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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 06:25
Le Front national a traité avec des banques mafieuses russes (Médiapart, 2 mai 2017): de l'argent sale pour des idées sales!
Le Front national a traité avec des banques mafieuses russes
 PAR AGATHE DUPARC

Toutes les banques russes auxquelles le Front national a fait appel, tant en 2014 qu'en 2016, ont disparu. Elles étaient dirigées par des escrocs ou des blanchisseurs d'argent. De l'argent sale russe a-t-il financé les campagnes du Front national ?

 

De l'argent sale russe a-t-il financé les campagnes du Front national ? Et pourquoi toutes les banques auxquelles s'est adressé le parti de Marine Le Pen ont-elles des profils douteux, voire carrément mafieux ? Ces questions lancinantes pourraient à terme intéresser la justice française. Qu’il s’agisse des 9,4 millions d’euros versés par la First Czech-Russian Bank (FCRB) en 2014, ou des 3 millions qui auraient dû l’être par la Strategy Bank, puis la NKB Bank en 2016 : le tableau est accablant et permet de s'interroger sur la propension du Front national à fermer les yeux sur la provenance de l’argent russe. Les trois banques ont fait faillite en 2016 dans une étrange répétition.

Liquidée avec un passif de 31,8 milliards de roubles (497 millions d’euros), la First Czech-Russian Bank (FCRB), la première banque du FN, est aujourd'hui visée par une procédure pour détournements de fonds à vaste échelle. Le 20 janvier 2017, son ancien vice-directeur Dmitri Merkoulov a été arrêté à Moscou et mis en examen pour avoir organisé la vente illégale d’actifs de la banque pour un montant total de deux milliards de roubles (31,5 millions d’euros). Cela juste avant que la FCRB ne soit mise sous tutelle, le 21 mars 2016, par la banque centrale russe.

Or c'est justement durant cette période que s’est produit un événement étrange. Comme nous l'avons déjà raconté, le 18 mars 2016, l'emprunt de 9,4 millions d'euros contracté par le FN auprès de la FCRB, a été racheté par Conti, une obscure société moscovite de location de voitures, sans que l’argent ne soit versé dans les caisses. C'est une pratique bien connue en Russie : elle consiste à vider de sa substance une banque avant qu’elle ne disparaisse, via des sociétés bidons, permettant à certains titulaires d'emprunts de ne jamais rembourser leurs dettes. À travers ce schéma, les soutiens de Marine Le Pen en Russie ont-ils trouvé la formule qui permettrait au Front national de bénéficier de dons sous couvert de prêts ?

Détail particulièrement troublant, c'est la veille du rachat de la créance du FN par Conti, le 17 mars 2016, que Jean-Luc Schaffhauser et Vilis Dambins – un intermédiaire letton et proche du sénateur et conseiller de Poutine Alexandre Babakov – se sont rencontrés à Genève. Lors de ce rendez-vous secret que nous révélons aujourd'hui, il s'agissait de trouver des banques capables de prendre la relève de la FCRB dont les jours étaient alors comptés. Les deux hommes ont-ils évoqué le tour de passe-passe autour des 9,4 millions d'euros ? 

Interrogé par Mediapart, l’eurodéputé dit ne plus se souvenir de la date exacte de son voyage à Genève. Il livre sa version, affirmant que le Front national a été victime d’une malversation. « Des banquiers crapuleux se sont permis de vendre ce prêt (qui avait été accordé par la FCRB) et le FN n’était pas au courant », assure-t-il. « Quand les dirigeants de la société qui avait récupéré notre créance nous ont dit “C’est à nous que vous allez maintenant payer”, j’ai dit : Ça pue la combine ! Il faut s’adresser à la banque centrale pour savoir ce que nous devons faire ! Je connais bien la Russie. On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace ! », poursuit-il.

Selon lui, le FN s'est alors adressé à Elvira Nabuillina, la présidente de la Banque centrale russe. Cette dernière aurait conseillé de ne surtout rien payer, jugeant que « la cession du prêt était frauduleuse ». Depuis, l’Agence d’assurance des dépôts bancaires russes (ASV), l’organisme étatique qui est chargé de la liquidation de la FCRB, dit avoir repris les choses en main pour faire annuler cette cession. Elle s’est adressée à la Cour d’arbitrage de Moscou, et une audience doit se tenir le 1er août 2017. En attendant, comme nous l'avons appris, le paiement des intérêts du prêt est suspendu. Jean-Luc Schaffhauser affirme cependant que le FN continue à verser l'argent des intérêts sur « un compte séquestre ».

Plus ahurissant encore, l'eurodéputé affirme que les mystérieux « nouveaux propriétaires » de la créance « se sont présentés comme agissant sur ordre du pouvoir politique ». « J’ai chargé un de mes collaborateurs qui parle russe d’enquêter, et j’ai découvert que c’était cousu de fil blanc et qu'il n'en était rien », raconte-t-il. Qui sont ceux qui voulaient soi-disant compromettre le FN ? « Les autorités politiques, à la fois au niveau français et international, ont empêché Marine Le Pen d’avoir un autre prêt en Russie », répond-il, énigmatique. « J’ai mon idée, mais je ne vous le dirai pas. Vous devez comprendre qu’il s’agit de choses extrêmement sérieuses. Si je me mettais à table, je me mettrais en danger. J’ai une famille et j’ai le droit à l’existence », ajoute-t-il.

À partir de cet épisode, l'intermédiaire français dit avoir mis en garde Marine Le Pen sur le fait que « des gens dangereux et manipulés cherchent à nuire au FN en nous mettant sur la piste de banques pourries qui font faillite ». « Elle m'a répondu : “On n'est sûr de rien, donc on poursuit” », ajoute-t-il. Mais quand on lui fait remarquer que c'est Vilis Dambins, le proche d'Alexandre Babakov, qui l'a mis sur la piste des « banques pourriesqui font faillite », il botte en touche en expliquant qu'il croit en « l'honnêteté » de l'intermédiaire letton. 

En effet, le Front national a poursuivi sans sourciller sa chasse aux millions. D’abord auprès de la Strategy Bank (placé au 241e rang dans le classement des banques russes), puis de la NKB (527e rang), dont la réputation était plus que trouble. Depuis plusieurs mois, Mediapart sollicite Marine Le Pen et le trésorier du Front national, Wallerand de Saint-Just, pour obtenir des réponses et éclaircissements. Ils n'ont jamais accepté de nous répondre.

L'énigmatique Dmitri Roubinov

Fondée dans les années 1990 par d’anciens proches de Boris Eltsine – dont Yakov Ourinson, l’ancien ministre de l’économie –, la Strategy Bank a eu des ennuis répétés avec la justice. En septembre 2014, elle a été épinglée comme faisant partie des 19 banques russes ayant participé au « schéma moldave », un gigantesque détournement de fonds qui a permis le transfert frauduleux de la Russie vers la Moldavie de 700 milliards de roubles (alors 14 milliards d’euros).

Elle s’en était sortie avec une simple procédure civile et une amende. Elle comptait alors au sein du conseil d’administration le général Valentin Andreev, une légende des services secrets russes, ex-chef du groupe spécial d’assaut Alpha rattaché au FSB. À partir de cette date, les actionnaires historiques ont vu leur part fondre, au profit d’une certaine Irina Roubinov qui, en 2016, contrôlait 73,3 % du capital pour le compte de son mari Dmitri Roubinov – le vrai propriétaire de Strategy Bank comme nous l'avons découvert.

À l’été 2016, c’est Dmitri Roubinov qui a supervisé un projet de prêt de 3 millions d’euros avec le Front national. Le bureau politique du FN avait alors voté à l'unanimité pour obtenir cet argent. Mais en octobre 2016,  Strategy Bank était mise en faillite, laissant apparaître un « trou » de 5,3 milliards de roubles (86 millions d’euros). La demande de prêt a alors été transmise à la NKB Bank (NCB en anglais) que le même Roubinov avait rachetée en février 2016, dans des conditions particulièrement opaques.

