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6 septembre 2019 5 06 /09 /septembre /2019 05:28

 

Un jour du monde (Chroniques de ce soir). 1939, jusqu’au pacte germano-soviétique Louis Aragon Delga, 465 pages, 22 euros.

Les Annales de la Société des amis d’Aragon et Elsa Triolet offrent à lire plus de 400 pages de chroniques écrites par le poète entre janvier et août 1939.

«Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses… » : pourquoi cette phrase de Rilke m’est-elle revenue en mémoire, à la lecture des articles d’Aragon ? Quel rapport entre cet éloge de la contemplation et la suractivité journalistique et militante d’Aragon à la direction de son journal, Ce soir ? Publié par les soins de François Eychart, ce second tome d’Un jour du monde accompagne cette fois l’année 1939, du 1er janvier à la fin d’août, quand la signature du pacte germano-­soviétique offre l’occasion au gouvernement français de suspendre les journaux communistes. Cet ensemble, qui passionnera aussi bien l’historien que le littéraire, comble un manque considérable.

« L’hospitalité française »

La frénésie du travail saisit, à traverser ces plus de 400 pages qui se lisent comme un roman – ou comme une tragédie dont nous savons la fin. Chaque jour, Aragon étudie l’actualité politique et culturelle, en extrait une chronique de six ou sept feuillets, nourrie d’une lecture exhaustive de la presse. Si l’on connaissait son engagement au service de la République espagnole, on découvrira son dévouement pour l’accueil des orphelins, forçant ainsi la main à un gouvernement français dont il montre la barbarie. Les réfugiés furent en effet enfermés dans des camps, ou sur des plages glacées, sous la garde de soldats maltraitants, dans la famine et la maladie – et ces pages concernant « l’hospitalité française » des exilés se recolorent d’une terrible actualité… Dénonçant le faux-semblant de la politique de « non-intervention » qui laissa l’Allemagne et l’Italie soutenir Franco, Aragon organise les collectes de fonds et condamne la complaisance à ­reconnaître le pouvoir franquiste, à lui restituer l’or de la République déposé à la Banque de France, non sans avoir expédié en mars à Madrid un ambassadeur dont le nom dit tout : Philippe Pétain.

De renoncements en renoncements, les conséquences des accords de Munich sont analysées et dessinent, d’un trait hélas fort net, la montée en puissance des fascismes. Aux yeux d’Aragon, le capitalisme français (et en particulier le ministre des Affaires étrangères, Georges Bonnet, cible incessante de ses attaques : « Bonnet brun et brun Bonnet » !) a fait son choix entre péril brun et peur du rouge. Un dossier précis prouve que l’alliance avec l’URSS fut « recherchée dans l’espoir qu’elle soit inefficace », que le « pacte-que-tout-le-monde-désire » était délibérément voué à l’échec.

Préambule de la résistance

On pourra à loisir reprocher des outrances d’époque : la foi jusqu’au bout dans l’antifascisme soviétique, ou la crédulité à déclarer traître le maréchal Toukhat­chevski, victime des purges staliniennes. Mais demeure une ligne forte et claire : l’appel à la fermeté et à l’unité nationales, préambule de ce qui sera la résistance. Aragon y croise des hommes éloignés de lui, comme dans la lutte antimunichoise le droitier Henri de Kérillis, capable d’écrire : « J’ai toute ma vie combattu le communisme. Mais je crois qu’actuellement la meilleure manière de le combattre est de ne pas permettre qu’il soit seul à avoir raison. »

D’un feu à l’autre, d’une première de théâtre à celle du film Espoir, sierra de Teruel, de Malraux, de New York à l’horreur de la frontière espagnole, Aragon a aussi, comme disait Rilke, été « auprès de mourants », « assis auprès des morts ». Fort de cette expérience, humaine et politique, à l’automne, après cinq années de silence poétique, il écrivait les premiers vers du Crève-cœur.

Olivier Barbarant écrivain et Poète

 

DOCUMENT. ARAGON, D’UN FEU À L’AUTRE (L’HUMANITE - Mardi 27 Août 2019 - Olivier Barbarant)
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6 septembre 2019 5 06 /09 /septembre /2019 05:20

Un groupe de jeunes militants communistes réalise et diffuse sur Internet des vidéos qui décryptent l’actualité à travers la grille d’analyse marxiste.

Vidéos de vulgarisation d'économie, pour comprendre le monde et le transformer, comprendre l'actualité, comme le disait l'économiste Paul Boccara.

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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 20:05

Déclaration de la Fédération du Finistère
 

Commission mer et littoral
 

Inquiétante situation du Groupe Bourbon

La société Bourbon est en redressement judiciaire depuis le 24 juillet dernier, prise à la gorge par ses
créanciers au nombre desquels on compte la BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Mutuel et Natixis
On nous assure que seule la holding Bourbon Corporation est concernée par la procédure et que les
sociétés opérationnelles du groupe ne seront pas touchées. Faut il accepter l'augure sans barguigner ?
Nous ne pouvons perdre de vue que la société "Les Abeilles" est une division du groupe Bourbon
Cette entreprise est aujourd'hui spécialisée dans le remorquage de haute mer. L'essentiel de son activité
consiste en l'activité de protection du littoral français grâce à des remorqueurs de haute-mer et des unités
spécialisées en dépollution, affrétés par la Marine nationale.
Elle arme l'Abeille Bourbon à Brest, Languedoc à Boulogne, Liberté à Cherbourg et Flandre à Toulon et 3
navires d'assistance et de dépollution
« Les Abeillles » , ses navires, ses 140 marins sont donc une des pierres angulaires, si ce n'est la pierre
angulaire, du dispositif de sauvetage, d'assistance et de protection pour tout le littoral français. Le
département du Finistère qui voit journellement passer à sa pointe 150 navires est concerné au premier
chef.
Il serait naturel et urgent que les services de l'Etat, le Gouvernement s'expriment sur ce dossier et qu'ils
présentent les mesures qu'ils comptent prendre en cas de dislocation totale et brutale du groupe Bourbon.

