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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 06:08
« Ce n’était pas réellement une grève féministe, mais plutôt une grève de femmes contre la misère », à Douarnenez les sardinières et leurs héritières, cent ans après (L'Humanité, 20 novembre 2024)

En 1924, les ouvrières des usines de sardines de Douarnenez se mettent en grève « pour les sous ». Le début d’une lutte historique, dont les traces demeurent à chaque coin de rue, dans les représentations artistiques, les usines et la célébration du centenaire de cette mobilisation, ce jeudi 21 novembre.

Léa Petit Scagnola, L'Humanité, 20 novembre 2024

Un brin malicieuses, les comparses chantonnent les quelques mots révolutionnaires, interdits à l’époque de leurs aïeules : « Saluez, riches heureux, ces pauvres en haillons, saluez, ce sont eux qui gagnent vos millions. » Attablées aux Loups des mers, restaurant niché sur les quais du port du Rosmeur, deux Douarnenistes badinent : « Au départ de Tréboul, où y a des filles qui sont moches comme tout ! » entonne Françoise Pencalet, professeure d’histoire et conseillère municipale de gauche à Douarnenez (Finistère). Monique Prévost, ancienne maire socialiste, rit avec elle.

Elles chérissent les souvenirs d’airs fredonnés aux repas de famille, en mer pour le pêcheur de langoustines qu’était le père de Françoise, et à l’usine par un chœur constitué des ouvrières de la sardine. On les appelait autrefois les Penn Sardin, dans la bouche des bretonnants (en français, « têtes de sardine »).

Ces travailleuses des conserveries de poisson de Douarnenez, dans les années 1920, se lèvent à l’aube, enfilent leur tablier sombre et s’affairent à couper, éviscérer et mettre en boîte les petits poissons. Leur grève victorieuse en 1924, pour de meilleurs salaires et conditions de travail, est célébrée cette année, pour le centième anniversaire de la lutte.

Ce 21 novembre, sa commémoration, faite de chants, conférences et de quiz, a vu le jour grâce à un collectif créé par Monique Prévost et Françoise Pencalet. Elles espèrent rassembler les 14 000 âmes de la commune, encore ouvrière, où tout le monde se connaît.

Les deux acolytes pointent les usines surannées et agglutinées en contrebas du port de pêche. Plusieurs ont été transformées en logements HLM, l’ancien séchoir à thon du dernier étage est devenu une buanderie. Quelques maisons plus loin, l’Abri du marin incarne à lui seul une forme d’amnésie de la mémoire ouvrière.

Autrefois lieu d’instruction catholique des pêcheurs, il accueille aujourd’hui des touristes fortunés dans des locations de luxe. Il faut imaginer que, cent ans plus tôt, plus de 2 000 travailleuses exigeaient et scandaient dans ces ruelles exiguës du vieux village : « Pemp real a vo ! » Littéralement, « cinq réaux (monnaie espagnole de l’époque), il y a aura » dans leur bourse, représentant 1,25 franc par heure de labeur.

Du petit matin jusqu’à ce que le stock de sardines soit épuisé, tard le soir, les travailleuses endurent des journées harassantes, pouvant durer jusqu’à 18 heures. Elles ne sont guère récompensées : 0,80 franc de l’heure, soit le prix d’un litre de lait, rappelle Françoise Pencalet.

Une grève de femmes contre la misère

Le 21 novembre 1924, une vague de rébellion prend naissance à la conserverie Carnaud, avant de se répandre dans les 25 entreprises de Douarnenez ; 2 000 travailleuses cessent de courber l’échine et de mettre en boîte les sardines pêchées par leurs maris ; 70 % des grévistes sont des femmes et mettent alors à l’arrêt le premier port sardinier du pays.

La mobilisation s’organise, soutenue par des militants syndicaux, féministes et communistes venus de Paris. Comme Charles Tillon, syndicaliste de la CGTU, futur commandant en chef des Francs-Tireurs et Partisans et ministre communiste.

Mais aussi, Lucie Colliard, activiste féministe et membre du comité directeur du PCF. Augustine Julien, ouvrière de production et déléguée de l’usine Parmentier, a conté à sa petite-fille sa rencontre avec la militante communiste : « Lucie Colliard lui a ouvert les yeux quant au fait d’être » citoyenne », de se battre pour ses droits ». Monique et Françoise se battent pour que Lucie Colliard soit enfin honorée à Douarnenez, étant donné ce qu’elle a apporté à la grève et aux sardinières.

Elles recueillent des signatures pour que l’ancienne usine Béziers, symbole de la répression patronale, devenue un parking, porte le nom de la militante. « Elle a tenté d’importer ses revendications d’égalité des genres, mais ça n’a pas pris du côté des sardinières, mesure Françoise Pencalet. Ce n’était pas réellement une grève féministe, mais plutôt une grève de femmes contre la misère. »

Après des mois de lutte acharnée, les sardinières finissent par obtenir un salaire horaire d’un franc, une augmentation de 50 % après 22 heures et au-delà de la dixième heure de travail consécutive, ainsi que la reconnaissance du droit syndical. La scène de la victoire est collée sur les murs de la ville grâce à un photomontage de Marianne Larvol, artiste locale. « Regardez comme elles étaient ravies ! » s’enthousiasme Monique Prévost.

Cent ans après, l’ancienne maire porte autour du cou un talisman mémoriel qui ne la quitte plus : un réal percé d’un trou, le sou tant convoité, et obtenu par les Penn Sardin lui colle à la peau. Sur les quais du port Rhu, un autre photomontage, plus dramatique cette fois, raconte les jours qui précèdent la victoire, le 8 janvier 1924.

Car, avant de céder, les usiniers engagent des briseurs de grève parisiens et tentent d’assassiner l’un des tenaces défenseurs des sardinières, Daniel Le Flanchec, maire communiste de la ville. Marianne Larvol est ainsi à l’origine de douze œuvres mémorielles dans la cité. Adossée au mur de l’ancienne maison de l’édile, elle détaille le portrait de ce « héros local ». Blessé par balle à la gorge, il survit. La tentative d’assassinat indigne largement dans le pays et participe à faire basculer la lutte.

Les Penn Sardin de 2024

À bâbord, le regard des deux femmes se pose sur des mouettes rieuses qui planent au-dessus des bateaux de pêche. Leur vol suit un marin. Jean s’en va en mer pour la journée uniquement, « de quoi gagner un salaire misérable, revenir dormir à la maison et recommencer », gronde-t-il, la capuche de son ciré sombre rabattue sur les yeux. Il ramène aussi la godaille – rebut de pêche offert aux marins – pour nourrir ses trois petits garçons apprentis pêcheurs.

Françoise Pencalet se régalait de ces « chutes » de langoustines rapportées par son père tous les trois mois. « C’est pour cela que les filles et les fils de langoustiniers ont le teint tout rose, ils ont passé leur enfance à manger de la langoustine », taquine Monique Prévost.

