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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 07:52
samedi 4 décembre 2021- le Parti communiste rend hommage à Tintin, Célestin Perrigault, résistant à Huelgoat et grand militant pendant 80 ans, pour ses 100 ans
samedi 4 décembre 2021- le Parti communiste rend hommage à Tintin, Célestin Perrigault, résistant à Huelgoat et grand militant pendant 80 ans, pour ses 100 ans
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samedi 4 décembre 2021- le Parti communiste rend hommage à Tintin, Célestin Perrigault, résistant à Huelgoat et grand militant pendant 80 ans, pour ses 100 ans

Par Ismaël Dupont, le 5 décembre 2021

Nous avons vécu de très beaux moments ce samedi après-midi, 4 décembre à Treverien et à Combourg pour fêter les 100 ans de Tintin, Célestin Perrigault, au côté des camarades du PCF d'Ille-et-Vilaine, Yannick Nadesan, Daniel Collet, Françoise Collet, Marc, Jeannie, Michel, etc, et une vingtaine de camarades du secteur de Combourg. En présence du maire de Treverien et du Conseiller départemental du canton qui s'est lui aussi exprimé.

J'étais venu apporter l'hommage et l'amitié des camarades du Finistère à Tintin qui s'est engagé au PCF et dans la Résistance dans le centre-Finistère, et qui a été élu à Plouyé avant de devenir journaliste.

Ce centenaire toujours jeune en esprit, plein d'intelligence, d'humour, de malice qu'est Célestin, peignait et exposait encore ses tableaux de paysage vibrants d'émotion il y a quelques mois et participe sans difficulté aux discussions, y apportant son expérience et son analyse politique aiguë. Yannick Nadesan, responsable du groupe communiste à Rennes et à Rennes-Métropole, l'a exprimé dans son discours.  

On ne peut qu'être admiratif devant ce militant d'exception qui s'est engagé au parti communiste a Huelgoat en 1942, sous l'influence de Guillaume Lozac'h, menuisier, ami du docteur Jacq, revenu de l'internement à Châteaubriant quand le docteur Jacq, lui, a été fusillé à l'étang de la Blisière le 14 décembre 1941.

FERNAND JACQ médecin et élu au Huelgoat, militant communiste et résistant, fusillé à Châteaubriant le 15 décembre 1941 (archives départementales du Finistère)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

Célestin Perrigault s'est engagé ensuite d'abord comme instituteur de Locmaria Berrien dans le réseau de résistance FTP de Berrien, participant à des parachutages, des échanges d'information, des transmissions d'ordres de la résistance communiste, d'armes, et échappant à une rafle a Morlaix (suite à l'exécution de la maîtresse du commandant allemand de la place, un SS furieux et violent, Keller).

En 40, le jeune normalien originaire du nord de l'Ille et Vilaine (Monfort-sur-Meu, où il fut orphelin de mère et de père très tôt), exclu de l'école normale de Rennes pour indiscipline (il préférait les dessins satiriques et les blagues aux études: il se fait remarquer d'ailleurs pour ses caricatures de Hitler et Göring avant-guerre), s'est rendu dans le Finistère pour rejoindre l'Angleterre et continuer le combat, mais les bateaux étaient déjà bloqués a Plouescat quand il est arrivé, depuis Quimper, avec sa bicyclette.

Repassant par Huelgoat en vélo, il décide de s'y installer, une amie rennaise lui ayant dit le plus grand bien de la région.

Il est amoureux de Huelgoat dont il devient le populaire gardien de but de l'équipe de foot et se fiance et marie avec une jeune de Huelgoat, Yvonne Dual, avant de s'engager au PCF et en résistance chez les FTP.

Il obtient la croix de guerre à la liberation et devient élu communiste a Plouyé avant de revenir à Rennes pour y devenir journaliste pour le journal communiste breton Ouest-Matin où il écrit sous son nom et plusieurs pseudonymes, puis de nouveau instituteur et militant, puis dirigeant départemental du syndicat des instituteurs. 

C'est une grande chance d'avoir pu connaître et honorer à l'occasion d'une chaleureuse fête d'anniversaire avec les camarades d'Ille-et-Vilaine que nous remercions de leur invitation ce grand témoin des combats de la résistance et des jours heureux.

Daniel Collet lui a d'ailleurs lu une très belle lettre d'amitié de Fabien Roussel, le candidat des Jours Heureux.

PERRIGAULT Célestin, René, Marcel, dit « Tintin »
 
