Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 21:28

Le candidat du FN Laurent Lopez a remporté l'élection partielle dans le Var avec 53,9% des voix face à la candidate UMP. Le candidat du FN Laurent Lopez, qui avait recueilli 40,4 % des suffrages au premier tour, a remporté la cantonale partielle de Brignoles (Var) face à son adversaire UMP Catherine Delzers, avec 5031 voix (contre 4 301), soit 53,9 % des suffrages.

 On peut avoir légitimement quelques doutes, sur le plan des principes et sur le plan de l'efficacité, sur le choix du PCF d'appeler les électeurs de gauche à voter UMP à Brignoles alors même que le choix de s'associer au PS dans des grandes villes brouille la crédibilité du Front de Gauche en tant qu'alternative au PS et à une politique du gouvernement qui est responsable au premier chef d'une montée de l'extrême-droite qui traduit surtout la désillusion des électeurs de François Hollande.  Pour ma part, je souscris à chacun des mots de Marie-George Buffet au lendemain du premier tour à Brignoles.

Ismaël Dupont

 

« Voilà aussi l’urgence d’une alternative claire à gauche. Face au danger, l’heure est moins à l’appel au front républicain sans contenu qu’à une mobilisation sans précédent sur les contenus d’une politique de gauche redonnant sens et efficacité à la politique dans la vie quotidienne de nos compatriotes. Voilà, pour moi, c’était cela la raison d’être du Front de gauche, qu’est-il devenu ? »

 

(Marie-George Buffet après le premier tour à Brignolles)

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 11:36

A quel âge devient-on vieux?

 

Alors que M. François Hollande et son gouvernement s'apprêtent à durcir le régime des retraites, les commentateurs mettent une nouvelle fois en scène la guerre des âges: les vieux vivraient grassement aux dépens des jeunes. Ce cliché n'est pas le seul en vogue dès que l'on parle des plus de 60 ans. Revue de détail des idées toutes faites...

 

Ce n'est pas un hasard si les trois discours dominants sur les personnes âgées sont d'ordre démographique, médical et économique: faute de penser la vieillesse, on se focalise sur le nombre, sur les corps et sur le coût. La difficulté même à trouver le terme adéquat témoigne du malaise: " vieux" par opposition à "jeune" étant presque perçu comme une insulte, le mot est devenu quasiment tabou. Au gré des modes, on parle donc de "personnes âgées", de "seniors", d'"aînés" ou d'"anciens".

La crainte de la vieillesse et l'obsession économiste conduisent à déformer la réalité: on majore encore le nombre de ceux que l'on rejette. Ainsi, faisant fi des données, Mme Valérie Pécresse, alors ministre de l'enseignement supérieur, pointait le "fléau du vieillissement" (Ripostes, France 5, 24 avril 2008). Présentant le plan "Solidarité-grand âge le 27 juin 2006, M. Philippe Bas, alors ministre délégué aux personnes âgées, parlait de "tsunami démographique". Et l'actuelle ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l'autonomie, Mme Michèle Delaunay, entonne parfois le même refrain: la France compte "plus de personnes âgées que de mineurs", prétend-elle tandis que Le Monde assure: "Les vieux sont en passe de devenir majoritaires"  (21 février 2013). Quelques années auparavant, le démographe Jacques Dupâquier déclarait: " En 2050 la France ressemblera beaucoup plus à un hospice qu'à un gymnase-club" (discours à l'Académie des sciences morales et politiques, 8 janvier 2007). Car seuls les jeunes font du sport... 

La France compte pourtant aujourd'hui davantage de mineurs (environ quatorze millions) que de personnes de plus de 65 ans (environ onze millions). Et trois fois plus de jeunes (30% de la population a moins de 25 ans) que de vieux (9% a plus de 75 ans). Dans un avenir prévisible, les plus de 60 ans ou de 65 ans ne seront jamais majoritaires! En 2060, c'est à dire au moment où, conséquence du baby-boom, ils seront temporairement le plus nombreux, la population se répartira globalement en trois tiers, avec une proportion identique de moins de 30 ans, de 30-60 ans et de plus de 60 ans. Ce n'est donc ni à un hospice ni à une pouponnière que ressemblera la France de demain, mais à un pays où tous les âges seront également représentés. 

Les mentalités conservent une vision idéalisée (mais fausse) d'un pays jeune: la France du XIXe siècle, marquée par un contexte géopolitique très particulier, quand les jeunes Français, vus avant tout comme des ouvriers et des soldats, devaient surpasser en nombre les jeunes Allemands. Alfred Sauvy et Robert Debré analysaient ainsi la victoire des armées nazies: "La terrible défaillance de 1940, plus encore morale que matérielle, doit être rattachée en partie à cette redoutable sclérose (une population vieillissante)". 

C'est aussi oublier un peu vite qu'un pays (la France d'alors, comme certaines nations africaines contemporaines) est jeune quand de très nombreux enfants meurent avant de devenir adultes et quand les adultes meurent tôt, la plupart avant d'atteindre la vieillesse. Aujourd'hui, on vit globalement en meilleure santé et plus longtemps. Conséquence: le stade de la vieillesse recule. Pendant plusieurs siècles, 60-65 ans fut considéré comme une sorte d'"âge d'entrée dans la vieillesse". Désormais, comme l'ont notamment montré les travaux de Patrice Bourdelais, il faut atteindre 75-80 ans pour ressembler, en termes de santé, d'espérance de vie, d'activités, etc., aux sexagénaires des années 1950. 

