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8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 09:00
Communiqué d'Ismaël Dupont: et maintenant, résistons et recréons de la perspective à gauche!  
 
Ce soir, la candidate du Front national est largement battue. C'est un grand soulagement ! 
65 % des électrices et des électeurs n’ont pas voulu porter à la tête de l’Etat ses idées de haine et de division, son projet raciste et xénophobe, sa politique violemment discriminatoire. 
Nous, communistes, sommes fiers d'avoir œuvré avec clarté à cette défaite, car nous savons que le projet du FN continue à menacer la République et son unité. 
Nous n'en voulons à aucun prix, ni aujourd'hui, ni demain. 
Mais ce soir, notre cœur n'est pas à la fête. Notre pays vit des heures graves. Ce second tour est, à nouveau, une très sérieuse alerte pour toutes celles et ceux qui sont attachés à la démocratie et à l'égalité. Marine Le Pen obtient 35 %, soit 14 % de plus qu'au premier tour. A  Morlaix, son score, pourtant très inférieur au score national du fait des traditions d'humanisme de notre ville, augmente de 415 voix, passant de 724 voix à 1139. 
C'est le résultat de décennies d'alternances politiques défavorables aux intérêts populaires, de l'approfondissement des politiques libérales, des inégalités et du chômage. 
Macron, le vainqueur de ce second tour crève-coeur, véritable piège dans lequel nous ont enfermé les institutions de la Ve République et les forces d'influence de la finance, ne répondra pas aux défis sociaux auquel le pays est confronté. Nous combattrons fermement la politique de régression sociale et démocratique du président Macron comme nous avons combattu sa politique au Parlement depuis 5 ans. 
Pour voir résister avec efficacité, nous avons besoin d'un groupe important de députés vraiment de gauche à l'assemblée. 
Pour les législatives, les jeux ne sont pas faits: un record de 25% d'abstention au second tour, un nombre très important de bulletins blancs et nuls (8,8% au niveau national), et son score du premier tour montrent que le Macron et son projet libéral de marchandisation de la société et de la politique ne convainquent pas plus d'une majorité des électeurs. 
Compte tenu de la nouveauté de la situation, de la fragilité de l'assise politique de Macron, il est possible de rebattre les cartes aux législatives.
Pour cela, nous avons besoin du plus large rassemblement possible de la gauche qui lutte contre l'austérité et le libéralisme. Nous espérons que France Insoumise répondra favorablement à nos offres de rassemblement sur la circonscription et dans le département car ensemble, nous pouvons être plus forts, gagner des députés, et créer de l'espoir et de la perspective à gauche. 
L'union de la gauche qui lutte et veut la transformation du système pour faire face aux menaces qui nous guettent est voulue par les électeurs. Ne les décevons pas.  
 
Morlaix, le 7 mai 2017  
Communiqué d'Ismaël Dupont après le second tour des présidentielles: et maintenant, résistons et recréons de la perspective à gauche!
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7 mai 2017 7 07 /05 /mai /2017 19:39
Déclaration du Parti Communiste Français après le second tour des élections présidentielles

ELECTION PRESIDENTIELLE - 2nd tour - 7 mai 2017

Déclaration du Parti communiste français

Ce soir, la candidate du Front national est largement battue. C'est un grand soulagement !

65 % des électrices et des électeurs n’ont pas voulu porter à la tête de l’Etat ses idées de haine et de division, son projet raciste et xénophobe, sa politique violemment discriminatoire, libérale et guerrière. Nous, communistes, sommes fiers d'avoir oeuvré avec clarté à cette défaite, car nous savons que le projet du FN continue à menacer la République et son unité.

Nous n'en voulons à aucun prix, ni aujourd'hui, ni demain. Mais ce soir, notre coeur n'est pas à la fête. Notre pays vit des heures graves.

Ce second tour est, à nouveau, une très sérieuse alerte pour toutes celles et ceux qui sont attachés à la démocratie et à l'égalité. Marine Le Pen obtient 35 %, soit 14 % de plus qu'au premier tour.

C’est le résultat de la banalisation des idées d’extrême droite que nous sommes plus que jamais décidés à combattre.

C'est aussi le résultat de décennies d’alternances politiques défavorables aux intérêts populaires, de trahisons et de renoncements des gouvernements successifs. Nous partageons ce soir la profonde colère des millions de personnes qui se sont senties piégées par ce second tour.

Piège orchestré par les mécanismes de la Ve République usée et perverse.

A l'avenir, nous ne voulons plus être obligés de voter par défaut pour battre l'extrême droite. Nous ne voulons plus la voir aussi haut.

Pour cela, il faut construire la victoire d'un vrai changement de politique qui libère la France de la tutelle des marchés financiers, qui proclame « l'humain d'abord », qui s'attaque à la domination de la finance en conquérant de nouveaux pouvoirs à tous les niveaux, qui ouvre le chemin d'une nouvelle société de bonheur, de solidarité, de justice, d'écologie, de paix et d’égalité.

Ces choix politiques de progrès, ce n'est pas Emmanuel Macron, candidat des milieux financiers, élu ce soir Président de la République qui les fera. Il veut tout marchandiser dans la société. Son élection est fragile. Les millions d’électeurs qui ont voté Macron ont d'abord voulu barrer la route de l’Elysée à Marine Le Pen.

Déjà au premier tour, ils et elles étaient nombreux à voter pour lui par défaut pour éviter un duel entre Fillon et Le Pen. Son projet, porteur de graves régressions sociales et démocratiques, est minoritaire dans le pays.

Ce qui reste à l'ordre du jour, c'est la construction d'une alternative de transformation sociale, écologique et démocratique à cette politique, et la construction d'une nouvelle majorité pour la porter. Dès demain, et tout au long du quinquennat, les communistes seront mobilisés pour avancer dans cette voie avec toutes celles et ceux qui seront disponibles à gauche.

A la casse du Code du Travail qui affaiblirait les droits des travailleurs, nous opposerons une sécurité de l'emploi et de la formation pour éradiquer le chômage et la précarité, en créant de nouveaux pouvoirs dans les entreprises et sur les banques face aux marchés financiers. Au recul du droit à la retraite et à la privatisation de la Sécurité sociale facilitée par la suppression annoncée de cotisations sociales, nous opposerons un plan de défense et de développement de la Sécurité sociale.

A la baisse de 60 milliards d’euros des dépenses publiques et à la suppression de 120 000 fonctionnaires, nous opposerons un plan de relance des services publics de proximité dans tous les domaines.

Au recours aux ordonnances pour gouverner autoritairement, nous opposerons le respect de la démocratie.

Nous serons de tous les combats contre les projets anti-sociaux de Macron, contre les projets ultra-réactionnaires de la droite et de l'extrême-droite.

C'est dans cet esprit que nous voulons conduire les élections législatives des 11 et 18 juin.

