Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 mars 2025 7 23 /03 /mars /2025 06:00
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars
Inauguration de la rue Missak et Mélinée Manouchian à Brest ce samedi 22 mars

Un moment émouvant à Brest samedi 22 mars.

Inauguration de la nouvelle rue Missak et Mélinee Manouchian à Brest ce matin avec et le groupe des elu.e.s communistes de Brest et Brest métropole, les camarades de la CGT et du PCF, Guy Abgrall, comédien et militant communiste, qui a lu magnifiquement la lettre à Mélinee, Hervé Thomas qui a magnifiquement chanté L'Affiche rouge, lui aussi, le poème d'Aragon et la chanson de Léo Ferré, l'historien de la résistance brestoise et finistérienne Gildas Priol, le maire socialiste de Brest et président de Brest Métropole François Cuillandre qui a pris la parole au début de l'inauguration, le député insoumis Pierre Yves Cadalen, et les élus communistes bien sûr, qui avaient proposé une rue pour ce couple de résistants FTP MOI communistes arméniens panthéonisés l'an passé, Éric Guellec, Taran Marec, Jean Michel Le Lorc'h, Mathilde Maillard, les secrétaires de la section PCF de Brest Erwan Rivoalan et Jean Paul Cam, et ici sur les photos Gladys Grelaud, conseillère régionale communiste et membre de la direction nationale du PCF, Jacqueline Héré, maire adjointe de quartier à Brest et conseillère départementale communiste, Claude Bellec, ancienne élue pendant plusieurs mandats, et toujours engagée sur le logement et l'épicerie sociale et solidaire à Brest, et Fabienne Bodin dirigeante de l'UL CGT de Brest, Ismaël Dupont, conseiller départemental et secrétaire de la fédération du Parti communiste du Finistère.

Photos Ismaël Dupont, Jacqueline Héré, groupe des élu.e.s communistes de Brest et Brest-Métropole

Partager cet article
Repost0
22 mars 2025 6 22 /03 /mars /2025 08:05

Extract of the 'Hommages Vagabonds'. Live. 2007. In this extract : Michèle Kerhoas, reading, JC Normand, keyboards, Pol Huellou, recorder. This letter was written on Feb 21. 1944. Fresnes.

Ce matin, 22 mars, a lieu lieu à Brest l'inauguration d'une rue Missak et Mélinée Manouchian, à 11H.
 
Dans cet esprit, notre camarade du PCF, de la CGT, et du Mouvement de la Paix, le musicien et chanteur Pol Huellou, met en circulation une impression vidéo de la lecture de la lettre qu'écrivit Missak, le 21 février 1944, à sa femme Mélinée. Quelques heures avant d'être fusillé. Interprété par Michèle Kerhoas. 
 
Il s'agit d'un extrait du cabaret Hommages Vagabonds (La Passerelle - Scène Nationale - 2007).
Partager cet article
Repost0
18 mars 2025 2 18 /03 /mars /2025 07:00
Histoire d'Algérie: comment, sortis de leurs bagnes, les députés communistes reprenaient le travail de formation des militants en Algérie pendant la seconde guerre mondiale (Henri Alleg, Mémoire algérienne)

Des députés communistes combattants de l'idéal révolutionnaire pendant l'occupation et la seconde guerre mondiale. Lu dans "Mémoire algérienne" de Henri Alleg (stock 2005): 

" en février 1943, vingt-sept députés communistes français parmi ceux qui avaient été déchus de leurs mandats, puis déportés en Algérie et emprisonnés au bagne de Maison-Carrée après leur procès tenu à huis-clos en mars 1940, étaient libérés les premiers et je fis connaissance avec eux. Des centaines d'autres militants ne verront les portes des camps de concentration s'ouvrir pour eux que des semaines plus tard. Au début juillet, un des porte-parole des vingt-sept, François Billoux, député de Marseille, dans un article de "Liberté", le journal qu'ils lancèrent alors (qui deviendra l'organe officiel du parti communiste algérien), rappelait tous les efforts qu'ils avaient dû déployer pour arracher aux geôles et aux camps tous les prisonniers et internés français et algériens... Ce n'est que huit mois après le débarquement que le dernier prisonnier sera libéré et que tous les clandestins pourront enfin se montrer à visage découvert. " Quelques mois plus tard, le groupe de députés communistes français libérés de Maison-Carrée décident d'organiser avec une dizaine de militants une école clandestine des cadres du parti communiste en Algérie dans un appartement modeste au rez-de-chaussée d'un immeuble assez vétuste d'Hussen-Dey dans la banlieue est d'Alger. Henri Alleg, engagé dans l'action clandestine de résistance du parti communiste en Algérie sous Vichy, participe à cette école des cadres: "Nos professeurs étaient choisis parmi les députés libérés. Il aurait été bien difficile d'en trouver de meilleurs. C'étaient des hommes qui avaient déjà de longues années d'expérience militants derrière eux, des connaissances solides de la théorie marxiste et de l'histoire du mouvement ouvrier international. L'un d'eux, Étienne Fajon, que je devais retrouver des années plus tard comme directeur de L’Humanité, avait été responsable de l'éducation à l'échelon national du PCF et avait dirigé beaucoup d'écoles et de stages. Il accordait une importance primordiale à l'étude de la théorie pour la formation des militants révolutionnaires et, de son premier métier d'instituteur, il avait conservé aussi la passion d'enseigner. Quelle que fût la difficulté du sujet, il savait le traiter aussi rigoureusement et clairement que possible, sans jamais oublier le niveau d'instruction de chacun de ses élèves dont certains ne maîtrisaient pas complètement la langue française. Un ancien ouvrier metallo, André Parinaud, lui servait d'adjoint. Il avait été interné au camp de concentration de Bossuet, au sud de Sidi Bel Abbes, en Oranie, puis s'en était évadé sur décision de la direction communiste du camp. Parinaud était ce type d'homme que formaient à cette époque les partis communistes et que je n'avais pas encore rencontrés. Des militants issus des milieux ouvriers, plongés depuis des années dans la lutte quotidienne en même temps que portés par un profond idéal. Surprenants autodidactes, ils s'enrichissent constamment de nouvelles connaissances historiques, économiques et politiques mais aussi de la fréquentation d'auteurs anciens et modernes, convaincus qu'on ne saurait être un véritable communiste sans s'efforcer d'apprendre encore et toujours. La durée de l'école était courte - deux semaines drôlement - et les termes "stage de formation accélérée" auraient sans doute mieux convenu. Elle avait surtout pour objet de "nous apprendre à apprendre" et, en un sens, ce fut pour moi une extraordinaire révélation... Les discussions passionnées qui naissaient entre les "élèves" et les "profs" aiguisaient un extraordinaire désir d'en savoir toujours davantage et confirmaient le sentiment exaltant que, de révolte anarchisant que j'étais encore, j'apprenais à devenir un révolutionnaire conscient en mesure de prendre sa place dans le grand combat des hommes pour "changer le monde". 

Henri Alleg, Mémoire algérienne (Stock, 2005 - p. 84 à 86)

 

A lire:

Histoires d'Algérie : Blanche et André Moine, militants communistes du PCA pendant la guerre d'Algérie

La grande aventure d'Alger Républicain, par Henri Alleg, Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa

Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale et les travaux pionniers de Pierre-Jean-Le Foll-Luciani - par Malika Rahal) 

D'une guerre civile à l'autre... - La guerre civile en France (1858-1962) par l'historien américain Grey Anderson (La Fabrique, 2018)

Témoignage - L'itinéraire de Michel Tanguy, instituteur morlaisien communiste en Algérie pendant la guerre d'Algérie

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

Histoires d'Algérie: Djamila Boupacha, militante FLN défendue par Gisèle Halimi et dont Picasso fit une icône de la lutte des Algériens

Communist'Art: Anne Greki, poétesse algérienne (1931-1966)

Histoires d'Algérie: Colette Grégoire dite Anna Greki, poétesse, communiste, militante de l'indépendance: l'amour et la rage au coeur

Histoires d'Algérie - Fernand Iveton: militant communiste algérien décapité pour l'exemple en février 1957

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

A Khenchela, les colonialistes ont arrêté un instituteur français à titre d'otage - Marie Perrot, L'Humanité, 11 novembre 1954

Histoires d'Algérie - "Le camp des oliviers. Parcours d’un communiste algérien" (PUR, 2012)

Histoires d'Algérie - La militante du PCA Gaby Gimenez, arrêtée et torturée par Vichy puis pendant la guerre d'Algérie

Histoires d'Algérie - Alice Sportisse, députée communiste d'Oran

Partager cet article
Repost0
17 mars 2025 1 17 /03 /mars /2025 07:40
Histoires d'Algérie: L'histoire d'un poème anticolonialiste de 1952 de Kateb Yacine: Le fourgon cellulaire
Histoires d'Algérie: 
 
L'histoire d'un poème anticolonialiste de 1952 de Kateb Yacine
Le fourgon cellulaire
 
Bienheureux soit ce printemps d'orage
Qui fermera ton poing sur le pavé d'Houriya
Tu jouais pensive à l'ombre de la prison
Quand la brute tira son arme
Et ne sut dans quelle poitrine
Poursuivre son appel obstiné
Libérez les patriotes
Qui sinon toi
Patrie au cercueil décloué
Qui souffle aux lèvres de Lucie en veste rouge
Le cri de Houriya emmurée
Debout au passage des héros!
Dans le fourgon obscur
Les assassins ont cru dissimuler nos chaînes
Ils ont cru t'enterrer toute vive Houriya
Mais ce deuil n'est pas le nôtre
Les vrais captifs de ce fourgon funèbre
Ce sont les oppresseurs
Par notre union mis en bière
Bienheureux soit ce printemps d'orage
 
Lucette Larribère Hadj Ali alors militante du Parti communiste algérien, comme son père (docteur à Oran pratiquant les accouchements sans douleurs) et ses sœurs, raconte dans ses mémoires (Itinéraire d'une militante algérienne aux éditions du Tell, 2011):
 
"Je me souviens aussi, en avril 1952, le parti organisa une manifestation sur la petite place en face de la prison Serkadji (Barberousse alors) dans la Haute-Casbah, pour saluer et soutenir les militants nationalistes de l'OS (Organisation spéciale) au moment où dans leurs fourgons, ils réintégraient la prison au retour du Palais de justice. A "Alger républicain", nous fûmes nombreux à aller y participer. La police accourut aussitôt, arrêtant de nombreux militants et se jetant sur les enfants qui avaient envahi la place. Je me lançai alors en hurlant pour protéger les gosses et arrêtée, je fus "jetée" dans le commissariat.
Le lendemain, rue d'Isly, une femme, voilée en haïk blanc, m'arrêta et m'embrassa, m'expliquant qu'elle m'avait vu la veille sur la place, du haut de son balcon, et qu'elle m'avait reconnue car je portais en effet "la même veste rouge". Kateb Yacine, qui avait participé à cette manifestation, écrivit ensuite un poème: "Le fourgon cellulaire".
 
