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21 septembre 2024 6 21 /09 /septembre /2024 12:55
100 ans de la Maison du Peuple de Morlaix : 21 & 22 septembre 2024, Journées du Patrimoine
Maison du Peuple de Morlaix
Journées Européennes du Patrimoine 2024
 
Centenaire de la Maison du Peuple de Morlaix
Comme chaque année depuis 2005, la Maison du Peuple de Morlaix, siège de l’Union Locale CGT,
ouvrira ses portes et accueillera le public lors des Journées du Patrimoine 2024, année qui marquera les cent ans de son existence au service des salariés.
 
Horaires d’ouverture :
- samedi 21 septembre : de 14 h à 18 h.
- dimanche 22 septembre : de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 19 h
 
Au programme :
- Visites guidées des lieux (cour, jardin, ancienne salle des fêtes)
 
Exposition :
- « 100 ans de la Maison du Peuple » : rétrospective de cent années d’activité
- « Les chemins de fer dans le pays de Morlaix - La ligne Morlaix-Roscoff » : une histoire économique, sociale et syndicale (expo présentée en 2023).
- Animation musicale : au cours des deux après-midi, « chansons sociales »
- Présentation et vente de la nouvelle brochure historique de la Maison du Peuple
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18 septembre 2024 3 18 /09 /septembre /2024 05:22
Invitation conférence sur Joséphine Pencalet les candidatures féminines du parti communiste aux élections dans l'entre-deux guerres, avec Fanny Bugnon et Louise Bur Palmieri
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2 septembre 2024 1 02 /09 /septembre /2024 04:58
Ouest-France
Jean Dréan, militant morlaisien au Parti communiste français, est décédé

Publié le

Jean Dréan, militant morlaisien au Parti communiste français (PCF), est décédé, le 31 août 2024. Encarté au PCF depuis 1953, il s’était investi dans la vie locale morlaisienne et avait été élu à Plouigneau (Finistère).

Jean Dréan, militant morlaisien au PCF, est décédé, samedi 31 août 2024.

Jean Dréan, militant morlaisien au PCF, est décédé, samedi 31 août 2024. | ARCHIVES PCF

Jean Dréan, une figure du militantisme morlaisien, est décédé le 31 août 2024, à Quimper, au sein de l’Ehpad où il résidait depuis 2014. Il était un membre de longue date de la section morlaisienne du Parti communiste français (PCF). La section, dans un courriel adressé à la rédaction, « rend hommage à ce militant infatigable et charismatique ».

Au PCF depuis 1953

Jean Dréan est né en 1933 et était devenu cheminot en 1949. Il avait adhéré à la CGT et au PCF en 1953. Il avait participé « à la grande grève générale des Cheminots pendant la guerre d’Indochine et la guerre froide, en 1953, contre le décret du gouvernement Laniel supprimant le statut des cheminots », indique le PCF.

Il a commencé à militer en 1972 à Morlaix au sein de la CGT, avec les cheminots, et le Parti communiste. Il était « particulièrement actif sur le secteur de Plouigneau et Guerlesquin, au côté des syndicalistes et salariés de l’usine Tilly. Dans les années 1980, Jean Dréan s’est impliqué avec la CGT Cheminots pour l’avenir de la ligne Morlaix-Roscoff. […] Il a aussi fait plusieurs mandats municipaux à Plouigneau, dans l’opposition de gauche. Il s’est impliqué pour la défense de la Poste de Plouigneau, et de l’hôpital public. »

Engagé pour une meilleure prise en charge des seniors

Depuis les années 2010, il interpellait différents acteurs « pour une vraie prise en compte des enjeux du vieillissement ». Le Parti communiste « salue les décennies d’engagement de ce militant remarquable, fraternel, doté d’un solide sens de l’humour et qui était apprécié par des femmes et des hommes de différents bords politiques ».

Ses obsèques auront lieu vendredi 6 septembre avec une cérémonie d’hommage à 13 h 30 avant la crémation (Crématorium Quimper : 15 Allée Meilh Stang Vihan). Le corps de Jean Dréan reposera à la chambre funéraire 106, avenue de Ty Bos à Quimper à partir de lundi 2 septembre dans l’après-midi, accès libre de 9 h à 18 h.

https://www.ouest-france.fr/necrologie/jean-drean-militant-morlaisien-au-parti-communiste-francais-est-decede-b77cc6de-6881-11ef-9827-8f066c8ca511

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30 août 2024 5 30 /08 /août /2024 06:17
Hommage à Alban Liechti "soldat du refus de la guerre d'Algérie" (L'Humanité, 30 août 2024)

Il est des hommes qui programment méthodiquement leur entrée dans l’Histoire par la grande porte. Alban Liechti, la modestie faite homme, n’était pas de cette engeance. Il laissera pourtant dans la guerre d’indépendance de l’Algérie une trace d’envergure.

Mort d'Alban Liechti, le « soldat du refus » de la guerre d'Algérie

Le militant communiste, Alban Liechti, premier appelé français à avoir refusé de tirer sur le peuple algérien, est décédé à l’âge de 89 ans. Ses obsèques auront lieu le 4 septembre, à Trappes, dans les Yvelines.

Il est des hommes qui programment méthodiquement leur entrée dans l’Histoire par la grande porte. Alban Liechti, la modestie faite homme, n’était pas de cette engeance. Il laissera pourtant dans la guerre d’indépendance de l’Algérie une trace d’envergure1. En 1956, Alban Liechti, malgré ses 21 ans, est déjà un militant aguerri, membre de l’Union des jeunesses républicaines de France (UJRF), l’ancêtre des Jeunesses communistes, et du PCF. À 17 ans, il avait manifesté à Paris contre la présence du général Ridgway et y avait été blessé. La guerre d’Algérie vint le happer sans qu’il n’ait rien demandé, comme tous ceux de sa génération. Alban était un homme entier. Ce fut un NON catégorique. Il fut le premier soldat français à refuser de porter les armes contre le peuple algérien. Choix d’homme, choix de communiste, choix d’internationaliste. S’ensuivront quatre années de sa jeune vie passées en prison, sans que sa flamme intérieure, ses convictions, ne vacillent.

Courant juin 1956, le régiment d’Alban est avisé du départ prochain en Algérie. Le 2 juillet, il prend la plume pour s’adresser au président de la République, René Coty : « Dans cette guerre, ce sont les Algériens qui défendent leurs femmes, leurs enfants, leur patrie, ce sont les Algériens qui combattent pour la paix et la justice. » C’est pourquoi, ajoute-t-il, « je ne peux prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance ». Le 5, il est tout de même envoyé à Alger. Désigné par la hiérarchie comme un « lâche », un « mauvais Français », il doit s’expliquer devant les autres appelés, parfois agressifs. Il persiste. Direction immédiate vers une première prison.

Hostile à la nouvelle « sale guerre »

C’est tout sauf un geste spontané qu’il a accompli. Hostile à la nouvelle « sale guerre » (après celle d’Indochine), il l’était, comme la quasi-totalité des jeunes appelés là-bas. Communiste, il aurait pu accepter la forme de lutte que préconisaient l’UJRF et le PCF : partir en Algérie, y acquérir de l’autorité auprès des autres soldats, puis les amener doucement à s’opposer au conflit, enfin les entraîner à l’action ponctuelle, en un mot « faire du travail de masse ». Personne n’a le droit d’affirmer que ceux des militants qui ont choisi cette voie se sont fourvoyés, sont moins respectables que les « soldats du refus ». Alban, d’ailleurs, n’a jamais, ni alors ni depuis plus de soixante ans, porté de jugements de ce type, n’a jamais donné de leçons. Mais cette attitude n’était pas faite pour lui. Tout simplement. Il s’est comporté comme il pensait qu’il devait se comporter, lui, individu communiste – et le mot « individu », ici, importe –, voilà tout.

D’où le retard certain de son parti pour, finalement, le soutenir. La première fois que j’ai employé cette formule devant lui, il m’a rétorqué : « Tu ne verrais pas plutôt un certain retard ? » Tout Alban Liechti était là. Il reconnaissait, comment faire autrement, qu’il n’avait pas été immédiatement compris par ses camarades. Mais, justement, c’étaient – et ce furent jusqu’à son ultime souffle – ses camarades.

Pourtant, si l’organisation communiste en tant que telle hésita, elle incita le Secours populaire français à entamer immédiatement une campagne de solidarité. Tout au long de l’emprisonnement d’Alban, puis de celle des 45 autres soldats du refus (René Boyer, Jean Clavel, Claude Despretz, Pierre Guyot, Léandre Letoquart, Serge Magnien, Jean Vandart, Raphaël Grégoire…), ce fut le SPF – et, au sein de cette organisation, surtout des militants communistes – qui déploya une activité intense. On se doit de citer ici des personnalités d’exception, ses parents, celle qui devint son épouse attentive et active, Yolande, et Julien Lauprêtre, déjà dirigeant du SPF, qui firent un véritable tour de France, multipliant les rencontres, les initiatives, portant le débat sur le front de l’opinion publique. L’Humanité, l’Avant-Garde (UJRF-Jeunes communistes) et la Vie ouvrière (CGT) se joignirent ensuite à la campagne.

Il n’a jamais cessé de militer

Alban Liechti fut envoyé en prison militaire – on imagine ce que cela pouvait signifier dans ces années – d’abord en Algérie (Tizi Ouzou, Fort-National, Hussein-Dey, Maison-Carrée…), puis en France (Baumettes, Carcassonne…). Il fut finalement libéré de ses obligations militaires le 8 mars 1962 (dix jours avant les accords d’Évian), après six années passées sous les drapeaux, dont quatre dans les prisons de la République (la IVe et la Ve). Il avait alors 27 ans.
Dans cette institution où les officiers pour l’Algérie française (les OAS et les autres) ne cessaient de parler politique, dans cette armée qui avait mené sans état d’âme et avec la plus extrême violence deux guerres coloniales, Alban Liechti et ses camarades avaient eu le tort de faire entendre des voix discordantes, celles de l’amitié entre les peuples. Le tort ? Non, l’honneur.

Alban Liechti, jusqu’à ses derniers moments, n’a cessé de militer. Il était, comme l’a si bien chanté Ferrat, « de ceux qui manifestent ». Il animait l’association Agir aujourd’hui contre le colonialisme (Acca), fondée naguère par Henri Alleg et les « anciens » du Parti communiste algérien. Il fut l’un des signataires de l’Appel des Douze contre la torture, lancé par l’Humanité en 2000. Il remarquait, ces derniers temps, qu’il en était l’ultime survivant. Une page, avec lui, s’est donc tournée. Nous ne verrons plus son éternelle écharpe rouge, son symbole, sa passion.

Ses obsèques auront lieu le 4 septembre à 15h30 au cimetière Le Parc 2, rue Frédéric Chopin à Trappes (Yvelines). L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.

 

L’hommage du PCF

“Alban Liechti rejoint très jeune le combat communiste. Fils de résistant et apprenti horticulteur, il est, de fait, tôt confronté aux luttes de classes et aux questions nationales.

Face à la Guerre d’Indochine, il est de ces Français qui soutiennent le jeune Henri Martin, résistant communiste croyant prolonger son engagement pour le progrès en rejoignant la Marine nationale avant de se trouver confronté à la mission de combattre le peuple vietnamien en lutte pour son indépendance. Henri Martin connaîtra les prisons de la République et une grande campagne de soutien s’ensuivit. Alban Liechti y participa et en fut décisivement marqué.

Quand, à son tour, Alban Liechti est appelé à combattre, c’est le peuple algérien qui, cette fois, est visé parce qu’il recherche une voie d’indépendance. Alban Liechti tâche de convaincre autour de lui, fait signer largement une pétition à l’orientation claire : le refus d’une guerre d’asservissement.