À Douarnenez, les deux plus gros employeurs sont toujours, en 2024, des usines d’agroalimentaire. La moitié de la population active y travaille. Mais les marins peinent encore à vivre dignement, tandis que les ouvriers des usines de sardine et de thon se battent toujours pour un salaire à la hauteur du sacrifice d’un corps esquinté. L’entreprise Chancerelle, qui existait déjà il y a cent ans, s’est installée en périphérie de la ville. Seules les âmes d’anciennes sardinières tuées à la tâche flottent encore dans les ruines des anciennes conserveries du centre-ville.

« Le travail est resté artisanal, pénible, répétitif et payé une misère », déplore Sébastien Friant, délégué CGT de l’entreprise. Ce sont encore majoritairement des femmes qui s’y collent : 327 des 500 salariés sont des travailleuses. Patricia, ouvrière de production depuis 1994, ne supporte plus les cadences infernales. Son dos la fait souffrir, ses épaules et ses poignets aussi. « Je ne tiendrai jamais jusqu’à la retraite… » souffle-t-elle, éreintée. « Nous sommes conscients que les métiers de nos collaborateurs dans nos ateliers de production peuvent être exigeants », commente l’entreprise…

Comme pour les sardinières de l’époque, la journée de Patricia se termine uniquement lorsque les poissons sont mis en boîtes et prêts à être livrés. Parfois à 17 heures, parfois à 19 heures selon les stocks et ce que le patronat décide. La lutte des classes continuerait-elle à Douarnenez ? Tiphaine Guéret, journaliste indépendante et autrice de l’ouvrage Écoutez gronder leur colère, les héritières des Penn Sardin de Douarnenez, fait un lien entre la lutte de 1924 et celle, en octobre 2023, des ouvrières actuelles, pour une hausse de salaire de 10 % et une amélioration des conditions de travail.

« On a fini par obtenir 2,6 % de revalorisation de nos primes, 30 euros en plus par mois sur un salaire à peine au-dessus du Smic », s’attriste Sébastien Friant. La direction se targue de salaires « environ 3 % au-dessus des minima conventionnels » et « au-dessus du Smic, ce qui nous positionne comme une entreprise mieux-disante que la plupart des entreprises environnantes ».

« C’est fédérateur de fêter le centenaire, mais les conditions de travail ont bien changé », assure aussi la maire divers droite de la commune, Jocelyne Poitevin. Comme si les sardinières d’aujourd’hui n’étaient pas confrontées elles aussi à des conditions de travail et de très bas salaires pour leur époque. Et comme s’il n’y avait ici rien à remuer…

Mémoire ouvrière, un enjeu politique

Les commémorations ne sont d’ailleurs pas sorties de nulle part. Il y a un an, Françoise Pencalet et Monique Prévost se scandalisent d’une coupure de presse : une interview de la maire actuelle, Jocelyne Poitevin donc, qui, dans le Télégramme de mai 2023, déclare : « À chaque fois, on nous ramène l’histoire ouvrière, les sardinières (…). C’était il y a cent ans, il faut arrêter ! » Monique Prévost écarquille les yeux, abasourdie : « Comment peut-on tourner le dos à notre histoire ouvrière ? Nous ne pouvions pas laisser dire cela ! » Contre-attaque. Les deux femmes décident de créer un collectif de célébration du centenaire de la lutte et imaginent un cycle de conférences, en plus d’inclure les commerçants et les associations du coin aux festivités.

Les cordes vocales toujours échauffées, elles imaginent une foule chantant les airs révolutionnaires des sardinières et rassemblent largement. Sept répétitions plus tard, Eva et Manon, qui se définissent comme « passeuses de chant », se disent fières « de ce mélange de gens, des enfants de l’école jusqu’aux personnes âgées en Ehpad ».

Ethan, 7 ans, récite les paroles le soir avant de s’endormir, pour ne pas les oublier. « Il faut travailler, il n’y a pas d’horaires. À bout de fatigue, pour n’pas s’endormir. Elles chantent en chœur, il faut bien tenir », balbutie-t-il. Ses parents font aussi partie de la foule chantante : des répétitions imprévues ont parfois lieu au moment du dîner, « pour que les paroles rentrent dans nos mémoires » !

D’autres sentraînent à reproduire le rythme de la musique : « Il faudra battre la mesure en entrechoquant deux sabots », explique Gildas Sergent, de l’association Emglev Bro Douarnenez, qui promeut la culture et la langue bretonnes. Et les tenues complètes des sardinières sont à découvrir dans les locaux de la médiathèque, avec une exposition réalisée par la municipalité, malgré sa volonté de reléguer la grève de 1924 à un folklore lointain.

« Il ne faut pas minorer la participation de la municipalité dans le programme », se défend la maire. « La municipalité a soutenu notre collectif, mais elle n’est pas à l’origine d’une quelconque action, bien qu’elle ait été notre partenaire financier pour le logo, la location de salle », pointe Françoise Pencalet.

L’artiste Marianne Larvol continue : « Politiquement, il lui aurait été impossible de ne pas s’associer au centenaire étant donné ce que nous, le collectif, organisons. » Preuve que tout est question de rapport de force et que, cent ans après, les sardinières entraînent encore les foules derrière elles.

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7 novembre 2024 4 07 /11 /novembre /2024 05:59
Au crépuscule de sa vie, Madeleine Riffaud avait acquis une certitude : « Il n’y a aucune cause perdue, excepté celles qu’on abandonne en chemin. »

Au crépuscule de sa vie, Madeleine Riffaud avait acquis une certitude : « Il n’y a aucune cause perdue, excepté celles qu’on abandonne en chemin. »

Mort de Madeleine Riffaud, sentinelle d’un siècle de tempêtes

La résistante, poétesse et journaliste, qui couvrit pour l’Humanité les guerres d’Algérie et du Vietnam, s’est éteinte à l’âge de 100 ans.

Une héroïne s’en est allée. Son legs : tout un siècle de combats. Madeleine Riffaud, poétesse, résistante, ancienne journaliste à l’Humanité, est décédée ce mercredi 6 novembre. Elle était un personnage de roman, à l’existence tramée par la lutte, l’écriture, trois guerres et un amour. Une vie d’une folle intensité, après l’enfance dans les décombres de la Grande guerre, depuis ses premiers pas dans la résistance jusqu’aux maquis du Sud-Vietnam.

Dans son appartement parisien, la vieille dame, front plissé, traits durs, regard perçant malgré la cécité, dépliait d’elle-même un récit sûr, précis, ponctué du pépiement des oiseaux qui l’entouraient, dans leurs grandes volières. Vêtue de noir, ses longs cheveux toujours nattés de côté, elle fumait, en se remémorant l’intime et l’histoire, et jusqu’à la première blessure, longtemps enfouie dans l’oubli, un viol enduré alors qu’adolescente, elle devait passer la ligne de démarcation pour rejoindre le sanatorium. La tuberculose était tombée sur elle comme un malheur de plus, dans l’exode, alors que sa famille fuyait Paris occupé.