***
Lucette Larribère, dite Lucie, est née à Oran en 1920. Et morte à 94 ans le 26 mai 2014 à La Seyne-sur-Mer (Var). Fille du célèbre docteur des quartiers pauvres d'Oran Jean-Marie Larribère, communiste après guerre, et d'une maire institutrice, elle fut géographe, puis journaliste à Liberté (PCA) puis à Alger Républicain ; directrice de Femmes d’Algérie et présidente de l’Union démocratique des femmes ; membre du Comité central du PCA ; épouse en secondes noces du dirigeant communiste Bachir Hadj Ali ; clandestine depuis 1955 jusqu’à l’indépendance, agent de liaison et secrétaire du PCA interdit. Pendant la guerre, elle rencontre un dessinateur au service topographique, Robert Manaranche qui est né et a grandi en milieu petit-blanc colonial, se réclamant certes de la Commune de Paris mais empreint de racisme anti-arabe. Ils se marient en 1943 et auront deux garçons. Par anti-racisme, son mari devient communiste en 1945 sous l’impulsion de sa femme et de ses amis Henri Alleg et David Cohen. Communiste de famille et d’instruction, devenue journaliste, Lucette Larribère collabore d’abord au quotidien du PCA Liberté ; elle doit interrompre un an pour raison de santé ; à son retour, le PC lui confie la direction de Femmes d’Algérie, le périodique de l’Union démocratique des femmes.
En 1946, elle succède à Lise Oculi, morte du typhus, à la tête de cette Union démocratique des femmes. Le PCA est revenu sur sa dénonciation des nationalistes du PPA accusés de faire le jeu du nazisme en 1945 en suscitant un complot qui, à travers la campagne des AML (Amis du manifeste et de la Liberté), a conduit aux manifestations du 8 Mai 1945 suivies de la terrible répression et des massacres. Le PCA relance la demande d’un Front démocratique algérien ; l’Union des femmes participe à cette ouverture. À Oran en particulier, compensant des abandons de femmes européennes, l’Union des femmes gagnent des femmes algériennes ; la présidence régionale est assurée par une algérienne, Abassia Fodhil*, femme de dirigeant du PCA, et qui entre elle-même au comité central.
La ligne devient plus combative et Lucette Larribère retrouve plus foncièrement pied quand, avec la guerre froide, à partir de l’été 1947, la solidarité se porte au soutien des grèves et des femmes de grévistes, au port d’Oran et au port minier de Beni-Saf. Les grèves de 1951 et 1953 se doublent de grèves des ouvriers agricoles du vignoble oranais. Dans cet affrontement classe contre classe, les femmes de l’Union démocratique sont aussi au premier rang des manifestations contre l’impérialisme américain. Lucette Larribère a encore renforcé ses convictions acquises au marxisme soviétique d’enseignement stalinien en suivant, en 1949, l’école de formation des cadres communistes pour l’Afrique du Nord. Elle entre au comité central du PCA.
Depuis 1947, elle est proche de Bachir Hadj Ali qui devient en 1949 secrétaire du PCA et membre du Bureau politique. Ils travaillent souvent dans le même bureau ; cet homme rayonne comme poète du parti, poète et connaisseur de musique andalouse ; il écoute les leçons d’histoire de son amie et romance en une geste ininterrompue une suite glorieuse d’histoire de l’Algérie faite de Résistance. Attentif à l’évolution intellectuelle, il est un des nouveaux dirigeants communistes qui veut réussir l’algérianisation du PCA. Ils sont nés le même jour mais lui en 1921 et elle en 1920 ; aussi est-ce rituellement Lucie Larribère (Manaranche) qui est chargée de lui porter le bouquet d’anniversaire. Ils manifestent ensemble ; ils sont arrêtés ensemble en délégation devant la prison de Barberousse, et Yacine Kateb célèbre « Lucie à la veste rouge ». Bref, ils se marient devant le cadi après l’indépendance. Bachir Hadj Ali a quatre enfants de son premier mariage.
« En 1952, le Parti m’a demandé d’aller travailler comme permanente au journal Alger Républicain où j’étais responsable de l’équipe de jour, celle qui relate tout ce qui se passe dans une journée, jusqu’à la saisie du journal en 1955 ». À cette date Bachir Hadj Ali est déjà clandestin, à la tête même de la direction clandestine du PCA avec Sadek Hadjerès. Cette direction va préparer la mise en place d’un maquis communiste après le détournement d’armes d’Henri Maillot (avril 1956) et conduire des négociations avec la direction du FLN à Alger qui ne pourront que concéder le ralliement individuel des communistes aux maquis de l’ALN.
Libre encore de ses mouvements, ayant son logement propre à Alger, Lucie Manaranche, pour la légalité française, sert de secrétaire et d’agent de liaison. Après un passage à Oran, elle revient en clandestinité à Alger en septembre 1956. Robert Manaranche est arrêté ; les enfants recueillis à Oran. Lucette Larribère échappe aux arrestations ; elle est aux côtés des dirigeants Bachir Hadj Ali et Sadek Hadjerès qu’assiste Élyette Loup, aidant à la sortie des tracts et publications et à des transports de matériel et de personnes ; elle passe de cache en cache mettant souvent à contribution des catholiques progressistes. Malgré l’OAS, elle revient au jour en 1962.
(Source Maitron, René Gallissot)
***
Kateb Yacine
Kateb Yacine naît en 1929 à Constantine.
Il est issu d'une famille chaouie originaire des Aurès. Son grand-père maternel est juge suppléant du cadi, à Condé Smendou, son père est avocat et sa famille le suit dans ses mutations successives.
Le jeune Kateb (nom qui signifie « écrivain» en arabe) entre en 1934 à l'école coranique de Sedrata, et en 1935 à l'école française à Lafayette (aujourd'hui Bougaa en Petite Kabylie, actuelle wilaya de Sétif), où sa famille s'est installée, puis en 1941, comme interne, au lycée de Sétif : le lycée Albertini.
Kateb Yacine se trouve en classe de troisième quand éclatent les manifestations du 8 mai 1945, auxquelles il participe et qui s'achèvent sur le massacre de plusieurs dizaines de milliers d'Algériens par la police, l'armée françaises et des milices.
Quatorze membres de sa famille sont tués au cours du massacre. Trois jours plus tard, il est arrêté et détenu durant deux mois. Il est définitivement acquis à la cause nationale, tandis qu'il voit sa mère « devenir folle ».
Il dira: «Je suis né quand j’avais seize ans, le 8 mai 1945. Puis, je fus tué fictivement, les yeux ouverts, auprès de vrais cadavres et loin de ma mère qui s’est enfuie pour se cacher, sans retour, dans une cellule d’hôpital psychiatrique. Elle vivait dans une parenthèse, qui, jamais plus, ne s’ouvrira. Ma mère, lumière voilée, perdue dans l’infini de son silence»
Exclu du lycée, traversant une période d'abattement, plongé dans Baudelaire et Lautréamont, son père l'envoie au lycée de Bône.
Il y rencontre Nedjma (l'étoile), « cousine déjà mariée », avec qui il vit « peut-être huit mois », confiera-t-il,et y publie en 1946 son premier recueil de poèmes.
Il se politise et commence à faire des conférences sous l'égide du Parti du peuple algérien, le parti nationaliste de masse de l'époque.
En 1947, Kateb arrive à Paris, « dans la gueule du loup ». Il prononce en mai, à la Salle des Sociétés savantes, une conférence sur l'émir Abdelkader et adhère au Parti communiste algérien.
Au cours d'un deuxième voyage en France métropolitaine, il publie l'année suivante Nedjma ou le Poème ou le Couteau (« embryon de ce qui allait suivre ») dans la revue Le Mercure de France.
Journaliste au quotidien communiste de rassemblement "Alger républicain" entre 1949 et 1951, son premier grand reportage a lieu en Arabie saoudite et au Soudan (Khartoum).
À son retour, il publie notamment, sous le pseudonyme de Saïd Lamri, un article dénonçant l'« escroquerie » du lieu saint de La Mecque.
Après la mort de son père, survenue en 1950, Kateb devient docker à Alger, en 1952. Puis il s'installe à Paris jusqu'en 1959, où il travaille avec Malek Haddad, se lie avec M'hamed Issiakhem, Armand Gatti et, en 1954, s'entretient longuement avec Bertolt Brecht, dialogue avec Cesaire, Glissant.
En 1954, la revue Esprit publie « Le Cadavre encerclé » qui est mis en scène par Jean-Marie Serreau, mais interdit en France.
Son chef d’œuvre, Nedjma paraît en 1957 (et Kateb se souviendra de la réflexion d'un lecteur : « C'est trop compliqué, ça. En Algérie vous avez de si jolis moutons, pourquoi vous ne parlez pas de moutons ? »).
Nedjma, c’est à la fois la femme et l’Algérie, l’incarnation de la résistance à toutes les oppressions. Nedjma lui confère une place singulière dans la littérature, le propulse au premier rang, le consacre comme l’écrivain de la littérature moderne algérienne. Avant lui, Mammeri, Feraoun, ­Mohamed Dib, Malek Haddad avaient entrouvert la porte. Kateb la pousse définitivement.
Et la figure de Nedjma fera des apparitions récurrentes dans son œuvre, fantôme incarné qui franchit le temps et l’espace, toujours là avec, à ses côtés, ­Lakhdar et Mohamed.
En 1958, le metteur en scène et ami Jean-Marie Serreau monte le Cadavre encerclé, de Kateb. Cela fait quatre ans que l’Algérie est le théâtre d’une guerre sans nom. Les autorités françaises interdisent la pièce. Elle se jouera au Théâtre Molière, à Bruxelles, dans un climat de grande tension. Dans la distribution, Serreau, mais aussi José Valverde, Edwine Moatti, Paul Crauchet ou encore Antoine Vitez.
Durant la guerre d'Algérie, Kateb, harcelé par la Direction de la surveillance du territoire, connaît une longue errance, invité comme écrivain ou subsistant à l'aide d'éventuels petits métiers, en France, Belgique, Allemagne, Italie, Yougoslavie et Union soviétique.
En 1962, après un séjour au Caire, Kateb est de retour en Algérie peu après les fêtes de l'Indépendance.
Il reprend sa collaboration à "Alger républicain", mais il effectue entre 1963 et 1967 de nombreux séjours à Moscou, en Allemagne et en France tandis que "La Femme sauvage", qu'il écrit entre 1954 et 1959, est représentée à Paris en 1963.
Il publie en 1964 dans "Alger républicain" six textes sur "Nos frères les Indiens" et raconte dans Jeune Afrique sa rencontre avec Jean-Paul Sartre, tandis que sa mère est internée à l'hôpital psychiatrique de Blida (« La Rose de Blida », dans Révolution Africaine, juillet 1965). En 1967, il part pour le Vietnam, abandonne complètement la forme romanesque et écrit "L'Homme aux sandales de caoutchouc".
Lorsqu’il décide de rester plus durablement en Algérie, en 1970, il abandonne l’écriture en français et se lance dans une expérience théâtrale en langue dialectale dont Mohamed, prends ta valise, sa pièce culte, donnera le ton. Fondateur de l’Action culturelle des travailleurs (ACT), il joue dans les lieux les plus reculés et improbables, usines, casernes, hangars, stades, places publiques... avec des moyens très simples et minimalistes — les comédiens s’habillent sur scène et interprètent plusieurs personnages —, le chant et la musique constituant des éléments de rythme et de respiration.
« Lorsque j’écrivais des romans ou de la poésie, je me sentais frustré parce que je ne pouvais toucher que quelques dizaines de milliers de francophones, tandis qu’au théâtre nous avons touché en cinq ans près d’un million de spectateurs. (...) Je suis contre l’idée d’arriver en Algérie par l’arabe classique parce que ce n’est pas la langue du peuple ; je veux pouvoir m’adresser au peuple tout entier, même s’il n’est pas lettré, je veux avoir accès au grand public, pas seulement les jeunes, et le grand public comprend les analphabètes. Il faut faire une véritable révolution culturelle. »
L’engagement politique de Kateb détermina fondamentalement ses choix esthétiques : « Notre théâtre est un théâtre de combat ; dans la lutte des classes, on ne choisit pas son arme. Le théâtre est la nôtre. Il ne peut pas être discours, nous vivons devant le peuple ce qu’il a vécu, nous brassons mille expériences en une seule, nous poussons plus loin et c’est tout. Nous sommes des apprentis de la vie . » Pour lui, seule la poésie peut en rendre compte ; elle est le centre de toutes choses, il la juge « vraiment essentielle dans l’expression de l’homme ». Avec ses images et ses symboles, elle ouvre une autre dimension. « Ce n’est plus l’abstraction désespérante d’une poésie repliée sur elle-même, réduite à l’impuissance, mais tout à fait le contraire (...). J’ai en tous les cas confiance dans [son] pouvoir explosif, autant que dans les moyens conscients du théâtre, du langage contrôlé, bien manié »
Un « pouvoir explosif » qu’il utilisera dans "Le Cadavre encerclé", où la journée meurtrière du 8 mai 1945, avec le saccage des trois villes de l’Est algérien, Guelma, Kherrata et Sétif, par les forces coloniales, est au cœur du récit faisant le lien entre histoire personnelle et collective.
Kateb Yacine a fait le procès de la colonisation, du néocolonialisme mais aussi de la dictature post-indépendance qui n’a cessé de spolier le peuple. Dénonçant violemment le fanatisme arabo-islamiste, il luttait sur tous les fronts et disait qu’il fallait «révolutionner la révolution ».
S’il considérait le français comme un « butin de guerre », il s’est aussi élevé contre la politique d’arabisation et revendiquait l’arabe dialectal et le tamazight (berbère) comme langues nationales. Surnommant les islamo-conservateurs les « Frères monuments », il appelait à l’émancipation des femmes, pour lui actrices et porteuses de l’histoire : « La question des femmes algériennes dans l’histoire m’a toujours frappé. Depuis mon plus jeune âge, elle m’a semblé primordiale. Tout ce que j’ai vécu, tout ce que j’ai fait jusqu’à présent a toujours eu pour source première ma mère (...). S’agissant notamment de la langue, s’agissant de l’éveil d’une conscience, c’est la mère qui fait prononcer les premiers mots à l’enfant, c’est elle qui construit son monde »
L’éventail et la radicalité de sa critique lui ont valu autant de passions que d’inimitiés.
En 1986 il livre un extrait d'une pièce sur Nelson Mandela, et reçoit en 1987 en France le Grand prix national des Lettres.
Dans la perspective du bicentenaire de la Révolution française, on lui commande une pièce. Il écrit le Bourgeois sans-culotte ou le Spectre du parc Monceau. Elle est jouée en 1984 à Arras, puis en 1988 au Festival d’Avignon. Il faut lire et relire cette pièce. C’est une sorte de grand embrasement révolutionnaire de 1789 aux luttes pour l’indépendance. Les terroristes – tels que les qualifiaient les royalistes, les pétainistes et les nazis, les défenseurs de l’Empire colonial français – sont des révolutionnaires. Kateb prend le contre-pied des thèses en vogue d’un Furet, qui s’acharne à détruire la figure de Robespierre. Pour lui, les révolutionnaires de 1789 sont les ancêtres des indépendantistes algériens : « Le préfet de police Papon achève l’œuvre de La Fayette. À Charonne comme au Champ-de-Mars, la police française a tué des Français. (…) Cinq cent mille Parisiens ont assisté à l’enterrement des neuf morts de Charonne. La France de la Révolution vient de se reconnaître dans l’Algérie indépendante. »
« Notre théâtre, confiait-il en 1975 à Colette Godard dans le Monde, est de combat. (…) Nous défendons, nous attaquons, c’est une forme d’action politique dans la ligne de la Révolution.(…) Nous ne faisons peut-être pas du théâtre, mais nous créons le débat idéologique sans lequel toute révolution n’est qu’un exercice militaire. » Kateb ne cède rien, ni aux sirènes de la gloire, ni au confort d’une reconnaissance réelle, ni au public qu’il bouscule dans ses retranchements : « Il faut le harceler, ne pas le laisser reprendre son souffle. Le vrai théâtre est un combat pour le public et contre lui », dira-t-il.
Son théâtre est aussi subversif par sa langue : indisciplinée, rugueuse, joyeuse. Le lire et le relire aujourd’hui est à la fois vertigineux et salutaire. Comme un Gatti, un Benedetto, ses écrits sont à redécouvrir. Il serait temps de retourner à ces création denses, d’oser les remettre sur le métier. À Paris, un square dans le 13e arrondissement porte son nom. À Grenoble, une bibliothèque. Le théâtre de Tizi Ouzou. C’est peu au regard de l’immensité de son talent, de son engagement. On ne connaît pas la date de naissance exacte de Kateb Yacine. On est sûr qu’il est mort le 28 octobre 1989. Laissant une œuvre inachevée qui respire encore…
Il est enterré au cimetière d'Al Alia à Alger.
 