Il existe cependant de fortes variations entre les individus: on ne devient pas soudainement tous vieux au même âge, comme on ne devient pas soudainement tous adultes au même âge. Le moment de la vieillesse varie également selon les catégories socio-professionnelles: si l'espérance de vie à la naissance est la même pour tous, à 35 ans, elle n'est plus que de 41 ans pour un manoeuvre, contre 47 ans pour un cadre. Et l'écart est encore plus important si l'on prend l'espérance de vie sans incapacité: respectivement 32 et 40 années. Autrement dit, pour certains, et notamment pour les ouvriers, c'est la "double peine (...): plus d'incapacité au sein d'une vie plus courte". Si, globalement, nous ne sommes plus comme ces vieux que chantait Brel, "usés à 15 ans", certains continuent d'accuser un vieillissement prématuré; presque 30% des hommes meurent avant 65 ans. Le travail conserve... ceux qu'il n'a pas tués

La question de l'âge de la vieillesse n'est pas qu'une marotte de démographes ou de gérontologues. Elle change le regard de chacun et de l'ensemble de la société. Au 16e siècle, Montaigne évoque la vieillesse à 30 ans; au 17e, on parle plutôt de 40 ans; en 1950, de plus de 60 ans (ce qui représente 16% de la population); en 2000, de plus de 65 ans (16%); et en 2060, de plus de 75 ans (16%). On voit que le vieillessement démographique, c'est à dire la proportion de personnes âgées dans la population, ne ressemble en rien à un tsunami! Ce que confirme l'évolution de l'âge médian, qui passerait de 40 ans actuellement à 45 ans en 2060. 

Il y a bien une révolution démographique: celle de la forte augmentation du nombre de personnes de plus de 60 ans. Mais cela ne siognifie pas que le nombre de vieux s'accroît considérablement, ni que la vieillesse dure plus longtemps qu'autrefois. 

Jusqu'au 19e siècle, non seulement la plupart des gens mouraient jeunes, mais ils mouraient vite: il y avait très peu de maladies chroniques, invalidantes. Désormais, elles sont nombreuses: cancer, diabète, maladies neurologiques - dont la maladie d'Alzheimer et les maladies apparentées. Bien souvent, on peut vivre longtemps avec l'une d'entre elles. De surcroît, certaines, liées à l'environnement, aux conditions de travail, aux modes de vie, apparaissent tardivement et ne se déclarent qu'au bout de plusieurs décennies. 

Le nombre de personnes de tous âges qui vivent avec des maladies chroniques et invalidantes, en situation de handicap et en perte d'autonomie, a augmenté, et va continuer à croître dans les prochaines décennies. Sur 65 millions de Français, environ 7 millions souffrent d'une affection de longue durée (ALD); 1,3 million sont en situation de perte d'autonomie et recoivent des allocations (2,4 millions prévus en 2060). Il est donc indispensable de réfléchir à la manière dont la société doit les soigner et les accompagner. Et ce quel que soit leur âge. Car, contrairement aux idées reçues, ces situations ne concernent pas que les vieux, et tous les vieux ne sont pas "dépendants". Seuls 17% des plus de 75 ans, par exemple, perçoivent l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). 

 

Tous les vieux ne sont pas malades, mais, comme on est malade de plus en plus tard, on associe souvent vieillesse et maladie. Dans la France du XVIIIe siècle, par exemple, où les enfants mouraient le plus (un sur deux décédait avant 5 ans) et où il y avait très peu de vieillards, ces derniers étaient considérés comme exceptionnels: ils avaient survécu aux maladies, échappé à la mort. Désormais, la majorité des décès ont lieu aux grands âges, ce qui aggrave la confusion entre la vieillesse et la mort. La tendance à cacher la mort que l'on observe dans notre culture conduit alors aussi à cacher ces très vieilles personnes qui nous la rappellent trop...

  

Autre phénomène engendré par l'augmentation de l'espérance de vie sans incapacité: l'intervalle entre la fin de l'activité professionnelle et le début de la vieillesse s'allonge. La perte d'autonomie n'apparaît généralement, quand elle survient, qu'à la fin de la vie. Les personnes qui meurent à 85 ou 90 ans ne vivent pas "dans la vieillesse" depuis leur 60 ans; du moins pas dans la vieillesse biologique. Mais socialement? Pour Mme Delaunay, aucun doute: "Il est temps pour la génération qui est la mienne de mesurer que la vieillesse va durer trente ans, voire davantage" (entretien au Monde déjà cité). Cette confusion serait-elle entretenue pour justifier certaines politiques? 

  

Pierre Bourdieu le disait, l'âge est "une donnée biologique manipulée et manipulable" . C'est flagrant pour la limite des 60 ans. Qui souhaite convaincre qu'il faut repousser l'âge de la retraite oublie les métiers pénibles, et insiste sur le fait qu'on est "encore jeune" à cet âge. Lorsque, en revanche, on cherche à exclure de certains dispositifs d'aide aux personnes en situation de handicap et de perte d'autonomie, celles-ci deviennent des "personnes âgées" à 60 ans, et leur handicap se transforme officiellement en "dépendance" (moins indemnisée). Les sexagénaires seront donc jeunes ou vieux selon ce qu'on veut en faire: des actifs rentables ou des handicapés moins coûteux. 

