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15 août 2016 1 15 /08 /août /2016 05:00
"Révolution numérique: santé, formation, recherche, travail... rien ne sera plus comme avant!" débat du dimanche 11 septembre à 11h sur l'Espace Bretagne de la Fête de l'Humanité de la Courneuve

Débat dimanche 11 septembre à 11h - Espace-Bretagne :

Révolution numérique : santé, formation, recherche, travail…rien ne sera comme avant !

Ce bouleversement de la société où le citoyen devient un véritable acteur, comment le rimer avec partage de nouveaux communs ? Comment franchir cette charnière ? Réduction du temps de travail, sécurisation des parcours de vie, au cœur du débat ?

Avec :

Sophie PÈNE, Vice-présidente du Conseil National du numérique, Professeur à l'université Paris Descartes, anthropologue des pratiques numériques, Membre de l'association Vecam , Citoyenneté dans la société numérique,

Yann Le POLLOTEC, informaticien, membre de l'exécutif national du PCF, responsable du secteur "Révolution numérique",

Isabelle LORAND, chirurgienne, membre de l'exécutif national du PCF, Maire-Adjointe au numérique à Vitry-sur-Seine,

Animé par Christiane CARO, animatrice de l’Atelier Citoyen de Bretagne PCF – Front de gauche « De la naissance à la fin de la vie : l’Humain d’abord !», membre de la Commission nationale santé du PCF.

Et les autres débats programmés sur l'Espace Bretagne de la fête de l'Humanité 2016:

- Vendredi 9 septembre à 17h: La jeunes dans le mouvement social: quelles perspectives après le mouvement contre la loi travail? (PCF 35 + Jeunesses Communistes Bretagne)

- Samedi 10 septembre à 11h: La République française et les identités régionales: quelle place pour l'identité, la culture, la langue bretonnes? (débat organisé par la fédération PCF du Finistère).

Invités à la présence confirmée pour l'instant:

- Paolig Combot, président d'Ar Falz Skol Vreizh

- Jean-René Le Quéau, directeur des éditions Skol Vreizh

- Jean-Marc Cléry, syndicaliste SNES-FSU

- Samedi 15h: Débat du réseau Agriculture, organisé par Xavier Compain (réseau agriculture national)

ASPECTS PRATIQUES:

Le Stand du PCF Finistère (bar, restauration rapide: huîtres, frites, pain pâté Hénaff) sur la fête de l'Humanité sera situé avenue Martin Luther King (ancienne rue Joséphine Pencalet) entre l'Ille-et-Vilaine et le Morbihan, en face de l'avenue Raymonde Tillon et de la Grande Roue. L'espace Bretagne sera tout proche.

Cette année, la fédération du PCF n'organise pas de déplacement collectif pour se rendre sur la fête par car. Par contre, il y aura des covoiturages. Renseignements pour donner un coup de main au stand comme bénévole, c'est ouvert aux sympathisants bien entendu (06 20 90 10 52/ dupont.ismael@yahoo.fr).

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14 août 2016 7 14 /08 /août /2016 16:24
Non à la justice de classe: signez la pétition citoyenne pour réintégrer Vincent Martinez, syndicaliste CGT impliqué dans l'affaire de la chemise, à Air France

Une pétition "Air France: Non à la justice de classe, Vincent Martinez doit être réintégré par Air France !" a été très récemment mis en ligne.

L'objectif est d'atteindre très vite 50 000 signatures. Pour signer, c'est ici:

https://www.change.org/p/air- france-non-%C3%A0-la-justice- de-classe-vincent-martinez- doit-%C3%AAtre-r%C3%A9int%C3% A9gr%C3%A9-par-air-france? recruiter=31118166&utm_source= share_petition&utm_medium= email&utm_campaign=share_ email_responsive

L'article de KAREEN JANSELME ET CÉCILE ROUSSEAu dans L'HUMANITÉ du 10 août:

La décision de la ministre du Travail de valider le licenciement de Vincent Martinez, suite à «l’affaire de la chemise », a suscité un tollé.Irrité par la contestation contre la loi Travail, le gouvernement franchit un cap supplémentaire dans sa croisade antisyndicale.

Pas de trêve estivale dans l’acharnement antisyndical. Lundi, la décision du ministère du Travail de valider le licenciement de Vincent Martinez, magasinier et délégué syndical CGT chez Air France, à la suite de la fameuse aff aire de la « chemise déchirée » de l’ancien DRH Xavier Broseta, le 5 octobre dernier lors de manifestations contre 2 900 suppressions d’emplois annoncées dans la compagnie, a fait l’effet d’une bombe. En plein été, le gouvernement a donc choisi de franchir un nouveau cap dans la répression antisyndicale, en allant à l’encontre de la décision de l’inspection du travail du 20 janvier 2015 qui avait annulé ce licenciement. Dans cette aff aire ultramé

diatisée, le gouvernement a d’emblée choisi son camp. Peu après les échauff ourées, Manuel Valls n’avait pas hésité à qualifi er les syndicalistes de « voyous », demandant « des sanctions exemplaires » pour certains participants, faisant monter d’un cran la tension sociale. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, s’est immédiatement indigné de cette décision du ministère, jugeant cet avis favorable « proprement scandaleux », y voyant même une « attitude revancharde » du gouvernement après la bataille menée par le premier syndicat français contre la loi travail, promulguée ce même 8 août par François Hollande et le gouvernement.

L’ombre de la loi El Khomri et du mouvement social pour réclamer sa suppression planent bel et bien sur cette décision. Pour Pascal Bouvier, membre du bureau confédéral de la CGT, « le gouvernement veut faire passer le message aux salariés qu’on peut licencier sans peine leurs représentants. Ils veulent leur faire peur, c’est le même principe avec la multiplication des gardes à vue lors des manifestations contre la loi travail ». Céline Verzeletti, chargée de la question des libertés syndicales à la CGT, embraie : « C’est une attaque envers un syndicalisme de lutte et force de proposition. » Pour le PCF, « il s’agit bien d’une décision à caractère politique, bafouant d’une part l’avis très argumenté de l’inspection du travail, et d’autre part piétinant le Code du travail, le délai pour recours étant épuisé ».

