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Dans une lettre ouverte, les édiles de la Coopérative des élu·e·s communistes, républicain·e·s et citoyen·ne·s (Coop CRC), « urgentistes d’une République essorée », exigent un débat national « sur la cohésion territoriale, contre les discriminations et les précarités »
Devant les images accablantes et inadmissibles de la mort d’un jeune de 17 ans, Nahel, tué à bout portant par un policier, notre pays a basculé dans la violence. Nous, maires, avec les élus locaux et les agents des services municipaux, avons passé ces derniers jours et nuits à jouer à la fois les médiateurs et les urgentistes d’une République essorée, fracturée, fracassée. Drame après drame, il semble que notre pays n’en retienne aucune leçon. Les faits sont durs : nous constatons depuis vingt ans une dégradation des rapports entre la police, la population et la jeunesse, avec des phénomènes de brutalité, associés aux discriminations, qui touchent le reste de nos institutions. Les discours guerriers contre la délinquance ne sont que poudre aux yeux pour mieux cacher les baisses d’effectifs de la police nationale et le démantèlement des renseignements généraux. Dans nos villes, les commissaires en place nous confient chaque semaine leur dépit face au manque de moyens. Comme le reste des services publics, la police est victime des politiques néolibérales, du profit roi. Il faut aussi redonner les moyens à la justice, en particulier celle des mineurs, d’être efficace.
Nous avons besoin d’un grand débat national pour permettre à la police de servir le peuple, et lui en donner les moyens. Il faut changer les conditions de formation des agents et leur doctrine d’engagement. Il faut dire et redire que les habitants des quartiers populaires sont les premières et principales victimes de ces violences urbaines, qui ne servent aucune cause et que nous dénonçons. Les cibles sont des transports publics qui sont ceux qu’eux-mêmes, ou leurs parents, empruntent pour aller travailler, les écoles où leurs frères et petites sœurs construisent leur avenir, des mairies où leur famille se rend au quotidien.
Dans une triste ironie, les services publics de proximité ne sont pas épargnés par une jeunesse désemparée, sans perspective, et qui voit ses parents s’acharner au travail pour des salaires de misère qui ne leur permettent pas de vivre dignement. Le travail doit être synonyme de fierté et d’émancipation.
Le rapport Borloo « Vivre ensemble – vivre en grand la République, pour une réconciliation nationale » a subi un enterrement de première classe. Nous, élus locaux, porte-voix des habitantes et habitants, avec les associations, avions travaillé à cette réconciliation nationale. Une occasion manquée par le pouvoir. Dans beaucoup de nos banlieues, nous sommes passés de la pauvreté à la misère sous l’effet du Covid et de la crise énergétique. Dans le logement social, la régularisation annuelle des charges est synonyme de 13e mois de loyer. Le taux de chômage y est 2,7 fois supérieur à la moyenne nationale, dans un environnement de plus en plus invivable sous l’effet du réchauffement climatique.
Dans nos campagnes, les services publics essentiels sont réduits à peau de chagrin. Santé, loisirs, éducation, gendarmerie… tous sont exsangues, dommages collatéraux de la notation financière internationale. Tous ces facteurs ont permis à l’idéologie nauséabonde de l’extrême droite de se développer. Cela doit cesser ! Il n’y a pas de territoires « perdus » de la République. Il existe aujourd’hui une « République » qui exclut les habitants des banlieues comme elle exclut la France rurale où la crise des gilets jaunes avait débuté. L’ONU nous a régulièrement alertés sur les dérives de notre système « tout-répressif ». Plus que jamais, nous avons besoin d’une politique nationale et des moyens pour rétablir la cohésion nationale. Les choix libéraux ont précipité notre société vers l’individualisme et la précarité : les droits élémentaires à l’éducation, à la sécurité, à la santé, au logement, aux transports, au sport, à la culture et à l’emploi doivent être une réalité garantie par l’État et par les politiques des gouvernants. Les services publics sont les premiers vecteurs d’égalité et de justice de notre pays. Il faudra également garantir aux collectivités un fonds d’urgence pour la réparation des dégâts.