"Ce fait de parler des jeunes comme d'une unité sociale sociale, d'un groupe constitué, doté d'intérêts communs, et de rapporter ces intérêts à un âge défini biologiquement, constitue déjà une manipulation évidente" , estimait Bourdieu. La manipulation s'applique aussi à ces millions de personnes placées dans la catégorie floue des "personnes âgées". Parle t-on des plus de 60 ans? Des plus de 80 ans? Des actifs, des retraités? Des enfants de 70 ans ou de leurs parents de 95 ans? Il y a plus de points communs entre deux avocats parisiens de 30 ans et de 70 ans qu'entre un avocat parisien de 30 ans et un paysan du même âge...

  

D'autre part, les tranches d'âge s'étirent au fur et à mesure que l'âge augmente. Ainsi, les "plus de..." sont regroupés dans une catégorie tellement vaste qu'elle perd tout sens: on passe souvent des 18-24 ans (six ans d'intervalle) et des 40-49 ans (neuf ans)... aux plus de 60 ou de 65 ans", qui peuvent avoir plus de trente ans d'écart et appartenir à des générations différentes. Vus avec de telles lunettes, tous les vieux sont gris... 

Une fois cette fausse unité réalisée, on peut aisément généraliser à l'ensemble de ces personnes des caractéristiques, modes de vie, etc., propres seulement à certaines d'entre elles. Cette forme d'âgisme utilise un procédé qu'on retrouve par ailleurs dans le racisme ou le sexisme: "les étrangers", "les femmes", "les personnes âgées"... Autant de catégorisations qui véhiculent des idées reçues. 

 

En politique, la rengaine est bien connue: les vieux sont immobilistes, réactionnaires. Les commentateurs ont recouru à cet effet d'unité, par exemple, lors de l'élection présidentielle de 2012. Ils ont insisté sur les 41% des plus de 65 ans qui avaient voté en faveur de M. Nicolas Sarkozy (UMP) pour minorer les 30% d'entre eux qui avaient choisi M. François Hollande (PS), et plus encore le fait que cette "classe d'âge" est celle qui a le moins voté pour l'extrême-droite. Quant aux 54% de retraités qui ont voté Sarkozy au second tour, ils ont fait oublier les 46% qui avaient effectué un choix différent! 

Il s'opère une confusion entre l'effet d'âge, qui serait attaché à une caractéristique donnée - les vieux votent à droite parce qu'ils sont vieux-, et l'effet de génération: les électeurs ayant régulièrement voté à droite continuent de voter à droite en vieillissant, et les électeurs ayant régulièrement voté à gauche continuent à voter à gauche. Ainsi, ceux qui ont autour de 60 ans, et qui avaient donc 20 ans dans les années 1970, ont davantage voté pour M. Hollande ou pour M. Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) au premier tour que les électeurs âgés de 25-34 ans ou ceux de 35-49 ans. Les travaux sérieux tendent à montrer que les effets de génération et les aspects socio-économiques jouent un rôle important, tandis que les effets d'âge sont surtout fantasmés. 

Cela n'empêche pas certains sétérotypes et d'en tirer des conclusions pour le moins surprenantes. Ainsi, Yves Michaud, directeur de l'Uninversité de tous les savoirs, estime qu'il faut "se poser la question d'une fin de la vie citoyenne. Je pense que tôt ou tard il faudra envisager qu'il y ait un âge de la retraite du citoyen. Je verrais bien des gens votant par exemple entre 16 et 80 ans. Et puis à 80 ans, on arrête". Ce fantasme de dissolution et de démocratie s'exprime de manière encore plus radicale chez M. Martin Hirsch: "Il faut refaire le sufffrage censitaire et donner deux voix aux jeunes quand les vieux n'en ont qu'une. Il faut donner autant de voix qu'on a d'années d'espérance de vie. (...). Quelqu'un qui a quarante ans devant lui devrait avoir quarante voix, quand celui qui n'a plus que cinq ans devant lui ne devrait avoir que cinq voix" (France Inter, 27 juillet 2010). 

 

On retrouve cette fausse unité des vieux dans le domaine des ressources et des modes de vie. Régulièrement dépeints comme aisés et privilégiés, les retraités se voient accusés du dénuement des jeunes. Tous sont assimilés aux plus riches et urbains d'entre eux, ceux des publicités pour voiture et montres de luxe. Or la moyenne des pensions de retraite se situe autour de 1200 euros par mois, et de moins de 900 euros pour les femmes.  

Certes, la pauvreté a constamment diminué depuis les années 1960. En effet, le taux de pauvreté des plus de 65 ans était de 35% (17% pour l'ensemble de la population). Les plus de 60 ans sont moins touchés que les moins de 30 ans. Mais, là encore, prudence: les plus de 75 ans restent plus frappés que toutes les tranches d'âge entre 30 et 65 ans. Or, on sait que la pauvreté, l'isolement et la fragilité se cumulent pour créer des situations de grande vulnérabilité. En 2011, un tiers des personnes décédées par suicide étaient âgées de plus de 65 ans.    

 

Le discours sur les "retraités aisés" construit une sorte d'écran destiné à décrire les divisions sociales dans les termes d'un simple conflit entre vieux (riches) et jeunes (pauvres).        

De quoi masquer les inégalités grandissantes au sein de chaque génération, comme les conséquences des effets conjoints du sexisme et de l'âgisme (femmes isolées, pauvres et souvent très âgées). Pourtant, bien souvent, jeunes et vieux sont ensemble, les premières victimes des phénomènes. Dans le champ de l'emploi, par exemple: au prétexte de l'inexpérience des plus jeunes et de l'obsolescence des plus âgés, on élague des deux côtés d'un "âge d'employabilité idéal" qui se réduit à 25-45 ans. La durée moyenne d'inscription sur les listes de Pôle emploi double chez les plus de 50 ans par rapport aux autres demandeurs d'emploi. 