Né le 17 novembre 1921 à La Chapelle-Chaussée (Ille-et-Vilaine) ; instituteur ; militant syndicaliste, secrétaire de la section départementale du SNI d’Ille-et-Vilaine (1963-1972) ; militant communiste, conseiller municipal de Plouyé (Finistère).
Sa mère mourut peu après sa naissance. Son père, ferblantier-zingueur-quincailler, d’opinions radicales-socialistes, se remaria vers 1925 et décéda en 1934. Célestin Perrigault (parfois écrit Périgaux ou Perrignault) reçut les premiers sacrements catholiques. Élevé par sa mère adoptive, interne au cours complémentaire de Montfort-sur-Meu, il entra à l’École normale d’instituteurs de Rennes en 1938. En février 1940, il fut sanctionné pour des raisons disciplinaires et déplacé à l’ENI de Quimper (Finistère) où il termina sa scolarité. Titulaire du brevet supérieur, après son stage de janvier 1941 à juillet 1941 à Huelgoat dans les monts d’Arrée, il fut nommé instituteur à Locmaria-Berrien, commune voisine.
Dans cette région du centre Bretagne, la Résistance communiste fut très forte. En 1943, il adhéra au Parti communiste clandestin et s’engagea dans la Résistance dans le détachement FTPF « Docteur Jacq », du nom du dirigeant communiste finistérien fusillé à Châteaubriant. Au moment de l’insurrection, en juillet et août 1944, il fit partie du maquis de Berrien. Après la libération d’Huelgoat, il devint lieutenant FFI engagé volontaire pour la durée de la guerre. Il reçut la croix de guerre 1939-1945.
Il se maria religieusement en décembre 1942 à Huelgoat (Finistère) avec Yvonne Dual, née le 3 septembre 1925 à Berrien, fille d’un agent-cantonnier des Ponts et Chaussée, résistante, puis militante de diverses organisations, dont l’Union des femmes françaises (trésorière départementale). Membre du Parti communiste français à la Libération, elle ne reprit pas sa carte au début des années 1970 et réadhéra en 1976. Elle décéda le 13 juillet 2013 à Combourg (Ille-et-Vilaine). Le couple eut trois filles qui ne reçurent aucun sacrement religieux.
Affecté comme officier des sports en mai 1945 à Quimper, démobilisé en septembre 1945, Perrigault reprit son poste à Locmaria-Berrien puis à la rentrée suivante, en septembre 1946, il obtint sa mutation à Plouyé.
Il adhéra à la fin de 1943 à Locmaria-Berrien au PCF et aux Jeunesses communistes l’année suivante. Membre du comité de la fédération de l’Union de la jeunesse républicaine de France de 1945 à 1947, il fut secrétaire de la cellule communiste et membre du comité de la section communiste de Locmaria-Huelgoat. Élu conseiller municipal de Plouyé en 1947, il démissionna deux ans plus tard en raison de son départ pour Rennes. Au printemps 1947, détaché aux œuvres post et périscolaires dans la circonscription de Châteaulin, chargé de l’organisation du cinéma éducateur et à ce titre, il circula dans les écoles de la partie centrale du Finistère.
A la suite de difficultés familiales (décès d’un enfant, maladie de son épouse), en septembre 1948, Célestin Perrigault, en congé pour convenances personnelles, fit partie de la rédaction du quotidien progressiste Ouest-Matin qui rayonnait sur les départements de l’Ouest, Loire-Atlantique comprise. Il apprit sur le tas son nouveau métier de journaliste à Rennes et suivit l’école centrale de journalistes communistes pendant trois mois de 1949. Il fréquenta entre autres Jacques Brière, Marcel Carrasso et René Huguen. Il couvrit de 1948 à 1952 la rubrique sociale suivant les conflits ouvriers de Saint-Nazaire et de Brest. Les difficultés du journal nécessitèrent un redéploiement de la rédaction ; aussi reprit-il en septembre 1952, un poste dans l’enseignement en Ille-et-Vilaine à Guignen. Il fut nommé ensuite à Noyal-sur-Seiche, puis à Rennes. Il suivit alors l’école centrale pour les instituteurs communistes en 1953 à Suresnes.
Il s’engagea immédiatement dans la vie syndicale. Élu au conseil syndical de la section départementale du SNI, il siégea dans la minorité avec le responsable du groupe ex-cégétiste Roger Gomet. Le changement de majorité s’effectua en décembre 1961 au moment du renouvellement du conseil syndical. Le rapport de forces s’inversa. La tendance UID emmenée par Robert Le Foulgoc perdit un siège et devint minoritaire (12 sièges contre 13). Célestin Perrigault, succédant à Roger Gomet en décembre 1963, dirigea la section pendant une décennie. En 1972, en tête de la liste qui l’emporta, réélu secrétaire, il démissionna peu après et proposa Louis Chartrain pour lui succéder. Il fut entre 1956 et 1966 membre du Comité départemental d’action laïque.
Perrigault, lors du congrès national du SNI, le 8 juillet 1959, dans la séance consacrée aux « conditions de la rémunération ouvrière », critiqua les analyses d’Henri Baude qui contribuaient, selon lui, à cristalliser les tendances plutôt que de rechercher l’unité d’action. Lors de la réunion du conseil national du SNI, le 23 décembre 1960, il intervint après le rapport de Clément Durand sur le certificat d’aptitude pédagogique des maîtres privés. Il lut le vœu de sa section souhaitant que des représentants des syndicats puissent participer aux commissions chargées de faire passer ce CAP.
Au congrès du SNI à Lille, le 5 juillet 1964, dans la discussion du rapport moral, il estima que le SNI devait privilégier les actions revendicatives. Le 12 juillet 1965, dans la discussion du rapport moral, il souhaita une amélioration des rapports entre la direction nationale et les sections départementales. La même année, pour l’élection du bureau national du SNI en décembre, il figurait sur la liste « Pour un SNI toujours plus uni, toujours plus fort » conduite par Alfred Sorel. Devenu PEGC, il fut le responsable académique du SNI-PEGC pour les questions du personnel des CEG de 1972 à 1976.
Pendant cette période, il siégea comme délégué du personnel à la Commission administrative paritaire départementale, au Comité technique paritaire départemental. Après la mise en place du corps des PEGC, il œuvra pour qu’une structure régionale se mette en place. Il dirigea la commission administrative des PEGC qui se transforma ensuite en conseil académique au sein duquel on trouvait Hervé Cadiou (Finistère), Christian Le Verge (Côtes-du-Nord) et Loïc Champagnat(Morbihan). Il laissa la direction de ce conseil académique « Unité et Action » homogène à Jacques Martin en 1976.
En 1972, il quitta ses responsabilités syndicales et s’engagea dans une carrière de direction comme le faisaient souvent les responsables syndicaux du SNI enseignant en collège. En effet, au début des années 1960, il avait repris ses études. En 1962, reçu au CAPCEG, il devint professeur de français au collège public de Janzé. Nommé en 1972 sous-directeur faisant fonction de principal au collège de Janzé, il devint en 1976 principal du collège de Bégard dans les Côtes-du-Nord où il termina sa carrière professionnelle. Il fut élu immédiatement à la commission consultative spéciale des directeurs de CEG et des sous-directeurs de CES au titre du SNI avec Yves Thomas, principal du collège de Plestin-les-grèves et ancien membre du bureau national du SNI (Ecole Emancipée). En 1979 il prit sa retraite en Ille-et-Vilaine aux Iffs puis à Tinténiac depuis 2003.
Perrigault fut aussi entre 1956 et 1966 membre du comité directeur départemental des amicales laïques dans le cadre de la Fédération des œuvres laïques, membre du comité directeur du cercle Paul-Bert de Rennes et militant du Mouvement de la Paix.
Perrigault, secrétaire de la cellule des instituteurs communistes à Rennes au milieu des années 1970, fut membre du comité de la fédération communiste de 1968 à 1971. Responsable départemental du Mouvement de la Paix, membre du comité départemental de France-URSS, il était aussi secrétaire départemental de France-République démocratique allemande. Il fut candidat au Conseil général dans le canton de Bécherel en 1956, en 1961 et en 1985, il figura sur la liste « d’union démocratique » aux élections municipales de Rennes en 1965.
Après son départ à la retraite toujours militant du PCF, il devint membre du conseil d’administration de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale jusque dans les années 1990. Il continuait à militer aussi au Mouvement de la Paix, à France-URSS et France-RDA, à l’Association républicaine des anciens combattants et à l’Association nationale des anciens combattants résistants.
Perrigault, retraité, resta adhérent du SNI puis du SNUIPP. A Tinténiac, il écrivit pour sa famille ses souvenirs en trois volumes « Au fil des notes », « La fronde et la sten », « Propos en l’air », collabora au bulletin intercommunal Le Lavoir. Il reprit la peinture et ses œuvres peintes furent exposées au Centre culturel en avril 2013.
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3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 06:29

Célestin Perrigault est un militant PCF de la section de Combourg qui a eu 100 ans le 17 novembre 2021, l'âge du Parti communiste

Le 4 décembre, le PCF organise une réception à la salle des fêtes de Trévérien suivi d’un repas à Combourg.

Article du Ouest-France: Le COMMUNISME ça conserve - bon anniversaire Célestin !

Article du Ouest-France: Le COMMUNISME ça conserve - bon anniversaire Célestin !

PERRIGAULT Célestin, René, Marcel, dit « Tintin »

Né le 17 novembre 1921 à La Chapelle-Chaussée (Ille-et-Vilaine) ; instituteur ; militant syndicaliste, secrétaire de la section départementale du SNI d’Ille-et-Vilaine (1963-1972) ; militant communiste, conseiller municipal de Plouyé (Finistère).

Sa mère mourut peu après sa naissance. Son père, ferblantier-zingueur-quincailler, d’opinions radicales-socialistes, se remaria vers 1925 et décéda en 1934. Célestin Perrigault (parfois écrit Périgaux ou Perrignault) reçut les premiers sacrements catholiques. Élevé par sa mère adoptive, interne au cours complémentaire de Montfort-sur-Meu, il entra à l’École normale d’instituteurs de Rennes en 1938. En février 1940, il fut sanctionné pour des raisons disciplinaires et déplacé à l’ENI de Quimper (Finistère) où il termina sa scolarité. Titulaire du brevet supérieur, après son stage de janvier 1941 à juillet 1941 à Huelgoat dans les monts d’Arrée, il fut nommé instituteur à Locmaria-Berrien, commune voisine.

Dans cette région du centre Bretagne, la Résistance communiste fut très forte. En 1943, il adhéra au Parti communiste clandestin et s’engagea dans la Résistance dans le détachement FTPF « Docteur Jacq », du nom du dirigeant communiste finistérien fusillé à Châteaubriant. Au moment de l’insurrection, en juillet et août 1944, il fit partie du maquis de Berrien. Après la libération d’Huelgoat, il devint lieutenant FFI engagé volontaire pour la durée de la guerre. Il reçut la croix de guerre 1939-1945.

Il se maria religieusement en décembre 1942 à Huelgoat (Finistère) avec Yvonne Dual, née le 3 septembre 1925 à Berrien, fille d’un agent-cantonnier des Ponts et Chaussée, résistante, puis militante de diverses organisations, dont l’Union des femmes françaises (trésorière départementale). Membre du Parti communiste français à la Libération, elle ne reprit pas sa carte au début des années 1970 et réadhéra en 1976. Elle décéda le 13 juillet 2013 à Combourg (Ille-et-Vilaine). Le couple eut trois filles qui ne reçurent aucun sacrement religieux.

Affecté comme officier des sports en mai 1945 à Quimper, démobilisé en septembre 1945, Perrigault reprit son poste à Locmaria-Berrien puis à la rentrée suivante, en septembre 1946, il obtint sa mutation à Plouyé.

Il adhéra à la fin de 1943 à Locmaria-Berrien au PCF et aux Jeunesses communistes l’année suivante. Membre du comité de la fédération de l’Union de la jeunesse républicaine de France de 1945 à 1947, il fut secrétaire de la cellule communiste et membre du comité de la section communiste de Locmaria-Huelgoat. Élu conseiller municipal de Plouyé en 1947, il démissionna deux ans plus tard en raison de son départ pour Rennes. Au printemps 1947, détaché aux œuvres post et périscolaires dans la circonscription de Châteaulin, chargé de l’organisation du cinéma éducateur et à ce titre, il circula dans les écoles de la partie centrale du Finistère.

A la suite de difficultés familiales (décès d’un enfant, maladie de son épouse), en septembre 1948, Célestin Perrigault, en congé pour convenances personnelles, fit partie de la rédaction du quotidien progressiste Ouest-Matin qui rayonnait sur les départements de l’Ouest, Loire-Atlantique comprise. Il apprit sur le tas son nouveau métier de journaliste à Rennes et suivit l’école centrale de journalistes communistes pendant trois mois de 1949. Il fréquenta entre autres Jacques Brière, Marcel Carrasso et René Huguen. Il couvrit de 1948 à 1952 la rubrique sociale suivant les conflits ouvriers de Saint-Nazaire et de Brest. Les difficultés du journal nécessitèrent un redéploiement de la rédaction ; aussi reprit-il en septembre 1952, un poste dans l’enseignement en Ille-et-Vilaine à Guignen. Il fut nommé ensuite à Noyal-sur-Seiche, puis à Rennes. Il suivit alors l’école centrale pour les instituteurs communistes en 1953 à Suresnes.