Source: Wikipedia, article de Marina Da Silva dans Le Monde Diplomatique, article de Marie-José Sirach dans L'Humanité
 
Partager cet article
Repost0
16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 17:39
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Terreur en Kabylie : L’Algérie du gouverneur Naegelen, ses élections truquées et sa répression, dénoncées par les militants du Parti Communiste Algérien et l'équipe d'« Alger Républicain »
En 1947, un projet de statut pour l’Algérie présenté au Parlement français comme libéral et progressiste prévoit qu’une Assemblée Algérienne de 120 membres sera élue pour la moitié d’entre eux par un collège constitué essentiellement par les Européens d’Algérie, qui représentent 15 % du corps électoral (1 million d’habitants), et pour moitié par le deuxième collège des « Français Musulmans » (8 millions d’habitants), amputé des femmes algériennes, qui ne peuvent pas encore voter.
Les élections doivent se tenir en avril 1948. Henri Alleg fait partie des observateurs du PCA depuis Bône (Annaba). Les annonces de trucage, d’obstructions des élections, de bourrage d’urnes, d’empêchements des électeurs d’aller aux urnes ou d’observer le dépouillement se multiplient.
« A Dechmya (près d’Aumale, dans le département d’Alger), des fellahs s’étaient montrés réticents à mettre dans l’urne le bulletin qu’on leur imposait et avaient naïvement prétendu utiliser celui qu’ils avaient eux-mêmes choisi. Les gardes mobiles, intervenant pour les « ramener à la raison », avaient ouvert le feu. Sept morts. La même protestation indignée dans un bureau de Champlain, un village des hauts plateaux proches de Boghari, aboutissait à un résultat identique. Là aussi, les forces de l’ordre avaient tué quatre fellahs. A Bône, où je me trouvais, le premier tour s’était déroulé quasiment normalement, peut-être parce que certains exécutants hésitaient à appliquer dans une ville aussi importante les ordres de trucage venus d’en haut. Au premier tour le candidat du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, de Messali Hadj) était arrivé largement en tête avec 6544 voix contre 3174 au poulain de l’administration. Celui-ci se rattrapait au deuxième tour. Sans même se préoccuper de vraisemblance – quelle importance quand on était d’avance assuré de l’impunité et que l’on se moquait bien de ce que pouvaient penser les électeurs ! - le candidat nationaliste n’obtenait que 96 voix tandis que le béni oui-oui triomphait avec 16 348 suffrages. Des résultats dûment confirmés par leur publication au « Journal officiel ».
Chacun pouvait mesurer l’étendue de la fraude, du mensonge et de l’hypocrisie que couvraient ceux qui, à Paris et à Alger, continuaient à parler de mise en place d’institutions « démocratiques ». Tout cela sous l’égide du nouveau Gouverneur Général, Marcel-Edmond Naegelen, membre de la direction du Parti socialiste (SFIO), qui, deux mois avant les élections, en février 1948, avait succédé à Yves Chataigneau, surnommé « Mohammed Chataigneau » par les colons, qui le détestaient parce que « trop mou avec les Arabes ». Naegelen, quant à lui, sera couvert de fleurs pour sa « fermeté ».
Dès son arrivée, il avait proclamé, vigoureusement applaudi par toute la presse coloniale, sa volonté de « frapper fort » pour mettre les « séparatistes hors d’état de nuire ». Ce qu’il fit sans crainte de piétiner la légalité. Il avait vite appris de son entourage de hauts fonctionnaires, familiers de la « colonie », que « les Arabes ne comprennent que la force » et que même si officiellement on devait dire le contraire – l’Algérie n’était pas la France, qu’on pouvait s’y permettre beaucoup de choses. Comme pour montrer à quel point il s’en était convaincu, à la veille même du scrutin, sur les cinquante-neuf candidats présentés par le MTLD, le gouverneur général en faisait appréhender trente-deux « pour agissements ou propos portant atteinte à la souveraineté française ».
Ce n’était là qu’une entrée en matière. Tout au long de son proconsulat la répression ira en s’accentuant. L’un des épisodes les plus spectaculaires en fut, en septembre 1949, l’expédition punitive dirigée contre le douar Sidi Ali Bouneb, proche de Camp-du-Maréchal, en Kabylie. Un jeune fellah, appelé à l’armée, avait refusé de rejoindre la caserne et pris le maquis. Connu comme militant nationaliste et recherché par la police, il avait été aperçu dans le voisinage et sa présence signalée aux autorités par un indicateur.
C’était un motif suffisant pour que les gendarmes, armés jusqu’aux dents, montent à l’assaut du douar, considéré comme collectivement complice de l’homme en fuite, et se mettent à l’œuvre : gourbis démolis ou saccagés, provisions détruites, sacs de blé et d’orge éventrés, bidons d’huile crevés, pétrole déversé sur les denrées pour les rendre inutilisables. Jugeant sans doute que la punition n’était pas encore suffisante pour que ces paysans peu coopératifs en tirent la leçon, les gendarmes les rassemblèrent sur la place, et là tombèrent sur eux les insultes et coups de matraque. Des femmes furent bousculées, humiliées, violées. Un vieillard, déshabillé de force, fut contraint de danser nu devant tous les habitants du village.
Boualem Khalfa, envoyé d’« Alger Républicain », qui, en compagnie de plusieurs personnalités dont Pierre Fayet, député communiste d’Alger, était allé enquêter sur les lieux mêmes, relata dans les colonnes du journal ce qu’avait été la honteuse expédition, loin d’être la première du genre dans les annales de l’Algérie coloniale. Le récit fut aussitôt qualifié de « roman-feuilleton » par le préfet d’Alger, et la majorité de l’Assemblée Nationale, devant laquelle l’affaire avait été évoquée, refusa l’envoi d’une commission d’enquête. Cela, à la demande de Jules Moch, ministre de l’Intérieur, volant au secours de Naegelen, son camarade de parti. L’affaire se conclut devant le tribunal d’Alger, qui condamna Khalfa à deux ans de prison pour avoir diffamé gendarmes et autorités. La sentance fut confirmée en appel et il n’échappa – mais pour un temps seulement – à l’arrestation qu’en entrant dans la clandestinité après l’insurrection de novembre 1954 » (Henri Alleg, Mémoire algérienne, Stock, 2005 – p.144-146).
Ces évènements sont restitués de manière circonstanciée par Boualem Khalfa dans un reportage courageux le 6 octobre 1949 dans « Alger Républicain » (6 octobre 1949). Il met en cause une volonté de Naegelen d'instaurer une atmosphère de terreur pour étouffer dans l’œuf toute contestation contre l'ordre colonial. Le gouverneur général dénonce les "calomnies antifrançaises des communistes".
« Le gouvernement et sa majorité « Troisième Force », dans laquelle sont associées droite « modérée » et gauche anticommuniste, couvrent les responsables du saccage et des viols de Sidi Ali Bounab comme ils couvriront les assassinats « légaux », les tortures et exactions de toutes sortes que les « forces de l’ordre » vont multiplier jusqu’à l’explosion insurrectionnelle du 1er novembre 1954. Par 396 voix contre 197, l’Assemblée refuse l’envoi d’une commission d’enquête en Algérie. » (La Grande aventure d’Alger Républicain, éditions Delga, H. Alleg, A. Benzine, B.Khalfa).
Les rédacteurs et gérants de "Liberté", le journal communiste algérien, et de "Algérie Nouvelle" qui ont repris l'information sur les exactions de Sidi Ali Bounab sont également réprimés et condamnés.
 
Le 11 octobre 1949, Alger Républicain annonce la nomination de Maurice Papon comme préfet de Constantine:  le préfet Papon, dont on sait aujourd'hui qu'il fut l'organisateur des déportations de 1.690 juifs dont 200 enfants dans la préfecture de la Gironde entre 1942 et 1944, fut nommé préfet de Constantine (un des trois départements d'Algérie, le plus oriental) fut ainsi nommé par le ministre de l'intérieur Jules Moch en octobre 1959.
Il fera en Algérie un "bon organisateur" de la répression, avant et après l'insurrection du 1er novembre 1954, notamment fin 1954-début 1955 dans les Aurès et le Constantinois, sous la houlette d'abord du gouvernement de Mendès France et du ministre de l'intérieur Mitterrand, puis comme préfet de Paris, il organisera consciencieusement les exécutions de manifestants algériens et les noyades dans la Seine après le retour au pouvoir de De Gaulle.
 
lire aussi: 
A lire:

Histoires d'Algérie : Blanche et André Moine, militants communistes du PCA pendant la guerre d'Algérie

La grande aventure d'Alger Républicain, par Henri Alleg, Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa

Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale et les travaux pionniers de Pierre-Jean-Le Foll-Luciani - par Malika Rahal) 

D'une guerre civile à l'autre... - La guerre civile en France (1858-1962) par l'historien américain Grey Anderson (La Fabrique, 2018)

Témoignage - L'itinéraire de Michel Tanguy, instituteur morlaisien communiste en Algérie pendant la guerre d'Algérie

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

Histoires d'Algérie: Djamila Boupacha, militante FLN défendue par Gisèle Halimi et dont Picasso fit une icône de la lutte des Algériens

Communist'Art: Anne Greki, poétesse algérienne (1931-1966)

Histoires d'Algérie: Colette Grégoire dite Anna Greki, poétesse, communiste, militante de l'indépendance: l'amour et la rage au coeur

Histoires d'Algérie - Fernand Iveton: militant communiste algérien décapité pour l'exemple en février 1957

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

A Khenchela, les colonialistes ont arrêté un instituteur français à titre d'otage - Marie Perrot, L'Humanité, 11 novembre 1954

Histoires d'Algérie - "Le camp des oliviers. Parcours d’un communiste algérien" (PUR, 2012)

Histoires d'Algérie - La militante du PCA Gaby Gimenez, arrêtée et torturée par Vichy puis pendant la guerre d'Algérie

Histoires d'Algérie - Alice Sportisse, députée communiste d'Oran

 
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Histoires d'Algérie - Terreur en Kabylie par Boualem Khalfa, reportage pour "Alger Républicain" sur les violations des droits de l'homme de l'administration coloniale
Partager cet article
Repost0
16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 07:27
Histoires d'Algérie - Alice Sportisse, députée communiste d'Oran
Histoires d'Algérie - Alice Sportisse, députée communiste d'Oran
Histoires d'Algérie - Alice Sportisse, députée communiste d'Oran
 