Nous exigeons un travail en profondeur pour arracher les racines du mal que sont l’inégalité républicaine et l’absence de cohésion sociale. Nous demandons au président de la République qu’il entende le cri d’une partie de la jeunesse et des élus locaux. Qu’il y réponde par l’organisation d’un débat national sur la cohésion territoriale, contre les discriminations et les précarités afin de fonder le rassemblement républicain autour de solutions durables de progrès.
Ainsi nous construirons avec tous les citoyen·ne·s la République que notre pays mérite.
Vive la liberté, vive l’égalité, vive la fraternité !
Les Signataires :
RIO Philippe, Maire de Grigny, 91
BESSAC Patrice, Maire de Montreuil, 93
LECLERC Patrice, Maire de Gennevilliers, 92
BARRE Stéphane, Maire de Oissel, 76
BONNEFOY Cyrille, Maire de La Ricamarie, 42
BELSOLA Laurent, Maire de Port-de-Bouc, 13
BELHOMME Jacqueline, Maire de Malakoff, 92
QUENNESSON Julien, Maire de Somain, 59
ROSSO Georges, Maire de du Rove, 13
FAVERJON Christophe, Maire d’Unieux, 42
CHARROUX Gaby, maire de Martigues, 13
BONY Vincent, maire de Rive de Gier, 42
MOISE Joachim, Maire de Saint-Etienne du Rouvray, 76
BOUYSSOU Philippe, Maire d’Ivry sur Seine, 94
CORZANI Olivier, Maire de Fleury-Merogis, 91
DAUMIN Stéphanie, Maire de Chevilly-Larue, 94
MARION Joel, Maire de Compans, 77
AUZOU Jacques, Maire de Boulazac-Isle-Manoir, 24
OLLIVIER Corinne, Maire de Vierzon, 18
SULLI Renzo, Maire de Echirolles, 38
HAUTIN Maryvonne, Maire de Saran, 45
AMIABLE Marie-Hélène, Maire de Bagneux, 92
BLANDIOT-FARIDE Charlotte, Maire de Mitry-Mory, 77
PRAT Claude, Maire de Glenat, 15
BEURIOT Valéry, Maire de Brionne, 27
ANDRE Sylvain, Maire de Cendras, 30
PARNIERE Jean-Claude, Maire de Soumans, 23
GINIES Michel, maire de Damparis, 39
LEPROUST gilles, Maire d’Allonnes, 72
MORETTO Richard, Maire de Le Sautel, 09
CERCEL Agnès, Maire de Tourville-la-Rivière, 76
PETIT Arnaud, Maire de Woincourt, 80
FOURNIES Valerie, Maire de Fresnes-sur-Escaut, 59
FOURNIER Maryline, Maire d’Arques-la-Bataille, 76
BARRIER jean François, maire de Velzic, 15
DE WINTER Damien, Maire de Giberville, 14
COUSSEAU Helene, Maire de Lesperon, 40
ALBIN Noël, Maire de Touët de l’Escarène, 06
LUCAS Maryline, Maire de Guesnain, 59
ALBIN Noël, maire de Touët de l’Escarène, 06
CHAMPIRE Christian, Maire de Grenay, 62
THOUVENIN Daniel, maire de Villorceau, 45
MUZETTE Thierry, maire de Sainte-Anne Saint-Priest, 87
BOUVIER Gilbert, Maire de Gilhac et Bruzac, 07
DASSA Emmanuel, Maire de Briis-sous-Forge, 91
POUX Gilles, Maire de La Courneuve, 93
CORBIER Emile, Maire de Chamborigaud, 30
ABATE Patrick, Maire de Talange, 57
LEON Jean-Marc, Maire de Joudreville, 54
SICOT Olivier, Maire de Varennes Vauzelles, 58
PICARD Michelle, Maire de Vénissieux, 69