Il s’engagea immédiatement dans la vie syndicale. Élu au conseil syndical de la section départementale du SNI, il siégea dans la minorité avec le responsable du groupe ex-cégétiste Roger Gomet. Le changement de majorité s’effectua en décembre 1961 au moment du renouvellement du conseil syndical. Le rapport de forces s’inversa. La tendance UID emmenée par Robert Le Foulgoc perdit un siège et devint minoritaire (12 sièges contre 13). Célestin Perrigault, succédant à Roger Gomet en décembre 1963, dirigea la section pendant une décennie. En 1972, en tête de la liste qui l’emporta, réélu secrétaire, il démissionna peu après et proposa Louis Chartrain pour lui succéder. Il fut entre 1956 et 1966 membre du Comité départemental d’action laïque.

Perrigault, lors du congrès national du SNI, le 8 juillet 1959, dans la séance consacrée aux « conditions de la rémunération ouvrière », critiqua les analyses d’Henri Baude qui contribuaient, selon lui, à cristalliser les tendances plutôt que de rechercher l’unité d’action. Lors de la réunion du conseil national du SNI, le 23 décembre 1960, il intervint après le rapport de Clément Durand sur le certificat d’aptitude pédagogique des maîtres privés. Il lut le vœu de sa section souhaitant que des représentants des syndicats puissent participer aux commissions chargées de faire passer ce CAP.

Au congrès du SNI à Lille, le 5 juillet 1964, dans la discussion du rapport moral, il estima que le SNI devait privilégier les actions revendicatives. Le 12 juillet 1965, dans la discussion du rapport moral, il souhaita une amélioration des rapports entre la direction nationale et les sections départementales. La même année, pour l’élection du bureau national du SNI en décembre, il figurait sur la liste « Pour un SNI toujours plus uni, toujours plus fort » conduite par Alfred Sorel. Devenu PEGC, il fut le responsable académique du SNI-PEGC pour les questions du personnel des CEG de 1972 à 1976.

Pendant cette période, il siégea comme délégué du personnel à la Commission administrative paritaire départementale, au Comité technique paritaire départemental. Après la mise en place du corps des PEGC, il œuvra pour qu’une structure régionale se mette en place. Il dirigea la commission administrative des PEGC qui se transforma ensuite en conseil académique au sein duquel on trouvait Hervé Cadiou (Finistère), Christian Le Verge (Côtes-du-Nord) et Loïc Champagnat(Morbihan). Il laissa la direction de ce conseil académique « Unité et Action » homogène à Jacques Martin en 1976.

En 1972, il quitta ses responsabilités syndicales et s’engagea dans une carrière de direction comme le faisaient souvent les responsables syndicaux du SNI enseignant en collège. En effet, au début des années 1960, il avait repris ses études. En 1962, reçu au CAPCEG, il devint professeur de français au collège public de Janzé. Nommé en 1972 sous-directeur faisant fonction de principal au collège de Janzé, il devint en 1976 principal du collège de Bégard dans les Côtes-du-Nord où il termina sa carrière professionnelle. Il fut élu immédiatement à la commission consultative spéciale des directeurs de CEG et des sous-directeurs de CES au titre du SNI avec Yves Thomas, principal du collège de Plestin-les-grèves et ancien membre du bureau national du SNI (Ecole Emancipée). En 1979 il prit sa retraite en Ille-et-Vilaine aux Iffs puis à Tinténiac depuis 2003.

Perrigault fut aussi entre 1956 et 1966 membre du comité directeur départemental des amicales laïques dans le cadre de la Fédération des œuvres laïques, membre du comité directeur du cercle Paul-Bert de Rennes et militant du Mouvement de la Paix.

Perrigault, secrétaire de la cellule des instituteurs communistes à Rennes au milieu des années 1970, fut membre du comité de la fédération communiste de 1968 à 1971. Responsable départemental du Mouvement de la Paix, membre du comité départemental de France-URSS, il était aussi secrétaire départemental de France-République démocratique allemande. Il fut candidat au Conseil général dans le canton de Bécherel en 1956, en 1961 et en 1985, il figura sur la liste « d’union démocratique » aux élections municipales de Rennes en 1965.

Après son départ à la retraite toujours militant du PCF, il devint membre du conseil d’administration de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale jusque dans les années 1990. Il continuait à militer aussi au Mouvement de la Paix, à France-URSS et France-RDA, à l’Association républicaine des anciens combattants et à l’Association nationale des anciens combattants résistants.

Perrigault, retraité, resta adhérent du SNI puis du SNUIPP. A Tinténiac, il écrivit pour sa famille ses souvenirs en trois volumes « Au fil des notes », « La fronde et la sten », « Propos en l’air », collabora au bulletin intercommunal Le Lavoir. Il reprit la peinture et ses œuvres peintes furent exposées au Centre culturel en avril 2013.


 

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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 10:51

 

Dès 1970, le PCF dépose à l’Assemblée nationale une proposition de loi concernant le statut de l’ORTF. « C’est la seule force politique d’opposition qui a un projet défini et cohérent pour la radio-télévision », note l’historienne Agnès Chauveau (L’audiovisuel en liberté ?, Presses de Sciences Po, 1997).

 

 

En 1971, dans « Changer de cap », le Parti met l’accent sur « la démocratisation des moyens modernes d’information et de diffusion » : création d’une société nationale de la radio et de la télévision, meilleure élaboration des programmes, part essentielle aux créations, place de la création contemporaine, droit des auteurs des émissions radio-télévisées.


Peu après (1972), le programme commun de la gauche reprend ces orientations et se propose d’œuvrer « pour le droit d’expression des courants d’opinion » et contre « la censure ». La question du pluralisme à la télé devient une des grandes questions du débat politique de la décennie. Les partis de gauche mettent sur pied un « comité de vigilance » présidé par Edmonde Charles-Roux. Giscard d’Estaing fait semblant de jouer l’ouverture : interrogé par René Andrieu lors d’une conférence de presse en 1978, il prétend vouloir mettre fin à l’ostracisme qui vise les journalistes communistes. Le PCF le prend au mot et dépose aussitôt une série de candidatures pour intégrer les chaînes : Martine Monod, Marcel Trillat, Roger Pourteau, François Salvaing. L’affaire n’a pas de suite.


L’élection de François Mitterrand suscite un vif espoir de libéralisation. Le premier ministre Pierre Mauroy critique le caractère monocolore des présentateurs de télé, appelle à des changements qu’il initie très lentement par ailleurs. Le PCF met l’accent sur le respect du pluralisme et revendique sa place dans les médias publics.


L’intégration de journalistes communistes va passer par plusieurs canaux. Il y a d’abord la réintégration des licenciés. Francis Crémieux par exemple retrouve son titre de rédacteur en chef. Marcel Trillat, licencié en 1968, et qui anima un temps la radio libre « Lorraine cœur d’acier », devient chef du service Société avec Pierre Desgraupes sur la deuxième chaîne. Outre ce retour des « anciens », le PCF réclame l’embauche de nouveaux journalistes. Ce sera l’objet de négociations interminables avec le Parti socialiste. Elles durent de l’automne 1981 à l’automne 1982. Georges Marchais aborde la question avec François Mitterrand, puis Pierre Juquin, chargé de la communication, et Jacques Bidou, son collaborateur, gèrent le dossier au quotidien. Côté PS, c’est Georges Fillioud qui dirige. Et qui résiste ! « Chaque nom (de nouveaux journalistes communistes) est arraché plutôt que concédé », selon Jacques Bidou. C’est ainsi que sont nommés à la rédaction de TF1 François Salvaing, Roland Passevant, Jean-Luc Mano, Victoria Llanso ; pour FR3 c’est le cas de Jean-Charles Eleb, Pierre Charpentier ou Michel Naudy, responsable du service politique. « Édouard Guibert négociera la venue à FR3 de onze journalistes sur un effectif de six cents », observe l’historien Jérôme Bourdon.


Combien sont-ils au total ? S’il est possible d’identifier aisément une quinzaine de noms dans les rédactions de TF1, A2 et FR3, soit les personnalités les plus médiatiques, Jacques Bidou parle d’une cinquantaine de cas (59 au total) pour les trois chaînes ainsi que Radio France et les radios et chaînes locales. Ce chiffre est somme toute limité. Si l’on évalue à 1 400 environ le nombre total de journalistes du secteur public d’alors, il s’agit de moins de 5 % de l’ensemble des journalistes. Ce qui n’empêche pas la droite de crier à « l’entrisme rouge ».