"Alice Sportisse (qui dirige à la libération l'Union des Femmes Algériennes avec Lise Oculi) était une très belle femme, mais son visage était marqué par la maladie qui l'avait frappée dans sa jeunesse (la tuberculose je crois) et par la vie rude qui avait été la sienne alors qu'elle avait été, durant la Guerre d'Espagne, l'une des assistantes de Dolorès Ibarruri, la Passionaria (combattante communiste pendant la Guerre d'Espagne et pour la République, autrice du célèbre "No pasaran"). Ayant été élue députée d'Oran, elle s'était ensuite installée à Paris où elle avait rencontré un universitaire exilé avec lequel elle avait une fille handicapée dont elle devait s'occuper exclusivement." (Lucette Larribère Hadj Ali, Itinéraire d'une militante algérienne).
Alice a eu pour premier mari Lucien Sportisse, dirigeant communiste algérien d'origine juive expulsé avant guerre au moment du Front Populaire et qui sera tué par la Gestapo et la milice à Lyon à la fin de la guerre dans la Résistance. En 36, Lucien et son épouse, Alice Cremades, se sont séparés.
William Sportisse précise dans ses mémoires, "Le Camp des Oliviers" qu'Alice Cremades est une "militante importante du PCA à Oran, élue au Comité central aux côtés de Lucien en 1936" et qu'elle était allée à Paris puis en Espagne organiser la solidarité concrète avec le peuple espagnol contre le franquisme. Alice gardera le nom de Sportisse quand elle militera au PCF et au PCA clandestin pendant la seconde guerre mondiale et qu'elle sera élue conseillère générale d'Alger-Bab al Oued (1945-1951) et députée communiste d'Oran (1945-1951). En décembre 1954, c'est elle qui intervient à l'Assemblée Nationale pour dénoncer la politique du tout répressif conduite par Mitterrand et Mendès-France après le 1er novembre 1954 et exiger des réformes politiques et sociales en Algérie qui prennent en compte le fait national algérien et l'aspiration à la liberté du peuple algérien.
 
Elle est députée communiste d'Oran de 1945 à 1955. 
Elle dénonça la répression en Tunisie et au Maroc, et la proclamation de l’état d’urgence en Algérie. Le report des élections législatives du 2 janvier 1956 en Algérie, lui enleva la faculté de se représenter à la députation.
Après l'indépendance algérienne, elle s'établit en France, à Valence d'Agen, et reste membre du parti communiste français jusqu'à sa mort à 86 ans à Agen. 
 
A lire:

Histoires d'Algérie : Blanche et André Moine, militants communistes du PCA pendant la guerre d'Algérie

La grande aventure d'Alger Républicain, par Henri Alleg, Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa

Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale et les travaux pionniers de Pierre-Jean-Le Foll-Luciani - par Malika Rahal) 

D'une guerre civile à l'autre... - La guerre civile en France (1858-1962) par l'historien américain Grey Anderson (La Fabrique, 2018)

Témoignage - L'itinéraire de Michel Tanguy, instituteur morlaisien communiste en Algérie pendant la guerre d'Algérie

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

Histoires d'Algérie: Djamila Boupacha, militante FLN défendue par Gisèle Halimi et dont Picasso fit une icône de la lutte des Algériens

Communist'Art: Anne Greki, poétesse algérienne (1931-1966)

Histoires d'Algérie: Colette Grégoire dite Anna Greki, poétesse, communiste, militante de l'indépendance: l'amour et la rage au coeur

Histoires d'Algérie - Fernand Iveton: militant communiste algérien décapité pour l'exemple en février 1957

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

A Khenchela, les colonialistes ont arrêté un instituteur français à titre d'otage - Marie Perrot, L'Humanité, 11 novembre 1954

Histoires d'Algérie - "Le camp des oliviers. Parcours d’un communiste algérien" (PUR, 2012)

Histoires d'Algérie - La militante du PCA Gaby Gimenez, arrêtée et torturée par Vichy puis pendant la guerre d'Algérie

 
 
Alger Républicain - Intervention de la députée communiste Alice Sportisse contre la répression dans les Aurès après le 1er novembre 1954

Alger Républicain - Intervention de la députée communiste Alice Sportisse contre la répression dans les Aurès après le 1er novembre 1954

Partager cet article
Repost0
16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 07:10
Gabrielle Gimenez

Gabrielle Gimenez

Histoires d’Algérie. 

Gaby Gimenez est une militante communiste algérienne, combattante pour l'indépendance de l'Algérie et contre le fascisme. Ce fut la seule femme non française du comité central du PCA pendant la seconde guerre mondiale.

Ses parents sont nés à Oran et ses grands-parents, paysans pauvres, sont arrivés en Algérie d'Andalousie et d'Almeria en 1900. Elle naît à Oran en 1920. Son père avait combattu dans l’armée française durant la Première Guerre Mondiale notamment dans la Bataille des Dardanelles et l'expédition de Salonique, puis c'est devenu un cheminot cégétiste. 

Gabrielle s'engage en 1936 à la Jeunesse communiste dès ses 16 ans et participe à Oran aux combats de rue contre les bandes fascistes armées menées par le maire d'Oran de l'époque l'Abbé Lambert. 

En 1940 elle participe clandestinement à l'aventure de " La Lutte sociale" avec les anciens des brigades internationales et futurs combattants de l'indépendance algérienne Maurice Laban et Georges Raffini. Ils défendent déjà l'idéal d'une Algérie indépendante. 

Arrêtée à Alger au milieu de l’année 1941, elle est mise nue et torturée par le commissaire français Achiary, emprisonnée à la prison Barberousse puis condamnée aux travaux forcés.  Elle est libérée en février-mars 1943, quelques mois après le débarquement allié de novembre 1942.

Après le démantèlement à l'été 1956 du maquis communiste des combattants de la libération elle continue à organiser des secours et des collectes de médicaments avec son mari Roger Benichou et ils seront arrêtés et torturés par l'armée française. 

Sa situation est citée dans un éditorial du journal communiste L'Humanité le 25 septembre 1956 par Léon Feix: « N’est-il pas révoltant que Gaby Gimenez, ancien conseiller général d’Oran, condamnée aux travaux forcés sous Vichy, ait été victime de procédés pires que ceux dont elle a eu à souffrir cruellement en 1941 ». Elle est condamnée par le tribunal militaire d’Oran le 25 juillet 1957 à vingt ans de travaux forcés ramenés à quinze ans par un nouveau jugement en janvier 1958, après que les avocats aient pu faire valoir un vice de forme. Elle rejoint les condamnées femmes à la prison de El Harrach avant d’être transférée à Paris à la prison des femmes de la Petite Roquette à Paris parmi les prisonniers de droits communs

Emprisonnée à la prison de Maison Carrée puis à la petite roquette à Paris avec des droits communs, elle obtient l'aide de la philosophe Simone Weil, notamment pour être regroupée avec d'autres prisonnières politiques algériennes combattantes de l'indépendance à la prison de Rennes. 

Ses parents sont menacés par l'OAS, sa sœur est blessée dans un attentat de l'OAS et après les accords d'Évian elle va être libérée et obtient la nationalité algérienne. 

Lucette Larribère Hadj Ali témoigne dans ses mémoires, Itinéraire d'une militante algérienne (2011, Editions du Tell) à propos d'elle: 

"mes camarades m'avaient souvent parlé d'elle, du courage qu'elle avait déployé dans l'action clandestine. Et j'attendais avec impatience de la rencontrer. Militante communiste dès son adolescence, elle avait en effet activement participé, dans la clandestinité, au combat anti-fasciste que menait alors le PCA sous le gouvernement de Vichy. Elle avait à peine seize ans quand elle avait été chargée de transporter d'Oran à Alger une valise de documents et de tracts. Arrivée dans le nuit à Alger, elle n'avait pu déposer son fardeau chez le camarade indiqué, celui-ci, pris de peur, quant refusé de l'accueillir. Elle avait donc repris sa valise et à pied, tard dans la nuit, avait gagné le domicile d'un autre militant, à El Harrach. Arrêtée, elle avait été torturée et condamnée aux travaux forcés à perpétuité. A sa libération, elle avait été élue au conseil cantonal d'Oran. Mais atteinte de tuberculose, elle fut envoyée en France par le Parti pour être soignée et elle n'était revenue qu'en 1951. Sa vie durant, Gaby milita activement dans le Parti et à l'union des femmes, avec toujours une extrême modestie. Nous nous rencontrions souvent quand je me rendais à Oran ou quand elle venait à Alger pour des réunions du comité central du Parti ou celles de l'union des femmes. Elle logeait alors chez moi et jusque tard dans la nuit, nous échangions nos points de vue sur les problèmes en cours. Une solide amitié nous a étroitement liées. Pendant la guerre d'indépendance elle sera à nouveau arrêtée, torturée, puis condamnée à 20 ans, puis à 15 ans de prison. Plus tard, quand s'abattit sur nous la chape noire de l'islamisme intégriste, menacée, elle dut partir se réfugier en France auprès de ses deux garçons".