 

C'est également vrai en matière de précarité. Si les jeunes sont touchés, les situations de fragilité en lien avec la vieillesse ont repris leur courbe ascendante après les réformes des retraites successives. Dans les difficultés vécues depuis deux décennies par les plus de 50 ans, l'isolement, la pauvreté, le handicap combinent leurs effets. Tout indique que les vieux pauvres de la France des années 1970 ressurgiront dans la France des années 2030-2040.

 

Tandis que les puissants se moquent bien de leur âge, pour les autres, l'attention se focalise sur les générations, au point de négliger les questions de pouvoir et de classes sociales. N'y aurait-il plus qu'une jeunesse, à plaindre, et une vieillesse, à accabler? 

  

Lorsque l'image d'Epinal du sénior aisé-oisif-égoïste, responsable des maux de la jeunesse, semble décidément trop usée, apparaît celle de la "personne âgée dépendante", avec son cortège de tares (lenteur, frilosité, inadaptation), que l'on accuse cette fois, de coûter trop cher.  

Comme l'annonçait dès les années 1960 le premier rapport officiel sur le sujet, les vieux vont "grever les conditions d'existence de la population française" (Pierre Laroque, Politique de la vieillesse, rapport de la Commission d'étude des problèmes de vieillesse). Faute de s'attaquer aux vraies causes de la faillite de notre système économique, certains désignent de nouveaux coupables: les inactifs (retraités ou malades) qui vivent plus longtemps. Et tous ceux qui, passés sous la toise de normes comptables à courte vue, coûtent plus qu'ils ne rapportent: retraités, chômeurs, métiers du soin, de la culture, de l'éducation... 

 

En termes économiques, le "problème" est posé et les solutions proposées depuis bien longtemps, comme en témoigne cette formule du ministre des finances japonais, en janvier dernier: "Le problème (du financement de la sécurité sociale)  ne sera pas résolu tant qu'on ne laissera pas les (vieux malades) mourir plus vite". En France, "on ne laisse pas mourir les vieux" mais la pénurie des moyens conduit à délaisser beaucoup de personnes trop âgées, qui auraient pu être soignées à temps, par exemple. Ou, comme dans certaines maisons de retraite, à ne pas les aider correctement. 

Si les vieux pauvres sont accusés de peser, les vieux riches font désormais l'objet de multiples attentions de la part des partisans de la silver economy, qui rêvent de vieux consommateurs mobiles, sportifs, technophiles et friands de "maisons intelligentes" (domotique et autres). Naissent alors des dispositifs destinés à entretenir leur capital-santé et leur capital-intellectuel, à les "surcouvrir" d'assurances-dépendance qui, quand ils seront malades ou handicapés, permettront de créer des emplois non délocalisables. Des emplois souvent pénibles, avec des salaires bas et un manque criant de formation, généralement occupés par des travailleuses délocalisées...

En attendant, pour les personnes de 60 à 70 ans, auxquelles on affirme, comme le fait Mme Delaunay, que leur vieillesse a commencé, un problème débute dès maintenant: la société les invite à un "bien vieillir" socialement et culturellement vide, et n'imagine pour elles qu'une série d'activités aussi peu excitantes que la stimulation cognitive sur console de jeu pour éviter l'Alzheimer, le tai-chi pour prévenir les chutes, ou la technologisation de leur logement pour "retarder la dépendance". Sans oublier - car il ne faudrait pas jouer les "vieux égoïstes" - de nombreuses missions: garder leurs petits-enfants, aider financièrement leurs fils et leurs filles, soigner leurs vieux parents, animer les associations locales.. Nombre de retraités participent déjà à ces activités de solidarité, familiales comme associatives. Mais le danger existe de transformer ces choix en injonctions, voire en condition pour être socialement aidé ou considéré.

 

Pour les personnes âgées dites dépendantes, un autre problème tourne au cauchemar Si, dans certains pays (Allemagne, Pays-Bas, Danemark...), les handicaps et les maladies avec perte d'autonomie activent des aides quel que soit l'âge de la personne, en France, on cesse, à 60 ans, d'être une personne handicapée pour devenir une "personne âgée dépendante", avec, à handicap égal, un dispositif plafonné. Et donc des montants largement inférieurs aux besoins. Un système discriminatoire, maintenu de gouvernement en gouvernement au seul motif que "ça coûterait trop cher" d'aider les personnes handicapées de plus de 60 ans comme on aide les moins de 60 ans. 

 

La "réforme de la dépendance" annoncée par le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault ne mettra pas fin à cette discrimination. Centrée sur le financement, à l'image de ce que M. Sarkozy et Mme Bachelot avaient imaginé, la future loi risque de s'employer surtout à réduire les dépenses en supprimant les aides aux personnes les moins "dépendantes", ce qui, en langage ministériel, s'énonce ainsi: "Les aides publiques seront davantage orientées vers ceux qui ont le plus de besoin" (Mme Delaunay dans le Monde). Le but est aussi de "faire jouer la responsabilité individuelle" - expression également utilisée par M. Hollande lors de son intervention au congrès de l'Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) le 29 janvier 2013, ce qui signifie en réalité: faire fortement appel aux assurances privées.  