Brest le 5 septembre 2019

Inquiétante situation du groupe Bourbon et de l'Abeille Bourbon - Communiqué du PCF Finistère, Commission Mer et littoral
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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 19:41
Contre-G7: Des résultats à valoriser

Du contre-G7 on a d’abord retenu le dispositif ultra policier mis en œuvre pour l’événement. Il est un fait que ce déploiement quasi guerrier est un fait politique à part entière. Pas une première pour Emmanuel Macron qui avait déjà opposé l’armée aux gilets jaunes certes, reste que la réquisition de 13 200 policiers et gendarmes pour protéger les chefs d’État des grandes puissances face aux dangers du monde révèle comment ce mode de gestion de la résistance sociale est devenu une marque des démocraties modernes.

Face à cette démonstration de force et le climat anxiogène volontairement créé pour pousser l’affrontement, la bonne tenue de la manifestation du 24 août, des débats ou la marche des portraits est un actif à mettre au crédit des organisateurs. Et on est en droit de s’interroger sur les raisons d’une mobilisation en demi-teinte des alter. On ne peut considérer, comme je l’ai lu, que ce bilan insuffisant tient au choix de la non-violence par les plateformes anti-G7. Je ne crois pas, pour ma part, qu’une radicalisation des mouvements passant par un affrontement assumé avec les forces de police soit la garantie d’une mobilisation plus large, encore moins qu’elle soit le gage de victoires face aux pouvoirs.

Les 15 000 personnes de la manifestation, cumulées aux 4 000 acteurs du campement et aux 5 800 participants aux ateliers et conférences du contre-sommet constituent un actif pour les partisans d’un autre monde. À valoriser en tant que tel, face à des gouvernements qui savent alterner provocations et répressions pour marginaliser dans l’opinion publique et diviser en leur sein les forces de transformation. Au lendemain du forum social mondial de Salvador (FSM) de Bahia, en mars 2018, était déjà pointée une «crise» de mouvement altermondialiste, à relativiser cependant, car de nouveaux champs de résistances sont en plein essor: les migrants, les luttes féministes, le réchauffement climatique, la souveraineté et sécurité alimentaire...

“De nouveaux champs de résistances sont en plein essor“

Cette fin août a confirmé ces tendances, en même temps que le mouvement des gilets jaunes et la marche pour le climat ont conduit à un approfondissement des débats. Aurélie Trouvé résume ainsi les choses en invitant à repenser «la dialectique capital/travail de la gauche traditionnelle pour désormais penser la contradiction capital/vivant». Elle était d’ailleurs présente pour ATTAC aux côtés de Philippe Martinez de la CGT, Éric Beynel de Solidaires et Jean-François Julliard de Greenpeace France, dans un forum intitulé «Fin des mois, fin du monde», symbolique de cette recherche d’une nouvelle dialectique sociale et écologique et d’une convergence syndicats-ONG. Cette table ronde a constitué l’un des grands moments forts du contre-forum, actant notamment le fait «qu’on ne peut plus soutenir des mesures bonnes pour l’environnement si elles ont un impact négatif sur le social. L’inverse étant aussi vrai»; l’exemple du scénario d’une transition énergétique a été convoqué prenant en compte ce facteur.

La question de l’égalité et la voix des femmes ont été omniprésentes, s’inscrivant dans la thématique du contre G7 «Pour un monde radicalement féministe, à bas le patriarcat». La journée féministe du 22 a appuyé sur l’urgence à articuler les aspects économiques, sociaux et écologiques et l’apport des analyses et pratiques féministes sur ces questions, se nourrissant entre autres des expériences des marches des femmes.

La bataille pour une agriculture de qualité a constitué aussi un pilier des forums, où s’est affirmée la proposition d’une sécurité sociale de l’alimentation. Cette question m’avait mobilisée au Parlement européen car au cœur du combat pour une autre PAC et de la lutte contre les traités de libre-échange (CETA, MERCOSUR...). L’actualité amazonienne montre son caractère urgent pour la planète, tout comme la réalité de la précarité alimentaire. Ainsi, en France, 22 % de ménages vivent dans une alimentation contrainte; 15,8 millions ont accès à l’aide alimentaire, se considérant pour la plupart de dignité (source ATD).

Le fait que le contre-sommet ait eu lieu au Pays basque a mis au-devant de la scène les mouvements et citoyen·ne·s et leur dynamisme, également une multitude d’expérimentations locales.

Un bémol sur le fait qu’ici comme ailleurs a pesé l’absence de perspectives politiques de transformation, malgré la présence de stands de partis et l’engagement solidaire de nos camarades des sections de Bayonne du PCF. Cette rencontre de toutes les formes de combats à gauche est une voie que nous devons prioritairement travailler.

Marie-Pierre Vieu
membre du CEN
article publié dans CommunisteS du 4 septembre 2019

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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 05:30

 

Avec son roman d’anticipation, l’écrivaine anglaise de science-fiction prophétisait la Shoah dès 1937. Écrit sous un pseudo, oublié puis redécouvert dans les années 1990, Swastika night mettait le monde en garde contre le « Reich de mille ans ».

Jusqu’en 2016, Katharin Burdekin était totalement inconnue du public français. L’écrivaine a pourtant livré Swastika night, un des pamphlets les plus radicaux sur ce qu’allait devenir le régime nazi, et prédit la Shoah… en 1937 ! Un roman essentiellement féministe qui décrit le quotidien dans le Reich, sept cents ans après la victoire d’un Hitler déifié, dans lequel les femmes sont considérées quasiment comme du bétail, et le système de classification entre Übermensch et Untermensch imaginé par le régime nazi impose une séparation en castes, inviolable sous peine de mort. Il aura fallu attendre que l’œuvre, publiée sous le pseudonyme de Murray Constantine, soit redécouverte dans les années 1990 dans le monde anglo-saxon, et traduite en France, pour en mesurer l’impact et la portée prémonitoire.