La NKB Bank comptait alors dix actionnaires détenant chacun 10 % du capital. D’illustres inconnus. Les recherches menées sur ces personnes aboutissent à des résultats folkloriques : l’une d’entre elles avait une entreprise de commerce de fruits et légumes, l’autre était un petit comptable. On trouvait aussi un bijoutier, et un vendeur de métaux précieux. « Roubinov n’apparaissait officiellement pas comme actionnaire de la NKB, mais il avait placé ses hommes de paille », confie un ancien cadre de la NKB Bank qui a accepté de parler sous couvert d’anonymat. « La NKB a été acquise par Roubinov quand il est devenu évident que la Strategy Bank allait faire faillite. C’est l’argent qui a été sorti de la Strategy qui a servi à acheter NKB », détaille-t-il. « Mais quelque chose d’inattendu s’est produit et ils ont décidé de la mettre aussi en faillite », ajoute-t-il, affirmant ne pas en savoir plus.  

Le 29 décembre 2016, la NBK s'est vu priver de sa licence bancaire. Elle avait un passif de 510 millions de roubles (8,3 millions d’euros) et dans le communiqué officiel de la Banque centrale russe (voir ici en anglais), on peut lire que « NKB ne se conforme pas aux exigences en matière de lutte contre le blanchiment de l’argent du crime et le financement du terrorisme », et fait peser une « réelle menace pour les intérêts des créanciers et des déposants ». Le projet de prêt avec le Front national a ainsi encore une fois capoté, comme l'a confirmé lui-même Dmitri Roubinov. « Le crédit de trois millions n’a pas été versé sur les comptes de ce parti (le Front national) », répond-il manifestement interloqué, refusant d’en dire plus avant de raccrocher. Depuis, son numéro sonne dans le vide. La mise en faillite a été prononcée le 17 avril dernier.

Qui est donc Dmitri Roubinov, ancien actionnaire majoritaire de Strategy Bank et propriétaire de la NKB ? Son parcours aurait dû interpeller à plus d’un titre le Front national. L’homme a commencé sa carrière de banquier comme fonctionnaire. Au milieu des années 2000, il était l’un des responsables de l’antenne moscovite de la banque centrale de Russie et participait même à des conférences sur « la lutte contre le blanchiment d’argent ». Mais parallèlement, il était déjà dans le business.

 

En 2011, il a été mêlé à une escroquerie immobilière de grande ampleur, fortement soupçonné d’avoir détourné, avec sa femme Irina, des dizaines de millions de dollars qui se seraient évaporés dans des paradis fiscaux. En 2006, des centaines de personnes avaient acheté sur plan des villas qui devaient être construites aux alentours de Moscou, dans la région de Istrinskii, au sein d’un complexe baptisé « Barcelona ». C'est la société des époux Roubinov qui devait réaliser la construction. Mais cinq ans après, rien n’était encore sorti de terre.

S’estimant grugés, les acheteurs en question avaient envoyé une lettre à Dmitri Medvedev – le président russe de l’époque – et un reportage télévisé avait été diffusé. Ils avaient organisé une action devant le siège de la banque centrale à Moscou, brandissant des pancartes où apparaissait en toutes lettres le nom de Dmitri Roubinov – « Un fonctionnaire de la banque centrale a volé les déposants ? Qui est derrière D.G Roubinov ? » lit-on sur l'une d'entre elles – et réclamant que justice soit faite. Des clichés que l’on peut encore trouver sur Internet.

L’affaire a finalement été enterrée et Dmitri Roubinov n’a jamais été inquiété. Il a quitté la banque centrale et a pu poursuivre incognito ses activités au sein de la Strategy Bank puis de la NKB Bank. Jusqu’à ce que les deux établissements qui devaient créditer le Front national ne disparaissent à leur tour, emportant avec eux leurs secrets.

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 06:00

 

Le secrétaire national du Parti communiste français a appelé mardi dans un communiqué à un « accord large et national ».

 

 

Pierre Laurent, en juin 2015, à Toulouse.
Pierre Laurent, en juin 2015, à Toulouse

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, a appelé dans un communiqué, mardi 2 mai, à un « accord large et national » et « une bannière commune », notamment entre le PCF et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, en vue des prochaines élections législatives.

 

Juste avant une nouvelle réunion entre les deux organisations mardi en fin d’après-midi, M. Laurent a déploré que « les premières propositions discutées vendredi entre nos forces politiques envisagent un accord limité à un petit nombre de circonscriptions ».

« Ce n’est pas à la hauteur de la situation. Cela ne dessine aucune ambition véritable. Il faut un accord large et national qui permette de gagner », a-t-il poursuivi.

Vendredi, le PCF avait proposé des retraits réciproques dans 30 circonscriptions au total, 15 réservées aux communistes, 15 à La France insoumise.

« Il est crucial que (…) La France insoumise, le Parti communiste, Ensemble, les militants du Front de gauche, et toutes celles et ceux qui voudront se joindre pour cet objectif, unissent leurs énergies et présentent dans chaque circonscription une candidature capable de porter le plus loin possible le résultat et, dans des centaines d’entre elles, de se qualifier au second tour et de l’emporter. »

Proposition d’un label commun

Le sénateur de Paris a également proposé la création d’un label commun, « La Force du peuple ».

« Ensemble, nous pouvons nous donner l’objectif de porter La Force du peuple à l’Assemblée nationale. C’est sous cette bannière commune, qui respecte tout à la fois la place singulière tenue par notre candidat à la présidentielle et chacune de nos forces, que je propose de rassembler tous nos candidats. »

Les déclarations de candidature doivent être déposées entre lundi 15 et vendredi 19 mai. Les discussions entre les deux formations concernant les législatives s’étaient interrompues plusieurs semaines avant le premier tour de la présidentielle, faute de trouver un terrain d’entente.

Le PCF refuse notamment de signer comme le réclame la formation mélenchoniste une « charte » dans laquelle il s’engagerait à présenter ses candidats sous le logo La France insoumise, à une discipline de vote, et à dépendre de l’association de financement de La France insoumise. De son côté, La France insoumise estime qu’il existe « une difficulté : les députés PCF qui n’ont pas accordé leur parrainage à Jean-Luc Mélenchon » à l’élection présidentielle.


 

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 05:06
Lire aussi: 
 
Présidentielle : une majorité de militants de La France insoumise ne voteront pas Macron

 

Second tour: au sein de La France insoumise, le blanc et l’abstention dominent
 PAR CHRISTOPHE GUEUGNEAU

240 000 militants, sur environ 450 000, se sont prononcés lors de la consultation organisée par La France insoumise sur le second tour de l’élection. 36,12 % souhaitent voter blanc ou nul, 34,83 % voter pour Emmanuel Macron et 29,05 % comptent s’abstenir. Un statu quo assez fidèle au refus de se prononcer clairement de Jean-Luc Mélenchon. 

La division étalée au grand jour, pour mieux « rester groupés », selon les mots de Jean-Luc Mélenchon. La France insoumise a donné mardi le résultat de la consultation de ses soutiens organisée ces dernier jours, sur ce qu’il s’agirait de faire pour le second tour. En fait de consultation, comme nous l’avions expliqué, il s’agit plutôt d’un sondage – dès lors que la direction de La France insoumise ne compte pas en tirer le moindre enseignement en termes de consigne de vote. 243 128 Insoumis, sur les 450 000 environ qui auraient pu y participer, ont « dit leur choix ». 36,12 % d’entre eux ont annoncé leur intention de voter blanc ou nul le 7 mai, 34,83 % de voter pour Emmanuel Macron, et 29,05 % veulent s’abstenir. Cela porte à deux tiers le nombre de personnes qui ne comptent pas participer au vote « barrage » contre la candidate du Front national, Marine Le Pen. Avec le slogan « pas une voix pour le FN », La France insoumise avait par ailleurs décidé de ne pas laisser un choix « je vote Marine Le Pen »lors de cette consultation. À noter : l’abstention réalise lors de ce sondage un bon score, dans un parti qui avait mis le vote obligatoire dans son programme.

Le mouvement est en tout cas profondément divisé sur la question du second tour, du moins pour ceux qui ont participé. Cela semble valider la stratégie de Jean-Luc Mélenchon. Ni au soir du second tour, ni vendredi lors de sa prise de parole par l’intermédiaire d’une vidéo postée sur YouTube, le candidat défait au soir du premier tour n’avait souhaité donner de consigne de vote. Il n’avait pas plus donné son propre choix, tout en indiquant ce qu’il ne ferait pas : s’abstenir ou voter Marine le Pen.

