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7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 06:16
Fillon à la droite: c'est moi ou le chaos (Médiapart, 6 février 2017)
Fillon à la droite: c’est moi ou le chaos
 PAR FRANÇOIS BONNET ET ELLEN SALVI

« Droit dans ses bottes » comme l’était Juppé en 1995, Fillon a voulu démontrer à son camp qu’il n’y avait pas d’autre choix possible : ce sera lui et personne d’autre. Qui dit plan B dit « plan Bérézina », assure-t-il.

 

Il y eut la minute de contrition. « J’ai commis une erreur, je le regrette profondément et je présente mes excuses aux Français », a expliqué lundi 6 février François Fillon à l'occasion de cette conférence de presse convoquée comme un ultime exercice de sauvetage. Une erreur relative d'ailleurs, a aussitôt tempéré celui qui, « avec une énergie décuplée », est plus que jamais candidat de la droite à l'élection présidentielle. Car François Fillon, pour qui tout cela « est légal » (la justice le dira), s'interroge toujours sur la réalité de la question éthique et morale posée par les emplois familiaux présumés fictifs de sa femme et de ses enfants : « C’est aux Français de décider », tranche-t-il. Tout juste consent-il à noter que « cette pratique est désormais rejetée » et qu'il a sans doute« mis un peu de temps à comprendre les évolutions de la société ».

Mais plus qu'une opération de transparence sélective, tant les zones d'ombre demeurent nombreuses (lire notre article sur les oublis et imprécisions du candidat), François Fillon s'est surtout acharné à reprendre en mains sa famille politique et les cartes d'une campagne électorale qui lui échappe depuis la révélation du scandale. Alors que depuis une semaine, les responsables LR jouent au Rubik's cube « vite, changer de candidat », l'ancien premier ministre a brutalement sifflé la fin de partie : « Il n’y a pas de plan B. Le plan B, c'est un plan Bérézina. Il n’y a pas d’autre solution si nous voulons être présents au deuxième tour. »

 

Et pour que les choses soient bien comprises par son camp, François Fillon a soigneusement reprofilé sa candidature. « Je ne suis pas le candidat d’un parti », a-t-il assené, s'appuyant plus que jamais sur le vote des plus de quatre millions d'électeurs de la primaire de la droite et du centre pour faire taire ceux qui, chez Les Républicains, pointent les dégâts catastrophiques de l'affaire. Changer de candidat ? « Personne, aucune instance n’a la légitimité pour remettre en cause ce choix », a-t-il insisté, écartant publiquement tous les scénarios testés et discutés ces derniers jours (congrès exceptionnel, primaires fermées, etc.).

« La droite ne peut pas avoir d’autre candidat », assure l'ancien premier ministre, ajoutant au passage que « maintenant que la transparence est faite, elle doit s’appliquer à tous », donc également à ses très nombreux parlementaires et responsables de droite qui ont eux aussi cédé aux délices de l'enrichissement personnel via les emplois familiaux, les conférences rémunérées, les prestations de conseil ou les commissions occultes au sein du groupe UMP au Sénat, « des pratiques politiques très anciennes ». Voilà pour l'avertissement tendance « boules puantes »…

Et maintenant l'avertissement politique. Que ses rivaux et adversaires de droite cessent de rêver : « Personne ne pourra effacer le choix des électeurs de la primaire, on ne pourra leur voler ce vote. » Voilà même que François Fillon se décrit en candidat anti-système, cible de forces obscures qu'il ne veut nommer tout en suggérant qu'elles sont bien nombreuses, de Marine Le Pen au pouvoir actuel, sans exclure quelques bas-fonds bien peuplés dans son propre camp.

L'explication d'une telle affaire Fillon, « du jamais vu sous la Ve République », c'est le« système », assure désormais l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, reconverti en conseil de quelques grands groupes et ami proche du milliardaire Ladreit de Lacharrière ou de l'ancien patron d'Axa Henri de Castries. Le « système » qui veut à toute force organiser un second tour Le Pen-Macron en éliminant le candidat de la droite devenu un quasi-rebelle… « Mon programme dérange le désordre établi, croit-il savoir.Je suis le seul candidat à promettre de mettre en œuvre un programme de rupture. » D'où le déchaînement soudain de ces forces telluriques, d'un « tribunal médiatique »s'adonnant au « lynchage », sans parler d'une justice décrite comme aux ordres.

« J’ai entendu peu de voix prendre ma défense », a noté celui qui en trente-deux ans de carrière politique a empilé toutes les fonctions électives imaginables… Et cette adversité constatée, ou le silence embarrassé voire catastrophé de son propre camp, ne l'incite pas plus à quelques initiatives d'ouverture. « Je suis candidat et candidat pour gagner. »

François Fillon s'est livré ce 6 février 2017 à l'exercice tenté par Alain Juppé le 6 juillet 1995 lorsqu'il était mis en cause pour un logement du domaine privé de la Ville de Paris.« Je reste droit dans mes bottes. » Ce fut pour Juppé le début de la descente aux enfers.

À peine la conférence de presse achevée, les quelques voix qui s’étaient inquiétées, ces derniers jours, du maintien de la candidature de François Fillon ont changé de tonalité.« Il a la légitimité pour poursuivre, il bénéficie de tout ce qui est présomption d’innocence », a par exemple affirmé sur RTL le député LR Georges Fenech, qui était pourtant le premier à avoir jeté un pavé dans la mare la semaine dernière, en affirmant que « le résultat des primaires [était] caduc » et en lançant un appel à tous les parlementaires de sa famille politique pour la tenue d’un conseil national extraordinaire.