Gérard Streiff

 

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1 décembre 2021 3 01 /12 /décembre /2021 06:13

Mettre fin à la tutelle gaulliste sur l’ORTF et « libérer l’information » : ces revendications étaient au cœur des manifestations de mai 1968 ; de très nombreuses affiches vont fleurir sur ce thème, genre « La police vous ment tous les soirs à 20 h ».

 

 

À la Maison de la radio, une partie du personnel vote la grève le 17 mai. Il faudra encore quelques jours pour que le mouvement s’installe, pour y rallier toutes les catégories de l’Office (journalistes, administrateurs, employés, techniciens, réalisateurs, etc.), pour dépasser la peur de représailles gaullistes aussi. Mais cette grève sera une des plus fortes du mouvement de 68, elle va durer jusqu’au 13 juillet, soit 43 jours.

À partir de la déclaration de grève, l’accès de la rue Cognacq-Jay (où se trouve alors la première chaîne) est interdit aux grévistes ; ils se rabattent sur la Maison de la radio. Un témoin de ce mouvement, le chroniqueur d’art Adam Saulnier, raconte : « Les délégués syndicaux et autres représentants du personnel siègent sans discontinuer. Raoul Sangla préside dans le rôle du bon chérif. Rue Cognacq-Jay, c’était le cinéma avant Hitler et le cinéma soviétique des premières années ; nous sommes à la Maison de la radio dans le cinéma américain. »

C’est donc le communiste Raoul Sangla qui anime les échanges au studio 112, réquisitionné par l’Intersyndicale, les débats du « Parlement des 15 000 salariés de l’ORTF ».

La grève est studieuse, les débats remettent tout en cause, la politique de l’information et celle des lettres, des arts, du théâtre, du cinéma, du sport, des loisirs, des connaissances. On n’en finit plus d’échanger, de rédiger, de voter. De Saulnier encore : « Des slogans fleurissent sur les murs de Paris. Les murs de la Maison de la radio ne sont pas en reste : « Studio 109, studio sang neuf ! ». C’est au studio 109 que se tiennent les assemblées générales. Ou « L’émotion tue les motions, les motions tuent l’émotion ».

« L’Union des journalistes de la télévision » (UJT) est formée des journalistes qui avaient voté la grève (97 voix contre 23) ; elle publie en juillet des « Notes d’information concernant la crise de l’ORTF et la grève des journalistes de la télévision » qui critique la politique d’information menée jusque-là et propose une réforme ambitieuse de l’ORTF, autour de trois axes : indépendance, impartialité, participation des personnels.

Il y eut une autre forme d’action spectaculaire du personnel en lutte, et Stellio Lorenzi y prendra une part active : l’opération « Jéricho ». Il s’agissait de faire tourner - au sens propre, faire le tour - les grévistes autour de la Maison (ronde) de la radio, une manif tournante en espérant faire tomber les murs de la censure…

Au terme de la grève, des avantages sont obtenus au plan des salaires notamment, mais rien ne bouge du côté du système d’information. Au contraire, le pouvoir qui a senti un moment le média lui échapper ne pardonne pas. Dès 1968, une première vague de licenciements va éliminer, entre autres, nombre de salariés « rouges » : 64 journalistes et 30 pigistes sont concernés (une émission de FR3, le 4 novembre dernier, parlait de 102 licenciements). Sans parler des « placardisés ». Une seconde vague interviendra en 1974, sous Giscard d’Estaing, avec 274 journalistes touchés et 50 mises à la retraite. (La même année, 1974, marque la fin du monopole de l’ORTF, le glissement progressif vers l’audimat et la télé pub). On parlera même un temps de 500 journalistes -syndicalistes, communistes, socialistes - qui auraient été licenciés ou écartés entre 1968 et 1980.

Gérard Streiff

 

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27 novembre 2021 6 27 /11 /novembre /2021 06:35
Georges Cadiou invité de la fête de l'Humanité Bretagne pour présenter son livre sur Marcel Cachin, un breton émancipé
A la fête de l'Humanité Bretagne de Lanester, le dimanche 28 novembre à 15h, Georges Cadiou présentera son livre sur un des fondateurs du Parti communiste français, le premier directeur de l'Humanité devenue communiste, et ceci pendant plusieurs décennies, le breton et costarmoricain Marcel Cachin, passionnément attaché à la Bretagne, sa langue et sa culture.
 
La causerie avec l'écrivain et journaliste Georges Cadiou et son livre sur Marcel Cachin aux éditions Yoran Embanner (automne 2021) sera animée par Ismaël Dupont.
 
Georges Cadiou a été journaliste de presse écrite, reporter à Radio Breizh-Izel, élu à Quimper. Il est l'auteur de plusieurs livres et documentaires de télévision sur l'histoire du mouvement breton et le sport. Il a notamment publié chez Yoran Embanner La gauche et la revendication bretonne (2015) et l'excellent L'Hermine et la croix gammée, le mouvement breton et la collaboration en 2006 aux éditions Apogée.
 
Georges Cadiou devrait être être également l'invité du PCF Pays de Morlaix pour une conférence-débat des Mardis de l'éducation populaire le mardi 14 décembre à 18h pour nous parler de Marcel Cachin et de la vie, de la pensée et de l'action, du militant breton fondateur du Parti communiste, directeur de l'Humanité pendant plusieurs décennies. 
 
 
***
 
 
 