Embrasser le combat

De la maladie, elle se releva, pour embrasser le combat. « Je suis entrée dans la Résistance avec un nom d’homme, un nom d’Allemand, un nom de poète » : dans la clandestinité, elle était Rainer, pour Rainer Maria Rilke. Il avait fallu la force de conviction de Raymond Aubrac pour qu’elle accepte de témoigner de son action dans la Résistance – « Je suis un antihéros, quelqu’un de tout à fait ordinaire. Il n’y a rien d’extraordinaire dans ce que j’ai fait, rien du tout », insistait-elle dans le documentaire que lui consacra en 2020 Jorge Amat, Les sept vies de Madeleine Riffaud.

Alors que les nazis tiennent la France sous leur botte, la jeune communiste organise d’abord le ravitaillement des clandestins, puis passe à des actions plus dures : recrutements, planques, attaques de dépôts d’armes. L’affiche rouge placardée dans les couloirs du métro lui brise le cœur. Comme Missak Manouchian, comme Joseph Epstein qu’elle admire, elle est de ceux que l’occupant tient pour des « terroristes ». Ce mot-là lui restait en travers de la gorge : « Jamais nous n’attaquions des civils. Jamais nous ne faisions quoi que ce soit qui puisse les mettre en danger. On se serait plutôt fait crever. »

Des explosifs cachés sous le manteau, dans Paris quadrillée par les Allemands, elle échappe par miracle à l’arrestation, grâce au langoureux baiser d’un camarade. La mort d’un ami abattu d’une balle tirée dans le dos, à bout portant, décuple sa rage. Le désir de vengeance l’étreint. Sur le pont de Solférino, elle attend que le soldat allemand choisi pour cible se retourne vers elle pour lui mettre deux balles dans la tempe. « Il n’a pas souffert. J’ai enfourché ma bicyclette, je suis repartie sur les quais », soufflait-elle dans la vieillesse, en taisant ce qui s’est, ce jour-là, brisé en elle, gravé dans sa jeune poésie : « Ça fait mal de tuer./ C’est la première fois./ Sept balles dans mon chargeur. »

Elle est aussitôt arrêtée, conduite rue des Saussaies, au quartier général des SS. « La suite, je n’aime pas la raconter. » La suite, c’est l’atroce épreuve de la torture, entre les mains des bourreaux de la police de Vichy, puis de la Gestapo. « Ceux-là, demain, qui me tueront/Ne les tuez pas à leur tour/Ce soir mon cœur n’est plus qu’amour », promet-elle, au fond de sa geôle de Fresnes. Elle manque d’être fusillée, se soustrait in extremis à la déportation. Quand l’insurrection éclate, elle est libérée de prison, prend part au combat, dirige la capture d’un train allemand aux Buttes-Chaumont. Ce soir-là, avec ses camarades, elle s’offre un festin : « Jamais depuis quatre ans nous n’avions si bien mangé. »

Oublier la fureur nazie, la boue, le sang, faire le deuil des amis tombés

Paris est libérée, elle a 20 ans, il faut oublier la fureur nazie, la boue, le sang, faire le deuil des amis tombés. Mais elle se sent vide, n’a pas de métier, traîne sur le pavé, sans but. Elle est prête à se noyer, lorsque son chemin croise celui de Claude Roy. Celui-ci la présente à Aragon, Tzara, Vercors. Pour elle, pour ses camarades, la poésie avait été, dans la longue nuit de l’occupation, un pari contre la mort. Dans ses yeux, Éluard décèle une infinie détresse. Elle lui fait lire les vers griffonnés dans sa prison : « Je n’ai jamais donné vos noms/Je serai fusillée demain ». Il les fait publier ; Picasso dessine son portrait ; elle devient journaliste en couvrant les grèves. Elle a trouvé son chemin : « J’avais un beau métier : trouver des mots. »

À Berlin, au Festival mondial de la jeunesse, elle rencontre le poète vietnamien Nguyen Dinh Thi, le grand amour de sa vie. Lorsqu’elle le retrouve à Hanoi en 1955, leur idylle fait grand bruit : « Tout le monde voulait nous marier, comme un symbole de la paix retrouvée. » Hô Chi Minh ne l’entend pas ainsi, il lui demande de repartir à Paris. Elle pleure. « On ne fait rien avec des larmes. Tu es journaliste : fais ton travail », ordonne-t-il. Une autre guerre, déjà, s’est allumée. Au retour, l’Humanité l’envoie en Algérie. Dans ses reportages, elle témoigne des atrocités de la « pacification », de la violente répression qui s’abat sur tout un peuple en quête de libération : « Jamais, de ma vie, je n’ai vu une guerre aussi sale. »

La tuberculose la rattrape, la cloue en France. Aux Algériens, elle dédie alors un recueil de poésie : Si j’en crois le jasmin. Le préfet Papon la poursuit en justice pour ses articles censurés sur « Les caves qui chantent » où l’on pratique la torture à Paris. L’OAS la prend pour cible : elle est grièvement blessée dans une attaque au plastic. À l’indépendance, Henri Alleg, qui a repris la tête d’Alger républicain, la met en relation avec l’antenne du Front de libération du Sud-Vietnam dans la Ville blanche. Elle recueille les témoignages de ses membres, revient avec des photos. L’Humanité les publie, sous le titre : « La deuxième guerre du Vietnam a commencé ».

Madeleine Riffaud rejoint le front en 1964. Dans la forêt, dans les galeries souterraines, sous les bombes, elle restera trois mois auprès des combattants de la guérilla communiste ; elle ramènera, avec son confrère australien Wilfred Burchett, des images exceptionnelles de cette guerre d’indépendance. Revenue au Nord, elle retrouve Nguyen Dinh Thi, qu’elle n’a jamais cessé d’aimer, et sera le seul témoin étranger de la première pluie de bombes déversée sur Haiphong par les B52 américains. Le retour dans l’atmosphère insipide de la France pompidolienne la désole. Elle se fait alors embaucher comme fille de salle dans un hôpital, en tire un récit poignant sur les vies de ces héroïnes anonymes. Les Linges de la nuit remportent un succès prodigieux.

Au crépuscule de sa vie, Madeleine Riffaud avait acquis une certitude : « Il n’y a aucune cause perdue, excepté celles qu’on abandonne en chemin. » « J’ai toujours cherché la vérité. Au Maghreb, en Asie, partout où des peuples se battaient contre des oppresseurs, confiait-elle. Je cherchais la vérité : pas pour moi, mais pour la dire. Ce n’est pas de tout repos. J’ai perdu des plumes à ce jeu. J’en ressens encore les effets dans mes os brisés. Mais si c’était à refaire, je le referais. » Ne jamais capituler, « réveiller les hommes » guetter dans l’obscurité la moindre lueur, aussi vacillante fut-elle : Madeleine Riffaud, reporter intrépide, poétesse ardente, fut dans sa traversée d’un siècle de tempêtes une sentinelle opiniâtre.