 

Mardi matin, l’ancien premier ministre réunira tous les parlementaires, avant de se rendre à Troyes (Aube), où il retrouvera François Baroin. La réunion, qui s’annonçait pour le moins délicate en raison des mauvais retours du terrain, devrait être plus calme qu’annoncé. Dès lundi soir, bon nombre d’élus LR saluaient la prestation de leur champion et réitéraient leur soutien, bien obligés de constater sa détermination et l’absence absolue d’un plan B quelconque.

« Ils sont tous rentrés à la niche, commente un élu, consterné. Ça va durer quelques jours, jusqu’au prochain mauvais sondage… » Pour « resserrer les rangs », selon les mots de son entourage, auprès de sa candidature, François Fillon a annoncé ce lundi la création d’un « comité de campagne », qui se réunira « tous les mardis midi ou un mardi sur deux » pour discuter du « pilotage et de la stratégie de campagne ». À l’issue de chacune de ces réunions, Thierry Solère, l’un des porte-parole du candidat, tiendra une conférence de presse.

Cette nouvelle instance ne présente aucune réelle surprise. Elle est composée de 23 membres (dont seulement deux femmes), pour beaucoup déjà présents dans son organigramme de campagne, qui, lui, ne bouge pas. En revanche, les équilibres des anciennes écuries ont clairement volé en éclats puisque ce groupe compte :

  • 8 sarkozystes : François Baroin, Luc Chatel, Éric Ciotti, Gérald Darmanin, Brice Hortefeux, Christian Jacob, Laurent Wauquiez et Éric Woerth ; 
  • 5 fillonistes : Bernard Accoyer, Jérôme Chartier, Gérard Larcher, Gérard Longuet et Bruno Retailleau ;
  • 3 juppéistes : Dominique Bussereau, Jean-Pierre Raffarin et Valérie Pécresse.

Auxquels s'ajoutent quatre anciens prétendants à la primaire (Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Hervé Mariton et Bruno Le Maire), son organisateur (Thierry Solère), le patron de l’UDI (Jean-Christophe Lagarde). Le seul à faire son entrée dans la campagne est Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, jusqu’alors absent de l’organigramme.

En un sens, les sarkozystes, qui grommelaient depuis la victoire de François Fillon, ont obtenu gain de cause en reprenant la main sur la principale instance politique de son équipe. Mais en créant cette dernière, le candidat LR a également réussi à ramener dans son giron tous les plans B évoqués depuis une semaine, à l’exception d’Alain Juppé, dont la principale représentante, Virginie Calmels, ne figure pas dans ce comité.

L’ancien premier ministre a réuni cette nouvelle instance une petite heure après sa conférence de presse. Selon nos informations, chacun des membres a salué sa prise de parole devant la presse. Lui-même semble en être sorti ragaillardi : « J’ai stoppé l’hémorragie », leur a-t-il confié, avant de leur assurer que tout serait fini la semaine prochaine.

Fillon à la droite: c'est moi ou le chaos (Médiapart, 6 février 2017)
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6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 19:12

Retour sur le meeting d’Emmanuel Macron qui s’est tenu samedi au Palais des Sports de Gerland, à Lyon

 

« Les bibliothèques seront ouvertes le dimanche ». Je répète. « Les bibliothèques seront ouvertes le dimanche ». Le petit homme entre dans l’arène. Les bras en croix devant la foule. Miracle ! Plus de 8000 pèlerins ont pu trouver place dans l’enceinte qui ne peut en contenir que 6500. Miracle ! Le peuple, appelé à se mettre et à demeurer « En marche ! » jusqu’au printemps, a supporté de rester assis. Assis pendant une heure et quarante cinq minutes pour entendre cette prophétie : « Les bibliothèques seront ouvertes le dimanche ».

Au cœur de l’enceinte, une tribune. Même design que celle qui, au siècle dernier, permit à un François Mitterrand de promettre une vie plus rose. La réverbération de type cathédrale (chapeau le sonorisateur!) donne du coffre à la voix du petit banquier en costume gris, qui veut se faire Général à la place du Général.

Le scénario messianique est léché. Le démon, c’est Hamon. Qui veut faire de nous des oisifs, en multipliant par deux le RSA. (Ah bon ? Douxékilavussa ?) Oui, oui, le méchant Hamon, veut multiplier le RSA par deux ! Juré, craché, vomi ! Une honte ! Seul le travail rend libre (traduction pour nos lecteurs d’Outre-Rhin :« Arbeit macht frei »). Alors, prenant son courage à deux mains, pour invoquer demain face à la force du passé qui habiterait le démon Hamon, le financier chausse son faciès d’exorciste et dégaine une autre prophétie : les budgets militaires seront multipliés. La foule exulte. Comblée. Gonflée d’espoir et d’envie. Seigneur ! En attendant l’ouverture des bibliothèques le dimanche, nous ne saurions trop conseiller à chacun des membres de cette foule galvanisée par le logo « En marche ! » de cliquer sur ce lien pour méditer la notion de « logorrhée ».

Comme dans toute séance de catéchisme, le silence se fait à la lecture d’un passage littéraire, choisi pour nourrir quelques réfléxions. Le banquier, décidément voué à l’art du copier-coller pour briller, plaque en particulier un extrait des « Feuillets d'Hypnos » de René Char. Des écrits courts, haletants, que l’écrivain couchait sur le papier entre deux scènes de guerre vécues dans les années 40. Hypnotique. La foule retient son souffle. Et toute la France est invitée à rester en apnée, en attendant de pouvoir lire enfin le programme d’Emmanuel Macron. Mars. Pas avant, mars. Et autant prévenir, il sera aussi court qu’ un Feuillet de Char. Pas 200 propositions, comme les autres. Non, non. Le monsieur qui a simplifié le Code du Travail, promet un projet politique simplifié pour gouverner la 5e puissance mondiale. Des idées simples, dans un corps de texte simple. Chez ces gens-là, chez ces gens de l’anti-système, on n’écrit pas. On cause.

