La lutte des salariés des la clinique de Tarbes entre dans son 60ème jour de grève.
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La lutte des salariés des la clinique de Tarbes entre dans son 60ème jour de grève.
L'agriculteur Cédric Herrou était jugé, ce mercredi, devant le tribunal correctionnel de
Nice, pour aide à l’entrée, à la circulation et au séjour de personnes en situation
irrégulière. Il lui est surtout reproché par le procureur, qui a requis huit mois de prison
avec sursis, d'avoir revendiqué son action dans les médias. Des militants sont venus
soutenir celui qui est devenu le symbole de la solidarité des habitants de la vallée de la
Roya envers les migrants.
« Vous vivez avec quelqu’un qui impacterait vos revenus ? », demande de façon routinière la présidente du tribunal correctionnel de Nice. « J’ai des gens chez moi effectivement », répond en souriant le prévenu Cédric Herrou. L'échange provoque quelques rires dans la salle du tribunal. Figure emblématique du combat des habitants de la vallée de la Roya, Cédric Herrou, 37 ans, était jugé mercredi 4 janvier, notamment pour aide à l’entrée, à la circulation et au séjour de personnes en situation irrégulière. Depuis le rétablissement des contrôles à la frontière franco-italienne en novembre 2016 à la suite des attentats de Paris, cette vallée est devenue un point de passage obligé pour les migrants souhaitant rejoindre la France. Toutes les nuits, des petits groupes partent de Vintimille par les voies de chemin de fer, les sentiers ou la départementale.
Agriculteur, Cédric Herrou produit des œufs, de l'huile d'olive et de la pâte d'huile d'olive sur un terrain proche du chemin de fer menant à la vallée de la Roya, à moins de sept kilomètres de la frontière franco-italienne. Son habitation, visible de la voie ferrée, est la première que rencontrent les migrants, avant le village de Breil-sur-Roya.
Déjà interpellé par la police aux frontières (PAF) le 11 août 2016 avec à bord de sa camionnette huit personnes dont trois femmes et deux enfants de cinq ans, tous érythréens, qu’il venait d’embarquer à Vintimille, Cédric Herrou avait été relâché sans poursuite à l’issue de sa garde à vue. Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, avait classé l’affaire pour immunité humanitaire.
Mais la revendication au grand jour de son action dans un article du New York Times, début octobre, a été vécue comme une provocation par les autorités préfectorales et le procureur de Nice. « Nous sommes deux à avoir saisi le tribunal : lui, par sa volonté de communication dans un changement de stratégie, et moi car quand on me dit “je viole la loi, je sais que je viole la loi et je le fais quand même”, je suis là pour défendre la loi », affirme Jean-Michel Prêtre, qui pointe « le changement d’attitude, de parole de monsieur Herrou » après sa première arrestation. « C’était “je revendique avoir fait passer des personnes à la frontière, je revendique les avoir hébergées, c’est mon combat, j’assume” », insiste-t-il. En raison d’un « risque très important de réitération », le procureur a demandé huit mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve, la confiscation du fourgon de l’agriculteur ainsi qu’un permis de conduire restreint « aux horaires relatifs à ses obligations professionnelles ».
Le 20 octobre 2016, prétextant l’occupation d’une ancienne colonie de vacances de la SNCF à Saint-Dalmas-de-Tende par une cinquantaine de migrants – dont une moitié de mineurs – et un collectif d’associations, la police aux frontières (PAF), venue spécialement de Nice, arrête Cédric Herrou. C’est le préfet des Alpes-Maritimes lui-même qui a signalé les faits au procureur. Quatre autres militants sont également interpellés dans les bâtiments de la SNCF transformés en dortoir. Tous seront relâchés sans poursuite, seul Cédric Herrou, identifié comme « leader » par un gendarme, est poursuivi par le procureur.
Il était donc jugé ce 4 janvier pour occupation sans autorisation d’un terrain appartenant à la SNCF et pour avoir facilité l’entrée et le séjour d’environ 200 étrangers « en les transportant depuis Vintimille puis en les hébergeant ». Reconnaissant l’état déplorable des locaux, d’ailleurs ouverts sans dégradation, l’avocate de la SNCF, qui s'est constituée partie civile, réclame quelque 1 320 euros d’indemnisation pour rembourser le déplacement d’un huissier de justice et d’un cadre de la SNCF.
De l’occupation, il sera peu question devant le tribunal, tant il est clair que c’est principalement pour avoir osé revendiquer son aide aux migrants que l’agriculteur est aujourd’hui jugé. « Les quatre gardes à vue se sont concentrées sur votre rôle, constate Laurie Duca, la présidente du tribunal, qui mène les débats avec une grande bienveillance. Ces personnes ont expliqué en long, en large et en travers que vous n’aviez pas de rôle particulier, qu’il s’agissait d’une décision collective. » La magistrate relève d’ailleurs les questions, qu’elle estime « hallucinantes », posées aux gardés à vue.
Se présentant devant le tribunal en pull kaki et avec ses chaussures de montagne poussiéreuses, Cédric Herrou explique qu’en revenant de ses livraisons à Nice le jeudi, il lui arrivait souvent de « prendre des gens à Vintimille ». Il affirme qu'il donnait alors la priorité aux migrants les plus vulnérables – femmes isolées avec enfants et mineurs – issus des « pays les plus en difficulté », telle l’Érythrée. Ce jour-là, on lui avait signalé la présence d'un Érythréen « qui avait été séparé de sa famille par la police française ». « Comment savez-vous cela ? », s’enquiert la présidente du tribunal. « Des gens qui travaillent à la Croix-Rouge, qui font les maraudes me donnent des informations », explique Cédric Herrou, cheveux en bataille rassemblés derrière la tête et fines lunettes. Dans son portable, ont été retrouvés des « contacts avec des églises ». « Ces gens-là vous renseignent ? », interroge Laurie Ducas. « Oui, on parle », répond brièvement l’agriculteur.
Volubile sur son action, l’agriculteur se montre taiseux sur celles des autres habitants de la vallée, qui hébergent et transportent aussi des migrants. Depuis sa première arrestation et l’exploitation de ses téléphones, il se montrait prudent et nettoyait systématiquement son portable, effaçant textos et journal des appels. « Parce qu’il y a des gens qui veulent garder l’anonymat sur leur action dans la vallée », explique-t-il à la présidente qui s’étonne de ces précautions. De jour, Cédric Herrou évitait la route et passait par une piste pour apporter les migrants sur son exploitation, assez isolée et éloignée du centre-ville de Breil-sur-Roya. « Je me protégeais du regard des voisins, justifie-t-il à la barre. Il y a quand même eu 55 % de vote Front national aux dernières élections dans la vallée. J’ai eu des menaces de l’extrême droite. J’ai peur de ces gens-là. »
Ce qui effraie Cédric Herrou, c’est « la haine attisée par les politiques qui risque de finir par de la violence ». Le conseil régional Paca et le conseil départemental, tous deux tenus par la droite LR, se sont opposés à l’accueil de migrants dans le cadre du démantèlement de la « jungle » de Calais. Éric Ciotti, président du conseil départemental, a, à plusieurs reprises, condamné l’action des habitants de la vallée contre lesquels il a déposé plainte. « Qui peut dire que dans les centaines de migrants que M. Herrou se targue d’avoir fait passer ne se dissimule pas un futur terroriste ? », a-t-il récemment réagi à l’élection, par des lecteurs de Nice Matin, de l’agriculteur comme Azuréen de l’année.