Dans cette vidéo, Jean-Luc Mélenchon reprochait tout d’abord au candidat d’En Marche! de demander aux Insoumis non pas « un vote antifasciste, un vote anti-extrême droite »mais « un vote d’adhésion ». « Non, nous n’adhérons pas à ce projet. Ça ne va pas m’empêcher, moi en tant que personne, de faire ce que j’ai à faire. J’irai voter, d’abord parce que dans mon programme le vote est obligatoire. Quant à savoir ce que je vais faire, il n’y a pas besoin d’être grand clerc, mais pourquoi je ne le dis pas ? Pour que vous puissiez rester regroupés », poursuivait Jean-Luc Mélenchon en s'adressant à ses troupes. « Si je dis ce que je fais, je vous divise », insistait-il.

Un cadre de la campagne nous expliquait récemment cette absence de consigne par la« peur de perdre les électeurs arrachés au FN et à l’abstention, ou à l’inverse les politisés de gauche traditionnelle ». « Il n’y aura aucune indulgence de notre part à l’égard de l’extrême droite », précisait-il. Mais il veut croire que cette stratégie ne nuit pas pour l’instant au mouvement. À l’appui de ses dires : le fait que plus de 60 000 personnes se sont inscrites pour soutenir le mouvement depuis le 23 avril au soir. En outre, explique-t-il, depuis huit jours, « des gens qui ne s’étaient pas manifestés pendant la campagne rejoignent maintenant les groupes d’appui »

Surtout, La France insoumise estime que ces polémiques de l’entre-deux-tours seront bien vite oubliées, si tant est, bien entendu, qu’Emmanuel Macron soit bien élu dimanche prochain.

L’hypothèse inverse n’est de fait jamais envisagée chez les cadres du mouvement. Le troisième tour, celui des législatives, est en ligne de mire. « Le second tour de la présidentielle ne va régler aucune des questions. Le vrai choix va se faire aux législatives », explique Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle, et lui-même candidat dans une circonscription à Toulouse. 

Coordinateur du Parti de gauche, Éric Coquerel juge qu’il y a « trois issues possibles aux législatives : l’issue “on continue comme avant” avec Macron majoritaire, l’issue identitaire, raciste et xénophobe avec Le Pen, et l’issue qu’on représente ». Mais pour lui, « les gens vont avoir un réflexe national à voter pour La France insoumise ». C’est cette volonté de « nationaliser » les législatives qui pourrait donner des arguments à une candidature de Jean-Luc Mélenchon dans une circonscription. Les villes de Lille, Marseille ou Toulouse, dans lesquelles La France insoumise a fait de gros scores au premier tour de la présidentielle, sont évoquées.

Reste à fixer une autre pierre d’achoppement : le lien entre La France insoumise et ses alliés potentiels, à savoir Ensemble et le PCF. À cette heure, aucun accord n’a encore été trouvé nationalement avec les communistes. Une nouvelle réunion devait avoir lieu mardi soir. Quelques heures auparavant, dans une tribune publiée sur Mediapart, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, proposait de créer une « bannière commune », « la force du peuple à l'Assemblée nationale », qui pourrait« rassembler toutes les forces dont nous avons besoin pour gagner, qu'elles soient ou non dans La France insoumise ».

Il n’est pas sûr du tout qu’il soit entendu. D’abord parce que La France insoumise a été pensée justement comme un mouvement qui puisse faire bannière – d’ailleurs les candidats estampillés La France insoumise pour les législatives s’engagent à signer une charte, mais peuvent rester dans leur propre parti. Ensuite, et surtout, car le PCF n’est pas précisément en position de force. « La logique voudrait que tout le monde se range sur le programme qui a fait 7 millions de voix », renvoie sèchement un cadre de La France insoumise.

 

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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 05:00
Longtemps, les nazis ont eu mauvaise presse
MARDI, 2 MAI, 2017
HUMANITE.FR

Une tribune de Christian Lehmann, médecin et romancier.

Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme on dit. Un temps où la mémoire des crimes commis par les fascistes (de merde) était une tache indélébile sur le front de l'extrême-droite française. Incapables de consigner à l'oubli les massacres et exactions du Reich et de ses collaborateurs soumis, les héritiers des ligues fascistes, les pétainistes, les antisémites rasaient les murs, échangeant sous le manteau leurs écrits négationnistes.

Vint Jean-Marie Le Pen, qui les décomplexa en partie, en jouant avec les mots. L'homme était bon orateur, cultivé, suffisamment pervers pour tenir un double langage lui permettant comme un clown de tréteaux d'adresser à son public conquis des signes de connivence qui passaient au-dessus de la tête du plus grand nombre. Autour de lui, il agrégea du monde, un premier cercle d'ultracatholiques coinçés et de nazillons païens, de zélateurs du beau langage d’une France Eternelle et de saoûlards bedonnants fiers d’appartenir à la race blanche. Le Pen père les amalgama tous sous sa bannière, faisant taire les dissensions, écrasant les prétendants au trône et les «traîtres», avec une égale férocité.

Cela dura des années. Des années durant lesquelles s'était constitué autour de lui et de ses sbires un cordon de sécurité difficilement franchissable. Ce cordon bordait une fosse, dans laquelle gisaient des millions de morts et une Europe en flammes. Nier cette extermination pour les plus déments, la relativiser pour les plus retors, était un exercice périlleux. D'autant que tout autour, les hommes et les femmes qui avaient vécu cet enfer, qui l'avaient combattu, gardaient dans leur mémoire le nom des disparus, le prix de la liberté.

Cette liberté n'était pas totale, aucune liberté ne l'est. Très vite, le grand rêve des jours heureux avait été perverti. Très vite les "grandes féodalités", les patrons de presse, les barons de l'industrie qui avaient accueilli à bras ouverts le "redressement national" de Pétain et la collaboration avec le nazisme, reprirent le dessus, fustigeant les avancées sociales de l'après-guerre, acquises de haute lutte. Au point que dès les années 80-90, d'aucuns, qui combattaient en vain la main-mise des puissances d'argent, se mirent à trouver audibles les parias lepénistes. Avec le recul, le discours commun apparaît dans son extrême indigence: les uns niaient le génocide juif, faute indélébile, les autres théorisaient qu'un autre génocide était passé sous silence, celui de la classe ouvrière opprimée par les puissants. Fallait-il que ces coeurs soient secs, fallait-il que leur capacité d'outrage soit défaillante, pour ne pouvoir dans le même temps condamner les assassins d'hier et les oppresseurs d'aujourd'hui? Cette alliance rouge-brune eût un temps, fut dénoncée, créa au sein de l'extrême-gauche des déchirures irréparables.

Les années passèrent, les témoins se firent plus rares. Et la mémoire de la Shoah, le combat antiraciste, furent instrumentalisés, pour des raisons politiques. Ces petits calculs n'avaient rien à voir avec le respect dû aux victimes, mais servaient les intérêts géopolitiques du jour.

Longtemps cantonné au rôle de pitbull de la politique, le vieux leader d’extrême-droite confia enfin les rênes à sa fille Marine, charge à celle-ci de «nettoyer» l’image du parti, ce dont elle s’était empressée avec zèle, faisant d’une pierre deux coups.

L’Immigré, l’Arabe, c’était un ennemi à leur portée

Avec le soutien tacite de son père et une maîtrise de la communication insoupçonnée, "Marine" avait fait entrer le Front National dans le vingt-et-unième siècle. Les blagues douteuses sur les fours crématoires, le négationnisme bonhomme de son père, avaient été relégués aux poubelles de l’Histoire. Dans "Le Point", Marine Le Pen avait affirmé que la Shoah avait constitué "le summum de la barbarie", un moment atroce de l’histoire de l’humanité, sur lequel elle ne tolérait aucune ambiguïté. Et s’était empressée de cibler son discours sur un bouc-émissaire plus acceptable, l’Immigré.

Un moment déboussolées, ses troupes avaient rapidement entendu le message. L’Immigré, l’Arabe, c’était un ennemi à leur portée, un ennemi qu’ils pouvaient croiser au quotidien, un ennemi sur lequel ils pouvaient à loisir, aiguillonnés par tout ce que le gouvernement comptait de ministres racistes, reporter leurs frustrations, accuser de tous les maux: chômage, inflation, bientôt même la hausse du prix de l’essence.

Les nostalgiques de l’Ordre Ancien, ceux qui pendant des décennies avaient traqué et dénoncé le Juif, moquant les commémorations de la Shoah, discréditant les survivants, mettant en doute la réalité des camps, ceux-là avaient fait leur temps. Ceux qui n’acceptaient pas de mettre en veilleuse leur haine, ceux qui ne comprenaient pas qu’il était devenu nécessaire, beaucoup moins dangereux politiquement, et beaucoup plus porteur, de concentrer leur fiel sur l’Immigré, devaient être exclus.