De l’autre côté du miroir (de devant l’écran de son smartphone pour être précis), l’ex-ministre de la Culture se souvient qu’elle a eu à se coltiner les diktats du banquier lorsqu’il gouvernait depuis Bercy transformant les carrosses ferroviaires en vulgaires autobus. Aurélie Filippetti, rédige 140 signes sur le fond bleu de son compte Twitter : « J'ai déjà rappelé que début 2015 il a lui-même rejeté puis amoindri mon amendement à sa propre loi pour ouvrir les bibliothèques ». Diable ! C’est court, mais c’est vrai que ça en dit long !

Laurence Mauriaucourt

Journaliste pour l'Humanité


 


 

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6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 16:30
Les Français aiment leurs services publics de proximité (sondage IFOP - 6 février 2017)
Les Français aiment leurs services publics de proximité

lundi 6 février 2017

Les Français aiment leurs services publics de proximité et souhaitent majoritairement les conserver, quitte à les financer encore davantage. C’est ce qui ressort d’un sondage exclusif réalisé par l’Ifop pour Acteurs publics et EY.

Ils se déclarent à une large majorité être attachées à la quasi-totalité des services publics. Le service public hospitalier (hôpitaux publics, etc.) arrive en tête avec 90 % d’entre eux évoquant leur lien fort avec cette institution, de peu devant les services publics de sécurité – police, gendarmerie, etc. – (85 %) et la Sécurité sociale (85 %), héritée de l’après-Seconde Guerre mondiale. Le service public de l’enseignement (78 %) et les services publics de justice (72 %) se situent ensuite à un haut niveau. Ils sont en revanche très partagés s’agissant des services publics de l’emploi (50 %), lesquels pâtissent sans doute du haut niveau du chômage depuis de nombreuses années et du peu d’efficacité perçue qui leur est prêtée. Ce point fait d’ailleurs l’objet d’un clivage marqué en fonction de la proximité politique des personnes interrogées : les sympathisants de droite (38 %), plus libéraux sur le plan économique, font preuve de moins d’attachement que ceux de gauche (62 %).Une majorité d’entre eux (57 %) estime ainsi qu’il est nécessaire de garder des services publics à proximité des usagers sur l’ensemble du territoire quitte à augmenter les impôts, tandis que 43 % considèrent qu’il est nécessaire de faire des économies budgétaires compte tenu de l’ampleur des déficits publics et de la dette, quitte à fermer certains services.

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6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 16:07
L'appel des 100 réunit à gauche (L'Humanité, 5 février 2017)
L'appel des 100 réunit la gauche
STÉPHANE SAHUC
DIMANCHE, 5 FÉVRIER, 2017
HUMANITE.FR
La soirée organisée conjointement le 3 février par les collectifs Appel des 100-Alternative 2017, Les jours heureux, Pouvoir citoyen en marche et Utopia a réussi à mettre dans la même salle, Yannick Jadot le candidat d’EELV, Benoit Hamon celui du PS, Charlotte Marchandise candidate issue de « la primaire.org », Pierre Laurent le secrétaire national du PCF, Clémentine Autain d’Ensemble et Eric Coquerel responsable du PG et représentant la France Insoumise. 
L’espoir. C’était indéniablement le mot clef de la soirée organisée conjointement le 3 février par les collectifs Appel des 100-Alternative 2017, Les jours heureux, Pouvoir citoyen en marche et Utopia. Des collectifs qui depuis plusieurs mois travaillent à faire s’exprimer les convergences entre les différentes formations de « gauche critiques et écologistes » et des mouvements citoyens qui voient leur ténacité en passe d’être récompensée.
Ils ont d’ores et déjà réussi à mettre dans la même salle, Yannick Jadot le candidat d’EELV, Benoit Hamon celui du PS, Charlotte Marchandise candidate issue de « la primaire.org », Pierre Laurent le secrétaire national du PCF, Clémentine Autain d’Ensemble et Eric Coquerel responsable du PG et représentant la France Insoumise. L’objectif les faire débattre, entre-eux mais également avec les citoyens, sur ce qu’il est possible de faire ensemble et comment y arriver. Les animateurs de l’Appel des 100 ont d’ailleurs prémâché le travail, en quelque sorte, puisqu’ils ont cherché dans les programmes des différents candidats et des partis qui les soutiennent les points ou propositions convergentes autour de cinq grandes priorités : les questions sociales, les questions économiques et écologiques, les questions démocratiques et de défense des droits, l’Europe et les questions internationales. De cette analyse de textes, ils ont tirés 53 propositions susceptibles de faire consensus. Pour faire bon poids, les candidats et leurs représentants ont pu également entendre des interventions d’acteurs et d’actrices des luttes syndicales, associatives, citoyennes sur des questions touchant à la santé, au féminisme, à la défense des services publics, à l’uberisation de la société ou encore à la baisse du temps de travail.
 
