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23 janvier 2022 7 23 /01 /janvier /2022 06:33

Rappel des faits Alors que l’économie a connu une période de ralentissement avec les confinements, les valeurs boursières du CAC 40 se portent à merveille.

L’État s’est transformé en assureur des profits

THOMAS DALLERY

Maître de conférences en économie, université du Littoral Côte d’Opale, Clersé

Le 19 mars 2020, au plus fort de la crise financière provoquée par le Covid, le CAC 40 affichait une valeur de 3 632 points. Le 5 janvier 2022, en pleine 5e vague, il exhibait une valeur de 7 384 points. Le calcul est vite fait : l’indice phare de la Bourse de Paris a tout simplement doublé. Ce cheminement a de quoi choquer, quand on le compare à toutes les souffrances vécues par la société dans son ­ensemble. Comment expliquer que la crise sanitaire se révèle profitable pour les entreprises françaises ?

La première chose à rappeler, c’est que la performance du CAC 40 n’est pas forcément représentative de l’ensemble de l’économie française, mais surtout de ses fleurons. Or, il s’avère que les trois premières capitalisations (LVMH, L’Oréal, Hermès) sont des entreprises associées au luxe, un secteur qui se porte très bien. À elles trois, ces entreprises représentent plus de 30 % de la capitalisation totale du CAC 40 : les bonnes performances du secteur du luxe nourrissent largement cette envolée des cours de Bourse. Au pied du podium, on retrouve Total, dont les résultats ont été portés par l’augmentation soutenue des prix du pétrole. Pour compléter le top 5 des capitalisations, c’est Sanofi qui surgit. Luxe, pétrole, santé, voilà trois domaines qui n’ont pas eu à souffrir de la pandémie, et la spécialisation des grands groupes français dans ces secteurs permet de mieux comprendre les bonnes performances financières de la Bourse de Paris.

Au-delà de ces cas particuliers, les profits ont bel et bien augmenté pour l’ensemble de l’économie française. Avec les données provisoires de comptabilité nationale de l’Insee, on observe que, sur le champ des sociétés non financières, les profits des trois premiers trimestres de 2021 sont de 330 milliards d’euros, contre 265 milliards d’euros pour la même période en 2020 (soit une hausse de 24 %). Au-delà des montants en euros, c’est le partage même de la valeur ajoutée qui s’est sensiblement infléchi à l’avantage des profits. La part des profits dans la valeur ajoutée a tout simplement atteint son plus-haut historique depuis 1949 : 35,7 % au deuxième trimestre 2021. Par rapport au creux du début de la pandémie (30,3 % au 1er trimestre 2020), on assiste à une hausse de plus de 5 points : c’est considérable !

Si le constat est bien établi, comment peut-on expliquer cette hausse des profits des entreprises ? En plus des effets sectoriels, la principale raison est à trouver du côté des finances publiques : au niveau macroéconomique, le déficit public est un puissant moteur de réalisation des profits, selon la loi de Kalecki, et il faut bien admettre que ce moteur a tourné à plein régime depuis le début de la crise. Le besoin de financement des administrations publiques est ainsi passé de 50 milliards d’euros sur les trois premiers trimestres de 2019 à plus de 140 milliards sur les mêmes périodes en 2020 et en 2021.

Le corollaire du « quoi qu’il en coûte  », c’est que l’État a injecté davantage d’argent dans l’économie par la dépense publique qu’il n’en a retiré par les prélèvements obligatoires. Concrètement, pour les entreprises, cela signifie que l’État a contribué à générer des flux de recettes (par la commande publique directe, par la solvabilisation du revenu des ménages...) au-delà de son poids dans les coûts de production des entreprises (impôts et cotisations sociales ont d’ailleurs été réduits). Avec un tel levier d’action, l’État s’est transformé en assureur des profits des entreprises. C’est d’ailleurs une mission qu’il épouse avec une prodigalité de plus en plus marquée depuis plusieurs décennies : y compris en dehors du contexte pandémique, la multiplication des aides publiques aux entreprises (exonérations de cotisations sociales, Cice...) n’a cessé de subventionner la rentabilité des entreprises. Derrière le déficit public, l’assistanat n’est pas toujours celui que l’on croit...

Le néolibéralisme menace l’utilité sociale

HENRI STERDYNIAK

Cofondateur des Économistes atterrés

Pendant la crise sanitaire, l’évolution du profit des entreprises comme celle des cours boursiers diffèrent totalement de ce que l’on observe généralement lors d’une crise. Ainsi, lors de la crise des « subprimes » à partir de la mi-2007, le taux de marge des sociétés avait diminué de 3 points. En 2020, il se situe en moyenne à 31,7 %, soit au même niveau que les es années précédentes, il monte à 35,9 % au premier semestre 2021 et est de nouveau à 31,7 % au troisième trimestre 2021. C’est la politique du « quoi qu’il en coûte » qui explique ce résultat. Les entreprises ont massivement bénéficié du fonds de solidarité ; surtout, l’État (et l’Unédic) a pris en charge le coût du chômage partiel, alors que, jadis, en cas de crise, les entreprises supportaient en grande partie le poids de la chute de leur chiffre d’affaires, avant d’ajuster par leurs effectifs. Alors que, naguère, l’État était le filet de sécurité des salariés, il devient maintenant le filet de sécurité des entreprises. Certes, cela n’a pas que des aspects néfastes (les contrats de travail ont été dans l’ensemble maintenus ; ni le chômage ni les faillites d’entreprises n’ont fortement augmenté), mais cela s’inscrit dans une stratégie plus générale des gouvernements actuels de réduction coûte que coûte des impôts des entreprises. Celles-ci bénéficieront de façon permanente d’une baisse de 10 milliards des impôts de production et d’une baisse de 33,3 à 35 % du taux de l’impôt sur les sociétés (soit un gain total pour elles de 24 milliards par an).