Le coup de maître de Marine Le Pen fut de pratiquer ces exclusions publiquement, quand souvent son père s’était contenté de mises à l’écart discrètes. A chaque skinhead dévoilé sur Facebook avec le bras tendu dans une arrière-salle de brasserie, elle organisait une conférence de presse, dénonçant devant des journalistes médusés qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez l’insupportable déviance que représentait cet affront aux victimes du nazisme, et l’incompatibilité de ce comportement avec les «valeurs» que portait selon elle depuis toujours son parti. Cette purge pratiquée au grand jour, sous l’oeil même de média complaisants, lui permettait de gagner sur tous les tableaux, en rassurant l’électorat de droite modérée par sa prise de distance avec les extrêmistes, et en pratiquant au sein même du Parti, sans la moindre hésitation, le bannissement de tous ceux qui pouvaient la gêner. Flanquée de Florian Philippot en gendre idéal, elle se rendit fréquentable.

Pendant des années, les média qui aujourd'hui se muent en résistants de la dernière heure lui offrirent des colonnes, des unes, des photographes de talent, des chroniqueurs complaisants, quand ses adversaires les plus virulents, à gauche, étaient pointés du doigt comme de dangereux irresponsables. Les injustices grandissaient, les boucs émissaires étaient tout trouvés: arabes, Roms, pauvres, populations dangereuses, mises à l'écart par ceux-là même qui nous jouent "No Pasaran" aujourd'hui.

Qui a oublié les propos de Manuel Valls sur les Roms, ou sa ville trop peu pourvue en "whites", en "blancos"? Qui a oublié la déchéance de nationalité? Ou ces lois liberticides que firent voter hier les mêmes députés qui aujourd'hui nous disent: "Vous n'imaginez tout de même pas laisser ceci aux mains du Front National?" Ou Elisabeth Badinter repeignant Marine Le Pen en défenseur de la laïcité? Ou Alain Finkielkraut éructant que "L'avenir de la haine raciste est dans le camp des gens qui se sont réjouis de la défaite électorale de Jean-Marie Le Pen en 2002, et non dans le camp des fidèles de Vichy"? Pendant des années, ceux qui dénonçaient l'injustice sociale, le joug de l'austérité, le poids de la finance sur leurs vies, furent traités comme des pestiférés, tandis que petit à petit Marine, qu'on appelait par son prénom, devenait audible, et que son patronus, Florian Philippot, cumulait les ronds de serviette sur les chaînes d'info.

À gauche un espoir était né, incarné par Jean-Luc Mélenchon

Et nous voilà ce soir. A la veille d'un second tour entre Marine Le Pen, l'héritière de la boutique paternelle, et Emmanuel Macron, ex-banquier qui se rêverait philosophe, adversaire rêvé. Comment en sommes-nous arrivés là? Sûre de tenir sa revanche sur un quinquennat haï, la droite s'est suicidée, se livrant au candidat le plus réactionnaire, le plus austéritaire, le plus malhonnête. C'était un pourri? Peut-être, mais c'était leur pourri. La gauche de gouvernement n'avait cessé de se saborder pendant cinq ans. Le président avait menti pour se faire élire, dénonçant la Finance à laquelle il avait ensuite ouvert toutes les portes, s'entourant de repris de justice, de corrompus, de lamentables. Dans la dernière ligne droite, elle se déchira: après cinq ans de reniements, elle enchaîna la trahison de son propre candidat.

A gauche un espoir était né, incarné par Jean-Luc Mélenchon, qui avait autour de son nom et de sa personne amalgamé des centaines de milliers d'insoumis. Au moment où cette vague se brisait au soir du premier tour, on vit Mélenchon défait, inaudible. Immédiatement, il fut sommé de se désister, de donner une consigne de vote, dénoncé par ceux-là même qui avaient longtemps ridiculisé son mouvement. Et dans le même temps, de ses propres rangs, naquit un mot d'ordre . Pour nombre des insoumis, il semblait inconcevable de voter pour un candidat estampillé comme candidat des élites et de la finance, dont le programme, la volonté de légiférer par ordonnances, heurtait ceux qui se trouvaient soudain pris au piège, entre le fascisme et l'horreur économique. Mélenchon se tut, lui avait l'âge et le vécu nécessaires pour savoir ce que représentait le Front National, dont il avait combattu les idées pendant des années. Et parmi les insoumis, ce furent des hommes mûrs, Axel Kahn, Gerard Miller, Sam Karmann, qui prirent la parole dans les jours qui suivirent pour dire qu'à l'évidence, et la rage au coeur, ils voteraient pour Emmanuel Macron, quitte à le combattre dès le lendemain. La distinction entre l'adversaire et l'ennemi était claire pour eux. Et on avait l'impression que Mélenchon refusait de faire de même, parce que sa stature d'opposant dépendait de ce non-dit: ayant fait naître un grand espoir, il ne pouvait mettre genou à terre.

Et nous voilà ce soir. J'ai lu, comme vous, des dizaines d'articles, de prises de position, de commentaires. Il y a ceux qui invectivent les abstentionnistes, ceux qui exigent des preuves, ceux qui refusent de se salir les mains en votant, ceux qui soulignent la tolérance des candidats du système pour un FN qui longtemps leur a permis par sa seule présence d'accéder au pouvoir, ceux qui s'en remettent aux autres, les "castors" pour faire barrage, ceux-là même qui ne voulaient pas voter Macron pour ne pas le plébisciter mais s'y résolvent devant la médiocrité de cette campagne d'entre-deux tours. Et puis il y a ceux qui se révèlent, pour qui ne les avait pas bien saisi: les Christine Boutin, les Marie-France Garaud, les Nicolas Dupont-Aignant, les futurs collaborateurs à qui on voudrait hurler , si ce mot avait encore un sens.

En 2002, nous savions qui était Jean-Marie Le Pen

Je suis un castor, je ne m'en cache pas. Je n'invective personne. Je n'enjoins personne. J'ai vécu le 23 Avril 2002, je me souviens des manifestations quasi-spontanées jusque dans ma petite ville de région parisienne. Nous étions des milliers. Nous savions qui était Jean-Marie Le Pen, nous savions ce qu'il incarnait. Le Front n'avait pas encore fait profil bas, n'avait pas mis son masque de fausse respectabilité. Pendant des années j'ai écrit des livres où il apparaît, souvent sous le nom d'un parti en quête de respectabilité, "Patrie et Renouveau", en marche vers la conquête du pouvoir. Un de ces livres, "No Pasaran le Jeu", plébiscité par les professeurs de français, d'histoire, les documentalistes, s'est retrouvé au programme des classes de collège, vendu à plus de 350.000 exemplaires. Un autre, "Tant pis pour le Sud", où il était question de la gestion d'une ville passée au FN, et qui m'avait été inspiré par la profanation du cimetière de Carpentras, où déjà Gilbert Collard avait oeuvré pour dédouaner Le Pen père, m'avait valu des menaces de poursuite du cabinet de Bruno Mégret à l'époque. Si vous les avez lu, si vous faites partie de ces 350.000 adolescents qui ont suivi la quête d'Eric, Thierry et Andreas, adeptes de jeux vidéo propulsés dans la mémoire des guerres du XXème siècle, souvenez-nous de la "morale" de cette histoire: Si la vie est un jeu video, elle n'a pas de sauvegarde.

Je voterai Emmanuel Macron. Je voterai pour renvoyer Marine Le Pen devant ses juges, et à ses luttes internes fratricides. Je ne sais pas ce que feront les autres, je ne sais même pas ce que feront certains de mes amis. Je sais juste que chaque vote, chaque bulletin blanc, chaque abstention comptera, que comme les Britanniques, comme les Américains, nous vivrons, tous, avec les choix de chacun.

Une vidéo de 4 mn: "Montrer de quoi le Front National est capable" avec Monseigneur Gaillot

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2 mai 2017 2 02 /05 /mai /2017 09:21

L’Appel de l’Association Nationale des Elus Communistes et Républicains à utiliser le vote Macron pour vaincre l’extrême droite de Marine Le Pen.
 
Le premier tour de l’élection présidentielle n’a pas concrétisé tous les espoirs de transformation sociale et écologique que nous avions pu nourrir.
 