Ci-joint, un article que écrit pour le Chiffon Rouge sur Marcel Cachin: http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/.../marcel-cachin...
Marcel Cachin est né à Paimpol le 20 septembre 1869. Ses parents étaient de condition modeste. Son père, originaire du Gers, était venu en Bretagne après son service militaire et était devenu gendarme. Sa mère, née Le Gallou, était d'une famille paysanne. Après avoir fréquenté l'école primaire de Paimpol, Marcel Cachin est entré comme élève boursier grâce à ses dons remarquables au lycée de Saint Brieuc, comme interne. Durant les vacances, il revenait à Paimpol qui l'enchantait par sa beauté pittoresque et son ambiance.
« Les citoyens de l'ardente petite ville étaient fiers de leur réputation d'hommes d'avant-garde dans un département où dominaient encore les hobereaux et les réactionnaires les plus arriérés. Dans les cafés et les auberges enfumés du port se rencontraient les marins et les capitaines dont les voyages autour du monde avaient élargi l'esprit. Avec les ouvriers constructeurs de navires, les marins orientaient la politique locale vers la République encore jeune et discutée ».
Marcel choisit des études classiques. Il devient un amoureux des lettres grecques et latines. Pendant son adolescence, il perd sa foi religieuse. Un professeur de philosophie, Baptiste Jacob, exerce une forte influence sur lui et aide Marcel Cachin à accéder gratuitement au lycée de Rennes. Reçu au concours des bourses de licence et ayant opté pour la philosophie, Marcel Cachin est ensuite envoyé à la Faculté des Lettres de Bordeaux.
C'est à Bordeaux, autour de sa vingtième année, que Marcel Cachin adhère au socialisme, au Parti Ouvrier Français de Jules Guesde. Pour son congrès de Marseille en 1892, la direction du Parti a établi un questionnaire qui permet au Congrès d'élaborer un programme agraire en phase avec les besoins des paysans. Marcel Cachin, pendant ses vacances à Paimpol, remplit scrupuleusement son questionnaire en s'informant auprès des cultivateurs, des fermiers et des métayers bretons.
A Bordeaux, Marcel Cachin donne des cours particuliers à des jeunes de famille bourgeoise, collabore à « La question sociale », recrute des adhérents et des cadres pour le parti de Jules Guesde et de Paul Lafargue. En 1898, il se présente comme candidat aux législatives à Libourne, sans aucun espoir de succès. Le POF se divise profondément sur la participation des socialistes au gouvernement bourgeois et républicain à partir de juin 1899 avec l'entrée de Millerand au ministère Waldeck-Rousseau. Cachin prend alors de parti de la ligne d'opposition au réformisme de Guesde contre celle de Jaurès. En 1900, il est élu conseiller municipal de Bordeaux, puis adjoint au maire aux transports et à la voirie et en 1903, il devient secrétaire de sa fédération.
En décembre 1903 toujours, il porte la contradiction à Jaurès qui défend au Capitole de Toulouse la politique du bloc des gauches et de la participation ministérielle. Aux élections municipales de mai 1904, le POF obtient plus de voix à Bordeaux que les radicaux et les socialistes de gouvernement mais ces derniers refusent l'alliance de second tour et la droite l'emporte.
En août 1904, Cachin est délégué au Congrès de la IIe Internationale socialiste à Amsterdam en tant que représentant du Parti Socialiste de France, produit de la fusion en 1901-1902 des blanquistes et des marxistes guesdistes. C'est là que, grâce à Paul Lafargue, il fait la connaissance d'une institutrice de français américaine, déléguée du Parti socialiste américain, qui deviendra sa femme. Le Congrès d'Amsterdam condamne la participation aux gouvernements bourgeois et l'évolutionnisme réformiste de Bernstein. Il plaide en même temps pour l'unité du mouvement socialiste et Jaurès accepte l'unité, qu'il désirait depuis longtemps, sous la direction d'une ligne politique marxiste de lutte des classes et révolutionnaire.
En 1906, quittant Bordeaux, Cachin devient, sous l'impulsion de Guesde, délégué à la Propagande du Parti Socialiste. En 1910, il est élu député d'Alès. Mais le gouvernement et la chambre des députés l'invalident, privant les mineurs et paysans du Gard de leur défenseur. En 1908 et 1912, il parcourt l'Algérie. Dans des meetings où se confondent travailleurs de toute origine, Marcel Cachin s'élève contre les entreprises d'asservissement colonial, proclame la solidarité du prolétariat français avec les peuples arabes d'Afrique du Nord.
L'Humanité, créée par Jaurès en 1904, qui ne se vend qu'à 50 000 exemplaires en 1911, devient la propriété du Parti Socialiste à ce moment là, qui le prend en charge tout en maintenant Jaurès à la direction du journal. Après la mort de Paul Lafargue en novembre 1911, Marcel Cachin le remplace comme rédacteur régulier.
En 1912, Cachin est élu conseiller municipal et conseiller général du XVIIIe arrondissement de Paris. « Pendant les deux années qu'il siège à l'Hôtel de ville, il se préoccupe surtout des travailleurs du métro, des omnibus et des transports de surface. Les travailleurs des omnibus étaient groupés dans deux syndicats rivaux. Les ouvriers des ateliers de la rue Championnet lui demandèrent de prendre la direction de leur syndicat : après avoir consulté Guesde et Jaurès, Marcel Cachin accepta. Il réconcilia les ouvriers des ateliers de réparation et les roulants, fit l'union des deux syndicats et obtint divers avantages. Pendant la grève générale des employés de tramways en 1916, il conduisit une délégation de femmes au ministère de l'Intérieur pour exiger des augmentations de salaire : le gouvernement dut céder. Marcel Cachin resta à la tête du syndicat des transports de surface de 1913 jusqu'à 1919. A l'Hôtel de Ville, il menait une lutte incessante contre les puissantes compagnies capitalistes qui avaient mis en coupe réglée Paris et le département de la Seine » (Marcel Cachin vous parle, introduction à ses articles et discours par Jean Fréville. Editions sociales, 1959).
En 1907, Marcel Cachin représente encore le Parti Socialiste au Congrès de l'Internationale à Stuttgart qui veut mobiliser contre la guerre mondiale en préparation: il y rencontre Clara Zetkin, Bebel, Karl Liebknietcht.
En mars 1914, Marcel Cachin est élu député avec 99 autres socialistes, pour ce qui est le plus grand succès électoral des socialistes en France jamais enregistré. Succès en trompe l’œil. Quand éclata le drame de Sarajevo, le Parti Socialiste, à part sans doute Jaurès, n'en prévoit pas les conséquences. Il tint à Paris, le 14 juillet, un congrès qui se prononça pour la grève générale en cas de guerre (motion Vaillant-Jaurès, que Guesde considéra comme utopique). Quinze jours après, Albert Thomas et Sembat qui avaient préconisé la grève générale entraient avec Guesde dans le ministère d'Union Sacrée, après l'assassinat de Jaurès le 31 juillet et la déclaration de guerre.
Marcel Cachin se laisse emporter par le courant général d'union sacrée, intervient même, à la demande de Guesde, pour convaincre en mars 1915 les camarades socialistes italiens de plaider l'entrée en guerre de leur pays.
Après le renversement du tsarisme en Russie en mars 1917, Marcel Cachin convainc le Conseil National du Parti Socialiste d'envoyer des délégués à une conférence internationale, qui doit se réunir à Stockholm et fixer les modalités d'une paix sans annexions ni contributions. Mais le gouvernement refuse de leur attrribuer des passeports.
A partir de la Révolution d'Octobre 1917, Cachin défend la révolution bolchevik dans ses articles et ses interventions à la Chambre. En octobre 1918, il est désigné pour remplacer à la direction de l'Humanité
Renaudel, partisan de la lutte contre les bolcheviks : signe d'un changement de majorité et de tendance au Parti Socialiste. Marcel Cachin dénonce l'intervention militaire française en Russie contre la jeune Révolution qui a fait la paix avec l'Allemagne.
Quand les conflits sociaux s'étendent en France au cours des années 1919 et 1920, reprimés par la troupe, Cachin interpelle le gouvernement, attaque Clémenceau, soumet au vote une motion de flétrissure contre la majorité bourgeoise et réactionnaire de la Chambre.
Aux élections de novembre 1919, les socialistes, qui gagnent 300 000 voix, représentent le quart des électeurs du pays. Cachin est réélu dans le 18e arrondissement de Paris.
Le Congrès de Strasbourg du parti Socialiste (février 1920), tout en se prononçant pour la sortie de la IIe Internationale, écarte l'adhésion à la IIIe Internationale, constituée le 4 mars 1919 à Moscou. Mais il charge Marcel Cachin et Frossard, secrétaire général du Parti Socialiste depuis 1918, d'aller recueillir des informations précises sur le nouveau régime. Cachin rencontre Lénine plusieurs fois, très critique vis-à-vis du Parti Socialiste français. A son retour, au Cirque de Paris, il rend compte de sa mission : « Nous revenons émerveillés de notre voyage ».
D'août à décembre 1920, avant le Congrès de Tours ( 25-30 décembre 1920), Cachin défend l'adhésion à la IIIe Internationale. Au Congrès de Tours, Cachin, Clara Zetkin, s'opposent à Blum, Renaudel, Paul Faure. 3028 mandats contre 1022 votent l'adhésion à la IIIe Internationale.
L'Humanité va ainsi rester entre les mains des révolutionnaires issus du Parti Socialiste qui vont créer le Parti Communiste. Et elle sera dirigée par Marcel Cachin, qui sera pendant 38 ans membre du Bureau Directeur du Parti Communiste.
Le PCF milite pour la fraternisation des ouvriers allemands et français, contre l'occupation de la Rhur, ce qui lui vaut une arrestation en 1923 et un emprisonnement à la Santé avec Pierre Sémard, Gabriel Péri et onze autres camarades.
En 1924, avec le PCF, Cachin dénonce la guerre colonialiste du Rif contre Abd-el-Krim menée par l'étonnant tandem Pétain-Franco qui bombardent les villages montagneux du nord marcocain. A cette occasion, il est à nouveau condamné à deux ans de prison, avec Maurice Thorez, 25 ans à l'époque, secrétaire du comité d'action contre la guerre au Maroc. Ces deux ans sont commués en appel en un an de prisan, que Cachin accomplit à la Santé en 1927. Cela n'empêche pas d'être élu député en 1928 avec un score supérieur à celui qu'il avait réalisé en 1924.
A partir de 1930, Maurice Thorez devient secrétaire général du Parti Communiste. Cachin défend avec lui la ligne du Front Unique, du Front Populaire contre les forces de la bourgeoisie et le fascisme montant. A cette époque, les communistes étaient « unitaires pour deux » (Maurice Thorez), L'Humanité, avec une diffusion de 430 000 exemplaires, était le journal politique le plus lu en France.
En 1935, Cachin est élu Sénateur.
L'Humanité est supprimée par le gouvernement Daladier en 1939 suite au pacte de non agression germano-soviétique. En janvier 1940, Cachin est déchu de son mandat de sénateur, il se retire en Bretagne, sans sa petite maison de Lancerf, où la Gestapo l'arrête en septembre 1941. Il est enfermé plusieurs semaines à Saint-Brieuc puis à Rennes mais les Allemands finissent par le relâcher, craignant que sa mort ne suscitât des réactions fortes dans l'opinion et chez les communistes qui mobilisent pour libérer Marcel Cachin. Gabriel Péri, chef de la rubrique de politique étrangère à l'Humanité, est fusillé en décembre 1941.
Quand L'Humanité reparaît de manière officielle à la Libération, 11 collaborateurs et rédacteurs clandestins de L'Humanité ont été exécutés.
A la libération, Marcel Cachin est membre de l'Assemblée Consultative, puis des deux Assemblées Constituantes de 1945 et 1946, avant d'être réélu à l'Assemblée Nationale en novembre 1946. Réélu en 1951 et 1956, il restera député de Paris jusqu'à sa mort. Dans les années 50, il continue à la Chambre et avec l'Humanité de soutenir avec vigueur le combat anti-colonialiste au Viet-Nam, en Tunisie, au Maroc, en Côte-d'Ivoire, au Cameroun, en Algérie. Il se souvient avoir personnellement rencontré et apprécié Hô-Chi-Minh, étudiant à Paris.
Le 17 novembre 1956, sa femme Marguerite meurt. Lui-même s'éteint à Choisy-le-Roi le 12 février 1958.
A la suite d'obsèques populaires impressionnantes, Cachin a été enterré auprès des Communards du père Lachaise.
 