Le néolibéralisme (soutenir les entreprises) l’a emporté sur le souci de la rigueur (qui avait conduit à la stagnation après la crise des « subprimes »). En contrepartie, le déficit public est durablement creusé (de l’ordre de 2 points de PIB supplémentaire), et la dette publique représente 114 % du PIB, fin 2021. Le risque est grand que le creusement du déficit ne serve, demain, de prétexte à des politiques d’austérité, alors que ces transferts vers les entreprises ne se sont accompagnés d’aucune condition en termes d’emplois en France ou d’engagement dans la transition écologique. Le CAC 40 avait chuté de 57 % lors de la crise Internet de 2000 ; de 50 % lors de la crise des subprimes. Sa baisse n’a été de de 24 % lors de la crise du Covid en 2020. Il s’est vite et fortement redressé, puisqu’il se situe, au 12 janvier 2022, à 13 % au-dessus de son niveau de février 2020. Cette exubérance a plusieurs explications. La Banque centrale européenne (BCE) maintient des taux d’intérêt très bas, de sorte que les taux d’intérêt sur les obligations sont eux aussi très faibles, de l’ordre de 0,3 % à dix ans, bien inférieurs au taux de croissance nominal du PIB anticipé, de l’ordre de 3 %. Aussi, les placements en actions apparaissent beaucoup plus rentables que les placements en obligations. Cela génère une spirale à la hausse : de riches particuliers ou des institutions financières s’endettent pour investir en Bourse, ce qui fait monter les cours, justifie leurs achats et induit de nouvelles hausses. La crainte d’un krach boursier, que pourrait induire la comparaison entre le cours de Bourse et la profitabilité réelle des entreprises, est oubliée avec l’idée que la BCE interviendra, si nécessaire, pour l’éviter. Les entreprises sont amenées à distribuer des dividendes exorbitants, en lien avec le niveau de leurs actions ; autant de sommes qui ne vont ni aux salaires ni à l’investissement, qui manquent à la demande comme à la croissance des capacités productives.

Toutes les entreprises ne sont pas égales devant la crise sanitaire. Certaines dans le domaine du luxe, de la pharmacie, de la vente sur Internet, du numérique, ont fait des profits fabuleux qui contribuent à faire monter les cours. Les marchés financiers s’entichent des licornes, des entreprises prétendues innovantes, dont la valeur monte en flèche, alors même que, dans la quasi-totalité des cas, l’utilité sociale de leurs ­innovations est nulle, voire négative. Les marchés financiers croient encore à une forte croissance portée par des innovations technologiques miraculeuses, qui permettraient d’échapper aux contraintes écologiques, alors même que le profit des entreprises n’est pas utilisé à préparer la nécessaire transition écologique. C’est le dernier bal du Titanic.

 

Les actionnaires exigent plus de rendement

FRÉDÉRIC BOCCARA

Économiste, membre du comité exécutif national du PCF

Les niveaux des profits atteignent des records en France et dans la plupart des pays capitalistes avancés. Ainsi, la part des profits dans la VA (valeur ajoutée) aurait, d’après l’Insee, enregistré son record depuis soixante-dix ans en dépassant les 35 % ! Les dividendes distribués sont plus élevés que jamais avec un record mondial de 2 095 milliards de dollars (IHS Markit), le double de la masse distribuée après la crise financière. Quelles en sont les raisons ? La création monétaire des banques centrales des pays dominants et les aides publiques aux entreprises… sans condition ! Comme le patronat a le monopole des pouvoirs pour décider de leur utilisation, elles sont donc allées essentiellement au profit et au capital. En outre, l’État a annulé des cotisations sociales (creusant donc le déficit public, lui-même financé par les avances monétaires de la BCE, mais indirectement, en gonflant d’abord les trésoreries des intervenants financiers). De même, il a pris en charge les salaires par le dispositif d’activité partielle. Mais aussi le chômage massif, le morcèlement des situations avec le télétravail et les divisions identitaires travaillées par toutes les forces réactionnaires n’aident pas à un rapport des forces de lutte en faveur des salariés. Toutefois, les mobilisations pour les salaires reprennent, même si le patronat s’emploie à les morceler. Est-ce à dire qu’il ne fallait pas aider les entreprises ? Bien sûr que non. Mais aider leurs salariés, leur formation, la recherche et développement (R&D) et l’investissement efficace pour aider au développement des capacités productives et créatrices des entreprises. Lorsque l’État a affiché de maigres conditions, elles n’avaient pour objet de durer que le temps du premier confinement. Mais les trésoreries gonflées le sont restées au-delà, et alimentent donc les profits ! Pour un résultat calamiteux.

Quelles en sont les conséquences ? Les insuffisances de production, les pénuries d’emploi, le refus de véritablement engager une transition – une révolution – écologique sont criants. Quatre éléments : le déficit du commerce extérieur de marchandises est en passe de dépasser les 90 milliards, les émissions de CO2 ont repris de plus belle, le nombre de chômeurs est plus élevé que jamais, le prix des matières premières s’envole, résultat de ces insuffisance et de la spéculation. Celle-ci crée des menaces de famine dans les pays du Sud. La spéculation redouble, alimentée par le double carburant des profits et de l’argent des banques centrales : les Bourses ont encore gagné plus de 30 % en 2021, les rachats d’entreprises atteignent un sommet historique (5 815 milliards de dollars en 2021). Ces rachats se font au détriment d’investissements matériels ou de R&D, d’embauches, de formations encore, à la place d’accords de partage des technologies entre entreprises qui seraient efficaces et non coûteux. Plus profondément, cette hausse des profits s’accompagne d’une hausse de la valeur financière des capitaux. Cela contrecarre l’effet sur le taux de profit (rapport profit sur capital). Les actionnaires exigent donc une part de profit encore plus élevée pour tenir leur rendement. Ou ils spéculent de plus belle, relançant la course-poursuite folle. Ils en veulent toujours plus. Ils sont même prêts à accorder de petits +2 % ou +3 % d’augmentation salariale (L. Boone, cheffe économiste de l’OCDE). Voire un (petit) impôt exceptionnel et temporaire ! Que faire ? Il faut évidemment changer les critères d’utilisation de l’argent : là où il est mis et à quoi il est utilisé. Pour cela il faut des pouvoirs sur cette utilisation de l’argent. À tous les niveaux : entreprises (pouvoir des salariés et nationalisations nouvelles), État (aides publiques, dépenses), banques (nationalisations pour un pôle public bancaire), BCE. Bref « de l’argent pour l’hôpital, la formation, l’emploi, la recherche et l’investissement efficace, pas pour le capital ! » comme l’ont déjà exigé 108 000 signataires.