La gauche de transformation et du changement, divisée, n’a pas réussi à s’imposer, laissant s’affronter dans un second tour le candidat des banques et une candidate de l’extrême-droite qui, dimanche, a réuni sur son nom, le plus grand nombre de voix jamais obtenu par le Front national depuis sa création il y a 45 ans en agrégeant 21,4 % des votants. C’est 3 millions d’électeurs de plus qu’il y a cinq ans.
 
C’est une bien mauvaise nouvelle pour notre démocratie, alors que déjà, se multiplient les tentatives pour passer sous silence le formidable élan qui s’est levé à gauche autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
 
Avec près de 20 % des électeurs rassemblés autour de l’exigence d’une rupture démocratique, institutionnelle, sociale et écologique radicale, c’est le peuple d’une France de progrès et de luttes qui, le 23 avril, a retrouvé sa voix.

Sur tous les territoires où nous menons la lutte et où nous mettons déjà en œuvre des politiques alternatives – je pense aux 620 communes dirigées par les maires de l’Association nationale des élus communistes et républicains - le candidat que nous avons soutenu est arrivé largement en tête.
 
Cette victoire est donc bien l’expression d’un vote politique, d’appartenances et d’exigences sociales. C’est le résultat, au-delà de cette très belle campagne que nous avons menée tous ensemble, du travail de terrain de longue haleine que les élus de l’ANECR n’ont jamais cessé de mener.
 
Le 7 mai prochain, pour le second tour de l’élection présidentielle, c’est un nouveau choix que nous devrons faire ; un choix difficile mais qui ne souffre aucune ambiguïté.
La lucidité sur le rapport des forces nous impose un constat sans appel : l’extrême-droite est en mesure, le 7 mai 2017, d’accéder au pouvoir.
 
C’est un risque innommable que nous refusons de prendre pour notre pays et nos concitoyens et en particulier pour le monde du travail.
 
Le 7 mai sera un jour décisif pour l’avenir de notre peuple, de notre nation. Les élus de l’ANECR feront face à ce rendez-vous historique comme leurs ainés ont su le faire en dépassant les clivages. Ce fut le cas en 1936 puis de 1940 à 1944.
 
Le 7 mai prochain pour battre l’extrême droite représentée par Marine Le Pen, ils lui opposeront concrètement le bulletin de vote Emmanuel Macron ainsi utilisé à dessein.
 
Ils invitent tous les démocrates à délaisser les calculs politiciens pour ne retenir que l’intérêt supérieur du pays.
 
Les élus de l’ANECR ne se livrent pas à Emmanuel Macron.
 
Nous savons déjà les combats qu'il nous faudra mener pour contrer les politiques antisociales auxquelles il nous a déjà habitués.
 
Nous les mènerons, forts et fiers de cet espoir nouveau né de notre campagne électorale.

Les élus communistes et républicains appellent donc à faire barrage à l’extrême droite le 7 mai, et à créer les conditions de l’émergence d’une majorité progressiste nouvelle à l’Assemblée nationale en juin prochain, seule capable d’ouvrir le front de la Résistance institutionnelle et citoyenne.
 

Patrice Bessac
Président de l’ANECR

 
Cet espoir mérite que nous repensions une nouvelle unité de toutes les forces progressistes pour faire valoir les aspirations portées par des millions d’habitants de notre pays. Cet espoir peut se concrétiser dès juin à l’occasion des élections législatives.
 
 

Patrice Bessac, président de l'ANECR (Association Nationale des Elus Communistes et Républicains)

Patrice Bessac, président de l'ANECR (Association Nationale des Elus Communistes et Républicains)

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30 avril 2017 7 30 /04 /avril /2017 19:44
Déclaration du Conseil National du Mouvement de la Paix avant le second tour des élections présidentielles: faire barrage au FN, se rassembler et agir pour un monde de paix

Déclaration du Conseil National du Mouvement de la Paix avant le second tour des élections présidentielles

 Le Mouvement de la Paix appelle à faire barrage au Front National, à se rassembler et à agir pour la construction d’un monde de justice et de paix. À la veille d'échéances électorales majeures dans notre pays (présidentielles et législatives) le Mouvement de la Paix par une déclaration en date du 17 Avril 2017 a rappelé un certain nombre de ses valeurs, analyses et propositions sur la base de son projet triennal (2014-2017) Il a souhaité que les électeurs et électrices prennent en compte ces éléments au moment de leurs choix électoraux.

Nous savons que de nombreux électeurs et électrices ont apprécié la déclaration du Mouvement de la Paix tout en n’en tirant pas les mêmes conclusions au plan de leurs choix électoraux. Si, bien, sur chacun est totalement libre de ses choix de vote, le Mouvement de la Paix, estime de sa responsabilité de dire qu’aucune voix ne doit aller en faveur de la candidate du Front national et que tout doit être fait pour faire barrage au Front National avec un score le plus faible possible. Le niveau atteint par le vote FN montre à la fois que :

- l'idéologie fascisante du noyau dur de l'extrême-droite, idéologie de discriminations excluantes, d’expression du négationisme, de désignation de boucs émissaires, de xénophobie et de racisme, continue de progresser en France sans rencontrer de riposte suffisante, argumentée et médiatisée.

- mais aussi que nombreux sont les électeurs et électrices qui utilisent le bulletin de vote Marine La Pen exprimer leur écœurement, leur révolte devant les injustices, le chômage massif, les mensonges et pratiques des dirigeants économiques et politiques du pays. Cette expression est l'un des résultats de la crise profonde de notre société, crise économique, sociale, environnementale et morale.

Ces derniers se trompent de colère et se raccrochent à des promesses fallacieuses .Il sont la cible d’une démagogie habilement orientée en direction de chaque segment de la population. Le développement des idéologies nationalistes et d'extrême droite tant en Europe, aux ÉtatsUnis, que dans d’autres Etats est une menace pour la paix et pour l'amitié entre les peuples qui est à la base du vivre ensemble et d'une culture de la paix. De plus, le Front National propose de porter les dépenses militaires en France à 3 % du PIB soit un doublement des dépenses actuelles c’est à dire des dépenses militaires supplémentaires de l’ordre de 150 milliards d’Euros sur 5 ans. Cependant, nous sommes aussi bien conscients que la logique ultralibérale, qui inspire une mondialisation caractérisée par une logique financière et spéculative, accentue la fracture entre riches et pauvres, au sein de notre société et entre les pays.

Cette logique qui met en concurrence les peuples et les individus, est facteur de tensions, de violences multiples et de guerres et impose à de nombreux peuples des régressions sociales et humaines intolérables alors que la culture de la paix nécessite progrès social et justice.

D’autres voies et solutions existent pour résoudre durablement cette crise grâce à la solidarité entre les peuples et la réalisation concrète des aspirations des peuples et des droits humains (économiques, sociaux, démocratiques, environnementaux, culturels et droit à la paix) en France et dans le monde.  

Ces solutions nécessitent, pour leur réalisation, le soutien et l’engagement résolus des citoyens et citoyennes dans les actions nécessaires et le renforcement des associations et organisations démocratiques. Il faut que progressent partout en France et dans le Monde les idéaux de justice, de respect mutuel, de solidarité et de paix, déjà bien menacés dans le contexte actuel. C'est pourquoi le Mouvement de la paix, appelle au second tour des élections présidentielles à faire barrage au Front National, en utilisant le seul bulletin de vote qui reste à notre disposition, ce qui ne signifie aucunement un soutien au programme libéral et flou de l'autre candidat, ni une acceptation des modalités de cette élection, car pour nous l'essentiel reste de se rassembler et d'agir pour la construction d’un monde de justice et de paix.

Le Mouvement de la paix appelle par ailleurs :

- à participer massivement aux manifestations et rassemblements du 1er Mai en s’exprimant pour la paix, la démocratie, le progrès social et la solidarité internationale.

- à se rassembler et à participer à toutes les luttes actuelles pour la construction d’un monde de justice et de paix.

- à choisir au moment des législatives des candidats qui agissent et s’engagent pour la paix et la construction d’une culture de la paix et de la non-violence.

- à s’engager activement dès à présent dans la préparation des marches pour la paix qui se dérouleront partout en France le samedi 23 Septembre dans le cadre de la journée internationale de la paix.