Le PCF y engage dès ce soir toutes ses forces. Aucune majorité parlementaire n'est acquise pour personne.

Dans cinq semaines, notre peuple a une nouvelle chance pour décider de son présent et de son avenir. Forts du vote de millions de citoyens pour Jean-Luc Mélenchon le 23 avril, avec toutes les forces qui ont soutenu sa candidature et toutes celles qui peuvent se joindre à nous, nous pouvons aller très haut ensemble pour élire à l'Assemblée nationale une forte représentation nationale, conquérir une nouvelle majorité pour agir.

Unis, nous pouvons gagner dans de très nombreuses circonscriptions. Désunis, les gains seront limités et cela laissera la place à des députés « En Marche ! », de droite ou d'extrême droite. Nous avons une grande responsabilité commune devant tous les électeurs de gauche et écologistes. Ils et elles nous demandent de nous unir.

Pour cela, un accord national large, équitable et représentatif, sous une bannière commune qui nous rassemble tous, France insoumise, Parti communiste, Ensemble !, citoyens du Front de gauche est nécessaire. 

Cela correspond à l'attente et à l'espoir de la majorité des électeurs qui ont porté leurs suffrages le 23 avril sur Jean-Luc Mélenchon.

Le Parti communiste est prêt à un tel accord. Dans tous les cas, ensemble nous pouvons agir pour barrer la route au Front national dans de nombreuses circonscriptions où il peut s'ancrer durablement. Nous pouvons choisir dans chaque circonscription le candidat qui nous donnera les chances maximales de gagner. Nous lançons à nouveau ce soir un appel solennel aux dirigeants politiques de la France insoumise : il n'est pas trop tard pour aboutir à un tel accord national. Et nous restons prêts, si cette ambition n'est pas partagée, à un accord même plus limité.

Nous en appelons au dialogue sur tout le territoire dans les heures qui viennent. Notre parti est engagé dans ces élections avec une ambition : « Faire entrer le peuple à l’Assemblée ».

Les candidat-e-s communistes - Front de gauche que nous soutenons dessinent le visage de la France du monde du travail, du privé comme du public, travaillant dans tous les métiers, syndicalistes, citoyen-ne-s engagé-e-s dans leurs territoires, aux diverses origines, jeunes candidatures porteuses d’un renouveau politique ainsi que femmes et hommes d’expérience, forts de leur responsabilité d'élu-e local-e.

Avec eux, ce jeudi 11 mai à 19h, Pierre Laurent lancera notre campagne nationale lors d’un grand meeting au gymnase Japy, à Paris.

Soyons forts et unis dès maintenant, pour engager la résistance et avancer les projets alternatifs à la politique de casse sociale et d'aggravation des inégalités que le nouveau Président compte mettre en œuvre

Déclaration du Parti Communiste Français après le second tour des élections présidentielles
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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 06:00
Vers une Assemblée Nationale bleue Macron- bleue Fillon - brune Le Pen? : l'obligation de rassemblement à gauche pour conjurer le désastre annoncé

Une étude Opinion way-SPLV Analytics pour les Echos donne une projection de ce que paraît être l'Assemblée Nationale à l'issue des législatives sur la donne actuelle (rapport de force Macron-Le Pen, dynamiques de division à gauche) se confirmait.

Cette étude est à manier avec pincette car cela ne s'appuie pas sur une étude de terrain circonscription par circonscription et beaucoup de choses peuvent encore bouger dans ce paysage politique ultra-mouvant. Il n'est d'ailleurs pas interdit de penser que l'intelligence finisse par l'emporter à gauche, notamment pour construire des rassemblements de la gauche de transformation avec PCF, Ensemble, France Insoumise, toutes les forces qui ont appelé à voter Mélenchon, et même au-delà avec les Verts et les Socialistes de gauche.

Mais, si le paysage en restait là, le tableau serait assez accablant et confirmerait combien les institutions de la Ve République et l'inversion du calendrier électoral avec les législatives un mois après les présidentielles permettent à un homme ou une femme, qu'il ou elle s'appuie sur une base électorale large ou non (21 % des exprimés pour Le Pen, 24 % pour Macron), sur un ou des partis représentatifs et une large base militante ou non, d'obtenir un Parlement acquis à sa cause de manière assez mécanique, quoique surprenante si l'on se souvient de ce que Macron représentait quelques mois plus tôt.

Cette opinion donne en effet le mouvement « En marche ! » porté par Emmanuel Macron à un étiage d'entre 249 et 286 sièges de députés, soit largement assez pour mener sa politique ultra-libérale de casse des services publics, du droit du travail, de la Sécurité Sociale, et de cadeaux supplémentaires accordés aux riches et au patronat.

Ce n'est pas le parti Les Républicains, donné entre 200 et 210 députés, qui mettrait beaucoup d'obstacle à cette politique de contre-révolution thatchérienne dont il partage la philosophie et les orientations.

Le FN, en cas de défaite dans un scénario comparable à celui que donne aujourd'hui les sondages sur le second tour (60/40) serait donné à entre 15 et 25 sièges de députés.

Le PS n'en aurait plus qu'entre 28 et 43.

Et le Parti Communiste et France Insoumise sont annoncés à entre 6 et 8 sièges, ce qui ne permettrait pas de constituer un groupe indépendant des écologistes, socialistes de gauche, ou des ultramarins progressistes, malgré les 20 % de notre candidat commun au premier tour des Présidentielles.

Bien sûr, ces résultats d'études anticipatives témoignent tout à la fois du discrédit du Parti socialiste, au pouvoir depuis 5 ans et profondément divisé ( discrédit à relativiser compte tenu des responsabilités de Macron dans les aspects les plus régressifs de la politique Hollande-Valls), du discrédit des Républicains (Fillon et Sarkozy qui font pousser des boutons à beaucoup de Français), du caractère non démocratique du mode d'élection à l'Assemblée n'incluant la Proportionnelle.

Ils sont surtout un formidable message d'alerte pour les militants et forces politiques de gauche.

Divisés, nous ne pèserons que comme des nains dans les institutions et au Parlement.

En particulier, si France Insoumise persiste sur l'idée de refuser les accords dans les départements avec le PCF qui soutenait son candidat aux élections Présidentielles, et à partir solo partout, y compris contre des députés du PCF et du Front de Gauche, il portera une énorme responsabilité dans le désastre annoncé.

Il est encore temps que la raison et le sens des responsabilités l'emportent sur les sectarismes et les considérations de construction partisane à visée hégémonique.

Mélenchon et son mouvement ne peuvent pas prendre en otage les aspirations à l'espoir et à la résistance du peuple de gauche.