Après les avoir hébergés quelques jours dans des caravanes et tentes installées sous les oliviers, l’agriculteur conduisait ensuite les migrants à la gare SNCF pour qu’ils puissent poursuivre leur voyage. D’abord à celle de Breil-sur-Roya, par un chemin discret, puis, quand les contrôles policiers se sont intensifiés, à Antibes, Les Arcs-Draguignan voire Marseille. Les militants partaient alors par convois de trois véhicules avec une voiture ouvreuse.
« Cela vous prend beaucoup de temps, au détriment de votre exploitation agricole, vous en êtes de votre poche, pourquoi faites-vous tout ça ? », demande la présidente. « Il y a un problème, répond simplement le prévenu. Mon inaction et mon silence me rendraient complice. Il faut le faire. Il y a des gens qui sont morts sur cette autoroute ; des gamins qui sont morts sur les voies de chemin de fer ; il y a un État qui a mis en place une frontière et ne gère absolument pas les conséquences. La frontière blesse. »
À la barre, Cédric Herrou dit avoir vraiment commencé à s’intéresser à ce qui se passait à Vintimille en mars 2016, après avoir pris en stop plusieurs personnes noires dans la vallée. « Il y a deux ans, je ne savais même pas que l’Érythrée existait », dit-il. Plus tard, il soulignera être venu dans la Roya pour « vivre seul et tranquille », pas pour se retrouver « insulté par le président du département » et « menacé par le préfet ».
Depuis son arrestation au mois d’octobre, la situation a empiré. L’agriculteur relate que 30 mineurs attendent chez des particuliers à Saorges d’être pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, et trois autres chez lui depuis quinze jours. « J’ai appris que vous avez fait des saisines directes de juges pour enfants ? », s’enquiert la présidente. « Oui, les seules prises en charge de mineurs isolés qui ont eu lieu dans la vallée, c’est parce que j’ai foutu le bordel », dit, amer, Cédric Herrou, soulignant la carence du département pourtant censé prendre en charge les mineurs non accompagnés quelle que soit leur nationalité. Alors que l’afflux de migrants n’a pas faibli, seulement 236 mineurs non accompagnés (MNA) ont été placés dans des foyers depuis janvier 2016 par le conseil départemental des Alpes-Maritimes, contre 1 500 en 2015. « Les mineurs sont particulièrement volatiles », plaide le procureur, qui prétexte d’un taux de départ des foyers « à plus de 95 % ».
Malgré plusieurs perquisitions au domicile de l'agriculteur, l’accusation s’appuie principalement sur ses propres déclarations dans les médias. La pièce maîtresse du dossier d’enquête est donc la traduction de l’article du New York Times du 4 octobre 2016, dans lequel l’agriculteur estime avoir aidé « plus de 200 migrants africains à entrer en France ». C’est le chiffre que les policiers ont retenu.
Selon le procureur, l’infraction est caractérisée, du fait de l’« intention manifeste [de Cédric Herrou – ndlr] de violer la loi sur l’entrée des étrangers en France » et « de les dissimuler aux autorités, y compris des mineurs ». « Selon la jurisprudence, le fait d’aider à contourner un barrage de police est illicite et constitutif d’une aide à l’entrée », rappelle Jean-Michel Prêtre.
Endossant les habits de la préfectorale, le magistrat se lance dans un étonnant plaidoyer en faveur de la politique d’immigration française, qui a décidé à la veille de la COP21 de rétablir les contrôles à ses frontières. Il se félicite des 36 631 étrangers en situation irrégulière interpellés côté français en 2016, ainsi que des « presque 250 passeurs » arrêtés. Parmi ces milliers d’interpellations, il assure qu’il n’a pas eu « connaissance de violations des textes applicables en France en ce qui concerne la remise des enfants mineurs en Italie » ou de « reconduites faites dans des conditions critiquables ». « Chaque fois que j’ai été saisi, j’ai fait des vérifications », dit-il. Plusieurs alertes sérieuses ont pourtant été lancées par des ONG comme Amnesty international, une plainte pour délaissement de personnes hors d'état de se protéger a été déposée par 257 citoyens le 1er décembre, et une équipe du Défenseur des droits s’est déplacée à Nice fin décembre pour documenter ces violations.
Jean-Michel Prêtre feint néanmoins d’avoir des doutes « sur le véritable objet humanitaire » des actions de l’agriculteur. « Je m’interroge sur le fait que considérer que retirer des personnes d’Italie serait leur porter secours, je ne dirais pas aller de Charybde en Scylla, mais c’est de cet ordre-là », lâche-t-il, avant de reconnaître que « le danger pour les migrants s’est considérablement accru depuis juin » avec des « personnes qui prennent des risques considérables dans les tunnels ferroviaires, sur l’autoroute ». Avant de condamner les conditions de transport « indignes et dégradantes » à l’arrière de la camionnette, ainsi que le piètre gîte offert par l’agriculteur aux migrants, sous des tentes et caravanes. « Pour les passeurs, lorsqu’ils empilent dix personnes ainsi dans un véhicule, je les poursuis pour trafic d’êtres humains », menace le magistrat.
Me Zia Oloumi, l’avocat de Cédric Herrou, s’est gaussé de cette posture. « J’ai l’impression que de Nice, la vallée de la Roya, c’est tout va très bien, madame la Marquise : les mineurs sont pris en charge, en Italie tout va bien. Mais pourquoi diable ces personnes prennent-elles les voies de chemin de fer ? » C’est d’ailleurs une situation de carence des pouvoirs publics qu’ont dépeinte les cinq militants associatifs et habitants de la vallée cités à témoigner par la défense de l'agriculteur. Deux infirmières ont expliqué faire partie d’un groupe de cinq infirmières et deux médecins qui passe chaque jour dans les habitations de la vallée où sont hébergés des migrants « pour les soigner et soutenir ceux qui accueillent ».
« Les plus jeunes ont 13-14 ans, quand ils arrivent, ils ont marché toute la nuit sur les voies ferrées, en tongs avec des blessures aux pieds. Ils ont aussi des plaies dues au mélange d’eau de mer et de mazout dans les bateaux », relate Corinne, une infirmière de Breil-sur-Roya. À la présidente qui lui demande comment se manifeste leur détresse, elle lâche : « Les yeux, madame, ils ont un regard, c’est terrible. » « On n’est pas des sœurs Teresa, c’est une aide sans gloriole, évidente, humaine, dit Patricia, une infirmière retraitée de 60 ans, habitant Saorges. Ça nous paraît une évidence face à l’énorme travail fait par les accueillants. On n’aurait jamais pensé se retrouver à faire de l’humanitaire en vallée de la Roya ! » Elles ont tenté d’ouvrir un petit local pour les soins dans la mairie de Breil-sur-Roya, « tout était prêt mais au dernier moment le préfet s’y est opposé ».
Puis c’est au tour de Michel Masséglia, militant Front de gauche et adjoint au maire de Breil-sur-Roya, de rappeler qu’en juin 2016 sa commune avait voté une motion demandant à l’État et à l’Union européenne de « prendre conscience du drame et des moyens nécessaires ». « On ne peut pas détourner la tête quand vous croisez, à une heure du matin, une cinquantaine de gens, des enfants, qui marchent détrempés sous la pluie », s’insurge l’élu qui dénonce « l’hypocrisie des pouvoirs publics ». « Cédric Herrou ne devrait pas être seul ici, ils devraient être une cinquantaine, moi-même je devrais en être car j’ai pris des gens en voiture qui étaient en galère. On est en milieu rural, si on voit quelqu’un en galère, vous ne lui demandez pas ses papiers avant de l’aider. »
L’article L622-1 prévoit qu’aider des sans-papiers est passible de 5 ans d’emprisonnement et d’une amende de 30 000 euros. Ajouté en 2012, l’article L622-4liste cependant des exemptions humanitaires. Pour ne pas être condamné, il faut n’avoir touché aucune contrepartie, notamment financière. Mais il faut remplir une seconde condition sur le type d’aide apportée. Il faut avoir fourni des conseils juridiques, une alimentation, un hébergement ou des soins médicaux « ou bien toute autre aide visant à préserver la dignité ou l’intégrité physique de celui-ci ». L’article ne mentionne pas explicitement le transport.