Il s’agit « juste » de diriger l’argent autrement. Une vraie révolution ? Mais le feu couve. Nous pouvons l’entamer. On ne s’en sortira pas en s’en tenant à redistribuer, à prélever par la fiscalité un petit peu de ce flot énorme. Elle peut s’entamer avec le peuple de France et en s’adressant aux peuples du monde comme à ceux de l’Europe. Telle est la logique du programme que nous portons, avec Fabien Roussel, pour la présidentielle.

 

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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 09:08
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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 06:41

 

Souvent prise comme un objet d’analyse, la jeunesse n’est pourtant pas un sujet politique, économique ou social unifié. La classe d’âge ne suffit pas à définir un sujet politique, à déterminer des intérêts commun qui justifient l’engagement. Si le raccourci « s’adresser à la jeunesse » est commode, cette catégorie d’âge est traversée par des fractures qui amènent ses différents membres à ne pas avoir les mêmes intérêts objectifs. Il est donc nécessaire de prendre le temps, en introduction de ce dossier, de faire un tour d’horizon de la jeunesse de France.

*CLÉMENT CHABANNE est rédacteur en chef-adjoint de Progressistes.

 

« Avec un recul de l’âge médian en France de 2 ans en dix ans (39 ans en 2011, contre 41 en 2021), la dynamique est toujours à un vieillissement de la population. »

« Sur les 2,7 million de personnes inscrites dans l’enseignement supérieur, Paris en concentre déjà à elle-seule 650 000 en 2020. En l’absence d’offre d’emploi, et notamment d’emplois qualifiés, le retour dans la région d’origine est un phénomène rare »

 

UNE PART NON NÉGLIGEABLE DE LA POPULATION

La définition de la jeunesse est fluctuante. Les instituts statistiques n’utilisent pas toujours les mêmes catégories. Si la borne inférieure est généralement placée à 15 ans, grosso modo à la fin du collège, la borne supérieure est plus floue. D’après l’INSEE, au 1er janvier 2021, la France comptait 4,1 million de 15-19 ans, 3,8 millions de 20-2  ans et 3,7 millions de 25-29 ans, soit au total 11,6 millions de 15-29 ans, soit 17 % de la population française.

Avec un recul de l’âge médian en France de 2 ans en dix ans (39 ans en 2011, contre 41 en 2021), la dynamique est toujours à un vieillissement de la population. Il ne reste pas moins que la jeunesse constitue une part non négligeable de la population, une part qui se retrouve dans une période de la vie où se croisent des enjeux qui auront une incidence de long terme : formation, mobilités sociales et géographiques, insertion dans le marché du travail, accès au sport, à la culture, etc.

UNE INÉGALE RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

La répartition géographique de la jeunesse sur le territoire métropolitain est très inégale. Les mobilités des jeunes sont l’un des principaux vecteurs de la métropolisation, et certains territoires souffrent de départs massifs. La région Centre-Val de Loire dans son ensemble perd 5 à 6 % de la classe d’âge des 15-29 ans chaque année. À un échelon plus fin, l’Observatoire des territoires note que certaines zones d’emplois des territoires ruraux peuvent perdre jusqu’à 15 % de la population des 18-24 ans par an, soit la quasi-totalité d’une cohorte chaque année. Quand l’ensemble de la petite couronne tourne autour de 30 % de personnes âgées de 19 à 39 ans, les départements les plus ruraux, comme la Creuse, le Lot ou le Gers, plafonnent autour de 17 %.

C’est d’abord au cours de leurs études que les jeunes se concentrent massivement dans les grandes unités urbaines. Une trentaine de villes se partagent 75 % des étudiants. Sur les 2,7 million de personnes inscrites dans l’enseignement supérieur, Paris en concentre déjà à elle-seule 650 000 en 2020. En l’absence d’offre d’emploi, et notamment d’emplois qualifiés, le retour dans la région d’origine est un phénomène rare. Les bassins d’emploi les plus éloignés de l’offre de formation dans l’enseignement supérieur sont donc privés d’une large partie de la jeunesse locale. L’autre partie de la jeunesse locale, celle qui reste sur place, suit généralement une formation rapidement professionnalisante et rentre tôt dans le marché du travail. Partout, dès lors que l’on quitte les bassins d’emploi des grandes villes universitaires, la majorité des jeunes de 15 à 24 ans sont actifs. Une véritable barrière géographique s’instaure entre une partie de la jeunesse entrant rapidement dans le marché du travail local et une partie, rurale, qui migre vers les métropoles pour y suivre des études longues.

PRÈS DE 5 MILLIONS DE JEUNES EN FORMATION

Les lycéens sont 2,2 millions en France, dont 0,6 million en lycée professionnel et 1,6 en lycée général. L’enseignement secondaire compte également un peu plus de 0,2 million d’apprentis, et presque autant d’élèves des établissements des ministères de la Santé et de l’Agriculture. Au total, le secteur public assure 78 % de l’enseignement secondaire, le reste étant indignement laissé aux intérêts privés. Le Cnesco, dans son rapport de 2016, notait la très forte reproduction sociale dans l’orientation entre voie générale et professionnelle : plus de 60 % des enfants d’ouvriers non qualifiés sont orientés vers des lycées professionnels. Les baccalauréats professionnels les plus suivis dans le secteur de la production concernent l’électricité et la mécanique automobile. Dans les secteurs des services, le commerce et les formations sanitaires et sociales arrivent en tête.

