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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 18:20
Les hommes du patronat dans l’ombre de la primaire de droite
VENDREDI, 18 NOVEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Suppression de l’ISF, des 35 heures, réduction des cotisations patronales… Les candidats reprennent tous à leur compte les revendications du Medef. Plongée dans le monde très perméable de la droite et des milieux économiques. 

Une Audi TT et de grosses berlines noires ont pris d’assaut la bourse du travail de Massy (Essonne). Étrange spectacle que celui qui s’est déroulé mardi soir dans cette salle, gérée par la municipalité de droite. Point de délégations de salariés, ni de banderoles, mais un meeting de PDG, une assemblée générale de petits patrons. À quelques jours du premier tour de la primaire de la droite, les équipes de François Fillon ont lancé une opération séduction vis-à-vis des réseaux de PME et d’entrepreneurs locaux. Et la vedette de la soirée, c’est Pierre Danon, ancien patron de Numericable et de British Telecom, chargé de piloter la préparation du programme économique du Thatcher de la Sarthe. À coups de « slides » et de diapositives, le manager égraine son plan de bataille pour mettre « fin au pacte de 1945 », au nez et à la barbe de l’union locale CGT, ou du syndicat CFDT sud-francilien de la métallurgie, dont le siège est situé dans le même immeuble. Triste symbole d’une campagne décomplexée...

« Notre priorité numéro 1, c’est de baisser les charges des entreprises ! » clame Pierre Danon. Comment ? En allant plus loin que le Cice de François Hollande. À ces 40 milliards de cadeaux aux entreprises, François Fillon en rajouterait 40 de plus, grâce à une baisse des cotisations patronales, de l’impôt sur les sociétés et à la suppression de l’ISF. Fini, aussi, le monopole syndical pour présenter des listes aux élections professionnelles, promet le bonimenteur des hautes sphères. Il n’oublie pas de vendre l’abrogation de la durée réglementaire de travail et le passage de 35 heures à 39 heures dans le secteur public, pour compenser la suppression de 500 000 fonctionnaires. « C’est aussi un point d’appui pour renégocier la durée de travail dans les entreprises », lâche-t-il, entre initiés. « Et s’il le faut, il saura envoyer l’armée pour débloquer des raffineries », fanfaronne Pierre Danon, qui vante un programme « coproduit » avec les milieux d’affaires. « Sur certains sujets, comme le logement, on avait quarante pros, chefs d’entreprise ou autres, qui ont travaillé pendant plus de neuf mois. »

Thibault Lanxade, vice-président du Medef, avoue son embarras... du choix

Seul regret : voir les idées de son champion pillées par ses adversaires. « Quand François Fillon a annoncé la hausse de la retraite à 65 ans, il y a trois ans, peu de monde en parlait encore. Aujourd’hui, ces idées ont commencé à s’imposer, et de nombreuses mesures sont reprises par ses concurrents. » Et c’est vrai que tous les candidats, de Sarkozy à Le Maire, en passant par Juppé, ont versé dans la surenchère libérale. Quels que soient les résultats de la primaire, on en connaît déjà le vainqueur : c’est Pierre Gattaz !

Suppression de l’ISF, attaque des 35 heures, réduction des charges patronales et baisse des impôts et de la dépense publique… Tous leurs programmes « reprennent les revendications que nous avons portées depuis plus de trois ans au Medef », a d’ailleurs reconnu publiquement Thibault Lanxade, vice-président de l’organisation patronale.

 

Le Secours catholique s’inquiète du programme de la droite
L’association rappelle la réalité de l’état du pays aux candidats à la primaire de la droite avec la publication d’un manifeste leur demandant de faire de la lutte contre la pauvreté une priorité. Véronique fayet, présidente du Secours catholique, par ailleurs ex-adjointe à la solidarité d’alain Juppé à la mairie de Bordeaux, rappelle dans une lettre adressée aux candidats qu’« il faut remettre les personnes vivant les situations de précarité au cœur des débats et de la  recherche de solutions ». une campagne contre les préjugés envers les personnes démunies est également prévue dans les prochaines semaines.

Le Secours Catholique s’inquiète du programme de la droite

L’association rappelle la réalité de l’état du pays aux candidats à la primaire de la droite avec la publication d’un manifeste leur demandant de faire de la lutte contre la pauvreté une priorité. Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, par ailleurs ex-adjointe à la solidarité d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, rappelle dans une lettre adressée aux candidats qu’ « il faut remettre les personnes vivant les situations de précarité au cœur des débats et de la recherche de solutions ». Une campagne contre les préjugés envers les personnes démunies est également prévue dans les prochaines semaines.

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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 17:26
Toujours plus pour les grands patrons
ALEXANDRA CHAIGNON
LUNDI, 14 NOVEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Des salaires dépassant les 500, 600 voire 900 smics… La rémunération des grands patrons français a flambé de 20 % en 2015.

En 2015, les revenus des grands patrons français ont connu des hausses record. Selon le dernier rapport du cabinet de conseil Proxinvest, la rémunération globale des dirigeants des 120 plus grandes entreprises françaises cotées à Paris (SBF 120), qui tient compte de l’ensemble des formes de rémunération (salaire fixe, bonus annuel, jetons, avantages en nature, stock-options et actions gratuites de performance), a augmenté de 20 %, pour atteindre 3,5 millions d’euros en moyenne, l’an dernier. Par comparaison, le salaire net annuel a augmenté de 2,2 % sur un an pour l’ensemble de la population !

