devant l’injustice. Ce chemin, nous le poursuivons.

Le bureau national de l’AFPS.

Partager cet article
Repost0
26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 07:30

Question au gouvernement du mardi 19 février 2013

Réduction des dotations aux collectivités locales

 

Nicolas SANSU, Député du Cher (PCF/ Front de Gauche):

Monsieur le Premier ministre, à la suite du rapport de la Cour des comptes, de nouvelles coupes budgétaires sont annoncées, qui s’inscrivent dans le dogme européen de diminution de la dépense publique et sociale. Pourtant, comme l’a souligné Mme la ministre du logement, « personne ne peut croire que de l’austérité naîtra le retour des temps meilleurs ». Ces réductions budgétaires dégraderaient en effet la vie quotidienne de nos concitoyens si elles s’attaquaient aux prestations familiales, aux retraites, et donc au pouvoir d’achat.

Cette fuite en avant dans l’austérité sera également lourde de conséquences pour les collectivités territoriales, déjà fortement pénalisées par la droite durant les dix dernières années. Le président du Comité des finances locales, André Laignel, a ainsi estimé que la réduction des dotations de 4,5 milliards d’euros en deux ans et l’accroissement des charges imposées par l’État représentent l’équivalent de 15 à 20 % de réduction des moyens des collectivités. L’Association des maires de France va jusqu’à parler d’un « coup de massue », qui aura de graves conséquences sur les services à la population, l’emploi territorial, l’investissement public et l’économie locale.

Pourtant, le nombre de personnes qui viennent frapper aux portes de nos centres communaux d’action sociale ne va pas diminuer de 15 à 20 %. Les besoins de nos écoles, de nos associatives sportives ou culturelles ne vont pas diminuer de 15 à 20 %. Les exigences de nos grands services essentiels à la transition écologique, l’eau, l’assainissement, les transports, ne vont pas diminuer de 15 à 20 %...

Ces baisses de dotations sont d’autant plus inacceptables qu’elles servent à payer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, qui va profiter notamment aux banques, aux assurances, aux cliniques privées, aux entreprises du CAC 40 et à leurs actionnaires.

D’autres solutions existent, comme la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscales, qui permettrait de recouvrer plus de 50 milliards d’euro nécessaires au budget de l’État. II faut arrêter de relancer la finance pour, enfin, financer la relance ! (Mouvements divers.)

Monsieur le Premier ministre, la réduction drastique des moyens des collectivités déstabilise les territoires et les villes, comme celle dont je suis l’élu, et représente une menace pour la cohésion sociale et républicaine.

Allez-vous entendre les inquiétudes et les protestations légitimes des élus locaux et revenir sur une décision économiquement inefficace et socialement injuste ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

 

 

M. le président.

La parole est à Mme la ministre de la réforme de l’État, de la décentralisation et de la fonction publique. ministre de la réforme de l’État, de la décentralisation et de la fonction publique.

 

Mme Marylise Lebranchu,

Monsieur le député, je comprends parfaitement le sens de votre question. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Chacun ici est conscient de l’importance des économies à faire, Jérôme Cahuzac l’a largement démontré la semaine dernière.

Dans un contexte où il faut effectivement trouver des économies à court terme, objectif que peu contestent – même si je sais que vous en faites partie –, il a été proposé, sous l’autorité du Premier ministre, de diminuer de 1,5 milliard d’euros les dotations aux collectivités locales.

Il faut rappeler une chose importante : la dépense totale des collectivités territoriale s’élève à 244 milliards d’euros, dont plus de 60 milliards financés par les dotations de l’État. L’effort qui nous est demandé à tous, Gouvernement, État et collectivités territoriales, est important. Celui demandé aux collectivités territoriales s’élève de 1,25 % de leurs dépenses. Nous savons que c’est difficile.