Katharin Burdekin n’était pourtant pas destinée à écrire le premier roman d’anticipation sur l’Allemagne nazie. De la famille de la classe moyenne supérieure du Derbyshire, où elle naît en 1896, elle hérite un bon capital social et culturel. Mais la société victorienne finissante la bride : Katharin rêve d’intégrer l’université d’Oxford, comme ses deux grands frères. Ses parents s’y opposent. Son passage au Cheltenham Ladies’College, dirigé par la suffragette Dorothea Beale, la vengera un peu : après un mariage arrangé et la naissance de deux filles, un déménagement en Australie et son engagement comme infirmière durant la Première Guerre mondiale, elle quitte son avocat de mari et revient en Angleterre. Fortement influencée par les socialistes, Katharin commence à publier des nouvelles de science-fiction interrogeant la place des femmes dans la société des années 1920. C’est à cette période qu’elle rencontre sa compagne de vie et élèvera ses filles avec elle, mettant en pratique un féminisme radical qui restera intimement lié à son œuvre, y compris dans Swastika night.

« Elle montre la violence banalisée qu’induit le régime totalitaire et l’insensibilité qu’il génère »

Dans les années 1930, elle s’oriente vers une critique du fascisme et du nazisme. C’est là qu’elle prend, en 1934, un pseudonyme masculin pour protéger sa famille. Ce qui explique sans doute que son œuvre ait été si longtemps oubliée. Swastika night est pourtant une des premières dystopies (fiction qui décrit une utopie de cauchemar, une contre-utopie) de l’histoire, rédigée des années avant le 1984 de George Orwell. On y déambule dans le Saint Empire romain germanique, qui a soumis la moitié du monde à l’idéologie nazie. Un jeune Anglais y entame un pèlerinage à la chapelle de saint Hitler – un géant blond de deux mètres « explosé » de la tête de son père (sic) – où le lecteur est tout de suite mis dans le bain par la prière rituelle. Extrait : « De même que la femme surpasse le ver, l’homme surpasse la femme. De même que la femme surpasse le ver, le ver surpasse le chrétien. Ainsi, camarades, la chose la plus abjecte, la plus ignoble, la plus sale qui puisse ramper à la surface de la terre, c’est la femme chrétienne. La toucher est pour l’Allemand la pire souillure. Lui parler est une honte. Ils sont tous exclus : l’homme, la femme et l’enfant. Mes fils, ne l’oubliez point ! Sous peine de mort ou de torture, ou de bannissement hors du sang. Heil Hitler ! » Une traduction de la loi sur la protection du sang et de l’honneur allemands de novembre 1935. Si ce n’est que, dans la fiction, les juifs sont absents, exterminés depuis des siècles.

On le voit, l’auteure ne prend pas de gants. Certes, le texte n’est pas d’une grande portée littéraire, mais Burdekin y a « des fulgurances », notait en juillet 2017 la revue de science-fiction Bifrost : « Elle dit la nature totalitaire du régime, la stase mortelle qui suit la dictature réalisée, le culte de la personnalité, la reconstruction de l’Histoire. Elle montre la violence banalisée qu’induit le régime et l’insensibilité qu’il génère », comme « le caractère profondément homo-érotique de la praxis nazie et le virilisme qui est en l’essence ». Sans doute a-t-elle eu connaissance du programme Lebensborn, qui à l’initiative de Heinrich Himmler, dès 1935, portait la politique d’eugénisme et de natalité allemande jusqu’à faire engendrer par des SS inconnus des femmes estampillées « aryennes », logées dans des foyers, pour les faire accoucher anonymement et confier leurs enfants à la SS pour créer l’élite du « Reich de mille ans ». Parfois la réalité dépasse la fiction.

Grégory Marin

 

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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 05:15

Un groupe de jeunes militants communistes réalise et diffuse sur Internet des vidéos qui décryptent l’actualité à travers la grille d’analyse marxiste.

Vidéos de vulgarisation d'économie, pour comprendre le monde et le transformer, comprendre l'actualité, comme le disait l'économiste Paul Boccara.

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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 05:12

 

Réunis aux Nations unies dans le but de négocier un traité mondial sur la haute mer, les gouvernements disposent d’une occasion unique pour sauver la biodiversité. Entretien avec Edina Ifticène, de Greenpeace.

La Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones hors de la juridiction nationale a lancé il y a une semaine à New York sa troisième session de négociations. Pour Edina Ifticène, c’est le moment ou jamais de frapper fort.

En quoi cette conférence est-elle un rendez-vous important pour l’écologie ?

Edina Ifticène Après dix ans de discussions, les membres des Nations unies s’accordent enfin sur la nécessité d’un traité de protection des eaux profondes internationales. Lors de ce rassemblement, un texte concret a été mis sur la table, prêt à être discuté. Le texte présenté porte des options très fortes, mais peut également être réduit à un strict minimum parfaitement inefficace. C’est donc l’occasion de jauger la réelle volonté politique des États à agir.

Quels points sont pour vous incontournables dans la ratification du texte ?

Edina Ifticène Le premier élément, c’est celui de la gouvernance. Quel mandat entend-on donner au texte ? Sera-t-il consultatif ou véritablement coercitif ? Il faut faire en sorte que les États ne puissent pas s’y soustraire ! Le traité devra être doté d’un cadre institutionnel robuste comprenant : une conférence des parties, qui se réunit annuellement, un comité scientifique, un secrétariat permanent et un comité de contrôle. Ensuite, il y a la question des aires marines protégées, un outil très efficace. C’est la seule alternative de conservation qui permettra la résilience des espèces et la gestion durable des ressources. Les zones protégées pourront éviter la pêche intensive, le forage pétrolier, ou toute autre activité dévastatrice suivant ses spécificités. En 2016, la communauté scientifique s’est accordée pour dire qu’au moins 30 % des espaces de haute mer devaient être placés sous protection pour éviter la catastrophe écologique. Mais si cela est aujourd’hui impossible, le traité doit ouvrir cette voie de protection.