Pour les plus grosses sociétés (celles composant le CAC 40), l’écart est encore plus flagrant : leur rémunération moyenne atteint 5 millions d’euros, soit une hausse de 18 %, « ce qui excède désormais la rémunération maximale socialement acceptable, définie à 240 smics par Proxinvest (soit 4,8 millions d’euros) », indique le cabinet de conseil aux investisseurs. Ce dernier note d’ailleurs que cette rémunération plafond souhaitée est aujourd’hui dépassée par 26 présidents exécutifs du SBF 120, contre 16 en 2014.

Et pour la première fois depuis 2005, le salaire des cinq patrons les mieux payés a dépassé les 10 millions d’euros par an. Le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, arrive en tête avec 16,8 millions d’euros, dont 7,2 millions de « prime de bienvenue » octroyée sous la forme d’indemnités et d’actions gratuites de performance. Ce qui équivaut à… 960 smics ! Quant à Carlos Ghosn, le PDG de Renault et de Nissan, il est troisième du classement avec un revenu de 15,6 millions d’euros, soit 891 smics… De fait, les résultats de leurs entreprises n’ayant pas grimpé autant, cette munificence s’explique par les gros paquets d’actions gratuites (+33 %), ainsi que les rémunérations variables (+23 %) accordées aux patrons.

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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 07:17

La Fête de l’Humanité Bretagne a le plaisir de vous inviter au débat:  

 « Identité bretonne et langues de Bretagne, aujourd’hui et demain »

Samedi 3 Décembre 2016 à 17h45 à l’Agora de la Fête

 Avec Georges Cadiou Journaliste, Auteur de «La gauche et la revendication bretonne»

Erik Marchand Chanteur, Musicien, Fondateur du «Kreizh Breizh Akademi»

Vincent Roussel Vice-Président de Diwan

Modérateur : Ismaël Dupont, PCF, Secrétaire Départemental du Finistère

Fête de l'Humanité Bretagne: "Identité bretonne et langues de Bretagne, aujourd'hui et demain", débat du 3 décembre à 17h45 avec Georges Cadiou, journaliste et historien, Erik Marchand, musicien, Vincent Roussel, vice-président de Diwan
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17 novembre 2016 4 17 /11 /novembre /2016 13:43

 

Communiqué de la CGT

 

Élections TPE : les salariés méprisés,

la CNOV bafouée, les syndicats ignorés…

Le gouvernement se ridiculise !

 

La réunion de la commission nationale des opérations de vote (CNOV) convoquée, ce 16 novembre, n’aura été qu’une mauvaise farce !

Alors que cette instance avait la possibilité de prendre les dispositions pour permettre aux salariés des TPE de faire valoir leur droit d’expression à compter du 28 novembre 2016, comme le calendrier électoral le prévoyait, le gouvernement a préféré les prendre en otage d’une stratégie fort malavisée.

En effet, dès l’ouverture de la réunion et sans aucun débat, la presse annonçait le report des élections et les nouvelles dates.

Le ministère, au mépris de toute démocratie, bafouant le rôle de la CNOV, a pris une nouvelle décision unilatérale.

Pourtant, depuis des mois, la CGT et d’autres confédérations ont alerté le gouvernement et ses services, la Direction Générale du Travail (DGT), des risques occasionnés par la légèreté de leur contrôle sur les dépôts de listes.

Cette décision a entraîné la contestation des confédérations CGT, FO, CFE-CGC, CFTC et CFDT devant la justice, sans que la DGT n’anticipe et ne prenne les dispositions nécessaires à assurer le bon déroulement du scrutin !

Le ministère annonce donc que les élections se dérouleront du 30 décembre 2016 au 13 janvier 2017 ! Comment nous faire croire que l’expression la plus large des salariés est recherchée, dans le choix d’une telle période électorale ?

D’autant que le ministère a systématiquement pratiqué l’obstruction à toutes propositions constructives de la part de l’ensemble des confédérations, refusant même l’extension de la période de vote.

La CGT appelle l’ensemble des salariés des TPE à participer massivement aux élections et à voter pour les listes présentées par la CGT. C’est la meilleure réponse à apporter au gouvernement !

 

Montreuil, le 16 novembre 2016

Report des élections professionnelles dans les très petites entreprises: le gouvernement se ridiculise! (communiqué de la CGT)
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16 novembre 2016 3 16 /11 /novembre /2016 13:12

On y est, Emmanuel Macron a présenté sa candidature, une de plus...

Tout dans sa démarche sonne faux, on se croirait dans une (mauvaise) série télévisée sur les Présidentielles où un candidat au sourire colgate venu de nulle part et sans autres idées que celles d'accrocher l'électorat avec les formules populistes et démagogiques les plus rebattues tout en servant les intérêts du monde financier, qui le lui rend bien déjà par anticipation, propagerait ses boniments selon un plan calculé avec des agences de communication et dans un plus parfait mépris de l'électeur et du peuple... Tout sonne faux, tout sonne creux! 