En décembre 2015, Claire, une militante niçoise de 72 ans, a ainsi été condamnée par le tribunal de grande instance de Grasse à 1 500 euros d’amende pour avoir aidé des migrants érythréens à voyager de Nice à Antibes. Mais Me Zia Oloumi estime que le tribunal dispose d’une marge d’interprétation. Selon lui, « toute autre aide peut aussi entrer dans l’immunité humanitaire s’il s’agit de mettre la personne à l’abri », plaide-t-il. Invitant le tribunal à « effacer » la pression politique et médiatique pesant sur ce procès, il leur a demandé d’imaginer l’impact de leur décision sur la « mise en œuvre de la fraternité » en France. « Aujourd’hui, on veut utiliser monsieur Herrou pour que les autres ne recommencent plus », a remarqué l’avocat.
Le 23 novembre, Pierre-Alain Mannoni, un enseignant-chercheur à l’université Nice Sophia Antipolis, avait déjà été jugé pour avoir emmené en voiture trois jeunes Érythréennes blessées en direction de Nice où elles devaient être soignées. Le procureur avait demandé six mois de prison avec sursis. Le jugement sera rendu ce vendredi 6 janvier. Celui concernant Cédric Herrou attendra quant à lui le 10 février.
À sa sortie du tribunal, vers 20 h 30, l’agriculteur était attendu par plusieurs centaines de militants venus de toute la région le soutenir malgré le froid. Il a été accueilli par des vivats. « Ça va la SNCF, pas trop de dommages ? », hurle goguenard l’un d’eux en référence à l’établissement public qui s’est constitué partie civile. « Nous sommes tous des enfants d’immigrés, première, deuxième, troisième générations », ont chanté les militants avant de réclamer l’ouverture des frontières.
Signez la pétition !
jeudi 5 janvier 2017
Par le groupe communiste, républicain et citoyen du Sénat :
Au printemps dernier, nous avons été des millions à nous opposer à la loi Travail. Aujourd’hui, alors qu’elle entre progressivement en application, nous demandons son abrogation.
Cette loi a été imposée à coup de 49,3 au mépris de la démocratie, au mépris d’un puissant et long mouvement social soutenu par une majorité de nos concitoyens et contre lequel le gouvernement n’a pas hésité à déployer des forces policières hors-norme, recourant parfois à une répression d’une rare brutalité.
Mesure phare, l’inversion de la hiérarchie des normes qu’elle instaure constitue un recul social sans précédent. Avec elle, le Code du travail et les garanties collectives chèrement acquises volent en éclats. Les salariés se voient imposer la loi patronale dans chaque entreprise. Les licenciements sont facilités, les heures supplémentaires peuvent être moins payées, la médecine du travail est encore affaiblie, les syndicats contournés.
Cette loi n’est rien d’autre qu’une loi de soumission aux volontés du Medef. Elle ne favorisera ni l’emploi ni l’économie, mais encouragera les suppressions de postes ayant pour seul objectif d’augmenter les profits des actionnaires.
De multiples initiatives sont d’ores et déjà prises pour la combattre, comme au Sénat où une proposition de loi d’abrogation a été déposée par le groupe CRC et discutée le 11 janvier.
Nous sommes toujours une majorité à ne pas vouloir de ce retour à des rapports sociaux dignes du 19e siècle. Alors oui, en 2017, il faut abroger cette loi de régression qui met en cause des décennies de conquêtes sociales.
Signez la pétition qui complète cette initiative parlementaire! :
Loi Travail:abrogation !
►La loi Travail, c'est la précarité généralisée, les licenciements favorisés, le Code du travail affaibli
►Sans majorité dans le pays, ni à l'Assemblée nationale, le gouvernement Hollande/Valls a dû recourir au 49-3 pour imposer son projet
►Les sénatrices et sénateurs communistes présentent le 11 janvier une proposition de loi visant à l'abroger
La loi El Khomri poursuit le travail de sape des acquis sociaux en revenant sur des droits des salariés. Elle s'est faite sans concertation avec les organisations syndicales. Ses orientations libérales sont un cadeau pour le Medef qui n'en demandait pas tant. Les premiers exemples de son application sont alarmants.
Le pouvoir des chefs d'entreprises renforcé
Depuis les Accords de Matignon de 1936, les conventions collectives et les accords de branche ne pouvaient qu'améliorer les conditions des salariés prévues par le Code du travail.
Désormais, un simple accord d'entreprise permettra de déroger à ces règles, la hiérarchie des normes est inversée. Les salariés sont laissés seuls face à leur employeur dont les moyens de pression sont élargis au détriment des droits, des conditions de travail.
Le gouvernement offre aux grandes entreprises les moyens de faciliter le dumping social et économique.
Licenciements facilités, précarité renforcée
La loi permet désormais aux entreprises qui réalisent des bénéfices de licencier pour motif économique. De même, les salariés pourront être obligés de travailler plus sans gagner plus, ceux qui refuseraient pouvant alors être licenciés.
Les 35h menacées, les heures supplémentaires moins payées
Par un simple accord d'entreprise, il sera possible de revenir sur le temps de travail et sur les 35h. De même, la majoration des heures supplémentaires passe de 25 % à 10 % ce qui se traduira dans les faits par des baisses de salaires alors que le pouvoir d'achat a déjà considérablement baissé.
La santé du travail menacée
Nombre de mesures de la loi contribuent à durcir les conditions des travail (plus de flexibilité, temps de travail, pressions de l'employeur). Dans le même temps, les missions de la médecine du travail sont dénaturées et l'intervalle entre deux consultations passe de 2 à 5 ans.
Le Parti communiste demande l'abrogation de cette loi et propose :
La proposition d'un revenu universel, défendue notamment par Benoît Hamon pour « éradiquer la grande précarité », s'invite dans la campagne. Associations et partis politiques alertent sur les dangers d'un tel projet, cheval de Troie pour achever le modèle social français.
Lutter contre la pauvreté en versant à tous, sans condition et tout au long de leur vie, un montant suffisant pour « subsister »: l'idée s'invite dans la campagne présidentielle. Mais sous ce slogan aux apparences généreuses se cachent des projets bien différents, qui confinent à l'auberge espagnole idéologique. Car, au-delà du camp socialiste, on retrouve derrière ses promoteurs aussi bien des néolibéraux (Milton Friedman en était un ardent défenseur) que des écologistes et des partisans de la décroissance, qui considèrent que ce revenu libérerait l'individu de l'asservissement au capital en opérant un découplage entre les revenus et l'emploi.
Les associations qui luttent au quotidien contre la pauvreté sont les premières à mettre en garde contre une solution présentée comme un remède miracle, mais qui pourrait aboutir à la suppression d'une partie importante de la protection sociale. « Le Secours populaire est très réservé sur le concept même du revenu de base et a fortiori sur les conditions de sa mise en œuvre. La situation des personnes est différente selon que leur rémunération est le produit de leur travail ou de prestations sociales qui peuvent être retirées si les textes changent », explique Henriette Steinberg, secrétaire générale du conseil d'administration du SPF. Mêmes inquiétudes du côté du Secours catholique, auditionné dans le cadre d'une commission sénatoriale en octobre dernier. « Il nous semble que le revenu de base comporte plus de risques que de bénéfices pour les plus fragiles. Nous y sommes donc plutôt opposés, car il ne favoriserait pas l'inclusion sociale », confiait alors Guillaume Almeras, responsable du département emploi au SCF.
