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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 09:04

 

Il s’est dit beaucoup de choses, il s’est tenu beaucoup d’émissions autour du 10 mai dernier à l’occasion du 40ème anniversaire de la victoire de la gauche en 1981, sans jamais dire que celle-ci n’a été possible que par une conjonction de forces, d’aspirations populaires et l’apport considérable du Parti communiste. Je ne peux revenir ici sur l’ensemble de cette période de l’histoire, mais je me sens obligé d’en dire quelques mots.

Cette victoire est d’abord le résultat d’un long processus de luttes sociales et sociétales (parmi lesquelles le grand mouvement de mai 1968), de confrontations politiques dans la société et au sein de la gauche elle-même, de la reconstruction d’un Parti socialiste abandonnant les oripeaux de la vieille SFIO et d’un travail patient des communistes pour l’union populaire et l’union de la gauche.

En 1965 puis en 1974, le PCF choisit l’union et le rassemblement autour d’un candidat commun de la gauche, issu du Parti socialiste. La candidature de Jacques Duclos en 1969 vise également cet objectif et elle est comprise comme telle par un électorat issu de toute la gauche. Celle de Georges Marchais en 1981, porteuse du Programme commun, est nettement une candidature anti-droite (anti-Giscard) tout en ayant l’ambition de créer à gauche un rapport de force favorable à la prise en compte des espoirs des travailleurs. Devancé par François Mitterrand, il réalise cependant un score important, lors de l’élection présidentielle la plus difficile pour les communistes. D’autant plus qu’au niveau international, après les avancées des « révolutions » sur plusieurs points de la planète, on assiste au début de la contre-offensive conservatrice et réactionnaire, fortement teintée d’anticommunisme, avec le reaganisme – le thatchérisme plus près de nous – le tout étant cornaqué par une instance mondiale du capitalisme et de l’impérialisme : la Commission trilatérale.

Cette pression n’était déjà pas sans effet sur F. Mitterrand et le Parti socialiste. Dès la signature du Programme commun, F. Mitterrand dira à l’Internationale socialiste à Vienne qu’il avait signé un programme de gouvernement pour « prendre trois millions de voix au Parti communiste ». Les élections qui suivirent montrèrent que le recul constaté lors du scrutin présidentiel, qui avait pu être attribué à son caractère spécifique et sa dimension de pouvoir personnel, s’inscrivait en réalité de façon durable dans la vie politique française.

La bataille pour l’union du Parti communiste a profité électoralement à toute la gauche, jusqu’en 1978. A partir de 1981, l’union réalisée, c’est au Parti socialiste qu’en est attribué le mérite. Et quand les communistes s’efforcent, tant bien que mal, dans un même mouvement, de préserver, d’amplifier le contenu transformateur des politiques menées et l’union indispensable pour y parvenir, il n’est pas compris par de nombreux progressistes. La période difficile de l’actualisation du Programme commun en 1977 en a témoigné. Rien n’est venu depuis contredire les reculs électoraux du Parti communiste, en dépit de toutes les tentatives qui ont suivi. Sans doute convient-il d’approfondir la réflexion pour en déterminer les causes les plus profondes et radicales, nationales, européennes, internationales et internes au parti lui-même et à la gauche.

Du reste, c’est partout dans le monde que ce phénomène se constate. Cela ne doit cependant pas conduire à minimiser ce qu’a apporté la victoire de l’union de la gauche en 1981. Aujourd’hui encore, les salariés se mobilisent pour en préserver les acquis, mis à mal par les gouvernements qui se sont succédés, par le patronat et l’Union européenne.

Dès les premiers mois, des réformes de progrès ont été votées et mises en œuvre. Le 1er juillet 1981, une hausse de 20% de l’allocation handicapés, de 25% des allocations familiales et de logement. Le 4 août, la suppression de la Cour de sureté de l’Etat. Le 2 octobre, l’autorisation des radios locales. Le 8 octobre, le blocage des prix, le 9 octobre, l’abolition de la peine de mort, le 15 décembre, l’abrogation de la loi anticasseurs, le 30 décembre création de l’impôt sur la fortune. Le 14 janvier 1982, l’instauration des 39 heures de travail hebdomadaire et de la 5ème semaine de congés payés. Le 13 février, le vote des nationalisations de grandes entreprises et banques. Le 3 mars, la loi de décentralisation. Le 25 mars, l’abaissement de l’âge de la retraite qui passe de 65 à 60 ans puis le vote des lois Auroux pour de nouveaux droits des salariés dans les entreprises.

Les quatre ministres communistes, Charles Fiterman, Anicet le Pors, Jack Ralite et Marcel Rigout, ont pris leur part dans ce bilan impressionnant de tout le gouvernement et de la majorité parlementaire. Avec certains apports particuliers, comme celui de Charles Fiterman qui, à l’opposé de ce qui se fait aujourd’hui, fait transformer les dettes des entreprises concessionnaires d’autoroutes en participations au capital de l’Etat, ce qui les nationalise. L’argent ainsi économisé est réinvesti dans de nouvelles infrastructures. Le chantier de l’A380 est lancé et le ministre d’Etat pousse ainsi à la diversification d’Airbus. Il fait voter la loi des transports intérieurs, premier acte d’un projet écologique pour les transports. Il fait voter une loi ancrant la maîtrise publique des entreprises de transport en contrôlant la concurrence et en obligeant les entreprises du secteur à endosser la responsabilité des coûts sociaux et environnementaux.

Le statut de la SNCF en fait un nouvel établissement public industriel et commercial tout en y renforçant l’emploi. Il met en place le remboursement à 50% de la Carte orange, supprime les deux classes dans le métro et participe au lancement du TGV.


Marcel Rigout, ministre de la formation professionnelle, fait voter la loi du 24 février 1984 portant réforme de la formation professionnelle continue et modifies en ce sens le Code du travail. Elle est complémentaire des lois Auroux que Macron a rendues caduques avec les « lois travail ». Il lance 600 000 contrats nouveaux de formation professionnelle pour des jeunes. 300 000 d’entre eux débouchent sur des contrats à durée indéterminée.


Jack Ralite, ministre de la Santé puis de l’Emploi, supprime le secteur privé à l’hôpital public, lance les centres de santé publics, équipe plusieurs hôpitaux de scanners, abroge la loi de 1938 qui mettait les malades mentaux à l’écart de la société, fait adopter une loi de réorganisation de l’hôpital. C’est lui qui fat supprimer la pénalisation de l’homosexualité. Comme ministre de l’Emploi, il lance les contrats « emploi-formation-production » et permet ainsi de sauver plusieurs petites et moyennes entreprises et leurs emplois.

 

Anicet Le Pors conduit une réforme fondamentale de la fonction publique et du statut en introduisant notamment le droit de grève, la liberté d’opinion, le droit de négociation. Il ouvre la troisième voie d’accès à l’ENA pour des élus, responsables associatifs, des agents des collectivités, des hôpitaux et de la recherche. La fonction publique est étendue aux collectivités locales, aux établissements hospitaliers et de recherche. Le statut général des fonctionnaires se décline avec lui en quatre lois nouvelles.