Ce type se prétend ni de droite, ni de gauche, candidat anti-système, parce qu'il sait que c'est un créneau porteur, candidat du pragmatisme et de l'audace contre les conformismes et les routines: ça nous rappelle quelque chose...

Il y a du Lecanuet, Chaban Delmas, du Giscard D'Estaing première manière en lui: comment habiller le vide d'un projet du point de vue des perspectives de progrès social par un verbiage et une communication modernistes...

Il y a chez lui aussi un projet de détruire le PS de l'extérieur quand Valls et Hollande se sont échinés à le détruire de l'intérieur.

L'homme de la banque Rotschild, malheureusement, dans les temps de désorientation politique qui sont les nôtres, et grâce à la bienveillance des médias au service des milliardaires et/ou de l'ordre établi néo-libéral, peut grappiller pas mal de voix, suffisamment en tout cas pour empêcher tout candidat de gauche d'accéder au second tour...

Ce guignol qui exprime bien ce que notre système capitaliste et post-démocratique produit en terme de crise de sens politique se rêve sans doute en troisième homme incontournable dans une recomposition et des projets de rapprochement entre la droite, le centre, le centre-gauche, en cas de rapprochement symétrique entre une partie de la droite et le FN après les élections présidentielles et législatives.    

Peu d'élèves lors de son annonce de candidature au lycée pro de Bobigny. 

Il est vrai qu'ils ne rêvent peut-être pas tous, ces BEP ou Bac Pro Mécanique ou Maintenance, de devenir millionnaires ou de réussir leur vie en s'achetant des costumes à plus de 1000 euros! 

Ismaël Dupont

 

Emmanuel Macron, le candidat de l'oligarchie (par Laurent Mauduit, Médiapart - 11 juillet 2016): habillé pour l'été, le chouchou de la finance!

Macron à l’épreuve des faits

Macron rattrapé par son bilan à Bercy (Médiapart, 13 septembre)

 

 

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16 novembre 2016 3 16 /11 /novembre /2016 12:13

Financement de la sécurité sociale pour 2017

Le droit à la santé est fortement remis en cause par les choix politiques du gouvernement

 

 

mercredi 16 novembre 2016

 

Intervention de Laurence Cohen, Sénatrice du Val-de-Marne (groupe CRC au Sénat) dans le débat du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 :

"Nous abordons donc le dernier Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale de ce quinquennat, et le dernier avant les prochaines élections sénatoriales. Ce PLFSS a été adopté, à l’Assemblée nationale, avec une courte majorité, faut-il le souligner ici ?
Qu’il nous semble loin le temps où en 2011, nous étions parvenus à voter des amendements communs de la gauche, pour proposer de nouvelles recettes au PLFSS 2012.

Vous vous félicitez, Madame la Ministre, d’avoir sauvé la Sécu et vous refusez d’entendre que ce redressement se fait au prix d’une réduction drastique des dépenses de santé.

Je suis attachée, comme tout parlementaire, à une bonne utilisation des fonds publics, mais ici la question qui nous est posée est le respect d’un droit fondamental, le droit à la santé pour toutes et tous. Or, il est fortement remis en cause par les choix politiques que vous défendez. Et puis, nous ne partageons pas la vision tronquée et optimiste de ce sauvetage… 
Tronquée, car, comme cela a déjà été signalé, vous omettez de prendre en compte le fonds de solidarité vieillesse (FSV) dans vos calculs, pour affirmer que le déficit ne sera que de 400 M€. Or, le déficit du FSV est, lui, de près de 4 milliards d’euros.

Optimiste, car comme l’a souligné le Haut Conseil aux finances publiques, les prévisions de croissance sur lesquelles reposent votre équilibre financier sont jugées peu réalistes. Lors de votre audition en commission, vous nous avez expliqué, je cite : « ’l’équilibre de la sécurité sociale n’est pas l’ennemi des droits sociaux. »’ Certes ! Et vous m’avez personnellement répondu que vous étiez parvenue à mettre en place la prise en charge à 100 % de l’IVG et de la contraception pour les mineures, que vous aviez développé le dépistage de certains cancers ou bien encore mis en place la généralisation du tiers payant. Je ne conteste absolument pas que ces mesures ouvrent effectivement des droits nouveaux, mais il me semble que les 4 milliards d’économies attendus sur la branche maladie pour 2017 ne sont guère facteurs ou facilitateurs de droits sociaux. Non seulement, je soutiens ces mesures, comme d’autres avancées contenues dans ce PLFSS, mais faut-il le souligner ici, nous nous sommes mobilisés en leur faveur. Le problème, Madame la Ministre, c’est que pour parvenir à un budget en pseudo équilibre, vous demandez toujours aux mêmes de faire des sacrifices : les assurés sociaux, les patients, les personnels de santé. ce PLFSS 2017.

Car que vous l’admettiez ou non, c’est bien eux directement qui en subiront les conséquences, et tout ceci, pendant que des milliards d’euros sont consacrés au CICE, au CIR dont on ne peut que questionner la pertinence, comme l’ont très bien fait, récemment, mes deux collègues Brigitte Gonthier-Maurin et Marie-France Beaufils dans des rapports sénatoriaux.