 

lire aussi: 

Histoires d'Algérie : Blanche et André Moine, militants communistes du PCA pendant la guerre d'Algérie

La grande aventure d'Alger Républicain, par Henri Alleg, Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa

Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale et les travaux pionniers de Pierre-Jean-Le Foll-Luciani - par Malika Rahal) 

D'une guerre civile à l'autre... - La guerre civile en France (1858-1962) par l'historien américain Grey Anderson (La Fabrique, 2018)

Témoignage - L'itinéraire de Michel Tanguy, instituteur morlaisien communiste en Algérie pendant la guerre d'Algérie

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

Histoires d'Algérie: Djamila Boupacha, militante FLN défendue par Gisèle Halimi et dont Picasso fit une icône de la lutte des Algériens

Communist'Art: Anne Greki, poétesse algérienne (1931-1966)

Histoires d'Algérie: Colette Grégoire dite Anna Greki, poétesse, communiste, militante de l'indépendance: l'amour et la rage au coeur

Histoires d'Algérie - Fernand Iveton: militant communiste algérien décapité pour l'exemple en février 1957

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

A Khenchela, les colonialistes ont arrêté un instituteur français à titre d'otage - Marie Perrot, L'Humanité, 11 novembre 1954

Histoires d'Algérie - "Le camp des oliviers. Parcours d’un communiste algérien" (PUR, 2012)

Partager cet article
Repost0
16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 06:58
Hommage à Missak et Mélinée Manouchian le 22 mars, 11h à Brest, pour le dévoilement de la plaque de la rue rebaptisée du nom des résistants communistes arméniens de la FTP-MOI entrés au Panthéon

Hommage à Mélinée et Missak Manouchian

Nous vous invitons au dévoilement de la plaque en hommage à Mélinée et Missak Manouchian, figures emblématiques de la Résistance.

 Samedi 22 mars
 À partir de 11h
15, rue Coat ar Gueven


Missak Manouchian, chef du groupe des FTP-MOI, et son épouse Mélinée, résistante et survivante, incarnent le combat pour la liberté et la justice. Leur engagement ne doit jamais être oublié.

Venez nombreux leur rendre hommage !

 

Le mardi 25 mars, la section communiste de Brest organisera une conférence d'éducation populaire à 18h 6 rue Berger à Brest avec l'historien de la Résistance Gildas Priol sur la résistance communiste à Brest et dans le Finistère. 

Venez nombreux!

Partager cet article
Repost0
9 mars 2025 7 09 /03 /mars /2025 19:31
La lente accession des femmes françaises aux droits politiques - Des municipales de 1925 à l'égalité des droits en 1945 - par Piero Rainero

La lente accession des femmes françaises aux droits politiques.

Des municipales de 1925 à l’égalité des droits en 1945.

 

Dans le prolongement des luttes au retentissement national menées à Douarnenez en 1924 par les Penn-Sardin, le parti communiste décida de présenter des candidates féminines aux élections municipales de 1925 dans plusieurs villes de France.

 

À Douarnenez ce fut l’une des figures du mouvement des sardinières qui fut choisie, Joséphine Pencalet. Placée en 4 ème position avec 26 hommes sur la liste conduite par le maire communiste sortant, Daniel Le Flanchec, elle fut élue dès le premier tour le 3 mai 1925 avec 25 de ses colistiers.

Joséphine Pencalet a été la première femme élue en Bretagne dans une collectivité territoriale. Elle participa à 6 réunions du conseil municipal avant que son élection ne soit invalidée.

Parmi les femmes présentées par les communistes en France à ce scrutin, 10 furent élues mais leur élection fut partout annulée.

Comme Joséphine Pencalet, ces candidates furent élues par des hommes, les femmes n’ayant pas encore le droit de vote. Plusieurs propositions de loi avaient été déposées en ce sens depuis 1901, l’une d’elles fut même votée en 1919 par les députés mais bloquée au Sénat.

Le 26 juin 1924 le breton Marcel Cachin, député communiste de la Seine déposa sur le bureau de l’Assemblée Nationale une nouvelle proposition de loi visant à accorder aux femmes le droit d’être électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes, à tous les scrutins.

Le Parti Communiste était alors la seule formation politique à promouvoir la plénitude des droits électoraux des femmes.

Cette nouvelle démarche n’aboutit pas.

Les femmes n’étaient toujours ni électrices, ni éligibles.

Mais aucun texte de loi ne leur interdisait d’être candidates.

Le gouvernement de Raymond Poincaré, qui avait constaté cette étrangeté, avait envisagé en 1923 de faire voter une loi interdisant aux femmes de faire acte de candidature, mais ce dossier resta dans les tiroirs. Cette faille juridique permit en 1925 aux communistes de présenter des candidates, les bulletins en leur faveur furent dûment décomptés et pour 10 d’entre elles, leur élection proclamée, mais plus tard invalidée.

La République n’était pas à une contradiction près : s’il était impossible aux femmes d’être électrices et éligibles, à quelque élection que ce soit, elles pouvaient cependant être ministres. Ainsi, bien plus tard, en 1936, lors du Front Populaire, alors que les femmes n’avaient toujours pas de droits électoraux, trois d’entre elles furent nommées dans le premier gouvernement de Léon Blum à des postes de sous-secrétaires d’État, dont, à la Recherche scientifique, une jeune physicienne de 38 ans, Irène Joliot-Curie, qui venait de recevoir le prix Nobel.

Joséphine Pencalet est l’une des grandes figures bretonnes des combats pour l’émancipation féminine. Des rues, des places et des bâtiments publics perpétuent sa mémoire.

Je me souviens avoir entendu des femmes douarnenistes exprimer, 50 ans après, leur admiration pour celle qui avait accepté de se porter candidate, seule femme aux côtés d’hommes. On relit aujourd’hui avec effarement les écrits de ceux qui s’opposaient alors au droit de vote des femmes.

Ces candidatures courageuses pour l’époque, ont contribué à faire grandir l’ exigence démocratique de l’égalité femmes-hommes qui demeure un combat constant des communistes.

En 1922, lorsque le maire communiste de Douarnenez, Sébastien Velly, décida avec son conseil municipal de donner à une rue le nom de Louise Michel, les éléments conservateurs et rétrogrades se déchaînèrent. Le Préfet lui-même essaya sans succès de faire annuler cette décision. Pendant l’Occupation cette rue Louise Michel fut débaptisée pour recevoir le nom de...Pétain. Quelle offense au souvenir de cette grande dame !

Il fallut attendre 1944 pour qu’enfin, dans la foulée de la Libération et des lois progressistes qui furent votées, le droit de vote soit accordé aux femmes.

Un nom restera attaché à cette loi d’égalité, celui d’un dirigeant de la Résistance, le communiste Fernand Grenier, qui porta cette proposition à l’Assemblée Consultative d’Alger, faisant inscrire dans la loi du 24 mars 1944 un amendement précisant : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. ». Amendement repris dans l’ordonnance signée du Général De Gaulle en date du 21 avril 1944 dans son article 17.

Elles exercèrent donc ce droit, pour la première fois, aux élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945.

Ce sont les communistes qui présentèrent le plus grand nombre de femmes sur les listes des quelque 38 000 communes existant alors. 17 femmes seulement furent élues maires en France dont 5 communistes. Parmi elles, la maire de Kernével, Marie Mahé, l’une des 5 premières femmes maires du Finistère.

Et le 21 octobre 1945, des femmes furent élues, pour la première fois, à l’Assemblée Constituante. Elles étaient 33 sur 586 député-es et parmi elles 17 communistes (50%) dont de grandes figures de la Résistance et du féminisme comme Marie-Claude Vaillant-Couturier qui fut la seule femme à témoigner au procès des criminels nazis à Nuremberg.

En faisant de ces trois mots « Liberté, Égalité, Fraternité » la devise de la République après la Révolution de 1789, la France avait omis un droit fondamental, celui des femmes à pouvoir s’exprimer par le vote, comme les hommes, et à accéder à toutes les responsabilités électives.

Et encore fallut-il, après l’introduction de ce droit dans la loi, le compléter par l’exigence de parité.

Alors que nous allons cette année commémorer les 80 ans du premier vote des femmes françaises, il reste encore beaucoup de chemin à faire, de luttes à mener, de bastilles à abattre pour une réelle égalité femmes-hommes.

Le principe en est pourtant inscrit dès 1946 dans le préambule de la Constitution, grâce encore au résistant communiste Fernand Grenier :

« La loi garantit à la femme dans tous les domaines des droits égaux à ceux de l’homme. »

Piero Rainero.

le 8 mars 2025.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
22 février 2025 6 22 /02 /février /2025 08:04
Histoires d'Algérie - "Le camp des oliviers. Parcours d’un communiste algérien" (PUR, 2012)