En France, 2,7 millions de personnes sont inscrites dans l’enseignement supérieur, dont 1,6 à l’université, 0,26 en BTS, 0,2 en école de commerce, 0,16 en école d’ingénieurs. Au total, plus de 0,5 millions de personnes étudient dans le privé. Si les femmes représentent 56 % de la population étudiante, l’orientation genrée est encore très marquée. Les femmes représentent ainsi 86 % de la filière paramédicale et sociale, contre seulement 25 % en ingénierie. Malgré sa massification, l’enseignement supérieur reste peu accessible aux classes populaires. Les enfants de ménages ouvriers ne représentent que 11 % des inscriptions à l’université et 5,4 % en école d’ingénieurs. Enfin, Campus France alerte sur la chute du nombre de doctorants dans la pays, seulement 55 000 en 2019, ce qui est bien moindre que chez nos voisins allemands ou britanniques.

Si le besoin d’investissement dans l’éducation est généralisé et qu’il faut débloquer des moyens partout, ceux-ci doivent être mis au service de changements de logique profonds. La réindustrialisation du pays, la reconquête d’une souveraineté économique, la transition écologique, le développement des filières de pointe ne pourront se faire sans une grande revalorisation des filières de formation professionnelle et des métiers auxquels elles préparent. Elles ne se mèneront pas non plus dans une société qui continue de segmenter aussi fortement les formations sur la base de l’origine sociale.

Les ambitions du système de formation pour demain ne peuvent pas non plus se satisfaire du poids des stéréotypes sexistes et de l’orientation genrée. Les besoins gigantesques prévisibles dans les métiers de l’ingénierie ou dans ceux du soin et du médico-social ne permettent à aucune de ces filières de continuer à se passer de la moitié de la population au nom de représentation éculées. La revalorisation des métiers dits « féminins » est une impérieuse nécessité, au nom de l’égalité, de la justice, mais aussi de l’efficacité économique. Qui peut croire que l’hôpital public continuera à tenir indéfiniment sur le seul appel au sacrifice et au sens du devoir de la majorité de femmes qui y travaillent ? Qui peut croire que les métiers du médico-social continueront à attirer le nombre de volontaire que les besoins exigent s’ils ne sont pas revalorisés, tant en termes de conditions de travail que de rémunération ?

2,2 MILLIONS DE JEUNES EN EMPLOI

La population de 15 à 24 ans comptait 37,3 % d’actifs en 2017, avant la crise de la covid, soit un peu plus de 4 millions de personnes. Parmi ces actifs, le taux de chômage, au sens du BIT, était de 22 %, soit près de 1 million de jeunes chômeurs. En 2020, l’INSEE a recensé 2,2 millions de jeunes travailleurs entre 15 et 24 ans ; 29,7 % de ces jeunes en emploi occupaient un poste ouvrier et 36,4 % un poste d’employé. Seulement 7 % occupaient un emploi de cadre.

Malgré une diffusion de la précarité à toutes les classes d’âge, les jeunes restent particulièrement marqués par la précarité : 15 % des moins de 25 ans en emploi en 2017 avaient un contrat court, contre 4,5 % dans la population globale. D’après le CESE, l’âge du premier emploi stable est passé au-delà de 27 ans, contre 20 ans dans les années 1980.

Si l’abrogation du CPE reste dans tous les esprits militants comme l’une des dernières grandes victoires de la mobilisation populaire, les jeunes en emploi connaissent un certain nombre de contrats qui leur sont « réservés » et qui constituent autant de dérogations au droit commun encadrant le travail. Des services civiques remplaçant des milliers de fonctionnaires à statut aux apprentis – considéré plutôt comme des employés à bas coût que comme des élèves en formation –, les sous-contrats qui frappent les jeunes non seulement les enferment dans la précarité, mais tirent en plus vers le bas l’ensemble des droits des salariés. Une abrogation des dérogations au salaire minimum, la reconquête du CDI comme norme d’embauche ou un contrôle accru des conditions d’apprentissage sont autant de mesures immédiatement nécessaires, précurseures d’un statut reposant sur la Sécurité sociale et permettant une sécurisation du revenu dès la formation initiale et tout au long de la vie.

AU MOINS 1 MILLION DE JEUNES PRIVÉS D’EMPLOI OU DE FORMATION

En 2018, d’après la DARES, 963 000 jeunes de 16 à 25 ans étaient sans emploi ni formation, soit 13 % de cette classe d’âge. Parmi eux, 48 % étaient dans cette situation depuis plus d’un an, et 37 % n’étaient pas en contact avec le service public de l’emploi. Derrière cette jeunesse sacrifiée, laissée sur la touche, il y a évidemment des milliers de vies injustement brimées et d’aspirations déçues. Il y a surtout un pays qui, parce qu’il refuse de porter l’ambition d’une formation ou d’un emploi pour toutes et tous, se prive des capacités d’un million de travailleurs et de travailleuses.

Les statistiques sont édifiantes. Le problème est d’abord celui de l’accès garanti à une formation : 67 % des jeunes sortis de leur formation initiale avec un diplôme inférieur au CAP ou au BEP sont aujourd’hui sans emploi ni formation ; ce taux est divisé par 2 avec l’obtention d’un CAP ou d’un BEP, et ce malgré la dévaluation systématique dont souffre la formation professionnelle depuis des années. Malgré le manque d’investissement et de reconnaissance, les qualifications professionnelles restent une protection. Le taux de jeunes sans emploi ni formation chute avec le niveau de qualification. La création d’une branche de la Sécurité sociale et d’un statut pour les jeunes travailleurs en formation, avec l’ouverture des droits à un revenu permettant de se former dignement, permettrait d’en finir avec cette situation.