D’une manière générale, vous n’avez eu de cesse durant ce quinquennat, et cela est peut-être encore plus emblématique dans ce PLFSS, d’obéir aux exigences de rigueur budgétaire et d’austérité imposées par Bruxelles. Dans ce contexte, comment prétendre que l’accès à la santé est aujourd’hui meilleur qu’en 2012 ? Comment continuer à nier que le renoncement aux soins, pour raisons financières, ou bien par manque de professionnels, est toujours aussi inquiétant ? 
Madame la Ministre, pouvez-vous considérer que l’action du gouvernement, pendant 5 ans, a porté ses fruits pour réduire les inégalités territoriales de santé ou pour améliorer la prise en charge au sein des urgences, qui sont au bord de l’explosion, ou bien encore pour permettre aux médecins de ville de faire face à une surcharge de consultations ?"
... LIRE LA SUITE

Le groupe s’opposera au projet de loi Sécurité Sociale Santé. 

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16 novembre 2016 3 16 /11 /novembre /2016 05:40
Takieddine: «J’ai remis trois valises d’argent libyen à Guéant et Sarkozy»
 PAR FABRICE ARFI, KARL LASKE ET NICOLAS VESCOVACCI

Dans un entretien filmé avec Mediapart, Ziad Takieddine, l’homme qui a introduit Nicolas Sarkozy auprès de Mouammar Kadhafi, avoue avoir apporté au ministère de l’intérieur, fin 2006 et début 2007, plusieurs valises d’argent liquide préparées par le régime libyen, pour un montant total de 5 millions d’euros. « J’ai découvert des choses qui ne méritent plus d’être cachées », déclare-t-il, en annonçant son intention de « raconter exactement les faits à la justice ».

 

Il mime la scène en même temps qu’il parle : « C’est une valise comme ça. Ça souvre comme ça. Et largent est dedans. » Ziad Takieddine, l’intermédiaire qui a introduit Nicolas Sarkozy auprès de Mouammar Kadhafi dès 2005, révèle pour la première fois dans un entretien filmé avec Mediapart et l'agence Premières Lignes qu’il a personnellement remis à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy, fin 2006 et début 2007, plusieurs valises contenant de l’argent liquide préparées par le régime libyen, pour un montant total de 5 millions d’euros.

Ce témoignage en forme d’aveu a été recueilli une première fois le 18 octobre, puis enregistré face caméra samedi 12 novembre, chez lui à Paris. Ziad Takieddine décrit avec précision la livraison des valises d’argent libyen au ministère de l’intérieur, place Beauvau. Il déclare les avoir remises à deux reprises à Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre, dans son bureau, puis une troisième fois, en janvier 2007, à Nicolas Sarkozy en personne, dans l’appartement privé du ministre de l’intérieur.

« Jai découvert des choses qui ne méritent plus dêtre cachées », déclare Ziad Takieddine, qui se dit « libre de parole » et prêt à témoigner devant la justice pour« raconter exactement les faits de lintérieur ». « Je veux dénoncer l’État mafieux dans lequel on est en train de vivre. Je nen peux plus », déclare-t-il, évoquant ce qu’il a « vu depuis 1993 jusquà aujourd’hui ».

Lors de l’enquête sur l’affaire Karachi et les ventes d’armes au Pakistan et à l’Arabie saoudite entre 1993 et 1995, Takieddine, qui servait de go-between aux politiques et industriels français, avait déjà avoué aux juges avoir remis des fonds au clan Balladur dans la perspective de la présidentielle de 1995. Renaud Donnedieu de Vabres, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire – collaborateurs respectifs des ministres François Léotard et Nicolas Sarkozy et du premier ministre Édouard Balladur – ont d’ailleurs été renvoyés devant le tribunal correctionnel par la justice dans ce dossier, qui a été dépaysé à Lyon.

Dans l’affaire libyenne, Ziad Takieddine a, dès l’origine, servi d’introducteur à Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’intérieur, en préparant sa première visite à Tripoli et sa rencontre initiale avec Mouammar Kadhafi, en octobre 2005. À raison d’un ou deux voyages en Libye par mois à compter de cette date, il s’est chargé de la signature de nombreux contrats sécuritaires ou pétroliers, en concertation permanente avec Claude Guéant, comme l’ont montré des documents déjà publiés par Mediapart.

Les valises d’argent que Ziad Takieddine s’accuse d’avoir transportées à Paris lui auraient été remises à Tripoli par l’un des chefs des services secrets libyens, Abdallah Senoussi, un proche de Mouammar Kadhafi dont il était le beau-frère par alliance.

Le 9 mai 2012, Takieddine avait déjà déclaré aux juges « tout à fait crédibles » les« informations révélées par la presse au sujet du financement de la campagne de M. Nicolas Sarkozy de 2007 à hauteur de 50 millions d’euros ». Un an plus tard, le 18 décembre 2013, il avait expliqué sur procès-verbal qu’à l’issue de la première visite de Nicolas Sarkozy, en 2005 à Tripoli, Abdallah Senoussi lui avait fait part de l'appétit financier de Nicolas Sarkozy dans la perspective de l'élection de 2007.

Un an plus tôt, en 2006, lorsque les Libyens demandent à Ziad Takieddine d’opérer des remises d’espèces à Paris, c’est sous couvert de l’activité des services spéciaux libyens, que supervise Abdallah Senoussi, raconte aujourd'hui l’homme d’affaires franco-libanais.