Le camp des oliviers. Parcours d’un communiste algérien, William Sportisse

Presse Universitaire de Rennes, 2012

Éditions El-Ijtihad- Alger 2013

Entretiens avec Pierre-Jean Le Foll-Luciani  

 
William Sportisse est né à Constantine dans une famille juive arabophone dont les ancêtres sont pour partie des Juifs expulsés d'Espagne au moment de la Reconquista et des berbères. Il passe une grande partie de sa jeunesse au Camp des Oliviers dans le quartier de Bellevue, à la périphérie de Constantine, un quartier d'habitations à bon marché (HBM) que des juifs du centre-ville rejoignent en même temps qu'une minorité de musulmans et qu'une majorité d'européens. Les "communautés" différentes y vivent en relatif bon voisinage, notamment les juifs et les musulmans qui s'échangent gâteaux et plats lors de leurs fêtes religieuses. Pendant le Front Populaire, son frère Bernard Sportisse joue un rôle dans la mobilisation de la jeunesse, au côté d'autres jeunes juifs engagés au PCA et à la CGT. A Constantine, les jeunesses socialistes sont principalement constituées de juifs, et les jeunesses communistes sont constituées principalement de juifs et de musulmans. Bernard Sportisse en fait partie, au côté de Maurice Laban, de George Raffini, qui rejoindront ensuite les maquis rouges du PCA pendant la guerre d'Algérie au côté des indépendantistes algeriens, de Pierre Bartoli, de Simon Khalfa. En 1936, les JC de Constantine note William Sportisse devaient regrouper 60 à 70 adhérents. William qui a 12-13 ans en fréquente au sein du cercle populaire de jeunes du quartier d'El Kantara. Son frère Lucien, instituteur à Akbou, est communiste lui aussi. Le 5 août 1934, une émeute populaire musulmane avait visé les juifs de Constantine, plus de 200 magasins avaient été saccagés et pillés, plusieurs familles attaquées, et 25 juifs tués, dont six femmes et cinq enfants. Parmi eux un parent de William Sportisse, cousin de sa mère, l'agriculteur au village de Bizot, Michel Attal, dont le fils Robert Attal deviendra membre du PCA et correspondant local d'"Alger Républicain". Lucien en tant que communiste, critique du colonialisme et de sa pratique de division entre juifs, musulmans, Européens, est accusé d'avoir eu une responsabilité dans ces émeutes violentes visant les juifs, y compris par des antisémites proches de l'Action française, ou des milieux juifs conservateurs. Dans ses entretiens avec l'historien Pierre-Jean Le Foll-Luciani, William Sportisse laisse entendre que les autorités coloniales auraient pu trouver un intérêt dans ces émeutes anti-juives et leur récupération, voire les provoquer, ou ne rien faire pour les empêcher. "La vision raciale du monde" que celles-ci ont propagé a contribué à creer un antagonisme entre musulmans et juifs là où la coexistence dans le monde précolonial était ancienne, et la culture en grande partie commune. L'impérialisme déviait aussi la colère des fellahs contre des boucs-émissaires, la petite bourgeoisie juive, ce qui avait le double avantage de pouvoir s'appuyer sur elle comme une alliée en besoin de protection. Néanmoins, Lucien Sportisse dès cette époque refuse de minimiser la réalité de l'antisémitisme, aussi bien chez les Européens que chez les musulmans. Germaine, la sœur de Lucien, Bernard, et Lucien, deviendra également communiste après la seconde guerre mondiale, se mariant avec un dirigeant du parti communiste espagnol, l'ancien combattant républicain Luis Delage.
Lucien Sportisse, né en 1905, est le premier des Sportisse à s'être engagé au Parti communiste algérien, en 1927, après un premier passage à la SFIO, adhésion communiste qui se fera sur des bases anticolonialistes, liées à ces expériences de la misère algérienne comme instituteur en zone rurale. A l'époque dans la région de Constantine, les effectifs du Parti communiste n'excèdent pas les 200 adhérents. C'est un instituteur partisan des méthodes Freinet, qui militait au sein de la tendance "L'école émancipée" du SNI (syndicat national des instituteurs). Dès le début des années 30, il milite avec les ouvriers boulangers de Constantine ou les dockers de Philippeville (Skidda) regroupés dans la CGTU. Dès le début des années 30, comme activiste communiste, Lucien est pisté par la police, la gendarmerie, la Sûreté départementale. Il milite avec d'autres militants communistes comme Lucien Monjauvis, Antoine Hajje, Aloïs Zimmerman, dépêchés par le PCF pour enquêter sur les émeutes antijuives du 5 août 1934. Les prises de position anticolonialistes de Lucien Sportisse et sa critique de l'expropriation des paysans musulmans par les gros propriétaires et l'administration coloniale, et ses engagements communistes, lui valent une révocation de son poste d'instituteur. Après sa révocation, Lucien part en Oranie, où il travaille dans le bâtiment avec un autre militant communiste, Nicolas Zannettacci. Il prend la direction de l'UD des syndicats d'Oran, mobilise les chômeurs, principalement musulmans, d'Oran en1935-1936, ce qui lui vaut d'être de nouveau dans le collimateur de la police, qui arrête les participants des meetings où il intervient comme syndicaliste. Le 2 août 1935, Lucien est arrêté et emprisonné lui-même, ciblé aussi bien en tant que communiste que en tant que juif et anticolonialiste. En septembre 1935, il est condamné à 4 mois de prison. C'est à ce moment que sa mère, analphabète, apprend le français, pour mieux pouvoir participer à la défense de son fils aîné adoré, notamment à partir de la lecture de "L'Humanité". En 1936, Lucien Sportisse va être conduit à quitter l'Algérie, l'administration de l'éducation nationale se déclarant prête à le réintégrer en France, mais pas dans le Constantinois, ni en Algérie. C'est une manière de l'expulser par contrainte. Ses camarades du PCA l'encouragent à accepter un poste en France où il pourra militer tout aussi utilement. A l'époque, Lucien et son épouse, Alice Cremades, se sont séparés. William Sportisse précise qu'Alice Cremades est une "militante importante du PCA à Oran, élue au Comité central aux côtés de Lucien en 1936" et qu'elle était allée à Paris puis en Espagne organiser la solidarité concrète avec le peuple espagnol contre le franquisme. Alice gardera le nom de Sportisse quand elle militera au PCF et au PCA clandestin pendant la seconde guerre mondiale et qu'elle sera élue conseillère générale d'Alger-Bab al Oued (1945-1951) et députée communiste d'Oran (1945-1951). En décembre 1954, c'est elle qui intervient à l'Assemblée Nationale pour dénoncer la politique du tout répressif conduite par Mitterrand et Mendès-France après le 1er novembre 1954 et exiger des réformes politiques et sociales en Algérie qui prennent en compte le fait national algérien et l'aspiration à la liberté du peuple algérien. Au début de la guerre, Lucien Sportisse est âgé de 1934, et il est instituteur à Sevran. Envoyé dans les Alpes comme pionnier dans un régiment de génie, il est privé d'armes comme d'autres militants communistes. A l'armistice, la politique anticommuniste et les lois anti-juives de Vichy rendent sa réintégration comme instituteur "impossible". Lucien est aidé par des bénévoles de la Croix Rouge, des chrétiens, et reprend contact avec le PC clandestin dans le sud de la France. En août 1941, alors qu'il travaille et milite clandestinement à Aubenas, Lucien Sportisse est arrêté par la police française en tant que communiste. Il est envoyé avec des droits communs dans la forteresse de Sisteron en Provence, puis au camp de Fort-Barraux en Isère, puis au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe dans le Tarn, où il donne des cours à d'autres détenus, politiques, syndicalistes, ou juifs. Il s'évade dans la nuit du 11 au 12 juillet 1943 avec une cinquantaine de co-détenus après avoir creusé un tunnel, puis il rejoint la résistance communiste et FTP. Le Front National de Libération de la France (structure communiste de résistance et de rassemblement) lui enjoint de prendre la direction du "Patriote", le journal de la Résistance communiste pour la région lyonnaise. Il y travaille notamment clandestinement avec Madeleine Braun, première présidente femme de l'Assemblée Nationale, à la libération, directrice du "Patriote", avec George Marrane, Yves Farge. Lucien Sportisse, rappelle son frère William, est "également en lien avec des résistants maghrébins musulmans, nombreux à Lyon, par l'intermédiaire d'un autre résistant juif communiste algérien, né à Tlemcen, Joseph Boukobza. Lucien est dénoncée par une collaboratrice infiltrée dans leur réseau et abattu par la Gestapo aidé de collaborateurs doriotistes du PPF le 24 mars 1944 dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon. Joseph Boukobza sera lui aussi abattu par des miliciens français après avoir été dénoncé par la même indicatrice.
Pendant que son frère Lucien devient un héros de la Résistance, William a vécu la guerre en militant au PCA clandestin, en tant que jeune communiste, avec George Raffini notamment, et d'autres militants communistes juifs comme Emile Attali, ouvrier imprimeur, ou "musulman" et européen, selon la terminologie consacrée à l'époque, dans un contexte où l'antisémitisme d’État de Vichy s'applique aussi à plein en Algérie et dans le reste de l'Afrique du Nord, les juifs ayant perdu la nationalité française par l'abrogation du décret Crémieux le 8 octobre 1940, devenant des "indigènes" encore plus discriminés que les autres par le racisme du système colonial très bien adapté à l'antisémitisme d'état du régime du maréchal Pétain. Son frère Bernard Sportisse est arrêté avec d'autres communistes algériens, certains, membres de la direction, sont condamnés à mort comme Thomas Ibanez, Ahmed Smaïli, Georges Raffini, Lisette Vincent, Emile Touati, Danielus Dietmar. Ces militants sont embastillés souvent à la prison de Barberousse au-dessus de la Casbah d'Alger qui allait quelques années plus tard accueillir d'autres condamnés à mort du PCA comme Yveton et surtout du FLN. Après le débarquement allié en Algérie, William Sportisse s'engage dans les FFL, engagé dans l'armée en Mauritanie, où la très grande majorité des officiers sont hostiles aux juifs. Il se battra en France contre les nazis, notamment dans les poches de l'Atlantique encore aux mains des Allemands à l'ouest de la France. C'est à Marseille qu'il apprend les massacres de Sétif, Guelma, et du nord-Constantinois suite aux manifestations du 8 mai 1945. Entre 15 000 et 45 000 algériens tués au cours de véritables chasses à l'homme auxquelles participent milices de colons, armée et police coloniale, pour venger la mort de 102 européens suite aux tirs contre des manifestants nationalistes à Sétif et Guelma. William Sportisse va devenir dirigeant des JC et de l'UJDA à Constantine et Alger entre 1945 et 1948. C'est un permanent de la JC (payé irrégulièrement et mal, comme les journalistes et collaborateurs d'"Alger Républicain"), un "fonctionnaire de la révolution"!