Pour avoir refusé jusqu’au bout de prendre les armes contre le peuple algérien, Alban Liechti paiera un lourd tribut, condamné à passer une partie de sa jeunesse en prison. “Soldat du refus”, il fut entouré par une campagne de soutien ; d’autres jeunes communistes suivirent ce même chemin marqué par une lourde répression (Léandre Letoquart, Jean Clavel…).

Après avoir recouvré la liberté, Alban Liechti retrouva ses activités militantes. Epris de justice et de liberté pour le peuple de France et tous les peuples du monde, il demeura un militant communiste toute sa vie durant.

Le Parti communiste s’honore de compter dans ses rangs des hommes comme Alban Liechti.

Nous adressons à sa famille et à ses proches toutes nos condoléances et leur assurons que le courage lucide d’Alban Liechti continuera d’inspirer les communistes et tous les partisans de l’émancipation humaine.”

Paris, le 29 août 2024.

Parti communiste français.

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26 août 2024 1 26 /08 /août /2024 09:11
Procès de l'agent orange - Le combat continue! (L'Humanité, 24 août 2024)
Agent orange : le combat continue !

Tribune

Malgré le revers enregistré devant la justice française qui refuse de poursuivre les sociétés impliquées dans le scandale de l’agent orange, le collectif Vietnam Dioxine entend poursuivre la lutte

Le jeudi 22 août, la Cour d’Appel de Paris a rendu son verdict sur le procès en appel de Tran To Nga, victime de l’agent orange face à 14 multinationales agrochimiques l’ayant produit ou commercialisé : comme le Tribunal de première instance d’Evry, elle rejette l’appel, confirmant l’argument « d’immunité de juridiction » dont se prévalent les sociétés incriminées. Comble de l’ironie, Nga doit verser 1500 euros à chacune des entreprises.

Nous sommes consterné·es par cette nouvelle, qui atteste d’un net recul dans la reconnaissance des victimes de l’agent orange, aujourd’hui près de 3 millions au Vietnam, au Cambodge, et au Laos. Autant de voix et de corps invisibilisés et abîmés par la Guerre, autant d’espoirs qui s’éloignent, elles qui n’ont jamais pu obtenir une quelconque forme de justice, près de 50 ans après la fin de la Guerre du Vietnam. Elles qui comptaient sur Tran To Nga, dernier recours pour demander réparations aux entreprises ayant perpétré l’un des plus grands écocides de l’Histoire.

Aujourd’hui nous sommes attristé·es de la nouvelle mais nous nous tenons aux côtés de Tran To Nga, une femme qui a consacré et consacre la fin de sa vie à ce digne combat contre l’agent orange. Une femme qui a connu la Guerre, le deuil, la maladie, la prison et la torture, mais qui connaîtra un jour la justice. Une femme qui a politisé toute une génération d’asiodescendants et bien au-delà, et verra, quoiqu’il advienne, sa relève assurée. Avec « patience, courage et détermination », comme elle aime si bien le dire, nous l’encourageons dans son pourvoi en cassation, annoncé suite à la décision de la Cour d’Appel de Paris par ses avocats.

Ce long combat judiciaire a néanmoins permis la visibilité du drame de l’agent orange dans l’espace public, sujet autrefois méconnu en France comme au Vietnam. La bataille n’est pas que juridique mais aussi culturelle et mémorielle, et nous sommes ravi·es de l’engager à ses côtés. Le soutien engagé par des politiques, syndicats militants des associations antiracistes et décoloniaux, écologistes et la médiatisation importante autour du procès nous donne l’envie de poursuivre la lutte.

Ainsi, le Collectif Vietnam-Dioxine, association créée en 2004 par la diaspora vietnamienne pour mettre en lumière les effets de l’agent orange, continuera sans relâche de raconter l’histoire de Tran To Nga, et de défendre toutes celles et ceux qui se sont battus et se battent actuellement contre les pesticides de l’industrie agrochimique et les armes chimiques.

Tran To Nga : « Avec ce procès, les fabricants de l’agent orange montrent leur faiblesse et leur peur de moi »

Ce jeudi 22 août, l’appel de la militante de 82 ans a été jugé irrecevable. Mais la Franco-Vietnamienne continuera la lutte contre les fabricants états-uniens de la dioxine, aussi appelée agent orange, laquelle est responsable de millions de morts en Asie du Sud-Est.

Axel Nodinot, L'Humanité, 24 août 2024

Les multinationales ne souffleront jamais. Quelques minutes après le verdict de la Cour d’appel de Paris, qui a débouté Tran To Nga ce 22 août, la Franco-Vietnamienne pense déjà à la suite, depuis son fief de Hô Chi Minh-Ville. L’infatigable militante promet de repartir pour un tour, après avoir passé sa jeunesse dans la jungle inhospitalière à combattre l’oppresseur américain lors de la guerre du Vietnam.

Adolescente dans le maquis, elle passe des colis ou écrit pour les communistes du Viêt Minh. Victime directe de la dioxine, la jeune femme y perd sa première-née ainsi que des camarades, tués sous les bombardements. Un terrible destin qu’elle raconte dans son autobiographie, Ma terre empoisonnée (Stock, 2016).

Désormais, l’octogénaire représente les millions de victimes de l’agent orange qui réclament justice. Cette substance a été épandue entre 1961 et 1971 par les avions états-uniens. Une arme de guerre biologique particulièrement infâme, utilisée pour débusquer les résistants de la piste Hô Chi Minh, et qui a tué entre 3 et 5 millions de personnes au Vietnam, au Cambodge et au Laos.

Plus de cinquante ans après, des bébés continuent de naître avec des malformations, et plusieurs millions d’hectares de forêt et de mangrove sont toujours pollués par la dioxine. Mais ce qui est devenu le premier écocide de l’histoire n’a pas suffi aux juges pour mettre en cause Monsanto, Dow Chemical et la dizaine d’autres multinationales ayant fourni l’armée américaine. Pas de quoi faire baisser les bras à l’ancienne journaliste et résistante.

Le verdict vient de tomber. Quelle est votre réaction ?

Je ne pense pas que nous ayons perdu, même si la décision de la cour d’appel est telle qu’elle ne nous arrange pas. Nous ne sommes pas très surpris, je ne suis pas si déçue que ça non plus. Bien sûr, nous avons espéré et attendu que les juges de la cour d’appel soient plus forts que ceux du tribunal judiciaire d’Évry. Mais c’est une décision conservatrice, selon mes avocats.

Les avocats des multinationales qui ont produit l’agent orange ont été très virulents envers vous lors des deux audiences de 2021 et 2024. Comment êtes-vous parvenue à rester calme ?

À travers leur méchanceté et leur mépris, ils montrent leur faiblesse et le fait qu’ils ont peur de moi, mais aussi de la justice quant à notre cause et notre combat. Ils ont dit : « Madame Tran To Nga ne peut pas prouver qu’elle a été victime de l’agent orange, elle ne fait que rameuter des personnes. »

Mais si la véritable justice n’était pas de mon côté, comment aurais-je fait, moi, une personne âgée, pour rassembler sur la place de la République ces centaines de personnes de tous âges qui ont crié « Justice pour Tran To Nga » ? Comme à Évry, ils montrent qu’ils ont peur de la justice et de la vérité. Moi, je n’ai pas peur d’eux

Les soutiens qui vous accompagnent au quotidien vous aident-ils aussi à mieux supporter leur cynisme ?

C’est vrai qu’ils ont été choquants et particulièrement méchants. Mais ils ne voient pas mes maladies, et je ne m’en plains pas. Ce n’est pas grave, nous ne réagissons pas aux mensonges. Nous allons continuer à prouver au monde que la justice est de notre côté, et nous allons poursuivre notre lutte pour les victimes de l’écocide, les déshérités et les malheureux. C’est pour ça qu’ils ont peur : ils sont seuls, alors que nous étions entourés d’amis qui ont attendu quatre heures pour nous témoigner leur sympathie, leur générosité et leur soutien.

Pas à Tran To Nga, mais à notre combat. Parce que cette action n’est pas que notre combat, c’est celui de tous ceux qui sont épris de justice et qui aiment aider les plus malheureux qu’eux. Ce n’est pas que nous soyons très heureux nous-mêmes, mais il y a pire, et on peut encore aider, on le prouve.

Comment s’annoncent les semaines à venir ?

Je vais revenir en France, assister à une réunion du comité de soutien. Nous ferons une conférence de presse et appellerons à un rassemblement. Avec William Bourdon et Bertrand Repolt (ses avocats – NDLR), nous avons tout de suite pris la décision de nous pourvoir en cassation. C’était prévu. On avance, toujours, on ne s’arrête pas. Donc, non, ne croyez pas que nous soyons déçus. Je n’ai pas perdu courage, je suis plus déterminée que jamais à mener ce combat.

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20 août 2024 2 20 /08 /août /2024 07:08
Affiche de l'exposition "La révolte des sardinières" au port-musée de Douarnenez avec le tableau de Charles Tillon (1926)

Affiche de l'exposition "La révolte des sardinières" au port-musée de Douarnenez avec le tableau de Charles Tillon (1926)

Photo de la manifestation des sardinières bigoudènes de Lesconil jusqu'au Guilvinec à l'été 1926 avec Charles Tillon, ce sera l'inspiration de son tableau peint en 1926 (source Le Chant des Sardinières de Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière, Coop Breizh, 2022)

Photo de la manifestation des sardinières bigoudènes de Lesconil jusqu'au Guilvinec à l'été 1926 avec Charles Tillon, ce sera l'inspiration de son tableau peint en 1926 (source Le Chant des Sardinières de Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière, Coop Breizh, 2022)

Entrée du port-musée de Douarnenez avec le mot slogan Pemp real a vo! (Cinq sous il y aura)

Entrée du port-musée de Douarnenez avec le mot slogan Pemp real a vo! (Cinq sous il y aura)

A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières
Douarnenez en 1924: première commune de France gérée par un maire communiste - Grève des sardinières de Douarnenez (Finistère), 1924 : « le cortège des grévistes » - Source : CEDIAS-Musée social La « grève de la misère » des sardinières est soutenue par la municipalité communiste et son maire, Le Flanchec (à gauche sur la photo), nouvellement élu. Une manifestation, la « procession », a lieu chaque jour dans la ville.

Douarnenez en 1924: première commune de France gérée par un maire communiste - Grève des sardinières de Douarnenez (Finistère), 1924 : « le cortège des grévistes » - Source : CEDIAS-Musée social La « grève de la misère » des sardinières est soutenue par la municipalité communiste et son maire, Le Flanchec (à gauche sur la photo), nouvellement élu. Une manifestation, la « procession », a lieu chaque jour dans la ville.

A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières
Le comité de grève du mouvement de Douarnenez (novembre 1924-Janvier 1925)

Le comité de grève du mouvement de Douarnenez (novembre 1924-Janvier 1925)

A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières
A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières

A Douarnenez, on célèbre les 100 ans de la grève des sardinières

Autour d’un tableau de Charles Tillon : la révolte des sardinières

Depuis le 6 juillet, et jusqu’au 1er février 2025, on peut aller découvrir gratuitement au port-musée de Douarnenez une très belle exposition sur la révolte des sardinières.

On y trouve plusieurs kakemonos explicatifs très bien faits avec des éclairages d'historiens et de nombreuses photos d’époque, dont certaines du fonds personnel de l’ancien maire communiste Michel Mazéas (1928-2013), par ailleurs prof d’histoire, à l’origine de l’aménagement du Port-Rhu et de la création du Port-Musée (1993), des reproductions d’archives de la presse communiste et régionale, des enregistrements sonores, faits en 1977, d’ouvrières, actrices du mouvement social, par Nicole Le Garrec (« Des pierres contre des fusils », « Avoir vingt dans les Aurès », avec René Vautier), des costumes d’ouvrières de l’époque de Douarnenez et du pays bigouden.