« Mon commentaire est simple, a réagi Claude Guéant, sollicité par Mediapart. Je n’ai jamais reçu d’espèces du gouvernement libyen, non plus de quiconque d’autre du reste. Je n’en ai pas davantage vu passer. Le prétendre est mensonger et diffamatoire. »Contacté, l’entourage de Nicolas Sarkozy n’a pas voulu réagir.

Les faits avoués aujourd’hui par Takieddine avaient déjà été évoqués par Abdallah Senoussi dans le cadre d’une procédure secrète devant la Cour pénale internationale (CPI), dont Mediapart a révélé la teneur le 7 novembre dernier. Or, Takieddine avait confié exactement le même récit au journaliste Nicolas Vescovacci (lire notre Boîte noire), quelques jours plus tôt, le 18 octobre, à une date où l’intermédiaire ne pouvait pas connaître matériellement l’existence du PV de Senoussi devant la CPI.

Lors de son audition devant la CPI le 20 septembre 2012 (récemment transmise aux juges français), l’ancien dignitaire libyen affirmait avoir « personnellement supervisé le transfert » d’une somme de 5 millions d'euros, « pour la campagne du président français Nicolas Sarkozy en 2006-2007 ». Il précisait que ce transfert avait été réalisé « via un intermédiaire français, en la personne du directeur de cabinet du ministre de l’intérieur »et « un second intermédiaire, le nommé Takieddine, un Français d’origine libanaise installé en France ».

« À ce propos, je dois préciser que Sarkozy m’a, en personne, demandé déviter que Saïf Kadhafi ou Bachir Saleh ne soient mis au courant, avait ajouté Senoussi. Et jusquà la livraison de la somme, rien na en tout cas filtré. Mais je confirme que cette somme a bien été réceptionnée par Sarkozy. » C’est donc ce récit que Ziad Takieddine confirme désormais, au risque de s’auto-incriminer devant la justice.

« C’est une valise avec un zip en cuir marron »

Abdallah Senoussi était, côté libyen, l’un des artisans du rapprochement Kadhafi-Sarkozy. Il espérait que la France pourrait l’amnistier, ou en tout cas revenir sur la condamnation à perpétuité prononcée contre lui à Paris, en 1999, dans l’affaire de l’attentat contre le DC-10 d’UTA. Nicolas Sarkozy et son équipe en avaient non seulement accepté le principe, mais ils avaient confié le dossier à Thierry Herzog, l’avocat personnel du ministre devenu président, comme Mediapart en avait apporté la preuve ici.

Les listings des déplacements de Ziad Takieddine, désormais entre les mains de la justice, confirment ses nombreux allers et retours Paris-Tripoli entre novembre 2006 et janvier 2007 : les 16-17 et 27 novembre 2006, le 6 décembre 2006, les 15 et 26-28 janvier 2007. Sous réserve des vérifications que ne manqueront pas de faire les enquêteurs, ces voyages rendent matériellement possibles les transferts de fonds évoqués par Takieddine.

  • LA PREMIÈRE VALISE
  • La première remise d'espèces remonterait à novembre 2006. C’est Abdallah Senoussi qui aurait demandé à Takieddine d’opérer ces versements d’argent.

    « Un jour, M. Senoussi me demande si je peux être celui qui transporte ces sommes à Claude Guéant, de lintérieur. À ce moment-là, je dis “si cest bon, cest bon”. Mais comment faire rentrer ça en France? Il me dit : “Le ministère de lintérieur sera informé et donc tu rentres, il ny a pas de problème” », raconte Takieddine. La première fois, c’est Hameda Senoussi, le frère d’Abdallah, qui se présente avec l’argent en espèces. Abdallah Senoussi explique à Takieddine : « Voilà, il tamène une valise pour que tu la ramènes en France demain à Monsieur Guéant. »

     

     

  • Cette valise contient à peu près 1,5 million d'euros « en billets de cinq cents », et« quelques liasses de deux cents ». Des billets « totalement neufs ! », selon Takieddine.

    L’intermédiaire a ouvert la valise et regardé ce qu'il y avait à l'intérieur. « Je nai pas compté, jai ouvert et jai vu, précise-t-il. Je me suis fait un plan dans ma tête pour savoir ce que jallais mettre dessus pour cacher, si javais de la place. Il [Senoussi] me dit : “Ne vous inquiétez pas, de toute manière les services sont prévenus… Vous rentrez avec, vous le livrez à M. Guéant et vous nous confirmez quand cest reçu !” »

    L’intermédiaire est conduit à l'aéroport de Tripoli par l'officier de sécurité d’Abdallah Senoussi qui reste avec lui jusqu'à l’embarquement. Il prend un vol Tripoli-Paris « des plus classiques et normaux », le vol quotidien affrété par la compagnie Afriqiyah Airways. Il arrive à Paris. Son chauffeur l’attend à l’aéroport. Il passe les contrôles sa valise à la main, « comme nimporte quel passager ».

    Les Libyens l’ont assuré qu’il passerait la frontière sans problème : « Tout le monde est avisé. Ils vous attendent. Donc je leur fais confiance. Jai confiance en Senoussi. »

    « Dans ma voiture, je téléphone à M. Guéant, poursuit Takieddine, et je lui donne rendez-vous immédiatement. » Il est reçu immédiatement. Il se rend place Beauvau, au ministère de l'intérieur.