Il se déplace beaucoup dans les Aurès, à Khenchela notamment, où il constate l'ampleur du sentiment national, portant haut l'UDMA dans l'électorat musulman. Le PCA compte à cette époque environ 9000 militants. La JC, suite à l'impulsion du PCA, va créer l'Union de la jeunesse démocratique algérienne (UJDA) pour intégrer un maximum de musulmans, parfois mêmes des organisations, comme les Scouts musulmans algériens de Blida, offrir une base d'action et de rassemblement élargie au mouvement communiste. Les militants musulmans deviendront bientôt majoritaires au sein du PCA, lequel entretient de plus en plus de lien avec les nationalistes autonomistes ou indépendantistes musulmans et affirme de plus en plus une ligne de critique radicale du colonialisme. "A Constantine, rappelle William Sportisse, au sein des JC et de l'UJDA, il y a des militantes actives comme Reinette Zaoui (demi-soeur d'Emile Attali et future épouse de Georges Raffini), Edith Zerbib (qui épousera Bernard Sportisse) ou Raymonde Peschard (morte au maquis pendant la guerre de Libération). Les secrétaires nationaux de l'UJDA sont Henri Alleg et René Azoulay, et William Sportisse, lui, en est le dirigeant de Constantine. Plusieurs militants de l'UJDA rejoindront les rangs indépendantistes et le combat national algérien pendant la guerre de Libération comme Hamib Gherab, Henri Maillot, Maurice Laban, ou d'autres camarades communistes, qui deviendront membres du maquis des Combattants de la libération. Henri Maillot et Maurice Laban seront assassinés par l'armée française.
A cette époque, William Sportisse est très lié à Henri Alleg. Il intègre le comité central du PCA en avril 1947 et devient permanent du PCA entre 1948 et 1953, rendant compte des luttes sociales dans le journal communiste "Liberté", particulièrement actif dans les luttes anticolonialistes du Constantinois et de Kabylie. Dans son livre d'entretien avec Pierre-Jean Le Foll-Luciani, William Sportisse revient de manière passionnante sur son quotidien de dirigeant communiste dans cette atmosphère d'ébullition et d'oppression coloniale, dans le monde urbain et rural algérien, sur les évolutions politiques et stratégiques du PCA, de plus en plus engagés pour l'indépendance algérienne, sur le rapport des juifs algériens et des communistes juifs au sionisme, à l’État naissant d'Israël, sur le soutien aux mouvements d'émancipation nationale au Maroc et en Tunisie. William Sportisse devient à la demande du PCF et du PCA journaliste radio en Hongrie, à Budapest, dans une radio communiste diffusant des émissions en langue arabe et il reviendra en 1955 en Algérie pour retrouver son pays en guerre, rentrer en clandestinité avec le PCA, puis avec le mouvement national algérien, à Constantine pendant toute la durée de la guerre, changeant de nom et d'apparence physique pour échapper à l'arrestation, établissant la liaison avec le FLN et l'ALN, organisant la collecte et la solidarité financière avec les camarades engagés dans les maquis, la liaison avec les prisonniers des bagnes et camps français. Son expérience de la lutte clandestine acquise sous Vichy lui est utile pendant la guerre d'Algérie. William Sportisse écrit dans un journal clandestin "Le Patriote", le même nom que le journal communiste de Résistance à Lyon pour lequel son frère Lucien travaillait. Il y fait notamment, en décembre 1957, l'éloge de la résistante communiste Raymonde Peschard tuée les armes à la main pour défendre la liberté du peuple algérien contre l'oppression coloniale:
" Traquée par la police et les parachutistes, notre camarade Raymonde Peschard est morte au combat. Elle a versé son sang généreux pour l'indépendance de sa patrie qu'elle aimait tant. Venue très jeune à notre parti, parce que sensible aux souffrances de son peuple, elle haïssait le racisme et l'oppression colonialiste. Patriote algérienne, elle avait pu rejoindre le maquis, après avoir été poursuivie par les parachutistes de Massu. Son souvenir restera vivant dans le cœur des Algériens et des Algériennes. De nouveaux combattants et combattantes se lèveront pour poursuivre son combat héroïque afin de réaliser son désir le plus cher, la liberté de son peuple" (William Sportisse, Le Patriote, décembre 1957).
A l'Indépendance, William Sportisse sort de sa clandestinité, les chefs du FLN l'identifient comme dirigeant communiste. A cette époque, le journal du PCA "Al Houriya" est très bien accueilli et se vend très bien à Alger aussi bien qu'à Constantine. Le Parti communiste algérien à l'Indépendance compte 8000 à 10 000 adhérents. Mais l'anticommunisme est fort au sein du FLN, que cela soit chez les ruraux ou des nationalistes des villes issus de la bourgeoisie musulmane, et les tendances autoritaires et hostiles au multipartisme aussi, et le PCA va être inquiété dans ses activités et son indépendance très vite, avec la complicité de la grande majorité des parlementaires et hommes politiques qui n'ont rien dit. Le PCA est privé de son journal "Al Houriya" mais sa sensibilité continue à s'exprimer au sein d'""Alger Républicain" où William Sportisse entre en 1963, un journal qui tire à cette époque à 70 000 exemplaires et où Sportisse travaille avec Henri Alleg, Boualem Khalfa, Lakhdar Kaïdi, Jean-Pierre Saïd, Jacques Salort, Georges Marcelli, Mustapha Kaïd. En 63, lors des débats du code de la nationalité, malgré l'opposition publique des députés Abdelkader Guerroudj, ancien communiste, d'Hocine Aït Ahmed, Meriem Belmihoub, et des députés d'origine européenne qui avaient participé à la lutte anticolonialiste, et d'une opposition publique égalemment de Claude Sixou, la poétesse Anna Greki (Colette Grégoire), Lucien Hanoun, Francine Serfati, Jacqueline Guerroudj, Jean-Claude Melki et André Beckouche, tous compagnons de la libération algérienne, une conception étroite de la nationalité, indexée à la confession musulmane, est adoptée qui exclut potentiellement les Européens et les juifs qui se sont battus pour la nation algérienne et sa liberté, ou bien leur accorde la nationalité à titre exceptionnel et sous condition. Au moment du coup d'Etat de Boumediene, William Sportisse est emprisonné comme beaucoup de militants communistes (beaucoup seront torturés, nombreux seront liquidés). Le PCF et "L'Humanité", et également les pays du bloc communiste, organisent une solidarité internationale avec William Sportisse et d'autres détenus progressistes et communistes algériens, comme Bachir Hadj Ali, Henri Zannettacci, Jacques Salort. Bachir Hadj Ali tirera de cette expérience le livre "L'arbitraire". William Sportisse sera ensuite libéré de prison en 68, assigné à résidence à Tiaret, et il participera à la construction du PAGS clandestin, parti communiste héritier du PCA, à Tiaret avec Sadek Hadjerès et d'autres militants ayant échappé aux arrestations.
William Sportisse reste en Algérie pendant la décennie noire des attentats et meurtres islamistes et de la guerre civile avant d'être poussé à partir par des camarades d'"Alger Républicain", sachant qu'il était une cible en tant que militant de gauche et communiste. Il quittera l'Algérie son pays natal en 1994.
Comme l'a écrit Augustin Paillière dans La Revue du Projet du PCF en 2014:
"Depuis la période coloniale jusqu’à l’aube de la « décennie noire » de la guerre civile, ce témoignage sur le « parcours d’un communiste algérien » est passionnant pour nous, communistes français, à plus d’un titre.
Son plus grand mérite est de faire sortir de l’ombre l’histoire des communistes algériens. Dans une société que la colonisation avait construite sur des bases racistes, plusieurs générations de juifs, d’Européens et de musulmans se sont battu ensemble contre le fascisme, le colonialisme et le capitalisme, presque toujours dans la clandestinité. À l’heure où, même en France, la lecture raciale des crises sociales et économiques regagne du terrain, l’histoire de l’engagement de ces militants, et on pense évidemment aussi à Henri Alleg, constitue un héritage précieux pour les communistes du siècle présent.
William Sportisse analyse, sans complaisance, la contribution des communistes à la guerre d’indépendance et explique la difficulté à maintenir l’union des Algériens sans mettre de côté leurs positions en tant que communistes.
À l’indépendance, le PCA a payé cher cette position. D’abord toléré, il est formellement interdit dès 1964 et ses militants sont réprimés, y compris physiquement. Malgré la prison, malgré la torture (infligée à des Algériens par des Algériens) et malgré vingt ans passés en résidence surveillée, William Sportisse continue d’analyser les orientations contradictoires prises par le FLN en fonction des progrès réels ou des reculs qu’elles ont représentés pour la grande majorité des ouvriers et des paysans algériens. Cela force le respect."
Note de lecture réalisée par Ismaël Dupont - 20 février 2025
 