Dans le Finistère, le Parti Communiste a proposé le rassemblement partout à France Insoumise,  à Ensemble, à l'UDB, au NPA, à EELV sur la base d'accord respectant la représentativité et l'existence des uns et des autres. Pour l'instant, force est de constater que chacun en dehors de nous préfère faire bande à part. Dans la circonscription de Morlaix, les candidats du PCF-Front de Gauche ont proposé le rassemblement à France Insoumise, la fusion de liste, avec contrepartie, en fonction de la tête de liste retenue, par une réciprocité sur une autre circonscription. La rencontre que nous avons eu jeudi avec France Insoumise et Ensemble ne nous invitent guère à l'optimisme sur le positionnement de France Insoumise qui paraît ne pas envisager volontiers le rassemblement mais nous aurons la réponse du groupe sur un possible rassemblement le 10 mai, soit 5 jours avant le dépôt des candidatures.

 

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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 05:29
Le député André Chassaigne (PCF-Front de Gauche) demande à l'assemblée que la France soit à l'origine d'une abrogation de la directive des travailleurs détachés

Conséquences de la directive relative aux travailleurs détachés

jeudi 4 mai 2017

André Chassaigne interpelle le gouvernement sur les conséquences de la directive relative aux travailleurs détachés.

"Si le secteur du BTP est un secteur difficilement délocalisable, la directive 96/71/CE est cependant parvenue à détourner cette difficulté par ses modalités d’emploi des travailleurs détachés au sein de l’Union européenne.

La directive d’exécution 2014/67/UE vise seulement à améliorer l’application des règles, notamment en matière de fraude et de contournement de la réglementation. En 2016, la France se plaçait comme deuxième pays membre en accueillant plus de 200 000 travailleurs détachés. Majoritairement, les personnes étaient issues de Pologne (46 816), du Portugal (44 456), d’Espagne (35 231) et de Roumanie (30 594). Le secteur le plus impacté par l’arrivée de travailleurs détachés est celui du bâtiment et des travaux publics.

De plus, le rapport d’information n° 527 (2012-2013) du sénateur Éric Bocquet précisait que : « Le ministère du travail estime ainsi entre 220 000 et 300 000 le nombre de salariés low cost, à bas coût, présents sur le territoire français, sans avoir fait l’objet d’une déclaration et rémunérés dans le meilleur des cas selon le principe du pays d’envoi ».

Ainsi, nonobstant une rémunération minimum équivalente à celle appliquée dans le pays hôte, la différence du taux des cotisations sociales et la forte tentation de détourner la réglementation en vigueur entraînent indubitablement une concurrence certes libre mais surtout considérablement faussée, pénalisant les structures artisanales locales.

Un sommet européen regroupant toutes les composantes représentatives du monde du travail, visant à abroger la directive 96/71/CE et à mettre en place des critères environnementaux et sociaux pour les entreprises souhaitant entrer sur des marchés européens, pourrait harmoniser vers le haut les conditions de travail, la durée et la rémunération du travail.

Ce sommet aurait également comme objectif d’annihiler le dumping social qui se développe au détriment des entreprises locales.

André Chassaigne demande au gouvernement que la France soit à l’origine d’une demande d’abrogation de la directive 96/71/CE."

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4 mai 2017 4 04 /05 /mai /2017 10:58
Jean-Jacques Candelier (député PCF-Front de Gauche) propose à l'Assemblée la mise en place d'une "immunité ouvrière"

Jean-Jacques Candelier propose la mise en place d’une « immunité ouvrière »

jeudi 4 mai 2017

Dans une proposition de résolution (n° 4620), le député Jean-Jacques Candelier propose de créer une commission d’enquête de trente membres visant à réfléchir aux conditions de la mise en place d’une « immunité ouvrière ».

Le 4 avril 2017, un candidat à l’élection présidentielle faisait le « buzz » en indiquant que, contrairement aux parlementaires disposant d’une immunité, les ouvriers ne pouvaient se soustraire à la justice.

Jean-Jacques Candelier l’a pris au mot.

Pour le député communiste, "derrière ce slogan de « l’immunité ouvrière » qui a provoqué l’hilarité en plateau, se cache pourtant une réalité concrète, celle d’une justice qui fonctionne de plus en plus à deux vitesses

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 06:25
Le Front national a traité avec des banques mafieuses russes (Médiapart, 2 mai 2017): de l'argent sale pour des idées sales!
Le Front national a traité avec des banques mafieuses russes
 PAR AGATHE DUPARC

Toutes les banques russes auxquelles le Front national a fait appel, tant en 2014 qu'en 2016, ont disparu. Elles étaient dirigées par des escrocs ou des blanchisseurs d'argent. De l'argent sale russe a-t-il financé les campagnes du Front national ?

 

De l'argent sale russe a-t-il financé les campagnes du Front national ? Et pourquoi toutes les banques auxquelles s'est adressé le parti de Marine Le Pen ont-elles des profils douteux, voire carrément mafieux ? Ces questions lancinantes pourraient à terme intéresser la justice française. Qu’il s’agisse des 9,4 millions d’euros versés par la First Czech-Russian Bank (FCRB) en 2014, ou des 3 millions qui auraient dû l’être par la Strategy Bank, puis la NKB Bank en 2016 : le tableau est accablant et permet de s'interroger sur la propension du Front national à fermer les yeux sur la provenance de l’argent russe. Les trois banques ont fait faillite en 2016 dans une étrange répétition.

Liquidée avec un passif de 31,8 milliards de roubles (497 millions d’euros), la First Czech-Russian Bank (FCRB), la première banque du FN, est aujourd'hui visée par une procédure pour détournements de fonds à vaste échelle. Le 20 janvier 2017, son ancien vice-directeur Dmitri Merkoulov a été arrêté à Moscou et mis en examen pour avoir organisé la vente illégale d’actifs de la banque pour un montant total de deux milliards de roubles (31,5 millions d’euros). Cela juste avant que la FCRB ne soit mise sous tutelle, le 21 mars 2016, par la banque centrale russe.

Or c'est justement durant cette période que s’est produit un événement étrange. Comme nous l'avons déjà raconté, le 18 mars 2016, l'emprunt de 9,4 millions d'euros contracté par le FN auprès de la FCRB, a été racheté par Conti, une obscure société moscovite de location de voitures, sans que l’argent ne soit versé dans les caisses. C'est une pratique bien connue en Russie : elle consiste à vider de sa substance une banque avant qu’elle ne disparaisse, via des sociétés bidons, permettant à certains titulaires d'emprunts de ne jamais rembourser leurs dettes. À travers ce schéma, les soutiens de Marine Le Pen en Russie ont-ils trouvé la formule qui permettrait au Front national de bénéficier de dons sous couvert de prêts ?

Détail particulièrement troublant, c'est la veille du rachat de la créance du FN par Conti, le 17 mars 2016, que Jean-Luc Schaffhauser et Vilis Dambins – un intermédiaire letton et proche du sénateur et conseiller de Poutine Alexandre Babakov – se sont rencontrés à Genève. Lors de ce rendez-vous secret que nous révélons aujourd'hui, il s'agissait de trouver des banques capables de prendre la relève de la FCRB dont les jours étaient alors comptés. Les deux hommes ont-ils évoqué le tour de passe-passe autour des 9,4 millions d'euros ? 