Dans la salle les interventions, les apostrophes en direction des candidats et des partis vont toutes dans le même sens. Pour la première fois depuis de long mois l’espoir est de retour. L’engouement autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, la victoire de Benoît Hamon à la primaire socialiste confirment  « la rupture » de l’électorat de gauche avec le quinquennat. Ajoutez à cela le « dégagisme » et les déboires du candidat de droite, « un alignement de planètes » pour reprendre l’expression d’une intervenante qui peut permettre d’éviter la catastrophe annoncée d’un second tour droite/extrême droite et de législatives d’où disparaîtrait la voix de la gauche. "Rien ne serait plus catastrophique qu'une gauche d'alternative divisée qui assèche le potentiel de changement" estime ainsi Jean-Marc Canon, responsable de la CGT service public.  Car pour une bonne partie de la salle, il est possible « de faire gagner les idées que nous portons » à condition de dépasser le "narcissisme des différences".
"Immense responsabilité", « un moment historique », "obligation de résultats", c'est peu de dire que les candidats sont sous pression. Et tous reconnaissent la légitimité de cette aspiration. Reste cependant la question du comment faire ? Sur cet enjeu aussi les idées ne manquent pas : nouvelles primaires par internet, tirage au sort, assemblées citoyennes locales..."Enfermez vous dans une salle pendant 72 heures et sortez avec un accord comme au Portugal", lance même Gérard Filoche.
Pas si simple pourtant. Si pour Yannick Jadot il serait "irresponsable de ne pas essayer de dépasser les egos pour parler projet", "irresponsable de ne pas nous donner une chance".
Si Pierre Laurent appelle à "poursuivre et élargir le débat de projet" et affirme que les communistes seront parties prenantes de "tout ce qui peut être fait pour avancer" aussi bien au plan national que local, il n'en demeure pas moins que des contradictions existent bel et bien.
 
Contradictions à la fois sur les propositions avancées par les uns et les autres et sur la cohérence et la nature de la démarche de rassemblement. Pour tous, les premières celles sur le projet peuvent être dépassées notamment si les citoyens "débordent" les discussions d'organisations et se mêlent du débat.
Eric Coquerel pointe celles qui, selon lui, existent sur le rassemblement particulièrement autour de la nécessité de faire la "clarté" faute de quoi tout rassemblement sera perçu comme une magouille d'appareil et donc sanctionnée. Pour lui "présidentielle et législatives sont inséparables et si l'on veut aller jusqu'au bout cela implique de remettre à plat les investitures aux législatives".
"Il ne peut y avoir de majorité qui recycle ceux qui ont fait le quinquennat" estime-t-il pointant directement les candidatures de Myriam El Khomri et de Manuel Valls.
"Chaque fois que l'on a posé des préalables à l'unité, elle a échoué", répond Guillaume Balas, eurodéputé hamoniste.
Et de se faire très clair à propos de la réunion sur les investitures socialistes qui devait se tenir le lendemain même: "virer les députés qui ont soutenu le quinquennat est impossible". Alors est-ce à dire que rien ne se fera? Pas sûr. Guillaume Balas laisse deux portes ouvertes."La question n'est pas de nous imposer des préalables, lance-t-il. Mais de nous aider à faire grandir un mouvement dans la société pour nous pousser à la roue".  Et d'ajouter qu'il y a effectivement "besoin d'une discussion sans préalable avec Jean-Luc Mélenchon". Comme le souligne Pierre Laurent, sur cette questions comme sur les autres "il n'existe pas de raccourcis", "le vrai défi est de construire ce mouvement qui nous oblige". Il reste ne reste pas beaucoup de temps pour y parvenir et transformer cette élection de tous les dangers en celle de tous les espoirs.
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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 16:01
En campagne pour le changement! - par Patrick Le Hyaric, directeur de "l'Humanité" et parlementaire européen PCF- Front de Gauche

C’est le grand chamboule tout ! Tous les « spécialistes » de la politique, les sondeurs et les supposés faiseurs d’opinions qui monopolisent micros et caméras, voient leurs thèses de l’été s’envoler en hiver.

C’est comme si on assistait à une révolte sourde et transversale, à une sorte de reprise en main par les bases électorales de leur destin, décidées à subvertir tous les scénarios préétablis. De Sarkozy à Juppé, de Hollande à Valls, aucun de ceux qui ont à un moment tenu les rênes du pouvoir ne sera présent sur les bulletins de vote le 23 avril. Le signal est évident d’une aspiration au changement.

Mais cette demande d’autre chose est loin d’être nourrie d’une claire conscience du chemin à emprunter et des choix à opérer pour que ce ne soit ni la déception ni la seule colère qui l’emporte.

Plus que jamais, rien ne sert de plaquer sur les mois prochains un schéma rêvé. L’imprévu est de retour comme pour manifester une forme d’orgueil populaire. Il n’y a donc pas de raccourci possible à un processus de rencontres, de débats, pour une construction alternative lors des élections présidentielles et législatives. Sans cet effort, le risque est grand que la forme de changement qui l’emporte tourne le dos à une visée progressiste, démocratique et écologiste. Plusieurs consultations en Europe et aux Etats-Unis montrent que le pire n’est plus très loin. Le brouillage organisé autour du prétendu « ni droite, ni gauche » auquel contribuent à leur façon l’extrême-droite et M. Macron, constitue un piège terrible pour celles et ceux qui ont tout intérêt au retour d’authentiques politiques de gauche. La politique résumée aux critères comptables de l’ordo-libéralisme allemand et bruxellois est une autre nasse. Qu’il s’agisse d’un choc ultralibéral imposé soit par M. Fillon ou par M. Macron, que ce soit la régénérescence du national-capitalisme de l’extrême droite, toutes ces politiques ne pourront qu’aggraver la situation de nos concitoyens.