Le centre de cette exposition conçue par une équipe pluridisciplinaire avec notamment Sarah Chanteux, la directrice par intérim du port-musée, sur une idée originale de Kellig-Yann Cotto, avec le soutien de Fanny Bugnon, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université  de Rennes 2, spécialiste des questions de genre dans le rapport au pouvoir, à la politique et au mouvement social, autrice d’une biographie remarquée de Joséphine Pencalet, une des premières femmes élues en France (1925), présentée par le parti communiste à Douarnenez, est le prêt et la présentation du tableau « La révolte des sardinières » (1926).

Appartenant au musée de Bretagne de Rennes, c’est le tableau célèbre d’un peintre amateur, le rennais Charles Tillon, futur grand résistant et dirigeant communiste à l’origine du premier appel du 17 juin 1940 à la Résistance intérieure « luttant contre le fascisme hitlérien (…) pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes » et de la création des FTP, et trois fois ministre communiste (de l’Air, de l’Armement, de la Reconstruction et de l’Urbanisme) dans les gouvernements issus du CNR à la Libération.

Sorte de réplique bretonne en mode mineur du  « Il Quarto Stato » (« le quatrième état » : le prolétariat), du peintre Giuseppe Pellizza, qui se suicidera en 1907, immense tableau réaliste présent au musée Novecento de Milan, on y voit une foule résolue d’ouvrières bretonnes en coiffes blanches porter fièrement le drapeau rouge en avançant vers nous le long de la grève, se détachant progressivement à l’arrière-plan et en queue de cortège d’une falaise, comme si leur force venait du granit, celui dont on forge les têtes dures des « Penn sardin ».

Charles Tillon ne fit pas peu pour rappeler la nouveauté et la fécondité des grèves gagnantes des sardinières finistériennes de 1924 à 1927 dans son livre : « On chantait rouge » (Robert Laffont, 1977).

En novembre 1924, quand commence la grève des sardinières de Douarnenez, pour gagner 5 sous supplémentaires (une augmentation réclamée de 25 centimes par heure : passer de 80 centimes de l’heure à 1,05 pour les ouvrières), Charles Tillon a 27 ans.

Ajusteur à l'arsenal de Brest en 1916, il s'est embarqué comme matelot mécanicien sur le croiseur "Guichen". En 1919, par solidarité avec la révolution bolchevique que combat l'armée française, il provoque une mutinerie sur le "Guichen" en Méditerranée. Il est condamné au bagne pour 5 ans et envoyé au Maroc. Bénéficiant finalement d'une amnistie comme les mutins de la mer Noire, il devient ouvrier ajusteur à Nantes, puis adhère au Parti Communiste en 1921. Adhérent à la CGT, il soutient la scission avec la création de la CGTU en 1923 et devient permanent de la CGTU en 1924.

La grève des sardinières de Douarnenez constitue sa première grande mission sur le terrain pour organiser un mouvement social, avec pour associées l’institutrice savoyarde féministe, antimilitariste et communiste de la CGTU Lucie Colliard, puis Alice Brisset qui succédera à cette dernière.

Charles Tillon continuera son œuvre de « gréviculteur » comme il le disait dans la revue Bretagnes dans un très bel entretien accordé en 1978 au regretté journaliste morlaisien et militant syndical Michel Kerninon, l’organisation du mouvement de lutte des ouvrières bretonnes et pêcheurs à Lesconil et dans tout le pays bigouden en 1925 et 1926 : le tableau est d’ailleurs inspiré d’une photo noir et blanc d’une manifestation de sardinières bigoudènes à l’été 1926 entre le port de Lesconil et celui du Guilvinec. Charles Tillon accompagnait les 60 ouvrières chantant l’Internationale en cortège auprès des murets de pierre de la côte bretonne*.

 

Saluez, riches heureux

« Saluez, riches heureux

Ces pauvres en haillons

Saluez, ce sont eux

Qui gagnent vos millions »

 

Cette chanson anarchiste de la Belle époque est restée attachée au mouvement de grève des ouvrières de la sardine à Douarnenez, des sardinières ayant été licenciées après avoir chantée à l’usine cette chanson de lutte que leur avait apprise Charles Tillon. Cette chanson interdite, bréviaire de lutte des classes, contre l’exploitation capitaliste, deviendra une sorte d’« hymne national » douarneniste. Elle fut aussi connue et prisée des ouvrières bigoudènes.

Rembobinons un peu …

Dans le sud du Finistère, les années 1920 ont été marquées par de grands conflits sociaux dans l’univers de l’industrie de la sardine. Déjà, au tout début du siècle, les ferblantiers se sont mobilisés pour défendre des revendications salariales. Ils n’ont pas obtenu les résultats espérés. En revanche, entre 1905 et 1910, les ouvrières de conserverie du littoral finistérien exigent d’être payées à l’heure et non plus au rendement et au mille de sardines travaillées. Elles obtiennent gain de cause. Première victoire. Douarnenez, haut lieu de l’essor de la conserverie de poisson en Europe, est donc déjà une ville de lutte.

Il y avait à Douarnenez 2100 employés des conserveries, dont 1600 femmes. Celles-ci, vêtues de longues jupes épaisses et de sabots, pouvaient travailler jusqu’à 18 heures par jour sans interruption, rentrant chez elles à minuit pour être rappelées parfois à 4 heures du matin, quand la flottille de pêche rentrée au port déchargeait sa cargaison.

Douarnenez, port communiste de Bretagne depuis 1921

Quand s’engage la révolte des sardinières, Douarnenez, premier port sardinier de France depuis 1850, et premier site de mise en boîtes de sardines depuis le début du 20e siècle, travaillant en connexion avec le capitalisme et la métallurgie de la région nantaise, est déjà ce que l’Humanité de l’époque appelle un "port rouge".  Sa dépendance à la mono-industrie de la pêche rend la ville sensible aux crises de misère liées à la conjoncture économique.

En mai 1921, Sébastien Velly, tapissier, condamné par le conseil de guerre de Nantes en août 1917 pour désertion à deux ans de travaux forcés, trésorier de la nouvelle section communiste de Douarnenez, est élu maire de Douarnenez par le Conseil Municipal contre la tête de liste qui vient d’emporter les élections partielles, Fernand Le Goïc, professeur à Nantes, à qui l’on reproche son hostilité à l’adhésion à la IIIe Internationale et sans doute aussi sa présence insuffisante dans sa ville.

Douarnenez fut donc une des premières municipalités françaises à faire élire un maire communiste. Même si en Bretagne et dans le Finistère, le premier maire communiste est bien Louis Jacques Lallouet, maire de Huelgoat, ancien élu SFIO ayant fait le choix de l’Internationale communiste dès 1921.

Sébastien Velly prend des mesures symboliques : en août 1922, il fait baptiser une rue « Louise Michel » : cela devient une véritable affaire qui oppose gauche et droite et qui débouche sur un refus du ministre de l‘Intérieur. Les conservateurs ironisent : « Quant à Pasteur, on verra plus tard, quand on aura épuisé le calendrier rouge. Il reste encore Lénine, Trotski et quelques autres... ».

Le 18 juillet 1924, Sébastien Velly meurt d’une tuberculose galopante.

C’est Daniel Le Flanchec, ancien ouvrier et employé municipal, passé par l’anarcho-syndicalisme à Brest avant de rejoindre le parti communiste, qui est élu maire de Douarnenez en octobre 1924.

Il était depuis 1923 le secrétaire fédéral du PCF dans le Finistère.

 

Pemp real a vo ! (« 5 sous il y aura ! »)

Cette « grève de la misère » éclate donc pour obtenir un salaire horaire de 1,05 francs pour les ouvrières au lieu des 80 centimes payés, et s’étend aux vingt usines implantées dans la ville. 25 centimes d’augmentation, à rapporter aux prix de l’époque. Un kilo de pain valait 1,60 franc, la douzaine d’œufs 9 francs, le kilo de bœuf 23 francs. Le personnel des conserveries était sous-payé et les femmes à travail égal gagnait 40 % de moins que les hommes qui gagnaient 1,30 francs de l’heure. La grève, portée à 70 % par des femmes, voulait porter le salaire à 1,50 francs de l’heure pour les hommes.

Ces salaires sont près de trois fois inférieurs au salaire moyen des ouvriers au niveau national. Beaucoup de femmes et de familles vivent à crédit, tout en travaillant à la chaîne au gré des arrivages 10 à 14 heures par jours pour une paye minuscule versée par des industriels dont même le ministre du travail dira dans sa rencontre à Paris avec une délégation d’ouvriers et de sardinières emmenés par la syndicaliste Lucie Colliard en décembre 1924 qu’ils sont « des brutes et des sauvages ».

La réglementation du travail n’est pas appliquée : les heures de nuit ne sont pas majorées, le droit syndical n’est pas respecté, ni le code du travail avec notamment ce qu’il contient de garanties pour la protection de l’enfance. Dans les usines ni chauffées ni isolées, à même la terre battue, les filles d’usines enchaînent les heures de travail dans des conditions désastreuses, sous l’autorité intransigeante des contremaîtresses. Beaucoup d’entre elles sont malades.

Le 21 novembre 1924, un patron refuse de recevoir des ouvrières exténuées. Cet évènement met le feu aux poudres.

Elles vont être une centaine à se mobiliser immédiatement, avec 40 manœuvres de l’usine métallurgique Carnaud qui débrayent avec elles, suivies par d’autres les jours suivant dans les 20 conserveries de la ville aux côtés de leurs maris, artisans-pêcheurs, de leur maire. Une lutte de 7 semaines et 46 jours de grève générale s’engage, rythmée par des manifestations et des meetings, où s’expriment de nombreux dirigeants nationaux du PCF et de la CGTU venus sur place. 2000 grévistes sont recensés, aux trois quart des femmes. Le 26 novembre, un comité de grève se met en place sous l’impulsion des cadres communistes de la CGTU venus organiser le mouvement et unifier ses revendications.

Les réunions publiques du soir regroupent de 2000 à 4000 participants. Des soupes populaires et caisses de solidarité sont organisées par la CGTU, le PCF, la mairie. On y distribue jusqu’à 2000 repas. Les vivres proviennent de dons de toute la France. En décembre, les marins rejoignent le mouvement, en soutien à leurs femmes, et donnent une partie de leur pêche au comité de grève.

Le syndicat des usiniers refuse d’aller à la négociation, dénonçant une « grève communiste, révolutionnaire, politique », sauf Mme Quéro, propriétaire d’une usine qui accorde satisfaction à certaines revendications des ouvriers en lutte en décembre.

La lutte douarneniste est spectaculaire et symbolique, notamment parce que des femmes et des travailleuses en sont le fer de lance.

Charles Tillon, permanent régional de la CGTU est à la manœuvre. Le PCF missionne aussi d’autres cadres dirigeants, comme Lucie Colliard et Marie Le Bosc. L’implication politique de ces deux femmes marque d’autant plus les esprits qu’elles ne sont pas citoyennes c’est-à-dire qu’elles n’ont pas le droit de vote.

Mais dans le port sardinier, ce sont bien les femmes qui sont en première ligne : au comité de grève elles sont 6 sur 15 membres. Parmi les responsables communistes, le Breton Marcel Cachin, directeur de l’Humanité, député communiste de la Seine, vient en décembre 1924 apporter « le salut de la classe ouvrière parisienne pour la grève si sympathique des sardinières ». Il dira aussi : « Là où est la femme est la victoire ».