    « Et je sors de la voiture avec la valise. Et je rentre par la porte principale. Je donne mon nom. Je sais que je suis attendu. Je rentre directement. On maccompagne chez Monsieur Guéant. » L’intermédiaire a sa valise à la main. « C’est une valise avec un zip en cuir marron. C'est un grand sac marron. »

    Ziad Takieddine connaît les lieux. « Je rentre, explique-t-il. Vous allez en face vous avez les escaliers principaux où vous avez le grand bâtiment. Et le bâtiment collé et une autre entrée à droite. Au premier étage, cest le bureau de Monsieur Guéant. »

  •  

    Il fait son entrée dans le bureau du directeur de cabinet. « Il sort de derrière son bureau,poursuit Takieddine. On parle un tout petit peu. Il voit où jai laissé la valise. Et voilà. »Guéant « sattendait » à cette remise, d’autant qu’elle s’effectue sans commentaire si l’on en croit l’intermédiaire.

    Takieddine laisse la valise dans le bureau : « À côté de l'armoire là, je la laisse, dit-il. À lui de se débrouiller. Je nai pas à savoir où il va la mettre… » Claude Guéant ne l'ouvre pas devant son visiteur. Aussitôt la valise déposée, Takieddine ne songe qu’à « partir, fuir… ». « Ça ne mintéresse pas du tout. Je sors, je monte dans ma voiture. Et je suis allé déjeuner. Et voilà. »

    • LA DEUXIÈME VALISE

    Le deuxième voyage s’effectue sur le même mode. Mais chez Abdallah Senoussi, l’intermédiaire constate que tout est prêt. « Cétait la même valise. Et moi dailleurs jai dit : “Est-ce que vous avez des valises destinées à ce genre… parce que cétait la même !” »

    Cette fois, l’intermédiaire évalue son contenu à deux millions d’euros. À l’arrivée à l’aéroport, il appelle encore Claude Guéant. « Javais un numéro de téléphone sur lequel il me répondait tout le temps. [C’est] un numéro de téléphone quil a conservé jusquà la présidence et après… où il mavait promis de ne jamais le changer pour moi… »

    « J’ai transporté un total de 5 millions d’euros »

    À l’arrivée au ministère, il y a un léger changement : « Je devais me diriger vers M. Guéant et là on me dit qu’il faut quon me dirige ailleurs. Et là je vois M. Guéant qui nous amène chez M. Sarkozy. Qui est dans un bureau. Donc je dépose la valise, le truc… Guéant le prend. Et je vois Sarkozy et il me dit : “La prochaine fois vous venez chez moi direct !” »

    Claude Guéant laisse la valise dans son bureau. « Il nouvrait jamais la valise, pas devant moi en tout cas, dit Takieddine. Je ne sais pas ce quil en faisait après. Il la ramenait chez lui, il la montée dans un coffre. Je nen sais strictement rien. »

    L’intermédiaire s’est installé. Il a posé la valise là où il pouvait. Il a échangé quelques mots, « comme sil ny avait pas de valise », sur des dossiers en cours – c’est l’époque où Takieddine envoie de nombreuses notes à Guéant. « Et je men vais comme sil ny avait pas de valise », conclut-il.

    Ce jour-là, Takieddine ne s’attendait pas à voir le ministre. C’est en passant par un salon qu’il a vu Sarkozy sortir. « Il me dit “essayons de se voir la prochaine fois, passez directement chez moi” », précise Takieddine. C’est ce qu’il a fait la fois suivante.

    À chaque fois, Ziad Takieddine « rend compte » de son voyage à Abdallah Senoussi. « Et il pose des questions : “Comment ça sest passé ? Quest-ce quil a pris ? Est-ce quil les a comptés ?” »

    L’intermédiaire dit qu’il « sait très bien » qu’il a « transporté de cette manière un total de 5 millions deuros pour les échanges de services ».

    LA TROISIÈME VALISE

    Elle doit contenir 1,5 million. Mais « je nai compté ni là, ni là ! », assure-t-il.

    La dernière remise aurait eu lieu en janvier 2007. « Moi, jai pris le rendez-vous avec M. Guéant », poursuit l’intermédiaire. Mais cette fois, il se rend « directement en haut au premier étage », où il y a « un appartement ». L’appartement privé du ministre. C’est un endroit qu’il connaît parce qu’il y a déjà rencontré Nicolas Sarkozy. Il y est venu pour téléphoner avec le ministre de l’intérieur à son homologue saoudien, le prince Naïef, en 2004. Lorsqu’il espérait vendre le système de surveillance des frontières au royaume saoudien – des tractations qui avaient été stoppées sur l’ordre du président Chirac. C’était un dimanche après-midi.

    Nicolas Sarkozy est là. Takieddine et le ministre échangent un « Bonjour ». L’échange avec Nicolas Sarkozy dure quelques minutes : « Il me parle, il me dit : “Quest-ce quon fait à propos de ces nurses, de ces infirmières [bulgares – ndlr] ?” » Takieddine a posé la valise, cette fois encore.