Les impératifs financiers qui se dressent face aux impératifs de protection sont-ils contournables ?

Edina Ifticène Les enjeux économiques qui viennent se confronter à l’inquiétude climatique sont à combattre sur le plan politique. Un exemple : la gestion des ressources génétiques en haute mer. Aujourd’hui, elles sont soumises à la prédation des grands groupes privés et de la recherche scientifique des États les plus riches. Sauf que le vivant ne devrait pas être breveté par un groupe comme Bayer ! Il faut que ces connaissances puissent être accessibles à tous. De plus, les recherches effectuées doivent être encadrées de telle sorte qu’elles n’endommagent pas les écosystèmes marins. Toute exploitation doit s’accompagner d’études d’impacts.

Les différents États se montrent-ils enclins au processus de négociation ?

Edina Ifticène Tous les acteurs n’appréhendent pas la conférence de la même façon. L’Union européenne plaide pour un mandat réel du traité alors que le Japon ou les États-Unis poussent dans le sens du respect unique des conventions régionales. C’est une fausse bonne idée quand on sait que toutes ces conventions n’ont pas la même valeur juridique ou sont purement sectorielles. Il faut une coordination entre ces conventions et un traité international reconnu par tous.

Malgré tout, êtes-vous optimiste quant à l’issue de ces négociations ?

Edina Ifticène On se doit de l’être. Les négociations sont toujours en cours et je suis certaine qu’au bout il y aura un traité. La question, c’est lequel ? Représentant 73 % du volume des océans, les écosystèmes marins de haute mer jouent le rôle de pompe biologique en captant le CO2 présent dans l’atmosphère. Si nous respirons, c’est grâce aux océans ! Or 66 % de l’environnement marin est dégradé par l’homme. L’urgence est là !

Entretien réalisé par Iris Bertand

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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 20:20
Sabrina, Julie Stéphan-Barthe, Sébastien Portier, Morgane Premel (présidente) et Catherine Robic, membres de l’association des parents d’élèves de l’école Gambetta. © Le Télégramme

Sabrina, Julie Stéphan-Barthe, Sébastien Portier, Morgane Premel (présidente) et Catherine Robic, membres de l’association des parents d’élèves de l’école Gambetta. © Le Télégramme

Le Télégramme, Tangi Lafontaine, 4 septembre 2019

Plusieurs membres de l’association des parents d’élèves de l’école Gambetta s’inquiètent de la hausse des effectifs. Avant la commission d’attribution du nombre de professeurs par école, qui a lieu ce jeudi 5 septembre, ils demandent la création d’un poste supplémentaire.

En cette rentrée à l’école Gambetta, l’association des parents d’élève (APE) s’inquiète du nombre d’enfants par classe. Malgré le déplacement de la classe Ulis à Corentin-Caër, le nombre d’élèves est passé de 80 à 91. En conséquence, il y a cette année plus de 30 enfants sur trois niveaux dans certaines classes : 37 en maternelle (petite, moyenne et grande sections), 23 en CP - CE1 et 34 en CE2 - CM1 - CM2.

De nombreux élèves allophones

 

Une situation que dénonce l’APE de l’école Gambetta. « Les classes surchargées rendent le travail des enseignants très difficile, sans parler des salles qui deviennent trop exiguës. À Gambetta, il y a de nombreux élèves allophones (dont le français n’est pas la langue maternelle), qui sont d’autant plus pénalisés par les classes surchargées dans l’apprentissage du français. C’est aussi une école populaire, où beaucoup d’enfants ne bénéficient pas de soutien scolaire de retour chez eux », explique Sébastien Portier, aussi élu du conseil de l’école. « Un poste doit normalement être créé dès qu’une classe dépasse les 30 élèves », ajoute Morgane Premel, la présidente de l’association. « Les préconisations parlent d’un maximum de 24 élèves dans une classe… "

Pour rappel, un poste avait été supprimé à l’école Gambetta à la rentrée 2018. Avec la mobilisation des parents d’élèves, ils avaient obtenu qu’un enseignant soit présent deux jours par semaine en plus.

« Pas de dialogue possible »

 

Les parents d’élèves dénoncent également la surdité de M. Bock, l’inspecteur d’académie. Leurs nombreuses demandes d’entretien sont restées sans suite. « Il n’y a pas de dialogue possible. Jusqu’ici, on n’a pas réussi à décrocher un seul rendez-vous avec l’inspecteur. Tout est très opaque, on n’a pas d’infos sur les autres écoles. On a l’impression qu’il s’agit seulement d’une analyse comptable… On distribue des professeurs comme si on vendait des tapis », continue Sébastien. La CAPD (commission administrative paritaire), qui distribue les postes en fonction des inscriptions et juge de l’ouverture ou de la fermeture d’un poste, est prévue ce jeudi 5 septembre. L’APE espère qu’un poste de professeur des écoles supplémentaire sera créé pour l’école Gambetta, permettant de répartir les élèves sur quatre classes au lieu de trois.

Contacté hier par la rédaction, M. Bock, inspecteur d’académie n’était pas joignable.

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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 19:27
Fabien Roussel à l'Université d'été du PCF à Aix en Provence le 24 août 2019

Fabien Roussel à l'Université d'été du PCF à Aix en Provence le 24 août 2019

Ci-joint, le discours  de Fabien Roussel prononcé ce mercredi 3 septembre à Toulouse en conclusion de la journée de rencontres Jaurès, Nation, République et Luttes sociales, organisée par la Fédération de Haute-Garonne du PCF, la société des Amis de l'Humanité, l'association des amis de Jean Jaurès Toulouse, IHS CGT et la librairie La Renaissance.