LANGLOIS Nicolas, Maire de Dieppe, 76
PICANDET Nicole, Maire de Vieure, 03
TORDJMAN Patricia, Maire de Gentilly, 94
TALLET Maud, Maire de Champs-sur-Marne, 77
SARRABEYROUSE Olivier, Maire de Noisy-le-Sec, 93
SASSO Marc, Maire de Chambon, 30
BARBIER Michel, Maire de la ville d’Eu (76)
LEBOUC Michel, Maire de Magnanville, 78
BRUNEAU Alban, Maire de Gonfreville l’Orcher, 76
SPIZAK Pierrick, Maire de Villerupt, 54
MOURARET Maire de Dives-sur-Mer, 14
AUBREE Pascal, Maire de Bussy-lès-poix, 80
ESTIENNE Claude, maire du Chaffaut-Saint-Jurson, 04
GAUTHIER Jean-Marc, Maire de Vaulnaveys-le-Bas, 38
SERPEDES Claude, Maire de Saint-Martin-de-Valgalgues, 30
NEDJAR Djamel, Maire de Limay, 78
CLEMENT Bernard, Maire de Domessargues, 30
LOPEZ DUBREUIL Julie, Maire de Saint-jean-du-Pin, 30
BOUIS Florence, Maire de Molières-sur-Cèze, 30
PERRON Patrick maire d’Algrange, 57
BEUILLE Michel, Maire d’Aussonne, 31
SAN ANDRES Thierry, Maire de Saint Benoit de Carmaux, 81
BONNARGENT Alexis, Maire de Vidouze, 65
CHAMBON Denis, Maire de Saint Alban, 38
MOLINO André, Maire de Septeme-les-Vallons, 13
QUEIROS David Saint Martin d’Hères, 38
MORERE André Maire de Saint-Hilaire, 31
BONNERY Alain, Maire de Nebias, 11
BOISSET Francois, Maire de Riom, 15
THOUVENIN Daniel, Maire de Villorceau, 45
BASQUIN Alexandre, Maire d’Avesnes-les-Aubert, 59
RENOIR Gilles, Maire de Fays La Chapelle, 10
BENEZECH Patrick, Maire de Mus, 30
PEREZ Jean-Pierre, Maire de Vendres, 34
COLBAC Francis, Maire de Trélissac, 24
COHARD Roger, Maire du Cheylas, 38
RANNOU Jacques, Maire de Kernével, 29
ANDRIUZZI Jean-Michel, Maire de Montpezat, 30
MERCIER Michel, Maire du Martinet, 30
GARCIA Nicolas, Maire d’Elne, 66
JACQUES Laurent, Maire du Tréport, 76
MOREL Christine, Maire d’Harfleur, 76
GAUTRAIS Jean-Philippe, Maire de Fontenay-sous-Bois, 94
SONREL Christophe, Maire de Damelevières, 54
ASSENSI François, Maire de Tremblay-en-France, 93
GARZON Pierre, Maire de Villejuif, 94
BOSINO Jean-Pierre, Maire de Montataire, 60
OZTORUN Dénis, Maire de Bonneuil-sur-Marne, 94
Le président de l'Association des maires de France (AMF) et maire de Cannes, David Lisnard, a lancé un appel aux maires pour le retour à la paix civile et donne rendez-vous ce lundi à midi aux élus et à la population devant toutes les mairies du pays. Cet appel fait suite à l'attaque à la voiture-bélier du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), survenue dans la nuit de samedi à dimanche.
Alors que le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun, a subi dans la nuit de samedi à dimanche une attaque à la voiture-bélier incendiaire, obligeant sa famille à fuir, le président de l’Association des maires de France, David Lisnard, lance un appel aux élus et à la population pour se rassembler ce lundi à midi devant les mairies.