    « À lentrée, il y a quelque chose de rectangulaire, qui est très profond, comme un salon, qui est en longueur. » La valise est posée dans un petit salon, « contre le mur ». Nicolas Sarkozy sait-il ce qu’elle contient ? « Ça franchement, bien sûr ! », s’exclame Ziad Takieddine. En tout cas, le ministre de l'intérieur n’a pas ouvert la valise. « Ni ouvert, ni vérifié, ni rien du tout. On parlait tout de suite dautre chose. »

    Dans quel état d'esprit se trouve l’intermédiaire à ce moment là ? « Comme dhabitude, je suis serein », déclare-t-il. Comment sent-il le ministre, nerveux ?« Non, non, il est faux ! Il est faux ! Cest quelquun qui est faux ! », explose-t-il. Mais « en 2006-2007, pour moi, Sarkozy était toujours un champion », confie-t-il aussi. Les deux hommes se disent au revoir. Cette fois, Takieddine n’a pas croisé le directeur de cabinet.

    L’image du « champion » s'est éclipsée. L'intermédiaire reproche désormais à Nicolas Sarkozy les « bains de sang » et « la guerre déclenchée en Libye ». Le 5 mars 2011, Ziad Takieddine avait été arrêté par les douanes au Bourget, de retour de Tripoli où il avait accompagné des journalistes du JDD partis interviewer Kadhafi. L’homme d’affaires était porteur d’une valise contenant 1,5 million d’euros, de l’argent non déclaré provenant de ses affaires personnelles avec le régime, explique-t-il.

    Selon ses explications aux juges en mai 2012, il était« également porteur dun message de M. Kadhafi à lattention de M. Guéant » : en substance, que la France ne s’ingère pas, qu’il voulait « préserver lintégrité de la Libye et éviter une guerre civile » et qu’il allait « quitter le pouvoir ». « Je nai pas pu transmettre ce message puisque jai été interpellé à mon retour au Bourget, avait poursuivi Takieddine. Je suis convaincu que jai fait l'objet de cette interpellation et une fouille corporelle par le fait que M. Guéant était persuadé que je détenais des preuves de ce financement » – « les éléments » dont allaient faire état Mouammar Kadhafi et son fils Saïf al-Islam dans les jours précédant l’offensive occidentale.

    « Il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale, allait expliquer le fils de Kadhafi. C’est nous qui avons financé sa campagne et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler. »

     

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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 13:13
hôpital de Morlaix (photo Ouest-France)

hôpital de Morlaix (photo Ouest-France)

8 français sur 10 inquiets sur le système de santé

mardi 15 novembre 2016

Selon un sondage Odoxa publié le 14 novembre, la dégradation du système de santé est anticipée par plus des trois quart des français.

Pour 80 % des personnes interrogées, ce système sera à l’avenir "plutôt moins bon qu’il ne l’est actuellement".

Ils sont 76 % à estimer que la préservation de l’assurance maladie devrait être "une priorité de l’action du prochain président".

Cette question se place en quatrième position derrière la lutte contre le chômage ou le terrorisme (86 %) et le combat contre l’insécurité (80 %).

Selon l’enquête, les personnes interrogées ont une bonne image de leur système de santé, ainsi que de ses acteurs : plus des trois quarts pensent que la France est "en meilleure situation des ses voisins européens". 67 % jugent que le système français est meilleur que ceux de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Espagne et de l’Italie.

Une image "exceptionnellement bonne" souligne l’étude.

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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 13:11

Michel Le Scouarnec, sénateur du Morbihan

"On sait combien la situation financière des départements est précaire du fait de l’explosion des dépenses sociales"

mardi 15 novembre 2016

Concernant la politique social des départements et l’avenir de la protection de l’enfance Michel Le Scouarnec (groupe CRC) a écrit à la Ministre des Familles, de l’enfance et des Droits des femmes :

"Madame la Ministre,

Je souhaite attirer votre attention sur la politique sociale des Départements, et précisément sur la protection de l’enfance.

Dans l’histoire des réformes territoriales, c’est par la loi « Defferre » du 22 juillet 1983 que le département s’était vu confier la compétence de l’aide sociale à l’enfance, puis la loi du 5 mars 2007 réformant la protection sociale avait réaffirmé le rôle central du Département, notamment dans le recueil des informations, créant des observatoires départementaux de la protection de l’enfance.

L’importante réforme territoriale engagée par votre Gouvernement, si elle modifie l’architecture territoriale de la République et réorganise les compétences des Régions, Départements, Collectivités locales, ne marque pas une réorganisation d’ampleur de la compétence sociale.

Ainsi La loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, dite « loi MAPTAM », fait des Départements le niveau de collectivité chef de file en matière d’action sociale et de développement social. La loi NOTRe, du 7 août 2015 précise que « les Départements sont compétents pour mettre en œuvre toute aide ou action relative à la prévention ou à la prise en charge des situations de fragilité, au développement social, à l’accueil des jeunes enfants et à l’autonomie des personnes ».

Si le texte supprime la clause générale de compétence pour les Départements et les Régions, il réaffirme que « le Département reste responsable des compétences de solidarité dont les politiques relatives à la protection de l’enfance et à l’adoption. »

Malheureusement on sait combien la situation financière des Départements est précaire du fait de l’explosion des dépenses sociales.