 

Le principe de solidarité nationale ne s'appliquerait-il pas aux citoyens âgés de plus de 60 ans, et plus particulièrement aux citoyennes? Les vieilles femmes sont en effet les principales victimes de ce "dispositif" "dépendance". Comme au temps où Simoner de Beauvoir condamnait la manière dont la société les traitait, elles subissent un système qui, cumulant sexisme, âgisme et utilitarisme, considère qu'il y a des vies moins précieuses que d'autres. Et réalise ainsi la prédiction de Hannah Arendt: "Si nous nous obstinons à concevoir notre monde en termes utilitaires, des masses de gens en seront constamment réduites à devenir superflues" (Le Système totalitaire: les origines du totalitarisme, tome III). 

 

Jérôme Pellissier  

Ecrivain et docteur en psychogérontologie, auteur notamment des essais Le temps ne fait rien à l'affaire... Editions de l'Aube, 2012 et La Guerre des âges, Armand Collin, 2007 

Source: Le Monde Diplomatique, juin 2013.

 

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 07:31

Geneviève Fraysse (députée du groupe communistes et républicain, Front de Gauche) est intervenue le 2 octobre devant une salle presque vide (ses collègues avaient tellement de choses plus intéressantes à faire que d'écouter la vérité sur les difficultés des français et la réforme des retraites...).

Son discours vaut la peine d'être entendu pour mesurer le scandale du choix que sont en train de faire les socialistes.

 

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=6TCF8uoYFGM

 

Partager cet article
Repost0
12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 06:37

 

Le Conseil constitutionnel a décidé, vendredi 11 octobre, de valider la loi du 13 juillet 2011, appelée loi « Jacob », qui interdit en France l'usage de la fracturation hydraulique pour explorer et exploiter les pétroles et le gaz de schiste.

Le PCF se félicite de cette décision. En effet, la technique de la fracturation hydraulique occasionne des dégâts considérables à l’environnement et au cadre de vie des populations. Elle est la seule qui existe aujourd'hui pour produire des hydrocarbures de schiste.

Aussi, la production des gaz et des huiles de schiste, dans l’état actuel des techniques, n’est acceptable nulle part.

L’avenir énergétique de la France ne passera pas par l’exploitation de davantage d’énergie carbonée, mais par la planification écologique de notre économie et l’utilisation cohérente de sources d’énergie non émettrice de CO2.

 

PCF Front de Gauche

Partager cet article
Repost0
11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 05:52

Publication: 07/10/2013 07h42 Huffingtonpost

Esther Benbassa

Sénatrice EELV du Val-de-Marne, Directrice d'études à l'EPHE

Il n'y a pas que notre Ministre de l'Intérieur à nous laisser entendre que les Roms ne sont pas intégrables et que la meilleure solution pour eux (pour nous ?), c'est qu'ils rentrent chez eux. Si Sarkozy l'avait dit aujourd'hui, le peuple de gauche se serait mobilisé en masse, aurait crié au scandale, serait descendu dans la rue. Mais là, non, voyons, M. Valls a peut-être bien raison, n'est-ce pas ? Si on ne le suit pas sur cette voie bien glissante, les Français ne seront-ils pas tentés de voter Front national ?

Suivre la vague

Bravo au Front national, dirai-je. La gauche s'ingénie maintenant à piloter la France en ne lâchant pas des yeux la droite radicale ou simplement la droite de la droite. C'est là que réside la victoire de Marine Le Pen. Ses idées n'ont pas seulement pénétré dans la population, elles déteignent aussi sur la gauche. Notre président de la République n'a même pas éprouvé le besoin de recadrer M. Valls. Parce que pour gagner les municipales, ou ne pas trop les perdre, il ne faut pas hésiter à jouer avec les peurs du peuple. A jouer avec le feu.

Pour l'instant, les résultats de cette belle stratégie peinent à se manifester. Il suffit de regarder du côté de Brignoles... Le Premier Ministre a eu un peu plus d'audace, et peut-être de réalisme, en recadrant, lui, son ministre de l'Intérieur, même à demi-mots, à son accoutumée, mais à la manière, disons, de l'honnête homme qu'il est, sans plus. C'est presque du courage quand 65% des Français sondés disent partager les vues dudit ministre sur la non-intégrabilité des Roms.

Les barons socialistes, de leur côté, suivent la vague. Il s'agit d'être réélu. Les temps sont durs. Et même lorsque certains maires de gauche font un travail positif avec les Roms et oeuvrent avec imagination et détermination pour aider à leur intégration, ils préfèrent parfois ne pas trop ébruiter leurs succès. En ces matières, même un succès pourrait vous faire perdre des voix...

Belle politique du "bouc émissaire" dont certains de nos dirigeants s'imaginent qu'elle fera oublier à leurs électeurs la gouvernance à l'aveugle d'un exécutif dont le bateau tangue sensiblement à force de manquer d'audace et d'inventivité. Le vrai coup de génie du FN est d'avoir fait suffisamment peur à ce même exécutif et à une partie du peuple de gauche avant même d'engranger de bons scores électoraux.

A quoi donc sert la gauche ?

Ce n'est pas parce que les Français se droitisent qu'il faut les caresser dans le sens du poil. Est-ce vraiment notre rôle, à nous, la gauche, de les prendre par la main et de les conduire, doucement, vers le précipice ? D'autres peuples avant nous ont suivi cette pente fatale. Et le réveil, hélas, vient bien souvent trop tard.

Au lieu de communiquer efficacement sur sa politique, et sur les choix, vraiment de gauche, que la gauche, au gouvernement comme au Parlement, parvient parfois à mettre en oeuvre, on a l'impression que l'on s'ingénie plutôt à assurer la promotion médiatique des dérapages de M. Valls. On s'étonnera, après cela, que les idées du FN fassent leur chemin sûrement dans les esprits.