Ces éléments de bilan, trop souvent sous-estimés, ne peuvent s’inscrire dans le simplisme binaire des mots « échec » ou « succès ». La présence de ministres communistes concrétisait l’état de rapports de force politiques, sociaux, culturels. Trop souvent les concrétisations sont restées comme en suspens car la victoire de la gauche n’a pas été accompagnée d’une mobilisation sociale suffisante pour contrebalancer les pressions d’un contexte international nouveau et la tendance d’importantes fractions du Parti socialiste à revenir aux démons de l’adaptation au capitalisme. Dès le 26 novembre 1981, le ministre des Finances, Jacques Delors, réclame une « pause ». Jusqu’au tournant économique de l’année 1983 qui est sans doute le début de l’affaiblissement des idées de la gauche de transformation économique, sociale, démocratique dans le cadre de l’affaiblissement de l’Etat national au profit des carcans de l’Union européenne et de la mondialisation capitaliste.

 

Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faut s’en satisfaire au moment où, aujourd’hui, l’enjeu du post-capitalisme est à l’ordre du jour. Il se pose avec une force accrue car le « tout-capitalisme mondialisé » ne fait qu’aggraver toutes les tares que sécrète ce système inhumain, du développement des inégalités à celui de la pauvreté, de l’épuisement de la planète à celui de la biodiversité, des guerres aux atteintes aux libertés… Les dénoncer, les combattre, pied à pied, est indispensable. Mais reste posée dans son entier l’immense question de l’alternative, de l’engagement dans un processus populaire démocratique mondial d’émancipation humaine. En ouvrir la voie, pour la gauche et l’écologie toutes entières et singulièrement pour le Parti communiste et le Parti socialiste, suppose, me semble-t-il, de prendre la mesure des deux déflagrations qui au XXe siècle les ont atteints l’un et l’autre, l’effondrement du l’URSS et l’échec de la social-démocratie. La tâche est d’autant plus ardue que l’activité politique a, elle-même, été durement atteinte, la désindustrialisation a produit des ravages, les cadenas de l’Union européenne aussi au point de voir tant de nos concitoyens s’en détourner.

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 09:01

*Clément Chabanne, rédacteur en chef de Progressistes

La crise sanitaire met en lumière la violence du système de propriété intellectuelle. Loin de la coopération scientifique qui devrait permettre à toute l’humanité de progresser, face à la pandémie comme face aux nombreux défis du siècle, les grands groupes organisent leur monopole sur les fruits du travail intellectuel collectif. Avant le dépôt d’un brevet par une multinationale, combien d’heures de recherche fondamentale dans les laboratoires publics ? Combien de milliards de subventions publiques à la recherche, pour finalement nourrir une logique de rentabilité et laisser les pleins pouvoirs aux groupes privés sur l’organisation de la production industrielle et les applications de la recherche ? Ce monopole organisé porte la marque originelle d’une logique guerrière. La protection internationale des brevets est largement inspirée de la législation états-unienne, utilisée comme une arme dans la guerre froide. L’Export Administration Act de 1980 autorise le président des États-Unis à interdire l’exportation des technologies soumises à la loi de ce pays. Il s’agit d’une arme qui s’avéra particulièrement efficace pour rompre les relations économiques entre l’Europe de l’Ouest et l’Union soviétique. Après la chute des pays socialistes, les accords TRIPS (Accords sur les aspects de droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, en français) de 1994 ont réorienté la protection internationale de la propriété intellectuelle vers ce que Samir Amin a appelé « une offensive en vue de renforcer le pouvoir des monopoles technologiques au détriment des pays en développement ». La concentration de la propriété intellectuelle permet le contrôle de quelques grands groupes sur des milliers de filiales et de sous-traitants grâce au monopole technologique. Elle organise également l’extraction d’une rente, depuis les lieux de production réelle vers les têtes de groupes, dans les grandes capitales du Nord ou les paradis fiscaux. La pandémie montre l’efficacité froide de ce système dans sa plus simple expression : l’organisation de la pénurie pour faire augmenter les prix.

Sous l’impulsion du PCF et d’autres partis et associations en Europe a été lancée la campagne « Pas de profit sur la pandémie », le but visé étant la levée des brevets en Europe et le positionnement diplomatique en ce sens de nombreux pays du Sud : la crise sanitaire mondiale révèle donc des possibilités d’une nouvelle alliance entre pays en développement et classe laborieuse des pays développés.

La réussite de cette campagne peut engager une lutte de grande envergure pour mettre fin aux logiques de monopolisation, de financiarisation et de rentabilisation de la connaissance, et entamer une transition vers une coopération internationale mettant l’ensemble de la recherche scientifique au service de l’émancipation humaine.

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 08:00
Fabien Roussel à Caudan pour défendre les ouvriers des Fonderies de Bretagne (photo PCF 29)

Fabien Roussel à Caudan pour défendre les ouvriers des Fonderies de Bretagne (photo PCF 29)

Fabien Roussel : « reprendre le pouvoir sur la finance est tout à fait réalisable »
Samedi 15 Mai 2021

Fabien Roussel entre pour de bon dans l’arène présidentielle après le vote des adhérents du PCF le 9 mai. Déterminé à être « le candidat du monde du travail, des classes populaires comme des classes moyennes », le député communiste du Nord veut, face aux droites LR, LaREM et à l’extrême droite, imposer les questions sociales, l’humain et la planète au centre des débats. Entretien.

Vous venez d’être investi pour la présidentielle par les adhérents du PCF. Vous serez le premier candidat communiste depuis quinze ans. Comment comptez-vous peser dans ce scrutin essentiel aux yeux des Français ?

Fabien Roussel D’abord, en mobilisant l’incroyable force que nous représentons toutes et tous. Ceux qui ont participé à ce choix, comme ceux qui ne l’ont pas fait mais qui veulent bousculer ce scénario qu’on veut nous imposer, en 2022, entre le président sortant et l’extrême droite. Au Parti communiste, nous venons de débattre pendant plusieurs mois et nous avons voté trois fois : c’est un exercice démocratique sans précédent dans d’autres forces politiques. Mais nous ne nous arrêterons pas là.

Emploi, industrie, jeunesse, santé, climat… nous voulons ouvrir tous ces chantiers et bien d’autres avec le plus de Françaises et de Français possible, dans les mois qui viennent, pour écrire avec eux un pacte pour la France. Nous voulons que des millions d’entre eux s’engagent avec nous sur toutes ces questions, pour les mettre au cœur de la campagne, les rendre incontournables. Et faire en sorte que tous les autres candidats se prononcent sur les propositions indispensables au changement tant attendu par nos concitoyens.

Icon Quote Je veux contribuer à refonder une gauche qui porte un nouvel espoir pour reconquérir tousnos concitoyens qui n’y croient plus. C’est ainsi que la gauche pourra redevenir majoritaire. 

Alors que la Macronie est décidée à rester au pouvoir et que l’extrême droite pourrait le conquérir, comment éviter un nouveau duel droite-extrême droite en 2022 ?

Fabien Roussel D’abord ça bouge ! Je suis heureux de voir qu’enfin des commentateurs de la vie politique commencent à dire que tout est possible. Il existe un tel rejet du scénario Macron-Le Pen que des surprises pourraient apparaître. L’enjeu pour nous, à gauche, c’est de faire surgir dans cette campagne toutes celles et tous ceux qui ont soif de changement, de rupture, qui veulent en finir avec le chômage et la pauvreté, défendre leur pouvoir d’achat, leurs emplois, leurs services publics. Du côté de la finance, ils sont ultraminoritaires en nombre de voix, il est possible de leur reprendre le pouvoir.