Face à cette obligation, il nous faut être extrêmement vigilants pour faire de ce challenge collectif un challenge d’égalité républicaine. C’est pourquoi, en même temps que nous avons soumis cette réduction au Comité des finances locales, nous avons proposé de redéfinir l’ensemble des ressources des collectivités locales. Il faudra du temps pour que les départements aient des ressources pérennes pour financer les allocations qu’ils doivent verser, pour que soit réellement prise en compte la richesse ou la pauvreté des communes, pour que l’intercommunalité réponde à un certain nombre d’engagements, mais je crois que, si nous nous y mettons tous ensemble, nous serons capables de trouver les moyens de l’égalité républicaine, en examinant euro après euro où sont les économies possibles, où sont les dépenses excessives : c’est le challenge que nous partageons avec le Comité des finances locales. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

Partager cet article
Repost0
26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 07:25

Accord compétitivité emploi: Question au gouvernement, mercredi 20 février 2013



 Gaby CHARROUX, Député PCF/Front de Gauche des Bouches-du-Rhône

Cette question s’adresse à M. le ministre du travail et de l’emploi.

L’accord national interprofessionnel dit de sécurisation de l’emploi, devenu sous la pression du MEDEF l’accord pour un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité, a été signé le 11 janvier 2013 entre les organisations patronales et trois syndicats représentant 38 % des salariés.

Force est de constater que cet accord est bien loin des intentions affichées lors de la conférence sociale du mois de juillet : la lutte contre la précarité semble se résumer à une faible taxation des CDD ; le texte n’octroie aucun droit nouveau et réduit même ceux existants en entérinant une large liberté de licenciement.

Ce texte répond en réalité aux exigences du traité budgétaire européen qui impose une baisse de ce que vous appelez le coût du travail et toujours plus de flexibilité. Le pacte de compétitivité qui sert le premier objectif, la transposition de l’accord, devrait satisfaire le second.

Je veux le dire clairement : ce n’est pas la bonne voie.

Chaque jour, 1 500 nouveaux salariés franchissent les portes de Pôle emploi. Depuis quatre ans, 1 087 sites industriels ont fermé leurs portes. Comment pourrait-on croire que les licenciements d’aujourd’hui feront les emplois de demain ?

Monsieur le ministre, le Gouvernement doit prendre en compte les attentes des salariés en matière de sécurisation des parcours professionnels, de formation ou de droits nouveaux par la représentation des salariés au sein des conseils d’administration des entreprises.

Au moment où il faudrait interdire les licenciements boursiers, envisagez-vous de revoir en profondeur cet accord signé uniquement par des organisations minoritaires représentant à peine plus d’un salarié sur trois ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

 

M. le président.

La parole est à M. le ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

 

M. Michel Sapin,

Monsieur le député, nous débattrons ici dans quelques semaines non pas d’un accord mais d’un projet de loi que j’aurai le plaisir de défendre devant vous au nom du Gouvernement et d’expliquer point par point.

Loin de répondre à cette sorte d’impératif qui nous serait venu « de l’extérieur » – je ne sais d’où –, que vous décrivez, il répond au problème français et en particulier à celui des salariés de ce pays.

Nous sommes dans une situation qui ne nous satisfait ni vous ni moi. La précarité a explosé au cours des dernières années : le nombre des contrats courts de moins d’un mois a progressé de 120 %. Est-ce satisfaisant ? Non, et c’est pourquoi nous vous proposerons des mesures pour lutter contre cette précarité au travail.

Le droit à la formation auquel vous faisiez allusion existe-t-il aujourd’hui ? Non, et c’est pourquoi nous allons proposer la mise en place d’un contrat personnalisé de formation qui sera attaché au salarié et qui lui permettra de se former à tout moment de sa vie. Je pourrais prendre beaucoup d’autres exemples.

Sur le front des licenciements, la situation actuelle, celle dont nous héritons (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP), est-elle favorable ? Non, vous en êtes d’accord avec moi. Nous allons mettre en place des dispositifs qui, au lieu de privilégier les licenciements comme actuellement, proposeront d’autres modalités : chômage partiel ou formation dans l’entreprise par exemple. Êtes-vous en désaccord avec cet objectif ? Non et nous pourrons le poursuivre ensemble.