La gauche n'a pas été portée au pouvoir pour faire, avec les Roms (c'est vrai, ils ne votent pas), ce que Sarkozy a fait et ce que le FN veut faire. La gauche n'a pas été portée au pouvoir pour cette politique du "bouc émissaire". Sarkozy a perdu, d'ailleurs. Et les socialistes peuvent au final, eux aussi, laisser des plumes à ce petit jeu-là. Si les Roms posent des problèmes aux riverains, ce qui est vrai, n'y a-t-il pas d'autres moyens de les résoudre que ceux qu'on veut nous vendre ?

Abstentionnistes, levez-vous !

Mercredi dernier, je me suis rendue à une soirée organisée par le collectif "Stop Le Contrôle Au Faciès". 13 personnes ayant subi un contrôle d'identité abusif avaient porté plainte contre l'Etat et le Ministère de l'Intérieur. Elles venaient, toutes les treize, d'être déboutées par la justice. Un des plaignants, par ailleurs militant associatif, a tiré les leçons de ce jugement et du refus du Ministre de l'Intérieur (toujours lui) d'instaurer la délivrance de récépissés, le meilleur moyen de limiter efficacement la multiplication des contrôles abusifs. Il a simplement appelé l'assistance à ne pas aller voter aux prochaines échéances électorales. C'était clair, net, et logique.

Curieusement, cela, on dirait que la gauche - une certaine gauche - ne veut pas l'entendre. M. Valls défend sa police. Pas ceux qui, citoyens de ce pays, sont quotidiennement contrôlés si souvent sans motif, en raison de leur tenue vestimentaire, de la couleur de leur peau, de leur lieu de résidence. Le lendemain de cette triste soirée, je suis revenue à la charge. Et j'ai demandé à M. Valls, dans l'hémicycle, comment - et quand - il entendait remédier à cette pratique du contrôle à la tête du client. La réponse a été évasive.

Les populations objet de ces brimades sont souvent accusées d'être abstentionnistes. A la dernière élection présidentielle, elles sont sorties du bois. Elles ont voté. Pour Hollande. Pour la gauche. Croit-on vraiment qu'on les y reprendra ? L'abstentionnisme tous azimuts a de belles heures devant lui. Et on sait à qui il profitera. Au FN. A cette allure, non seulement les bonnes recettes socialistes ne réussiront pas à stopper l'avancée du FN, mais elles feront aussi perdre les voix des fidèles et loyaux électeurs de gauche.

Jeux du cirque

Les poncifs réactionnaires, racistes, xénophobes sont décidément fort tendance. On ne les entend pas dans la bouche de nos seuls politiques. Ils sont aussi très en vogue chez maints "intellectuels" de seconde zone qu'on invite à s'exprimer librement lors de colloques prétendument "contradictoires". Ça fait démocrate. Belle démocratie que celle-là, qui encourage une salle à moitié acquise à ne surtout pas remettre en question les clichés qui l'aveuglent.

J'ai vécu ça samedi, à un colloque qui se déroulait à Nantes. L'un des rédacteurs en chef d'une revue ultraréactionnaire a pu débiter ses dangereuses fadaises, sans que personne tente vraiment de l'arrêter. Rien ne nous a été épargné. Et nous y sommes tous passés, "bobos", intellos, parlementaires, immigrés, musulmans, Roms, et je ne sais qui encore, tous fossoyeurs de notre belle civilisation judéo-chrétienne !

Misère de la pensée actuelle, minée par le défaut de créativité et d'énergie. C'est l'air du temps. Donnons aux spectateurs ce qu'ils attendent. Il faut que le sang coule, même s'il est pour l'instant symbolique. Débat d'idées ? Non, combat de gladiateurs.

Qu'une mairie socialiste subventionne ces jeux du cirque et donne l'occasion à de pareilles idées de s'exprimer sans vergogne a de quoi faire réfléchir. Mais après tout, si un ministre socialiste se permet le genre de propos que tient M. Valls, pourquoi un réactionnaire patenté se gênerait-il pour le faire?

Ainsi le cercle se referme-t-il sur lui-même. La réaction nourrit la réaction. Bravo, les socialistes, vous êtes d'excellents pédagogues, qui travaillez pour l'avenir du FN et de la droite !

Partager cet article
Repost0
11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 05:45
Propos sur les Roms. Le Mrap va porter plainte contre VallsLe Mrap va déposer plainte contre Manuel Valls.
Le Mrap va déposer plainte contre Manuel Valls.
  • Photo : AFP

 
Le Mrap va déposer plainte contre Manuel Valls devant la Cour de justice de la République (CJR) pour « incitation à la haine raciale » en raison de ses propos controversés sur les Roms.

 « Nous allons déposer plainte la semaine prochaine devant la commission des requêtes de la Cour, qui exercera son filtre », a précisé Me Pierre Mairat, avocat du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap).

 « Les Roms servent déjà de boucs-émissaires »

 Le Mrap reproche au ministre de l’Intérieur des propos tenus le 24 septembre sur France Inter. Les Roms sont « des populations qui ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation », avait-il notamment déclaré. « On estime ses propos insupportables, dans un contexte où les Roms servent déjà de boucs-émissaires », a ajouté Me Mairat.

 Le conseil national de l’association a donc décidé « à l’unanimité » de lancer ces poursuites, précise le Mrap dans un communiqué.