Le maire communiste est aux côtés des grévistes : Le Flanchec défile en tête de cortège, ceinturé de son écharpe tricolore, et l’Internationale en bouche. Le maire met en place un fonds de chômage. Mais les patrons de conserverie ne veulent rien lâcher. Deux d’entre eux financent l’intervention violente de briseurs de grève. Le 1er janvier 1925 ces hommes tirent sur le maire : une balle lui traverse la gorge. La presse militante s’écrie : « On a voulu tuer notre camarade Le Flanchec et l’on voulait aussi tuer la grève ». L’émotion est très forte au plan national. On en débat à la Chambre des députés. Des députés de gauche criant : « Assassins ! », « Assassins ! », ceux de droite répondant : « Nous ne laisserons pas saboter la République ».

L’Humanité, dont un journaliste, Daniel Renoult, est sur place à Douarnenez depuis décembre pour suivre le conflit social au jour le jour, titre début janvier à la Une: « A Douarnenez : première « flaque de sang fasciste » ». La quasi totalité de la Une, reproduite à l’entrée de l’exposition, est consacrée à la description de la « Journée sanglante » à Douarnenez, à la description de la misère des ouvrières et pêcheurs de Douarnenez, et à l’appel de la CGTU à l’action de l’État pour faire plier les patrons d’usine.

Le Flanchec sort de l’hôpital le 5 janvier 1925. Plus de 1500 grévistes l’escortent jusqu’au centre-ville au son de l’Internationale.

Le préfet exige finalement des industriels une sortie du conflit : le 8 janvier les revendications salariales sont satisfaites. Le lendemain, les usiniers acceptent les mêmes conditions négociées dans l’usine de Madame Quero, la première patronne a avoir satisfait une partie des revendications des ouvriers en décembre : une augmentation de 20 centimes de l’heure, la majoration des heures supplémentaires et des heures de nuit, le respect du droit syndical ainsi que l’interdiction du renvoi du personnel gréviste.

La ville est en fête. Une gigantesque manifestation est organisée sur le port du Rosmeur. Le travail reprend le 8 janvier.

La grève des sardinières chantant « Pemp real a vo ! » est aussi le symbole de l’engagement citoyen et social autonome des femmes pour leurs droits, même si l’on n’est pas encore sur une revendication d’égalité salariale absolue, ce qu’aurait souhaité Lucie Colliard (cette grève féminine inspiratrice du féminisme n’est pas encore à proprement parler une grève féministe) mais aussi de la fin d’une résignation qui n’est plus de mise face aux magnats de l’industrie qui emploient et exploitent, les grandes dynasties industrielles comme Chancerelle ou la famille Béziers représentant une bourgeoisie vivant dans le luxe et l’ostentation. Appuyées par un clergé très réactionnaire, qui pesait encore beaucoup en Bretagne sur les consciences, elles dominaient un large prolétariat d’ouvriers et d’ouvrières des conserveries, et de marins pêcheurs.

Ces semaines de lutte, relayées au plan national, sont un succès pour le jeune PCF et la CGTU. Douarnenez est désormais un phare du communisme en France. Son maire, devenu célèbre, est autant admiré des marins et des usinières qu’il est détesté des puissants. L’élection municipale de 1925 se transforme en plébiscite en faveur de Le Flanchec. Le Flanchec a incarné, de 1924 à 1940, un communisme municipal original faisant honneur à la réputation douarneniste de « turbulence et d’audace téméraire » (Michel Mazéas). La suite est plus complexe. Électron libre en position tendue avec la direction départementale et régionale du PCF dès le début des années 1930, il est exclu en 1937 et rejoint le parti de Doriot, le PPF. Resté patriote, après avoir symboliquement refusé de retirer le drapeau tricolore de l’Hôtel-de-ville de Douarnenez à l’arrivée des troupes allemandes, il est destitué comme maire de Douarnenez. En 1941, après avoir été dénoncé par sa compagne, une comtesse collaborationniste, pour « propagande communiste », Daniel Le Flanchec est arrêté. Il est déporté par les Allemands en mars 1944 et il meurt en camp de concentration dans des conditions mystérieuses, peut-être exécuté par la résistance communiste du camp.

Au final, ces luttes sociales et politiques auront néanmoins ancré pour longtemps le communisme à Douarnenez et ouvert la voie, après-guerre, à ses maires PCF : Joseph Pencalet, Yves Caroff, Joseph Trocmé et surtout à Michel Mazéas qui dirigea la ville de 1971 à 1995.

A la suite du mouvement de grève, Joséphine Pencalet, ouvrière mobilisée dans la grève, est présentée en quatrième position sur la liste communiste (Bloc ouvrier et paysan) aux élections municipales et élue conseillère municipale en mai 1925. L’élection de Joséphine Pencalet fut annulée par arrêté préfectoral le 16 juin 1925, décision confirmée cinq mois plus tard par le Conseil d’État. Signalons que la décision du Conseil d’État du 27 novembre 1925 concerna également l’annulation de l’élection de Charles Tillon pour non-résidence à Douarnenez.

On peut saluer dans cette exposition un très bel éclairage sur l’histoire sociale de la ville de Douarnenez, et plus généralement des ports ouvriers du sud-Finistère, avec une mise en avant particulière de l’histoire ouvrière et du rôle des femmes dans celle-ci, mais aussi une reconnaissance tout à fait significative du rôle joué par les militants communistes pour ces luttes pour la dignité au travail et l’émancipation des ouvriers et des femmes.

Ismaël Dupont,

 

* A Michel Kerninon, qui m'a fait découvrir cette interview il y a quelques années pour la publier dans le Chiffon Rouge, dans la revue Bretagnes, en 1978, il dit avec passion l'importance dans sa vie de ces combats avec les pêcheurs et les ouvrières du pays Bigouden et de Douarnenez:

"J'ai donc appris à devenir ce que le "Comité des Forges" de l'époque appelait un "gréviculteur". La plus belle des grèves, la plus héroïque et la plus empreinte de sentiment populaire fut certainement pour moi la grève de Douarnenez. Alors j'en ai fait d'autres, au milieu de ceux qui parlaient la langue bretonne, je suis vraiment devenu non seulement un Breton de la région des fortifications qui défendaient la Bretagne autrefois, c'est à dire de l'Ille-et-Vilaine mais de cette Bretagne plus profonde, moins connue et si vivante, celle du Finistère, des Côtes-du-Nord, cette Bretagne "qui va au-devant de la mer" (...) En Bretagne, "il y avait une grande misère, le long des côtes surtout. Pour le reste, il n'y avait pratiquement pas d'industrie. Sur la côte, la pêche nourrissait l'industrie de la conserve; à la fois la pêche du 19e siècle et le début d'une industrialisation de la conserve. Les pêcheurs étaient des artisans. Ils allaient à la mer et ne connaissaient qu'elle. Mais, à terre, ils se défendaient mal. Les tempêtes ne leur faisaient pas peur, mais ils restaient désarmés devant les préfectures et leurs moyens de police. Soutenus par l'appareil d’État, les acheteurs s'entendaient pour contraindre les pêcheurs à vendre le moins cher possible. Mais voilà bientôt qu'en Bretagne, la grande grève des usines de Douarnenez rayonnait de la juste fierté d'avoir vaincu le patronat le plus rapace qu'on puisse trouver puisqu'il avait osé aller jusqu'à l'organisation du crime pour terroriser la population et faire tuer, s'il l'avait pu, le maire communiste Le Flanchec! Avant la grève, les pêcheurs n'étaient pas syndiqués, il fallait donc organiser dans le même syndicat le patron de la barque qui gagnait un peu plus, et ses matelots, ses compagnons de tempêtes et de souffrances. Ce n'était pas simple et c'est sans doute pourquoi il n'y avait pas eu, jusque là, de syndicat durable. Mais les femmes avaient le leur. Et la fierté qui les avaient animées gagnait en 1925 tous les ports de Bretagne. La colère déferlait parmi les ouvrières les plus exploitées, comme à Pont-l'Abbé ou à Concarneau, où une jeune fille d'usine sur quatre ou cinq était tuberculeuse... Le mouvement victorieux des femmes d'usine a entraîné les pêcheurs à mieux prendre conscience de leurs droits, et qu'en labourant la mer, ils étaient la source de tout. Mais le patronat de la côte aussi s'organisait. Et, au lieu de petits syndicats locaux, les patrons jusqu'à Saint-Jean-de-Luz, s'unissaient en un énorme Comptoir d'achat soutenu par le Comité des armateurs de la marine marchande et par l'Administration maritime. Alors commença leur grande offensive pour rationaliser l'industrie de la pêche, pour exporter des capitaux et des usines au Portugal, au Maroc, là où les salaires sont les plus misérables. Une "révolution" sur le dos des salariés et qui dure encore.. Nous avions été heureux pendant deux ans. Mais viendraient les défaites! Rationaliser l'industrie de la pêche pousserait à rationaliser l'industrie de la conserve. Aussi, commençait une autre histoire de la mer…"

(Charles Tillon, entretien avec Michel Kerninon dans la Revue « Bretagnes. Littérature. Art. Politique », daté de mars 1978, dont le siège se trouvait à Morlaix, impasse de la Fontaine-au-lait)

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20 août 2024 2 20 /08 /août /2024 07:00
Les combattants de la libération - Françoise Leclercq, la foi rouge écarlate - L'Humanité, Scarlett Bain, 8 août 2024

La série Les Combattants de la Libération de L'Humanité en août 2024.

Scarlett Bain, L'Humanité, 8 août 2024

La responsable de l’Union des femmes françaises sera agente de liaison de Rol-Tanguy durant la Libération. Rien ne destinait cette bourgeoise et fervente catholique à rejoindre la résistance communiste.

Elle file droit sur son vélo à travers les rues de Paris. Aux premières heures de l’insurrection, ce matin du 19 août 1944, Claire, de son nom de résistante, se rend à la préfecture de police où 2 000 policiers en armes ont lancé le soulèvement de la capitale. Elle transporte aux risques de sa vie du matériel sanitaire destiné à soigner les combattants. Mais une rencontre fortuite se produit. « À la porte de la préfecture, je tombe sur le colonel Rol, raconte Françoise Leclerq1 (1). Il me donne le mot de passe pour descendre dans les catacombes sous le lion de Belfort. » C’est là, à 26 mètres sous terre, que le chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) Île-de-France a installé son nouveau PC ; c’est là que Françoise Leclercq devient son agente de liaison jusqu’à la Libération. Ils se connaissent depuis 1942, année où la grande bourgeoise et fervente catholique s’engage dans la Résistance aux côtés des communistes.

Rien ne l’y destinait, mais Françoise Leclercq a fait mentir le sort que lui réservaient sa classe sociale et son éducation religieuse. Née en 1908 dans une riche famille du Nord, elle est placée en pensionnat au couvent des Dames Bernardines. Mariée à l’âge de 19 ans à un industriel fortuné, elle commet après vingt années de vie commune un acte quasi révolutionnaire pour son milieu : elle demande le divorce et s’installe à Paris avec ses quatre enfants. En cette année de 1938, Françoise Leclercq ne manque de rien, elle vit dans un appartement cossu, rue de Montpensier, dans le très chic quartier du Palais Royal. Mais elle a conscience de la menace de la guerre et décide de passer le diplôme de la Croix-Rouge. Lorsque le conflit éclate, elle apprend à conduire des camions pour ravitailler les camps de prisonniers. Puis quand Pétain signe l’armistice avec Hitler et que les premières lois antisémites sont promulguées, elle affiche avec audace son engagement aux côtés des juifs : « J’ai décidé de porter moi aussi une étoile jaune. J’ai fait fondre pour cela mes médailles de baptême et de communiante, et j’ai demandé à l’orfèvre Cartier de se charger de ce travail. »

Décorée de la croix de guerre pour ses actes de courage

Françoise Leclercq tombe malade et choisit sciemment un médecin juif pour la soigner : le grand professeur Raymond Leibovici. Cette rencontre sera déterminante. Au cours d’un examen, elle lui glisse un message : « Ma maison est la vôtre et celle de vos amis. » Le médecin juif est aussi communiste, ce qu’elle ignore, et il la prend au mot. Bientôt l’appartement de Françoise Leclercq devient le refuge et le lieu de réunions des combattants Francs-Tireurs et Partisans (FTP). « Il nous fallait tout de même faire très attention car, au-dessus de chez moi habitaient les propriétaires de chez Maxim’s et on voyait des Allemands en uniformes qui parfois se trompaient d’étage et sonnaient à ma porte », se remémorera-t-elle plus tard.