« Le ventre est toujours fécond d’où est sortie la bête immonde » Bertolt Brecht

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28 avril 2017 5 28 /04 /avril /2017 05:18
Le FN n'est jamais du côté des salariés
 PAR DAN ISRAEL ET MARINE TURCHI

Pour nombre d'ouvriers et de précaires, Marine Le Pen est celle qui les entend le mieux. Mais dans les faits – les déclarations de ses dirigeants, leurs votes, leurs décisions, et même leur programme –, le Front national ne défend pas les intérêts des salariés. Démonstration en trois points.

 

Un grand, un immense sourire. En se rendant à l’improviste aux côtés des salariés de Whirlpool en grève à Amiens, mercredi 26 avril, Marine Le Pen ne cachait pas sa joie devant le coup de com’ qu’elle s’est offert aux dépens d’Emmanuel Macron. Elle s’est prêtée de très bonne grâce aux selfies réclamés par les salariés dont l’usine fermera l’an prochain, ravis de cette rencontre inopinée. En une visite éclair de 20 minutes, et en s’évitant toute discussion de fond, la candidate du Front national a consolidé son image de responsable politique à l’écoute des ouvriers et soucieuse de protéger les Français les plus fragiles des méfaits d’une mondialisation malheureuse. 

Indéniablement, cela fonctionne. Un des représentants CFDT de l’usine a admis publiquement qu’il votait Marine Le Pen. Pour nombre de salariés et de précaires, elle est celle qui les entend le mieux, celle qui est proche d’eux. Et pourtant. Derrière les mots, au-delà des postures destinées à lui rallier le plus grand nombre de voix, le Front national n’est pas aux côtés des salariés. Bien sûr, son programme prétend soutenir les services publics, lutter pour l’amélioration des bas salaires, en finir avec la loi sur le travail. Mais dans les faits, les déclarations de ses dirigeants, leurs votes, leurs décisions, et même leur programme, tout se conjugue pour attester que le parti frontiste n’a au fond que faire des travailleurs ou des plus précaires. Démonstration en trois points.

  • UN PARTI LOIN DES LUTTES SOCIALES

En se rendant directement à l’usine Whirlpool, pendant que l’intersyndicale rencontrait Emmanuel Macron à la chambre de commerce, Marine Le Pen s’est aussi épargné un délicat face-à-face avec les syndicalistes. Car lorsqu’il s’agit de prendre clairement position sur les mouvements sociaux, sur le droit de faire grève ou même de manifester, au FN, l’embarras règne. Jamais on n’a vu ses militants défiler aux côtés des salariés ou des retraités, du public comme du privé. Il y a un an, alors que les manifestations et les grèves battaient leur plein contre la loi El Khomri, Florian Philippot, le numéro deux du parti, était sérieusement gêné pour dire son soutien au mouvement, tellement il craignait de paraître cautionner une action de la CGT.

Le 20 mai 2016 sur Europe 1, Marine Le Pen elle-même se disait en faveur de l’interdiction des manifestations : « En situation d’état d’urgence, il n’y a pas de manifestation », lançait-elle. Avant de faire volte-face un mois plus tard sur TF1, en assurant « respecte[r] la loi et notamment les grandes libertés publiques ». En 2014, déjà, elle avait mené la charge contre les syndicats au micro d’Europe 1, leur reprochant d’être « discrédités », d’avoir « refusé de s'opposer au libre-échange total » et de défendre « l'immigration qui pèse à la baisse sur les salaires ».

Plus tranchée encore – car opposée à la ligne nationale-républicaine, teintée d'accents de gauche, qu'incarne Philippot – Marion Maréchal-Le Pen estimait le 26 mai dernierque « le droit de grève équivaut à bafouer les droits des Français à se déplacer et à travailler », et fustigeait « ces syndicalistes, ultimes adeptes d'une lutte des classes périmée », d’une « stratégie du chaos ». Des contradictions qui ont trouvé un écho jusqu’au rang des rares parlementaires FN, lors de l’adoption de la loi sur le travail. Alors même que la dirigeante du parti dénonçait publiquement le texte, les deux frontistes du Sénat, David Rachline et Stéphane Ravier, avaient tenté d’y inclure plusieurs amendements visant à réduire les droits syndicaux, notamment dans les petites entreprises, et supprimer certains droits sociaux comme le compte pénibilité. Avant de les retirer sur injonction de Marine Le Pen. Laquelle aurait fait passer, selon Le Canard enchaîné, la même consigne aux députés Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard…

Il faut reconnaître que les accents sociaux du Front national, dans ses discours, ne sont pas nouveaux. Avant Marine Le Pen, son père avait entamé un virage, en partant à la pêche aux sans-voix, déçus ou abstentionnistes. Au soir du 21 avril 2002, il avait déclaré : « N’ayez pas peur de rêver, vous les petits, les sans-grade, les exclus » ; « vous les mineurs, les métallos, les ouvrières et les ouvriers de toutes les industries ruinées par l’euromondialisme de Maastricht. Vous, les agriculteurs aux retraites de misère et acculés à la ruine et à la disparition, vous aussi qui êtes les premières victimes de l’insécurité ».

 

Cinq ans plus tard, le fondateur du FN s'adresse à nouveau aux « petits », aux « obscurs », aux « sans-grade » lors de la présidentielle, le 25 février 2007, à Lille, et oppose « le capitalisme financier planétaire » à sa candidature, « la voix du peuple »Dès 2009, le FN a tenté de récupérer la figure de Jean Jaurès, par une campagne d’affichage qui a fait grand bruit : « Jaurès aurait voté Front national. » En 2012, Marine Le Pen avait fait du thème « des invisibles » un axe de sa campagne, entamant un an plus tard un « tour de France des oubliés ».

Mais c'est un paradoxe. Car sur le terrain, non seulement le Front national n’a jamais été présent dans les luttes sociales, mais longtemps, il n’a pas non plus été le bienvenue dans les usines. Un exemple parmi d’autres : le 27 janvier 2003, dans le Pas-de-Calais, commerçants, élus locaux et habitants de Noyelles-Godault font front aux côtés des salariés de Metaleurop Nord, l’usine qui a fermé cette année-là. Une petite délégation FN, menée par Steeve Briois, alors conseiller régional, se faufile dans le cortège. La caméra du documentariste Edouard Mills-Affif les suit. Ils sont écartés. « Vous avez été baisés par la gauche. Eh bien, crevez avec la gauche ! », leur crie Steeve Briois en s’en allant.

Dans ses discours, lors de la présidentielle, en 2012, Marine Le Pen parlait peu des « ouvriers ». Mediapart avait fait le compte à l'occasion de trois discours (Nice, Paris, Metz) : le mot n'était cité au maximum qu'à trois reprises, tout comme ceux d'« employés » et de « travailleurs » (entre une et quatre fois). À Metz, en revanche, elle parlait six fois de « patriotisme », 44 fois de « Français » et 34 fois de « France ». À Nice, le terme « immigrés » (ou « immigration ») apparaissait 17 fois.

  • AU POUVOIR, LE FN NE DÉFEND PAS LES PAUVRES

Dans la pratique, la contradiction du Front national entre le discours et les actes est plus saillante encore. S’il est souvent le premier à dégainer un communiqué lorsqu’un plan social massif est annoncé (par exemple dans le dossier Vivarte, où la classe politique a été globalement silencieuse), le parti ne défend pas les salariés dans ses votes et décisions, au niveau local comme européen.

Dans ses 11 villes, le Front national a pris de nombreuses mesures anti-sociales, dont voici quelques exemples. À Hayange (Moselle), le maire a demandé au Secours populaire d’évacuer son local municipal, reprochant à l’association, qui lutte contre la pauvreté, d’avoir une « idéologie communiste » et de faire de la « propagande pro-migrants ». Face au refus de l’association de rendre les clés, il a envoyé un huissier, accompagné de la police municipale, puis, la semaine suivante, a fait couper l’électricité. Dans plusieurs communes, telles que Le Pontet (Vaucluse) ou Villers-Cotterêts (Aisne), la gratuité dans les cantines pour les plus pauvres a été supprimée. Au Pontet toujours, il a supprimé la prime des employés municipaux tout en essayant d’augmenter son indemnité d’élu.

À Fréjus (Var) et Mantes-la-Ville, les maires ont fermé un centre social (lire nos articles ici et ) ; à Beaucaire (Gard) la « Maison du vivre ensemble » – un centre socioculturel qui assurait le soutien scolaire d'une centaine d'enfants – a été contrainte de mettre la clé sous la porte après que la mairie a supprimé sa subvention de 53 000 euros par an. Le maire de la commune gardoise a aussi voulu mettre fin aux impayés dans les cantines scolaires en signalant à la CAF, au procureur de la République et à la protection de l'enfance les parents « malhonnêtes ». À Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Steeve Briois a tenté de faire passer un arrêté “anti-mendicité agressive” que le tribunal administratif de Lille a suspendu. À Villers-Cotterêts, le maire a mis fin à la subvention aux syndicats.