Partager cet article
Repost0
7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 19:04
Le FN triomphe à Brignoles ?
Oui, si l’on en croit les divers commentaires qu’on entend en boucle depuis dimanche soir, 6 octobre, sur les media. Et quel tintamarre ! Au grand ravissement de la blanche colombe qui n’aime pas les étrangers et de ses seconds couteaux. Mais qu’en est-il en réalité ? Le Front national obtient 40,40% des suffrages exprimés. L’extrême droite arrive à 49,50% si l’on tient compte d’un candidat dissident. La candidate de l’Ump occupe la deuxième place avec 20,76 %. Quant au candidat communiste, il n’obtient que 14,58 % et est éliminé du second tour. Il paie probablement le soutien que lui a apporté la direction nationale du parti socialiste et de la présence, cette fois-ci, d’une candidate écologiste, soutenue par la section locale du même parti socialiste (8,89%) ! Bonjour la clarté. Rappelons que le siège de conseiller général était détenu par le parti communiste depuis 2012, siège invalidé par la suite. Pour mémoire, le FN avait remporté l’élection cantonale en 2011, avec 12 voix d’avance. Election elle aussi invalidée.
En regardant de près cette cantonale que constate-t-on ?  Un taux d’abstention particulièrement élevé : 66,66% ! Avec un tel score, on peut dire que c’est le parti des abstentionnistes qui a gagné. Quelles en sont les raisons ? Elles sont sans doute multiples : ras le bol après les deux précédentes élections, mécontentement généralisé contre la politique menée par François Hollande et son gouvernement, le caractère même de l’élection, une cantonale partielle sans enjeu, par définition peu mobilisatrice, etc.
Le président de la république aurait tort de ne pas analyser ce qui est en train de se produire à Brignoles, avec la victoire probable par défaut du Front national qui entre parenthèses n’a pas enregistré une avancée significative dans le canton.
Pour les différentes composantes du Front de gauche, cette élection doit être l’occasion d’ouvrir en grand les yeux. Il est nécessaire de se démarquer clairement du parti socialiste au risque d’être accusé de cautionner une politique anti sociale et d’en subir les conséquences, comme à Brignoles. Lors des prochaines Municipales le Front de gauche doit donc affirmer son autonomie en présentant partout des listes dès le premier tour d’autant plus que ces élections seront un grand test national. Dans le cas contraire, les électeurs, en particulier ceux de gauche, ne nous le pardonneraient pas. Ils iraient grossir les rangs des abstentionnistes ou s’égarer dans les bras de gens qui prônent la haine, la xénophobie et le racisme.
 
Angelo Leonetti*
 
* Un point de vue transmis par Louis Aminot, membre du Front de Gauche 29, du réseau des Communistes Unitaires.



Partager cet article
Repost0
6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 18:50

 

Le Président de la République a choisi le 55ème anniversaire de la Vème République pour venir en vanter la « stabilité » et la « plasticité ». Changer sans que rien ne change : quel hommage ! Tandis que la défiance à l’égard de la politique s’accroît et que la crise démocratique gagne du terrain, quoi de plus approprié en effet que de s’autoféliciter, de proclamer l’attachement indélébile des Françaises et des Français à ces institutions décrépies.

La Vème République est à bout de souffle. En réalité, les défauts originels de la Constitution sont toujours bien présents et ses déséquilibres ont été aggravés au fil du temps. Nous vivons dans une sorte de monarchie élective, flanquée d’une oligarchie politico-financière qui s’accapare des pouvoirs exorbitants sur les grands choix.

La souveraineté populaire a été rognée de toutes parts, que ce soit par les derniers traités européens adoptés contre l’avis majoritaire, ou par la réforme de la démocratie locale en cours d’examen. L’urgence n’est pas à une autocélébration vide de sens, mais à refonder le pacte républicain dans un nouvel essor démocratique.

Il est à espérer que la proposition d'un référendum d'initiative populaire qui fait si peur aux forces dominantes, ne soit pas cantonnée dans le domaine de la plasticité ou de l'élasticité de la République, utilisée dans une sorte de logique de l'édredon (Faut-il rappeler que la décision du dernier référendum a été contournée ?).

Une telle réforme est plus que souhaitable et devra bousculer la logique institutionnelle actuelle. L’heure est à donner le pouvoir au peuple. C’est ce que nous nommons VIème République.

 

Pierre Dharréville, Responsable de la commission « République, démocratie et institution » au PCF

 

logo

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 06:20

une-soixantaine-de-migrants-syriens-souhaitent--jpg

 

Près du quart de la population syrienne a quitté son domicile pour fuir des violences atroces et sur ces 6 millions de réfugiés, 2 111 600 sont réfugiés à l'étranger, dont 97% le sont dans les Etats voisins: ce Liban si opulent et si stable qui peut au risque de replonger dans la guerre civile accueillir 763 000 réfugiés syriens, cet Irak si tranquille et prospère qui en accueille 200 000, la Jordanie qui accueille 494 000 réfugiés, la Turquie 500 000, l'Egypte 126 000, beaucoup de réfugiés ayant fait l'objet de violences xénophobes dans ce dernier pays.

Face à "la grande tragédie de de ce siècle"   (Antonio Guterres, haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés), que fait l'Europe? Que fait la France? Le HCR demandait à ce que l'Europe accueille au minimum 10000 Syriens: l'Allemagne en a accepté 5000, l'Autriche et la Norvège 500.