Interrogé par Mediapart, l’eurodéputé dit ne plus se souvenir de la date exacte de son voyage à Genève. Il livre sa version, affirmant que le Front national a été victime d’une malversation. « Des banquiers crapuleux se sont permis de vendre ce prêt (qui avait été accordé par la FCRB) et le FN n’était pas au courant », assure-t-il. « Quand les dirigeants de la société qui avait récupéré notre créance nous ont dit “C’est à nous que vous allez maintenant payer”, j’ai dit : Ça pue la combine ! Il faut s’adresser à la banque centrale pour savoir ce que nous devons faire ! Je connais bien la Russie. On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace ! », poursuit-il.

Selon lui, le FN s'est alors adressé à Elvira Nabuillina, la présidente de la Banque centrale russe. Cette dernière aurait conseillé de ne surtout rien payer, jugeant que « la cession du prêt était frauduleuse ». Depuis, l’Agence d’assurance des dépôts bancaires russes (ASV), l’organisme étatique qui est chargé de la liquidation de la FCRB, dit avoir repris les choses en main pour faire annuler cette cession. Elle s’est adressée à la Cour d’arbitrage de Moscou, et une audience doit se tenir le 1er août 2017. En attendant, comme nous l'avons appris, le paiement des intérêts du prêt est suspendu. Jean-Luc Schaffhauser affirme cependant que le FN continue à verser l'argent des intérêts sur « un compte séquestre ».

Plus ahurissant encore, l'eurodéputé affirme que les mystérieux « nouveaux propriétaires » de la créance « se sont présentés comme agissant sur ordre du pouvoir politique ». « J’ai chargé un de mes collaborateurs qui parle russe d’enquêter, et j’ai découvert que c’était cousu de fil blanc et qu'il n'en était rien », raconte-t-il. Qui sont ceux qui voulaient soi-disant compromettre le FN ? « Les autorités politiques, à la fois au niveau français et international, ont empêché Marine Le Pen d’avoir un autre prêt en Russie », répond-il, énigmatique. « J’ai mon idée, mais je ne vous le dirai pas. Vous devez comprendre qu’il s’agit de choses extrêmement sérieuses. Si je me mettais à table, je me mettrais en danger. J’ai une famille et j’ai le droit à l’existence », ajoute-t-il.

À partir de cet épisode, l'intermédiaire français dit avoir mis en garde Marine Le Pen sur le fait que « des gens dangereux et manipulés cherchent à nuire au FN en nous mettant sur la piste de banques pourries qui font faillite ». « Elle m'a répondu : “On n'est sûr de rien, donc on poursuit” », ajoute-t-il. Mais quand on lui fait remarquer que c'est Vilis Dambins, le proche d'Alexandre Babakov, qui l'a mis sur la piste des « banques pourriesqui font faillite », il botte en touche en expliquant qu'il croit en « l'honnêteté » de l'intermédiaire letton. 

En effet, le Front national a poursuivi sans sourciller sa chasse aux millions. D’abord auprès de la Strategy Bank (placé au 241e rang dans le classement des banques russes), puis de la NKB (527e rang), dont la réputation était plus que trouble. Depuis plusieurs mois, Mediapart sollicite Marine Le Pen et le trésorier du Front national, Wallerand de Saint-Just, pour obtenir des réponses et éclaircissements. Ils n'ont jamais accepté de nous répondre.

L'énigmatique Dmitri Roubinov

Fondée dans les années 1990 par d’anciens proches de Boris Eltsine – dont Yakov Ourinson, l’ancien ministre de l’économie –, la Strategy Bank a eu des ennuis répétés avec la justice. En septembre 2014, elle a été épinglée comme faisant partie des 19 banques russes ayant participé au « schéma moldave », un gigantesque détournement de fonds qui a permis le transfert frauduleux de la Russie vers la Moldavie de 700 milliards de roubles (alors 14 milliards d’euros).

Elle s’en était sortie avec une simple procédure civile et une amende. Elle comptait alors au sein du conseil d’administration le général Valentin Andreev, une légende des services secrets russes, ex-chef du groupe spécial d’assaut Alpha rattaché au FSB. À partir de cette date, les actionnaires historiques ont vu leur part fondre, au profit d’une certaine Irina Roubinov qui, en 2016, contrôlait 73,3 % du capital pour le compte de son mari Dmitri Roubinov – le vrai propriétaire de Strategy Bank comme nous l'avons découvert.

À l’été 2016, c’est Dmitri Roubinov qui a supervisé un projet de prêt de 3 millions d’euros avec le Front national. Le bureau politique du FN avait alors voté à l'unanimité pour obtenir cet argent. Mais en octobre 2016,  Strategy Bank était mise en faillite, laissant apparaître un « trou » de 5,3 milliards de roubles (86 millions d’euros). La demande de prêt a alors été transmise à la NKB Bank (NCB en anglais) que le même Roubinov avait rachetée en février 2016, dans des conditions particulièrement opaques.

La NKB Bank comptait alors dix actionnaires détenant chacun 10 % du capital. D’illustres inconnus. Les recherches menées sur ces personnes aboutissent à des résultats folkloriques : l’une d’entre elles avait une entreprise de commerce de fruits et légumes, l’autre était un petit comptable. On trouvait aussi un bijoutier, et un vendeur de métaux précieux. « Roubinov n’apparaissait officiellement pas comme actionnaire de la NKB, mais il avait placé ses hommes de paille », confie un ancien cadre de la NKB Bank qui a accepté de parler sous couvert d’anonymat. « La NKB a été acquise par Roubinov quand il est devenu évident que la Strategy Bank allait faire faillite. C’est l’argent qui a été sorti de la Strategy qui a servi à acheter NKB », détaille-t-il. « Mais quelque chose d’inattendu s’est produit et ils ont décidé de la mettre aussi en faillite », ajoute-t-il, affirmant ne pas en savoir plus.  

Le 29 décembre 2016, la NBK s'est vu priver de sa licence bancaire. Elle avait un passif de 510 millions de roubles (8,3 millions d’euros) et dans le communiqué officiel de la Banque centrale russe (voir ici en anglais), on peut lire que « NKB ne se conforme pas aux exigences en matière de lutte contre le blanchiment de l’argent du crime et le financement du terrorisme », et fait peser une « réelle menace pour les intérêts des créanciers et des déposants ». Le projet de prêt avec le Front national a ainsi encore une fois capoté, comme l'a confirmé lui-même Dmitri Roubinov. « Le crédit de trois millions n’a pas été versé sur les comptes de ce parti (le Front national) », répond-il manifestement interloqué, refusant d’en dire plus avant de raccrocher. Depuis, son numéro sonne dans le vide. La mise en faillite a été prononcée le 17 avril dernier.