LES HAÏKS ROUGES

Hier, la Casbah s’est dressée, en plein jour, face aux ultras et à l’armée, brisant la couronne d’épines que lui font depuis si longtemps, barbelés et chevaux de frise. Par milliers et milliers, les Algériens des bidonvilles, suspects de toutes les perquisitions, victimes de tant de ratonnades, ont dévalé, sans armes, à Alger, comme à Oran, leurs ruelles en pentes. Les femmes, vêtues de vert et de blanc, aux couleurs de leur patrie, allaient devant.

Et jamais encore, dans l’histoire algérienne, on n’avait vu tel raz de marée d’un peuple affirmant, devant le monde entier, qu’il est prêt à tous les sacrifices pour être libre. Ils ont eu peur. Ils ont tiré. Une fois de plus, ils ont tué. Deux enfants algériens sont mourants à Belcourt, deux de ces gosses innombrables qui essaient de gagner leur pain à l’âge où les nôtres vont à l’école… Car à Belcourt, comme à Bab el-Oued, les ultras, eux, étaient armés, face aux Algériens agitant leurs drapeaux. Ils ont tiré, calfeutrés derrière leurs fenêtres. D’autres ont tenté de renverser une ambulance venue chercher des blessés ! On les a laissés faire. Pire encore. Au pied de la Casbah, où les musulmans tentaient de franchir les barrages pour se répandre dans leur propre ville, Alger, les paras et la Légion ont tiré “dans le tas » avec leurs mitraillettes.

Combien de morts parmi cette foule désarmée qui demandait, femmes et gosses en tête, qu’on lui rendit la paix et sa patrie, qu’on donnât un vrai sens aux mots officiels Algérie algérienne ? Des dizaines de morts, des centaines de blessés ? Qui sait combien ?

Cependant, de Gaulle, dans ses discours, répétait « Fraternité » ! Quelle dérision, tandis que les mitraillettes faisaient leur tac-tac-tac et que les voiles blancs, les haïks des femmes algériennes, se tachaient de rouge, tandis que les banderoles demandant la négociation avec le FLN traînaient dans le sang !

Fraternité, oui, mais fraternité de tout notre peuple envers les victimes tombées, en ce dimanche, pour le droit des patries à disposer d’elles-mêmes, pour la négociation qui, seule, pourra mettre fin à la guerre qui nous ronge. Pour les intérêts véritables de la France comme de l’Algérie…

Madeleine Riffaud

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5 novembre 2024 2 05 /11 /novembre /2024 16:19

 

Le 2 novembre dernier, sur un plateau de télévision de la chaîne CNews, sans que quiconque, au nom des faits eux-mêmes, ait eu l’idée de lui porter la contradiction, Michel Onfray vient de tenir des propos aussi gravement injurieux qu’absolument infondés à l’égard du Parti Communiste Français et de la CGT : les syndicalistes cheminots et la « gauche de la SNCF » auraient été d’une passivité servile devant les injonctions de l’Occupant et des collaborateurs, exécutant tranquillement les ordres de mort qui leur étaient donnés.

M. Onfray a-t-il pris la peine de se renseigner quelques minutes avant de parler ? Il aurait appris que Pierre Semard, ancien secrétaire général du PCF et dirigeant, en 1939, de la fédération CGT des cheminots, a été fusillé en 1942 à la demande des nazis et élevé en 1949, malgré la guerre froide, au rang de lieutenant-colonel de la Résistance. Loin d’être un cas isolé, Semard est au contraire le symbole d’une profession qui, bien plus que toutes les autres, s’est engagée dans la Résistance. Les cheminots ont payé de leur sang leur engagement. Près de 9 000 ont péri dans des actes de résistance, 16 000 ont été blessés. 2 500 ont été déportés, dont 1 300 dans les camps nazis. 244 sont « morts au combat ». 112 d’entre eux ont été tués durant la Libération, ainsi que 87 cheminots résistants engagés à la Libération dans la nouvelle armée républicaine.

Les historiens ont montré que la Résistance cheminote a en effet été si large qu’elle a débordé le cadre des seuls cheminots syndiqués et communistes, mais c’est là où la CGT et le PCF étaient les plus forts que la Résistance fut la plus marquée. La seule démonstration que fait Michel Onfray en tenant de pareils propos, c’est sa volonté de réécrire l’Histoire.

Nous ne tolérerons jamais que soient ainsi effacés et niés ces hommes et ces femmes qui prirent tous les risques pour notre liberté, non sans en payer le prix le plus terrible. La liberté d’expression n’implique pas celle de diffamer.

Parti communiste français & Fédération CGT des cheminots

Le 4 novembre 2024. 

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2 novembre 2024 6 02 /11 /novembre /2024 16:28
Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
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Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
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Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
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Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
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Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix
Cérémonie d'hommage aux Tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aux victimes du massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 - 1er novembre 2024 à Morlaix

Très belles cérémonies du souvenir du passage des 2000 tirailleurs sénégalais à Morlaix du 26 octobre à mi novembre 1944 et d'hommage aux victimes de Thiaroye du 1er décembre 1944. A l'ancienne corderie de la Madeleine, désormais bar des deux rivières avec la plaque commémorative de Sylvie Bozoc, où étaient cantonnés les 300 tirailleurs sénégalais révoltés du non paiement des primes ayant refusé d'embarquer sur le Circassia le 5 novembre et sur le square de la résistance de la place René Cassin. Les autres ont continué à revendiquer leurs droits sur le Circassia et à Thiaroye près de Dakar, ce qui leur a valu une répression coloniale expéditive avec le massacre de Thiaroye et des condamnations de la justice militaire. La ville de Morlaix a rendu hommage à ces tirailleurs africains avec des lectures de jeunes (lecture d'un tirailleur prisonnier de guerre à sa marraine de guerre morlaisienne par Alice, lecture d'un poème de Léopold Sedar Senghor par Victor), du maire Jean-Paul Vermot, de Anne Cousin, de M.Thierno Ibrahim Gueye de la fédération des associations des descendants des tirailleurs sénégalais de l'Afrique, de Bachir Sy directeur du festival Thiaroye 44 et représentant du maire de Thiaroye, absent pour raison de santé, et d'Ismaël Dupont en tant que conseiller départemental présent avec Gaëlle Zaneguy à tout ces moments d'hommage. L'historien de la colonisation Gilles Manceron, de la direction de la ligue des droits de l'homme, a ensuite contextualise le massacre de Thiaroye dans le contexte colonial français pour accompagner les deux expositions présentées en mairie de Morlaix.