Cet appel devrait se traduire, sur notre territoire par des rassemblements devant les mairies.
Mais au vu des délais entre l'appel national de l'AMF (Association des Maires de France) daté du dimanche 2 juillet et la date de l'action fixée au lundi 3 juillet, il n'est pas sûr que cela va se traduire partout.
Au niveau de Morlaix Communauté une concertation est lancée pour réfléchir à une action commune.
Renseignez-vous et soyons y présents (si un rassemblement se tient).
Mardi dernier, à Nanterre dans les Hauts-de-Seine, un contrôle routier opéré par deux policiers a débouché sur la mort de Nahel, tué par un tir au thorax de l’un d’eux.
Face à ce décès d’un jeune de 17 ans, l’émotion des communistes du pays est immense. Nous adressons nos condoléances à la famille et aux proches de la victime. Nous saluons la mobilisation massive, digne et sereine, de jeudi dernier à Nanterre et apportons notre soutien au maire, Patrick Jarry et à toute l’équipe municipale.
Après les premières auditions, le policier auteur du tir a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention préventive. Nous appelons à ce que toute la lumière soit faite sur le contrôle et le tir meurtrier du policier dans les meilleurs délais pour que la justice soit rendue.
Un refus d’obtempérer ne doit pas entraîner la mort ! La loi de 2017, qui élargit la possibilité d’utilisation de leur arme par les agents de police, doit être abrogée. Les parlementaires communistes avaient voté contre en dénonçant les dérives possibles. Les actes et propos racistes, pointés par le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, à l’encontre de jeunes par certains policiers doivent être sévèrement sanctionnés. Le débat public doit s’ouvrir pour engager au plus vite une politique progressiste, de proximité, pour la tranquillité publique avec une police républicaine proche des citoyens, au service de leurs attentes et de leurs besoins.
Sur la sécurité, comme sur l’ensemble des politiques publiques, des millions d’habitantes et d’habitants, de jeunes, de salarié·es, sont abandonnés par la République et n’ont pas droit au respect, à la dignité, à la justice, à un logement décent, à une éducation, à la culture et aux loisirs, et un emploi de qualité.
Cette situation n’est plus supportable ! Elle est le résultat de décennies de politiques néolibérales, au service du capital et au détriment des travailleuses et travailleurs du pays, et de discriminations.
Le PCF soutient « l’appel pour la jeunesse populaire » porté par plusieurs syndicats et associations exigeant « un plan ambitieux » pour répondre à l’ensemble des problèmes auxquels elle est confronté.
Le PCF appelle à un Grenelle pour l’égalité des territoires et contre toutes les discriminations, rassemblant tous les acteurs et actrices des communes et quartiers concernés, pour qu’enfin une politique à la hauteur des enjeux soit décidée et mise en œuvre avec eux.
Nous présenterons mardi 4 juillet les premières propositions que nous mettons en débat, comprenant :
Nous partageons la colère de toutes celles et ceux qui ont vu les images terribles du contrôle et du tir diffusées sur les réseaux sociaux.
Elle appelle une mobilisation puissante et pacifique pour obtenir la vérité et la justice pour Nahel.
Elle ne peut en aucun cas légitimer les violences de ces derniers jours !
Nous condamnons fermement toutes les violences contre les personnes et les biens, les tirs de mortiers et de cocktails Molotov, qui ont bouleversé la vie de milliers d’habitantes et d’habitants de quartiers populaires, et les pillages des commerces.
La dégradation des mairies et du mobilier urbain de nos communes, des écoles de nos enfants et d’autres services publics, des équipements associatifs (maison de quartier, centre social…), des commissariats de nos quartiers, des voitures personnelles de salarié·es, pénalisent gravement les familles directement touchées et l’ensemble de la population.
Les auteurs de ces délits doivent être arrêtés et traduits en justice.