Mais, pour éviter un second tour opposant la droite – LR ou LaREM – à l’extrême droite, il faut qualifier un candidat de gauche…

Fabien Roussel Bien sûr, il faut créer cet espoir. Mais il est quand même plus ambitieux que chacun d’entre nous, à gauche, se fixe l’objectif d’être au second tour, non pas pour soustraire des voix aux autres, mais pour en conquérir de nouvelles. Nous ne sommes pas identiques, nous ne proposons pas la même ambition pour le pays, les mêmes priorités pour le changement, ni les mêmes moyens pour y parvenir. Je veux contribuer à refonder une gauche de rupture avec le capitalisme en plaçant l’humain et la planète au cœur de tous les choix, une gauche qui porte le projet d’une nouvelle République sociale, démocratique, écologiste, féministe, antiraciste, un nouvel espoir pour reconquérir tous nos concitoyens qui n’y croient plus. C’est ainsi que la gauche pourra redevenir majoritaire.

Icon QuoteDoubler le budget de l’éducation nationale, augmenter de 50 % celui des universités, mettre fin à la sélection, financer un revenu étudiant autour de 850 euros. Il faut des moyens énormes pour notre jeunesse. 

Le rassemblement à gauche a occupé le débat ces dernières semaines. Votre candidature lui ferme-t-elle la porte ? Qu’en est-il pour les législatives ?

Fabien Roussel Cette candidature vise à faire émerger des idées, des propositions, à les faire gagner, et donc à redonner du sens à un vote de gauche sincère et authentique. Cela ne ferme pas de portes, ça en ouvre. C’est dans le même esprit que j’affiche dès maintenant l’objectif qu’il y ait le maximum de députés de gauche à l’Assemblée nationale et, parmi eux, de députés communistes. Nous menons continuellement le débat à gauche, comme en ce moment pour les élections départementales et régionales, ce qui nous conduit d’ailleurs à être unis dans beaucoup d’endroits. Les législatives comptent 577 circonscriptions avec des contextes très différents, nous avons un immense travail à organiser avec nos concitoyens, localement, pour faire en sorte que, partout, la gauche sorte renforcée.

Vous êtes, pour l’heure, crédité de 2 % dans les sondages, quel objectif espérez-vous atteindre d’ici à avril 2022 ?

Fabien Roussel Je ne vais pas mener campagne avec le nez sur les sondages. L’objectif, c’est de faire le score le plus élevé possible, mais aussi de rendre incontournables les idées que nous défendons, et de créer les conditions de nouvelles avancées sociales et démocratiques. Tout comme le score de Georges Marchais en 1981 avait non seulement permis la victoire de la gauche au second tour, mais avait aussi imposé un certain nombre de conquêtes sociales.

Désindustrialisation, évasion fiscale, chômage, crise sociale… les chantiers sont nombreux, quelles réponses à la crise historique que nous vivons entendez-vous proposer ?

Fabien Roussel À l’élection présidentielle comme aux législatives, nous voulons être les candidats du monde du travail, des classes populaires comme des classes moyennes. Et de la jeunesse ! Cette campagne ne doit pas n’être qu’un moment où l’on vote, elle doit aussi être un moment où l’on lutte. N’attendons pas avril 2022 pour imposer l’arrêt des délocalisations qui suppriment des emplois et menacent le climat avec pour seul objectif la rentabilité pour les actionnaires. Pour développer les services publics, sortir la santé des mains du marché et des laboratoires pharmaceutiques.

Lançons une grande campagne pour nous libérer du poids de la finance, faire jouer un autre rôle aux banques et aux assurances, obtenir des prérecrutements dans la santé, l’éducation nationale. Permettons ainsi à des centaines de milliers de jeunes de se former et d’avoir une perspective d’emploi. Il s’agit aussi de répondre à cette aspiration à pouvoir vivre de son travail, d’obtenir la baisse des factures de gaz et d’électricité, des loyers, l’augmentation générale des salaires, depuis trop longtemps gelés, brimés, mis sous l’éteignoir. N’attendons pas 2022, ces idées doivent devenir incontournables.

Icon QuoteCette crise a montré que la question n’est plus “où est l’argent ?”, mais “à quoi est-il utilisé ?”. Il doit être investi dans l’emploi, l’enseignement l’écologie... Cela créera de nouvelles richesses.

Emmanuel Macron et son gouvernement préparent le terrain à de nouveaux sacrifices sociaux – à commencer par la réforme de l’assurance-chômage – au prétexte du remboursement de la dette. Comment imposer les ruptures que vous évoquez dans une économie mondialisée ?

Fabien Roussel La question de « l’argent magique », du manque de moyens, a été complètement battue en brèche par la pandémie. Le gouvernement et l’Union européenne ont remis en cause pour partie leurs propres dogmes dans une situation d’urgence comme celle que nous vivons. La planche à billets a tourné. Mais, pour eux, cela doit conduire à plus d’austérité demain ! La droite, Macron, l’extrême droite vont nous dire qu’il faut payer la dette en travaillant plus, en faisant des économies sur nos services publics, en continuant à privatiser.

Pourtant cette crise a montré que la question n’est plus « où est l’argent ? », mais « à quoi est-il utilisé ? ». Il doit être employé pour investir dans l’enseignement, la formation et l’emploi, dans la transition écologique. Cela créera de nouvelles richesses ! La dette liée au Covid doit être annulée. Au-delà, un autre partage des richesses, aujourd’hui très majoritairement au service des plus riches et du capital, est indispensable. C’est possible notamment par une autre utilisation de l’argent des banques, des entreprises et de l’argent public. Je porterai une réforme de la fiscalité sur les multinationales, sur le capital, sur les grandes fortunes, sur les transactions boursières. Je mènerai aussi le combat pour un président de la République et un gouvernement incorruptibles face à l’évasion fiscale. Je souhaite être l’Eliot Ness de la lutte contre ce fléau, celui qui ne négociera pas avec les voleurs et les tricheurs.

Vous avez participé à la dernière marche pour le climat, le 9 mai. Le PCF a eu longtemps une image assez peu écolo-compatible, notamment sur la question nucléaire, pensez-vous avoir suffisamment renversé la donne ?

Fabien Roussel C’est la donne qui a changé naturellement, par pragmatisme. Parce que si nous voulons lutter contre les énergies fossiles et les réduire le plus possible, il nous faut augmenter la production d’énergies renouvelables, mais aussi la production d’énergies pilotables et décarbonées. Une grande majorité de nos concitoyens, d’acteurs des ONG que j’ai rencontrés, des chercheurs, des salariés, des syndicats estiment aujourd’hui que, face à l’urgence climatique, nous allons avoir encore besoin de l’énergie nucléaire.

Mais surtout nous avons besoin d’une maîtrise publique, seule garante, même pour les renouvelables, du respect de la planète. Quant à notre image, en réa­lité, les communistes ont souvent été à la pointe de ces combats, en particulier dans les politiques des communes et du département du Val-de-Marne que nous dirigeons, où nous sommes en tête de l’action pour la production d’énergies décarbonées, sur le développement des transports en commun écologiques et de la lutte pour leur gratuité.

Face à la grande précarité, encore amplifiée par la crise sanitaire, vous préparez un « pacte pour la jeunesse ». En quoi consiste votre démarche ?

Fabien Roussel La jeunesse était déjà particulièrement en difficulté, mais la crise a montré que le gouvernement l’a définitivement abandonnée. Or, les séquelles de cette crise seront profondes. Six jeunes sur dix sont en détresse psychologique. La jeunesse de France est sous antidépresseurs. C’est pourtant l’avenir de notre pays, ce sont nos enfants. Nous voulons leur garantir les meilleures conditions de formation, de la primaire à l’enseignement supérieur ; la liberté d’avoir un travail à temps plein et bien payé en fonction de leurs diplômes.