Les attaques ciblées du gouvernement contre certains syndicats restent en travers de la gorge. Pour Karim Taïbi, responsable FO chez Air France, « l’exécutif, dans sa toute-puissance, se substitue à la justice en pleines vacances d’été. Il criminalise les hommes et rallume le feu ». Car le dossier contre Vincent Martinez est désespérément vide. C’est en tout cas l’avis des inspecteurs du travail qui avaient estimé qu’« il n’y avait aucune preuve matérielle de l’implication directe du délégué CGT » (voir article ci-contre). Mais Air France, refusant cet avis, avait alors formulé un recours auprès du ministère le 4 février. Le ministère avait ensuite procédé à un complément d’instruction et devait statuer sous quatre mois. Sans réponse de leur part, le 3 juin, le licenciement était implicitement rejeté. Ce qui n’a pas pourtant pas empêché Myriam El Khomri de prendre cette décision inique.

Dans la notification, le ministère a estimé que le syndicaliste, dans « un acte délibéré non résultant d’un mouvement de foule ou de toute autre pression, a poussé l’un des deux vigiles soutenant M. Broseta, entraînant la chute de ce dernier et des deux vigiles, que cet agissement conscient non provoqué constitue une faute lourde ». Pour le ministère, cette décision est donc « cohérente » avec le licenciement des quatre autres salariés impliqués.

« C’est une décision sans queue ni tête »

Le ministère fait aussi cette étrange mention, assurant que pour ce licenciement, il ne « relève aucun indice quant à l’existence d’un éventuel lien entre la demande d’autorisation de licenciement et les mandats exercés par M. Martinez ». Mehdi Kemoune, secrétaire général adjoint de la CGT Air France, ajoute que « le ministère reconnaît aussi que Vincent Martinez a protégé la direction et on en arrive là ! On assiste à un 49-3 antisyndical. L’affaire de la chemise, c’est l’exemple de la violence sociale par rapport à la violence économique, un catalyseur aussi du conflit sur la loi travail ».

Vincent Martinez, encore sous le coup de la nouvelle, attend désormais la lettre de licenciement d’Air France. Sans baisser les bras. « C’est une décision sans queue ni tête. Je ne laisserai pas cette victoire au gouvernement. » Salarié depuis dix ans, le jeune homme de 28 ans estime que « cette histoire est très politique ». Lors de l’enquête menée par le ministère, il note qu’« Air France n’a pas fourni de preuves supplémentaires par rapport à (l’enquête) menée par l’inspection du travail. La compagnie n’a même pas porté plainte contre moi. Si j’ai eu un mauvais geste envers le vigile, je ne regrette pas de m’être mobilisé avec mes collègues ». Face à la colère suscitée par la validation du licenciement, l’exécutif a été contraint de dégainer les statistiques. Selon la direction générale du travail (DGT), cette décision du ministère d’invalider une décision de l’inspection générale du travail n’a « rien d’exceptionnel » : le ministère annulerait environ un tiers des 1 900 décisions contestées dont il est saisi chaque année.

Quoi qu’en dise le ministère du Travail, une telle prise de position allant à l’encontre de l’inspection du travail reste théoriquement rare. Mais sous l’ère de François Hollande, dans le contexte de contestation sociale exacerbée, les cas ont effectivement une fâcheuse tendance à se multiplier. À la Sodexo, le 27 juin dernier, le ministère du Travail infirmait une décision de l’inspection du travail dans un cas similaire. Après une grève menée dans l’entreprise à Marseille, 18 chauffeurs-livreurs avaient été mis à pied puis licenciés. 17 ont été réintégrés ou ont négocié financièrement leur départ. Seul le délégué CGT Yvon Caprice a été viré. « J’ai été réintégré par l’inspection du travail, qui a estimé la grève licite et conclu que le blocage des cuisines était une conséquence de la grève. » Pourtant, le ministère du Travail revient sur cette décision en plein été… « Ils ont attendu l’été, la fermeture des écoles et des cantines pour prendre des décisions, relève Nordine Ziani, délégué syndical. Ça arrange notre direction, elle est sûre qu’il n’y aura pas de vagues syndicales. C’est la même situation qu’à Air France. Le ministère prend tous les dossiers CGT et les traite en direct. » La fédération du commerce et des services CGT a écrit un courrier le 8 juillet à la ministre du Travail exigeant la « réintégration immédiate du délégué syndical » et demandant une rencontre à la ministre. Ces démarches sont restée lettre morte.

Le gouvernement a choisi sans états d’âme la voie de la sanction

Dans un autre registre, l’affaire des Goodyear avait au début de l’année 2016 aussi déclenché une onde de choc. Alors que les plaintes de la direction avaient été retirées, le parquet avait quand même décidé de poursuivre certains salariés pour avoir retenu des cadres dans l’entreprise. Neuf d’entre eux avaient été aussi condamnés à de la prison ferme, une sentence très lourde, quasi inédite. Dans ce climat tendu, la CGT a d’ailleurs interpellé la France devant l’ONU pour dénoncer la répression et les violences antisyndicales.

Pressé de faire plier l’échine aux syndicats réfractaires, en échec sur sa politique dite de relance de l’emploi, le gouvernement a choisi sans états d’âme la voie de la sanction pour faire taire la fronde. Peine perdue, les représentants des salariés ne sont pas décidés à se laisser faire. Vincent Martinez va formuler un recours auprès du tribunal administratif pour contester son licenciement. Une procédure qui pourrait traîner de un à deux ans. Il comparaîtra également avec quatre autres salariés les 27 et 28 septembre prochains au tribunal correctionnel de ­Bobigny pour violence en réunion. Ces épreuves n’entament pas ses convictions. « Ce n’est pas facile à vivre, mais je ne vais pas me résigner », explique le syndicaliste mobilisé contre les suppressions d’emplois dans la compagnie et contre la loi travail. Car la promulgation de ce texte de loi est loin d’avoir effacé le mécontentement massif des Français. Après une pause estivale, une journée d’action intersyndicale est prévue le 15 septembre prochain. Les nuages s’accumulent sur le gouvernement et présagent d’une rentrée sociale orageuse.

Et le communiqué du PCF:

La ministre du travail a validé le licenciement de Vincent Martinez, délégué CGT d'Air France accusé d'avoir participé à l'épisode de la "chemise arrachée", a annoncé hier son ministère dans un communiqué, alors même que l'inspection du Travail avait pris une décision inverse en janvier.

Le PCF apporte toute sa solidarité aux salariés d'Air France comme à tous les salarié-es victimes de criminalisation et exprime son soutien à Vincent Martinez .

Il s'agit bien d'une décision à caractère politique, bafouant d'une part l'avis très argumenté de l'Inspection du travail, et d'autre part, piétinant le Code du travail, le délai pour recours étant épuisé.

A nouveau, avec cette décision prise en plein été, s'exprime une volonté politique de ce gouvernement de faire taire toute contestation sociale dans le pays et d'affaiblir le mouvement syndical avec une criminalisation des hommes et des femmes qui s'engagent et luttent pour défendre des conquêtes sociales et améliorer les conditions de travail et de vies des travailleur-euses.