***

Photos Jean-Luc Le Calvez, Patrick Gambache, Ismaël Dupont

 

Intervention d'hommage aux tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et victimes pour certains du massacre colonial de Thiaroye Place René Cassin, square de la Résistance, Morlaix - 1er novembre 2024,

« Je déchirerai les rires Banania sur tous les murs de France. »

Les mots du poète Léopold Sedar Senghor dans son « Poème liminaire » lu par Victor sur les Tirailleurs sénégalais, ses compagnons d’arme et de captivité, résonnent encore aujourd’hui comme un programme.

Rendre hommage au passage des Tirailleurs sénégalais à Morlaix, ces 2000 soldats africains de l’Afrique Occidentale Française, l’AOF, venus de pays qui sont aujourd’hui le Sénégal, le Mali, le Niger, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et rappeler le souvenir du massacre colonial pour l’exemple qui attendait certains d’entre eux le 1er décembre au camp de Thiaroye, près de Dakar, et le faire avec nos amis sénégalais et des associations comme la Ligue des Droits de l’Homme, engagées pour l’amitié entre les peuples, les droits de l’homme, le refus du racisme, n’a rien d’innocent ni de banal.

C’est un acte d’engagement fort de la part de la ville de Morlaix et de notre communauté, un engagement contre l’amnésie, contre ces oublis volontaires, occultations et dénaturations du passé qui favorisent la répétition des mêmes drames, des mêmes souffrances, des mêmes erreurs, des mêmes fautes.

Un engagement pour l’amitié et la compréhension réciproque avec nos frères d’Afrique et du Sénégal avec lesquels nous partageons une histoire commune qui a sa part de beauté et de fécondité, d’enrichissements réciproques, mais qui est surtout marquée par l’iniquité et les violences de l’esclavage et du colonialisme, du paternalisme et du sentiment de supériorité qui les ont accompagnés.

Ces tirailleurs africains ont été massacrés, fauchés par des auto-mitrailleuses et les fusils de leurs pairs sur la froide décision préméditée de leurs propres officiers, les généraux nourris à la culture coloniale Marcel Dagnan et Yves de Boisboissel, commandant supérieur des troupes de l’AOF, un massacre colonial à Thiaroye au Sénégal qui annonce ceux de Sétif en Algérie 6 mois plus tard en mai 1945 et ceux de Madagascar en 1947.

Je suis de ceux qui comme le philosophe Vladimir Jankélevitch, considère que se souvenir et commémorer est un acte moral et, plus encore qu'un devoir, une exigence infinie. « L’oubli serait une injustice absolue »… Ce serait permettre de les tuer deux fois.

La mémoire est quelque chose qui nous incombe, quelque chose qui doit se perpétuer aussi par l’éducation, la transmission des connaissances et des expériences, mais aussi des valeurs, car notre responsabilité n’est pas simplement vis-à-vis des hommes du passé dont il ne faut pas oublier les sacrifices, l’héroïsme, les souffrances et les injustices qu’ils ont endurées pour notre liberté, mais aussi vis à vis de l’avenir et des générations nouvelles, à qui nous ne voulons pas léguer un monde marqué par la guerre, la haine, l’intolérance, l’intolérance, le refus de la solidarité et de la reconnaissance d’une universalité réelle de l’humanité qui exige de la fraternité et de l’entraide.

C’est donc ce que nous faisons aujourd’hui, et il faut remercier ceux qui nous ont permis de le faire.

D’abord les Sénégalais et les Africains descendants de tirailleurs qui ont entretenu cette mémoire héroïque et traumatique tout à la fois.

C’est Léopold Sédar Senghor, le poète et militant de la cause des colonisés avec Aimé Césaire, devenu chef d’État, c’est plus récemment Marcel Christophe Colomb Maléane, l’artiste qui a réalisé la magnifique fresque des Tirailleurs tombés en martyrs à Thiaroye dont une replique sur toile a été offerte à Anne Cousin par l’artiste, puis au musée de Morlaix par Anne Cousin.

C’est localement Anne Cousin qui a fait un beau travail de recherche et de d’engagement de la mémoire aussi pour faire connaître cet épisode oublié des liens entre les morlaisiens et les tirailleurs sénégalais, et le passage des tirailleurs à Morlaix. C’est la LDH qui l’a accompagné et qui a permis de réaliser cette semaine de commémoration comme la mairie de Morlaix.

140.000 « tirailleurs sénégalais » étaient mobilisés en 1940, dont 40.000 engagés dans les combats en métropole. Ce sont ces soldats africains qui vont payer le plus lourd tribut de sang dans les combats extrêmement violents de l'été 1940 : 17.000 d'entre eux vont mourir pour défendre le territoire français. Cela représente 38% des mobilisés africains combattant en France. C’est dire s’ils ont été exposés au feu et si les combats de mai-juin 40 n’étaient pas une partie de plaisir pour les soldats de l’armée française.

Sur les 70 000 soldats des Forces Françaises Libres, celles qui ont débarqué en Italie, en Corse et en Provence, 30 000 soldats sur étaient des tirailleurs africains en 1944.

Au total, on estime que 200 000 Africains participèrent à la guerre au côté de la France et pour la défense de son territoire et de sa liberté entre 1940 et 1944, et entre les deux dans les combats en Afrique, et 20 000 à 25 000 soldats africains environ y perdirent leur vie, soit 10 % d’entre eux. 200 000 histoires qui mériteraient d’être racontées.

A l’automne 1944, la guerre n’est pas terminée et le territoire français pas encore libéré – Morlaix l’est le 8 août, il y a 80 ans - quand les autorités décident de rapatrier les tirailleurs africains et de « blanchir l’armée » qui ira libérer l’Alsace et l’Allemagne de l’emprise du Nazisme, des tirailleurs africains démobilisés en tant que combattants tout récents, engagés notamment dans le débarquement de Provence en août 1944 et la libération du territoire national, ou en tant qu’ex prisonniers de guerre maintenus en France par volonté du vainqueur nazi qui craignait qu’une présence africaine ne contamine son territoire, tout à ses délires racistes de pureté.

Plus de 100 000 tirailleurs africains sont démobilisés en France, dont beaucoup de prisonniers de guerre qui ont passé leur 4 ans de captivité dans des conditions très difficiles sur le territoire national, ce que raconte très bien la bande dessinée de Kris et Fournier « Plus près de toi ». Les soldats arrivés en 1944 pour libérer la France sont remplacés par 50 000 FFI issus de la Résistance Intérieure qui s’intègrent à l’armée régulière. De Gaulle pensaient sans doute mieux les contrôler. Et l’armée américaine ne voulaient peut-être non plus pas trop d’africains dans l’armée française engagée en Allemagne. Rappelons que la présence des tirailleurs africains dans l’armée d’occupation de la Rhur et de la Sarre au début des années 20 avait été un motif de propagande pour les nationalistes allemands à l’international, non dénué de présupposés racistes.