Georges Cadiou invité de la fête de l'Humanité Bretagne pour présenter son livre sur Marcel Cachin, un breton émancipé
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25 novembre 2021 4 25 /11 /novembre /2021 06:30
Hommage à Margot Caudan à Plouhinec ce 24 novembre
Hommage à Margot Caudan à Plouhinec ce 24 novembre
Hommage à Margot Caudan à Plouhinec ce 24 novembre

C'était hier l'hommage à notre camarade Margot Caudan. Voici quelques photos partagées de cet hommage à Plouhinec par Delphine Alexandre.

"Vaillante centenaire, Margot Caudan tenait toujours le stand de Port-Louis à la fête de l’huma Bretagne. Nul doute que lors de notre prochaine fête, dans quelques jours, les camarades auront tous une pensée émue pour notre Margot, engagée de la première heure contre le fascisme et toute forme de tyrannie.
En 1935, elle s’était engagée auprès des jeunesses communistes, après avoir côtoyé les élèves juifs, échappés des pogroms, les allemands ayant fui le nazisme ou les italiens exilés du régime de Mussolini. Elle disait que son « entrée en résistance était le chemin normal ». Ce chemin l’a tout de même conduite plusieurs fois en prison, d’abord en 1940 pour son appartenance à l’UJFF ( union des jeunes filles de France), puis en 43 pour son activité d’agent de liaison, l’édition et la diffusion de tracts dans une imprimerie clandestine dont elle s’occupait avec son mari, Louis. Les interrogatoires laissent place à l’emprisonnement pendant plus d’un an. Libérée en août 44, elle contribue à la libération de Paris en assurant les liaisons entre les barricades.
Tout au long de sa vie, elle a continué à militer au sein du PCF mais également auprès des jeunes générations « pour l’avenir et parce que le danger fasciste ne s’est pas du tout effacé »…
En janvier 21, elle a reçu la légion d’honneur.
Aujourd’hui, le PCF est en deuil.
Pensées chaleureuses à sa famille, ses amis, aux camarades de la section de Port-Louis, de la fédé 56.
Nous perdons tous une grande dame.
Margot, tout mon respect.
Delphine Alexandre, présidente du groupe communiste au Conseil Régional de Bretagne, vice-présidente à la région Bretagne, élue communiste à Lorient"
 
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21 novembre 2021 7 21 /11 /novembre /2021 06:44

 

D’autres réalisateurs « rouges » de cet âge d’or de la télévision culturelle s’imposent. Marcel Bluwal (1925/2021 ; il est décédé le 23 octobre dernier à l’âge de 96 ans). Issu d’une famille de juifs polonais réfugiés à Montmartre, il resta, après la rafle du Vel’ d’Hiv’ 27 mois caché avec sa mère dans une sorte de soupente. Ce téléaste fut aussi un grand metteur en scène.

 

 

À ses débuts à la télévision, il crée une émission sur la vie des gens intitulée « Et si c’était vous… », saluée par la critique. Il réalise « Le mariage de Figaro » (1961), « Don Juan ou le festin de pierre » (1965), « Beaumarchais ou les 60 000 fusils » (1966), « Le jeu de l’amour et du hasard » (1967). Il adapte Dostoïevski (« Les frères Karamazov ») ; Victor Hugo (« Les misérables »). Il lance ensuite la série Vidocq, touche au domaine des variétés. « Je traitais tous les conflits en espérant que pour le public il en sortirait une exaltation révolutionnaire. » En 2008 encore, il signera la série « À droite toute ».

Jean-Pierre Marchand (1924/2018), assistant d’Allégret, Clouzot, Daquin, Gérard Philipe, Ivans, réalise, lui, une série de documentaires sur l’indépendance des colonies françaises en Afrique, collabore à des émissions comme « La caméra explore le temps » (« La conspiration du général Mallet », 1963), « Les cinq dernières minutes » (« La rose de fer », 1966), assure des reportages pour « Cinq colonnes à la Une », collabore à « Eurêka » ou « Discorama ». Il créa le syndicat CGT des réalisateurs.

Raoul Sangla (1930/2021) réalise à partir de 1964 l’émission « Discorama » animée par Denise Glaser, ainsi que de nombreux feuilletons, documentaires et fictions, des comédies musicales aussi. « La télévision est au cinéma ce que le journalisme est au roman », estime-t-il. Il participe à la mise en scène du JT en rendant apparente la technique. Il œuvrera à l’installation de télévisions locales.

D’autres noms produiront également des œuvres marquantes : Maurice Failevic (1933/2016) réalise par exemple pour « Les dossiers de l’écran » « 1788 » ; « C’était la guerre » ; « Jusqu’au bout » ou des documentaires comme « Les agriculteurs », « Les sangliers », ou (bien plus tard) « L’Atlantide, une histoire du communisme » avec Marcel Trillat.

Jacques Krier (1926/2008) aborde volontiers les sujets sociaux, les entretiens avec « les vrais gens », dans le cadre d’émissions comme « À la découverte des Français », ou « Cinq colonnes à la Une ». Également scénariste et écrivain (« Les drôles de voyages d’un camarade errant »).

À Paul Seban (1929/2020), assistant de Renoir, Carné, Astruc, Ivens, Chabrol, Welles…, on doit notamment « Un jeune homme rebelle » ou « Contes modernes : à propos du travail ». Grand prix du documentaire de la Scam, il coréalisa « Musica » avec Marguerite Duras.

Sans oublier le très jeune réalisateur Jean-Daniel Simon, à peine plus de vingt ans ces années-là (il « passe » ensuite au cinéma) que l’on retrouve dans les émissions « Pour le plaisir », « Cinéma », « Dim Dam Dom », « Cinq colonnes à la Une » ou « L’âge de… ».

Côté politique, on l’a dit, l’administration gaulliste contrôle tout. Si Francis Crémieux, dont on a déjà parlé au premier chapitre, intègre France-Culture en 1966 avec une émission mythique « Le monde contemporain », l’information reste totalement verrouillée par le pouvoir gaulliste. La droite a le monopole de la politique sur le petit écran. C’est notamment ce que la rue lui reproche en mai 1968.

Gérard Streiff

 

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20 novembre 2021 6 20 /11 /novembre /2021 06:36

 

À partir de 1958, avec la radio-télévision gaulliste, les rapports sont très ambivalents. D’un côté la censure politique est implacable. Le discours gaulliste, la propagande officielle occupent tout l’espace des journaux télévisés et les ministres de « l’information » veillent au grain. D’un autre côté, la télé de l’époque (une seule chaîne, en noir et blanc, au début…) accueille (ou compose avec, ou tolère) des réalisateurs « rouges » qui vont proposer des émissions extrêmement populaires. Ces créations vont marquer durablement l’opinion.

 

 

En cette fin des années 50/début 60, la création télévisuelle est un genre qui s’invente. Une bonne partie des réalisateurs qui expérimentent ce nouveau média sont des communistes, communistes de cœur ou de carte, des proches, des compagnons de route comme on disait : Stellio Lorenzi, Maurice Failevic, Raoul Sangla, Jacques Krier, Paul Seban, Jean-Pierre Marchand, Marcel Bluwal, Jean Prat. Ou encore Claude Barma et Claude Loursais. On parlera de « l’école des Buttes Chaumont », du nom des studios de tournage. « À la télévision, on était les Hussards noirs de la République », dit Marcel Bluwal. Sur le sujet, on peut lire l’étude d’Isabelle Coutant dans CAIRN.Info « Les réalisateurs communistes à la télévision ».

Ces réalisateurs cohabitent un temps avec des administrateurs gaullistes non sectaires tel Albert Ollivier, plus tard remplacé, en 1964, par le très anticommuniste Claude Contamine. Bref, une sorte de partage s’opère de facto dans les locaux de l’ORTF : aux gaullistes la politique, aux communistes la création, qui n’en est pas moins politique. Ces derniers travaillent dans l’esprit de Vitez : « élitaire pour tous ». « La télévision était l’instrument idéal pour apporter la culture aux gens qui n’allaient ni au théâtre, ni au cinéma, ni dans les bibliothèques, c’était un vrai outil populaire », note Maurice Failevic.