Qui est donc Dmitri Roubinov, ancien actionnaire majoritaire de Strategy Bank et propriétaire de la NKB ? Son parcours aurait dû interpeller à plus d’un titre le Front national. L’homme a commencé sa carrière de banquier comme fonctionnaire. Au milieu des années 2000, il était l’un des responsables de l’antenne moscovite de la banque centrale de Russie et participait même à des conférences sur « la lutte contre le blanchiment d’argent ». Mais parallèlement, il était déjà dans le business.

 

En 2011, il a été mêlé à une escroquerie immobilière de grande ampleur, fortement soupçonné d’avoir détourné, avec sa femme Irina, des dizaines de millions de dollars qui se seraient évaporés dans des paradis fiscaux. En 2006, des centaines de personnes avaient acheté sur plan des villas qui devaient être construites aux alentours de Moscou, dans la région de Istrinskii, au sein d’un complexe baptisé « Barcelona ». C'est la société des époux Roubinov qui devait réaliser la construction. Mais cinq ans après, rien n’était encore sorti de terre.

S’estimant grugés, les acheteurs en question avaient envoyé une lettre à Dmitri Medvedev – le président russe de l’époque – et un reportage télévisé avait été diffusé. Ils avaient organisé une action devant le siège de la banque centrale à Moscou, brandissant des pancartes où apparaissait en toutes lettres le nom de Dmitri Roubinov – « Un fonctionnaire de la banque centrale a volé les déposants ? Qui est derrière D.G Roubinov ? » lit-on sur l'une d'entre elles – et réclamant que justice soit faite. Des clichés que l’on peut encore trouver sur Internet.

L’affaire a finalement été enterrée et Dmitri Roubinov n’a jamais été inquiété. Il a quitté la banque centrale et a pu poursuivre incognito ses activités au sein de la Strategy Bank puis de la NKB Bank. Jusqu’à ce que les deux établissements qui devaient créditer le Front national ne disparaissent à leur tour, emportant avec eux leurs secrets.

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 06:00

 

Le secrétaire national du Parti communiste français a appelé mardi dans un communiqué à un « accord large et national ».

 

 

Pierre Laurent, en juin 2015, à Toulouse.
Pierre Laurent, en juin 2015, à Toulouse

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, a appelé dans un communiqué, mardi 2 mai, à un « accord large et national » et « une bannière commune », notamment entre le PCF et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, en vue des prochaines élections législatives.

 

Juste avant une nouvelle réunion entre les deux organisations mardi en fin d’après-midi, M. Laurent a déploré que « les premières propositions discutées vendredi entre nos forces politiques envisagent un accord limité à un petit nombre de circonscriptions ».

« Ce n’est pas à la hauteur de la situation. Cela ne dessine aucune ambition véritable. Il faut un accord large et national qui permette de gagner », a-t-il poursuivi.

Vendredi, le PCF avait proposé des retraits réciproques dans 30 circonscriptions au total, 15 réservées aux communistes, 15 à La France insoumise.

« Il est crucial que (…) La France insoumise, le Parti communiste, Ensemble, les militants du Front de gauche, et toutes celles et ceux qui voudront se joindre pour cet objectif, unissent leurs énergies et présentent dans chaque circonscription une candidature capable de porter le plus loin possible le résultat et, dans des centaines d’entre elles, de se qualifier au second tour et de l’emporter. »

Proposition d’un label commun

Le sénateur de Paris a également proposé la création d’un label commun, « La Force du peuple ».

« Ensemble, nous pouvons nous donner l’objectif de porter La Force du peuple à l’Assemblée nationale. C’est sous cette bannière commune, qui respecte tout à la fois la place singulière tenue par notre candidat à la présidentielle et chacune de nos forces, que je propose de rassembler tous nos candidats. »

Les déclarations de candidature doivent être déposées entre lundi 15 et vendredi 19 mai. Les discussions entre les deux formations concernant les législatives s’étaient interrompues plusieurs semaines avant le premier tour de la présidentielle, faute de trouver un terrain d’entente.

Le PCF refuse notamment de signer comme le réclame la formation mélenchoniste une « charte » dans laquelle il s’engagerait à présenter ses candidats sous le logo La France insoumise, à une discipline de vote, et à dépendre de l’association de financement de La France insoumise. De son côté, La France insoumise estime qu’il existe « une difficulté : les députés PCF qui n’ont pas accordé leur parrainage à Jean-Luc Mélenchon » à l’élection présidentielle.


 

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 05:06
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Présidentielle : une majorité de militants de La France insoumise ne voteront pas Macron

 

Second tour: au sein de La France insoumise, le blanc et l’abstention dominent
 PAR CHRISTOPHE GUEUGNEAU

240 000 militants, sur environ 450 000, se sont prononcés lors de la consultation organisée par La France insoumise sur le second tour de l’élection. 36,12 % souhaitent voter blanc ou nul, 34,83 % voter pour Emmanuel Macron et 29,05 % comptent s’abstenir. Un statu quo assez fidèle au refus de se prononcer clairement de Jean-Luc Mélenchon. 

La division étalée au grand jour, pour mieux « rester groupés », selon les mots de Jean-Luc Mélenchon. La France insoumise a donné mardi le résultat de la consultation de ses soutiens organisée ces dernier jours, sur ce qu’il s’agirait de faire pour le second tour. En fait de consultation, comme nous l’avions expliqué, il s’agit plutôt d’un sondage – dès lors que la direction de La France insoumise ne compte pas en tirer le moindre enseignement en termes de consigne de vote. 243 128 Insoumis, sur les 450 000 environ qui auraient pu y participer, ont « dit leur choix ». 36,12 % d’entre eux ont annoncé leur intention de voter blanc ou nul le 7 mai, 34,83 % de voter pour Emmanuel Macron, et 29,05 % veulent s’abstenir. Cela porte à deux tiers le nombre de personnes qui ne comptent pas participer au vote « barrage » contre la candidate du Front national, Marine Le Pen. Avec le slogan « pas une voix pour le FN », La France insoumise avait par ailleurs décidé de ne pas laisser un choix « je vote Marine Le Pen »lors de cette consultation. À noter : l’abstention réalise lors de ce sondage un bon score, dans un parti qui avait mis le vote obligatoire dans son programme.

Le mouvement est en tout cas profondément divisé sur la question du second tour, du moins pour ceux qui ont participé. Cela semble valider la stratégie de Jean-Luc Mélenchon. Ni au soir du second tour, ni vendredi lors de sa prise de parole par l’intermédiaire d’une vidéo postée sur YouTube, le candidat défait au soir du premier tour n’avait souhaité donner de consigne de vote. Il n’avait pas plus donné son propre choix, tout en indiquant ce qu’il ne ferait pas : s’abstenir ou voter Marine le Pen.