Non seulement ces violences ne servent en rien la vérité et la justice, mais l’on voit comment aujourd’hui elles sont utilisées par les forces réactionnaires, au pouvoir, à droite et à l’extrême droite, pour stigmatiser des quartiers entiers qualifiés par certains « d’enclaves étrangères » alors qu’ils sont, comme tous les territoires, une part de la France, de ses richesses, de sa force ; considérer comme délinquants l’ensemble des jeunes quand seuls quelques-uns dégradent, saccagent, pillent au détriment de tous ; réduire la vie de ces quartiers à la seule manifestation de la violence ; ou encore semer les germes de la guerre civile, comme l’ont récemment fait deux syndicats de policiers, déclaration aux accents séditieux qui doit déboucher sur des sanctions. Nous sommes opposés aux interdictions de manifestations, qui ne visent pas la fin des violences, mais un coup d’arrêt au mouvement social, ainsi qu’au recours à l’État d’urgence qui loin de mettre fin aux tensions actuelles, les attisera.
Le PCF apporte son soutien et sa solidarité à l’ensemble des habitant·es touché·es par les violences, aux familles pénalisées par la destruction des services, aux secours, aux fonctionnaires de police et à tou·tes les bénévoles des associations, les agents publics et élu·es locaux mobilisés pour protéger et répondre aux demandes de la population.
L’heure est à garantir la sécurité de nos concitoyen·nes et à répondre aux besoins sociaux des habitantes et des habitants.
L’heure est à la République partout et pour toutes et tous. Une république avec un développement massif de ses services publics qui en garantissent l'effectivité de ses principes : Liberté, Égalité, Fraternité.
Pour la vérité et la justice pour Nahel, contre toutes les violences, unissons-nous !
Paris, le 1er juillet 2023
La nuit dernière, en Île-de-France et dans plusieurs villes du pays, des incendies ont été provoqués dans des mairies, des écoles, des commissariats.
Face aux images terribles du décès, la colère est légitime mais aucunement les violences qui ne servent en rien notre combat pour la vérité et la justice.
Pire, cette violence est utilisée comme on l’a vu ces dernières heures par les forces réactionnaires qui cherchent à réduire la vie de nos quartiers populaires à la seule manifestation de la violence.
J’appelle au calme et à une puissante mobilisation pacifique pour que toute la vérité soit faite sur les actes des policiers procédant au contrôle, en particulier de celui qui a tiré, et que justice soit rendue.
J’appelle à ce que le débat public s’ouvre pour engager au plus vite une politique progressiste pour la tranquillité publique avec une police républicaine proche des citoyens, au service de leurs attentes et de leurs besoins.
Je participerai comme citoyen, élu, avec mes amis et camarades, à la marche blanche à Nanterre cet après-midi pour porter cette exigence de vérité et de justice, soutenir la famille et les proches de la victime.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,
Le 29 juin 2023.
Ce matin à Nanterre dans les Hauts-de-Seine, un contrôle routier a débouché sur la mort d’un mineur de 17 ans.
Notre émotion est immense et nos pensées vont à la famille et aux proches de la victime. Un refus d’obtempérer ne doit pas entraîner la mort !
Une enquête est désormais ouverte pour homicide volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique et confiée à l'inspection générale de la Police nationale.
Alors que de premières images terribles du contrôle et du tir ont été diffusées sur les réseaux sociaux, le PCF appelle à ce que cette enquête établisse dans les meilleurs délais la vérité sur les conditions de l’utilisation de son arme par le policier et à ce que justice soit faite.
Parti communiste français,
Paris, le 27 juin 2023.
Pointés du doigt pour leurs bénéfices records (3,9 milliards d’euros en 2021) alimentés par une flambée des tarifs, les concessionnaires du réseau ont annoncé des réductions pour les départs en vacances.