« Le revenu de base est prétendu instrument de lutte contre la précarité et le chômage. En réalité, il en est l'idiot utile », avance Fréderic Rauch, rédacteur en chef de la revue communiste Économie et politique (1). Pour lui, « en assurant un revenu de la naissance à la mort déconnecté de la production, le revenu de base alimente la trappe à bas salaires et contribuerait à la déresponsabilisation sociale des entreprises en ne répondant pas non plus à l'objectif de socialisation des profits ».
« Le revenu de base prend acte d'une société du chômage de masse. Il n'y aurait plus d'effort à mener pour le partage du travail et pour le plein-emploi, abonde Charlotte Girard, co-coordinatrice du projet de la France insoumise. Une analyse également partagée par la CGT, qui refuse de se laisser « abuser par un slogan aux apparences généreuses ». « Le débat sur le revenu universel n'intervient pas par hasard: la CGT estime qu'un certain nombre de choix et d'orientations politiques visent à mettre à mal le système de protection sociale, de plus en plus remis en cause avec les exonérations de cotisations sociales et fiscales », explique Boris Plazzi, en charge du dossier pour la direction confédérale de la CGT, qui y voit un moyen supplémentaire donné au patronat pour faire pression sur les salaires.
D'autant que l'idée, que certains candidats présentent comme le nec plus ultra de la modernité, est loin d'être neuve. Elle avait déjà suscité l'enthousiasme des libéraux lors de la crise économique de 1973. C'est l'idée que développe le sociologue belge Daniel Zamora dans un ouvrage à charge (2), qui rappelle que « plus les conquêtes sociales semblent inaccessibles, plus l'idée d'une allocation universelle refait surface ».
(1) Lire le dossier sur le revenu de base de juillet-aout 2016, www.economie-politique.org
(2) Contre l'allocation universelle, Lux, 112 pages.
Il y a neuf semaines, 7 153 personnes étaient évacuées de la plus grande « jungle » de France et réparties sur le territoire. Depuis, des mineurs ont fugué des centres d’accueil.
A travers les vitres de son café, Au Cabestan, Laurent Roussel suit parfois du regard « un groupe de trois ou quatre migrants, discrets, mais si faciles à reconnaître ». Hier grande épicerie des Afghans et des Soudanais, le Lidl, en face, est redevenu une supérette comme les autres à Calais. Si, pour l’heure, le barman ne croise pas plus de dix exilés par jour en ville, il lance volontiers des « attendez le printemps », de l’air entendu de ceux qui ont vu se faire et se défaire plus d’un campement, au gré des coups de menton politiques.
Derniers partis de la « jungle » démantelée en octobre, les adolescents sont aussi les premiers à être revenus. La soixantaine de centres d’accueil et d’orientation pour mineurs (Caomi) ouverts à travers la France se vident peu à peu, en silence. Mis en place par l’Etat pour retarder l’entrée massive de ces adolescents étrangers dans le dispositif français d’aide sociale à l’enfance (ASE), ces centres d’accueil, créés hors cadre légal, courent après leurs pensionnaires.
« Sur la commune, il reste 8 jeunes sur les 36 du départ, alors que 4 seulement sont partis légalement en Grande-Bretagne dans le cadre du regroupement familial. Nos effectifs sont même descendus à 3 avant que la police n’en ramène quelques-uns », explique Bernard Marconnet, le maire de Châtillon-d’Azergues (Rhône). A Fouras-les-Bains (Charente-Maritime), Sylvie Marcilly en a vu 7 partir vers la Grande-Bretagne, sur les 20 qu’hébergeait sa commune. « Quatre auraient quitté le centre d’eux-mêmes, mardi », rappelle l’édile, inquiète aussi pour les deux jeunes que son département n’a pas reconnus comme mineurs. « Cet accueil manque de lisibilité. Les jeunes ignorent ce qu’ils vont devenir ; c’est humainement difficile », déplore-t-elle.
Pour elle, cette incertitude des lendemains explique les fugues hivernales. Le défenseur des droits, Jacques Toubon, n’est pas loin de cette analyse. Dans son rapport rendu public le 21 décembre, il ne partage pas le satisfecit que le gouvernement s’est accordé, qualifiant de « grande opération humanitaire » une évacuation que M. Toubon assimile plutôt à de la « gestion de flux ». Le défenseur des droits y regrette notamment que « les mineurs n’aient pas fait l’objet d’une priorité, que ce soit avant le démantèlement, pendant ou après ». 866 des 1 900 jeunes qui vivaient sans parent dans ce no man’s land, parfois depuis des mois, ont pu rejoindre légalement la Grande-Bretagne ; la Place Beauvau reste muette sur le taux de fuite des autres mineurs des Caomi.
Quand ils reviennent à Calais, beaucoup sont interpellés dès la gare ou en ville. Le quadrillage policier reste assez dissuasif pour que les adolescents fassent un crochet par la Belgique pour rallier Londres. A moins qu’ils ne se cachent dans le fond d’un véhicule sur un parking du sud ou de l’ouest de la France. « Au ferry ou au tunnel, les véhicules sont d’autant moins contrôlés qu’ils viennent de loin », observe un responsable policier qui explique que « la prise en charge se fait donc désormais à 400 ou 500 kilomètres du Pas-de-Calais ».
Pour l’heure, aucun campement ne s’est reconstitué. Bien antérieurs à l’évacuation, les petits regroupements de Norrent-Fontes (Pas-de-Calais) ou Steenvoorde (Nord) n’ont pas connu d’afflux. Selon plusieurs sources, une soixantaine de Soudanais, Afghans ou Erythréens seraient hébergés chez l’habitant, dans cette ville frontière ; des mineurs revenus de Caomi ou des adultes jamais partis. Des mini-squats assez éphémères existent aussi, mais même les associations évitent de s’y rendre pour en préserver la discrétion.
Globalement, les adultes s’accommodent mieux de leur séjour en centres d’accueil et d’orientation (CAO), que les jeunes. Selon une communication officielle du directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), Didier Leschi, 9 % seulement avaient refait leur sac, fin décembre. « C’est peu, comparé aux 20 % ou 30 % de fuites qu’ont connus les CAO à leurs débuts », observe M. Leschi, pour qui « ce dispositif fonctionne bien ». En fait, la situation reste assez différenciée, selon les associations gestionnaires. Ainsi, l’Auvergne enregistre 27 % de départs, le Limousin 17 %, la Lorraine 16 %, quand la Basse-Normandie est à 3 %, les Pays de la Loire à 5 %. Mais les humanitaires craignent que ce bilan d’étape ne s’assombrisse dans les temps à venir.
Tout à sa volonté de réussir l’opération très politique d’évacuation du plus grand campement de France, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, avait promis aux associations que les migrants déjà enregistrés dans un pays d’entrée en Europe n’y seraient pas refoulés, contrairement à ce que prévoit le règlement européen de Dublin. C’était en effet le seul moyen d’inciter ces migrants « dublinés » à monter dans les cars. Aujourd’hui, une majorité des préfets ont préféré les consignes administratives de la direction des étrangers de France à la parole politique. Une partie des préfets s’estiment donc légitimes à appliquer le règlement de Dublin, avec pour seule limite de ne pas utiliser la « contrainte ».