La massification de la population de jeunes privés d’emploi et de formation est très largement une reproduction des difficultés de la génération antérieure. Une large portion de la jeunesse reçoit précarisation et discrimination en héritage. Vivre dans une famille monoparentale augmente de 50 % le risque d’être privé d’emploi ou de formation, être né de parents étrangers l’augmente de 56 %, avoir un parent au chômage de 172 % par rapport à un parent cadre. Là encore, l’enjeu est de rompre cette chaîne en luttant contre les discriminations dans toute la société, en créant les conditions pour que les travailleurs sortent de la précarité et en sécurisant l’entrée des jeunes travailleurs en formation dans la vie active par un statut ouvrant des droits, notamment celui à un revenu digne pendant la période de formation.

Conquérir un statut social devient une urgence pour une jeunesse populaire qui refuse de continuer à subir une orientation segmentée selon le genre ou l’origine sociale, une entrée dans le monde du travail marquée par la précarité, la sous-rémunération, des formations professionnelles dévalorisées, malgré l’absolue évidence de l’utilité sociale des secteurs de formation pour répondre aux défis de l’époque.

 

 

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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 06:36

 

Le gouvernement se défausse sur EDF de sa promesse de limiter à 4% la hausse de l’électricité évaluée à +35% au 1er février 2022, pour un coût astronomique de 8 milliards d'euros !

 

 

Ce gouvernement qui avait anticipé cette possibilité lors de la loi énergie climat votée en 2019, a décidé d’augmenter le plafond de l’Arenh à 20 TWh pour aller à 120 TWh. L’adoption de cette possibilité par la majorité gouvernementale a été faite pour satisfaire la demande des fournisseurs dits « alternatifs », essentiellement de négoce et de trading (Total énergies, Engie, Cdiscount,…) qui peuvent acheter à bas coût l’électricité nucléaire produite par EDF (jusqu’à 100 TWh à 42€/MWh, tarif inchangé depuis 2012, puis 20 TWh à 46,2€/MWh) alors que les prix de marché oscillent entre 200 € et 400 € MWh pour la revendre à leurs clients.


En réalité, ce volume d’électricité supplémentaire à bas coût va donc directement profiter aux concurrents qui n’ont pas investis dans la production d’électricité. Cela coutera autour de 8 milliards d’euros à EDF sans que l’on soit réellement en capacité de vérifier que ce mécanisme profitera également à leurs clients qui ont déjà subi de violentes hausses. Aujourd’hui, c’est 120 TWh. Et demain ?

Cette décision est lourde de conséquences pour l’entreprise publique pénalisant sa capacité d’investissements dans le renouvellement et la maintenance du parc de production nucléaire et hydroélectrique,
nécessaire pour garantir notre sécurité d’approvisionnement. C’est une décision qui va gravement fragiliser l’entreprise publique. C’est un processus de liquidation de notre fleuron industriel qui assure la sécurité d’approvisionnement d’électricité de notre pays.

Le PCF dénonce l’obsession du marché et de la concurrence qui conduit l’Europe à une situation intenable en matière d’accès à l’électricité pour les ménages comme pour les entreprises. Partout en Europe, les factures explosent.

A quelques semaines de l’élection présidentielle, la majorité macroniste ressort son « quoi qu’il en coûte » pour assumer sa décision de contenir la hausse des tarifs de l’électricité à 4% en faisant les poches à EDF.

Le gouvernement aggrave les transferts financiers au bénéfice d’acteurs privés au lieu d’assumer son engagement de bloquer la hausse en modifiant le mode de calcul des tarifs. Ce gouvernement et le candidat Macron sont les chefs d’orchestre du détricotage du service public et de la casse industrielle notamment dans le secteur de l’énergie.

Alors que l’urgence est de faire face au réchauffement climatique, l’Etat encore actionnaire d’Engie, organise sa vente à la découpe se privant ainsi d’un outil industriel utile à la réussite de la transition énergétique. Après avoir été l’architecte de la vente d’Alstom à General Electric, il exige d’EDF le rachat de ces mêmes activités nucléaires par EDF. Cette politique à la petite semaine est un gâchis financier et industriel !

Pour répondre à la hausse de l’électricité et du gaz, une baisse de la TVA de 20% à 5.5% sur la consommation de l’électricité et du gaz, et la suppression de celle-ci sur la CSPE (taxe sur une autre taxe) auraient eu un impact immédiat face à des dépenses incompressibles et de première nécessité des ménages. Certains pays européens ont d’ailleurs mis en œuvre de telles mesures.


Le PCF propose de rendre caduque les dispositions de l’Arenh inscrites dans la loi NOME votée en 2010 qui a instauré cette concurrence artificielle de l’électricité en obligeant EDF à vendre une partie de l’électricité nucléaire à faibles prix à ses propres concurrents ainsi que la méthode de tarification actuelle qui prend en compte les prix de marché européen de gros et favorise la concurrence au détriment d’EDF.

Il faut revenir à un tarif qui prenne réellement en compte les coûts de production, de transport et de distribution dans le calcul des Tarifs Règlementés de Vente, éléments de la solidarité nationale pour l’accès à l’électricité et au gaz, que le PCF entend absolument sauvegarder.
Il faut renationaliser EDF et Engie !

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 09:20

 

Rappel des faits En cette année électorale, la situation des plus dévaforisés, dont la jeune génération, durement touchée par la crise sanitaire, est un enjeu d’avenir pour notre pays. Avec les contributions d'Omar Youssef Souleimane Écrivain et réfugié syrien, Léon Deffontaines Secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France et un texte collectif

La responsabilité des intellectuels

OMAR YOUSSEF SOULEIMANE (Écrivain et réfugié syrien)

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Lors d’une soirée à Paris, avec un groupe d’écrivains, d’enseignants, de journalistes, la question de l’islamisme et du terrorisme a été abordée, en faisant bien la différence entre les deux termes. Pendant le débat, j’ai pensé à certains lycées de villes de banlieue ou à certains quartiers où il n’y a même pas une librairie. Des jeunes y passent leur temps entre Snapchat, TikTok, la mosquée, la maison et l’école. Entourés par des idées radicales, se sentant rejetés par la France, certains envisagent le djihad comme un devoir, et puis, crier « Allah Akbar » en sortant de l’école est amusant. La plupart ne se considèrent pas comme français, mais comme des Maghrébins, bien qu’ils soient nés ici, et ne pratiquent pas la langue de leur pays d’origine. Ces élèves ont avant tout besoin d’être amenés sur un autre chemin afin de les détourner de ces idées horribles circulant en permanence dans leur entourage. Si les intellectuels ne le font pas, qui va s’en occuper ?