Le gouvernement a d'abord, en début de quinquennat, refusé l'amnistie sociale pour les militants. Puis il a mené une campagne de stigmatisation contre les responsables syndicaux et une répression sans précédent du mouvement social comme nous l'avons vécu durant ces derniers mois avec les manifestations contre la loi dite « travail ». Comment alors croire les paroles de François Hollande prononcées samedi dernier « Il faut changer la démocratie, pas la restreindre » ?

Effectivement il faut donner un nouveau souffle à la démocratie dans notre pays.

Il faut pour cela écouter et respecter les citoyens et le débat parlementaire en renonçant à l'utilisation du 49-3.

Cela passe par la démocratie sociale, avec des nouveaux droits et pouvoirs pour les salarié-es et leurs représentant-es.

Cela passe également par le retrait de la loi « travail » pourtant promulguée aujourd'hui.

Le PCF participera, à l'appel de plusieurs syndicats et organisations de jeunesse, à la journée de mobilisation du 15 septembre.

Dès maintenant le PCF invite les salarié-es, les citoyens en lutte contre cette loi régressive à participer à la Fête de L'Humanité les 9, 10 et 11 septembre, pour échanger afin de construire une alternative de gauche à cette loi.

Affaire de la "chemise" à Air France: El Khomri valide le licenciement du délégué CGT (Médiapart- 8 août)

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14 août 2016 7 14 /08 /août /2016 06:09

« Ahmadinejad, mon héros »

par Serge Halimi (Le Monde Diplomatique, Idées, août 2016)

Le petit monde intellectuel et médiatique français raffole des provocations. En les saupoudrant de prétentions littéraires ou de second degré, leurs auteurs peuvent toujours se dégager au cas où la mêlée tournerait à leur confusion. Sans doute Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République, y a-t-elle pensé avant de féliciter l’écrivain Jean Genet de s’être « réjoui de la débâcle française en 1940 face aux Allemands (1) ». « Ce que j’aime chez Genet, précise-t-elle, c’est qu’il s’en fout d’Hitler. » Quelques mots lui suffisent pour justifier un trait aussi audacieux : la France occupée était une France coloniale ; la France résistante allait répandre la terreur en Algérie et en Afrique noire. Avec ça, théoriquement, la polémique du jour est lancée. France 2, entends-tu…

Le monde de Bouteldja est simple : il y a eu une France colonisatrice humiliée par le IIIe Reich, et une France résistante qui allait devenir exterminatrice. Inutile d’objecter que le pays défait en juin 1940 ne se résume pas à la colonisation. Ou que d’autres que Genet ont salué la « divine surprise » de sa déconfiture, dont un certain maréchal Pétain, qui, quinze ans plus tôt, avait férocement réprimé les insurgés marocains du Rif. Quant aux résistants, quelques-uns ont aussitôt fustigé les massacres de Sétif et de Guelma en 1945 et combattraient plus tard la torture en Algérie. Mais ce ne sont là que des broutilles, et nous sommes pressés, n’est-ce pas ?

La provocation relative à Adolf Hitler pouvait cependant ne pas suffire à faire surgir un intellectuel médiatique de son abri. Bouteldja met donc toutes les chances de son côté : « Je ne suis pas innocente. Je vis en France. Je vis en Occident. Je suis blanche. Rien ne peut m’absoudre. » Irrémédiablement coupable d’être blanche, et toujours aucune réaction ? Même pas une tribune indignée de Pascal Bruckner ? Alors, nouvel axe d’attaque. Bouteldja écrit : « “Il n’y a pas d’homosexuels en Iran.” C’est Ahmadinejad qui parle. Cette réplique m’a percé le cerveau. Je l’encadre et je l’admire. (…)Ahmadinejad, mon héros. (…) La Civilisation est indignée. (…) Et moi j’exulte. » Étrange jubilation de sa part, tout de même, à entendre le président d’un pays qui exécute les homosexuels prétendre qu’ils n’existent pas.

Mais les livres sont aussi écrits pour que leurs auteurs en éprouvent du plaisir. En bonne logique, ce chapelet de facéties n’appellerait donc aucun commentaire. Seulement, Bouteldja ne s’amuse pas ; elle entend donner des leçons d’émancipation à la gauche. Laquelle est sommée de tout subordonner — la domination sociale, la domination masculine, la persécution des minorités sexuelles — au combat contre l’hégémonie « blanche ». Et de le faire adossée à une réflexion théorique ne comportant en définitive qu’une variable, « Occident » contre « Indigènes », symétriquement conçus en blocs presque toujours homogènes, solidaires, immuables.

Entre le salarié de M. Bernard Arnault, ouvrier mais « blanc » comme son patron, donc responsable au même titre que lui du crime colonial, et l’homme « indigène » qui bat sa sœur ou sa compagne, Bouteldja a choisi. La condition de dominé du premier ne l’intéresse pas vraiment, puisqu’il est par ailleurs solidairement coupable du pire. Le second doit en revanche être, sinon encouragé, en tout cas « protégé » par ses victimes, que Bouteldja invite à« deviner dans la virilité testostéronée du mâle indigène la part qui résiste à la domination blanche » afin de canaliser sa violence vers d’autres destinataires (2). Mais, en dernière analyse, priorité « à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam ».

Pour s’assurer que toutes les balises historiques du combat multiséculaire pour l’émancipation humaine (le rationalisme, le syndicalisme, le socialisme, le féminisme, l’internationalisme…) seront balayées par les torrents essentialistes et religieux qu’elle appelle de ses vœux, Bouteldja conclut son propos par une oraison furieusement anti-Lumières. Le « potentiel égalitaire » du « criAllahou akbar ! » tient à ce qu’il « remet les hommes, tous les hommes, à leur place, sans hiérarchie aucune. Une seule entité est autorisée à dominer : Dieu ». L’universalisme, en somme, mais comme le clergé le prêchait au temps de Louis XIV. S’il faut vraiment choisir, dans ce genre de bréviaire, Bossuet était plus inspiré.

Serge Halimi

le dernier essai de Houria Bouteldja aux éditions "La Fabrique": "Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l'amour révolutionnaire"

le dernier essai de Houria Bouteldja aux éditions "La Fabrique": "Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l'amour révolutionnaire"

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13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 19:55

Les odeurs nauséabondes ne devraient pas être diffusées par les médias publics (Olivier Dartigolles)

On ne peut que regretter les propos tenus sur France Télévision lors de la retransmission de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques et notamment ceux sur l'esclavage. Certains commentaires furent tout simplement racistes avec des considérations géopolitiques absurdes.