LE MONDE | 05.01.2017
Le député François Asensi demande au Président de la République de reconnaitre enfin l’Etat de Palestine
mercredi 4 janvier 2017
François Asensi, député de Seine-Saint-Denis et Vice-Président du groupe d’amitié France-Palestine, a envoyé un courrier à François Hollande pour lui demander de procéder enfin à la reconnaissance officielle de l’Etat de Palestine par la France.
Le vote historique d’une résolution de l’ONU réaffirmant la solution à deux Etats vivant en paix côte à côte et condamnant la colonisation, tout comme le tournant diplomatique opéré par Barack Obama constituent une avancée majeure que la France doit saisir.
EXTRAITS :
"A quelques semaines de la fin de son mandat, conscient des menaces que fait peser l’administration Trump sur le processus de paix, le Président Obama a choisi de se hisser à la hauteur de sa responsabilité personnelle devant l’Histoire."
"Face à ce tournant positif de la position américaine, il serait inconcevable que la France n’accomplisse pas à son tour une étape décisive pour le droit du peuple palestinien à disposer de son propre Etat."
"Monsieur le Président, il vous reste quelques mois pour accomplir un acte d’une portée historique considérable et qui remettra la France au cœur du concert des Nations. Saisissez, vous aussi, cette opportunité pour procéder à la reconnaissance de l’Etat de Palestine."
"Hissez la France à la hauteur de son Histoire et de son soutien au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes."
Soutien de l’Adecr des Alpes Maritimes à Cedric Herrou
jeudi 5 janvier 2017
Jean-François Téaldi (Président de l’ADECR), Martine Nativi (conseillère municipale de Cagnes-sur-Mer), Claude Guigo (Maire Venanson), Emile Tornatore (conseiller municipal de Le Broc et conseiller communautaire étaient présents au Palais de justice de Nice en soutien à Cédric Herrou, cet agriculteur de la Vallée de la Roya traduit en justice pour aider les migrants réfugiés.
Le procureur du tribunal de Nice a requis huit mois d’emprisonnement avec sursis.
Devant la presse, avant le procès, Cédric Herrou a tenu à rappeler le fondement de son engagement. L’Humanité de ce jour publie son intervention.
Le procureur du tribunal de Nice a requis huit mois d’emprisonnement avec sursis.
Devant la presse, avant le procès, Cédric Herrou a tenu à rappeler le fondement de son engagement. L’Humanité de ce jour publie son intervention.
Paysan dans la vallée de la Roya et « passeur-citoyen », Cédric Herrou comparaît aujourd'hui devant le tribunal de Nice pour avoir aidé de jeunes exilés. Son cas suscite un vaste soutien populaire.
Depuis le blocage de la frontière franco-italienne, au printemps 2015, des milliers de migrants vivent dans une situation humanitaire alarmante et ne peuvent compter que sur la solidarité de quelques citoyens français et italiens indignés. Paysan dans la vallée de la Roya, Cédric Herrou fait partie de ces dizaines de « passeurs-citoyens » qui tentent de pallier les défaillances de l'État. Au risque d'être inquiétés par les forces de police et de se
retrouver à la barre. Ce sera aujourd'hui le cas de Cédric, qui doit être jugé par le tribunal de Nice pour « aide à l'entrée irrégulière sur le territoire français ». Lui s'est fait interpeller à l'automne, lors de l'ouverture d'un centre d'accueil provisoire géré par un collectif d'associations qui souhaitaient aider les exilés bloqués à Vintimille, en Italie. Loin d'ê isolé, le cas de Cédric bénéficie d'un large soutien populaire (lire encadré). À tel point qu'il vient même d'être désigné « Azuréen de l'année 2016 » par les lecteurs de NiceMatin, au grand dam du très droitier Éric Ciotti (LR), président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes...
CÉDRIC HERROU Quand on a décidé de médiatiser ce qu'on faisait, c'était en sachant qu'on en arriverait là. Ce procès, c'est un peu une tribune. Un moyen d'expliquer ce qu'il se passe, de médiatiser la lutte, de la démocratiser.
CÉDRIC HERROU Dans cette affaire, c'est l'État et le département qui sont dans l'illégalité, notamment en ce qui concerne les étrangers les plus jeunes. Les mineurs isolés non accompagnés sont tous systématiquement reconduits à la frontière. C'est illégal. Lorsqu'ils arrivent en France, dans nos vallées, c'est à l'État de les prendre en charge et de les soigner, pas aux paysans de la Roya. Nous, on fait comme on peut.
CÉDRIC HERROU Oui. Je me suis fait arrêter une première fois, le 13 août 2016, avec huit Érythréens à bord de mon véhicule, dont deux enfants et deux femmes. À l'époque, je ne faisais partie d'aucune association. C'est la première fois de ma vie que j'avais affaire à la police. J'ai fais 36 heures de garde à vue. Le juge a classé l'affaire sans suite pour « immunité humanitaire ». Tandis que le procureur m'a demandé pourquoi mon véhicule n'était pas plus grand et pourquoi je n'agissais pas dans le cadre d'une association. Je suis sorti du tribunal en me disant que ce que je faisais était une bonne chose et qu'on me demandait simplement de le faire avec plus de traçabilité au sein d'une association.
CÉDRIC HERROU Oui. Ça a été un peu difficile, au début, parce qu'il s'agissait d'actions illégales. J'ai avancé l'argent pour qu'on achète un fourgon de neuf places. Et on a décidé d'amplifier l'action et de la médiatiser.
CÉDRIC HERROU Le 4 octobre, un article paraît dans le New York Times. Il relate les passages, l'hébergement des mineurs, etc. Et dans le même temps, la police mène une enquête sur moi. Elle s'attend sans doute à me prendre en flagrant délit. À la mi-octobre, avec plusieurs associations, on décide d'ouvrir un lieu d'accueil provisoire à Saint-Dalmas-deTende. J'avais soixante personnes chez moi. On a ouvert le lieu le lundi 17 octobre et les policiers sont arrivés le jeudi. Je me suis fait arrêter. On m'a attribué cette occupation, mais en réalité, elle a été revendiquée par un collectif d'associations: Médecins du monde, RESF, la Ligue des droits de l'homme... Alors, le chef d'inculpation retenu pour le procès est resté « l'aide à l'entrée illégale sur le territoire » pendant la première quinzaine d'octobre. Les seules preuves qu'ils ont à ce sujet sont les propos d'un journaliste dans la presse. Et encore, l'article du New York Times traite de mes agissements remontant au mois de septembre.
CÉDRIC HERROU Non, pas vraiment. Il y a quelques semaines, quinze mineurs accompagnés arrivent chez moi. J'appelle l'Aide sociale à l'enfance (ASE), qui accepte de les prendre en charge et les place au Claj (Club de loisirs et d'action de la jeunesse NDLR) de Nice. On pense alors que les autorités ont décidé de mieux faire leur travail. Trois des jeunes décident de partir du centre avec l'idée de rejoindre l'Allemagne. Le Claj leur fournit un papier où sont inscrits leur âge, leur identité et le numéro de téléphone d'un référent. Ils vont pour prendre le bus en direction de Marseille. Ils n'ont pas d'argent. Le chauffeur refuse de les faire monter et appelle la police. Les trois mineurs montrent leurs papiers. Mais les agents refusent d'appeler au numéro indiqué. Les jeunes essaient avec leur propre téléphone, mais les policiers le leur arrachent des mains et les conduisent à la Police aux frontières (PAF) de Menton, qui les abandonne à la frontière. Ils marchent pendant huit kilomètres, de Menton à Vintimille. Puis de Vintimille à Breil-sur-Roya, par la voie ferrée.