La nature a horreur du vide. Là où la culture est quasi absente, l’ignorance menant à la radicalisation s’installe. La responsabilité des intellectuels, c’est de se rendre dans ces lieux. Un spécialiste de l’islamisme peut faire des milliers de kilomètres pour étudier l’idéologie des djihadistes, mais il le pourrait tout aussi bien en prenant le bus, le métro ou le RER. Lutter contre les terroristes sur le terrain français est une priorité.

Dans les années 1930, après avoir participé activement aux comités mettant en garde contre le danger nazi, défendu, en 1934, Georgi Dimitrov et lutté dans l’armée républicaine espagnole, André Malraux a continué son combat en tant que tankiste pendant la campagne de France de mai-juin 1940 aux côtés de nombreux intellectuels comme Aragon, Nizan... Notre pays était alors en danger. Mais la génération de Malraux n’a pas quitté les villes les plus modestes de France, même après la guerre, persuadée que la culture était pour tout le monde, y créant de multiples associations, maisons de la culture, ciné-clubs... Cependant, depuis la fin du XX e siècle, les intellectuels de gauche se sont désintéressés de la population des villes habitées par des ouvriers venant d’Afrique. Il est juste de parler d’abandon.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous n’avons pas vécu de grande crise nous faisant comprendre le besoin de protéger les principes de la République. Mais la crise, aujourd’hui omniprésente, ne se manifeste pas seulement par les attentats mais aussi à travers les comportements de certains jeunes de banlieue abandonnés à eux-mêmes du fait du déni de nombreux intellectuels, venus surtout de la gauche, niant l’existence de tout problème.

C’est peut-être le moment de créer un mouvement culturel, politique, engagé envers les quartiers les plus délaissés du pays. Rester dans les grandes villes ne fait qu’accroître la ségrégation sociale. Ces jeunes vont grandir, devenir adultes, chercher un travail, percevant toujours la France uniquement comme le pays qui les a colonisés, opprimés. Ce dont ils ont besoin, c’est d’être sûrs que la République leur appartient. Ceux qui sont engagés dans la lutte contre la radicalisation, qui viennent du milieu culturel, peuvent y avoir un excellent rôle. Où ils peuvent remplacer le discours séparé de la France par celui qui est pour le pays d’Éluard.

Avec les « sans », le combat pour la dignité

Texte collectif

« Pauvreté », « invisibilité », « précarité » sont devenus les nouveaux mots populaires, des éléments de langage pour se prévaloir d’une bonne conscience, pour se légitimer éhontément sur la misère que vivent dans leur chair et leur conscience pas moins de 10 millions de personnes dans ce pays.

Nous disons chair et conscience parce que, là encore, nous sommes dans une réalité bien concrète et les conséquences sont quant à elles immédiates : un agriculteur se suicide tous les jours, pas moins de 528 personnes sont mortes dans la rue cette année. Selon le collectif Morts de la rue, elles avaient en moyenne moins de 48 ans. Ce qui est mis en cause dans la mort de ces nombreuses personnes, aussi bien dans les rues de nos grandes métropoles que dans les champs de nos campagnes – dans lesquelles on est si prompt à aller se réfugier lorsqu’il le faut –, c’est bien la misère.

La pauvreté tue à petit feu, ce n’est pas du wokisme ou du séparatisme, c’est un fait. Des millions de vies sont sacrifiées sur l’autel des élites qui n’ont pour seul dieu que le capitalisme – et le bénéfice économique. Alors que ces gens, ces oubliés de la société, sont en première ligne lorsqu’un effort de solidarité est demandé ou lorsqu’il faut payer les pots cassés d’un système inégalitaire.

Les pauvres sont plus malades, moins bien soignés, moins bien formés, moins bien informés, moins bien payés, moins regardés. Rendus invisibles, pour mieux confisquer leur parole, l’instrumentaliser. CQFD. Des dispositifs cosmétiques de participation citoyenne sont mis en place pour donner l’illusion que l’on a demandé l’avis des gens, que l’on essaie de rendre la vie de ceux qui en ont besoin plus simple ? Foutaises !

Non seulement on parle pour nous, mais on le fait contre nous. Les pauvres, les victimes de violences sont pris en otage le plus souvent par le système de domination physique et symbolique qui rend mutique. La difficulté à verbaliser un sujet, à le matérialiser ou l’incarner ne rend pas moins vraie la situation déplorée. La parole est volée, détournée.

On mesure la bonne santé d’une démocratie à sa capacité à protéger et accompagner celles et ceux qui en ont besoin ; en l’occurrence, non seulement de plus en plus de gens se retrouvent en besoin d’accompagnement, mais ils peinent à se faire entendre. Même les responsables associatifs, militants, citoyennes et citoyens engagés sur ces questions trouvent de la résistance à faire résonner ces voix. Nous en voulons pour preuve ce texte qui appelle à la décence du débat avec le sérieux et l’impériosité qu’impose la situation des vrais sujets.

Alors que la pauvreté et la précarité rongent avec une férocité accrue depuis le début de la crise sanitaire dans la plus grande indifférence, réforme après réforme, Emmanuel Macron et son gouvernement ont poussé chaque jour un peu plus les Français dans une misère aussi bien matérielle que psychologique. La décennie est décisive tant sur le plan du climat que sur celui de la justice sociale.