Elle file droit sur son vélo à travers les rues de Paris. Aux premières heures de l’insurrection, ce matin du 19 août 1944, Claire, de son nom de résistante, se rend à la préfecture de police où 2 000 policiers en armes ont lancé le soulèvement de la capitale. Elle transporte aux risques de sa vie du matériel sanitaire destiné à soigner les combattants. Mais une rencontre fortuite se produit. « À la porte de la préfecture, je tombe sur le colonel Rol, raconte Françoise Leclerq1 (1). Il me donne le mot de passe pour descendre dans les catacombes sous le lion de Belfort. » C’est là, à 26 mètres sous terre, que le chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) Île-de-France a installé son nouveau PC ; c’est là que Françoise Leclercq devient son agente de liaison jusqu’à la Libération. Ils se connaissent depuis 1942, année où la grande bourgeoise et fervente catholique s’engage dans la Résistance aux côtés des communistes.

Rien ne l’y destinait, mais Françoise Leclercq a fait mentir le sort que lui réservaient sa classe sociale et son éducation religieuse. Née en 1908 dans une riche famille du Nord, elle est placée en pensionnat au couvent des Dames Bernardines. Mariée à l’âge de 19 ans à un industriel fortuné, elle commet après vingt années de vie commune un acte quasi révolutionnaire pour son milieu : elle demande le divorce et s’installe à Paris avec ses quatre enfants. En cette année de 1938, Françoise Leclercq ne manque de rien, elle vit dans un appartement cossu, rue de Montpensier, dans le très chic quartier du Palais Royal. Mais elle a conscience de la menace de la guerre et décide de passer le diplôme de la Croix-Rouge. Lorsque le conflit éclate, elle apprend à conduire des camions pour ravitailler les camps de prisonniers. Puis quand Pétain signe l’armistice avec Hitler et que les premières lois antisémites sont promulguées, elle affiche avec audace son engagement aux côtés des juifs : « J’ai décidé de porter moi aussi une étoile jaune. J’ai fait fondre pour cela mes médailles de baptême et de communiante, et j’ai demandé à l’orfèvre Cartier de se charger de ce travail. »

Décorée de la croix de guerre pour ses actes de courage

Françoise Leclercq tombe malade et choisit sciemment un médecin juif pour la soigner : le grand professeur Raymond Leibovici. Cette rencontre sera déterminante. Au cours d’un examen, elle lui glisse un message : « Ma maison est la vôtre et celle de vos amis. » Le médecin juif est aussi communiste, ce qu’elle ignore, et il la prend au mot. Bientôt l’appartement de Françoise Leclercq devient le refuge et le lieu de réunions des combattants Francs-Tireurs et Partisans (FTP). « Il nous fallait tout de même faire très attention car, au-dessus de chez moi habitaient les propriétaires de chez Maxim’s et on voyait des Allemands en uniformes qui parfois se trompaient d’étage et sonnaient à ma porte », se remémorera-t-elle plus tard.

Durant les jours de la Libération, au plus fort des combats contre les Allemands, Françoise Leclercq assurera le service de liaison entre le chef des FFI et le comité d’action militaire. Elle sillonne Paris, les sacoches de son vélo pleines de tracts et d’affiches que ses enfants colleront sur les murs de la capitale. Au sortir de la guerre, elle devient conseillère municipale communiste de Paris dans le 18e arrondissement et dirigeante de l’UFF. Elle est décorée de la croix de guerre pour ses actes de courage. Par la suite, Françoise Leclercq sera de tous les combats féministes et siégera au Mouvement pour la paix aux côtés d’Aimé Césaire et de Pablo Neruda. Jusque dans les années 1970, elle restera une compagne de route des communistes et fidèle à ses valeurs jusqu’à sa mort.

  1. Écrits de Françoise Leclercq, collectés par sa petite-fille Irène Danon et cités dans Marie-Claude Vaillant-Couturier, Petit Cahier, numéro 21, octobre 2014, Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah – Amicale d’Auschwitz. ↩︎
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19 août 2024 1 19 /08 /août /2024 07:52
Après la guerre, devenu élu local, Pierre Ouzoulias consacre son énergie à rendre hommage à ses camarades clandestins. © CSH / Mémoires d'Humanité / Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

Après la guerre, devenu élu local, Pierre Ouzoulias consacre son énergie à rendre hommage à ses camarades clandestins. © CSH / Mémoires d'Humanité / Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

Le militant communiste et prisonnier de guerre s’évade pour rejoindre la Résistance. Le « colonel André », à la tête des Francs-Tireurs et Partisans (FTP) parisiens, participe à l’insurrection d’août 1944.

« En avant Paris ! Sus aux Boches ! Pas de quartier jusqu’à la victoire ! » Ces mots couvrent les murs de la région parisienne ; ils annoncent l’insurrection à venir. Nous sommes le 10 août 1944. Les Alliés approchent, les cheminots amorcent une grève générale. Un homme a supervisé le placardage des milliers d’affiches qui tapissent les façades d’immeubles, Albert Ouzoulias, responsable des Francs-Tireurs et Partisans français (FTPF). « Dans une vie de militant, j’ai rédigé beaucoup d’affiches ; aucune n’eut un tel succès », s’amusait-il au soir de sa vie.

Après le Débarquement, Albert se voit confier le commandement des FTPF de toute la région parisienne. Il est le « colonel André », en liaison avec Henri Rol-Tanguy, commandant parisien des Forces françaises de l’intérieur (FFI). À partir du 19 août, il coordonne les opérations pour la libération de Paris depuis l’appartement de sa dactylographe, Alba Matta, avenue de Saint-Mandé. Tout à la fièvre du moment, il ne dort que trois heures par nuit, ne mange presque plus, s’adonne corps et âme à sa tâche. « Surtout, n’ayez pas le sentiment que les résistants furent des êtres exceptionnels », relativisait-il dans son livre les Bataillons de la jeunesse, à destination de la génération contestataire des années 1960.

Il embrasse l’élan du Front populaire

Né en 1915 dans une famille de sabotiers, il n’a jamais connu son père, gazé dans les tranchées de la Grande Guerre, près de Belfort. Pupille de la nation, il éprouve la discipline du pensionnat. Son premier emploi est trouvé au tri postal de la gare de Bourg-en-Bresse. À 17 ans, il adhère à la CGTU, rejoint le PCF, devient délégué national des Jeunesses communistes. Licencié pour des motifs politiques, il est surveillé de près par la Sûreté nationale et s’initie à la vie clandestine.

« Fils de tué de la guerre de 1914-1918, j’ai eu, dès ma plus tendre enfance, la haine de la guerre. » Lecteur de Romain Rolland, il rejoint Paris pour animer le comité Amsterdam-Pleyel. Dans les petites usines des montagnes du Bugey, dans son Ain natal, il embrasse l’élan du Front populaire. Mais Albert est rattrapé par les événements et mobilisé dans la « drôle de guerre ». Il vient seulement de rencontrer Cécile Romagnon, ouvrière du textile et militante dans l’Aube. Il l’épousera au cours d’une permission spéciale.

Il est fait prisonnier : direction l’Autriche. Au stalag, une première tentative d’évasion lui vaut d’être placé à l’isolement. Il lui faut un an pour déjouer pour de bon la surveillance des gardes, avec l’aide des communistes du camp. « La libération de nos villes, de notre pays, fut avant tout leur œuvre, celle de la population laborieuse unie aux autres nations alliées », saluait-il. Arrivé en France, il trouve la maison des Romagnon vide : Cécile est entrée dans la clandestinité, en laissant leur premier fils, Maurice, chez sa belle-mère. Son père ne fera sa connaissance qu’un an plus tard.

« L’internationalisme était, à ce moment, de tuer le plus grand nombre de nazis possible »

À son retour dans Paris occupé, rendez-vous lui est donné par Danielle Casanova, dans l’atmosphère feutrée de la Closerie des Lilas. Elle lui propose de diriger les Bataillons de la jeunesse, branche combattante des JC. Albert sera désormais « Marc » avant de devenir le « colonel André ». Son acolyte : Pierre Georges, alias « Fredo », le futur colonel Fabien. Été 1941 : le jeune Ouzoulias organise des entraînements rudimentaires à l’abri des regards, au bois de Lardy (Seine-et-Oise). Le 21 août, sur le quai du métro « Barbès », Pierre Georges abat l’aspirant Moser. Hésitation morale d’Albert : « Les camarades se refusaient à exécuter un soldat allemand qui pouvait être un camarade de Hambourg, un ouvrier de Berlin. » Mais, poursuit-il avec aplomb : « L’internationalisme était, à ce moment, de tuer le plus grand nombre de nazis possible. »

Malgré le danger, il voyage un peu partout en zone occupée pour superviser le recrutement des combattants : Rouen, Rennes, Angers, Nantes, Le Havre. Il s’installe dans une petite chambre de la rue de Varize, dans le 16e arrondissement parisien, se fait passer pour un représentant de commerce. Il connaîtra 23 domiciles, tous plus ou moins clandestins.

Responsable des opérations au sein des FTPF, il côtoie Charles Tillon, Eugène Hénaff, René Camphin. Il fait entrer dans les FTP son épouse, agente de liaison, pour pouvoir vivre avec elle. L’angoisse les tenaille : par deux fois, Albert manque d’être abattu par la police française. Cécile apprend l’arrestation de deux de ses frères et l’exécution de son père. Sous un faux nom, elle est même arrêtée lors d’un contrôle d’identité : emprisonnée à la Roquette, elle en est exfiltrée in extremis. Peu après, elle accouche de son deuxième enfant, déclaré sous une fausse identité.

Albert n’aura jamais vraiment quitté la Résistance, « l’ouvrier, le cheminot, le cultivateur, le professeur, le libraire du quartier, l’étudiant, le galibot ou le valet de ferme », compagnons d’armes, de route, de métier, pour certains disparus. Après la guerre, devenu élu local, il consacre son énergie à rendre hommage à ses camarades clandestins. Il a toujours répété qu’il devait la vie à Missak Manouchian et à Joseph Epstein, restés muets sous la torture.

Lire aussi sur le Chiffon Rouge:

http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2016/06/les-communistes-francais-dans-la-resistance-avant-l-invasion-de-l-urss-en-juin-1941-relisons-albert-ouzoulias-et-ses-bataillons-de-l

C'est ce que nous rappelle Albert Ouzoulias, lui-même ancien responsable des "Bataillons de la Jeunesse" et de la Résistance Communiste armée, compagnon du colonel Fabien, dans "Les bataillons de la jeunesse" (éditions sociales, 1967).

"Que pense la population en général (aux premiers temps de l'occupation)? Il faut dire la vérité. En juillet 1940, beaucoup de Français ont accueilli l'armistice avec soulagement et à leurs yeux Pétain apparaît comme "le sauveur". Les communistes pour beaucoup sont des "gêneurs" qui risquent "de nous faire avoir des histoires avec l'occupant". C'est dans ces conditions que le Parti communiste reprend contact avec les masses parisiennes.