CÉDRIC HERROU De source policière, je sais qu'un officier de police judiciaire a fait un rapport sur les agissements des agents de la PAF. Ils se cachent. Une militante d'Amnesty international a des photos de véhicules banalisés qui transportent des mineurs en faisant le tour par le bord de mer.
CÉDRIC HERROU Lorsqu'ils arrivent chez moi, je rappelle l'ASE. On me demande de refaire une demande de prise en charge. Je refuse. Ils sont censés déjà l'être. J'appelle alors l'avocate qui les suit, Mireille Damiano. On décide de les accompagner au parquet des mineurs. On se fait arrêter par la gendarmerie, qui prétend qu'un fourgon de l'ASE va venir les chercher. Mais pendant qu'on prend notre déposition, les enfants sont à nouveau conduits à la PAF de Menton. On contacte alors le préfet, qui ordonne la prise en charge des trois jeunes, mais dit ne pas comprendre pourquoi les enfants ont fugué vers l'Italie... On lui explique que ce n'est pas le cas, qu'ils y ont été reconduits par la PAF. Et là, silence... tout le monde ferme les yeux.
CÉDRIC HERROU C'est une élection complètement dérisoire, mais il y a quand même eu plus de 7 000 participants et je suis passé haut la main. Ça ne représente rien pour moi. Mais la réaction d'Éric Ciotti, le lendemain, m'inquiète beaucoup. Ce que je fais, je le base sur l'amour, la compassion, le respect des gens et des valeurs républicaines. Il dit que des terroristes sont potentiellement passés par chez moi. Ses accusations sont graves et dangereuses. Ce sont les discours de haine qui fabriquent les terroristes. Éric Ciotti représente la haine et le mépris. C'est quelqu'un qui ne sait pas de quoi il parle. Il n'est jamais venu dans la vallée voir ce qu'il se passe. S'il veut qu'on lui explique comment ça marche dans la vallée de la Roya ou à Vintimille, il est le bienvenu. On n'est pas des animaux. On peut discuter sans se cracher dessus. Mon avocat me conseille de porter plainte pour diffamation. Je n'ai pas envie de tomber aussi bas.
CÉDRIC HERROU Qu'il y ait autant de monde à m'élire le met en porte-à-faux. Il a l'habitude de dire que, dans les Alpes-Maritimes, personne ne veut des réfugiés. Il fait voter avec Estrosi sa motion honteuse contre l'accueil des migrants. Mais, en fait, peut-être que les citoyens des Alpes-Maritimes veulent bien les accueillir, peut-être que les gens sont humains au-delà de leur appartenance politique...
CÉDRIC HERROU Sait-il au moins ce que c'est que de faire de la politique ? La démocratie, ce n'est pas attendre chez soi que des élus nous représentent. C'est participer. S'impliquer est un devoir du citoyen. Il est choqué que nous fassions notre devoir. Je ne suis pourtant pas un militant. Je ne me suis impliqué activement que depuis le printemps dernier. Avant, il m'arrivait occasionnellement de prendre quelqu'un sur la route et de le conduire à la gare de Breil-sur-Roya, c'était facile. Après, j'ai voulu me renseigner. Je suis allé à Vintimille. J'ai compris que ce qui se passe à la frontière est une injustice et que si on accepte, aujourd'hui, de nier leurs droits aux étrangers, demain, c'est nous qui perdrons les nôtres.
CÉDRIC HERROU La médiatisation de l'affaire mobilise beaucoup de soutiens. C'est très rassurant. Même si je fais quelques semaines de prison ferme, je sais qu'il y aura des milliers de personnes dehors avec moi. Quand les premiers articles sont parus dans la presse régionale, au début, j'ai eu peur. J'ai pensé que les groupes identitaires, les fachos, allaient monter dans la vallée pour me chercher. J'avais peur pour ma vie professionnelle. Mais c'est tout le contraire. Moi, de plus, je n'ai tué personne. L'État, lui, est coresponsable des cinq morts retrouvés sur l'autoroute. L'Europe s'est construite sur l'idée que les frontières entre les peuples sont dangereuses. Des personnes se blessent et meurent à cause d'elles. On dépense énormément d'argent pour faire mal à ces gens. On en dépenserait beaucoup moins en les accueillant tout simplement. Cette situation est une honte.
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Chaque année, Nice-Matin organise un sondage par Internet pour désigner « l'Azuréen de l'année ». Et Cédric Herrou a décroché le titre. Un soutien populaire qui a mis en rage le président du conseil départemental, Éric Ciotti. Dans une tribune haineuse, le député LR lui conteste cet honneur et accuse le passeur-citoyen de « mettre en danger notre pays », de faire « insulte aux policiers » ou encore de risquer l'entrée de « terroristes » Pas de quoi freiner l'élan de solidarité envers Cédric. Des centaines de personnes sont attendues au rassemblement de soutien prévu aujourd'hui, à 13 h 30, devant le palais de justice de Nice.
L’HUMANITE
Mercredi 4 janvier 2016
Christian cavaillé, professeur de philisophie a la retraiteet auteur de poesie
LETTRE OUVERTE DE JUAN MANUEL FANGIO *
Monsieur, j'ai suivi d'en haut vos performances de coureur automobile amateur et d'homme politique ambitieux. Vous conduisez assez bien et vous ne vous débrouillez pas trop mal. Dernièrement, vous avez spectaculairement et nettement remporté la primaire de la droite et du centre: encore en quatrième position deux tours avant la fin vous avez remonté et doublé tous vos concurrents. Vous savez négocier les plus sinueux virages et vous déclarez en même temps que vous mettrez en oeuvre une politique « radicale » entendons, particulièrement brutale , si vous parvenez au sommet de l'État. Vous ne ressemblez pas seulement à un pilote de course automobile, vous ressemblez aussi et surtout au conducteur du camion qui a foncé sur la foule à Nice, le 14 juillet, et à celui qui a perpétré un acte semblable à Berlin, le 19 décembre: amputation du temps et des moyens de vivre des travailleurs par augmentation du temps de travail sans compensation salariale, hausse de la TVA, nouveau recul de l'âge ouvrant droit à la retraite, démembrement par désétatisation de la Sécurité sociale, dispersion et volatilisation des services publics bradés au privé. Pendant ce temps, installés dans le camion, les bénéficiaires de la réduction des impôts payés par le capital et de la suppression de l'ISF sablent déjà le champagne.
Ne froncez pas les sourcils d'indignation devant ma comparaison: évidemment, vous n'êtes pas un terroriste prêt à faire couler le sang sur les avenues et les trottoirs, d'autant que vous arrondissez déjà les angles de vos pare-chocs économiques et que vous faites briller vos enjoliveurs souverainistes et traditionalistes, mais vous vous apprêtez à faire plus de victimes que les djihadistes car votre projet est bien de tailler dans la masse.
Avant de vous écrire, j'ai relu et revu le Camion, de Marguerite Duras, revu Duel, de Steven Spielberg, réécouté Putain de camion, de Renaud. Il faut dire que, depuis mon départ de votre monde, j'ai eu le temps de perfectionner ma culture littéraire et artistique, ma culture politique et ma pratique de la langue française.
Philippe Séguin, ce « gaulliste social » que vous avez bien connu, m'a beaucoup aidé et a corrigé cette lettre; il ne vous adresse pas ses voeux. Moi non plus. Je les réserve aux victimes survivantes de tous les camions écrabouilleurs et à ceux qui tentent d'en arrêter la course. Un dernier mot, monsieur Fillon, ne vous accordez pas trop d'importance, vous n'êtes pas le seul à concevoir et à pratiquer la politique comme la conduite d'un camion-bélier.