Alors même que les plus précaires ont été la première ligne durant cette crise sanitaire, la campagne présidentielle vient encore montrer le plus abject des regards sur les habitant·es des quartiers populaires. Une candidate parle de « zone de non-droit, parfois de non-France », appelle à ressortir « le Kärcher ». Ces discours caricaturaux venant ainsi annihiler la question du logement, de l’inégale répartition des richesses, de la disparition des services publics et bien d’autres ruptures de politiques publiques.

Il est temps que les sans-voix aient plus qu’une brèche de secours, mais une voix audible, une voix qui compte. Par ces mots s’incarne une revendication simple. Celle de ne plus bafouer chaque jour le premier de tous les droits : la dignité. Et pour ça, nous refusons d’attendre cinq ans de plus, nous… pour : les sans-nom, les sans-histoire, les sans-dents, les sans-chemise, les sans-vertu, les sans-valeur, les sans-le-sou, les sans-abri, les sans-famille, les sans-filtre, les sans-dignité. Exigeons aujourd’hui une clause de non-régression pour que la lutte contre la pauvreté soit la grande cause des cinq prochaines années afin d’écrire ensemble des lendemains meilleurs pour les Français oubliés. Faisons de la pauvreté une hors-la-loi.

Signataires : Sophia Hocini, autrice et militante des quartiers populaires ; Charlotte Marchandise, citoyenne engagée et autrice ; Serge Orru, environnementaliste ; Slimane Tirera, auteur et militant pour l’égalité ; Adil Khalil, salarié associatif et militant de l’éducation populaire ; Deborah Cohen, déontologue ; Angélique Sarge, militante associative droits des enfants et des réfugiés ; Mathilde Boudon-Lamraoui, formatrice et militante de l’éducation populaire.

L’engagement politique pour changer notre quotidien

LÉON DEFFONTAINES - Secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France

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Depuis le début de la pandémie, la précarité de la jeunesse a été mise sous le feu des projecteurs. Pourtant, cette situation n’est pas nouvelle : chômage, inégalité, sélection, pauvreté étaient déjà d’actualité avant la pandémie. Celle-ci n’a fait qu’accélérer des phénomènes déjà bien présents dans certaines catégories de la jeunesse, notamment celles des quartiers populaires.

Les quartiers populaires ont cette spécificité d’avoir une population jeune vivant dans une situation de précarité plus élevée que le reste de la population. Avant même le début de la crise sanitaire, le taux de chômage de ces jeunes avoisinait déjà les 50 %. Comme si cela ne suffisait pas, ils n’ont pas été épargnés par les réformes du quinquennat. Les lycéens des quartiers populaires ont été les premières victimes de la sélection sociale à l’entrée de l’université opérée par Parcoursup, brisant par là même tout espoir de poursuite d’études pour ces jeunes. La baisse des APL a réduit leur revenu, le salariat étudiant (et même lycéen) explose dans ces quartiers, la casse du Code du travail au début du quinquennat a permis de donner au patronat un salariat corvéable à merci. Je vous passe l’ensemble des politiques austéritaires, qui marquent un recul du service public dans ces quartiers.

Cette jeunesse est abandonnée. Appauvrie, victime de la sélection sociale, privée d’emploi, elle est précarisée. Alors, désabusés, résignés, las d’une situation qui peut leur apparaître inéluctable, les jeunes peuvent être les premiers à s’abstenir lors des élections. Comment s’en étonner ? Lorsqu’ils se sont mobilisés, par dizaines de milliers, pour défendre leurs droits, ce gouvernement les a violemment réprimés. Comme à Mantes-la-Jolie, lorsque des policiers ont odieusement contraint des lycéens à se mettre à genoux, les mains sur la tête.

Pourtant cette jeunesse regorge de forces créatrices, d’innovation, d’ingéniosité, de solidarité qui ne demandent qu’à s’exprimer pour le bien de la société. Les jeunes des quartiers populaires ne doivent plus être perçus comme un problème à régler, mais bien comme une solution. Ils sont source d’une richesse inestimable pour notre nation, alors commençons par arrêter de les stigmatiser.

Comment leur redonner espoir en 2022 ? En leur donnant la parole, en parlant des injustices qu’ils subissent et je ne parle pas que du lien entre jeunes et policiers. Si c’est un vrai sujet qu’il faut régler, on ne peut réduire les politiques publiques les concernant au seul angle de la sécurité. Le faire, c’est continuer de stigmatiser les jeunes des quartiers populaires. Parlons aussi, et surtout, de formations rémunérées, de création d’emploi, d’augmentation des salaires, de CDI et de titularisation. Ce sont les premières aspirations des jeunes.

C’est bien l’ambition de la candidature de Fabien Roussel. Nous voulons faire de la jeunesse une grande cause nationale. Nous souhaitons avoir la jeunesse la mieux formée et éradiquer le chômage des jeunes. L’heure est venue de rompre radicalement avec trente années d’incurie et de renoncement, de donner des perspectives d’espoir en permettant à la jeunesse d’accéder aux moyens de son épanouissement, à des pouvoirs de décider de son avenir.

C’est en considérant les jeunes, les plus précaires, et a fortiori ceux des quartiers populaires, comme des citoyens à part entière et non comme un problème à régler, en les respectant et en les mobilisant sur les manières de changer leur quotidien que nous réinsufflerons l’espoir.

Quelle autre force que le mouvement communiste peut le faire ? Nous sommes bien souvent la première et même parfois la seule force politique présente dans ces quartiers. Alors en cette année d’élections présidentielle et législatives, mobilisons nos forces pour convaincre d’aller voter, mais aussi et surtout de rejoindre ce mouvement. Redonnons espoir aux nouvelles générations, l’espoir que l’engagement politique puisse changer notre quotidien à tous. En 2022, peut-être plus encore, fixons-nous ce bel objectif !