Parallèlement, France Inter a cru bon de réussir le tour de force d'inviter le vice-président du parti d'extrême droite FN pour parler du Front populaire. Seul intervenant politique pour une formation qui n'a pas été partie prenante de cet événement de l'histoire sociale et politique de France, c'est tout simplement scandaleux.

Le Parti communiste français invite le CSA à une extrême vigilance. Alors que notre pays traverse des moments douloureux, que notre société est menacée par des tensions, des divisions et des fractures. Les valeurs républicaines, le vrai pluralisme, la connaissance et l'information sont autant de remparts face aux odeurs nauséabondes.

Les odeurs nauséabondes ne devraient pas être diffusées par les médias publics (Olivier Dartigolles, PCF)
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13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 19:53

Triste et en colère, nous poursuivrons la bataille pour la libération de Jacqueline Sauvage (Laurence Cohen)

Nous déplorons avec force le rejet de la libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage. C'est une très mauvaise nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui luttent contre les violences faites aux femmes, pour les victimes quotidiennes.

Après le calvaire que Jacqueline Sauvage avait enduré avec ses enfants, les coups et les viols, sa condamnation était apparue comme particulièrement injuste.

J'étais intervenue, au Sénat, en sa faveur en tant que parlementaire et au nom du combat que mènent les communistes contre les violences que subissent encore trop de femmes.

Sa libération était très attendue et ce sont aujourd'hui la tristesse et la colère qui nous gagnent.

Avec les associations féministes, les syndicats et les progressistes, nous allons poursuivre la bataille en faveur de la libération de Jacqueline Sauvage et plus globalement contre ce fléau qui gangrène la société.

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12 août 2016 5 12 /08 /août /2016 07:59
Toutes et tous, donnons-nous rendez-vous le 15 septembre pour l'abrogation de la loi travail ! (Intersyndicale CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES, UNEF, UNL, FIDL)

Déclaration commune intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL du 8 juillet

Les organisations syndicales de salarié-es et de jeunesse (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL) ont pris acte et dénoncent la nouvelle utilisation du 49-3, véritable déni de démocratie, pour faire passer le projet de loi travail. C'est bien la preuve, si celle-ci était nécessaire, que ce texte de régression sociale reste minoritaire. Soutenues par une large majorité de la population, elles réaffirment leur opposition à ce projet et la nécessité de nouveaux droits pour les salarié-es, privé-es d'emploi, étudiant-es, lycéen-es, retraité-es. Ce sont encore plus d'un million qui ont participé à la votation citoyenne et signifié leur rejet de ce projet. Les nombreux rassemblements et manifestations de ces derniers jours, notamment le 5 juillet, ont réunis plusieurs dizaines de milliers de participantes.

Les organisations syndicales et de jeunesse dénoncent les conditions contraignantes de manifestations qui ont empêché certain-es d'y participer. Elles réaffirment que la liberté de manifester doit rester un droit.

Les mobilisations initiées depuis quatre mois n'ont pas été entendues par ce gouvernement. Qu'à cela ne tienne ! La détermination, malgré le passage en force à l'assemblée nationale, reste intacte et toute la période estivale sera l'occasion de la rappeler. Nombre d'initiatives locales, sur tout le territoire, sont déjà prévues et organisées de manière unitaire.

Les organisations syndicales et de jeunesse invitent l'ensemble des salarié-es, privé-es d'emploi, étudiant-es, lycéen-es, retraité-es à adresser une carte postale au président de la République pour lui assurer qu'ils seront toujours mobilisés à la rentrée !

Les organisations (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL) donnent rendez-vous à l'ensemble des salarié-es, privé-es d'emploi, étudiant-es, lycéen-es, retraité-es pour une journée d'actions et d'initiatives le 15 septembre pour obtenir l'abrogation de la loi Travail et conquérir de nouvelles garanties et protections collectives. Elles se retrouveront pour faire le point le 31 août.

Pour signer la carte postale à F. Hollande :

http://cgt.fr/Envoyez-votre-carte-postale-au.html

Pour s'informer, le décryptage de la dernière version

de la loi travail sur le site de l'UGICT CGT :

http://www.ugict.cgt.fr/articles/references/decryptage-post-49-3

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12 août 2016 5 12 /08 /août /2016 07:21

Précarité à la SNCF: les prud’hommes plutôt que le CDI

11 AOÛT 2016 | PAR MATHILDE GOANEC

À la SNCF, entreprise publique, la précarité gagne les salariés. Comme ailleurs, les CDD à répétition deviennent un mode de gestion du personnel, quitte pour la direction à payer des indemnités prud’homales plutôt que d’embaucher.

L’action tient de la bravade. Farid (nom d’emprunt), soutenu par une grappe de militants FO et CGT, s’est présenté au travail comme d’habitude le 31 juillet dernier, au pôle opérationnel Paris-Nord-Picardie de la SNCF. Le service, qui jouxte la gare du Nord, gère les arrivées et les départs de trains, ainsi que la régularité du trafic. Mais l’entrée de la petite troupe dans le bâtiment est stoppée illico. Le badge du jeune homme a été désactivé depuis la veille au soir et Farid est refoulé dès le rez-de-chaussée.

L’ex-employé garde un sourire quasi permanent accroché au visage, enchaîne les« merci, merci beaucoup » et les poignées de main aux syndicalistes qui l’accompagnent. Son amertume est pourtant réelle. Farid a enchaîné sept CDD à la SNCF depuis janvier 2015. Il faisait, selon ses collègues, très bien l’affaire, à tel point qu’il était programmé au « planning » pour tout l’été. La direction de la SNCF commet cependant une erreur, qui grippe la machine. Au mois de juillet, un huitième CDD parvient à Farid, mais avec du retard. Cela fait une quinzaine de jours que l’employé travaille sans contrat, ce qui le requalifie automatiquement en CDI, selon une jurisprudence ancienne de la Cour de cassation.

« Faut croire que je suis un optimiste naïf car, quand j’ai appris qu’il y avait un problème avec mon contrat, je n’étais pas du tout dans une logique d’affrontement, raconte Farid.Les syndicats eux-mêmes espéraient que l’on trouverait une solution à l’amiable, comme cela avait pu arriver dans le passé. » Ils y croient d’autant plus que des documents et des mails circulant en interne font état, à plusieurs reprises, du salarié comme d’un excellent élément. Une prime, non obligatoire et attribuée aux résultats, lui a même été offerte les mois passés.