Pour cela, c’est incontournable, il va falloir y consacrer des moyens énormes : quasiment doubler le budget de l’éducation nationale, augmenter de 50 % celui des universités, mettre fin définitivement à la sélection, financer un revenu étudiant autour de 850 euros pour que chacune et chacun puisse apprendre à égalité, quels que soient son origine sociale et son lieu d’habitation…

Ces propositions, nous voulons leur soumettre, que les jeunes, dans toutes les villes et les villages, prennent le stylo et qu’ils soient les auteurs de ce que la France doit mettre en œuvre pour eux et avec eux. Nous ouvrirons aussi ces espaces de discussion aux enseignants, aux élus locaux, aux syndicats, à la vie associative, à l’éducation populaire… Nous devons avoir une ambition démesurée pour notre jeunesse.

Icon QuoteC’est trop facile de la part du président de dire que la levée des brevets ne sert à rien.

Sur le terrain du féminisme, de la laïcité, ou encore de l’antiracisme, une partie de la gauche renvoie l’autre au rang d’islamo-gauchiste. Où vous situez-vous dans ce débat ?

Fabien Roussel Je veux engager une révolution féministe de la société, placer la laïcité au cœur d’une nouvelle République et en finir avec le racisme, l’antisémitisme et toutes les discriminations. Le combat pour l’égalité des droits devrait rassembler la gauche. Je fais une différence entre les débats et les invectives. Et je regrette que certains y cèdent. Ce procès en islamo-gauchisme n’a pas à exister à gauche.

Ces mots sont les mêmes que ceux qu’employait déjà l’extrême droite soixante-quinze ans en arrière, en parlant de judéo-bolchevisme. Nous aurions plutôt intérêt à conserver l’esprit de fraternité. Ces débats ont toujours existé, y compris aux États-Unis et au sein de ce grand mouvement des années 1970 pour les droits civiques.

Vous vous êtes mobilisé ces derniers mois pour la levée des brevets sur les vaccins. Quel regard portez-vous sur la prise de position de l’administration Biden en ce sens et le retournement d’Emmanuel Macron dans la foulée ?

Fabien Roussel Je me félicite du changement de braquet total du président de la République. La campagne que nous avons menée en France avec d’autres organisations, associations, syndicats, chercheurs n’y est pas pour rien. Elle a fait écho à la mobilisation internationale. Emmanuel Macron a bougé sous la pression mais, comme ce n’est pas sa conviction, soyons exigeants notamment sur l’attitude de la France à l’OMC, les 8 et 9 juin, lorsque cette décision devra être prise à l’unanimité.

Une autre question doit aussi nous mobiliser : celle des investissements pour former et adapter les outils de production pharmaceutiques en France et dans le monde. C’est trop facile de la part du président de dire que la levée des brevets ne sert à rien puisqu’on ne sait pas fabriquer les vaccins. Quel défaitisme ! Au contraire, mobilisons-nous pour former et embaucher, pour adapter les outils de production et être en capacité de produire les vaccins en France car ce combat contre la pandémie va durer des années.

CONSULTATION DES ADHÉRENTS DU PCF SUR LA STRATÉGIE PRÉSIDENTIELLE

Inscrits : 43 473  Votants : 30 190 (69,45 % de participation)    Exprimés : 29 617

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Choix des options 
Option 1
Présenter un candidat communiste : 21 337 voix, 72,40 %
Option 2
Travailler un processus commun avec les autres forces de gauche : 6 817 voix, 23,13 %
Abstention : 1 317, 4,46 %

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Choix du candidat 
Fabien Roussel : 23 225 voix, 82,32 %
Emmanuel Dang Tran : 512 voix, 1,81 %
Grégoire Munck : 46 voix, 0,16 %
Abstention : 4 431, 15,70 %

Fabien Roussel : reprendre le pouvoir sur la finance est tout à fait réalisable - La grande interview du candidat communiste aux Présidentielles dans L'Humanité, 15 mai 2021 
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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 06:20
Communiqué de l’AFPS - L’indispensable solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s’exprimer en France
 
Vendredi 14 mai 2021

Communiqué de l’AFPS

L’indispensable solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s’exprimer en France

Le gouvernement français vient de passer un cap. Alors que la population palestinienne de Gaza subit la terreur et les destructions des bombardements par Israël, et que les victimes se comptent par dizaines dont de nombreux enfants, le gouvernement français n’a toujours pas condamné ces bombardements aveugles ni la nécessité de protéger la population palestinienne. Et maintenant c’est l’expression de la solidarité à l’égard du peuple palestinien qu’il a décidé de faire taire.

Mercredi 12 mai le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) était mis en garde à vue suite à l’interdiction d’un rassemblement à Paris.

Le 13 mai le ministre de l’Intérieur a annoncé vouloir faire interdire toutes les manifestations en solidarité avec le peuple palestinien à Paris le samedi 15 mai.

Depuis des semaines, l’armée d’occupation harcèle les Palestiniens de Jérusalem. Cette même armée a pénétré dans les lieux saints (jusqu’à l’intérieur de la mosquée d’Al Aqsa) pour y tirer sur les fidèles. Elle a assuré la protection de centaines de militants racistes criant « mort aux arabes » à Jérusalem. Elle protège les colons armés qui agressent les Palestiniens menacés d’expulsion dans le quartier de Sheikh Jarrah et de Silwan. En Cisjordanie la répression s’abat aussi sur la population : 10 morts ce 14 mai, assassinés par l’occupant. Les Palestiniens d’Israël quant à eux paient le prix d’un racisme institutionnel enraciné dans la société israélienne.

Ces faits n’ont suscité aucune condamnation de la France qui continue de renvoyer dos à dos l’oppresseur et l’opprimé, l’occupant et l’occupé. Cela ne fait qu’accroître la colère et la révolte.

L’AFPS est scandalisée par cette nouvelle décision du préfet de Paris sous ordre d’un ministre de l’Intérieur qui justifie cette interdiction par des supposés troubles à l’ordre public. Elle soutient le référé qui a été déposé contre l’interdiction de manifester. Ce sont les interdictions qui créent les troubles à l’ordre public et non l’inverse. Monsieur Darmanin joue les pyromanes. Il portera la responsabilité des dérapages qui pourraient advenir suite à cette interdiction.

Le 14 mai le ministre Darmanin en rajoute dans l’outrance laissant entendre que les manifestations en solidarité avec le peuple palestinien sont des manifestations antisémites. C’est scandaleux et indigne. Nous avons le droit de contester le régime israélien d’oppression et de domination sans être insultés et muselés. Nous avons le devoir de dénoncer les violations du droit international. La France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour entrave à la liberté d’expression. Ces violations doivent cesser.

L’émotion est très forte et l’indignation doit pouvoir s’exprimer dans un cadre organisé. Réprimer systématiquement toute expression de solidarité à Paris voire dans d’autres villes est une tendance extrêmement dangereuse. Dans de nombreuses villes de France des manifestations se sont tenues depuis une semaines à l’appel de collectifs d’organisations. Toutes se sont passées sans le moindre incident. Des dizaines de rassemblements sont programmés samedi 15 mai. La solidarité avec le peuple palestinien s’exprimera malgré les défenseurs inconditionnels d’un État criminel.

Nous allons avec nos partenaires prendre des initiatives pour que le droit à manifester notre solidarité avec le peuple palestinien à Paris et partout en France soit restauré.