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 06:47
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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 06:46

 

 

 

 

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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 16:36
Fabien Roussel invité du JT de TF1 à 13h samedi 22 janvier - ses passages médias du 22 au 26 janvier
Samedi 22 janvier à 13h

Fabien Roussel sera l'invité du JT de 13h sur TF1

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Dimanche 23 janvier à 12h

Fabien Roussel sera l'invité du Grand Jury sur RTL-LCI-Le Figaro. Il débattra à partir de 12h30 avec Marlène Schiappa.

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Lundi 24 janvier à 11h

Fabien Roussel tiendra une conférence de presse de présentation du programme pour l’élection présidentielle 2022 - A suivre en direct sur nos réseaux sociaux : Facebook, TwitterYouTube ... et sur le site de campagne

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Lundi 24 janvier à 19h15

Fabien Roussel sera l'invité de Laurence Ferrari sur Europe 1

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Mercredi 26 janvier de 7h à 9h

Fabien Roussel sera l'invité des "Matins Présidentiels" sur France Info

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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 06:46

 

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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 06:40
Présidentielle 2022. Fabien Roussel appelle à bâtir une « gauche nouvelle et populaire » - Julia Hamlaoui, L'Humanité, 18 janvier 2022
Présidentielle 2022. Fabien Roussel appelle à bâtir une « gauche nouvelle et populaire »
Mardi 18 Janvier 2022 - L'Humanité

Avant l’envoi d’une « lettre aux Français » à 5 millions d’exemplaires et un grand meeting à Marseille, début février, le candidat du PCF à la présidentielle devait inviter, lors de ses vœux lundi soir, à ne rien lâcher « face au mur de l’argent ».

 

À moins de trois mois du premier tour, le marathon présidentiel commence, doucement mais sûrement, à prendre l’allure d’un sprint. Si, à gauche, tous les candidats ne sont pas encore définitivement sur la ligne de départ, le communiste Fabien Roussel devait, lui, annoncer, lundi soir, une « nouvelle phase » de sa campagne pour amorcer ce tournant. Devant un parterre d’invités réunis – en nombre limité, Covid oblige – place du Colonel-Fabien, le prétendant du PCF à l’Élysée devait lancer un « appel » aux Français, au « monde du travail et de la création », et à la jeunesse, pour « construire la France des jours heureux » et « refonder la gauche ». « Quels qu’aient été vos votes dans le passé, quelles qu’aient été vos préférences à gauche, même si vous n’avez jamais voté communiste, vous avez la possibilité d’ouvrir à la France le chemin d’un autre destin ! » devait-il lancer, invitant chacun à « envahir cette élection, mettre dehors les libéraux, les corrompus et la République des privilèges pour construire une République sociale, démocratique et laïque au service du peuple et de la nation ».

Affirmer la méthode

Après avoir, une nouvelle fois face à la pandémie, exigé des actes pour la levée des brevets sur les vaccins ou les salaires des premières lignes, le candidat du PCF embraye sur « le cœur de (sa) campagne » : « Reprendre le pouvoir à la finance » en vue de « réformes heureuses, populaires, garantissant à nos enfants un avenir, dans une France du travail, créatrice, pacifiste, fraternelle, belle, respectueuse du vivant et mettant toutes ses richesses au service du climat et de chaque être humain ». « Déterminé » à « augmenter les salaires », à « investir dans nos services publics en recrutant 500 000 agents », « à sortir des énergies fossiles et à baisser les factures de gaz et d’électricité des ménages comme des entreprises », Fabien Roussel a saisi l’occasion d’affirmer sa méthode : « Faire tomber le mur de l’argent. » « Le gouvernement a distribué 250 milliards d’euros aux entreprises sans aucune contrepartie. Et 57 milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires du CAC 40 », devait ainsi rappeler le parlementaire, plaidant pour « nous réapproprier nos moyens de production afin de décider de ce que nous produisons et comment ». Un message qu’il doit également adresser aux Français dans une « lettre » diffusée dans les prochains jours à 5 millions d’exemplaires.

Mobiliser les troupes

Alors que le dernier sondage OpinionWay lui prête désormais 3 % des intentions de vote, à égalité avec la candidate socialiste, Anne Hidalgo (derrière Christiane Taubira 4 %, Yannick Jadot 5 %, et Jean-Luc Mélenchon 10 %), Fabien Roussel s’est félicité du chemin déjà parcouru : « Depuis six mois, bien des choses ont changé, bien des regards se sont modifiés à notre égard. Tout le monde reconnaît aujourd’hui notre originalité, notre sincérité, notre singularité et la cohérence de notre projet. »

Au passage, le secrétaire national du PCF ne se prive pas de revenir sur la polémique autour de ses déclarations sur la « gastronomie » pour envoyer un tacle à quelques-uns de ces concurrents : « Pour certains, la priorité est d’interdire la viande, les voitures ou les centrales nucléaires, sans proposer aucune alternative crédible pour répondre aux besoins des Français et sauver le climat. Ceux-là sont coupés du peuple. » Dans la matinée, invité de France 2, le candidat avait déjà assuré que « pour défendre le bifteck des Français, il faut avoir un bon salaire, une bonne retraite ». Tout en engageant à construire « une gauche nouvelle, populaire, sociale, républicaine », il a aussi appelé à serrer les rangs. Tandis que, la veille, le député PCF Sébastien Jumel a officiellement annoncé son soutien à Jean-Luc Mélenchon, les élus communistes ont été invités « à ne pas céder aux tentatives de division, à ne pas jouer personnel mais collectif ».

Pour marquer le plus de points possible, Fabien Roussel entend mobiliser toutes ses troupes. L’agenda est d’ailleurs chargé. Outre la distribution de la « lettre aux Français » par les militants des « comités locaux des jours heureux », le PCF ambitionne la tenue de 500 réunions publiques dans la foulée de la présentation des 180 mesures de son programme, le 24 janvier. Le tout avant le « premier grand meeting national » de l’année, le 6 février, à Marseille.

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