 

Discours de Fabien Roussel
Conclusion du Colloque Jean Jaurès

 

3 Septembre 2019 – Toulouse
 

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis, Chers Camarades,

Permettez-moi tout d’abord de remercier la fédération de Haute-Garonne du Parti communiste français de cette initiative consacrée à Jean Jaurès, à l’occasion du 160e anniversaire de sa naissance.
Permettez-moi aussi de remercier les intervenants qui ont brillamment contribué aux tables rondes de cet après-midi : Gilles CANDAR, Rémy PECH, Charles SYLVESTRE et Martine BERNARD-ROIGT.
Merci enfin à vous toutes et tous, qui vous êtes libérés pour évoquer l’une des plus prestigieuses figures du mouvement ouvrier français.
Nous n’avons pas voulu, aujourd’hui, simplement commémorer celui dont la trace reste indélébile dans la conscience collective de notre peuple. Bien sûr, commémorer est indispensable pour que le fil de la mémoire ne vienne jamais à se rompre. Surtout, d’ailleurs, lorsqu’il s’agit du fondateur de l’Humanité, devenu journal communiste à la naissance de notre parti, dont nous célébrerons le centenaire l’an prochain.
Mais nous avons voulu aller au-delà, souligner combien cette empreinte de géant s’inscrit pleinement dans notre époque.
Car Jaurès aura eu, dans la dernière partie du XIX° siècle et jusqu’à son assassinat, à relever les défis de la première mondialisation du capitalisme.
C’est l’époque durant laquelle le capital se concentrait déjà à toute vitesse et bouleversait les modes de production. Il cherchait frénétiquement à intensifier l’exploitation du travail, des êtres humains mais aussi, déjà, celle des ressources naturelles.
C’était il y a plus d’un siècle mais le capitalisme n’a pas vraiment changé au fond. En 1910, le capital prospère sans limites fort de la révolution industrielle, en s’appuyant sur le travail à la chaîne.
Un siècle plus tard, ce même capital se régénère avec les banques, l’informatique et l’avènement d’une finance globalisée mais il exploite toujours sans retenue les salarié·e·s et la planète.
Le monde reste ainsi dominé par l’esprit de conquête, la soif de puissance et les rivalités qui incitent des pays à mener des guerres, quelles soient armées ou économiques.
Jaurès avait tout dit, dès 1895, quand il écrivait : « Le capital, même sous les traits les plus aimables (...), reste une puissance tyrannique et injuste. »
Nous sommes aujourd’hui confrontés à des enjeux d’une même ampleur.
Une forme nouvelle de mondialisation économique se déploie, dévastatrice pour la nature, implacable pour les travailleurs. Un modèle qui détruit partout les protections collectives arrachées de haute lutte par les mouvements populaires. Une force qui cherche à désintégrer politiquement et socialement le mouvement ouvrier et ses capacités de résistance.
Tout est fait pour substituer un individualisme égoïste aux solidarités de
classe.
Comment qualifier autrement cette généralisation de la précarité du travail, ces contrats « Uber » qu’on nous vend comme le symbole de la modernité et qui ne sont rien d’autre que le retour du travail à la tâche !!
Où est le progrès quand 250 000 hommes et femmes de notre pays acceptent, bien obligés, de devenir des auto- entrepreneurs dépendant des plateformes numériques qui les exploitent, en les rémunérant à la
commande, au coup de pédales, sans aucune protection sociale ?
Il n’y a pas beaucoup de différence avec ces femmes, ces hommes, ces enfants qui vendaient, au siècle dernier, leur force de travail dans les mines ou dans les entreprises textiles ?
Et ce modèle se répand, en France, en Europe, sur tous les continents...
Au nom d’un monde désormais aux mains de la finance, la souveraineté des nations et, par conséquent, celle des citoyens, est tout simplement niée, battue en brèche.
A tel point que des multinationales, et pas seulement celles du numérique, ont même davantage de pouvoirs que bien des États. Pour installer leur siège social, elles vont jusqu’à choisir l’Etat dans lequel elles négocieront l’impôt le plus bas voir nul.
Et pourtant, sous l’impact de la révolution numérique, de cette forme d’accélération du capitalisme, de nouvelles catastrophes apparaissent.
Le dérèglement climatique et les désastres écologiques qui s’enchaînent placent notre planète au bord du gouffre. Et le nombre de personnes, d’enfants souffrant de malnutrition repart à la hausse depuis 2 ans. Tous les signaux d’alerte sont tirés. Les moyens et des solutions existent pour lutter contre la faim dans le monde, contre la pollution, pour transformer les modèles agricoles ou alimentaires... Sauf que ces solutions, qui supposent un changement de nos modes de production et de consommation, une autre utilisation des richesses se heurtent de plein fouet au dogme libéral, à cette sacro-sainte exigence de rentabilité à court terme, imposée par une minorité de privilégiés.