Dans cette vidéo, Jean-Luc Mélenchon reprochait tout d’abord au candidat d’En Marche! de demander aux Insoumis non pas « un vote antifasciste, un vote anti-extrême droite »mais « un vote d’adhésion ». « Non, nous n’adhérons pas à ce projet. Ça ne va pas m’empêcher, moi en tant que personne, de faire ce que j’ai à faire. J’irai voter, d’abord parce que dans mon programme le vote est obligatoire. Quant à savoir ce que je vais faire, il n’y a pas besoin d’être grand clerc, mais pourquoi je ne le dis pas ? Pour que vous puissiez rester regroupés », poursuivait Jean-Luc Mélenchon en s'adressant à ses troupes. « Si je dis ce que je fais, je vous divise », insistait-il.

Un cadre de la campagne nous expliquait récemment cette absence de consigne par la« peur de perdre les électeurs arrachés au FN et à l’abstention, ou à l’inverse les politisés de gauche traditionnelle ». « Il n’y aura aucune indulgence de notre part à l’égard de l’extrême droite », précisait-il. Mais il veut croire que cette stratégie ne nuit pas pour l’instant au mouvement. À l’appui de ses dires : le fait que plus de 60 000 personnes se sont inscrites pour soutenir le mouvement depuis le 23 avril au soir. En outre, explique-t-il, depuis huit jours, « des gens qui ne s’étaient pas manifestés pendant la campagne rejoignent maintenant les groupes d’appui »

Surtout, La France insoumise estime que ces polémiques de l’entre-deux-tours seront bien vite oubliées, si tant est, bien entendu, qu’Emmanuel Macron soit bien élu dimanche prochain.

L’hypothèse inverse n’est de fait jamais envisagée chez les cadres du mouvement. Le troisième tour, celui des législatives, est en ligne de mire. « Le second tour de la présidentielle ne va régler aucune des questions. Le vrai choix va se faire aux législatives », explique Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle, et lui-même candidat dans une circonscription à Toulouse. 

Coordinateur du Parti de gauche, Éric Coquerel juge qu’il y a « trois issues possibles aux législatives : l’issue “on continue comme avant” avec Macron majoritaire, l’issue identitaire, raciste et xénophobe avec Le Pen, et l’issue qu’on représente ». Mais pour lui, « les gens vont avoir un réflexe national à voter pour La France insoumise ». C’est cette volonté de « nationaliser » les législatives qui pourrait donner des arguments à une candidature de Jean-Luc Mélenchon dans une circonscription. Les villes de Lille, Marseille ou Toulouse, dans lesquelles La France insoumise a fait de gros scores au premier tour de la présidentielle, sont évoquées.

Reste à fixer une autre pierre d’achoppement : le lien entre La France insoumise et ses alliés potentiels, à savoir Ensemble et le PCF. À cette heure, aucun accord n’a encore été trouvé nationalement avec les communistes. Une nouvelle réunion devait avoir lieu mardi soir. Quelques heures auparavant, dans une tribune publiée sur Mediapart, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, proposait de créer une « bannière commune », « la force du peuple à l'Assemblée nationale », qui pourrait« rassembler toutes les forces dont nous avons besoin pour gagner, qu'elles soient ou non dans La France insoumise ».

Il n’est pas sûr du tout qu’il soit entendu. D’abord parce que La France insoumise a été pensée justement comme un mouvement qui puisse faire bannière – d’ailleurs les candidats estampillés La France insoumise pour les législatives s’engagent à signer une charte, mais peuvent rester dans leur propre parti. Ensuite, et surtout, car le PCF n’est pas précisément en position de force. « La logique voudrait que tout le monde se range sur le programme qui a fait 7 millions de voix », renvoie sèchement un cadre de La France insoumise.

 

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 05:00
Longtemps, les nazis ont eu mauvaise presse
MARDI, 2 MAI, 2017
HUMANITE.FR

Une tribune de Christian Lehmann, médecin et romancier.

Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme on dit. Un temps où la mémoire des crimes commis par les fascistes (de merde) était une tache indélébile sur le front de l'extrême-droite française. Incapables de consigner à l'oubli les massacres et exactions du Reich et de ses collaborateurs soumis, les héritiers des ligues fascistes, les pétainistes, les antisémites rasaient les murs, échangeant sous le manteau leurs écrits négationnistes.

Vint Jean-Marie Le Pen, qui les décomplexa en partie, en jouant avec les mots. L'homme était bon orateur, cultivé, suffisamment pervers pour tenir un double langage lui permettant comme un clown de tréteaux d'adresser à son public conquis des signes de connivence qui passaient au-dessus de la tête du plus grand nombre. Autour de lui, il agrégea du monde, un premier cercle d'ultracatholiques coinçés et de nazillons païens, de zélateurs du beau langage d’une France Eternelle et de saoûlards bedonnants fiers d’appartenir à la race blanche. Le Pen père les amalgama tous sous sa bannière, faisant taire les dissensions, écrasant les prétendants au trône et les «traîtres», avec une égale férocité.

Cela dura des années. Des années durant lesquelles s'était constitué autour de lui et de ses sbires un cordon de sécurité difficilement franchissable. Ce cordon bordait une fosse, dans laquelle gisaient des millions de morts et une Europe en flammes. Nier cette extermination pour les plus déments, la relativiser pour les plus retors, était un exercice périlleux. D'autant que tout autour, les hommes et les femmes qui avaient vécu cet enfer, qui l'avaient combattu, gardaient dans leur mémoire le nom des disparus, le prix de la liberté.

Cette liberté n'était pas totale, aucune liberté ne l'est. Très vite, le grand rêve des jours heureux avait été perverti. Très vite les "grandes féodalités", les patrons de presse, les barons de l'industrie qui avaient accueilli à bras ouverts le "redressement national" de Pétain et la collaboration avec le nazisme, reprirent le dessus, fustigeant les avancées sociales de l'après-guerre, acquises de haute lutte. Au point que dès les années 80-90, d'aucuns, qui combattaient en vain la main-mise des puissances d'argent, se mirent à trouver audibles les parias lepénistes. Avec le recul, le discours commun apparaît dans son extrême indigence: les uns niaient le génocide juif, faute indélébile, les autres théorisaient qu'un autre génocide était passé sous silence, celui de la classe ouvrière opprimée par les puissants. Fallait-il que ces coeurs soient secs, fallait-il que leur capacité d'outrage soit défaillante, pour ne pouvoir dans le même temps condamner les assassins d'hier et les oppresseurs d'aujourd'hui? Cette alliance rouge-brune eût un temps, fut dénoncée, créa au sein de l'extrême-gauche des déchirures irréparables.

Les années passèrent, les témoins se firent plus rares. Et la mémoire de la Shoah, le combat antiraciste, furent instrumentalisés, pour des raisons politiques. Ces petits calculs n'avaient rien à voir avec le respect dû aux victimes, mais servaient les intérêts géopolitiques du jour.