Ces réalisateurs vont adapter des classiques de la littérature française. Ils s’expriment par le biais de dramatiques, de documentaires, de variétés aussi (Raoul Sangla). C’est cette séquence que les historiens de la télévision appelleront « l’âge d’or de la télévision culturelle ».

Un premier nom : Stellio Lorenzi (1921/1990). Il réalise 39 épisodes, de 1957 à 1966, de la série « La caméra explore le temps », dont « Les templiers » (1961), « La terreur et la vertu » (1964), « Les cathares » (1965). De lui encore « L’affaire Calas » ou la série « Jacquou le croquant » (1967) d’après Eugène Le Roy.

Une anecdote qui témoigne du permanent bras de fer entre réalisateurs communistes et administrateurs gaullistes : une des émissions de Lorenzi suscita un vif débat interne, « La terreur et la vertu », consacrée à la Révolution française. Diffusée en octobre 1964, elle met en scène les personnages de Danton et de Robespierre qui sont, chacun à leur tour, au centre des deux épisodes et s’opposent comme deux conceptions de la République. Danton est représenté en bourgeois bon vivant, à l’humour vulgaire, qui proclame : « Nous avons fait la Révolution pour l’égalité des droits, pas pour l’égalité des fortunes ». Robespierre est une figure intègre voire ascétique. On peut y entendre ces propos : « Le bien du peuple doit être la préoccupation constante de la République. Le vrai but de la Révolution, c’est la mise en vigueur de la Constitution en faveur du peuple. Et les ennemis du peuple, ce sont les nôtres. Ce sont les hommes sans vertu et ce sont les riches. (…) Leur intérêt est que le peuple ne sorte jamais de la misère. (…) Nous œuvrons pour la grandeur et la dignité de l’homme. (…) Et ce n’est pas pour un peuple que nous combattons mais pour tout l’univers. Pas seulement pour les hommes qui vivent aujourd’hui mais pour tous ceux qui existeront demain ». Le directeur de l’ORTF (Contamine) est farouchement opposé à ce scénario ; il pense mobiliser les historiens « officiels » contre le téléfilm. Surprise : ceux-ci soutiennent Stellio Lorenzi, Contamine doit céder, l’émission passe.

Gérard Streiff

 

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19 novembre 2021 5 19 /11 /novembre /2021 10:53

 

Le PCF revendique sa place à la radio dès les années vingt, si l’on en croit l’historienne Agnès Chauveau dans L’audiovisuel en liberté (Presses de Sciences-Po). Il demande alors que les journaux communistes soient cités dans les revues de presse radiophoniques. Il faut cependant attendre la Libération (le programme du CNR plaidait pour la démocratisation de l’information) pour trouver des journalistes communistes à la radio d’État.

 

 

Le plus connu sans doute est Francis Crémieux. Lors d’un entretien en 1997, il me dit : « Le monde des journalistes de la radio est alors partagé entre gens de Londres, d’Alger et de la Résistance intérieure. » Lui-même vient du groupe « Combat ». Il tient d’ailleurs une rubrique « Radio » dans la revue mensuelle de Pierre Seghers, Poésie (1947) et un peu plus tard (1949) dans le mensuel du PCF pour l’intelligentsia La Nouvelle critique.

À l’aube de la guerre froide, l’ambiance anticommuniste coûte cher à de nombreux journalistes. Francis Crémieux est révoqué en novembre 1948 de la rédaction en chef du Journal parlé. Alors même que se déroule la grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais, il réalise une émission anniversaire sur la lutte de cette corporation en 1941, pendant l’occupation nazie. Or, quelques jours auparavant, le Président de la République Vincent Auriol avait demandé au président du Conseil des ministres Queuille « d’éliminer de la radio les communistes qui (prétendait-il) dirigent tout le Journal parlé ». Jean-Noël Jeanneney cite ce texte dans son livre Une histoire des médias.

S’appuyant sur ses relations internationales dans le cadre du Kominform (l’Internationale communiste dans sa version d’après-guerre), le PCF décide de créer une émission radiophonique qui va être retransmise par des stations situées dans les pays de l’Est : l’émetteur se trouve, selon les périodes, en Tchécoslovaquie, en Pologne, en Hongrie ou en Roumanie. Cette émission, quotidienne, est intitulée « Ici ce soir en France ». Sa réception n’est pas toujours d’une netteté absolue et ses moyens relèvent à bien des égards de l’artisanat. Ceux qui ont participé à la réalisation de cette radio parleront plus tard de « bricolage ».

Dans le petit groupe de journalistes concernés, on trouve René Andrieu, futur rédacteur en chef de l’Humanité, André Carrel, qui sera rédacteur en chef de l’Humanité dimanche, Jean Le Lagadec, responsable ensuite de la rubrique de politique intérieure de l’Humanité, Lucien Barnier qui deviendra un chroniqueur scientifique renommé, Francis Crémieux.

Pour René Andrieu (voir son livre Un rêve fou), il s’agit d’un « droit de réponse légitime » du PCF face au boycott de la radio d’État. Le taux d’écoute d’« Ici ce soir » est difficile à évaluer. L’émission est annoncée dans les colonnes de l’Humanité ; elle aurait reçu une abondante correspondance à son adresse parisienne et une des chroniques les plus importantes de l’émission est précisément celle du courrier des auditeurs. Au programme figurent des interviews de dirigeants communistes et du Mouvement de la Paix ; des reportages ; une rubrique littéraire animée par Martine Monod et l’écrivain Pierre Gamarra ; une rubrique cinéma avec Georges Sadoul ; le cycle des mémoires de Marcel Cachin. Éluard participe à une émission de poésie ; des comédiens, des musiciens comme Jean Wiener sont de la partie. Des montages radiophoniques sont mis au point, le plus fameux étant une réalisation de Vladimir Pozner, « Qui a tué HO Burrel ? », sur le thème du maccarthysme aux États-Unis.

Née au début des années cinquante, cette radio cesse d’émettre en 1955, notamment à la suite d’un accord international mettant fin à la bataille entre certaines radios de la guerre froide.

Gérard Streiff

 

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14 novembre 2021 7 14 /11 /novembre /2021 16:27
Margot Caudan à la fête de l'Huma Bretagne avec Gérald, en 2019

Margot Caudan à la fête de l'Huma Bretagne avec Gérald, en 2019

Margot Caudan à sa réception de la légion d'honneur (photo Ouest-France)

Margot Caudan à sa réception de la légion d'honneur (photo Ouest-France)

Beaucoup de tristesse à l’annonce du décès de Margot Caudan, celle qui, vaillante centenaire, tenait toujours le stand de Port- Louis à la fête de l’huma Bretagne. Nul doute que lors de notre prochaine fête, dans quelques jours, les camarades auront tous une pensée émue pour notre Margot, engagée de la première heure contre le fascisme et toute forme de tyrannie.
En 1935, elle s’était engagée auprès des jeunesses communistes, après avoir côtoyé les élèves juifs, échappés des pogroms, les allemands ayant fui le nazisme ou les italiens exilés du régime de Mussolini. Elle disait que son « entrée en résistance était le chemin normal ». Ce chemin l’a tout de même conduite plusieurs fois en prison, d’abord en 1940 pour son appartenance à l’UJFF ( union des jeunes filles de France), puis en 43 pour son activité d’agent de liaison, l’édition et la diffusion de tracts dans une imprimerie clandestine dont elle s’occupait avec son mari, Louis. Les interrogatoires laissent place à l’emprisonnement pendant plus d’un an. Libérée en août 44, elle contribue à la libération de Paris en assurant les liaisons entre les barricades.
Tout au long de sa vie, elle a continué à militer au sein du PCF mais également auprès des jeunes générations « pour l’avenir et parce que le danger fasciste ne s’est pas du tout effacé »…
En janvier 21, elle a reçu la légion d’honneur.
Aujourd’hui, le PCF est en deuil.
Pensées chaleureuses à sa famille, ses amis, aux camarades de la section de Port-Louis, de la fédé 56.
Nous perdons tous une grande dame.
Margot, tout mon respect.
Delphine Alexandre, présidente du groupe communiste au Conseil Régional de Bretagne, vice-présidente à la région Bretagne, élue communiste à Lorient
 
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Margot Caudan, centenaire et résistante de toujours
Par Sophie Prévost - Le Télégramme

Elle aura 100 ans ce mercredi 12 février 2020. Communiste de la première heure, résistante de toujours, Marguerite Caudan, dite Margot, n’oublie jamais de témoigner. À Plouhinec (Morbihan), la jeunesse est son amie !