Le Bureau National de l’AFPS
Le 14 mai 2021

https://www.france-palestine.org/L-indispensable-solidarite-avec-le-peuple-palestinien-doit-pouvoir-s-exprimer

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14 mai 2021 5 14 /05 /mai /2021 06:05
Bertrand Heilbronn, président de l'AFPS: On a l’impression que Darmanin veut créer des incidents (Médiapart, Justine Brabant, 13 mai 2021)
Bertrand Heilbronn: «On a l’impression que Darmanin veut créer des incidents»
Par

Face aux nombreux rassemblements de soutien aux Palestiniens qui s’organisent en France, l’exécutif emploie la méthode forte. Le ministre de l’Intérieur a demandé l’interdiction des manifestations prévues samedi. Mercredi, le président de l’Association France Palestine Solidarité, Bertrand Heilbronn, a été interpellé à la sortie d’un rendez-vous au ministère des affaires étrangères, pour organisation d’un rassemblement «interdit». Il revient pour Mediapart sur sa garde à vue.

a stratégie de l’exécutif se précise. Après l’invraisemblable arrestation, mercredi 12 mai, du président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) devant le Quai d’Orsay, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a fait savoir, jeudi 13 mai, qu’il avait demandé aux préfets l’interdiction des manifestations pour la Palestine prévues samedi, après une semaine de violences à Jérusalem et à Gaza.

Pour le président de l’AFPS, Bertrand Heilbronn, interpellé mercredi après-midi puis libéré dans la nuit, la méthode dure choisie par l’exécutif marque une rupture et une volonté de faire taire « particulièrement grave ».

À l’issue d’un week-end de violences à Jérusalem et Gaza, votre organisation (l’AFPS) et le collectif dont elle fait partie commencent à réfléchir à l’organisation d’un rassemblement de soutien au peuple palestinien. Comment se passent les échanges avec la préfecture ?

Bertrand Heilbronn. Dans la journée de lundi, le Collectif [pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens – ndlr] a des échanges tout à fait habituels avec la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris.

Quand on sait qu’il y a une forte émotion dans le pays, il est très courant de leur dire : « On sait qu’il va sans doute y avoir un rassemblement. » C’est ce qu’on fait. Ce sont vraiment des négociations très classiques. Et étant président de l’association la plus impliquée du collectif, c’est moi qui suis le « négociateur », en quelque sorte.

 

Le lundi soir, nous avons une réunion du collectif au niveau national, et le lendemain matin je peux donc leur confirmer la tenue de ce rassemblement le mercredi. Le mardi en fin de matinée tombe d’abord une décision de « non prise en compte » de notre déclaration. Des députés du collectif se mobilisent alors et écrivent à la préfecture pour leur dire qu’il est vraiment important que ce rassemblement puisse se tenir.

Je rappelle la préfecture le mercredi matin, où l’on me répond que la décision n’a pas été prise, que le sujet est en cours de discussion au cabinet du préfet. Puis mercredi, à 13 heures [alors que le rassemblement devait se tenir à 15 heures – ndlr], l’arrêté d’interdiction tombe. Je leur dis que c’est irresponsable de leur part, que l’appel a déjà circulé partout sur les réseaux sociaux, que ça nous met dans une situation impossible, qu’on va prévenir nos adhérents mais qu’il faut quand même qu’on aille sur place.

Entre-temps, nous avions pris rendez-vous au ministère des affaires étrangères. L’idée était de discuter de notre inquiétude par rapport à la gravité de la situation et de la position de la France.

Le jour J, vous vous rendez à cet entretien au ministère des affaires étrangères et, fait inédit et rarissime, vous êtes arrêté à la sortie du Quai d’Orsay.

Oui. On va à cette sorte de non-rassemblement [où le collectif demande aux présents de rentrer chez eux – ndlr]. On attend notre rendez-vous au ministère, qui a lieu à 17 heures. J’échange avec les forces de l’ordre, à qui je dis que nous allons être reçus au Quai d’Orsay. Ils me demandent avec qui j’y vais, la liste de la délégation, appellent le ministère pour vérifier… C’est pointilleux mais habituel, et plutôt cordial.

Nous allons ensuite au ministère avec trois parlementaires (la députée PC Elsa Faucillon, la sénatrice EELV Raymonde Poncet, la députée France insoumise Sabine Rupin), le coordinateur du secteur international de la CGT Pierre Coutaz et Jean-Guy Greilsamer de l’Union juive française pour la paix. Deux policiers en civil nous escortent.

Nous sommes reçus par un conseiller du ministère, avec qui nous avons une conversation ferme mais courtoise. L’entretien dure 1 h 15, 1 h 30. Puis à 18 h 30, nous sortons ensemble du ministère. On voit des policiers à la sortie, on n’y prête pas particulièrement attention : on discute du rendez-vous et de ce qu’on va en faire. Puis tout d’un coup, trois policiers me prennent à part et me disent de les suivre : « Nous sommes là pour vous interpeller. »

Je suis placé en garde à vue au commissariat du VIIe arrondissement de Paris pour « organisation d’un rassemblement interdit ». Apparemment, la procédure du commissariat du VIIe est de menotter les gens sur un banc. On me menotte donc pendant cinq à dix minutes, en attendant que l’officier de police judiciaire me signifie ma garde à vue.

Je pense que l’intervention qu’il y a ensuite de partout [plusieurs communiqués et appels sont publiés dans la soirée – ndlr] fait que j’ai pu être entendu vers 23 h-23 h30 par une officière de police judiciaire. Peu après l’audition, on me signifie ma libération. Je suis libéré vers 0 h 15.

Quel est votre état d’esprit à la sortie ?

Ce qui m’a particulièrement frappé, c’est qu’on est dans une rupture complète des pratiques habituelles entre associations « responsables » et forces de l’ordre. Jusqu’à présent, il y avait toujours des relations courtoises.

Mais avec ce qui s’est passé mercredi, et avec les décisions de Gérald Darmanin aujourd’hui, on est dans une rupture. Il y a, pour moi, une volonté de faire taire l’ensemble de forces démocratiques, dont l’AFPS. C’est particulièrement grave.

L’un des arguments avancés par la préfecture est que votre rassemblement n’a pas été déclaré dans les délais légaux (trois jours avant)…

Cela arrive régulièrement d’obtenir une autorisation même si l’on est hors délai. En particulier dans les périodes de grande émotion, il y a une sorte de consensus sur le fait qu’il vaut mieux que les choses s’expriment dans cadre organisé, c’est très classique.

C’est pour cela que j’estime que l’on assiste à une rupture dans les relations entre les forces de police et les organisations, qui fait que me suis retrouvé en quelque sorte dans la position d’un négociateur qu’on arrête à l’issue d’une négociation…

L’arrêté d’interdiction mentionne le risque d’incidents autour de la manifestation.

Oui, le préfet parle de risques d’importation du conflit et risque d’incidents. On hallucine. En agissant comme ils l’ont fait, qui provoque le conflit ?

Plus généralement, la situation à la suite des déclarations de Gérald Darmanin est inquiétante, non seulement à Paris mais aussi ailleurs. D’après les quelques remontées que j’ai de nos groupes locaux, on a l’impression que les préfets reviennent sur leurs décisions [d’autoriser les manifestations de samedi 15 mai – ndlr] ou sur l’ampleur de ce qu’on peut organiser.

C’est quelque chose de grave. On a l’impression que Darmanin veut créer les incidents. Ceux qui crient à l’importation du conflit sont ceux qui les provoquent.