lire aussi: 

Histoires d'Algérie : Blanche et André Moine, militants communistes du PCA pendant la guerre d'Algérie

La grande aventure d'Alger Républicain, par Henri Alleg, Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa

Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale et les travaux pionniers de Pierre-Jean-Le Foll-Luciani - par Malika Rahal) 

D'une guerre civile à l'autre... - La guerre civile en France (1858-1962) par l'historien américain Grey Anderson (La Fabrique, 2018)

Témoignage - L'itinéraire de Michel Tanguy, instituteur morlaisien communiste en Algérie pendant la guerre d'Algérie

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

Histoires d'Algérie: Djamila Boupacha, militante FLN défendue par Gisèle Halimi et dont Picasso fit une icône de la lutte des Algériens

Communist'Art: Anne Greki, poétesse algérienne (1931-1966)

Histoires d'Algérie: Colette Grégoire dite Anna Greki, poétesse, communiste, militante de l'indépendance: l'amour et la rage au coeur

Histoires d'Algérie - Fernand Iveton: militant communiste algérien décapité pour l'exemple en février 1957

Gisèle Halimi à propos de l'exécution de Fernand Iveton dans "Le lait de l'oranger", ses mémoires de 1988

A Khenchela, les colonialistes ont arrêté un instituteur français à titre d'otage - Marie Perrot, L'Humanité, 11 novembre 1954

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011