Jean, baskets et beau sourire : c’est d’un pas léger que Margot Caudan ouvre la porte de sa longère pleine de livres, à Plouhinec (Morbihan). Ce 12 février 2020, elle a 100 ans et 85 ans d’adhésion au Parti communiste. Un record dont n’est pas peu fier le Lanestérien Philippe Jumeau. « Marguerite (tout le monde l’appelle Margot) a six mois de plus que l’ancien maire d’Hennebont Eugène Crépeau. Nous avons la chance inédite d’avoir deux centenaires dans nos rangs, l’année des 100 ans du PC ! ».

Margot a défié les fascistes à 14 ans et failli être déportée deux fois !

« Si Eugène a été le militant politique, Margot Caudan est notre militante du quotidien. Une femme d’une modestie incroyable, qui beurrait encore les sandwichs à la dernière fête de l’Huma à Port-Louis. Elle qui a défié les fascistes à 14 ans et failli être déportée deux fois ! », témoigne le secrétaire de la fédération PC du Morbihan.

Témoigner, inlassablement

Ses faits de résistance à l’Allemagne nazie et au gouvernement de Vichy, de 1939 à 1944, Margot Caudan en parle beaucoup depuis quelques mois. « On est de moins en moins nombreux à pouvoir témoigner, alors j’y vais. Je suis un peu dure de la feuille, mais quand les jeunes viennent me trouver, je ne peux rien leur refuser ! ».

Devant des lycéens rennais le 21 novembre 2019, avec des collégiens alréens en décembre, ou encore en petit comité, chez elle, ce dimanche 9 février 2020, avec sept élèves du collège Jean-Lurçat de Lanester venus l’interroger dans le cadre du Concours national de la Résistance et de la Déportation : la Plouhinécoise est sur tous les fronts.

Missions dangereuses et clandestinité

Ce week-end encore, elle a raconté sa jeunesse dans le XIe arrondissement de Paris, aux côtés de réfugiés juifs d’Europe centrale, son « engagement naturel » aux Jeunesses communistes, la création de l’Union des Jeunes Filles de France (UJFF), sa rencontre avec son mari, Louis.

Huit jours après leur mariage, en avril 1940, Marguerite Caudan est arrêtée pour son appartenance à l’UJFF, avant d’être libérée, dans la pagaille de l’exode, un mois plus tard. « Je ne suis pas entrée en résistance, car j’y étais déjà ! », plaisante aujourd’hui la presque centenaire. Chargée avec Louis d’une imprimerie clandestine, elle connaîtra les missions dangereuses (transport de faux papiers ou de matériaux pour explosifs) et encore la prison de juin 1943 à août 1944. Une trentaine de ses codétenues finiront en Déportation. D’autres seront fusillées. Un voile passe sur le regard pétillant de la vieille dame : « On n’attache pas d’importance aux petites choses, après ça ».

Engagez-vous !

« Margot est notre meilleure ambassadrice et une bonne amie. Elle aime les gens. Avec elle, toutes les portes s’ouvrent ! », assure à son tour la présidente de l’Association nationale des anciens combattants du pays d’Auray, Maryline Le Sauce. Car Bretonne, Marguerite Caudan l’est devenue il y a dix ans seulement. Si elle a quitté la région parisienne à 90 ans, c’est pour rebondir après le décès, en 2004, de son cher époux Louis. « Il était natif d’Hennebont, on a toujours aimé le coin. Je suis aussi revenue par admiration pour cette communauté de la danse bretonne, glisse-t-elle. La varappe, le ski, le tai-chi, j’ai dû arrêter. Mais la danse bretonne, ça ne me fatigue pas ! ».

Après la guerre, Margot Caudan a fait carrière comme responsable du comité d’entreprise de Renault à Boulogne-Billancourt. Elle s’y est occupée des enfants des autres. « Moi, je n’ai pas réussi à en avoir… », élude-t-elle dans un soupir. Sa vie de militante l’a amenée « à combattre l’Indochine, le Vietnam, l’Algérie ». Dans le communisme, « tout ne m’a pas toujours plu », avoue-t-elle. « Mais pour l’instant, je n’ai pas trouvé mieux ! ». A l’heure de ses 100 ans, Margot Caudan s’entretient des gilets jaunes, de la réforme des retraites comme de la montée des extrémismes. Elle cite Bertolt Brecht : « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». Et aux jeunes, elle dit et redit, comme Stéphane Hessel avant elle : " Engagez-vous ! "

Margot Caudan, 101 ans, adhérente du PCF, a reçu la Légion d’honneur

Dans le Morbihan, il se trouve que deux adhérents du PCF ont eu 100 ans en 2020, comme notre parti : Eugène Crépeau, ancien maire d’Hennebont, et Marguerite (dite Margot) Caudan, qui dès l’âge de 15 ans fut une combattante antifasciste. Celle qui fut une résistante de la première heure a reçu le samedi 30 janvier la médaille de la Légion d’honneur à Plouhinec (56) des mains du sous-préfet de Lorient.

Au cours de cette cérémonie, elle a pris soin de dire : « Je ne suis pas pour les décorations individuelles. J’ai longtemps hésité à accepter de recevoir la Légion d’honneur. Je la reçois aujourd’hui pour tous mes amis résistants qui n’ont pas eu la chance d’assister à la Libération, à la capitulation de l’Allemagne nazie. Quand on agit selon sa conscience, ce n’est pas pour des décorations. »

Née dans le 20e arrondissement de Paris en 1920, elle côtoya alors des familles de réfugiés qui la rendirent sensible à l’injustice qui frappait ses amis de l’époque. Elle adhère en 1935 aux JC puis à l’Union des jeunes filles de France (UJFF). En 1936, elle consacre l’essentiel de ses activités pour l’aide à l’Espagne républicaine. Le décret prononçant la dissolution du PCF fera qu’elle sera arrêtée en avril 1940, alors qu’elle n’était mariée que depuis 8 jours. L’immense pagaille qui règne à Bordeaux, où elle avait été transférée, lui permet d’être libérée sans trop savoir pourquoi !

En cette période plus que troublée, il fallait à Margot et ses camarades une bonne dose d’optimisme et d’inconscience pour tenter d’agir contre l’occupant nazi et son auxiliaire « l’Etat Français » de Pétain, au vu de la disproportion des forces en présence. Si des actes de sabotage isolés eurent lieu, Margot et son mari choisirent une arme qui a fait ses preuves en nombre de périodes historiques : l’écrit. Sollicités par Henriette Schmidt (de la direction clandestine du PCF), il leur fut confiée une petite imprimerie, une ronéo afin de sortir des tracts. Le premier tirage fut l’appel à la manifestation place de l’Etoile le 11 novembre 1940 ; puis viendront des tirages de l’Humanité, de l’Avant-Garde.

Fernand Grenier trouva refuge chez Marguerite, mais suite à l’arrestation de plusieurs dirigeants, la plongée dans la clandestinité totale fût impérative. Margot assure alors des liaisons entre les mouvements politiques de résistance, transporte documents, faux papiers, matériel pour explosifs, messages oraux… Arrêtée une seconde fois en 1944, elle fût libérée en août de la même année et rejoignit alors les FFI pour la libération de Paris.

Cette « entrée en résistance » de Margot comme de très nombreuses et méconnues femmes contribua à la défaite de l’Allemagne hitlérienne. Pour autant, à aucun moment de sa vie Margot ne se considéra et encore aujourd’hui comme une « ancienne combattante ». Tout au long de sa vie professionnelle, de sa retraite, elle a continué le combat. S’indigner et résister toujours, résume pleinement le combat de Margot, que chaque année nous avons le bonheur de croiser au stand de la section de Port-Louis lors de la fête de l’Humanité Bretagne ! Elle a, à de très nombreuses reprises, témoigné auprès des jeunes générations de ses engagements dans la Résistance en intervenant dans les collèges et lycées du Morbihan.

Samedi elle a conclu son propos en rappelant qu’il fallait plus que jamais « dire non à l’inacceptable, et que l’on aura besoin de se réunir parce que le danger fasciste ne s’est pas du tout effacé. »

Margot est une camarade exemplaire de modestie, d’humilité, le tout allié à de profondes convictions, qui continue de participer à la vie de sa section. Sa fidélité au PCF est très forte car elle aime à dire souvent : « Je n’ai pas toujours été d’accord avec le PCF mais je n’ai pas trouvé mieux ! »

Le contexte sanitaire n’a pas permis aux camarades du Morbihan d’organiser un temps convivial pour montrer à Margot notre affection sincère et fraternelle (l’édition 2020 de la Fête de l’Humanité Bretagne ayant été annulée). Nous ne pouvons que souhaiter le faire pour ses 101 ans !

Philippe Jumeau

secrétaire départemental du PCF Morbihan

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