Plusieurs maires ont aussi rechigné à se plier aux obligations en matière de logement social, au motif que ces logements ne seraient pas réservés en priorité aux citoyens français. Le parti frontiste est d’ailleurs visé par une enquête pour « provocation à la discrimination » car il avait recommandé à ses élus, dans un guide municipal, de défendre la « priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux ».

À Béziers, Robert Ménard, soutenu par le FN, avait promis que sa ville serait un « laboratoire social ». Le maire a multiplié les mesures visant les plus précaires. Il a ainsi proposé la suppression de l'étude surveillée du matin aux enfants de chômeurs. Il veut aussi convoquer les auteurs de petits délits à la mairie pour des « rappels à l'ordre », et souhaite suspendre les aides sociales municipales de ceux qui ne se plieraient pas à la procédure.

Dans les conseils régionaux, le Front national s’est souvent limité à un discours de dénonciation, plutôt que de propositions. Dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, les élus frontistes se sont tenus très loin des luttes des salariés de Fralib (filiale d'Unilever fabriquant les thés Lipton) et NetCacao (chocolaterie marseillaise), deux usines au bord de la fermeture en 2011. Le parti a été absent des manifestations des Fralib, qui protestaient contre la délocalisation de leur activité en Belgique. En octobre 2010, ses 24 élus au conseil régional n'ont pas non plus voté la motion de « solidarité avec les salariés de Fralib » proposée par la gauche (lire notre article).

Au Parlement européen, loin des caméras françaises, qui se risquent rarement au-delà des séances plénières, les positions antisociales s’épanouissent plus largement encore. C’est le site Bastamag qui épingle le mieux le double discours du parti frontiste. Le 4 octobre 2016, alors qu’Alstom vient d’annoncer sa volonté de fermer son usine historique de Belfort, et que Caterpillar supprime 2 500 emplois de son usine de Charleroi en Belgique, plusieurs groupes parlementaires européens tentent de faire voter une résolution « sur la nécessité d’une politique européenne de ré-industrialisation ». Ils demandent à la Commission européenne une sérieuse réflexion sur la politique industrielle européenne, pour éviter les délocalisations vers les pays moins-disant socialement et « sécuriser les emplois industriels européens ». Dix-huit députés FN, dont Marine Le Pen, ont voté contre cette résolution, et seul Florian Philippot s’est prononcé pour. La résolution a été adoptée.

Comme le montre toujours Bastamag, ce vote du FN contre les travailleurs au niveau européen n’est en fait pas isolé. En janvier, tous les eurodéputés du parti ont voté contre la proposition de créer un socle européen des droits sociaux, censé lutter contre le dumping social. Il s’agit de formaliser un seuil minimal de droits sociaux que les États membres doivent impérativement respecter. Las, pour le parti de Marine Le Pen, la souveraineté nationale doit primer, même sur ce sujet.

Les positions sont tout aussi contradictoires concernant le libre-échange, qui est pourtant désigné comme l’ennemi numéro 1 des salariés dans le discours frontiste. En commission, ni Marine Le Pen ni son suppléant n’ont voté sur le projet d’accord de libre-échange transatlantique, le Tafta, en mai 2015. Idem en janvier 2017 au sujet de l’accord de commerce entre Europe et Canada, le Ceta. Marine Le Pen n’est allée voter contre le Ceta qu’en séance plénière.

  • UN PROGRAMME SOCIAL PENSÉ POUR LES PATRONS ET LES PLUS RICHES

Toutes ces vérités transparaissent largement lorsqu’on se plonge dans le programme social du FN, comme Mediapart l’a déjà fait ici, pour mieux dissiper l’illusion entretenue par Marine Le Pen et ses troupes. Car, au-delà d’une inacceptable préférence nationale, le parti des Le Pen ne préconise quasiment aucune mesure destinée à réduire les inégalités et à protéger les plus pauvres ou les plus précaires. C’est par exemple ce que soulignait fort bien cette militante proche des Insoumis sur Twitter.

Point symbolique s’il en est : le Smic. Marine Le Pen, si prompte à dénoncer la baisse du pouvoir d’achat des Français, ne propose en fait pas d’augmenter le salaire minimum. « Cela entraîne une charge supplémentaire pour les entreprises, qui sont déjà dans une très grande fragilité dans notre pays », a décrété la candidate en janvier. Et alors qu’en 2012, elle assurait qu’elle revaloriserait de 200 euros net par mois tous les salaires jusqu’à 1 500 euros, grâce à une taxe de 3 % sur les produits importés en France, elle ne parle désormais plus que de « prime de pouvoir d’achat » pour « les bas revenus et les petites retraites », de « près de 80 euros par mois ». Signalons au passage que la taxe à l’importation devrait immanquablement renchérir le prix de produits achetés tous les jours par des consommateurs, et frapper plus durement les moins fortunés qui n’ont parfois pas les moyens de se payer du « made in France ».

Marine Le Pen ferme aussi les yeux sur les mutations du travail, et son programme donne en fait la priorité aux petits patrons, promettant d’« alléger la complexité administrative et fiscale », de supprimer le compte pénibilité instauré par le gouvernement socialiste pour « libérer » les entreprises, et de recentrer sur les PME et sur les start-up le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Tout comme Emmanuel Macron, elle projette d’ailleurs de transformer le CICE en allègement durable de cotisations sociales. Et tout comme lui, elle propose de permettre de sortir des 35 heures par des négociations « au niveau des branches professionnelles ». Elle veut aussi privilégier les entreprises françaises dans l’attribution de marchés publics, et lutter contre la directive sur les travailleurs détachés, en l’abrogeant. Mais elle néglige, tout comme les collectivités locales qui marchent dans ses pas avec la désormais fameuse « clause Molière », que si la France accueille bien 286 000 travailleurs détachés sur son territoire, elle est aussi le troisième pays à en envoyer partout en Europe : 120 000 Français travaillent sous ce statut sur tout le continent.

Le Pen annonce encore sa volonté de rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires, mesure permettant à certains salariés de gagner plus, mais bloquant l’accès au marché du travail à de nombreux autres demandeurs d’emploi, et surtout par définition inégalitaire, puisqu’elle ne bénéficie qu’à la moitié des foyers français les plus riches, ceux qui payent l’impôt sur le revenu (les autres inconvénients de cette mesure sont listés ici par Libération).

 

Le cas des heures supplémentaires n’est pas isolé. Le programme du FN est en fait en bonne partie dirigé vers les plus aisés, et non les précaires que Marine Le Pen drague ouvertement. C’est particulièrement clair pour les mesures fiscales. Ainsi, s’il prévoit bien une baisse générale de 10 % de l’impôt sur le revenu pour tous les Français gagnant jusqu’à 6 000 euros par mois, le programme ne propose pas de hausse d’impôt pour les plus riches, bien au contraire.

Le FN projette par exemple de « rétablir la demi-part des veuves et veufs ». La suppression de cette demi-part en 2008 – mesure qui avait pris son plein effet en 2013 – avait été vivement ressentie par les ménages les plus faibles. Mais depuis, le gouvernement a fait adopter un dispositif d’exonération permanent pour les revenus inférieurs à 13 553 euros. Autrement dit, le FN semble vouloir faire baisser la part d’impôt des revenus de la classe moyenne, mais aussi au-delà, puisqu’il n’annonce pas de plafond à cette mesure. En annonçant qu’il envisage de « rehausser progressivement le plafond du quotient familial », il poursuit dans la même logique, car le quotient familial bénéficie d’autant plus à un foyer fiscal que ses revenus sont importants.

La dernière mesure annoncée est quant à elle directement pensée pour les plus riches : limiter fortement le montant des impôts sur les successions, en permettant de transmettre à ses descendants, sans taxation aucune, jusqu’à 100 000 euros tous les cinq ans (au lieu de quinze ans actuellement). Le tout peut-être au nom de la « solidarité intergénérationnelle », mais certainement pas de la justice fiscale.

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25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 20:09

Faire barrage à l’extrême droite et lutter pour le progrès social et la démocratie

Déclaration de la Commission exécutive confédérale
mardi 25 avril 2017

Les résultats du premier tour des élections présidentielles françaises confirment les risques pour la démocratie, les droits des salariés et des citoyens.