« J’ai attendu un peu que mon chef rentre de vacances, j’étais prêt à accepter un poste en 3×8, à aller travailler en Picardie si besoin, l’essentiel étant de continuer à faire un métier qui me plaisait », poursuit Farid. Mais la réponse de la SNCF à cette erreur manifeste est un énième contrat antidaté, un neuvième CDD pour le mois d’août, ainsi que cette phrase, en forme de fin de non-recevoir : « Ils m’ont dit que je n’avais qu’à attaquer aux prud’hommes, pour toucher des indemnités supplémentaires. » Interrogée sur ce cas précis, la direction de la SNCF n’a pas répondu à nos questions.

Les syndicats maison n’en reviennent pas. « C’est d’autant plus révoltant que l’erreur est manifeste et que derrière ils produisent un faux, assure Christophe Jocquel, secrétaire fédéral FO Cheminots. Dix ans plus tôt, la SNCF l’aurait passé direct en CDI, surtout que son travail correspond à un besoin. Lorsque j’ai plaidé son cas cette fois-ci, la direction juridique m’a envoyé sur les roses. » Un autre salarié de la SNCF a subi le même sort l’an passé : il a été mis dehors après avoir effectué une dizaine de CDD, et ce, malgré plusieurs jours passés en CDI de facto faute de contrat. « Des gens qui travaillent sans contrat après la date d’échéance de leur CDD, c’est très fréquent, souligne le secrétaire fédéral. La SNCF fait comme les autres, elle s’assoit sur le droit du travail et pense que ça se réglera par une indemnisation aux prud’hommes. »

Le secrétaire général de la fédération cheminots de FO pose le même diagnostic que son collègue, accusant la SNCF de jouer sciemment avec la règle : « Même si elle perd aux prud’hommes, elle préfère payer une amende pour non-exécution de la sanction plutôt que de réintégrer les gens, estime François Graza. La SNCF compte également sur l’usure. Les procédures sont longues, les salariés se lassent et cherchent du boulot ailleurs. »

Pour les syndicats, la filière RH (ressources humaines) de l’entreprise publique « est cassée », ce qui entraînerait une flopée d’erreurs. « Depuis la réforme ferroviaire [votée en 2014 – ndlr], la SNCF a explosé en mille morceaux, explique un délégué syndical CGT.La pénurie de personnel touche aussi la RH, l’encadrement, avec des gens qui ne sont pas toujours correctement formés ou qui n’ont plus la culture maison. » En effet, depuis la mise en œuvre de la modernisation de la SNCF, l’un des objectifs de la direction était d’atteindre un effectif de 40 % de cadres contractuels (CDD ou CDI), et donc « non statutaires », selon la CGT citée par L’Humanité en 2012. « Résultat, aujourd’hui, ils ont un jeune qui bosse, qui fait bien son travail, et on le fout dehors. Le manque de responsabilité, de solidarité, qu’ils nous reprochent à longueur de temps, ils l’appliquent », peste un militant.

La SNCF n’est plus, depuis longtemps, une entreprise 100 % cheminots. La part des recrutements des salariés en contrat de droit privé a augmenté ces dernières années pour se stabiliser autour de 26 % selon les chiffres de 2014. Le recours à l’intérim a lui aussi beaucoup augmenté. L’entreprise dispose même, depuis 2011, de sa propre agence d’intérim filialisée (SNCF InterServices). La direction, dans sa communication officielle, assure cependant que le recrutement « au statut » restera prioritaire. Cette question a d'ailleurs fait l'objet d'un accord majoritaire signé en 2015 par la CGT et Sud rail.

Farid a, lui, tenté deux fois de passer en CDI, en passant les concours interne et externe de la SNCF. Son doctorat en sciences sociales a vraisemblablement posé problème. « J'ai dit que j'étais prêt à signer une renonciation de diplôme pour être embauché quand même, mais la direction n'a pas voulu. Finalement, en juin et juillet, deux CDI ont été recrutés en externe, à bac +2 et bac +3. Tout le mois d'août, je devais d'ailleurs en former un sur mon poste. » La même mésaventure, racontée par Midi Libre, est arrivée à Séverine Chalbos. Tout en cumulant des dizaines de CDD durant plusieurs années, la jeune femme prépare un doctorat en sociologie. Au moment d’être titularisée en 2013, la sanction tombe : elle est surqualifiée pour le poste. « Paradoxalement, je reste toujours motivé pour travailler à la SNCF, conclut Farid. J'y ai découvert une forme de solidarité qui n'existe pas forcément ailleurs, des gens que je ne connaissais pas sont venus m'aider. C'est tout un monde qui est mis à mal, et qu'il faut préserver. »

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11 août 2016 4 11 /08 /août /2016 05:50

Licenciements chez Molex: «Le jugement nous donne raison, mais c’est trop tard»

10 AOÛT 2016 | PAR MATHILDE GOANEC

Victoire au goût amer pour les anciens salariés de Molex, en Haute-Garonne. La justice a reconnu mardi que leur licenciement n'était pas justifié par des raisons économiques. Entretien avec un ancien syndicaliste de chez Molex, Thierry Bonhoure.

Mardi 9 août, la cour d’appel de Bordeaux a reconnu que le licenciement des 191 salariés de l’usine Molex de Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne, intervenu en 2009, était injustifié. Un jugement qui confirme la décision des prud’hommes, en 2014, mais réduit le montant des indemnités versées au titre des dommages et intérêts à 7 millions d’euros, au lieu des 10 millions d’origine. Victoire en demi-teinte donc, puisque la cour d’appel a également suivi un jugement précédent de la Cour de cassation, qui a refusé de reconnaître dans le groupe Molex Inc le co-employeur des salariés du site de Villemur-sur-Tarn, le dégageant ainsi de sa responsabilité dans cette affaire.

Cette décision, saluée par les salariés eux-mêmes, n’en pose pas moins question quant à l’incapacité des pouvoirs publics à peser sur le devenir de la plupart des grands sites industriels, a fortiori quand ils sont détenus par des capitaux étrangers. Continental, Goodyear, Moulinex, Mory-Ducros, la liste est longue de ces sociétés qui ferment des usines, sans réelle justification économique, avec pour seule conséquence une sanction judiciaire, forcément a posteriori. Le gouvernement, malgré la fréquence de ces procès gagnés par les salariés, a même assoupli les règles du licenciement économique dans la loi présentée par Myriam El Khomri, adoptée en juillet. En prenant le problème dans l’autre sens : si ces groupes perdent leur procès, c’est que la loi est mal faite.