RAYMOND AVRILLIER
Militant écologiste et maire adjoint honoraire de Grenoble
De grands groupes privés concessionnaires de nos autoroutes publiques ont annoncé des oboles à certains usagers après les révélations des dizaines de milliards de leurs surprofits et la hausse de 4,75 % des tarifs en février.
Parmi ces « œuvres charitables », pour les abonnés, une ristourne pour ceux qui payeraient en Chèques-Vacances dématérialisé s, des réductions pour plus de 10 allers-retours par mois sur un trajet régulier, voire un report de l’augmentation de tarif pour les quelques abonnés électriques, soit un coût de quelques millions d’euros, et un blocage temporaire des prix sur des portions courtes compensé par l’augmentation sur les autres portions…, soit un coût nul.
La com’ sur ces « gestes commerciaux » n’arrive pas à cacher les surprofits commerciaux obtenus auprès de certains ministres par les grands groupes concessionnaires, Vinci (ASF, Cofiroute, Escota), Eiffage (APRR, Area) et Abertis (Sanef, SAPN).
Ces grands groupes ont été les bénéficiaires de la privatisation des concessionnaires d’autoroutes en 2006 par M. de Villepin, premier ministre, avec comme directeur de cabinet M. Le Maire, qui leur a permis de réaliser plus de 19 milliards d’euros de surprofits cachés.
M. Macron, ministre de l’Économie (2014-2016), et M. Kohler, son directeur de cabinet, ont cherché à cacher pendant quatre ans les conditions de leurs négociations du « protocole d’accord du 9 avril 2015 » et du « plan de relance autoroutier (PRA) » avec ces sociétés concessionnaires (SCA), qui leur ont permis une nouvelle prolongation de la durée des concessions, les augmentations des tarifs, et donc près de 9 milliards d’euros de surprofits.
Le gouvernement continue à vouloir cacher, depuis quatre années, les rapports et notes des services ayant préparé ce PRA pour M. Macron, M. Kohler et aussi Mme Borne, directrice de cabinet de Mme Royal, alors ministre de l’Environnement (2014-2017).
Le gouvernement ose avancer qu’il ne disposait d’aucun rapport ou note de service pour ces négociations de 2015. Ce que nous avons démontré être faux. Ces arrangements successifs ont permis une « obole » de 30 milliards d’euros de surprofits pour les grands groupes concessionnaires d’autoroutes sur la durée des contrats.
Les alertes sur ces surprofits ont été émises par tous les services de notre République, l’inspection générale des finances, l’inspection générale de l’environnement, la Cour des comptes, l’Autorité de la concurrence, l’Autorité de régulation des transports, la mission d’information de l’Assemblée nationale (2014), la commission d’enquête du Sénat (2020), et quelques journalistes.
Ces concessions au privé prennent tout leur… double sens : concessions de service public et concessions au sens « attribution d’un bien ou d’un droit à titre de grâce ou de faveur ». Le gouvernement doit cesser de « faire des concessions » aux concessionnaires. Opacité et mensonges sur les décisions publiques sont source de corruption. Reprenons le contrôle public de nos services publics, de nos biens communs.
HERVÉ GOMET
Secrétaire général de l’union interfédérale des transports CGT
Lancée au début des années 2000, la privatisation de pans entiers de nos autoroutes coïncide avec l’amortissement de celles-ci, dont le financement de la construction a reposé sur les contribuables pendant plusieurs décennies.
En 2006, Bruno Le Maire – alors directeur de cabinet du premier ministre Dominique de Villepin – annonce la privatisation des concessions autoroutières jusqu’en 2031, et même 2036 pour certaines. Abertis (dont les principaux actionnaires sont Axa, Crédit agricole et la famille Peugeot), Eiffage et Vinci remportent la mise et voient leurs bénéfices exploser : près de 55 milliards d’euros depuis 2006.