L’AFPS ira-t-elle manifester samedi, en dépit des interdictions ?

Nous réfléchissons avec nos partenaires sur la meilleure attitude à prendre face aux attaques aux libertés que constituent les directives de Gérald Darmanin. Il ne s’agit pas seulement d’y aller ou pas, mais aussi de voir comment les contester.

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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 08:34
Jérusalem, violences à l'égard des palestiniens: Lettre des députés communistes à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères
Jérusalem, violences à l'égard des palestiniens: Lettre des députés communistes à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères
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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 06:22
"Vous avez été informé.e.s de la garde à vue absolument scandaleuse de notre président hier à l'issue du rassemblement parisien de soutien à la Palestine.
 
Informé en fin de matinée par la préfecture de Paris (Lallement!) que le rassemblement était interdit 1) sous prétexte qu'il n'était pas déclaré assez tôt, 2) sous prétexte que ce  serait une dangereuse importation du "conflit" en France, Bertrand et des responsables des autres asso appelant au rassemblement, se sont rendus sur place pour signifier l'interdiction aux personnes déjà rassemblées. Une délégation comprenant des éluEs a ensuite été reçue au ministère des Affaires étrangères. Réunion courtoise. A la sortie, la police arrêtait Bertrand Heilbronn. AucunE autre membre de la délégation. Il a été emmené menotté comme un dangereux malfrat au poste de police du  7ème où il a été attaché à un banc! On lui a signifié sa garde à vue. L'avocat de l'Afps immédiatement contacté a pu le voir et au bout d'un moment Bertrand a pu appeler sa femme, également membre du CN de l'Afps. 
Il a finalement été relâché au bout de 4-5 heures.
 
Cette arrestation est un signe très inquiétant de l'alignement de notre exécutif sur Israël et ses groupes de pression en France. La France se déshonore encore une fois en ne faisant pas respecter le droit dont elle est garante et en laissant commettre impunément des crimes de guerre: des centaines de morts, des dizaines de blessés, des ratonnades, un lynchage...ça ne suffit pas semble-t-il au gouvernement Macron qui se rend ainsi complice de ces crimes."
Claude Léostic
Violation des libertés, abus de pouvoir du préfet macroniste Lallement - Arrestation arbitraire à Paris du président de l'AFPS, Bertrand Heilbronn - Pierre Barbancey, L'Humanité, 12 mai 2021
Arrestation arbitraire à Paris du président de l’Association France Palestine Solidarité
Mercredi 12 Mai 2021

En sortant d’une rencontre au ministère des Affaires étrangères, le président de l’Association France Palestine solidarité (AFPS), Bertrand Heilbronn, a été arrêté mercredi soir au motif de « manifestation interdite ». L’abus de pouvoir du préfet de Police de Paris, Didier Lallement est dénoncé par de nombreuses personnalités et associations.

Le président de l’Association France Palestine solidarité (AFPS), Bertrand Heilbronn, encadré par des policiers en tenue robocop, amené dans un fourgon, direction le commissariat du 7e arrondissement où il a été menotté. Dans la soirée de mercredi, Antoine Comte, avocat, s’y est rendu et a constaté que Bertrand Heilbronn était placé en garde-à-vue.

Cela se passe en France, à Paris. Qui plus est, alors que ce responsable associatif venait de sortir d’une entrevue avec un représentant de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères. La scène s’est déroulée sous les yeux ébahis des membres de la délégation qui se trouvaient avec lui : les députées Elsa Faucillon (PCF) et Sabine Rubin (FI), la sénatrice Raymonde Poncet-Monge (EELV), Jean-Guy Greisalmer, de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Pierre Coutaz pour la CGT.

Dénoncer la répression contre les jeunes Palestiniens à  Jérusalem

Bertrand Heilbronn, en lien avec plusieurs dizaines d’associations, des syndicats et des partis politiques de gauche, avait pris l’initiative d’appeler à un rassemblement devant le ministère français des Affaires étrangères, ce 12 mai, pour dénoncer la répression contre les jeunes Palestiniens à Jérusalem et, surtout, demander à la France d’agir politiquement. Rendez-vous avait été demandé et accepté, avec le cabinet de Jean-Yves Le Drian.

Entretemps, le sang du préfet de Police de Paris, Didier Lallement, n’a fait qu’un tour. Le ministère des Affaires étrangères peut bien recevoir une délégation, mais pas question d’un quelconque rassemblement. Son motif ? Il considère « qu'il existe un risque sérieux que les affrontements violents qui se sont produits ces dernières heures entre Palestiniens et forces de l'ordre israéliennes ne se transportent sur le territoire national et que, dans ce contexte de fortes tensions, cette manifestation soit l'occasion de troubles graves à l'ordre public entre partisans de l'une ou l'autre des parties au conflit ».

Gerald Darmanin affirme qu'il n'était pas au courant

C’est sans doute pourquoi la délégation dès sa sortie du métro, aux Invalides, a été accompagnée par plusieurs policiers en civil. Dans le même temps, et alors que des responsables des organisations étaient restés présents pour demander aux éventuels participants de repartir, des policiers, en tenue d'affrontement, les verbalisaient.

Le préfet Lallement n’en est pas à son coup d’essai dans la répression. Cette fois son attitude confine au danger démocratique. Selon nos informations, le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, interpellé par le plus haut niveau de la CGT, se serait borné à dire qu’il n’était pas au courant. La garde-à-vue de Bertrand Heilbronn, si elle est confirmée dans les prochaines heures, impliquerait pourtant une acceptation de la hiérarchie policière, mais également l’instrumentalisation de la justice, puisque le parquet a forcément signifié une telle décision.

Violation des libertés, abus de pouvoir du préfet macroniste Lallement - Arrestation arbitraire à Paris du président de l'AFPS, Bertrand Heilbronn - Pierre Barbancey, L'Humanité, 12 mai 2021
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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 05:12
Violences à Jérusalem-Est : se préoccuper ne suffit plus, il faut condamner: Pierre Laurent, sénateur PCF, pose une question écrite à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères

Violences à Jérusalem-Est : se préoccuper ne suffit plus, il faut condamner

Alors que l’extrême-droite israélienne sort renforcée à la Knesset des élections anticipées du 23 mars, les agressions de Palestiniens vivant dans le Vieux-Jérusalem par les militants ultranationalistes de Lahava se sont multipliées ces dernières semaines.
La semaine dernière, ce sont de nouveaux projets d’expulsion de Palestiniens vivant dans les quartiers occupés illégalement par Israël de Sheikh Jarrah, de Bab Al-Zahra et de la porte de Damas qui ont mis le feu aux poudres. Dès vendredi, l’ONU a tenu à rappeler à Tel-Aviv que ces expulsions forcées pourraient constituer des crimes de guerre.
En difficulté politiquement, Benyamin Netanyahou souhaite donner une nouvelle fois des gages à l’extrême-droite israélienne. Après le plan d’annexion du poumon économique de la Palestine qu’est la Vallée du Jourdain, soutenu par les États-Unis et l’accélération de l’installation de colons en lieu et place des Palestiniens en Cisjordanie, Jérusalem-Est est la prochaine priorité du gouvernement israélien. Arguant d’une rétroactivité du droit immobilier pour les propriétés juives d’avant 1948, il organise l’expulsion de familles palestiniennes. La mobilisation de ces dernières est réprimée dans le sang.
Le 10 mai, la France a finalement réagi, mais en renvoyant criminels et victimes dos à dos, condamnant les sept tirs de roquette partis de Gaza contre Israël, et se contentant de se montrer « préoccupée » par les violences à Jérusalem-Est. C’est consternant et indigne de la France.
Les parlementaires du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste condamnent fermement les exactions israéliennes dans tous les territoires palestiniens occupés et réaffirment leur soutien aux populations palestiniennes. Ils réitèrent leur attachement à une solution à deux États. Ils rappellent enfin qu’à leur demande, le Sénat avait débattu en juin dernier du projet d’annexion de la vallée du Jourdain. Ils y avaient exigé une parole forte de la France, une reconnaissance de l’État de Palestine et des sanctions contre l’État d’Israël en vertu du droit international.
Pierre Laurent
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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 14:00
Présidentielle. Les communistes entrent dans l’arène - L'Humanité, 10 mai 2021
Présidentielle. Les communistes entrent dans l’arène
Lundi 10 Mai 2021 - L'Humanité