Et la France... Que fait-on pour les ressortissants de notre ancien protectorat (de 1918 à 1945) où beaucoup de vieilles personnes éduquées parlent encore Français? Pour ces Syriens qui connaissent et aiment notre pays? Que fait-on pour ce peuple martyr, victime d'une des pires dictatures que le monde ait connu?

L'aide médicale et humanitaire de l'Etat dans les camps de réfugiés syriens, on l'attend toujours!

L'ouverture des ambassades et des consulats dans les pays arabes pour des demandes d'asile et d'immigration légale, on l'attend toujours!

Et après, on va donner des leçons aux pays arabes et à tant d'autres alors que nous nous exonérons nous-mêmes des plus élementaires devoirs de fraternité et d'humanité...

Cette France là me révolte et me dégoûte. Nous avons oublié ce que notre identité et notre histoire doivent à tant de réfugiés: juifs d'Europe de l'est et d'Allemagne, polonais, russes, italiens, espagnols...

Je me sens flétri, deshonoré quand j'apprends qu'une quarantaine de Syriens sont réduits, avoir avoir dépensé des sommes folles et traversé des épreuves terribles pour quitter leur pays, traverser le Proche-Orient, et l'Europe, à faire une grève de la faim à Calais pour demander à être accueilli en Angleterre parce que la France à été incapable de leur trouver des solutions d'accueil. Des Syriens qui témoignent avec amertume dans un appel relayé par le Secours catholique (cf.? Ouest France du 4 octobre 2013): "Le gouvernement français et la police nous ont très mal traités et n'ont montré aucun intérêt pour notre situatiuon (...). Nous espérons rencontre sécurité et refuge en Angleterre".   

A Calais, des centaines de migrants vont d'un squatt à l'autre, persécutés par la police, aidés seulement par des particuliers et des associations: des Syriens désormais, mais aussi des Somaliens, des Soudanais, des Afghans, des Albanais que l'on condamne à vivre de manière inhumaine et ultra-précaire, rêvant d'un passage en Angleterre, la France ne voulant pas les intégrer et ne leur proposant pas de perspectives.

Le droit d'asile est un devoir pour des pays qui se disent civilisés, respectueux des Droits de l'Homme, tout comme offrir un toît aux demandeurs d'asile est également un devoir... Depuis des années, la France est devenue inhospitalière, brutale avec les réfugiés, les demandeurs d'asile, les immigrés cherchant à échapper à la misère.

Cela ne choque même plus à droite et au PS car on regarde plus la montée de la xénophobie et duy Front National en France que nos devoirs d'humanité et les efforts accomplis par les pays du Sud qui accueillent 90% des réfugiés. Notre Méditerranée ressemble au mur électrifié construit par les Américains pour protéger leur frontière avec le Mexique, auprès duquel des centaines de migrants meurent chaque année.

Cette politique sans coeur peut dans certains cas mêmes être perçue comme criminelle: depuis 25 ans, au moins 20000 migrants sont morts en tentant de rallier l'Europe.

Il est urgent de nous souvenir qu'avant d'appartenir à un territoire surprotégé et relativement riche, nous partageons une commune condition et une commune nature avec nos frères hommes, qu'ils soient Arabes, Africains, Européens de l'est.

 

Ismaël Dupont   

Partager cet article
Repost0
3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 19:19

Quand la vérité jaillit au détour d'une phrase

A quelques jours des élections en République Fédérale Allemande, Yves Calvi avait mis à l'antenne sur la 5 une émission sur la situation en Allemagne.

Ses invités, triés sur le volet, "spécialistes reconnus" comme de bien entendu discouraient d'une façon très urbaine des avantages de la politique menée par ses dirigeants qu'ils soient de droite ou de gauche. Mettant en exergue la confiance des Allemands dans leurs dirigeants, affirmant d'une façon péremptoire qu'il y avait pour la France bien des leçons à prendre Outre-Rhin... et oubliant, bien entendu, de citer l'explosion des bas salaires, l'absence de salaire minimum, le développement de la misère pour des couches de plus en plus nombreuses de la population et l'envol de la précarité.

Dans la dernière partie de l'émission la question d'un téléspectateur fut posée aux différents intervenants : "compte-tenu des différences de positions entre la France et l'Allemagne n'y a-t-il pas un risque de quitter le couple Français-Allemand et une tentation de rapprochement entre l'Allemagne et l'Angleterre ?"

Après quelques minutes de silence l'un des politologues asséna une réponse sans réplique : la question n'avait pas de sens vu que dans l'état actuel de la construction européenne l'accord franco-allemand était une absolue nécessité. Quelles que soient leurs différences les dirigeants des deux pays étaient obligés de trouver un accord.  Etonnamment aucun invité n'a réagi à cette déclaration d'importance.

Si cette analyse est exacte une question vient immédiatement à l'esprit : "Dans ces conditions pourquoi François Hollande s'est-il couché devant les exigences d'Angela Merkel au sujet du dernier traité européen ?

Après avoir "roulé les mécaniques" pendant toute sa campagne électorale en déclarant qu'il était hors de question de signer ce traité en l'état, pourquoi a-t-il paraphé sans la moindre modification, au mot et à la virgule près, le texte concocté par Merkel et Sarkozy ? N'y avait-il pas, dès le départ une acceptation sans combattre de ce texte qu'il n'a pas osé présenter au peuple français ?

N''est il pas temps d'instaurer une VIème République où la souveraineté du peuple sera enfin respectée et où "démocratie" ne rimera plus avec tromperie et délégation de pouvoir ?

POSER LA QUESTION C'EST APPORTER LA REPONSE

Alain DAVID
le 3.10.2013

 
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011