Même en cas de licenciements, quand les entreprises seront obligées d’y recourir, avec des accords majoritaires et le retour de l’État comme garant des propositions, c’est l’intérêt général des salariés que nous pourrons, je l’espère avec vous, protéger. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Partager cet article
Repost0
26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 07:24

Marc DOLEZ, Député du Nord

 

Sur l' élection des conseillers départementaux, des conseillers municipaux, des délégués communautaires et modification du calendrier électoral

lundi 18 février 2013

 

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les deux projets de loi dont nous débattons engagent un processus important de transformation de notre démocratie locale. Ils font suite à l’abrogation du conseiller territorial, dont nous nous félicitons. Nous avons en effet demandé, proposé et voté la suppression de cet élu hybride, créé contre l’avis des élus locaux au terme d’un processus législatif pour le moins chaotique.

Loin de constituer un instrument de simplification de la carte territoriale, la création de ce conseiller territorial organisait un rapprochement artificiel du couple département-région, en méconnaissance de la spécificité de ces deux échelons et laissait présager une régression démocratique sans précédent. Sous couvert d’une rationalisation des compétences et des dépenses publiques, la création de ce nouvel élu revenait en réalité à programmer la suppression des départements.

Pour notre part, nous demandons toujours l’abrogation de la réforme territoriale de 2010 dans son ensemble et souhaitons une autre réforme, réalisée en lien avec les élus locaux et les populations, visant à redonner tout son sens à la décentralisation, afin de mieux répondre, sur l’ensemble du territoire, aux besoins et aux attentes de nos concitoyens.

On peut, monsieur le ministre, s’interroger légitimement sur le calendrier retenu par le Gouvernement. Décider d’un mode de scrutin avant que ne soit établi le contenu de la réforme institutionnelle, n’est-ce pas prendre les choses à l’envers ? À notre sens, il eût été plus logique de reporter la date des élections départementales et régionales à 2015 puis d’examiner le projet d’acte III de la décentralisation qui est annoncé, et de finir en déterminant les modalités d’élection des conseillers départementaux.

Cela étant précisé, j’en viens au fond du texte, d’abord pour souligner ses aspects positifs.

Le report des élections départementales et régionales à 2015 nous semble justifié, dans la mesure où il permettra d’éviter la tenue de cinq scrutins en 2014. Ce report prévient, d’une part, le risque d’abstention lié à un trop grand nombre de consultations et il écarte, d’autre part, les difficultés techniques d’organisation dans bon nombre de communes. Nous sommes, par voie de conséquence, satisfaits que le scrutin municipal soit organisé de façon autonome, tant nous tenons à sa spécificité.

Nous sommes également favorables au changement de dénomination des conseils et conseillers généraux ainsi qu’au renouvellement complet des conseils départementaux tous les six ans.

Nous soutenons l’abaissement du seuil de 3 500 à 500 habitants, suite à la modification adoptée par la commission des lois, seuil au-dessus duquel les conseillers municipaux sont élus au scrutin majoritaire de liste paritaire avec représentation proportionnelle.

L’abaissement du seuil de 1 000 habitants, comme prévu initialement, à 500 habitants permettra à 7 000 conseils municipaux supplémentaires de disposer d’une représentation pluraliste et paritaire.

Vous l’aurez compris, si j’ai commencé par les aspects positifs du texte, c’est pour mieux évoquer ses aspects négatifs et plus particulièrement deux dispositions essentielles que nous ne pouvons approuver en l’état.

Je veux d’abord parler de la réforme du scrutin départemental. Le nouveau mode de scrutin, binominal et majoritaire à deux tours, est censé relever le défi d’une représentation réellement équilibrée entre les femmes et les hommes.

Si, bien sûr, nous partageons la volonté de garantir une parité effective, nous ne pouvons adhérer à un mode de scrutin qui fera reculer le pluralisme sans pour autant garantir la proximité dans des cantons dont le nombre sera réduit de moitié.

Élire en même temps deux candidats entraînera de façon quasi automatique un renforcement du bipartisme. Alors que sur un même territoire, deux candidats de sensibilité différente pouvaient être élus, il y aura dorénavant deux élus de la même sensibilité.

Le binôme républicain, c’est pour nous la conjugaison de la parité et du pluralisme grâce au scrutin de liste à la proportionnelle.