Un navire britannique, le Circassia, est affrété pour ramener à Dakar des tirailleurs venus des centres de transit des troupes indigènes coloniales, et réunis à Morlaix, pour être embarqués. On est tout début novembre. Le port de Morlaix est choisi pour acheminer ces 2000 hommes pour un départ prévu le 4 novembre 1944.

2000 tirailleurs sénégalais arrivent donc à partir du 26 octobre à Morlaix, venus de La Flèche, Versailles, Rennes, Coetquidan, Cholet. On a prévu de les loger dans un cantonnement rue de Callac et dans la corderie de la Madeleine, au-dessus du cimetière Saint Charles et de la place Saint Nicolas. Les autorités militaires ont formellement défendu aux familles françaises d'héberger les troupes, mais « cette consigne ne sera pas respectée car les Morlaisiens vont vite constater que certains d'entre eux sont mal nourris et malades. Des familles vont leur donner alimentation et médicaments, prêter leurs cuisines, les héberger, les accueillir chaleureusement » ( Retour tragique des troupes coloniales, p. 39).

Ma mamie, Nicole Bévout, née Livolant, qui habitait avec sa famille à côté du terrain militaire de la Madeleine et des réservoirs, aujourd’hui Pors ar Bayec, fut du nombre avec sa maman. Et elle me l’a raconté. Les Africains mangent souvent la soupe le soir dans les familles, ils jouent avec les enfants, sont soignés et on leur permet même souvent de se reposer au chaud sur des vrais matelas dans les maisons du quartier populaire de la Madeleine. Certains d'entre eux fraternisent avec la population morlaisienne et correspondront avec des familles pendant des semaines, mais beaucoup aussi sont excédés par les épreuves endurées pendant leur captivité sous surveillance française et l'ingratitude de la France. Surtout, ils craignent de se faire rouler comme les soldats africains de la première guerre mondiale, revenus au pays après tant de sacrifices sans soldes ni pensions d'anciens combattants.

Anne Cousin raconte cet épisode dans son livre mais aussi l’excellente BD de Kris et Fournier « Plus près de toi », dans une des dernières pages de son deuxième volume. Et également l’historien Martin Moore dans l’adaptation de sa thèse Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial, publiée aux Presses universitaires de Rennes, Martin Moure, Anne Cousin, Kris, que j’avais eu plaisir à côtoyer et inviter dans mon collège en 2017, à deux pas du Bar des Deux Rivières, l’ancienne corderie de la Madeleine où ont été détenus après s’être révoltés.

Avant le départ prévu le 4 novembre, les tensions et les inquiétudes s'exacerbent parmi les tirailleurs sénégalais et des incidents éclatent. Ce qui allume la mèche est le constat d'une inégalité de traitement entre les anciens prisonniers venant de Versailles, qui ont reçu des rappels de solde de 7000 anciens francs alors que les soldats africains d'autres centres de regroupement ont perçu seulement 2200 francs.

Le 28 octobre, un capitaine venu du Mans à Morlaix pour régler le rappel de solde est séquestré quelques instants par les sénégalais et doit se justifier sur ces déséquilibres constatés. Il peine à convaincre que ceux qui ont reçu moins de rappels de soldes seront payés à leur arrivée à Dakar. Finalement, à l'aube du 5 novembre, 300 hommes refusent d'embarquer sur le Circassia.

Pendant 6 jours, les Tirailleurs Sénégalais sont cantonnés dans la Corderie de la Madeleine (le bar des deux rivières place de la Madeleine aujourd’hui) jusqu'à ce que 100 gendarmes surarmés les réveillent brutalement à 6heures du matin le 11 novembre, les obligeant à sortir dans le froid, puis à revenir dans le bâtiment pour fouiller leurs bagages dans le noir, avant de les obliger d'acheminer tous leurs bagages à pied jusqu'à la gare de Morlaix, distante de 1,5km. Les Sénégalais se révoltent contre ce traitement brutal qui revient à les traiter comme des criminels et des coups de poings, des coups de crosse et des coups de feu sont échangés, faisant 8 blessés sérieux, dont un gendarme.

Dans l'édition du 18 au 25 novembre de l'hebdomadaire de tendance républicaine socialiste avec des sympathies communistes qui reparaît localement, L'Aurore, on s'émeut et s'indigne de la brutalité de l'armée vis à vis de ses Africains qui l'ont servi avec loyauté et qui ont tant sacrifié pour elle:

Le journal L'aurore titre: « 11 novembre sanglant à Morlaix: cent gendarmes tirent sur des Sénégalais désarmés (…). Deux mille Sénégalais récemment délivrés de camps de concentration et groupés à Morlaix attendaient depuis quelques jours leur départ pour l'Afrique. Après plus de quatre ans de captivité, leur arriéré de solde était très important, aussi en attendaient-ils le paiement avec fébrilité. Les 300 tirailleurs sénégalais indignés ayant refusé leur embarquement vont donc parvenir au camp de Trévé près de Loudeac dans les Côtes d'Armor (Côtes du Nord à l'époque) le 11 novembre 1944, et ils vont rester encore en rétention jusqu'au 18 janvier 1945, avant d'être transférés à Guingamp.

Pendant ce temps, leurs compagnons tirailleurs sénégalais sont embarqués pour Dakar et un climat d'agitation règne sur le bateau, puisqu'à chaque escale – Plymouth, Cardiff, Casablanca- les soldats demandent à ce qu'on leur paye leurs arriérés de soldes, tandis qu'on leur répond invariabalement qu'il n'y a pas assez de liquidités sur le moment dans les caisses et que leur réglera ce qu'on leur doit un peu plus tard. A Casablanca, pour calmer un peu le climat, on oblige 400 tirailleurs à débarquer.

Quand le Circassia arrive à Dakar le 21 novembre, les 1200 ex-prisonniers sont directement transférés au camp de transit de Thiaroye, ville proche de la capitale sénégalaise, avant de pouvoir regagner leurs pays d'origine. Là-bas, les tirailleurs sont très inquiets, craignant qu'on les disperse avant de leur verser leur dû, auquel ils devraient finalement renconcer, roulés dans la farine par une armée menteuse et manipulatrice comme la génération passée en 1918. A l'arrivée des tirailleurs à Thiaroye, le gouverneur général de l'Afrique Occidentale Française envoie un télégramme au ministère des colonies à Paris disant qu'il y a urgence à satisfaire les légitimes réclamations des soldats démobilisés en disant sinon qu' « il n'est pas impossible que incidents graves se produisent malgrés précautions prises... ».

C'est pourtant ce qui arrive. Ne voyant pas venir leur solde alors qu'on leur demande maintenant de reprendre le train en partance pour Bamako au Mali, 500 tirailleurs refusent de prendre le train et retiennent le général Dagnan, commandant la division Sénégal-Mauritanie pendant une heure dans sa voiture.