Le soi-disant « réalisme » invoqué par l’ancien premier ministre s’est fracassé sur la réalité des souffrances sociales : celle d’une opposition majoritaire et massive dans sa propre famille politique à une politique d’allégeance au patronat et d’exacerbation des thématiques identitaires. Le réel qui s’est manifesté à cette occasion est celui du désir de gauche. Si le message ne peut que nous réjouir, nous ne nourrissons pas l’illusion qu’il serait majoritairement partagé dans le pays, ne serait-ce qu’au regard de la participation limitée et du filtre social inhérent au principe des primaires. Tout indique que le candidat socialiste n’est plus en mesure de porter seul une dynamique politique à vocation majoritaire dans le pays. Il en est conscient puisqu’il a appelé au dialogue avec les autres candidats et forces de la gauche et de l’écologie.

Benoit Hamon a fédéré une majorité de ce qui reste du noyau électoral socialiste, fidèle aux valeurs de la gauche et inquiète du virage opéré au cours de ce quinquennat crépusculaire. Le très discutable revenu universel a servi de catalyseur pour un électorat qui se pose avec insistance et angoisse la question du travail et de son avenir dans un système de production marqué par l’apparition fulgurante des technologies numériques.

A partir de cette aspiration au travail émancipé, que nous ne cessons de porter dans ces colonnes, il serait possible d’ouvrir dans les semaines qui viennent une large confrontation nourrie des apports de syndicalistes, de militants du mouvement associatif, de collectifs citoyens et d’économistes. Ce débat pourrait permettre de trouver des points de convergence de projet, notamment sur la possibilité d’une sécurisation des parcours professionnels conjuguée à des périodes de formation indispensables pour faire face aux mutations technologiques et environnementales.

Il n’y aura pas d’issue progressiste non plus, sans s’attaquer à la mainmise de la finance sur l’économie et la production, sans réorienter celle-ci afin de permettre la transition écologique, sans changer de république à partir d’un processus constituant, et engager la refondation d’une Europe des peuples associés et solidaires. Par-delà les démarches, les histoires, la manière d’être, la candidature de Jean-Luc Mélenchon nous apparaît comme incarnant le mieux et le plus efficacement la dynamique dont a besoin le monde du travail et le peuple de gauche. C’est le levier décisif pour réclamer la sortie de l’austérité, du chômage et de la pauvreté. La hisser dans le duo de tête de l’élection présidentielle devient le moyen le plus efficace pour ouvrir enfin les portes du changement à gauche. Dans la foulée, lors des élections législatives, pourrait se construire une solide et indispensable majorité nouvelle de députés, garante des aspirations qui s’expriment dans les différents courants de la gauche de transformation sociale, démocratique et écologiste.

Mener l’indispensable débat politique et idéologique, chercher les voies du dialogue et de l’union est d’autant plus indispensable que menacent d’accéder au pouvoir une nouvelle droite dure voire l’extrême droite, que s’exacerbe la crise de l’Union européenne et que se répandent populismes et autoritarismes de Washington à Ankara en passant par Budapest.

Il n’y a pas de temps à perdre !

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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 12:30
Ian Brossat : « Mélenchon fait une belle campagne, mais le rassemblement doit s’élargir » (Regards, entretien par Pierre Jacquemain, 3 février 2017)

Élu communiste au conseil de Paris, en charge du logement, Ian Brossat soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Il analyse les possibilités de la gauche post-primaire à la lumière de son expérience municipale.

 

Regards. Qu’est-ce que l’élection de Benoit Hamon a changé, pour vous ? 

Ian Brossat. Cette victoire dit deux choses à la fois. D’abord, elle confirme ce que disaient le Parti communiste, le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon depuis très longtemps : à savoir que le peuple de gauche rejette massivement les politiques d’austérité. Nous l’avons vu dans la rue avec la mobilisation contre la loi El Khomri. Ce dimanche, nous l’avons vu dans les urnes. C’est le premier élément. Le deuxième, c’est que nous avons enfin un interlocuteur avec lequel il est possible de discuter. Valls avait théorisé les deux gauches irréconciliables. Cette page-là, les électeurs de la primaire ont choisi de la tourner. Avec Valls, il n’y avait pas de convergences possibles. Avec Hamon, si. Cela mérite que nous en discutions.

… et discuter de quoi ?

Il faut aborder les questions de fond avec Benoît Hamon. Il a été élu sur le rejet de l’austérité. Mais la question de l’orientation politique qu’il défendra pendant la campagne présidentielle reste entière. La balle est aussi de son côté. S’il reste fidèle au programme défendu pendant la primaire, nous pourrons faire la démonstration que des convergences de fond sont possibles – notamment dans la perspective d’une future majorité de gauche à l’Assemblée nationale. Si, en revanche, il fait une synthèse avec les courants les plus droitiers du Parti socialiste pour empêcher d’éventuels départs chez Macron, ce sera impossible.

« Le score de Jean-Luc Mélenchon sera d’autant plus haut qu’il tendra la main à tous ceux qui refusent les politiques d’austérité. Le rassemblement peut encore s’élargir. »

 

Plusieurs pétitions circulent pour appeler Mélenchon, Hamon et Jadot à s’entendre autour d’une candidature commune. Est-ce envisageable ?

Ces appels répondent à une aspiration que j’entends. Il reste que cette éventualité demeure très aléatoire. Mélenchon, Hamon et Jadot ont tous les trois leur légitimité. Pour ce qui concerne les communistes, nous avons notre candidat. C’est Jean-Luc Mélenchon. S’il y a une discussion à avoir, elle doit porter sur le fond, sur les propositions. Et c’est à partir de celles-ci que nous pourrons – je le souhaite, en tout cas – construire un pacte de majorité dans la perspective des élections législatives.

Comment appréciez-vous la campagne de Jean-Luc Mélenchon ? 