Dans sa dernière enquête annuelle sur les dépenses sociales des Départements, en date du 21 juin 2016, l’Observatoire National de l’Action Sociale (ONAS), note que celles-ci représentent toujours 65% des dépenses totales de ces collectivités.

Le rapport révèle également que la charge nette relative aux dépenses sociales a augmenté, sur la période 2010-2015, deux fois plus vite que l’ensemble des autres dépenses des collectivités : +25% contre +11%. Concernant les dépenses en faveur de l’aide sociale à l’enfance en 2015, elles étaient de 7,2 milliards hors personnel (+ 2,7).

Face à ce constat, Les Départements sont contraints de revoir à la baisse, voire abandonner, d’autres politiques (soutien aux communes, subventions aux associations…), y compris dans le domaine social, notamment sur les politiques de prévention.

A ce sujet, les équipes de professionnels qui exercent au sein de services de l’Aide Sociale à l’Enfance (éducateurs, psychologues, gestionnaires, assistants familiaux etc.) sont aujourd’hui très inquiets pour l’avenir de la Protection de l’Enfance.

J’ai moi-même été alerté par le personnel de l’Aide Sociale à l’Enfance au centre Médico-Social d’Auray, de la décision du Président du Conseil Départemental du Morbihan, au 31 août 2016, de ne pas renouveler le contrat de certains psychologues du Services de l’Aide Sociale à l’Enfance, une restructuration plus générale des postes de psychologue de ce même service étant également envisagée.

D’autres Conseils départementaux voisins auraient déjà pris des décisions similaires, contraints de poursuivre leurs efforts de rationalisation dans la gestion des compétences sur lesquelles ils peuvent agir. Pourtant, les fonctions exercées par les psychologues au sein des services de l’Aide Social à l’Enfance jouent un rôle primordial dans la prévention qui seule, à terme, viendra atténuer les besoins en action sociale.

En France, chaque année, près de 150 000 enfants sont confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance des départements suite à une décision de placement prononcée en raison de maltraitance, de problèmes sociaux et éducatifs. Depuis la décentralisation des progrès incontestables ont été réalisés : diversification des services offerts aux familles, respect du droit de l’enfant et des parents, développement d’un travail social de proximité … Mais le système de protection de l’enfance est fragile ; ce qui a été construit en plusieurs décennies pourrait être déconstruit par des choix de politique publique.

Je sais pouvoir compter sur tout votre engagement à œuvrer en faveur d’évolutions institutionnelles qui consolident la mission publique d’aide sociale à l’enfance et contribuent à bâtir une société qui avance dans le sens du progrès social.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie de croire, Madame la Ministre, en l’expression de mes meilleurs sentiments."

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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 09:09

Donald Trump, entre autres monstruosités, a vociféré que le réchauffement climatique était une invention des Chinois pour déstabiliser l'Amérique, et j'ignore si, au pouvoir, il va continuer sur cette lancée. Le déni est un refuge de l'esprit bien connu, et les médias d'outre-Atlantique en savent quelque chose. Eh bien, moi aussi. Car il y a trois semaines, j'ai écrit ici même que le gouvernement s'apprêtait à prendre un arrêté réglementant l'épandage de pesticides agricoles afin de diminuer les effets des produits chimiques cancérigènes, mutagènes, etc. Je précisais benoîtement que, malgré les couinements de la FNSEA, une zone tampon protégerait les riverains, les points d'eau, et qu'un délai d'attente obligatoire de 24 ou 48 heures serait fixé afin que les agriculteurs eux-mêmes ne soient atteints par leurs propres émanations. J'ai cru tout cela parce que cela circulait, et je dois aujourd'hui battre ma coulpe, tout autant que les éditorialistes du New York Times et du Washington Post.

 Il s'avère, en effet, que le ministère de l'Agriculture, suivi par celui de l'Écologie, semble (restons prudents) avoir totalement retourné sa veste. Le nouvel « arrêté phyto » se contentera de proroger les dispositions antérieures, c'est-à-dire de recommander la prudence auprès des crèches, des maisons de retraite, des terrains de sport, des parcs publics.

La capitulation est totale. En rase campagne, si j'ose dire. La justice vient pourtant de mettre en examen, le 17 octobre, le Château Escalette et le Château Castel la Rose, maisons viticoles accusées d'avoir intoxiqué les voisins immédiats en 2014. Pour la seule période 2013-2014, les ventes de pesticides, en France, ont augmenté de 16 % selon des chiffres très officiels. Y a-t-il un décideur politique pour s'en émouvoir ? Y a-t-il un ministre au(x) ministère(s) ? Il faut croire que non, en la matière. Le vrai gestionnaire de ces dossiers s'appelle Xavier Beulin et est président de la FNSEA. À ce titre, il cogère la politique agricole française, ou plutôt il la gère. C'est ce que dénoncent la Fondation Nicolas Hulot, la Fédération nationale d'agriculture biologique, France nature environnement, et autres associations qui, apparemment, ne pèsent guère. Trump se vautre dans le déni. Mais nous, dans quoi nous vautrons-nous?
 

Pesticides: "Poison à gogo" - courant d'ère d'Hervé Hamon, Le Télégramme - 13 novembre 2016
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