Le 1er décembre, entre 35 et 70 hommes selon les estimations les plus basses sont tués à la mitrailleuse à Thiaroye. Ils s’appelaient Saliou, Amar, Dayo, Amadou, Mao, Fara, Sikosio, Ibrahima N’Diaye, N’gour N’gour, Niadé Duazai, Sadiou Sène, M’Bap Senghor, et bien d’autres dont les identités ont été enfouies, cachées comme leurs corps. Ils avaient risqué leur vie et sacrifié des années de leur vie pour la défense de la France.

Plusieurs autres ont été condamnés de manière expéditive par la justice militaire dans un procès à charge à 10 ans d’emprisonnement. Leur crime : avoir réclamé leurs droits.

Des tirailleurs sénégalais passés par Morlaix et aussi très probablement, pour la petite histoire, des compagnons d’armes de mon grand-père maternel, paysan breton de Loire-Inférieure, Raymond Dupont, qui avait été en tant qu’appelé puis rappelé plusieurs années sergent-chef dans un régiment de tirailleurs sénégalais, d’abord à garder des républicains espagnols sur les plages des Pyrénées orientales à Argelès sur Mer dans des camps de concentration qui ressembleront sensiblement au sort réservé aux tirailleurs sénégalais fait prisonniers en France, gardés par la gendarmerie française, de 40 à 44, puis dans la drôle de guerre et la vraie guerre en mai-juin 1940, Raymond Dupont étant fait captif à Mirecourt dans les Vosges, en même temps que ses compagnons d’armes tirailleurs sénégalais, notamment Antoine Abibou et Doudou Diallo, mais envoyé en stalag de prisonnier de guerre en Allemagne, quand les tirailleurs africains sont eux envoyés prisonniers en France.

C’est pourquoi nous faisons aujourd’hui avec autant d’émotion cet hommage aux tirailleurs sénégalais, réparation d’un oubli et d’une injustice, signe de l’amitié et de la reconnaissance que nous leur portons, ainsi qu’à leurs descendants.

Ismaël Dupont, conseiller départemental du Canton de Morlaix, avec Gaëlle Zaneguy

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3 octobre 2024 4 03 /10 /octobre /2024 05:30
Ce Jeudi 3 octobre à Quimper, 18h: un film sur la résistante communiste juive FTP MOI Eva Golgevit, par Jean Barat: "La résistante et l'enfant" (Médiathèque Alain Gérard)
Ce Jeudi 3 octobre à Quimper, 18h: un film sur la résistante communiste juive FTP MOI Eva Golgevit, par Jean Barat: "La résistante et l'enfant" (Médiathèque Alain Gérard)
C'est ce soir, jeudi 3 octobre, à la médiathèque de Quimper, à 18h: le film sur la résistante juive agent de liaison du mouvement de résistance communiste FTP MOI Eva Golgevit, rescapée de la rafle du Vel d'Hiv avec son fils: "La résistante et l'enfant", par Jean Barat.
 
CINEMA DOCUMENTAIRE ET TEMOIGNAGE
 
     Médiathèque Alain-Gérard - esplanade Julien Gracq à Quimper
« La résistante et l’enfant »
 
Film de Jean Barat, France, 80 min, 2024
Jeudi 3 octobre à 18h séance tout public 
En présence de Jean Golgevit
La résistante, c’est Eva Golgevit, du groupe Solidarité de la section juive de la M.O.I (Main-d’œuvre Immigrée), mouvement de résistance communiste - l’enfant, c’est Jean, son fils qu’elle cache après avoir réchappé à la Rafle du Vel d’Hiv. Pilier de la Chorale populaire juive, la poésie et le chant étaient pour Eva Golgevit l’expression de sa lutte contre la barbarie et de l’espoir dans un monde meilleur. À Auschwitz, elle chantait pour ses camarades. Ce film entrecroise le témoignage filmé dans les années 2000 d’Eva qui livre un récit passionnant sur l’avant-guerre de Varsovie à Paris, la Résistance, son arrestation, Auschwitz, le Block 10, Birkenau… avec celui de son fils, Jean, qui raconte aujourd’hui, la séparation, sa survie, les retrouvailles et un lien indéfectible qui l’unissait à sa mère : le chant yiddish.
Projection du film et discussions
85 places 
Entrée libre et gratuite sans inscription - dans la limite des places disponibles
 
Bande annonce:
 
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***
Eva Golgevit, rescapée des camps nazis, Eva Golgevit, est décédée en mai 2017, à l'âge de 104 ans. Eva Golgevit est née en Pologne le 16 juin 1912 dans une famille juive pratiquante. Elle s'installe à Paris en 1934 et y épouse Charles Goldgewicht en 1937. Engagé volontaire étranger, Charles est fait prisonnier en juin 1940. En mai, Eva s’engage quant à elle dans le groupe Solidarité, section juive du mouvement de résistance communiste de la MOI (Main-d’Œuvre Immigrée). Elle y porte assistance aux familles démunies et cherche des familles d'accueil pour les enfants juifs en danger.
Arrêtée sur dénonciation au printemps 1943, elle est emprisonnée puis déportée, comme la majorité de son réseau, par le convoi 58, le 31 juillet 1943. À son arrivée à Auschwitz, Eva est internée dans le Block 10, celui des "expériences médicales". Durant dix mois, elle parvient à échapper au pire, notamment grâce à la solidarité de ses camarades.
Elle est ensuite transférée à Birkenau puis au camp annexe à Rajsko, une ferme agricole expérimentale où les conditions sont un peu moins dures. Elle survivra encore à trois "marches de la mort" qui la mèneront aux camps de Ravensbrück et de Malchof. Le 1er mai 1945, elle est libérée par les troupes soviétiques au nord de Berlin.
De retour à Paris, elle retrouvera son mari puis son fils, Jean. En 1952, Eva donnera naissance à un second enfant, Elie. Elle ne se départira jamais de l'esprit de solidarité et de cette foi en la vie qui la caractérisait.
Témoin d'un monde yiddish en grande partie disparu dans la Shoah, Eva n'a cessé de chanter les airs populaires de sa jeunesse polonaise. Ces derniers ont fait l'objet d'un enregistrement et d'un CD sorti en 2013. Elle avait livré son témoignage dans un ouvrage intitulé Ne pleurez pas, mes fils... (Le Manuscrit / Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2010).
 
Source: Fondation pour la Mémoire de la Shoah
 
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3 octobre 2024 4 03 /10 /octobre /2024 05:12
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
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80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,

Un vrai bonheur de découvrir en mairie de Quimper les magnifiques expositions installée à l'occasion de la commémoration des 80 ans de la Libération: sur les résistantes quimpéroises, dont notre camarade Denise Larzul, sur la résistante centenaire Madeleine Riffaud, militante du parti communiste pendant des décennies, anticolonialiste, poète, journaliste à l'humanité et au journal d'Aragon, "Ce soir", amie de la révolution et de la résistance vietnamienne, surtout, avec une formidable exposition basée sur la Bande dessinée de Jean-Dominique Morvan, scénariste, et Bertail, dessinateur, dont le 3e tome, tout aussi beau que les 2 premiers, vient d'être publié, et enfin le groupe Manouchian FTP MOI de l'Affiche Rouge, avec de nouveau à l'appui une BD de JD Morvan soutenue par le musée de la Résistance Nationale.