Si le projet du Gouvernement devait être retenu, l’élection départementale serait paradoxalement le seul scrutin sans aucune représentation proportionnelle, puisque celle-ci existe déjà pour les régionales et les municipales et qu’elle est envisagée pour les élections législatives. C’est en ce sens que nous avons déposé des amendements qui permettent d’éviter une telle exception, synonyme pour nous de régression démocratique.

Quitte à être un peu seul dans cet hémicycle, je veux aussi évoquer notre opposition aux modalités proposées pour la désignation des délégués des communes dans les intercommunalités.

Le changement de terminologie adopté par la commission des lois nous paraît lourd de signification et de conséquences. Les délégués deviennent des « conseillers intercommunaux », ce qui traduit un changement de statut. Les délégués ne seraient plus les représentants des conseils municipaux, auxquels ils n’auraient plus de comptes à rendre, mais des élus du suffrage universel direct.

Avec cette élection, c’est la nature de la coopération intercommunale qui se transforme et le déplacement du pouvoir qui s’accentue.

Désormais, on parle couramment de « bloc communal », mettant sur un pied d’égalité communes et intercommunalités, comme si ces dernières étaient déjà devenues des collectivités territoriales de plein exercice. À la logique d’une intercommunalité de projet se substitue une logique de supracommunalité.

Alors que la réforme de 2010 réduit la libre administration des communes et force parfois leur intégration au sein d’intercommunalités dans des périmètres élargis, l’avant-projet de l’acte III de la décentralisation, pour ce que l’on en connaît, renforce encore l’intégration communautaire.

Nous sommes opposés à cette intercommunalité à marche forcée car nous y voyons l’inévitable processus menant à l’évaporation et, à terme, à la disparition des communes.

À cet égard, nous pensons que le fléchage pour désigner en même temps les conseillers municipaux et les délégués de commune ouvre la porte à une élection différenciée pour les élections suivantes, dès 2020. Vous avez d’ailleurs indiqué tout à l’heure, monsieur le ministre, que le fléchage n’était pour vous qu’une étape vers la désignation directe au suffrage universel. Vous n’êtes pas le seul au sein du Gouvernement à le penser.

À n’en pas douter, cette évolution sera présentée le moment venu comme indispensable et elle sera justifiée par les imperfections que l’on peut d’ores et déjà pointer dans la désignation par le fléchage.

La mise en place de ce système de désignation ne sera en effet que peu lisible pour les électeurs : à l’occasion des élections municipales, ils continueront de choisir un seul bulletin, sur lequel figurera une seule liste, celle des candidats à l’élection municipale. La grande majorité des électeurs ne saura pas que les candidats placés en tête de cette liste siégeront automatiquement à l’intercommunalité. On nous expliquera alors qu’il faut passer à l’étape suivante.

Je veux rappeler ici que lors des états généraux de la démocratie territoriale organisés au Sénat au printemps 2012, la majorité des 20 000 élus locaux se sont prononcés en faveur du maintien de l’élection des délégués des communes par les conseils municipaux.

Pour toutes ces raisons, nous réitérons notre souhait d’abroger la réforme territoriale de 2010, qui institue le fléchage, et proposons l’élection des délégués des communes par les conseils municipaux, tout en assurant la promotion du pluralisme et de la parité par l’élection de ces délégués dans les communes de plus de 500 habitants à la proportionnelle sur liste, liste comportant autant de noms qu’il y a de sièges à pourvoir et composée alternativement d’un candidat de chaque sexe.

C’est le sens de l’amendement que nous avons déposé, réaffirmant ainsi notre attachement à une coopération entre collectivités locales à la fois volontaire et utile, à l’approfondissement de la démocratie locale, au respect de la libre administration communale et de ses choix de coopération intercommunale.

L’importance de nos désaccords sur les deux points essentiels que sont le mode de scrutin départemental et la désignation des délégués dans les intercommunalités ne nous permet pas, monsieur le ministre, de soutenir ce projet de loi en l’état. Si nos débats ne devaient pas permettre une amélioration significative sur ces deux points, notre groupe ne pourrait que voter contre l’ensemble du texte.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011