Ils sont les résultats des politiques libérales, des lois régressives, des remises en cause des droits, comme des renoncements des gouvernements successifs à œuvrer véritablement pour la justice sociale et la réponse aux besoins sociaux et environnementaux. Pour autant, depuis des mois, de nombreux salariés et citoyens contestent ces choix, s’opposent aux mauvais coups, tels la loi travail et la loi Macron et se mobilisent avec leurs organisations syndicales, notamment la CGT.

Pour la deuxième fois dans le pays, sous la Vème République, une candidature d’extrême droite, représentée par le front national, sera présente au second tour des élections présidentielles. C’est un danger pour la démocratie, la cohésion sociale et le monde du travail. Les gouvernements, qui depuis 2002 se sont succédés sans jamais répondre aux aspirations légitimes à plus de justice sociale, sans ouvrir de perspectives d’avenir meilleur, en portent une lourde responsabilité !

La CGT ne se résoudra jamais à accepter un tel scénario. Elle affirme que les salariés doivent, plus nombreux et plus fort, exprimer leurs attentes et leurs exigences revendicatives, faire grandir des mobilisations convergentes capables d’imposer un rapport de force pour gagner de nouveaux droits. Seul le progrès social favorise les solidarités, participe à combattre l’exclusion, les stigmatisations, les mises en concurrence.

L’utilisation des peurs, du terrorisme, les amalgames éhontés entendus lors de la campagne, la xénophobie, le racisme, le sexisme et l’homophobie, la préférence nationale ne résoudront pas les inégalités, le chômage et les bas salaires. 
La CGT les combat et les combattra sans relâche ! Elle n’aura de cesse de faire barrage à l’extrême droite ! Pas une voix ne doit se porter sur sa candidate !

L’autoritarisme des gouvernements successifs, les engagements non tenus ou les reniements, le renoncement à une Europe sociale, les dénis de démocratie, l’utilisation à répétition du 49.3 et les politiques menées ont cultivé la désespérance et le fatalisme d’une partie de la population. Cela est renforcé par la casse de l’industrie et des services publics, la montée du chômage et de la précarité, l’abandon des zones rurales et périurbaines.

La CGT ne croit pas en l’Homme providentiel et c’est la raison pour laquelle, elle revendique une véritable démocratie et de véritables droits d’expression et d’intervention dans toutes les entreprises et les services. Elle propose des alternatives sociales comme, par exemple, l’augmentation des salaires, des pensions et minima sociaux, les 32 heures pour travailler toutes et tous, travailler mieux et moins.

La CGT appelle l’ensemble des salariés et des organisations syndicales à faire du 1er mai une journée de mobilisation, de lutte et d’expression revendicative exceptionnelle, une journée de rassemblement pour les droits des travailleurs, le progrès social, la liberté, l’égalité, la justice, la fraternité, la paix, la démocratie et la solidarité internationale.

Montreuil, le 25 avril 2017

Faire barrage à l'extrême-droite et lutter pour le progrès social et la démocratie (déclaration de la CGT)
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25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 19:38
En fidélité aux valeurs de la Résistance - communiqué de l'ANACR, 24 avril 2017

EN FIDELITE AUX VALEURS DE LA RESISTANCE

 

En ce premier semestre 2017, le peuple français a été et est appelé - lors des élections présidentielles et législatives - à choisir celles et ceux qui auront à diriger la France dans les cinq prochaines années, à choisir des options qui engageront son destin pour plus longtemps.

Le résultat obtenu le 23 avril par la candidate du Front National au premier tour de l’élection présidentielle – plus de 7 600 000 voix, plus d’1,2 million de plus qu’en 2012 – soulève une vive inquiétude, car elle traduit une progression des idées xénophobes et liberticides qu’elle professe ; inquiétude d’autant plus grande que d’autres candidats, par conviction ou surenchère démagogique à visées électoralistes, s’en sont parfois fait l’écho.

Cette progression révèle l’ampleur de la crise morale, sociale et de la démocratie que connaît notre pays, très largement la conséquence de la remise en cause -encore accentuée cette dernière décennie - du pacte social et républicain mis en place à la Libération en s’inspirant du Programme du Conseil National de la Résistance (C.N.R.), de la remise en cause des principes de maintien de la paix, de coopération entre les nations et de solidarité entre les peuples concrétisés par la création de l’ONU en 1945.

Fidèle aux valeurs humanistes, patriotiques et démocratiques de la Résistance, ayant inspiré la lutte des Résistantes et Résistants, l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance n’a cessé, depuis sa création en 1945, de combattre la xénophobie et les résurgences du fascisme, masqué ou non,  de se prononcer pour une société juste et fraternelle, pour un monde pacifique et solidaire.

A l’heure où, en mai et juin prochain, les Françaises et les Français vont à nouveau devoir s’exprimer, en élisant le nouveau Président de la République et les député(e)s d’une nouvelle Assemblée nationale, l’ANACR les appelle à - en conscience et en toute liberté - prendre en compte dans la détermination de leurs choix ces valeurs exprimées par le Programme du CNR, ainsi que la nécessité de prolonger, sans faiblesse ou complaisance, le combat antifasciste des Résistant(e)s.

 

Paris, le 24 avril 2017

 

L’ANACR

 

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25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 17:13
Le Parti communiste appelle à battre Le Pen
DIMANCHE, 23 AVRIL, 2017
L'HUMANITE
 

Le PCF a dénoncé, a l’issue du premier tour, « une situation extrêmement grave pour notre pays » et appelle à poursuivre la lutte lors des prochaines élections législatives.

 

 

 

Dans une déclaration, le Parti communiste a dénoncé a l’issue du premier tour « une situation extrêmement grave pour notre pays. » Pour le PCF, soutien de Jean-Luc Melenchon, le second tour de l’élection présidentielle « opposera la candidate de l’extrême-droite populiste et xénophobe, Marine Le Pen, à Emmanuel Macron, candidat que les milieux financiers se sont choisi pour amplifier les politiques libérales dont notre pays souffre depuis 30 ans. » Le PCF considère cependant, que « Marine Le Pen veut un monde dangereux où toutes les aventures guerrières deviendraient possibles, où toutes les rivalités nationalistes seraient encouragées. » Les communistes, « conscients des immenses batailles qui sont à venir et des responsabilités qui incombent à notre parti, nous appelons le 7 mai, lors du second tour de l'élection présidentielle, à barrer la route de la Présidence de la République à Marine Le Pen, à son clan et à la menace que constitue le Front national pour la démocratie, la République et la paix, en utilisant le seul bulletin de vote qui lui sera malheureusement opposé  pour le faire. »

« Un espoir nouveau pour l'avenir »

Le parti communiste, qui a activement participé à la campagne de Jean Luc Mélenchon, qui réalise entre 19 et 20% de suffrages, salue également  « la campagne de Jean-Luc Mélenchon, tous les militants communistes, du Front de gauche, de la France insoumise, les élus communistes et Front de Gauche, les citoyens qui s'y sont investis. Ce résultat est le leur. » Cette campagne bien qu’échouant à atteindre le second tour visé, « lève un espoir nouveau pour l'avenir, pour réinventer la gauche nouvelle qu’attend notre pays, pour déverrouiller le système politique et la démocratie. » « L’engagement de notre parti, de ses militantes et militants, des élu-e-s communistes et républicains dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon a permis des rassemblements prometteurs. » ajoute le PCF.

Poursuivre la lutte ce 1er mai et aux législatives

Enfin, selon le Parti communiste, la leçon essentielle de cette campagne est que «  rien n’est plus urgent que de continuer à ouvrir aux nouvelles aspirations, à une véritable démocratie citoyenne, les voies de leur rassemblement pour construire une nouvelle République sociale, écologique, solidaire, respectueuse de la diversité et des attentes de notre peuple. » Cette lutte de longue haleine commencera dès le 1er mai et se prolongera lors des élections législatives où le PCF compte faire élire  des « députés qui résisteront à la droite et à l’extrême-droite, qui ne s’allieront pas avec les députés macronistes pour voter des lois anti-sociales.  Des députés porteurs de résistance et d'espoir face aux appétits de la finance et contre la haine et les divisions. »

Journaliste à l'Humanité dimanche
Le Parti Communiste appelle à battre Le Pen (L'Humanité, Dimanche 23 avril 2017)
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