Longtemps cantonné au rôle de pitbull de la politique, le vieux leader d’extrême-droite confia enfin les rênes à sa fille Marine, charge à celle-ci de «nettoyer» l’image du parti, ce dont elle s’était empressée avec zèle, faisant d’une pierre deux coups.

L’Immigré, l’Arabe, c’était un ennemi à leur portée

Avec le soutien tacite de son père et une maîtrise de la communication insoupçonnée, "Marine" avait fait entrer le Front National dans le vingt-et-unième siècle. Les blagues douteuses sur les fours crématoires, le négationnisme bonhomme de son père, avaient été relégués aux poubelles de l’Histoire. Dans "Le Point", Marine Le Pen avait affirmé que la Shoah avait constitué "le summum de la barbarie", un moment atroce de l’histoire de l’humanité, sur lequel elle ne tolérait aucune ambiguïté. Et s’était empressée de cibler son discours sur un bouc-émissaire plus acceptable, l’Immigré.

Un moment déboussolées, ses troupes avaient rapidement entendu le message. L’Immigré, l’Arabe, c’était un ennemi à leur portée, un ennemi qu’ils pouvaient croiser au quotidien, un ennemi sur lequel ils pouvaient à loisir, aiguillonnés par tout ce que le gouvernement comptait de ministres racistes, reporter leurs frustrations, accuser de tous les maux: chômage, inflation, bientôt même la hausse du prix de l’essence.

Les nostalgiques de l’Ordre Ancien, ceux qui pendant des décennies avaient traqué et dénoncé le Juif, moquant les commémorations de la Shoah, discréditant les survivants, mettant en doute la réalité des camps, ceux-là avaient fait leur temps. Ceux qui n’acceptaient pas de mettre en veilleuse leur haine, ceux qui ne comprenaient pas qu’il était devenu nécessaire, beaucoup moins dangereux politiquement, et beaucoup plus porteur, de concentrer leur fiel sur l’Immigré, devaient être exclus.

Le coup de maître de Marine Le Pen fut de pratiquer ces exclusions publiquement, quand souvent son père s’était contenté de mises à l’écart discrètes. A chaque skinhead dévoilé sur Facebook avec le bras tendu dans une arrière-salle de brasserie, elle organisait une conférence de presse, dénonçant devant des journalistes médusés qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez l’insupportable déviance que représentait cet affront aux victimes du nazisme, et l’incompatibilité de ce comportement avec les «valeurs» que portait selon elle depuis toujours son parti. Cette purge pratiquée au grand jour, sous l’oeil même de média complaisants, lui permettait de gagner sur tous les tableaux, en rassurant l’électorat de droite modérée par sa prise de distance avec les extrêmistes, et en pratiquant au sein même du Parti, sans la moindre hésitation, le bannissement de tous ceux qui pouvaient la gêner. Flanquée de Florian Philippot en gendre idéal, elle se rendit fréquentable.

Pendant des années, les média qui aujourd'hui se muent en résistants de la dernière heure lui offrirent des colonnes, des unes, des photographes de talent, des chroniqueurs complaisants, quand ses adversaires les plus virulents, à gauche, étaient pointés du doigt comme de dangereux irresponsables. Les injustices grandissaient, les boucs émissaires étaient tout trouvés: arabes, Roms, pauvres, populations dangereuses, mises à l'écart par ceux-là même qui nous jouent "No Pasaran" aujourd'hui.

Qui a oublié les propos de Manuel Valls sur les Roms, ou sa ville trop peu pourvue en "whites", en "blancos"? Qui a oublié la déchéance de nationalité? Ou ces lois liberticides que firent voter hier les mêmes députés qui aujourd'hui nous disent: "Vous n'imaginez tout de même pas laisser ceci aux mains du Front National?" Ou Elisabeth Badinter repeignant Marine Le Pen en défenseur de la laïcité? Ou Alain Finkielkraut éructant que "L'avenir de la haine raciste est dans le camp des gens qui se sont réjouis de la défaite électorale de Jean-Marie Le Pen en 2002, et non dans le camp des fidèles de Vichy"? Pendant des années, ceux qui dénonçaient l'injustice sociale, le joug de l'austérité, le poids de la finance sur leurs vies, furent traités comme des pestiférés, tandis que petit à petit Marine, qu'on appelait par son prénom, devenait audible, et que son patronus, Florian Philippot, cumulait les ronds de serviette sur les chaînes d'info.

À gauche un espoir était né, incarné par Jean-Luc Mélenchon

Et nous voilà ce soir. A la veille d'un second tour entre Marine Le Pen, l'héritière de la boutique paternelle, et Emmanuel Macron, ex-banquier qui se rêverait philosophe, adversaire rêvé. Comment en sommes-nous arrivés là? Sûre de tenir sa revanche sur un quinquennat haï, la droite s'est suicidée, se livrant au candidat le plus réactionnaire, le plus austéritaire, le plus malhonnête. C'était un pourri? Peut-être, mais c'était leur pourri. La gauche de gouvernement n'avait cessé de se saborder pendant cinq ans. Le président avait menti pour se faire élire, dénonçant la Finance à laquelle il avait ensuite ouvert toutes les portes, s'entourant de repris de justice, de corrompus, de lamentables. Dans la dernière ligne droite, elle se déchira: après cinq ans de reniements, elle enchaîna la trahison de son propre candidat.

A gauche un espoir était né, incarné par Jean-Luc Mélenchon, qui avait autour de son nom et de sa personne amalgamé des centaines de milliers d'insoumis. Au moment où cette vague se brisait au soir du premier tour, on vit Mélenchon défait, inaudible. Immédiatement, il fut sommé de se désister, de donner une consigne de vote, dénoncé par ceux-là même qui avaient longtemps ridiculisé son mouvement. Et dans le même temps, de ses propres rangs, naquit un mot d'ordre . Pour nombre des insoumis, il semblait inconcevable de voter pour un candidat estampillé comme candidat des élites et de la finance, dont le programme, la volonté de légiférer par ordonnances, heurtait ceux qui se trouvaient soudain pris au piège, entre le fascisme et l'horreur économique. Mélenchon se tut, lui avait l'âge et le vécu nécessaires pour savoir ce que représentait le Front National, dont il avait combattu les idées pendant des années. Et parmi les insoumis, ce furent des hommes mûrs, Axel Kahn, Gerard Miller, Sam Karmann, qui prirent la parole dans les jours qui suivirent pour dire qu'à l'évidence, et la rage au coeur, ils voteraient pour Emmanuel Macron, quitte à le combattre dès le lendemain. La distinction entre l'adversaire et l'ennemi était claire pour eux. Et on avait l'impression que Mélenchon refusait de faire de même, parce que sa stature d'opposant dépendait de ce non-dit: ayant fait naître un grand espoir, il ne pouvait mettre genou à terre.