Tout cela a une cohérence, implacable. Hier comme aujourd’hui.
Et tout ce qui fait obstacle à leur modèle économique, à la globalisation de l’économie, doit être détruit. Pas d’Etat, pas d’impôt, pas de compte à rendre !
C’est pourquoi ceux qui défendent ce système ultra financiarisé ne veulent pas de nations souveraines ! Ils veulent encore moins de frontières entre lesquelles peut encore s’exercer cette souveraineté, s’organiser le débat démocratique. Ils ne veulent pas non plus de services publics qui pourraient échapper aux règles de la compétitivité et de la profitabilité à tout prix.
Au fond, la perversion de l’Union européenne, en tout cas telle qu’elle aura été construite ces dernières décennies, prend source dans cette obsession de la rentabilité, de la concurrence effrénée qui va de pair avec l’effacement de la nation et de la souveraineté populaire. C’est une des raisons pour lesquelles les défenseurs de cette Europe ont méprisé les peuples, comme le notre, qui avait osé voter contre leur Traité constitutionnel en 2005.
Voilà ce qui l’a menée à la crise démocratique que nous connaissons et qui se traduit par une immense défiance des électeurs à son égard.
Ailleurs, l’horizon est hélas tout aussi préoccupant. Alors que se profile un nouveau krach financier, encore plus dévastateur que le précédent, des guerres commerciales, et même désormais monétaires, mettent aux prises des grandes puissances et des multinationales.
Guerres économiques, diplomatie de la gâchette, multiplication des conflits armés, record du nombre des réfugié·e·s , de pauvreté, voila l’horizon de ce 21eme siècle !!
Comme toujours, les prêcheurs de haine font leur miel d’un tel climat. Ils conquièrent sans cesse de nouvelles positions, et parviennent même à se hisser à la tête de nombreux pays.
Comme hier, ils soufflent sur les braises des orgueils nationaux et des querelles ancestrales de territoires. Ils attisent le racisme, ils prospèrent sur les peurs face aux flux de réfugiés ou encore face aux terrorismes. Comment analyser autrement les résultats en Allemagne où l’AFD, parti nazi, arrive en deuxième position aujourd’hui ?
Interrogeons-nous en cet instant sur la politique, sur son rôle : n’est-il pas justement d’élever la conscience des hommes et des femmes, de faire grandir en eux ce qu’il y a de plus beau : la solidarité, l’échange, le partage, l’amour de son prochain, l’ambition de faire vivre ensemble une communauté humaine, dans toute sa diversité, de trouver des solutions pour relever chaque défi tout en respectant la dignité humaine et l’intérêt général ?
Est-ce cela que nous voyons aujourd’hui ? Non et c’est même le contraire ! Nous voyons comment des responsables politiques flattent les plus bas instincts qui existent aussi en chacun d’entre nous tel que la jalousie, l’égoisme, l’individualisme ou même la peur quand ils devraient au contraire tout faire pour les repousser.
Comment justifier la manière dont l’Union européenne traite la question des réfugiés si ce n’est pour exciter les peurs, les fantasmes et faire grandir la haine de l’autre, de l’étranger? Les partis d’extrême-droite n’ont plus qu’a ramasser la mise pour devenir l’exutoire de toutes les colères, y compris sociales.
Ces forces d’extrême-droite profitent aussi, il faut le reconnaître, des déceptions, des impasses dans lesquelles s’est enfermée une large partie de la gauche et des forces progressistes et écologistes.
Et c’est là, dans la reconstruction d’un projet d’émancipation humaine pour sortir des logiques terrifiantes du capitalisme, que l’apport de Jaurès nous est essentiel.
D’abord pour son inlassable combat en faveur de la République.
Une République issue de la Révolution française, une République toujours populaire, sachant se remettre en cause pour être toujours plus à même de répondre à ses fondamentaux: liberté, égalité, fraternité. Une République indissociable de l’exigence de démocratie et protégeant la souveraineté du peuple;
Une République défendant l’intérêt général compris comme le souci de répondre aux besoins du grand nombre plutôt qu’à la soif illimitée d’enrichissement de quelques-uns ;
Une République qui promeut le « droit à l’existence » prenant le pas sur le droit de propriété, selon les belles paroles de Robespierre ; Une République qui fait vivre la laïcité, garantissant la liberté de conscience
tout comme la séparation intransigeante des sphères publique et privée. Telle est la République que Jaurès appelait à « pousser jusqu’au bout », afin de parvenir au dépassement du capitalisme pour ouvrir un chemin au socialisme, ou au « communisme collectiviste », termes qu’il employa indistinctement tout au long de sa vie. En cela, même s’il lui fallut affronter bien des polémiques dans son propre camp.