Le Parti communiste français essaye de combiner le travail légal et illégal. Que dans cette reprise de contact avec les masses, des erreurs aient été commises c'est sans doute certain, mais le pire à cette époque comme pendant toute l'occupation aurait été "d'attendre" et ce reproche ne peut s'adresser aux communistes.

D'ailleurs, dès juillet 1940, les occupants et la préfecture de police ne s'y trompent pas, il suffit de relire leurs rapports. Les seules mesures de répression prises en ces premiers mois d'occupation le sont contre les communistes.

Sous la direction de Jean Catelas, des camarades comme Jean Baillet, André Bréchet, Jean Chaumeil, Maucherat, Savenau, Le Morillon, sont parmi les premiers à remettre en place l'organisation du Parti communiste dans la région parisienne.

En juillet, la région Est (banlieue Est de la Seine et de la Seine-et-Oise) compte environ cinquante adhérents regroupés dans des petits groupes agissant clandestinement.

En septembre, ils sont mille. Il y a 300 arrestations environ. Mais en octobre, grâce au recrutement de nouvelles forces, ils sont encore un millier. En octobre, 300 autres communistes de la région parisiennes sont arrêtés...

Des hommes n'ayant jamais appartenu à aucun parti recherchent la seule grande organisation de résistance existant et adhèrent au Parti communiste.

En dehors du Parti communiste à Paris, il y a encore peu d'organisation de résistance.

Le 15 décembre 1940, quelques savants du musée de l'Homme organisent un groupe de résistance limité à quelques intellectuels et agents du personnel du musée.

Ripoche crée "Ceux de la Résistance" qui fusionneront avec le groupe "Vengeance".

De petites feuilles, autour desquelles se regroupent quelques résistants (feuilles tirant à l'époque à quelques centaines d'exemplaires) comme Pantagruel, Valmy , Défense de la France, commencent à paraître à la fin de l'année 1940. En septembre 1940, Arthuys publie La lettre aux Français, elle est ronéotypée à quelques centaines d'exemplaires et donnera naissance à l'O.C.M (Organisation civile et militaire).

Des socialistes comme Christian Pineau et l'écrivain Jean Texier, des syndicalistes comme Neumeyer et Lacoste, de la Fédération des fonctionnaires, vont créer Libération Nord (fin 1940-début 1941).

Mais la seule organisation illégale ayant des racines à Paris comme dans la plupart des grandes villes de banlieue et bientôt dans tous les départements, c'est le Parti communiste français. Il aide à créer des organisations syndicales illégales, telles les "Comités populaires".

Le Parti communiste et les "Comités populaires" interviennent dans les entreprises et dans les syndicats légaux contre les créatures de Vichy, organisent la solidarité, la lutte pour les revendications et un meilleur ravitaillement? Chacun de ces mouvements, manifestations, délégations, ayant pour base les revendications immédiates, prend de plus en plus l'aspect d'une lutte contre l'occupant et Vichy.

C'est ainsi que dans les premiers mois de l'occupation, on recense les grèves dans la région parisienne: métallos de chez Farman à Boulogne, chez Bardet dans le XVIIIe, à Argenteuil... En mars 1941, c'est le tour des ouvriers du bâtiment. Ce sont les comités populaires clandestins qui sont à l'origine de ces mouvements.

Les femmes communistes organisent des manifestations pour un meilleur ravitaillement à Paris, à Bezons, Argenteuil, et dans de nombreuses villes de la banlieue.

Le 7 avril 1941, 3000 femmes de l'usine "Le Raffia" à Issy-les-Moulineaux, usine travaillant pour l'armée allemande et fabriquant des filets de camouflage pour les canons, se mettent en grève et manifestent jusqu'à Montrouge. La police française intervient: 17 femmes sont arrêtées et livrées aux Allemands. Un groupe de l'O.S tente d'incendier l'usine, n'occasionnant que de faibles dégâts.

En Seine-et-Oise, les directions fédérales du Parti communiste, comme dans les autres départements, font récupérer les armes abandonnées, nécessaires à la lutte armée de demain, quand elle deviendra possible...

Des tracts du Parti Communiste, et des éditions clandestines de l'Humanité sont distribués, des fils téléphoniques de l'armée allemande cisaillés.

Dans une affiche datée du 23 août 1940, le préfet de Seine-et-Oise, Marc Chevalier, se plaint en ces termes de l'activité des communistes:

"Habitants de Seine-et-Oise,

(...) Je donne un premier avertissement aux fauteurs de trouble qui... poursuivent leur campagne de haine et d'agitation par des tracts et des affiches anonymes... Les manifestations de cet ordre, dès qu'elles seront découvertes dans une commune de Seine-et-Oise, entraîneront, à titre de sanction, l'internement administratif des principaux militants communistes résidant dans la commune. Des actes de sabotage continuent à s'exercer contre le matériel des armées d'occupation. Je ne saurais assez blâmer ces tentatives aussi lâches que stupides... Celui qui se livre à ces gestes criminels est un mauvais citoyen...

Vous ne servirez utilement votre pays, tout en gagnant l'estime des autorités d'occupation avec lesquelles je collabore en toute loyauté pour la défense de vos intérêts, que par votre attitude correcte, disciplinée, digne de la réputation et des traditions françaises".

Dès l'été 1940, la Jeunesse Communiste se réorganise en zone occupée avec des camarades comme Danielle Casanova, André Le Roy, Camille Baynac, Madeleine Vincent, Henriette Schmitt, Lucien Dorland (responsable de l'Avant-Garde), et parmi les étudiants, Francis Cohen, François Lescure, Suzanne Dijan, Claude Lalet, Bernard Kirschen (Bob).

Guy Moquêt, responsable des Jeunesses Communistes du XVIIe, est arrêté le 13 octobre 1940 à la gare de l'est alors qu'il avait pendant des semaines collé des papillons patriotiques et distribué des tracts dans le XVIIe. Emprisonné à Fresnes puis à Clairvaux, et Châteaubriant où il restera 8 mois, il sera fusillé le 22 octobre 1941.

Le 11 novembre 1940, les lycéens et étudiants communistes parisiens vont frapper un grand coup à l'Etoile, se dirigeant vers les Champs Elysées pour rejoindre des anciens combattants.

Dès juillet-août 1940, ils reconstituaient leur organisation en Sorbonne et faisaient paraître le journal communiste étudiant clandestin et de résistance La Relève , sous l'animation de Francis Cohen, François Lescure, Suzanne Dijan. A l'été 1940, ces étudiants communistes, menés par Christian Rizo et Tony Bloncourt, jettent des tracts avec l'appel de Maurice Thorez et Jacques Duclos contre Vichy dans l'amphi de la Sorbonne, ils manifestent contre un professeur tenant des propos antisémites en étalant des œufs frais sur son tableau. Ils perturbent les cours des étudiants collaborateurs. Fin octobre 1940, le professeur Paul Langevin, libre-penseur, est arrêté, et les étudiants communistes organisent des manifestations et des distributions de tracts en sa faveur. La "marseillaise" déjà est chantée par des jeunes.

Le 11 novembre, l'UNEF, les lycéens et étudiants communistes organisent par des diffusions de papillons, d'affiches et de tracts un regroupement des lycéens et étudiants pour une cérémonie patriotique aux Champs-Elysées. Des arrestations ont lieu, des jeunes sont blessés grièvement par les soldats allemands, à qui la police française prête la main.

Les journaux de la "kollaboration" comme le Cri du Peuple du 22 novembre vitupèrent les responsables de la manifestation, "ces jeunes Juifs, ces jeunes socialo-communistes, ces jeunes pourris de la maçonnerie..." auxquels il ajoute les "Camelots du Roy".

19 jeunes communistes sont arrêtés le 20 novembre, dont des dirigeants de secteur comme Bernard Kirschen, Othman Ben Aleya, Claude Lalet. Francis Cohen écrit à propos de la journée patriotique et anti-allemande de la jeunesse parisienne du 11 novembre 1940:

"Le fait est que.. la seule force politique organisée qui soit intervenue alors était constituée par les communistes. Mais une grande quantité d'individus et de groupes de tendances démocratiques ou patriotiques diverses se sont mis en mouvement. C'est cette rencontre qui devait être le sens de la Résistance française et la signification historique du 11 novembre 1940".

" Dans le XVIIIe, c'est Jacques Grinbaum, vingt ans, des H.B.M du boulevard Ney qui reconstitue l'organisation locale clandestine de la jeunesse Communiste. Il se procure une ronéo, commence à tirer les premiers tracts.

Avec Jacques parmi les premiers jeunes communistes, il y a en 1940, Odile Arrighi, Nicolas Berger, Georges Tondelier, Léone Bourgineau, Marie-Rose Cullet, Bernard Pickewitz, Rosine Radzinski...

Une nuit de juillet 1940, avec ses camarades, Jacques va écrire au minium sur les bassins qui entourent le Sacré-Coeur ces trois mots d'ordre: "A bas l'occupant", "Vive l'URSS", "Vive la France" .

Jacques Grinbaum sera fusillé avec Gabriel Péri et quatre-vingt douze autres camarades, au mont Valérien, le 15 décembre 1941. Dans sa dernière lettre, il écrit à sa maman:

"Parmi toutes les mères, tu as été une mère exceptionnelle parce qu'avec papa tu as fait de moi ce que je suis... Des années heureuses viennent, je le sens. Dans son post-scriptum, il ajoute: Trois heures quinze du matin! Bientôt l'exécution. Je suis calme et j'attends. Une force me soutient et je tiens! J'espère que vous tiendrez, promettez-le moi au delà de la mort"..."

"Dans le XIe, Jean Capievic, Gilbert Brustlein, Jean Bozon, Liliane Levy, Henri et Maurice Chevit, Bernard Zalkinov, Acher Semhaya et sa sœur, reconstituent les cercles des Jeunesses communistes. Ils partent le dimanche, sac au dos dans les belles régions de l'Ile de France, y préparent les tracts clandestins qui vont apparaître dans le XIe, seront les premiers à distribuer en juillet 1940 l'appel de Maurice Thorez et Jacques Duclos, dans le XIIe, au marché d'Alligre".

A Saint Denis

En banlieue, les jeunes des H.L.M et de toutes les grandes cités populaires ne baissent pas la tête face à l'occupant. A Saint Denis où sévit le traître Doriot, dès juillet 1940, des jeunes communistes dionysiens sont arrêtés dans le quartier de la mutualité pour distribution de tracts antinazis. En août des affiches manuscrites antiallemandes sont collées durant la nuit en divers endroits de la ville notamment à la gendarmerie, à la légion d'honneur et à la mairie.

Le 2 septembre, cinq jeunes communistes, dont le dirigeant est Fernand Devaux ainsi que René Lambolley, sont arrêtés en distribuant des tracts rue des Ursulines (René Lambolley mourra à Auschwitz).

A la plaine, dès juillet 1940, sous la direction de Brazzini, un groupe très actif des Jeunesses Communistes se reconstitue. Ils sont une vingtaine dans le cercle de La Plaine qui dès 1940 vont organiser la résistance. Six seront fusillés par les nazis en 1942: Lucas Fernandez, Emile Chrétien, Ferrec, Marcos, Pérez et Toupin.

Quatre sont morts dans les camps de concentration: Louis Rivero, Riancho, Bacna et une jeune fille Eléonore Rubiano. Sept sont revenus de déportation; Angèle Koulikoff, Manuel Torrès, Granja, Marcel Martin, Jean Simon, Febrero et Zoilo.

Parmi eux, Benito Sacristan, dit Manuel, échappé aux rafles de 1940 et de septembre 1941, fera partie des premiers groupes franc-tireurs de la Jeunesse communiste (Les Bataillons de la jeunesse); arrêté en juillet 1942, il sera fusillé le 11 août 1942, sans qu'il est dénoncé un seul de ses camarades malgré les plus affreuses tortures infligées par les nazis. Il avait 21 ans.