À 72,40 %, les adhérents du PCF ont opté pour présenter leur propre candidature en 2022. Fabien Roussel propose un « pacte national pour le monde du travail, pour notre jeunesse ».

Cette fois, c’est officiel, Fabien Roussel est candidat à l’élection présidentielle. Une première pour les communistes depuis quinze ans. « Je suis enthousiaste de mener – avec vous, pour vous – la bataille de l’élection présidentielle et des législatives de 2022, afin d’ouvrir une nouvelle page de notre histoire commune, afin de construire réellement, concrètement, cette France des “jours heureux” ! » a lancé le secrétaire national du PCF à l’issue du vote des militants communistes, qui lui ont confié l’investiture ce week-end. Entre vendredi et dimanche, ils sont 69,45 % des 43 473 adhérents à jour de cotisation à avoir participé à ce scrutin sur leur stratégie en 2022. 72,40 % se sont prononcés en faveur de la première des deux options qui étaient sur la table. Celle-ci compte non seulement une candidature communiste à la présidentielle, mais elle engage également le PCF à travailler à un « pacte d’engagements communs » incluant « des mesures immédiates, des propositions structurelles, appuyant les luttes, pour constituer une majorité de gauche à l’Assemblée nationale ».

Lire aussi : Les communistes veulent bâtir les « Jours heureux du XXIe siècle »

En attendant, c’est aux Français que le député du Nord a proposé, dimanche, « de forger, de sceller un pacte national pour le monde du travail, pour notre jeunesse » : « Oui, cette crise nous impose de nous unir, de reprendre en main notre destin, de reprendre le pouvoir aux multinationales, aux banques et assurances. Il est là, l’enjeu de cette élection. Et ce doit être la priorité de la gauche. C’est la mienne », a-t-il déclaré répétant qu’il ne se « résou(t) pas au scénario malsain d’une élection présidentielle figée dans un duo entre le président actuel et l’extrême droite ».

Après des mois de débat, le candidat appelle à l’unité de sa formation

La seconde option soumise aux communistes, qui privilégiait une candidature commune avec les autres forces de gauche politiques, sociales et citoyennes « dans la clarté d’un projet de rupture », a finalement recueilli 23,13 %. Ses partisans prennent « acte » mais veulent croire que le débat n’est pas définitivement clos. « Pour beaucoup de camarades, c’était plus un vote anti-Mélenchon ; or, ce n’est pas le sujet. La question, c’est le risque d’un second mandat Macron et une vraie menace de l’extrême droite. On sera à nouveau amenés à se poser la question de comment éviter le pire, le risque fasciste, il faut appeler un chat un chat », estime Robert Injey, membre du conseil national du PCF, assurant pour autant ne pas avoir « entendu de camarades dire qu’ils vont quitter le Parti ou faire campagne pour quelqu’un d’autre ».

Après des mois de débat, c’est aussi à l’unité de sa formation qu’a appelé Fabien Roussel. « Notre force, la force du projet que nous voulons faire gagner pour la France, passera par la mobilisation de vous toutes et de vous tous », leur a-t-il adressé, dimanche, avant de décliner les nombreux chantiers qu’il entend ouvrir. S’il a évoqué l’Europe, la paix ou encore l’agriculture, c’est avant tout à « être le candidat du monde du travail et de la création » qu’aspire le parlementaire. De la hausse des salaires à l’interdiction des délocalisations, il a appelé, dimanche, dans son premier discours de candidat, à renvoyer « tous les apôtres de l’argent roi rejoindre les aristocrates du passé » et à reprendre « ce pouvoir qui nous appartient et qui n’aurait jamais dû nous échapper ».

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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 13:57
Fabien Roussel, candidat communiste à l'élection présidentielle. Franc-parler et lutte des classes - Julia Hamlaoui, L'Humanité, 10 mai 2021
Fabien Roussel, candidat communiste à l'élection présidentielle. Franc-parler et lutte des classes
Lundi 10 Mai 2021

Le député du Nord et secrétaire national du PCF a été désigné à 82,36% par les adhérents du PCF pour être le candidat communiste à l’élection présidentielle. Il assure qu’il sera le candidat du monde du travail et de la jeunesse, en remettant les urgences sociales au cœur du débat. Portrait.

 

«La France ne manque pas de moyens, loin de là. Mais ils ne profitent qu’à une minorité. Une infime minorité qui prospère insolemment. Ce sont eux les véritables assistés de la République ! » En quelques mots, devant un congrès qui vient de l’élire à la tête du PCF, Fabien Roussel désigne la cible.

On est en novembre 2018, Emmanuel Macron s’apprête à entériner un nouveau « budget des riches », les gilets jaunes frappent à la porte et les blouses blanches crient déjà leur désarroi. Trois ans et une pandémie plus tard, les communistes ont à nouveau voté, et leur secrétaire national a désormais un nouveau défi à relever : se lancer dans la course à l’Élysée.

Icon Quote Il fallait un nouveau visage pour porter notre message, un langage qui imprègne.  André Chassaigne, député PCF

«Il fallait un nouveau visage pour porter notre message, un langage qui imprègne», raconte le député André Chassaigne, qui figure parmi ceux qui ont soutenu dès le départ sa candidature. À l’heure d’entamer la campagne, le principal intéressé jure ne pas y avoir pensé tous les matins en se rasant : « On ne décide pas d’être candidat à la présidentielle, c’est un cheminement au fil des rencontres », assure-t-il.

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Icon World Carte interactive. Une analyse géographique du vote interne des adhérents du PCF sur la stratégie pour l'élection présidentielle

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S’il relève le gant, déterminé à « aller jusqu’au bout », c’est pour « redonner espoir » à tous ceux qu’il a vus dans son « tour de France des entreprises », entamé voilà deux ans. « L’énergie, je la trouve dans les témoignages que je recueille, dans les coups de colère que j’entends. Le dernier qui m’a saisi, c’est à Caudan, à la Fonderie de Bretagne. »

Porte-parole de la France qui souffre

Là, les salariés, qui fabriquent des pièces pour Renault, lui expliquent les sacrifices consentis et, à la fin, « l’actionnaire qui les jette quand même comme des Kleenex ». Une injustice qui prend aux tripes. Alors, le désormais candidat se rêve en porte-parole de cette France qui souffre. «Chaque fois que je suis sur un plateau, ce sont leurs visages que j’ai constamment dans la tête, confie-t-il. Je veux qu’ils retrouvent une utilité à voter pour eux.»