Fortement décriés dans un rapport sénatorial en 2019, ces trois groupes, financeurs historiques des campagnes électorales des présidents de la République qui se sont succédé au pouvoir en France, se gavent d’argent sur le dos des utilisateurs de la route en particulier, et sur les citoyens en général.
Dès lors, la récente annonce d’une ristourne sur les péages cet été apparaît comme une opération de communication bien éloignée d’un cadeau fait aux Français dans le contexte inflationniste et de vie chère que nous subissons depuis plus d’un an.
À l’instar du patron de Total « offrant » une ristourne de 20 centimes sur le litre d’essence, avec au passage des profits colossaux puisque cette manœuvre a servi à rendre captifs les consommateurs chez Total et permis d’écouler un volume de carburant jamais égalé par le géant pétrolier. Les trois plus gros groupes de BTP concessionnaires réalisent près de la moitié de leurs bénéfices annuels sur ce segment. Rappelons au passage l’augmentation du prix des péages de 4,7 % en février.
En privant l’État de ressources considérables, opérant des taux de marge allant jusqu’à 13 %, au lieu des 7 % initialement prévus dans les contrats de concession, les trois groupes ont réalisé en moyenne un bénéfice net de 350 000 euros par kilomètre concédé depuis la privatisation.
Sur demande polie du ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, le 7 juin, appelant les trois entreprises à faire un geste en faveur des automobilistes, celles-ci se sont empressées d’annoncer 20 à 25 % de réduction aux péages pour les mois de juillet et août.
Dès lors, est-ce un cadeau ? Une redistribution des richesses accumulées ? L’union interfédérale des Transports CGT (UIT CGT) a décrypté ce dispositif censé soulager le budget vacances des ménages, enfin… pour ceux qui ont la chance de pouvoir partir en vacances.
La ristourne ne concernera que les détenteurs d’abonnement télépéage, autrement dit une « clientèle » essentiellement professionnelle et utilisatrice captive des autoroutes. L’avantage financier concédé par les trois groupes capitalistes ne se fera pas au moment de passer la barrière des péages mais sera abondé sur le compte d’abonnement télépéage uniquement si les utilisateurs alimentent celui-ci via des Chèques-Vacances entre le 15 juin et le 31 juillet. Des conditions tellement restrictives que peu pourront en bénéficier. Avec ce gouvernement, pas question de prendre aux riches.
Dans son dernier rapport, Oxfam montre que, plutôt qu’investir dans la transition énergétique et augmenter les salaires à hauteur de l’inflation, les grandes entreprises préfèrent verser des dividendes à leurs actionnaires.
possèdent à elles seules 18 % du CAC 40. © Marta NASCIMENTO/REA
Oxfam publie ce lundi 26 juin le second volet de son rapport sur les grandes entreprises françaises. Si le premier, paru en avril, montrait que les inégalités se creusaient entre les salariés et leurs patrons – le PDG de Teleperformance gagne 1 500 fois le revenu moyen dans son entreprise –, l’ONG se penche aujourd’hui plus particulièrement sur les actionnaires.
Ce rapport intitulé « L’inflation des dividendes » montre et documente le fait que les richesses créées sont toujours plus captées par le capital. Si, sur dix ans, les salaires dans les 100 plus grandes entreprises françaises ont augmenté de 22 %, les versements à leurs actionnaires ont, eux, bondi de 57 %.
« Le versement de dividendes aux actionnaires a augmenté presque trois fois plus vite que la dépense par salarié, on voit bien qu’il y a un vrai dérèglement dans le partage de la valeur au sein des grandes entreprises en France », pointe Léa Guérin, chargée de plaidoyer sur la régulation des multinationales chez Oxfam et principale autrice du rapport. Le constat est particulièrement cruel en ce contexte d’inflation.
Les chiffres sur l’année 2022 donnent le vertige : en France, le seul CAC 40 a versé 80,1 milliards d’euros à ses actionnaires sous forme de dividendes et rachats d’actions. Ce montant est en hausse de 15,5 % par rapport au record établi un an plus tôt.