La répression de 1940

En novembre 1940, la Jeunesse communiste organise dans toutes les mairies de Paris et de la banlieue le dépôt des pétitions et des cahiers de revendication des jeunes démobilisés. Des milliers de jeunes seront touchés par cette campagne.

Jean Calma, membre du Comité Central des Jeunesses Communistes, est à la tête de plusieurs centaines de jeunes de la banlieue Est dont il est le responsable; ils portent les "cahiers" des démobilisés. J. Calma est arrêté ce jour-là. Jeune étudiant en médecine, aux traits si fins, si beau au physique comme au moral, un des espoirs de la Jeunesse communiste, il sera enfermé dans une cellule, torturé jusqu'à ce qu'il perde la raison et ensuite fusillé par les nazis.

C'est grâce au courage de ces pionniers de la Résistance que dans Paris et sa banlieue, comme en Seine-et-Oise, les actions se développent.

Les rapports hebdomadaires de la Gestapo sont significatifs. Celui du 30 septembre 1940 s'exprime ainsi:

"Pour mettre un terme à tout nouvel accroissement de la propagande communiste à Paris, la police parisienne appliquera des mesures préventives qui consistent à arrêter et interner dans un camp tous les dirigeants et militants communistes actifs connus à Paris".

Le bulletin municipal officiel de la Ville de Paris du 21 octobre 1940 publie un arrêté du préfet de police Langeron:

"Toutes découvertes de tracts clandestins sur le territoire d'une commune de la Seine entraînera l'internement administratif d'un ou de plusieurs communistes notoires connus résidant sur le territoire de cette commune".

Des affiches analogues seront placardées dans la Nièvre, en Bretagne et dans des dizaines de départements. Le journal "kollaborateur" Le Matin donne le 14 novembre 1940 l'information suivante:

"La police parisienne collabore loyalement avec l'autorité d'occupation. Elle s'est dressée contre la propagande communiste qui essayait d'exploiter les difficultés de l'heure. Elle a arrêté en quelques semaines 871 "meneurs".

Le traître Marcel Déat s'en prend dans son éditorial du 6 novembre 1940 dans l'Oeuvre à la propagande communiste, il écrit:

"Nos communistes sont redevenus nationalistes. Leurs tracts clandestins ont des conclusions entièrement parallèles aux propos gaullistes. Il n'est question que de libération et de l'indépendance de la France et que l'on nous assure que seul le communisme lui restituera sa pleine souveraineté".

Le rapport de la Gestapo, transmis à Berlin en janvier 1941, reprend le thème de l'article de Marcel Déat et ajoute:

"Le Parti communiste affirme son intention de tendre la main à chaque Français ayant conservé le sens de l'honneur et à qui l'intérêt national tient à coeur".

Les premiers frappés: les communistes et les juifs

Aujourd'hui encore, certains qui n'étaient pas dans la Résistance en 1940, ou d'autres tout simplement parce qu'ils n'y ont jamais été, accusent les communistes de n'y être entrés qu'après l'attaque d'Hitler contre l'U.R.S.S le 22 juin 1941.

Pourtant Joseph Kessel dans l'Armée des ombres (1943) reconnaît l'engagement précoce des communistes dans la résistance.

La lutte des communistes pour réaliser l'union de tous les patriotes, de tous les résistants, ne cessera pas de 1940 à 1944 et le Comité central l'exprimera avec force le 15 mai 1941 dans son appel à la création d'un "Front national de lutte pour l'indépendance de la France":

"Guidé par le souci exclusif de réaliser l'union de la nation pour la cause sacrée entre toutes de l'indépendance nationale, le Parti Communiste français, mettant au-dessus de tout l'intérêt du pays, déclare solennellement qu'en vue d'aboutir à la création d'un large front de libération nationale, il est prêt à soutenir tout gouvernement français, toute organisation et tous les hommes dont les efforts seront orientés dans le sens d'une lutte véritable contre l'oppression nationale subie par la France et contre les traîtres au service de l'envahisseur".

Ce même 15 mai 1941, 5000 juifs sont envoyés en camps de concentration.

La belle presse de la collaboration, Paris-Soir, avec ses journalistes traîtres ayant pignon sur rue, commente le départ de la gare d'Austerlitz de ces "Israélites": "Cinq mille Juifs sont partis, cinq mille Juifs étrangers ont couché leur première nuit dans un camp de concentration. Cinq mille parasites de moins dans le grand Paris qui en avait contracté une maladie mortelle. La première ponction est faite, d'autres suivront".

Dès la fin 1940 et le début 1941, Gabriel Péri et Georges Politzer rédigent des textes polémiques brillants qui portent le fer contre l'antisémitisme, les idées nazies et de collaboration.

En mars 1941, la direction du PCF considère que l'objectif de libération nationale est prioritaire même par rapport à la révolution sociale et au combat de classe, comme aux divergences idéologiques.

"Le premier objectif de notre peuple, c'est la libération nationale... Les communistes s'adressent à TOUS les Français qui placent avant toute autre préoccupation la libération nationale de notre peuple, et qui sont décidés à lutter effectivement pour ce but. Nous appelons à l'union et l'action les travailleurs socialistes et radicaux qui ont lutté avec nous dans le passé pour faire triompher le Front populaire, trahi par leurs chefs. Nous appelons à l'union et à l'action les travailleurs catholiques, éloignés de l'esprit rétrograde et de soumission au Capital des princes et de l'Eglise. Nous appelons à l'union et à l'action les travailleurs égarés jusqu'alors derrière les partis de réaction et les groupements dits "nationaux", traîtres à la nation" (Maurice Thorez, Mars 1941, cité par Roger Martelli dans Communisme français: histoire sincère du PCF, 1920-1984)

Mais en réalité les deux combats vont se mener de front. En mai 1941, des dizaines de milliers de mineurs se mettent en grève dans le Nord et le Pas-de-Calais, mouvement prépaté par des militants clandestins qui débouche sur un puissant combat de portée nationale.

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18 août 2024 7 18 /08 /août /2024 08:44
120 ans du journal L'Humanité: un livre et une revue à se procurer de toute urgence auprès de la fédération et des sections communistes du Finistère

Maud Vergnol le rappelle dans son avant-propos: "l'Humanité est un combat quotidien." Jaurès l'exprime aussi dans l'éditorial "Notre but" du premier numéro de l'Humanité le 18 avril 1904, il y a 120 ans, tout juste: "notre tentative serait vaine ou même dangereuse si l'entière indépendance du journal n'était point assurée... L'indépendance du journal est entière. Faire un grand journal sans qu'il soit à la merci d'aucun groupe d'affaires est un problème difficile mais pas insoluble".

Un problème difficile auquel s'attellent les directions de l'Humanité depuis 120 ans, et les communistes depuis plus de 100 ans. La publication de Hors-série, de numéros spéciaux et thématiques de l'Humanité, de beaux livres édités par l'Humanité, l'élan militant pour la vente de l'Humanité et obtenir des nouveaux abonnements, les efforts des journalistes pour se mettre à la page et s'adapter aux contraintes économiques et aux nouveaux besoins du lectorat font partie de l'équation, tout comme les fêtes de l'Humanité, dont la réussite financière est une condition sine qua non de la survie du journal dans des conditions acceptables et de sa qualité, le rôle des CDH, créés en 1930, des amis et lecteurs de l'Humanité, des nombreux donateurs à la souscription, principalement des adhérents communistes, mais aussi beaucoup de sympathisants et lecteurs de l'Humanité.

Un nouveau beau livre collector grand format de 275 pages est consacré à sonder avec originalité et en laissant une part à la subjectivité et à la diversité des approches du journal et de l'histoire qu'il reflète l'immense histoire du journal l'Humanité: "l'Humanité, 1904-2024: 120 ans, 120 unes, 120 regards"

Ce livre est disponible auprès de la fédération du PCF Finistère qui en a acheté plusieurs en lot pour diminuer les frais de port pour les militants, et des sections du PCF Finistère, au prix de 39,90€

Sa vente et son achat contribuent bien sûr aussi grand à soutenir le journal l'Humanité. Notre journal, un des moyens au centre de nos luttes pour l'égalité et la dignité humaine.

On y trouve des textes éclairant et commentant des Unes de journal, une pour chaque année depuis 120 ans d'existence du journal, correspondant à de grands évènements historiques à l'échelle nationale ou mondiale, ou des évènements moins connus mais significatifs de basculements que l'Humanité a mis en valeur plus que d'autres journaux de presse quotidienne: ainsi, le lecteur lira avec beaucoup d'intérêt en miroir d'évènements et de unes de l'humanité des textes ciselés de Fabien Gay, actuel directeur de l'Humanité, et sénateur communiste de Seine Saint-Denis, de l'ancien directeur de l'Humanité et député européen Patrick Le Hyaric, de Marie-George Buffet, de Pierre Laurent, de Fabien Roussel, , les trois derniers dirigeants du Parti Communiste qui se sont succédé depuis 20 ans, de Raoul Hedebouw, député et président du PTB (Parti du travail de Belgique), de Claude Askolovitch responsable de la revue de presse de France Inter et écrivain, de Christiane Taubira, du fondateur du groupe Zebda Moustafa Amokrane, des historiens Serge Wolikow, Alain Ruscio, Guillaume Roubaud Quashie, Roger Martelli, Nicolas Offenstadt, Patrick Boucheron, du sportif Lilian Thuram, du journaliste Daniel Mermet, de la journaliste Hajar Raissouni, de la déportée juive rescapée d'Auschwitz Ginette Kolinka, de l'ancien ministre communiste de la Fonction Publique Anicet Le Pors, du comédien, journaliste et écrivain François Morel, de l'astronaute Thomas Pesquet, de Ariane Ascaride, du cinéaste chilien Patricio Guzman (sur le coup d’état de Pinochet contre le gouvernement de Salvador Allende), des écrivains Lyonel Trouillot et Joseph Andras, de l'ambassadrice de l'OLP et de Yasser Arafat Leïla Shahid, ou de l'actuelle ambassadrice de la Palestine en France Hala Abou Hassira, de l'écrivain et journaliste Sorj Chalandon (sur la mort de Bobby Sands), de Rony Brauman, Hubert Védrine, Ian Brossat, Clémentine Autain, François Ruffin, Cédric Villani, de l'humoriste Guillaume Meurice, de la sociologue Monique Pinçon-Charlot.

Les éditions de "l'Humanité" publient aussi sous forme de revue souple papier glacé de 121 pages et moins onéreuse complémentaire pour célébrer ses 120 ans: "Instantanés d'Humanité. 120 ans d'un journal engagé". Il s'agit d'un regard d'historien coordonné par Alexandre Courbat et de journalistes sur le fonctionnement du journal l'Humanité, ses principes, son éthique, ses directions, sur son originalité dans le monde des médias, et sur la fête de l'Humanité. On y trouve aussi de nombreux documents d'archives magnifiques - photos, unes, qui montrent le lien du journal communiste avec la grande Histoire, à la fois témoin et acteur de cette Histoire du côté de la défense des dominés, des exploités, des damnés de la terre. Ce hors-série fait notamment la part belle aux engagements féministes et internationales, pour la paix et la décolonisation, du journal L'Humanité. Il est à vendre au prix de 9,90€ et la fédération du PCF Finistère en dispose là encore d'un nombre important d'exemplaires à disposition des camarades, sympathisants, lecteurs et amis de l'Humanité, ou tout simplement des passionnés d'histoire et de la presse.