Il y a incontestablement une belle dynamique de campagne : il y a du monde dans les meetings et une présence sur les réseaux sociaux extrêmement forte. Il reste que la campagne menée par Jean-Luc Mélenchon en 2017 n’est pas la campagne de 2012. Le choix d’en rester au seul cadre de la France insoumise et de ne pas laisser la place aux autres composantes qui soutiennent sa candidature est à mon sens regrettable. Je suis convaincu que le score de Jean-Luc Mélenchon sera d’autant plus haut qu’il tendra la main à tous ceux qui refusent les politiques d’austérité. C’est donc une belle campagne, mais le rassemblement doit encore s’élargir.

Allez-vous signer la charte des Insoumis ?

Non. Et cela ne m’empêche pas de faire campagne pour Jean-Luc Mélenchon.

C’est pourtant la condition pour avoir le soutien de la France insoumise. Face aux candidats communistes, des candidats insoumis pourraient-ils donc être investis ?

Il serait totalement aberrant que nous ayons des candidats distincts aux élections législatives alors que nous soutenons le même candidat à l’élection présidentielle. Le dialogue doit donc se poursuivre avec la France insoumise pour aboutir à des candidatures communes. Tout le monde y gagnera.

 

« Si, depuis cinq ans, la gauche nationale avait ressemblé un peu plus à la gauche parisienne, la gauche se porterait mieux. »

 

Depuis ce lundi, vous êtes membre d’un exécutif municipal à Paris, qui compte en son sein des élus En Marche – Anne Hidalgo ayant maintenu ses deux adjoints dans leurs fonctions. Ce que vous dénoncez à l’échelle nationale est acceptable à l’échelle locale ? 

On parle de deux élus qui ont fait un choix personnel. Si ce choix s’était traduit par une inflexion de la politique municipale, la question de notre participation à la majorité se poserait. Il n’en est rien. Nous sommes portés par un engagement de mandature. Il est aujourd’hui respecté. En matière de logement, premier sujet de préoccupation des Parisiens, nous allons même au-delà de nos engagements de campagne. En 2017, nous continuerons à produire 7.500 logements sociaux, à ouvrir des centres d’hébergements, dont un de 300 places dans le 12e arrondissement, à avoir un niveau d’investissement très élevé, à livrer des places en crèche et à renforcer le service public.

Tout de même, un exécutif qui compte une ex-chiraquienne, un ex-Modem, des élus En Marche – qui ont soutenu la politique gouvernementale, entourés de socialistes, d’écologistes et de communistes… à la veille de la présidentielle et des législatives, le pari est un peu risqué, non ?

La maire de Paris n’a jamais soutenu la politique de Valls et, aujourd’hui, elle soutient la candidature de Benoît Hamon. Lors de cette élection présidentielle, les vingt-et-un adjoints d’Anne Hidalgo soutiendront des candidats à la présidentielle extrêmement différents. Certains soutiennent Jadot, d’autres Hamon, d’autres comme moi soutiennent Mélenchon. Et enfin deux élus seulement soutiennent Macron.

Vous resterez donc au sein de l’exécutif municipal ?

Ma seule boussole, c’est l’intérêt des gens. Je suis fier d’avoir ouvert un centre pour sans-abris dans le 16e malgré les hurlements de certains riverains attachés à l’entre-soi. Fier aussi d’avoir enfin encadré les loyers pour protéger les classes moyennes parisiennes. La politique, telle que je la conçois, ce sont des faits, des résultats. Tant que nous sommes utiles au plus grand nombre, nous avons notre place dans cet exécutif municipal. Si, depuis cinq ans, la gauche nationale avait ressemblé un peu plus à la gauche parisienne, la gauche se porterait mieux. Et je souhaite d’ailleurs à la gauche, à l’échelle nationale, de se porter aussi bien que la gauche parisienne. 

 

« Tant que d’autres grandes métropoles n’ouvriront pas de centres humanitaires, la situation des migrants restera dramatique. »

 

Il y a tout de même quelques sujets de discorde. L’accueil des migrants par exemple, la précarité et la violence qui s’exercent sur eux, a été largement dénoncée – même si la ville de Paris n’est pas en première ligne…

La situation est loin, très loin d’être parfaite. C’est le moins que l’on puisse dire. Il reste que depuis l’ouverture du centre de la porte de la Chapelle – et maintenant du centre d’Ivry –, la situation s’est améliorée. Il y a quelques mois, des centaines de réfugiés dormaient dehors à Stalingrad. C’était indigne. La ville de Paris a fait le choix d’aller bien au-delà de ses compétences en ouvrant un centre humanitaire alors que c’est une compétence de l’État. Paris est, de fait, une ville refuge. Nous avons choisi de l’assumer. Il a fallu forcer la main de l’État qui, au départ, ne voulait pas de notre centre humanitaire. Nous avons tenu bon et nous l’avons fait. En revanche, il serait totalement faux d’imaginer que Paris, seule, puisse régler le problème. Tant que d’autres grandes métropoles n’ouvriront pas de centres humanitaires, la situation restera dramatique. Pourquoi n’a-t-on pas l’équivalent du centre de la Chapelle à Nice, par exemple ?

Comment analysez-vous ce qu’on appelle "l’affaire Fillon" et que dit-elle de la déconnexion du politique avec le peuple ?

Cette affaire, que les faits en question soit légaux ou pas, est totalement immorale. On ne peut pas d’un côté prôner l’austérité pour tous et, dans le même temps, se gaver sur le dos du contribuable en se tournant les pouces. C’est profondément choquant. Cette affaire en dit long sur la déconnexion d’une certaine élite par rapport à la réalité de ce que vivent les gens. Ces pratiques immorales, il faut les rendre illégales. Il n’est pas normal que l’on puisse embaucher son conjoint ou ses enfants à l’Assemblée nationale ou au sénat. Ces pratiques d’un autre siècle devraient être définitivement enterrées.  