Thierry Bonhoure était technicien qualité chez Molex. Il assure que cette décision prouve que « la cause était juste ». L’ancien délégué syndical FO (Force ouvrière), cheville ouvrière du combat mené un an durant par les salariés contre la fermeture de l’usine, se fait néanmoins peu d’illusion : « Ça se reproduira, même si on a fait, en se serrant les coudes, un peu bouger les lignes. » Entretien.

Quelle est l’importance d’un tel jugement, au-delà de la réparation financière ?

Thierry Bonhoure : C’est la question de fond qu’il pose. Est-ce qu’il y avait un motif économique à la fermeture de l’usine ? Est-ce que la société était en danger en termes de compétitivité ? Le tribunal a répondu « non ». Le licenciement était « sans cause réelle et sérieuse » et qu’en aucun cas nous ne mettions en danger le groupe Molex. Le jugement nous donne raison, mais c’est trop tard. Même si par ce jugement, on reconnaît aussi le combat que nous avons mené pour nos emplois. Pour nous, c’est quand même une victoire, même si elle a un goût amer.

Notre combat, depuis le début, était de faire reconnaître le co-emploi et que les motifs pour la fermeture ne tenaient pas ; que ceux qui ont pris la décision de fermer l’usine soient condamnés, ce que les prud’hommes de Toulouse ont fait dans un premier temps, au titre du co-emploi. La cour d’appel de Toulouse a fait de même, mais cette décision a été cassée en Cour de cassation. L’affaire est donc repartie à zéro et a été délocalisée à Bordeaux. Cette fois-ci, le licenciement a bel et bien été reconnu injustifié, même si la cour d’appel, conformément à la Cour de cassation, n’a pas retenu le groupe Molex comme co-employeur.

Elle a aussi diminué le montant des indemnités de 10 à 7 millions d’euros versés en indemnités au titre des dommages et intérêts ?

Il y a deux raisons à cela selon moi : la société américaine Molex a donc été dédouanée du « co-emploi », et comme la filiale a été depuis liquidée, ce sont les AGS [organisme patronal qui garantit les salaires en cas de disparition de sociétés – ndlr] qui vont payer. Cela a pu jouer sur la clémence de la cour d’appel sur le montant des indemnités. Ensuite, c’est une vision personnelle mais la loi sur le travail, avec cette idée de plafonner les indemnités, était quand même en toile de fond de ce jugement.

Pourquoi la cour d’appel n’a-t-elle pas retenu le groupe Molex.Inc comme employeur ?

C’est lié à un revirement de la jurisprudence. Mais là encore, je crois que le contexte politique joue un rôle. Nous sommes dans une période très impactée par le chômage et le gouvernement craint tout ce qui peut être un frein à l’investissement des sociétés étrangères en France. Cette histoire du co-emploi, on le sait, fait grincer des dents, les entreprises souhaitent pouvoir licencier sans que cela ne leur coûte trop cher. Sauf que les AGS, c’est plafonné, ce qui explique peut-être que le montant des dommages et intérêts ait été revu à la baisse. Les salariés recevront environ six mois de salaires en plus, ce qui n’est pas énorme pour une société comme Molex. Mais surtout, ce n’est pas en définitive Molex Inc. qui va payer car la filiale qui nous employait a été, depuis, liquidée par le groupe.

Dans toute cette histoire, qu’est-ce que Molex a finalement dû payer pour la fermeture de votre ancienne usine ?

Dans le genre, c’est un cas d’école. Une enveloppe d’une trentaine de millions d’euros avait été déterminée pour le plan social en 2009. Mais quand le groupe a liquidé sa filiale, l’intégralité du plan n’avait pas encore été financée. Et donc Molex n’a pas payé les 4 ou 5 millions restants. Et ce, même s’il y avait eu un engagement du groupe auprès du gouvernement, à l’époque représenté dans ce dossier par Christian Estrosi et Christine Lagarde. Sur le plan de la revitalisation, Molex s’était engagé à laisser une partie des machines et de l’usine aux futurs repreneurs, et à leur fournir au début un certain nombre de commandes pour garantir du chiffre d’affaires, ce qui a été fait.

La reprise par d’anciens salariés a donc fonctionné ?

Oui, des cadres et des techniciens ont monté un projet de reprise de l’activité, au départ avec une douzaine de personnes. Aujourd’hui, ils sont une soixantaine, avec 45 ex-Molex qui ont été embauchés.

Pourquoi le raisonnement sur le motif économique, que tient le tribunal aujourd’hui, n’a-t-il pas pu empêcher les licenciements à l’époque ?

On touche là aux limites du système. Une entreprise, c’est de la propriété privée. Même si pour pouvoir licencier, il faut justifier de motifs économiques, la loi est mal faite. On doit attendre le jugement a posteriori pour reconnaître que les critères n’y sont pas. Est-ce qu’il ne pourrait pas y avoir une juridiction pour examiner la situation en aval ? À chaque fois, nous sommes condamnés à attendre une réparation financière, quand l’entreprise a déjà plié bagages.

La direction générale du travail est quand même censée donner son point de vue ?

Seulement sur les moyens mis en place pour le plan social, au regard des moyens de l’entreprise ! Sur le motif, elle n’a rien à dire. Avec nos experts, nous avons fait valoir nos arguments à tout le monde, à la justice, au gouvernement, pour qu’ils fassent contrepoids de cette décision prise aux États-Unis. On travaillait par exemple pour PSA, pour Renault, eh bien, on aurait pu mettre la pression par le biais des clients ! On a essayé, on s’est bien battus mais c’est usant. Nous avons tenu un an. À un moment, tu te retrouves avec le couteau sous la gorge. Soit tu rentres dans le jeu pour négocier un bon PSE, soit tu continues avec le risque de tout perdre ! Un combat comme ça c’est long, ça met les nerfs à vif.

Ce qui est compliqué à gérer pour les syndicats, c’est la concomitance du combat contre la fermeture et du processus de négociation d’un plan social le plus honorable possible…

Oui, le risque, c’est qu’ils se mettent tout de suite en liquidation. Et là, t’as plus que tes yeux pour pleurer parce que les salariés vont toucher le minimum. Sans compter le risque de faire aussi capoter la reprise d’activité. Donc même si on n’était pas d’accord, il a bien fallu que l’on donne, en tant que CE, notre avis sur le plan social. Et c’est ça qui enclenche le processus de fermeture. Ce qu’on voulait, c’était récupérer toute l’activité, et ça, on n’a pas réussi. Mais savoir qu’une soixantaine de personnes travaillent toujours, c’est mieux que rien. Ce qui nous semblait impossible, c’est que l’outil de production meure. On ne sait jamais, peut-être qu’un gros marché peut arriver, c’est pour ça que c’est important de ne pas détruire complètement le potentiel industriel.