Le livre et la revue Hors-Série ne font pas doublon mais se complètent très utilement et viennent aussi compléter sans redondance des livres tout aussi indispensables comme:

- La fête de l'Humanité, 80 ans de solidarité, de Valère Staraselski (Le Cherche Midi, 2010, 32€)

- "Un siècle d'Humanité 1904-2004" sous la direction de Roland Leroy au Cherche-midi toujours (2004, 18€)

ou d'autres livres monographiques de Alexandre Courban, Georges Cadiou, consacrés respectivement à Gabriel Peri, Marcel Cachin, grandes figures de l'Humanité des années 1920-1930.

A l'heure où l'invasion des idées d'extrême-droite dans les médias menace gravement notre démocratie (à l'image de beaucoup d'autres pays et régions du monde), ce qu'ont traduit les élections européennes et législatives de juin et juillet 2024, il est nécessaire de rappeler combien l'Humanité avec sa triple exigence d'engagement pour la transformation de la société et la cause des plus démunis et des travailleurs face aux capitalistes, de qualité et d'émancipation par l'éducation populaire, d'indépendance journalistique vis-à-vis des puissances d'argent, et son ambition d'exprimer l'originalité du point de vue communiste sur la société et le monde dans un esprit d'ouverture, d'intelligence, de débat et de rassemblement pour être utile au peuple, est une exception française et un patrimoine inestimable à préserver et faire fructifier pour défendre à la fois la République sociale, les valeurs universelles de l'internationalisme et des droits humains, et notre démocratie face aux coups de boutoir des Bolloré, Sterin, Elon Musk et consorts, ces forces du Capital qui sont prêts à nourrir la "bête immonde" du fascisme et du racisme pour mieux servir leurs intérêts.

Ismaël Dupont, 18 août 2024

120 ans du journal L'Humanité: un livre et une revue à se procurer de toute urgence auprès de la fédération et des sections communistes du Finistère
120 ans du journal L'Humanité: un livre et une revue à se procurer de toute urgence auprès de la fédération et des sections communistes du Finistère
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18 août 2024 7 18 /08 /août /2024 07:38
Les combattants de la libération - Charles Tillon, le combat clandestin dès 1940 (Pierre Chaillan, L'Humanité, 7 août 2024)

Légende photo - Charles Tillon à Carhaix en 1945 comme ministre de l'Air (archives Jean-Claude Cariou): Une photo prise au milieu de la foule sur le stade de Carhaix en 1945, près de l'emplacement actuelle des "Vieilles Charrues". Cette photo appartient à la collection privée de Jean-Claude Cariou. Au dos, on y trouve un tampon du service du ministère de l'Air. De gauche à droite, on peut voir avançant au milieu de la foule un officier de l'armée de l'air, Charles Tillon, Alain Cariou, résistant communiste, vice-président du Comité Départemental de Libération, chargé de l'épuration des fonctionnaires, permanent du PCF jusqu'en 1947 avant de reprendre ses fonctions d'instituteur, Gaby Paul, député PCF de Brest, membre du Comité Départemental de Libération, un élu (le maire de Carhaix), et sans doute le secrétaire de Charles Tillon et un membre du cabinet (légende Jean-Claude Cariou)

Natif de Bretagne, syndicaliste CGT, élu député de la Seine sous le Front populaire, il est l’un des trois principaux dirigeants de l’organisation communiste clandestine. Chef fondateur des Francs-Tireurs Partisans français, il sera nommé ministre à la Libération.

Pierre Chaillan - L'Humanité

Nous sommes le 17 juin 1940. Charles Tillon, dirigeant du Parti communiste français clandestin, lance un appel à la constitution d’un gouvernement « luttant contre le fascisme hitlérien (…) pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes ».

Cet appel titré « Peuple de France » est diffusé sous forme de tract, en particulier dans la région de Bordeaux où l’ancien député PCF du Front populaire, déchu et condamné par contumace au début de l’année, a élu domicile. En tant que l’un des quatre instructeurs interrégionaux, il est chargé de réorganiser le parti clandestin dans le quart sud-ouest. Ce travail souterrain est conduit au sein de l’Organisation spéciale, assurant l’impression de journaux et de tracts ainsi que la protection des responsables.

À partir du mois d’octobre 1940, Charles Tillon devient un des trois principaux dirigeants du Parti communiste et rejoint Paris en décembre. Benoît Frachon a en charge la gestion des cadres régionaux et le mouvement syndical, la CGT, Jacques Duclos l’appareil politique et la presse, et Charles Tillon, l’organisation militaire.

Un dirigeant de premier plan

Le Breton a été repéré très tôt comme un excellent organisateur. Il a déjà acquis une grande expérience de la lutte collective dans les situations les plus difficiles. Né à Rennes (Ille-et-Vilaine) en 1897, le jeune marin, âgé d’une vingtaine d’années, est un des meneurs d’une grève puis d’une mutinerie de près de 200 hommes à bord d’un bateau engagé aux côtés de Russes blancs en mer Noire. À la suite de cette mutinerie, il est condamné à cinq années de bagne et aux travaux forcés. Sa peine sera réduite et il retrouve sa Bretagne natale, où il commence à militer à la CGTU et au Parti communiste naissant.

Le jeune militant, peu après avoir pris la tête de l’union départementale CGTU en 1923, devient permanent syndical. Comme le relate l’historien Denis Peschanski dans sa notice du Maitron, Charles Tillon suit en particulier la grève des sardinières, les « Penn sardin » (ouvrières des usines de conserves) de Douarnenez (Finistère), déclenchée en 1924. Il encadre ensuite plusieurs grands mouvements revendicatifs et devient un dirigeant de premier plan, d’abord au sein de la Fédération des céramiques et produits chimiques, puis de celle des ports et docks.

Devenu membre du bureau confédéral de la CGT, il gagne la région parisienne et est élu au comité central du PCF. Il se présente aux élections locales à Aubervilliers et en devient conseiller général en 1935, puis député en mai 1936. Un temps membre du bureau politique, il quitte l’instance. Mais déjà les nuages annonciateurs des heures sombres s’accumulent à l’Est. Le terrible combat contre fascisme et nazisme est à l’ordre du jour.

En avril 1939, l’élu est membre d’une délégation internationale envoyée en Espagne pour aider au rapatriement des républicains espagnols grâce à des bateaux affrétés par France-Navigation. En 1940, il compte parmi les neuf députés communistes qui échappent à leur arrestation. Il plonge alors dans la clandestinité à Bordeaux, puis à Paris.

Un organisateur tout terrain

Fort de ces années de luttes sociales et de son expérience d’organisateur hors pair et tout-terrain, le membre du secrétariat du PCF crée fin 1941 les Francs-Tireurs et Partisans français (FTPF) dont il prend la tête. Ces groupes de combattants de l’ombre sont la branche armée du Front national constitué par le Parti communiste en mai pour élargir son action au-delà des rangs communistes.

Durant trois longues années, les FTP implantés aux quatre coins du pays se constituent en maquis et jouent, souvent au prix de leur vie, un rôle primordial dans le combat de la Résistance intérieure. À partir du débarquement du 6 juin 1944, ils participent activement à la libération du territoire national et des grandes villes françaises. Son rôle dans la lutte victorieuse sera reconnu : Charles Tillon devient à la Libération ministre de l’Air dans le premier gouvernement formé par le général de Gaulle, puis ministre de l’Armement et, dans le troisième, ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme.

Il est réélu aussi député de la Seine. Mais le monde entre dans la guerre froide, et déjà l’ancien résistant doit faire face à une épreuve à laquelle il n’était pas si bien préparé. Piloté depuis Moscou, un règlement de comptes digne du pire procès stalinien est ourdi : c’est ce que l’on appellera pudiquement « l’affaire Marty-Tillon » en 1952 durant laquelle André Marty, héros des Brigades internationales, sera exclu et le second, remis à la base. Charles Tillon sera définitivement exclu en 1970 et sa mémoire dans le livre héroïque du communisme français sera trop souvent effacée en dépit de son engagement de la première heure.

À lire Charles Tillon, le chef des FTP trahi par les siens, de Fabien Tillon, éditions Don Quichotte/Seuil, 2021.

 

Lire aussi sur le Chiffon Rouge:

http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2018/06/17-juin-1940-l-appel-a-la-resistance-de-charles-tillon.html

 

1978: Charles Tillon revient sur sa traversée du siècle et ses engagements avec Michel Kerninon dans la revue Bretagnes n°8 : Désenchaîner l'espérance

1945: Charles Tillon, ministre de l'air, en visite à Carhaix (une photo inédite avec Gaby Paul et Alain Cariou, cadres du PCF dans le Finistère à la libération)

Les communistes et la résistance: 17 juin 1940: la reconnaissance de l'appel de Charles Tillon

Communistes de Bretagne (1921-1945)

« Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie... Et maintenant, ils livrent la France.
Ils ont tout trahi.
Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier, au fascisme.
Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme.
Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes.
Il est le nombre : uni, il sera la force.
Pour l’arrestation immédiate des traîtres
Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes,

UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION!"
Charles TILLON,
Gradignan, 17 juin 1940
 

Antoine Porcu (1) a présente le texte de cet appel et en a expliqué le sens dans un entretien accordé à l’Humanité le 4 mars 2006
 

« L’appel de Charles TILLON est un appel à la résistance sur le territoire national, tandis que celui du général de Gaulle s’adresse d’abord aux français présents en Angleterre pour leur demander de se rassembler autour de lui. Par ailleurs, l’appel de Charles TILLON est explicitement lancé au nom de la lutte contre le fascisme.
Cela le différencie également de l’appel de Thorez et Duclos du 10 juillet 1940, conforme à la ligne de la IIIeme Internationale. Celle-ci réduisait la guerre en cours à un affrontement antiimpérialiste. Cela ne permettait pas de cerner la spécificité du phénomène fasciste. À l’inverse, Charles Tillon en appelle au rassemblement du peuple dans l’action contre le « fascisme hitlérien », dans le droit fil de la stratégie du Front Populaire pour laquelle Maurice Thorez s’était lui-même battu.
Depuis la Libération, la propagande anticommuniste affirme que les communistes ne sont entrés en résistance qu’en juin 1941, lorsque l’Union soviétique est attaquée par les nazis. C’est une parfaite falsification. D’ailleurs, l’importance de ce texte a été appréciée par la direction clandestine du Parti Communiste, laquelle intègre Charles Tillon, à la demande de Benoît Frachon. Mais derrière ce genre d ‘accusation, c’est le rapport même des communistes au peuple français de l’époque qui est questionné. L’appel de Charles TILLON permet de lever toute ambiguïté. Il prouve que l’engagement des communistes s’est fait indépendamment des directives de la IIIeme Internationale.
Car cet appel n’est pas une initiative purement personnelle. Lorsqu’il le rédige Charles TILLON est mandaté par le Comité central pour réorganiser le parti communiste dans tout le Sud-Ouest de la France. Son appel y rencontre un certain écho. Les kiosquiers de Bordeaux l’insèrent dans les journaux. Il parvient même jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Le Parti communiste français a été traversé par de nombreuses et dramatiques contradictions. Mais il a toujours été avant tout un collectif de femmes et d’hommes mobilisés pour l’émancipation humaine. Le combat pour cette reconnaissance est crucial dans un contexte où la droite la plus réactionnaire reprend le flambeau de la virulente campagne anticommuniste d’après-guerre dans le but de briser tout espoir de transformation sociale. »
(1) Antoine PORCU, ouvrier métallurgiste, il adhère au PCF en 1943. Il rejoint alors le réseau des jeunes communistes résistants. Secrétaire de la fédération du PCF de Meurthe et Moselle de 1961 à 1979, 
Il est député de 1978 à 1981, il collabore au cabinet de Charles Fiterman au ministère des transports. Il ne renonce pas à son idéal et écrit de nombreux ouvrages en l’honneur des militants et résistants communistes. Il meurt le 1er mars 2017

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