Et nous voilà ce soir. J'ai lu, comme vous, des dizaines d'articles, de prises de position, de commentaires. Il y a ceux qui invectivent les abstentionnistes, ceux qui exigent des preuves, ceux qui refusent de se salir les mains en votant, ceux qui soulignent la tolérance des candidats du système pour un FN qui longtemps leur a permis par sa seule présence d'accéder au pouvoir, ceux qui s'en remettent aux autres, les "castors" pour faire barrage, ceux-là même qui ne voulaient pas voter Macron pour ne pas le plébisciter mais s'y résolvent devant la médiocrité de cette campagne d'entre-deux tours. Et puis il y a ceux qui se révèlent, pour qui ne les avait pas bien saisi: les Christine Boutin, les Marie-France Garaud, les Nicolas Dupont-Aignant, les futurs collaborateurs à qui on voudrait hurler , si ce mot avait encore un sens.

En 2002, nous savions qui était Jean-Marie Le Pen

Je suis un castor, je ne m'en cache pas. Je n'invective personne. Je n'enjoins personne. J'ai vécu le 23 Avril 2002, je me souviens des manifestations quasi-spontanées jusque dans ma petite ville de région parisienne. Nous étions des milliers. Nous savions qui était Jean-Marie Le Pen, nous savions ce qu'il incarnait. Le Front n'avait pas encore fait profil bas, n'avait pas mis son masque de fausse respectabilité. Pendant des années j'ai écrit des livres où il apparaît, souvent sous le nom d'un parti en quête de respectabilité, "Patrie et Renouveau", en marche vers la conquête du pouvoir. Un de ces livres, "No Pasaran le Jeu", plébiscité par les professeurs de français, d'histoire, les documentalistes, s'est retrouvé au programme des classes de collège, vendu à plus de 350.000 exemplaires. Un autre, "Tant pis pour le Sud", où il était question de la gestion d'une ville passée au FN, et qui m'avait été inspiré par la profanation du cimetière de Carpentras, où déjà Gilbert Collard avait oeuvré pour dédouaner Le Pen père, m'avait valu des menaces de poursuite du cabinet de Bruno Mégret à l'époque. Si vous les avez lu, si vous faites partie de ces 350.000 adolescents qui ont suivi la quête d'Eric, Thierry et Andreas, adeptes de jeux vidéo propulsés dans la mémoire des guerres du XXème siècle, souvenez-nous de la "morale" de cette histoire: Si la vie est un jeu video, elle n'a pas de sauvegarde.

Je voterai Emmanuel Macron. Je voterai pour renvoyer Marine Le Pen devant ses juges, et à ses luttes internes fratricides. Je ne sais pas ce que feront les autres, je ne sais même pas ce que feront certains de mes amis. Je sais juste que chaque vote, chaque bulletin blanc, chaque abstention comptera, que comme les Britanniques, comme les Américains, nous vivrons, tous, avec les choix de chacun.

Une vidéo de 4 mn: "Montrer de quoi le Front National est capable" avec Monseigneur Gaillot

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2 mai 2017 2 02 /05 /mai /2017 09:21

L’Appel de l’Association Nationale des Elus Communistes et Républicains à utiliser le vote Macron pour vaincre l’extrême droite de Marine Le Pen.
 
Le premier tour de l’élection présidentielle n’a pas concrétisé tous les espoirs de transformation sociale et écologique que nous avions pu nourrir.
 
La gauche de transformation et du changement, divisée, n’a pas réussi à s’imposer, laissant s’affronter dans un second tour le candidat des banques et une candidate de l’extrême-droite qui, dimanche, a réuni sur son nom, le plus grand nombre de voix jamais obtenu par le Front national depuis sa création il y a 45 ans en agrégeant 21,4 % des votants. C’est 3 millions d’électeurs de plus qu’il y a cinq ans.
 
C’est une bien mauvaise nouvelle pour notre démocratie, alors que déjà, se multiplient les tentatives pour passer sous silence le formidable élan qui s’est levé à gauche autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
 
Avec près de 20 % des électeurs rassemblés autour de l’exigence d’une rupture démocratique, institutionnelle, sociale et écologique radicale, c’est le peuple d’une France de progrès et de luttes qui, le 23 avril, a retrouvé sa voix.

Sur tous les territoires où nous menons la lutte et où nous mettons déjà en œuvre des politiques alternatives – je pense aux 620 communes dirigées par les maires de l’Association nationale des élus communistes et républicains - le candidat que nous avons soutenu est arrivé largement en tête.
 
Cette victoire est donc bien l’expression d’un vote politique, d’appartenances et d’exigences sociales. C’est le résultat, au-delà de cette très belle campagne que nous avons menée tous ensemble, du travail de terrain de longue haleine que les élus de l’ANECR n’ont jamais cessé de mener.
 
Le 7 mai prochain, pour le second tour de l’élection présidentielle, c’est un nouveau choix que nous devrons faire ; un choix difficile mais qui ne souffre aucune ambiguïté.
La lucidité sur le rapport des forces nous impose un constat sans appel : l’extrême-droite est en mesure, le 7 mai 2017, d’accéder au pouvoir.
 
C’est un risque innommable que nous refusons de prendre pour notre pays et nos concitoyens et en particulier pour le monde du travail.
 
Le 7 mai sera un jour décisif pour l’avenir de notre peuple, de notre nation. Les élus de l’ANECR feront face à ce rendez-vous historique comme leurs ainés ont su le faire en dépassant les clivages. Ce fut le cas en 1936 puis de 1940 à 1944.
 
Le 7 mai prochain pour battre l’extrême droite représentée par Marine Le Pen, ils lui opposeront concrètement le bulletin de vote Emmanuel Macron ainsi utilisé à dessein.
 
Ils invitent tous les démocrates à délaisser les calculs politiciens pour ne retenir que l’intérêt supérieur du pays.
 
Les élus de l’ANECR ne se livrent pas à Emmanuel Macron.
 
Nous savons déjà les combats qu'il nous faudra mener pour contrer les politiques antisociales auxquelles il nous a déjà habitués.
 
Nous les mènerons, forts et fiers de cet espoir nouveau né de notre campagne électorale.

Les élus communistes et républicains appellent donc à faire barrage à l’extrême droite le 7 mai, et à créer les conditions de l’émergence d’une majorité progressiste nouvelle à l’Assemblée nationale en juin prochain, seule capable d’ouvrir le front de la Résistance institutionnelle et citoyenne.
 

Patrice Bessac
Président de l’ANECR

 
Cet espoir mérite que nous repensions une nouvelle unité de toutes les forces progressistes pour faire valoir les aspirations portées par des millions d’habitants de notre pays. Cet espoir peut se concrétiser dès juin à l’occasion des élections législatives.
 
 

Patrice Bessac, président de l'ANECR (Association Nationale des Elus Communistes et Républicains)

Patrice Bessac, président de l'ANECR (Association Nationale des Elus Communistes et Républicains)

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