La loi « Florange », sur l’obligation de reprise des sites rentables, adoptée en 2014, version allégée de la proposition de loi sur l’interdiction des licenciements boursiers, aurait-elle, en 2009, changé la donne ?

Non. Même aujourd’hui, si un employeur veut fermer, il peut fermer. Ça lui coûtera seulement plus ou moins cher, selon le combat que vont mener les salariés. Nous avons aussi eu la chance d’avoir les médias avec nous, ce qui nous a bien encouragés. Et à un moment aussi le gouvernement a pris les choses en main. Sans ça, ça aurait été la bérézina.

Qu’est-ce que vous avez obtenu à l’époque de ce PSE ?

Pas moins de 36 000 euros pour chacun des salariés, même avec peu d’ancienneté. Et neuf mois de reclassement. En moyenne, les salariés sont partis avec deux ans de salaires. Ça s’explique aussi parce qu’une grosse partie des employés avaient pas loin de trente ans de maison. Sur le reclassement, ce n’était pas trop mal, mais une quarantaine de salariés au moins n’ont pas pu retrouver un emploi, même si certains sont à la retraite aujourd’hui. En clair, cela a été très difficile pour ceux qui avaient une cinquantaine d’années, surtout que beaucoup n’avaient connu qu’un seul employeur et étaient autodidactes. Dans ce contexte, c’est compliqué de retrouver un emploi qualifié. Beaucoup ont retravaillé mais au prix de sacrifices : une grosse baisse de salaire, ou des kilomètres pour aller au boulot à Toulouse ou Montauban.

Est-ce que les politiques ont fait ce qu’il fallait ?

Non, je ne crois pas. À cette époque, de l’argent avait été versé à Peugeot et Renault dans le cadre d’un plan de réindustrialisation. Notre usine faisait partie de leurs sous-traitants. Nous pensions qu’il aurait fallu insister pour que, en échange de cet argent, il soit aussi fait pression pour passer commande à Molex. C’était quand même de très gros clients pour l’entreprise, ça avait du poids. Mais nous étions constamment dans l’urgence, c’était difficile de prendre du recul. À vrai dire, avant d’être Molex, l’usine appartenait à Snecma, aujourd’hui Safran. Or l’état était actionnaire à 30 % de la Snecma. Quand elle a décidé de vendre notre site, Molex l’a emporté. Mais si le gouvernement avait eu une vision industrielle, il aurait peut-être dû s’opposer à ce rachat. On aurait pu constituer un groupe de connectique de taille critique, avec Framatom (aujourd’hui Areva) par exemple, pour résister aux fluctuations du marché.

Vous pensez toujours que la fermeture aurait pu être évitée ?

Honnêtement, nous, les salariés, restons convaincus que Molex voulait nous lâcher dès le début. Quand Snecma a vendu, officiellement, ils ont accepté de jouer le jeu et de ne pas fermer tout de suite. Mais c’est Ponce Pilate ce groupe, en réalité, ils s’en lavaient les mains. Il n’y a jamais eu de développement de l’activité. On nous a transformés en vilains petits canards, et la décision de fermer l’entreprise a donc ensuite été plus facile à faire avaler. Le site ne les a jamais intéressés, tout ce qu’ils voulaient, c’était notre portefeuille de clients, pour rentrer chez PSA notamment. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé.

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11 août 2016 4 11 /08 /août /2016 05:45

PASSANT OUTRE LA JUSTICE ET L'INSPECTION DU TRAVAIL, MYRIAM EL KHOMRI A VALIDÉ LE LICENCIEMENT D'UN DÉLÉGUÉ CGT. LIBERTÉS Délégué CGT licencié d'Air France: El Khomri valide les yeux fermés

L'HUMANITE
Mercredi 10 août 2016
KAREEN JANSELME ET CÉCILE ROUSSEAU

La décision de la ministre du Travail de valider le licenciement de Vincent Martinez, suite à «l'affaire de la chemise», a suscité un tollé. Irrité par la contestation contre la loi Travail, le gouvernement franchit un cap supplémentaire dans sa croisade antisyndicale.

Pas de trêve estivale dans l'acharnement antisyndical. Lundi, la décision du ministère du Travail de valider le licenciement de Vincent Martinez, magasinier et délégué syndical CGT chez Air France, à la suite de la fameuse affaire de la « chemise déchirée » de l'ancien DRH Xavier Broseta, le 5 octobre dernier lors de manifestations contre 2 900 suppressions d'emplois annoncées dans la compagnie, a fait l'effet d'une bombe. En plein été, le gouvernement a donc choisi de franchir un nouveau cap dans la répression antisyndicale, en allant à l'encontre de la décision de l'inspection du travail du 20 janvier 2015 qui avait annulé ce licenciement. Dans cette affaire ultramédiatisée, le gouvernement a d'emblée choisi son camp

Peu après les échauffourées, Manuel Valls n'avait pas hésité à qualifier les syndicalistes de « voyous », demandant « des sanctions exemplaires » pour certains participants, faisant monter d'un cran la tension sociale. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, s'est immédiatement indigné de cette décision du ministère, jugeant cet avis favorable « proprement scandaleux », y voyant même une « attitude revancharde » du gouvernement après la bataille menée par le premier syndicat français contre la loi travail, promulguée ce même 8 août par François Hollande et le gouvernement.

L'ombre de la loi El Khomri et du mouvement social pour réclamer sa suppression planent bel et bien sur cette décision. Pour Pascal Bouvier, membre du bureau confédéral de la CGT, « le gouvernement veut faire passer le message aux salariés qu'on peut licencier sans peine leurs représentants. Ils veulent leur faire peur, c'est le même principe avec la multiplication des gardes à vue lors des manifestations contre la loi travail ». Céline Verzeletti, chargée de la question des libertés syndicales à la CGT, embraie : « C'est une attaque envers un syndicalisme de lutte et force de proposition. » Pour le PCF, « il s'agit bien d'une décision à caractère politique, bafouant d'une part l'avis très argumenté de l'inspection du travail, et d'autre part piétinant le Code du travail, le délai pour recours étant épuisé

Les attaques ciblées du gouvernement contre certains syndicats restent en travers de la gorge. Pour Karim Taïbi, responsable FO chez Air France, « l'exécutif, dans sa toute-puissance, se substitue à la justice en pleines vacances d'été. Il criminalise les hommes et rallume le feu ». Car le dossier contre Vincent Martinez est désespérément vide. C'est en tout cas l'avis des inspecteurs du travail qui avaient estimé qu'« il n'y avait aucune preuve matérielle de l'implication directe du délégué CGT » (voir article ci-contre). Mais Air France, refusant cet avis, avait alors formulé un recours auprès du ministère le 4 février. Le ministère avait ensuite procédé à un complément d'instruction et devait statuer sous quatre mois. Sans réponse de leur part, le 3 juin, le licenciement était implicitement rejeté. Ce qui n'a pas pourtant pas empêché Myriam El Khomri de prendre cette décision inique. Dans la notification, le ministère a estimé que le syndicaliste, dan « un acte délibéré non résultant d'un mouvement de foule ou de toute autre pression, a poussé l'un des deux vigiles soutenant M. Broseta, entraînant la chute de ce dernier et des deux vigiles, que cet agissement conscient non provoqué constitue une faute lourde ».