Jaurès se situait bel et bien dans la lignée de Marx, qui avait lui-même écrit : « La Révolution française a fait éclore des idées qui mènent au-delà des idées de l’ancien ordre du monde. Le mouvement révolutionnaire qui prit naissance en 1789 (...) avait fait éclore l’idée communiste. »
Les communistes sont fiers d’avoir inscrit leur histoire dans cette continuité.
Quand ils se portèrent en première ligne des batailles pour la laïcité, contre la xénophobie ou les clans colonialistes qui ne cessèrent de contester la République.
Quand ils contribuèrent à prolonger l’action armée contre l’occupant hitlérien et le régime de Vichy par ce programme si ambitieux qui fut la grande œuvre du Conseil national de la Résistance.
Quand ils firent de l’école publique, question qui fut au cœur de la visée jauressienne, le premier des piliers d’une République de l’intelligence et du savoir, ouvrant à la jeunesse et au corps citoyen la voie de l’émancipation et du courage.
Quand ils furent à l’initiative de propositions audacieuses pour rendre la République pleinement démocratique et briser cette frontière invisible qui lui interdisait de pénétrer sur les lieux de travail.
Permettez-moi de m’arrêter un instant sur ce point. Lorsque, aujourd’hui, nous nous battons pour une VI° République, pour en finir avec la monarchie présidentielle, ou contre ces réformes constitutionnelles qui laissent entendre qu’il y a plus de démocratie avec moins de parlementaires, nous assumons entièrement l’héritage de Jaurès, qui sera intervenu tant de fois sur ces questions.
De même, lorsque nous proposons que les salarié·e·s disposent de nouveaux droits à décider des choix faits dans leurs entreprises, nous partageons la colère qui était la sienne devant un système qui fait théoriquement du citoyen un souverain l’instant d’une élection, mais le laisse soumis au despotisme de son patron le reste du temps.
Oui, après Jaurès, nous affirmons à notre tour qu’il faut pousser la République jusqu’au bout, que la démocratie politique est inséparable de la démocratie dans l’entreprise et que doit enfin être proclamée ce qu’il nommait « la « souveraineté du travail ».
Mais la République de Jaurès s’incarne aussi dans une nation.
Et je tenais à m’exprimer ici sur ce sujet tellement il est insupportable de lire, d’entendre ici et là comment la nation est aujourd’hui réduite au nationalisme, au repli sur soi, à la division d’un peuple, et donc à l’opposé de ce qui la fonde. Oui c’est vraiment insupportable car les fondations d’une nation ne sont pas ethniques ou religieuses. Elle relève d’une construction politique, d’une histoire commune d’un peuple uni dans sa diversité.
La nation de Jaurès, et de tous les progressistes, est d’abord conçue comme une communauté de citoyens que ne se distinguent ni par leur origine, ni par leurs convictions intimes.
C’est en cela que la nation française, grandie par la Révolution de 1789, a pu d’emblée porter un message universel en direction des autres peuples d’Europe.Qu’elle a accompagné leur marche vers la liberté et l’indépendance.
Qu’elle a, dès ses premières années, affirmé une ambition de paix pour l’humanité tout entière. Et si, à son tour, elle s’est trouvée à divers moments précipitée par ses classes dirigeantes dans les guerres de conquêtes et de rapines, elle aura toujours trouvé en son sein les ressorts du retour à ses idéaux d’origine.
De ce point de vue, l’attachement de Jaurès à la nation française, son « patriotisme » revendiqué qu’il opposait au nationalisme belliciste, fut jusqu’à son dernier souffle indissociable de son action internationaliste. Et, plus particulièrement, de son combat pour la paix dès qu’il sentit que le choc des
cupidités impérialistes pouvait la mettre en grand péril. Il ne cessa, pour cette raison, d’inciter les travailleurs à ne pas laisser la nation aux mains de ceux qui l’emmenaient à sa perte. « Plus les ouvriers sont une classe, plus ils sont une patrie: ils auront tout à fait la patrie quand ils seront la classe souveraine», avertissait-il.
Quoi de plus actuel que cette approche ?
Je l’ai dit en commençant, chacune et chacun d’entre nous sent bien que notre monde est en train de basculer dans l’inconnu. Tout a été fait, depuis trois ou quatre décennies, au nom d’une globalisation supposée « heureuse», pour effacer jusqu’à l’idée de nation et ainsi priver les peuples de leurs
droits fondamentaux.
En gommant l’idée d’une nation porteuse de progrès, d’humanité, voire l’idée même qu’une nation pouvait encore exister, la classe dominante, les milieux d’affaires, la finance remettent en cause les conquêtes d’un peuple, sa souveraineté et son aspiration à une vie digne et heureuse.
Et pourtant. Une nation porteuse de progrès c’est celle qui s’engage à éradiquer le chômage et la pauvreté, à lier la justice sociale et la justice climatique, à protéger chaque vie et chacun des instants de la vie d’un
homme ou d’une femme, de celles et de ceux qui forment le peuple, notre peuple. Le peuple et la nation. La nation et le peuple, intimement liés et forts, en France, de ces conquêtes sociales, de l’abolition de la monarchie et l’instauration de la République, de la Résistance et de ses Jours Heureux, promis à tous ses citoyens, dans le respect des origines et des confessions de chacun.
Nous voulons redonner du sens à la nation, indéfectiblement liée au peuple, à sa souveraineté, à son indépendance qui lui ont permis de mettre en oeuvre le programme des Jours Heureux issu du Conseil National de la Résistance. Oui, les français sont fiers de cette histoire qui nous a permis de bâtir cette exception française que sont les services publics et la Sécurité Sociale.
Et si nous voulons redonner du sens à la nation, à notre souveraineté, c’est bien pour redonner aux français le droit de s’affranchir des Traités qui nous emprisonnent, c’est pour redonner sa liberté au peuple, à la France, de mettre en place par exemple une Sécurité Sociale du 21ème siècle, digne d’Ambroise Croisat ou pour redonner de nouveaux droits aux salariés dans les entreprises.
Retrouver notre indépendance et notre souveraineté, ce n’est pas pour nous enfermer dans des frontières, ce n’est pas pour exclure des citoyens en fonction de la couleur de leur origine, de leur religion, c’est pour redonner la liberté au peuple de déterminer ses choix et notamment de pouvoir voter un budget sans avoir à le faire valider par Bruxelles !
Mais voilà ! Tout est fait pour déposséder les peuples de leurs souveraineté, pour gommer toute référence à la nation. Et pour renvoyer les colères vers les forces d’extrême droite.
Le sentiment national d’un peuple existe toujours et se réveille à mesure qu’il se sent dépossédé de tout contrôle sur son existence.
Et ce noble sentiment est détourné par des droites extrémistes ou fascisantes, qui encouragent le fanatisme, la violence, le plus odieux des racismes, l’opposition des peuples entre eux. Ici même, de la droite qui se
voulait jusqu’alors « républicaine » mais qui court désormais derrière l’extrême-droite, resurgit le vieux fantasme de l’abandon du droit du sol, alors que celui-ci est antérieur à la Révolution française.