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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 09:35
Une de l'Humanité Dimanche: du 2 au 8 février: "Gauche: un avenir en commun?"

Une de l'Humanité Dimanche: du 2 au 8 février: "Gauche: un avenir en commun?"

Dans cette campagne présidentielle bousculant toutes les routines et les prévisions, avec le discrédit de Fillon, que rattrapent des pratiques d'Ancien Régime, l'élection de Hamon à la primaire du PS sur une ligne et des motivations (d'un électorat des primaires débordant largement celui qui serait acquis au PS) de gauche, contre l'appareil du PS et l'orientation politique de Hollande et Valls, avec la menace incarnée par le capitalo-populisme et le césarisme de Macron, porté par les médias et les puissances d'argent au service de la conservation du système, il y a à la fois toujours d'immenses dangers qui guettent, celui notamment d'une victoire du Front National ou d'une droite dure ultra-libérale, mais aussi des nouvelles possibilités qui s'ouvrent pour la gauche qui a refusé l'austérité et le libéralisme autoritaire de Hollande, qui souhaite une VIe République, un renouveau social, démocratique et écologique, qui partage des valeurs de défense des services publics, de laïcité, de refus de la xénophobie et du racisme.    

Face à une Marine Le Pen donnée dans un sondage publié aujourd'hui par Ouest-France à 25% d'intentions de vote au premier tour, à un Macron donné à 22%, à un Fillon qui dégringole à 20%, une brèche peut s'ouvrir devant une alliance sur un contenu programmatique clair et discuté collectivement à gauche et dans tout le pays avec les citoyens et les forces politiques et sociales entre Hamon (donné à 17% dans ce sondage), Jean-Luc Mélenchon (11,5% dans ce sondage) et Yannick Jadot, avec bien sûr d'autres forces de gauche qui pèsent dans le pays et qui ont fait le choix de porter une ambition de rassemblement aux présidentielles comme le PCF de Pierre Laurent.   

Rien n'est encore fait. Un espoir peut se lever à condition de faire bouger les lignes et de penser les Présidentielles, non comme une petite course aux points pour jouer le coup d'après, mais comme une épreuve où les Français peuvent perdre énormément, ou au contraire se mettre en position de reconstruire une vraie majorité de gauche pluraliste avec un projet prenant à bras le corps les défis démocratiques, écologiques, économiques, sociaux à relever, en rupture avec le néo-libéralisme qui sert de boussole politique depuis 35 ans. 

Bien sûr, les programmes et les histoires politiques de Hamon et de Mélenchon ne sont pas superposables, bien sûr il y a concurrence entre leurs projets politiques (remettre le PS au centre du jeu ou le balayer en créant une autre force centrale à gauche inspirée par Podémos), mais il est possible en discutant du contenu d'un éventuel contrat de gouvernement et projet présidentiel et législatif commun de faire apparaître des convergences suffisamment significatives pour tenter le rassemblement plutôt que de courir tête baissée vers un second tour des présidentielles entre l'extrême-droite et la droite (fillonniste ou macronienne, cette dernière étant soutenue sur le fond de la ligne politique par une bonne partie de l'oligarchie, des élus du PS et des soutiens et membres du gouvernement actuel).    

Il est certain en tout cas que ce scénario aurait les faveurs d'une grande partie de l'électorat de gauche et serait en mesure de créer une dynamique plus favorable. 

Ce n'est pas le scénario le plus facile, le plus probable, mais quand on s'intéresse à l'intérêt du pays et de nos concitoyens à très court terme, peut-on le balayer d'un revers de main? 

Ismaël Dupont.     

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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 09:30

Le succès de Benoît Hamon à la primaire du Parti socialiste et la demande de Jean-Luc Mélenchon de « choisir entre eux et nous" ont donné du grain à moudre à Maurice Ulrich, journaliste à l'Humanité.

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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 09:27

Ah ! il fallait voir leurs bobines, au soir de la primaire, à la télévision. Il fallait voir leur total mépris, leur souveraine condescendance. Qu'est-ce que c'était que ça ? Qu'est-ce que c'était que ce petit Zef égaré dans la cour des Grands ? Nathalie Saint-Cricq, Ruth Elkrief, Franz-Olivier Giesbert, et ainsi de suite, ne retenaient pas leurs sarcasmes. Utopiste, marchand de rêve, frondeur velléitaire, et j'en passe. Tandis que le sortant, lui, lui qui avait dit tout et son contraire, il avait la carrure d'un homme d'État, lui, il parlait de sécurité à chaque coin de rue, lui, il était laïque, lui, il disait « Je » à tout bout de champ, lui, il était fiable, lui. Mais il a été battu, lui. Comme les copains. Remarquez, du côté des politiques en place, à gauche, ce n'était guère mieux. Mélenchon : moi, je suis en campagne depuis plus d'un an, on ne va pas me faire un tête-à-queue dans la dernière ligne droite. Le Guen : il est irréaliste, ce garçon, ça ne pèse rien, ça ne vaut pas un clou.