Il s’agit, défend-il, de «mettre sur le podium des idées de la campagne : le salaire, la relocalisation, l’industrie, nos services publics, la jeunesse, la lutte contre les inégalités, l’évasion fiscale…» Et, au passage, de démasquer l’imposture de l’extrême droite : « Pour taper sur le gouvernement, les gens veulent utiliser le bâton le plus efficace, aujourd’hui c’est le RN. Mais ça leur rapporte quoi ? Le drame, c’est qu’en le mettant à un aussi haut niveau, non seulement il n’y a pas de conquêtes sociales, mais en plus, ça crée de la division, des tensions, de la haine, du racisme. Ça affaiblit le peuple. C’est un poison mortel», martèle le député du Nord.

 

Une rage de vaincre les inégalités

«La droite et l’extrême droite étouffent les questions sociales, alors qu’une désindustrialisation massive est en train de se mettre en place sous prétexte du Covid, abonde Laurent Brun.  Les patrons de l’industrie peuvent tranquillement annoncer qu’ils vont supprimer 100 000 emplois. Avoir une candid ature qui axe là-dessus la campagne, ça redonne de la visibilité.» Selon le secrétaire général de la CGT cheminots, possède, pour cela, un atout dans la manche : « “On a l’impression d’avoir quelqu’un comme nous en face”, c’est ce que m’ont dit les grévistes, après une rencontre avec lui lors de la mobilisation contre la réforme des retraites. »

Icon Quote Fabien est de toutes les luttes, c’est un homme de terrain.  Alain Bocquet, ancien député PCF

Né en 1969 à Béthune, avant de suivre son père, correspondant pour l’Humanité, deux ans au Vietnam, puis de rejoindre sa mère pour finir le lycée à Champigny, c’est aussi des Hauts-de-France que le président du groupe GDR, André Chassaigne, l’a vu débarquer et « foncer tête baissée » à l’Assemblée nationale en 2017.

Et c’est déjà à Saint-Amand-les-Eaux, où il succède à Alain Bocquet comme député, qu’il est élu pour la première fois comme conseiller municipal, en 2014. Il est alors secrétaire de la fédération du Nord du PCF. De ce territoire, il tire une rage de vaincre les inégalités. « Quand je vois ce que les travailleurs chez moi ont pu donner au pays et qu’aujourd’hui on a une surmortalité du fait du désengagement de l’État… Je voudrais porter une République qui respecte tous ses territoires, tous ses habitants. » « Déjà en 2018, on a organisé une marche des Hauts-de-France vers l’Élysée pour mettre un coup de projecteur sur ces inégalités », se souvient Karine Trottein, qui lui a succédé à la fédération du Nord.

Avant ça, le communiste a vu du pays. « Après un passage à l’Humanité, j’ai été journaliste indépendant, ce qui m’a permis de voyager, des fois avec des salaires qui rentraient… et des fois pas. Quand j’ai eu mes jumeaux, mes premiers enfants, il a fallu que je me calme et j’ai travaillé pour France 3 Nancy.» Désormais, pas moins de cinq jeunes visages figurent sur la photo de famille qu’abrite son téléphone. « Une vraie pub United Colors ! » sourit le député devant l’image de sa famille recomposée, prise à l’arrière de sa maison en briques.

Son bagou ne date pas d’hier

Son prédécesseur sur les bancs de l’Assemblée ne tarit pas d’éloges à son endroit : «  Fabien a compris que le monde du travail est un élément déterminant. Ascoval, Bridgestone… il est de toutes les luttes, c’est un homme de terrain », se félicite Alain Bocquet, qui lui a aussi transmis le virus de la lutte contre l’évasion fiscale. Un combat qui rime parfois avec coup d’éclat. «Un jour, au début du mandat, il m’a appelé – il était dans le train – pour me dire qu’il venait de réussir à créer une société offshore en quelques clics sur son téléphone », s’amuse encore André Chassaigne.

Dans l’Hémicycle, il transforme « l’expérience » en démonstration et informe le ministre Gérald Darmanin, alors en charge des Comptes publics, qu’il l’a nommé directeur général d’une société qui permet de délocaliser des fonds dans « vingt-trois paradis fiscaux au choix ». De tête, il cite encore le dernier rapport sur l’ISF avant sa suppression : «  Ils étaient 358 000 familles, leur patrimoine taxable s’élevait à 1 028 milliards d’euros, et on leur en prenait 3,6… Ça me fout en rage, quand je reçois dans ma permanence une dame qui a 600 euros d’électricité à payer dans son logement pourri et qui pleure parce qu’elle n’a pas de quoi habiller son gamin.»

Son bagou ne date pas d’hier. « Je le revois monter sur une chaise dans le préau et prendre la parole devant 200 personnes, mégaphone en main, pour dénoncer ce qui se passait en Afrique du Sud», se rappelle Olivier Marchais, qui a partagé ses années de lycée. À l’époque, avec la Jeunesse communiste, Fabien Roussel est sur le pont pour la libération de Nelson Mandela, mais aussi contre la loi Devaquet, qui prévoyait la sélection à l’entrée à l’université.

De premiers pas en politique soldés par une double victoire, qu’il compte bien ne pas se laisser voler. « Ce tte semaine, j’ai réuni une douzaine d’organisations de jeunesse pour parler du “pacte pour la jeunesse” que nous voulons construire avec elles, et un jeune de l’UNL a dit que Blanquer mettait en œuvre les lois Monory-Devaquet. Je me suis dit : “On a réussi à l’empêcher en 1986, on va continuer le combat et aller jusqu’au bout aujourd’hui ! ”  » lance le député avec cette gouaille qui marque sur les plateaux télévisés.

Icon QuoteJe voudrais porter une République qui respecte tous ses territoires, tous ses habitants. Fabien Roussel, Secrétaire national du PCF

Son franc-parler, cependant, lui joue parfois des tours. Au service de communication du PCF, on rit jaune, par exemple, au souvenir de la comparaison, sur CNews, avec « un string brésilien » utilisé pour imager la critique contre la légèreté des mesures mises en œuvre contre l’arrivée du variant sud-américain. « On a les défauts de ses qualités », reconnaît Roussel qui plaide la « sincérité ». Une franchise dont il reproche volontiers à d’autres à gauche d’être dépourvus.

« Un rapport de forces à construire »

Le candidat PCF tire aussi des leçons de son expérience au cabinet de la communiste Michelle Demessine, nommée secrétaire d’État au Tourisme au sein du gouvernement Jospin, en 1997. «Nous sommes utiles dans un gouvernement, mais à chaque fois, Lionel Jospin et le ministre de l’Économie et des Finances de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, disaient : “Ces réformes sont justes, mais le pacte européen ne nous permet pas de les mettre en œuvre.’’ L’orthodoxie budgétaire, déjà. » Et de poursuivre : « C’est là-dessus que la gauche plurielle a buté. Elle n’a pas été au bout des espoirs qui lui étaient confiés, et c’est la première fois qu’on a eu Le Pen au second tour. Et la deuxième fois, c’était avec Hollande…»

Face aux 2 % que lui promettent pour l’heure les sondages, le député ne perd pas sa répartie : «Je suis un mec positif, un combattant, on n’est qu’au début de la campagne, chaque élection présidentielle a révélé son lot de surprises. »  «Si je ne suis pas élu, ce qui peut arriver, glisse-t-il en souriant avant de reprendre son sérieux, qu’au moins les idées que nous aurons portées pendant la campagne s’imposent. C’est un rapport de forces à construire pour que le monde du travail, la jeunesse se fassent respecter.» 

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