Nous soussigné, enfants juifs cachés pendant la Seconde guerre mondiale pour échapper à la déportation, déclarons solennellement : si nous sommes en vie, c’est parce que des délinquants solidaires ont désobéi, nous ont cachés, nous ont nourris, en dépit des lois de Vichy et de l’occupant. Ils ont ouvert leur porte, falsifié notre identité, ils se sont tus ignorant les injonctions de la police et de l’administration, ils ont emprunté des chemins de traverse face à la persécution…
Leur solidarité est aujourd’hui reconnue publiquement. Nous leur sommes reconnaissants, comme nous le sommes au courage de nos parents qui ont fait le dur choix de se séparer de nous et de transformer leurs enfants en « mineurs isolés ».
Mais ce devoir de solidarité s’applique aussi aujourd’hui et nous réclamons la fin de ces procédés d’intimidation. Nous proclamons la légitimité du droit de regard des citoyens et des citoyennes sur les pratiques de l’administration, de la justice ou de la police. Nous sommes solidaires avec celles et ceux qui se montrent solidaires des personnes en situation de précarité sans se soucier de savoir si elles sont ou non en situation régulière quant au séjour. Nous passons le flambeau de la solidarité aux lanceurs d’alerte, aux citoyens critiques des politiques xénophobes, aux solidaires du quotidien.
Les 47 premiers signataires :
1. Enfants caché-e-s :
• Georges Gumpel, enfant caché à Lyon puis en Haute-Loire ;
• Liliane Lelaidier-Marton, enfant cachée à Bonneuil-sur-Marne ;
• Georges Tugène, caché en Haute-Loire ;
• Jean de Monbrison, caché près d’Auch, dans le Gers ;
• Georges Rosevègue, né en février 1941, enfant caché avec mes parents résistants, dans une ferme de l’Isère ;
• Nicole Kahn, enfant cachée dans une école catholique à Limoges.
• Denise Fernandez Grundman, enfant cachée dans le Maine et Loire.
• Michèle Lessmann-Portejoie, cachée dans une institution catholique, à Amélie-les-Bains, Pyrénées Orientales, puis dans une famille de paysans à Boësse, Loiret ;
• Catherine Vidrovitch, enfant cachée à Chaumont-en-Vexin par le chef de la résistance locale ;
• Bina Kohn, sauvée de la rafle du Vélodrome d’hiver par ma concierge, puis cachée par mon employeur à Paris ;
• Jean Claude Urbach, caché avec mon frère dans un hameau des Cévennes ;
• Henri Edouard Osinski, caché avec 10 enfants juifs à Montigny-le-Ganelon, Eure et Loir ;
• Nicole Marx Maingault, cachée dans un pensionnat catholique à Nègrepelisse, Tarn et Garonne ;
• Roland Gaillon, enfant caché à Nice, puis Annecy et Sallanches ; mon nom actuel est ma fausse identité conservée ;
• Henri Kochman, caché dans le village de Vourey, près de Grenoble ;
• Renée Blancheton-Sciller, cachée de 1942 à 1944, à Gières et à Pierre-Châtel, Isère ;
• Marie Jakobowicz, enfant cachée à Paris durant l’été 1942, puis passage en zone libre ;
• Jules Jakubowicz, caché avec sa famille à Bâgé-le-Châtel, Ain
• Laurent Weill, enfant caché en 1943, fuyant Lyon, au Chambon-sur-Lignon, Haute-Loire
• Catherine Weill-Follet, cachée au Chambon-sur-Lignon en 1944
• Lucienne Lerman, fille de Michel Lerman (déporté), enfant cachée à Pouzauges, Vendée.
2. Parents caché-e-s
• Patrick Silberstein, fils d’Hélène Vainberg, cachée par des Italiens à Monthléry ;
• Mireille, Dominique, Brigitte et Emmanuèle Natanson, filles et fils de Jacques Natanson, caché par des moines dominicains à Saint-Maximin, Var ;
• Jean-Claude Meyer, frère de Colette Meyer, cachée après l’exécution de notre père ;
• Jean-Guy Greilsamer, fils d’Yvonne Greilsamer, cachée à Saint-Dizier en Haute-Marne, puis dans l’Aube ;
• Béatrice Orès, fille d’une enfant cachée dans le département du Rhône.
• Didier Epsztajn, fils de Josette Stern, enfant cachée ;
• Sonia Fayman, fille de Lucien David Fayman, résistant déporté à Dora, qui organisa la mise à l’abri d’enfants dans le Sud de la France.
• Heddy Riss, fille de Samuel Riss et Fanny Kohn, cachés par un garde champêtre et sa famille à Linkebeek, Belgique ;
• Sylvie Pasquier Lévy et Rosine Lévy, filles de Janine Serff cachée par une famille de Tonneins, Lot-et-Garonne ;
• Carole Stern, fille de Carol Stern juif roumain caché dans l’Hérault, puis arrêté par la police française ;
• Hélène Mendelson, fille de Roza Piernicarz, cachée à Paris, et de Chaim Henri Mendelson, caché à Cazères, Hérault ;
• Dr Jean-Jacques Tyszler, fils d’Henri Albert Tyszler caché à Tassin-la-Demie-Lune, Rhône, et de Paulette Frejtak cachée en région parisienne ;
• Patrick Portejoie et Sylvie Portejoie, fils et fille de Michèle Lessmann-Portejoie, cachée à Amélie-les-Bains, Pyrénées Orientales, puis à Boësse, Loiret ;
• Colette Barak, fille de Michel Barak, caché dans la région de Nice, Alpes-Maritimes ;
• Jean-François et Sylvie Pessis, Paul Regnier, enfants de Catherine Hanff, cachée à Die, Drôme ;
• Claudine Avram, fille de Bernard Burah Avram, un « mineur juif non accompagné », caché et protégé pendant plusieurs mois par une dame marseillaise qui élevait seule ses deux enfants ;
• Chantal Steinberg, fille de Bina Kohn, sauvée de la rafle du Vélodrome d’hiver puis cachée à Paris ;
• Armand Gorintin, fils d’Esther Gorintin, cachée par sa logeuse à Bordeaux, arrêtée puis échappée, puis cachée à Lyon ;
• Helyett Bloch, fille de Claudine Haas, cachée deux ans par la Résistance à l’auberge de La Thuile, Savoie.

Cet appel est lancé à l’initiative de l’Union juive française pour la Paix, membre de Délinquants Solidaires.