 Ou le Premier ministre : d'accord, tu as gagné, d'accord, tu as gagné parce que tu défendais une autre ligne que la nôtre, mais pour qu'on te reconnaisse, il faudra endosser l'héritage. Et François Hollande, François Hollande qui connaît les bonnes manières, oublie de raccompagner son visiteur sur le perron de l'Élysée... Hamon, c'est le Petit Chose de la politique, tel le personnage de Daudet qu'étouffait la stature paternelle. Il aurait même des idées, des idées expérimentales. Encore plus expérimentales que « Mon ennemi c'est la finance » ou que « Travailler plus pour gagner plus » ou que la « préférence nationale » ou que... je vous la fais courte. Et vous savez quoi ? À la fin de son discours, il a dit, Hamon : je ne prétends pas détenir la vérité, je pense que le « Nous » est préférable au « Je ». L'Amateur. On vous aura prévenus. Et puis ça bouge, et puis ça tremble. Voilà-t-il pas que le Petit Chose est désormais la personnalité politique préférée des Français. Ouais, mais tout ça, c'est de l'opinion, c'est des sondages, du vent. Mais voilà-t-il pas que le Petit Chose, dans les intentions de vote, pèse deux fois plus que Mélenchon, réveille les communistes, et s'en vient chatouiller Macron - qui est tellement pro, à ce qu'il paraît. Holà ! Moi je vous le dis, la politique, c'est compliqué. Mais les électeurs, c'est pire.

Hervé Hamon 

Benoît Hamon. Le Petit Chose (par Hervé Hamon, Le Télégramme - 5 février 2017)
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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 08:36

Jean-Marie Le Guen : « Sur la loi travail, l’intransigeance n’est pas du côté du gouvernement " (le 4 juillet 2016, contre les manifestants, les députés et les syndicats qui s'opposaient à la loi travail) 

"Les députés n'en peuvent plus des gauchistes" (2014: à propos des frondeurs qui avaient refusé de voter le budget d'austérité)

Mars 2015: "Les communistes ne fêteront pas leur centenaire" (Jean-Marie Le Guen, dans le grand hebdomadaire progressiste "Paris Match")

Jean-Marie Le Guen, grand spécialiste de l'universalisme républicain version Valls, dans un livre néo-libéral et révisionniste appelé "La gauche qui vient", dénonçait l'islamo-gauchisme de Clémentine Autain, reprenant le vocabulaire des néo-conservateurs partisans du choc des civilisations et de l'islamophobie.

"Il ne suffit pas simplement que l'extrême gauche vote avec la droite pour que ça fasse une politique pour le pays"  

(Jean-Marie Le Guen en 2015, quand les députés communistes, Front de Gauche et Frondeurs s'apprêtent à voter la censure du gouvernement Valls).

En 2014, Jean-Marie Le Guen été accusé de sous-évaluer son patrimoine, équivalent à 2,6 millions de biens immobiliers, et qui était évalué à 700 000 euros. Il est vrai que ce garçon est né dans les beaux quartiers de Paris, comme il se doit avec l'oligarchie au pouvoir, ayant fait ses études au lycée Michelet, puis à Louis le Grand. 

Dans les années 1990, Jean-Marie Le Guen a été impliqué dans le scandale d'enrichissement personnel et d'emplois fictifs de la MNEF, avec Jean-Christophe Cambadélis, Strauss-Kahn, Julien Dray, la belle équipe du PS aux fesses propres, dont beaucoup d'anciens lambertistes ayant intégré les Jeunesses Socialistes et l'UNEF dans les années 80 avec un deal gagnant-gagnant d'intégration dans le système bourgeois de prise de pouvoir sur le pays et ses places enviables par le PS.   

En 2010, Jean-Marie Le Guen demandait avec Manuel Valls, d'accord en cela avec Sarkozy, l'augmentation de la TVA. Jean-Marie Le Guen  a soutenu Strauss-Kahn jusqu'au bout, même après la révélation de l'affaire du Carlton, avant les Présidentielles 2012. 

Jean-Marie Le Guen depuis des années, et encore au gouvernement, est des principaux théoriciens et artisans du social-libéralisme.  

***

 

Selon l'hebdomadaire "Marianne", le ministre du Développement Jean-Marie Le Guen aurait des liens "très particuliers" avec le Qatar. 

 

Après des premières allégations sur des liens supposés entre l'actuel ministre Jean-Marie Le Guen et l'Etat du Qatar, voilà une nouvelle affaire révélée par "Marianne" en kiosques, qui ne devrait pas arranger les affaires de l'actuel secrétaire d'État chargé du Développement et de la Francophonie, et proche de François Hollande.

Les révélations de l'hebdomadaire sont sans ambiguïtés : "de 2015 à 2016, le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement a multiplié les rencontres avec l'ambassadeur du Qatar en France". Il s’agirait de "restaurer l'image de la monarchie du Golfe" contre de fortes sommes d'argent.

Marianne raconte que, quelques semaines après sa nomination au secrétariat d’Etat aux relations avec le Parlement, fin 2015, Jean-Marie Le Guen se serait “démené” pour rencontrer le nouvel ambassadeur du Qatar en France. Ce dernier, nommé en 2014, est chargé de rompre avec les habitudes de son prédécesseur, “trop adepte de la diplomatie du portefeuille”.

Jean-Marie Le Guen l'auraient rencontrée le 1er décembre 2015 explique "Marianne", “pour un dîner chez le secrétaire d'Etat. Le jour J, dans l'après-midi, on informe l'ambassadeur que la rencontre aura finalement lieu chez l'un des "conseillers" de Le Guen, un certain Karim Guellaty, franco-tunisien de 43 ans habitué des coulisses politico-diplomatiques (…) le Qatari accompagné de son épouse et d'un proche, se retrouve à la table de Guellaty. Surprise pour l'ambassadeur, Jean-Marie Le Guen n'est pas accompagné de son épouse mais d'Olivier Spithakis, l'ancien directeur général de la Mutuelle des étudiants de France (Mnef) dans les années 90”. Un homme qui, comme le rappelle "Marianne", a déjà été condamné par la justice.

Toujours selon l’enquête, Le Guen aurait présenté ce qu'il a présenté comme "un projet aux Qataris pour restaurer l’image du pays en France"... contre 45 000 euros.

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