Merci et bravo à la mairie de Quimper pour ce travail de transmission de la mémoire de la Résistance!

Ismaël Dupont

80 ans de la Libération en mairie de Quimper - Exposition sur Madeleine Riffaud, les résistants étrangers du groupe Manouchian FTP-MOI, et femmes résistantes quimpéroires,
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3 octobre 2024 4 03 /10 /octobre /2024 04:01
Un film à découvrir: Mémoires de Palestine - Entretien de Serge Le Peron avec Leïla Shahid et plongée dans 100 ans d'histoire de la Palestine
Un film à découvrir: Mémoires de Palestine - Entretien de Serge Le Peron avec Leïla Shahid et plongée dans 100 ans d'histoire de la Palestine
Shirine Hussaini Shahid et son père (Mémoires de Palestine)

Shirine Hussaini Shahid et son père (Mémoires de Palestine)

J'ai eu la chance de découvrir aux Studios à Brest lundi 30 septembre grâce à une soirée organisée par le groupe AFPS de Brest (la salle était comble) le très beau et émouvant film "Mémoires de Palestine" de Serge Le Peron, un dialogue avec Leïla Shahid, représentante de l'OLP en France et en Europe dans les années 1990-2000, qui fut la voix de la Palestine en France, pendant Oslo, la seconde Intifada, et une voix magnifique de courage, de liberté, de force de conviction. Le film de son ami Serge Le Peron, breton et finistérien, parcourt l'histoire de la Palestine entre 1920 et 2020 à partir d'images d'archives et du parcours de la famille de Leïla Shahid, retracée par la mère de Leïla, Shirine Hussaini Shahid, une autre femme puissante, l'inspiratrice de Leïla, émigrée au Liban et à Beyrouth quand son mari, le grand-père, ancien maire de Jérusalem, dirigeant nationaliste palestinien, est emprisonné par les britanniques au milieu des années 30. Une famille dévouée à l'idéal d'indépendance et de souveraineté des Palestiniens, pour la vie et la liberté de son peuple, au combat contre l'occupation coloniale britannique et israélienne, ce qui n'a jamais empêché Leïla Shahid de tenir un discours d'amour de la vie, du dialogue entre les cultures et les peuples, de paix, de respect, de laïcité. Leïla raconte dans ce film aussi comment elle a accompagné Jean Genet dans les camps de réfugiés palestiniens du Liban, expérience matricielle du dernier chef d’œuvre de Jean Genet, "Un captif amoureux", ou encore Jacques Chirac à Ramallah quand ce dernier a déjoué avec autorité les provocations des forces de sécurité israélienne pour pouvoir saluer les commerçants palestiniens autour de lui.

Ismaël Dupont

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 05:19
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet
commémoration de la libération de Saint Thégonnec ce dimanche 29 septembre avec un témoignage de Lucienne Nayet

Journée de célébration des 80 ans de la Libération de la commune de St Thégonnec organisée par le conseil municipal des jeunes avec ma binôme conseillère départementale du canton de Morlaix et adjointe jeunesse éducation à Saint Thegonnec Loc Eguiner Gaëlle Zaneguy et le concours d'une association locale passionnée d'histoire de la seconde guerre mondiale et de la mairie.

Bravo aux enfants et à tous pour ce bel événement.

A 14h30 notre amie Lucienne Nayet est intervenue sur son enfance d'enfant cachée et de fille de déporté à Auschwitz, avec les personnes âgées de la commune qui ont raconté leur expérience de l'occupation et de la Libération à Saint Thegonnec.

L'inauguration s'est faite en présence de la maire de St Thegonnec Solange Creignou, de Jean-Paul Vermot, président de la communauté d'agglomération, de Maël De Calan, président du département, de la députée Sandrine Le Feur, du sénateur Jean-Luc Fichet, du conseiller régional Olivier Le Bras et de nombreux élus et citoyens de St Thegonnec Loc Eguiner, Daniel Ravasio entre autre.

Ismaël Dupont

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27 septembre 2024 5 27 /09 /septembre /2024 05:23
Depuis la sortie du tome 1 de "Madeleine, Résistante", nous proposons une exposition qui retrace mon parcours de vie. Elle est composée de 20 à 23 panneaux (ici, il y en a 4), peut être agrémentée d'objets, de documents annexes. Elle a été crée pour être affichée sur les grilles des Buttes-Chaumont, elle s'est ensuite promenée au CHRD du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon à la Bibliothèque Louis Aragon d'Amiens, en passant par la Méca de Bordeaux, l'hôtel le Vergeur à Reims, Limoges, Les Lilas... Elle est en ce moment en exposition à Quimper et à Châteauroux.

Depuis la sortie du tome 1 de "Madeleine, Résistante", nous proposons une exposition qui retrace mon parcours de vie. Elle est composée de 20 à 23 panneaux (ici, il y en a 4), peut être agrémentée d'objets, de documents annexes. Elle a été crée pour être affichée sur les grilles des Buttes-Chaumont, elle s'est ensuite promenée au CHRD du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon à la Bibliothèque Louis Aragon d'Amiens, en passant par la Méca de Bordeaux, l'hôtel le Vergeur à Reims, Limoges, Les Lilas... Elle est en ce moment en exposition à Quimper et à Châteauroux.

ATTENTION, DERNIERS JOURS !

Les expositions organisées par la ville de Quimper dans le cadre du 80ème anniversaire de la Libération se terminent le 30 septembre.

Elles honorent la résistance communiste   :

  • dans le hall de la mairie, double exposition Madeleine Riffaud, notre camarade résistante et journaliste de l'Huma, notamment correspondante de guerre au Vietnam, qui a fêté cet été ses 100 ans, et Missak Manouchian
  • à la mairie et à la médiathèque parmi les femmes résistantes de la région quimpéroise notre camarade Denise Larzul, qui fut adhérente de la section de Quimper jusqu'à son décès

A noter aussi jeudi 3 octobre à 18h à la médiathèque de Quimper le film "La résistante et l'enfant" consacré à Eva Golgevit, résistante communiste de la section juive de la MOI, déportée à Auschwitz et qui en revint, en présence de son fils Jean Golgevit, bien connu dans notre région où il a dirigé à plusieurs reprises le Canto General de Pablo Neruda mis en musique par Mikis Théodorakis. Une femme extraordinaire !

Yvonne Rainero, co-secrétaire de la section du PCF Quimper

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22 septembre 2024 7 22 /09 /septembre /2024 16:12
Les langues régionales, un acquis à défendre - Par Jean-François Téaldi (L'Humanité, 20 septembre 2024)

Jean-François Téaldi, journaliste, membre du CN du PCF 2008-2016.

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