Le montant des dividendes versés dans le monde s’élève à la somme folle de 1 560 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter les rachats d’actions, qui ont atteint un nouveau record à 1 310 milliards de dollars.
Cette nouvelle manière de rémunérer les actionnaires a été multipliée par trois en France en dix ans. Les actions rachetées sont le plus souvent détruites. La première conséquence de la manœuvre est assez mécanique. Si une entreprise est un gâteau et que les actions en sont les parts, détruire des titres ne change pas la taille du plat, mais chaque part devient plus grosse.
Conséquences : comme les dividendes sont distribués par action, leur montant augmente, de même que la valeur du patrimoine financier de l’actionnaire, sans qu’il n’ait rien eu à faire.
« Dans l’idéologie libérale, le dividende rémunère le risque pris par les actionnaires et permet de faire circuler l’argent, d’être réinvesti, explique Léa Guérin. Sauf que je ne vois pas où est le risque puisque les dividendes augmentent chaque année, soutenus par des aides publiques versées sans contreparties, et que les rachats d’actions ne font pas circuler l’argent, c’est même tout le contraire. »
Chez Total, entre 2018 et 2021, 24 % des versements aux actionnaires ont été faits sous forme de rachats d’actions. Et le groupe réclame pourtant des aides à l’État pour investir dans la transition écologique…
En lissant les chiffres des 100 plus grands groupes français sur dix ans, le rapport montre une vraie tendance : ces entreprises ont versé en moyenne 71 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires. Cinq d’entre elles ont même distribué des dividendes alors qu’elles ont perdu de l’argent sur la période.
OXFAM A CALCULÉ QU’EN 2019, 45 % DES DIVIDENDES ET RACHATS D’ACTIONS VERSÉS AUX ACTIONNAIRES PAR LES GRANDS GROUPES FRANÇAIS AURAIENT SUFFI À COUVRIR LEURS BESOINS EN INVESTISSEMENT DANS LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE CETTE ANNÉE-LÀ
« Engie a accumulé plus de 784 millions d’euros de pertes entre 2011 et 2021, elle a pourtant décidé de verser à ses actionnaires 23,6 milliards d’euros sur la même période ; autant de capacité à investir en moins pour l’entreprise, à un moment où elle en a plus que jamais besoin pour accompagner sa transition énergétique », regrette Léa Guérin.
Encore plus choquant, Oxfam a calculé qu’en 2019, 45 % des dividendes et rachats d’actions versés aux actionnaires par les grands groupes français auraient suffi à couvrir leurs besoins en investissement dans la transition écologique cette année-là. « Ces entreprises ne peuvent pas nous dire qu’elles n’ont pas l’argent pour investir dans le bas carbone, c’est bien plutôt une histoire de choix », insiste la chargée de plaidoyer.
Oxfam s’est plongé dans les données de l’Autorité des marchés financiers pour casser de nouvelles idées reçues. « J’ai été moi-même surprise de voir que seuls 6,7 % des Français détiennent des actions, reconnaît Léa Guérin. L’idée que la Bourse est pleine de petits porteurs n’est qu’un mythe. »
Car non seulement, en volume, ces petits actionnaires individuels ne pèsent quasiment rien, mais en plus, leur profil sociologique est clair : ce sont des hommes très aisés de plus de 55 ans. Bien au contraire, les premiers actionnaires des grands groupes français sont des grandes familles.
Cinq d’entre elles (Arnault, Hermès, Bettencourt-Meyers, Pinault et Del Vecchio) possèdent à elles seules 18 % du CAC 40 ! Bien loin encore du mythe des entrepreneurs, l’économie française est vraiment affaire d’héritiers. Derrière ces grandes familles, on trouve les investisseurs institutionnels privés, avec en tête BlackRock, qui détient seul 2,1 % des actions du CAC 40.