J'arrête là-dessus la lettre de non-voeux qui vous est destinée, en confiant au journal l'Humanité le soin de la transmettre et de la rendre publique.
bernard lamirand animateur du comite national ambroize croizat
MENACE SUR LA SÉCURITÉ SOCIALE, CETTE CONQUÊTE DU MONDE DU TRAVAIL
Le candidat officiel de la droite et du patronat s'appelle François Fillon. Nous avons eu à le connaître quand il fut dans le gouvernement de Balladur, en 1993, puis de Raffarin, en 2002, et enfin comme premier ministre de Sarkozy, de 2007 à 2012. Une longue carrière antisociale. Ce personnage, conservateur libéral, admirateur de Margaret Thatcher, la Dame de fer premier ministre britannique, et de Gerhard Schröder, ancien chancelier allemand, qui ont démoli respectivement le système social de leur pays. En 1993 (il était déjà ministre), quand Balladur proclama les ordonnances ravageuses de la Sécurité sociale sur les retraites, notamment concernant la durée de cotisation nécessaire pour avoir droit à une pension à taux plein (de 150 à 160 trimestres concernant le calcul de la retraite du régime général et le calcul sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures années), ainsi que le décrochage des revalorisations à partir de l'indice des prix à la consommation au lieu des salaires, Fillon approuva toutes les mesures prises par la droite de 1993 à 2012.
Ce personnage a le toupet de dire qu'il a toujours défendu le devenir de la Sécurité sociale. Des milliards d'euros ont été ainsi pris aux retraités pendant toutes ces années, contribuant à les appauvrir. Il fut l'ordonnateur de la remise en cause de la retraite à 60 ans et fut celui qui la fixa sous son gouvernement à 62 ans. Il participa à toutes les « saletés » faites concernant la Sécurité sociale, ce qui amènera des manifestations importantes dans le pays pour les retraites en 2010.
Il serait long de mettre en évidence tous les méfaits de ce gouvernant venu du gaullisme et ayant toujours en vue de mettre par terre la plus belle conquête du monde du travail, la Sécurité sociale, car il s'agit de cela, même s'il jure, la main sur le coeur, qu'il n'en est pas question. Cet homme déteste ce qui relève de la solidarité et de régimes sociaux à caractère collectif, et il fait partie de cette caste de dirigeants politiques liés au capital et aux forces de l'argent décidés à abattre cette grande conquête sociale. Ces gens-là n'ont jamais accepté qu'on passe d'un système inégalitaire où régnaient les assurances privées et les mutuelles avant guerre à un système solidaire et par répartition à la Libération avec le programme du Conseil national de la Résistance (CNR). De Gaulle ne l'a accepté que contraint et forcé par le rapport de forces qui donnait à la CGT et au Parti communiste un réel pouvoir pour imposer la Sécurité sociale. En 2007, dans la revue patronale Challenges, Denis Kessler, ancien vice-président du Medef, indiquait ceci : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer (...). La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. »
La Sécurité sociale fut mise en place par Croizat et Laroque avec rapidité, et, devant les bienfaits qu'elle apportait aux travailleurs, ne put être remise en cause sur ses fondements par les pouvoirs successifs après le départ des ministres communistes en 1947. L'universalité de la Sécurité sociale proclamée par Croizat fut, dès 1946, l'objet d'une bataille pour en réduire la portée et, si elle fut votée, ne fut jamais appliquée parce que les forces de la réaction, notamment les professions libérales, les gros agriculteurs, les commerçants et artisans, n'en voulaient pas. L'arrivée, demain, au pouvoir de Fillon et la présence du FN aboutiraient à mettre un terme à cette grande conquête de la classe ouvrière qui fait encore la fierté de la France dans le monde malgré les coups de boutoir qui lui sont portés depuis plusieurs décennies. Cette Sécurité sociale, Fillon et ses acolytes du Medef ne peuvent plus la supporter et, dans le sillage des remises en cause de Hollande et de Valls, il s'agit, demain, d'en faire une sorte de valise de secours et de transférer la plus grande partie de l'assurance-maladie vers le privé. Ils entreprennent le dépècement en mille morceaux de la Sécurité sociale et de sa cuirasse, la solidarité intergénérationnelle. La Sécurité sociale deviendrait alors un système rabougri, inégalitaire et à plusieurs vitesses.
Il y aurait ceux et celles qui pourront se payer les meilleurs soins, et les autres, qui auraient le minimum vital, comme aux États-Unis. Le travail de sape engagé depuis plusieurs décennies nous montre que les droits ne sont plus à la dimension de ce que ses créateurs envisageaient, c'està-dire une Sécurité sociale remboursant tous les soins à 100 %. Derrière tout cela, se cache la main patronale, celle qui vise à se débarrasser de toutes
les cotisations sociales. L'objectif est aussi de placer la retraite à 65 ans du régime général ; une nouvelle attaque de grande ampleur qui pourrait coïncider avec une fusion du régime général avec les retraites complémentaires pour parfaire la réduction des prestations retraite. Une retraite à 65 ans qui conduirait à ce que des travailleurs n'ayant pas le nombre d'années de cotisations n'ayant pas le nombre d'années de cotisations suffisantes soient obligés d'attendre les 70 ans pour une retraite pleine et entière.
Cet homme est dangereux pour tous les travailleurs de ce pays, en particulier pour les générations qui vont accéder, dans les années prochaines, à la retraite dans les pires conditions et subiront une autre peine : des droits en matière de santé amputés et des allocations familiales réduites. La Sécurité sociale est née pour mettre un terme à des systèmes inégalitaires d'avant-guerre, des systèmes où demeuraient des formes de charité. Avec Fillon, réactionnaire et catholique orthodoxe, il ne restera pour les pauvres que d'aller, la sébile à la main, réclamer quelques pièces de la part de ces riches débordant de magnanimité après avoir détroussé le monde du travail. Cet homme est un danger public.
olivier caremelle president du collectif des elus démocrates et republicain pour l’education (cedre) – adjoint au maire de lomme (nord)
« LE PROGRAMME DE FRANÇOIS FILLON, C'EST UNE PURGE (...) JAMAIS PROPOSÉE DEPUIS LA SECONDE GUERRE MONDIALE », A DÉCLARÉ HENRI GUAINO SUR EUROPE 1. LA REMISE EN CAUSE DU SERVICE PUBLIC D'ÉDUCATION
N'ayons pas la mémoire courte. François Fillon, alors premier ministre entre 2007 et 2012, a légué à la France et aux Français une immense dette éducative. Ses gouvernements, sous l'autorité de Nicolas Sarkozy, ont détruit pendant la période près de 200 000 postes de fonctionnaires, dont 80 000 pour l'éducation nationale. Ces retraits massifs ont eu des conséquences concrètes : fermetures de classes dans le primaire, fermetures de sections dans les lycées professionnels et d'options dans les lycées généraux et technologiques, quasi-disparition des Réseau d'aide à l'enfance en difficulté (Rased), éradication de la scolarité des moins de 3 ans, mise en place de l'école sur quatre jours, montée des effectifs par classe, fin de la formation des enseignants... Toutes ces conséquences ont, ellesmêmes, provoqué pendant dix ans des effets nocifs mis en lumière par le classement Pisa, qui évalue les acquis et les compétences des élèves. Comme les classements précédents, la nouvelle vague d'enquêtes met en lumière les inégalités scolaires, fruit des inégalités sociales et du déterminisme. Ce que Bourdieu appelait opportunément les « exclus de l'intérieur ».