Pour le ministère, cette décision est donc « cohérente » avec le licenciement des quatre autres salariés impliqués.

« C'est une décision sans queue ni tête »

Le ministère fait aussi cette étrange mention, assurant que pour ce licenciement, il ne « relève aucun indice quant à l'existence d'un éventuel lien entre la demande d'autorisation de licenciement et les mandats exercés par M. Martinez ». Mehdi Kemoune, secrétaire général adjoint de la CGT Air France, ajoute que « le ministère reconnaît aussi que Vincent Martinez a protégé la direction et on en arrive là ! On assiste à un 49-3 antisyndical. L'affaire de la chemise, c'est l'exemple de la violence sociale par rapport à la violence économique, un catalyseur aussi du conflit sur la loi travail ».

Vincent Martinez, encore sous le coup de la nouvelle, attend désormais la lettre de licenciement d'Air France. Sans baisser les bras. « C'est une décision sans queue ni tête. Je ne laisserai pas cette victoire au gouvernement. » Salarié depuis dix ans, le jeune homme de 28 ans estime que « cette histoire est très politique ». Lors de l'enquête menée par le ministère, il note qu'« Air France n'a pas fourni de preuves supplémentaires par rapport à (l'enquête) menée par l'inspection du travail. La compagnie n'a même pas porté plainte contre moi. Si j'ai eu un mauvais geste envers le vigile, je ne regrette pas de m'être mobilisé avec mes collègues ». Face à la colère suscitée par la validation du licenciement, l'exécutif a été contraint de dégainer les statistiques. Selon la direction générale du travail (DGT), cette décision du ministère d'invalider une décision de l'inspection générale du travail n'a « rien d'exceptionnel »: le ministère annulerait environ un tiers des 1900 décisions contestées dont il est saisi chaque année.

Quoi qu'en dise le ministère du Travail, une telle prise de position allant à l'encontre de l'inspection du travail reste théoriquement rare. Mais sous l'ère de François Hollande, dans le contexte de contestation sociale exacerbée, les cas ont effectivement une fâcheuse tendance à se multiplier. À la Sodexo, le 27 juin dernier, le ministère du Travail infirmait une décision de l'inspection du travail dans un cas similaire. Après une grève menée dans l'entreprise à Marseille, 18 chauffeurs-livreurs avaient été mis à pied puis licenciés. 17 ont été réintégrés ou ont négocié financièrement leur départ. Seul le délégué CGT Yvon Caprice a été viré. « J'ai été réintégré par l'inspection du travail, qui a estimé la grève licite et conclu que le blocage des cuisines était une conséquence de la grève. »

Dans ce climat tendu , la CGT a interpellé la France devant l'ONU pour dénoncer les violences anti-syndicales.

Pourtant, le ministère du Travail revient sur cette décision en plein été... « Ils ont attendu l'été, la fermeture des écoles et des cantines pour prendre des décisions, relève Nordine Ziani, délégué syndical. Ça arrange notre direction, elle est sûre qu'il n'y aura pas de vagues syndicales. C'est la même situation qu'à Air France. Le ministère prend tous les dossiers CGT et les traite en direct. » La fédération du commerce et des services CGT a écrit un courrier le 8 juillet à la ministre du Travail exigeant la « réintégration immédiate du délégué syndical » et demandant une rencontre à la ministre. Ces démarches sont restée lettre morte.

Le gouvernement a choisi sans états d'âme la voie de la sanction

Dans un autre registre, l'affaire des Goodyear avait au début de l'année 2016 aussi déclenché une onde de choc. Alors que les plaintes de la direction avaient été retirées, le parquet avait quand même décidé de poursuivre certains salariés pour avoir retenu des cadres dans l'entreprise. Neuf d'entre eux avaient été aussi condamnés à de la prison ferme, une sentence très lourde, quasi inédite. Dans ce climat tendu, la CGT a d'ailleurs interpellé la France devant l'ONU pour dénoncer la répression et les violences antisyndicales.

Pressé de faire plier l'échine aux syndicats réfractaires, en échec sur sa politique dite de relance de l'emploi, le gouvernement a choisi sans états d'âme la voie de la sanction pour faire taire la fronde. Peine perdue, les représentants des salariés ne sont pas décidés à se laisser faire. Vincent Martinez va formuler un recours auprès du tribunal administratif pour contester son licenciement. Une procédure qui pourrait traîner de un à deux ans. Il comparaîtra également avec quatre autres salariés les 27 et 28 septembre prochains au tribunal correctionnel de Bobigny pour violence en réunion. Ces épreuves n'entament pas ses convictions. « Ce n'est pas facile à vivre, mais je ne vais pas me résigner », explique le syndicaliste mobilisé contre les suppressions d'emplois dans la compagnie et contre la loi travail.

Car la promulgation de ce texte de loi est loin d'avoir effacé le mécontentement massif des Français. Après une pause estivale, une journée d'action intersyndicale est prévue le 15 septembre prochain. Les nuages s'accumulent sur le gouvernement et présagent d'une rentrée sociale orageuse.

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11 août 2016 4 11 /08 /août /2016 05:32

"Pikachu dans la guerre du clic entre le gouvernement et les groupes anti-IVG":

Lien avec l'article du Monde (9 août 2016): où l'on voit que les intégristes catholiques et mouvements d'extrême-droite affiliés à la Manif pour tous et aux combats anti-féministes restent très actifs, jusqu'à être en mesure, grâce à leurs moyens matériels et leur sens de la com, de laisser croire qu'ils présentent une information objective sur l'IVG sur internet à des femmes et souvent des jeunes qui ne sont pas forcément prévenues du caractère tendancieux d'un site qui est longtemps apparu en premier dans les référencements Google.

http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/08/09/gouvernement-et-groupes-hostiles-a-l-avortement-se-livrent-une-guerre-du-clic_4980544_4408996.html

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