Tous les efforts entrepris depuis 2012, notamment la loi de refondation de l'école, ont cherché à reprendre le fil du combat pour l'éducation et pour l'émancipation. Tous les efforts, incontestables, entrepris depuis 2012, ont permis de renouer avec la formation des enseignants, la réattribution, pour l'heure, de plus de 50 000 équivalents temps plein, la priorité au primaire par la réforme des rythmes scolaires et le dispositif « Plus de maîtres que de classe », le combat contre le décrochage et la promotion du raccrochage scolaire, ou encore la réforme du collège qui s'installe dans le paysage éducatif. Un lien entre tout cela ? La promotion viscérale de l'égalité et la vision claire d'un système éducatif qui doit être plus bienveillant et plus inclusif, en particulier sur les liens entre l'éducation, la formation et l'insertion sociale et professionnelle.
Oui, tout ce travail peut être réduit, demain, à néant avec les propositions de suppressions de fonctionnaires et la remise en cause du service public d'éducation. Combien d'enseignants, de personnels éducatifs pourtant indispensables ne seront ni remplacés, ni recrutés pour faire face aux difficultés d'une école massifiée et démocratisée ?
Propose-t-on, demain, de raréfier l'accès à l'école, de trier les élèves, de filtrer, voire empêcher les lycéens d'accéder à l'université, alors qu'est déjà sur la table la disparition des lycées professionnels ? Scandaleux ! Comment, demain, faire mieux avec beaucoup moins, alors que l'école, au sens large, sera vécue comme une variable d'ajustement budgétaire ? Faudra-t-il renvoyer une nouvelle fois aux familles la charge et le coût de l'éducation pour consolider la fortune des officines privées ou asseoir davantage le privé sous contrat ? Inacceptable !
2017, centenaire de l'offensive manquée du Chemin des Dames, paroxysme de l'absurdité, de l'imbécillité et de la violence de la Grande Guerre. Au terme de cette offensive mal préparée moururent 30 000 poilus en 10 jours, pour gagner 500 mètres de terre picarde dévastée par les bombardements.
2017, centenaire des explosions de colère qui suivirent cette boucherie et qu'on appela, à tort peut-être car les soldats ne braquèrent pas leurs armes contre les gradés, les mutineries du printemps 1917. Des dizaines d'exécutions et de condamnations aux travaux forcés pour les malheureux qui osaient relever la tête s'ensuivirent.
2017, centenaire de la révolution d'Octobre, révolution des partisans de la Paix, du Communisme, de la rupture avec le colonialisme et l'impérialisme, qui alluma un feu d'espoir et de rêve pour les dominés partout dans le monde pendant plusieurs décennies.
Le Parti Communiste Français allait naître sur la foulée du Congrès de Tours de décembre 1920, trois ans plus tard.
Que de chemin parcouru depuis cent ans, que de progrès, d'inventions, de bouleversements culturels, sociaux, anthropologiques, que de désillusions aussi, de tragédies et de boucheries aussi.
Depuis 30 à 40 ans, chacun le constate, le vivant plus ou moins mal et intimement suivant sa condition, le monde est complètement sous la botte du capitalisme financier et les peuples se débattent face à la pauvreté tolérée de millions d'hommes, la précarisation, la montée des inégalités, des prédations des ultra-riches, des multinationales, tandis que les démocraties occidentales sont de plus en plus formelles, vidées de toute souveraineté populaire et menacées par les progrès des idées réactionnaires, autoritaires et xénophobes, et que guerres, impérialismes, terrorisme mettent aussi, avec souvent l'argent comme ressort et moteur, la planète à feu et à sang.
Il y a quelques semaines, Fidel Castro mourrait, Donald Trump était élu aux États-Unis, nommant, tout en prétendant représenter les laissés pour compte du libéralisme et de la mondialisation, un cabinet ministériel de milliardaires pesant à eux seuls le niveau de richesse des 60 pays les plus pauvres de la planète.
Un symbole de l'état actuel du rapport de force international en faveur du capital, de la difficulté à mettre au pouvoir et en œuvre des politiques progressistes d'émancipation humaine.
Est-ce à dire qu'il faut rendre les armes, se résigner aux régressions sociales et démocratiques, à la montée de la barbarie, cultiver son jardin ? C'est évidemment impossible pour qui se soucie de ses devoirs d'humanité, des hommes autour de lui, des générations futures.
Le centenaire de 1917 doit nous convaincre que la volonté humaine, la résistance, le sursaut et le courage des peuples peuvent toujours renverser des montagnes, changer et réenchanter l'histoire.
L'important est de ne pas proportionner nos rêves et nos projets à l'existant mais à notre idée de la grandeur essentielle et potentielle de l'homme, aux exigences d'une société pleinement humaine, libre, solidaire et juste, où chacun pourrait se réaliser individuellement et collectivement dans l'égalité des droits des peuples et des hommes, le dépassement de l'exploitation, de l'impérialisme, de la guerre. En cette année d'élections présidentielles et législatives en France, l'enjeu est la possibilité de faire échec au scénario catastrophe de l'élection d'un Fillon ou d'une Le Pen, tous deux capables d'enfoncer le pays dans une crise démocratique et sociale encore plus grande. Nous devons impérativement rendre possible une dynamique victorieuse pour une gauche de progrès social, écologique, démocratique qui rompe avec le libéralisme austéritaire et autoritaire du quinquennat Hollande. Rien n'est perdu ! Nous sommes condamnés à y croire et à tout faire pour faire mentir les prévisions raisonnables qui débouchent sur des régressions de civilisation parfaitement déraisonnables dont il est difficile de mesurer les conséquences.
Ensemble, allumons et entretenons l'étincelle de l'espoir de progrès humain, d'une révolution citoyenne et sociale. Ne laissons pas la droite et les ultra- libéraux saborder ce qui a été l'héritage des luttes des travailleurs et en particulier des perspectives, des engagements et des combats communistes : la Sécurité Sociale, les retraites par répartition, les conquêtes inscrites dans le droit du travail.
Soyons exacts au rendez-vous de l'histoire en affirmant l'exigence de l'unité et du rassemblement du camp des hommes de progrès, des dominés, des exploités, de tous ceux qui ont intérêt à un changement de politique se traduisant par un combat contre les logiques capitalistes et néo-libérales.
Faisons en sorte que l'année 2017 soit utile pour construire une société, un monde meilleur.
Bonne année 2017 à tous.
En vous souhaitant une bonne santé, une vie familiale et personnelle épanouissantes et heureuses.
Je conclus avec les paroles qui "raisonnent bien" en nous de poètes si chers à la mémoire communiste, Eugène Pottier et Louis Aragon.
« Il n'est pas de sauveurs suprêmes Ni Dieu ni César ni Tribun Producteurs sauvons-nous nous-mêmes Décrétons le salut commun » ( L'Internationale, 1871) « Je salue ici ceux qui se mutinèrent au Chemin des Dames en mil neuf cent dix-sept Je salue ici ceux qui surgirent de la boue avec à la bouche un grand cri et tournèrent leurs armes du côté de la Marseillaise Et ceux qui dirent Feu sur eux sont encore de ce monde Je salue ici les ouvrières de Saint-Étienne qui sesont couchées en travers des rails pour arrêter les trains porteurs d'hommes et d'obus cahotants de chants et de cocardes et que les trains écrasèrent Je salue ici le Prolétariat contre la guerre pour la transformation de la guerre en Révolution Je salue ici l'Internationale contre la Marseillaise Cède le pas ô Marseillaise à l'Internationale car voici l'automne de tes jours voici l'Octobre où sombrent tes derniers accents » « Aragon, Hourra l'Oural – extrait de « Réponse aux Jacobins » (1932) Fraternité, Ismaël Dupont, secrétaire départemental de la fédération du Finistère du Parti Communiste