Raison de plus pour défendre plus que jamais une autre conception de la nation. Jaurès, mieux que tant d’autres, l’avait compris, qui s’en prenait à ceux qu’il baptisait « les chacals du patriotisme rétrograde ».
Devant l’Assemblée, il précisait : « La classe ouvrière défendra l’idée de la patrie, mais elle ne sera pas dupe de ceux qui essaient d’exploiter l’idée de patrie elle- même dans un intérêt de classe ; elle essayera par un incessant effort de substituer à une patrie d’inégalités et de privilèges une patrie de
pleine d’égalité sociale qui s’harmonise par là avec les autres patries. » Les peuples ont leurs histoires, tourmentées et contradictoires certainement, mais qui ont imprégné leurs modes de vie et de pensée. Ces caractéristiques donnent aux nations leur consistante sociale.
Mais surtout, et c’est là pour nous l’essentiel de la nation : c’est le cadre privilégié, normalement indépassable, de l’exercice de la démocratie, de la souveraineté.
Oui le cadre de la nation reste un levier pour résister aux entreprises destructrices du capital, défendre par exemple l’industrie face aux délocalisations ou l’agriculture face à l’agro-business. C’est au nom d’une
nation souveraine, à l’écoute de son peuple, qu’il est légitime de faire avancer des politiques publiques de progrès.
C’est aussi un point d’appui pour les mouvements populaires au-delà de leurs frontières.
C’est, par conséquent, un vrai danger de laisser la nation, un peuple, ses droits se dissoudre dans l’adhésion à un marché économique aux prétentions universelles. Et c’en est un autre, tout aussi dangereux, que de croire bâtir l’Europe en effaçant la souveraineté de ses nations et des peuples dans la construction fédéraliste que promeut l’idéologie néolibérale. Tout ce qui uniformise représente un appauvrissement politique, social et culturel, une régression totale...
Notre vision de la nation française, celle de Jaurès hier, celle qui a donné tout son sens à nos propres engagements depuis, ne relèvera jamais d’une vision qui exclut, qui stigmatise les individus ou qui les sélectionne en fonction de leurs origines et de leurs particularités.
Elle procède au contraire d’une approche démocratique qui vise à rassembler, unir des citoyennes, des citoyens, par- delà les différences de culture et d’histoire, dans une communauté humaine soudée par une
communauté de destin.
Cette démarche d’ouverture, nous l’appliquons évidemment aux relations que doit entretenir la France avec les autres pays. Notre attachement à notre propre pays n’est pas synonyme de concurrence avec eux, encore moins d’affrontement sur le théâtre international.
Nous en appelons plutôt à bannir toutes les logiques de confrontation et de domination, à renoncer aux surenchères militaristes. Nous sommes les protagonistes infatigables de la construction de nouveaux liens d’amitié et de coopération entre les peuples.
Ainsi, en Europe, nous l’avons dit et répété à l’occasion des élections de mai dernier avec Ian BROSSAT, notre opposition à des traités imaginés pour servir uniquement la finance et les multinationales, va de pair avec notre proposition d’une nouvelle union de peuples souverains et de nations librement associées.
Jaurès, à son époque, faisait découler l’organisation de la paix mondiale de la défense conjointe de l’indépendance nationale, de la démocratie et du socialisme. Une paix qui passait à ses yeux par le respect des intégrités nationales, le rejet de toutes les oppressions, pour promouvoir l’arbitrage
international et la sécurité collective. Tout cela s’imbriquait dans sa célèbre formule : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène. »
Nous reprenons ce flambeau, devant les dangers qui guettent de nouveau la civilisation humaine. Comme je l’ai fait à l’occasion de notre dernière université d’été, nous proposons ainsi que la France, plutôt que de suivre l’administration TRUMP dans ses surenchères atlantistes, comme le fait hélas Monsieur MACRON, s’adresse aux Nations unies, pour un nouvel ordre mondial favorisant le dialogue et la coopération entre les peuples. La France devrait même demander à renforcer les prérogatives de l’ONU pour qu’elle mène le combat en faveur du climat et pour une plus grande justice fiscale dans le monde.
Ce serait l’occasion de réclamer le désarmement général, l’abolition de l’arme nucléaire, une nouvelle organisation de la sécurité collective et un développement économique aussi partagé que protecteur des grands équilibres écologiques. C’est, nous semble-t-il, le rôle que lui assignent à la fois son histoire et l’écho dont bénéficie sa parole dans le monde. C’est le rôle conforme à son « génie », aurait dit Jaurès.
Défendre la paix et l’indépendance de notre pays, pousser les principes de la République jusqu’à la sortie d’un capitalisme dévastateur, ne sera toutefois possible que si le monde du travail redevient un acteur puissant et écouté. Un acteur conscient de ce combat pour la sauvegarde de l’humanité, qui devra
rassembler autour de lui toutes celles et tous ceux qui aspirent à un autre avenir. C’est l’autre enseignement que nous retirons de l’œuvre de Jaurès. Sa vie, de parlementaire ou de journaliste, d’intellectuel et de dirigeant politique, se confondit avec le soutien aux luttes sociales, de celle des traminots de Toulouse à celles des mineurs de Carmaux ou des verriers d’Albi. Sans parler de sa campagne pour faire libérer l’ouvrier Jules DURAND, condamné à mort pour ses activités de syndicaliste. Comme il l’écrivait, « la dignité de la classe ouvrière est une des richesses essentielles de la France. »
C’est également notre conviction, à l’heure où le salariat est devenu l’écrasante majorité de la population active d’un pays comme le nôtre, et où, au grand dam du président des ultrariches, chaque mobilisation remet la «question sociale » à l’ordre du jour.
Voilà pourquoi nous voulions, ici, à Toulouse dont il fut l’élu, au coeur de cette Occitanie qui lui était si chère, marquer avec force l’actualité du « Grand Jaurès ». Pour le Parti communiste, bien sûr, mais au-delà, pour redonner du sens et de la force à la république française et à l’union du peuple de France.
Oui nous voulons de nouveau voir flotter ensemble le drapeau bleu blanc rouge de la France au coté du drapeau rouge du mouvement ouvrier, défendre un projet de société qui place l’être humain et la planète au cœur de son projet mais remet aussi au centre de ses combats, la démocratie et la souveraineté du peuple de France !

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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 19:22
Pour lutter contre toutes les fraudes, Bercy a surtout besoin de moyens (PCF)
COMMUNIQUE DE PRESSE

 du Parti Communiste Français, 4 septembre 2019 

 

 

Pour lutter contre toutes les fraudes, Bercy a surtout besoin de moyens !
 
Missionnées par le Premier ministre, deux parlementaires, de l'UDI et de LREM, viennent de présenter des mesures aussi incongrues que brutales, comme la fourniture d'une « preuve de vie », pour lutter contre une
fraude aux prestations sociales dont elles n'évaluent pas le montant. Si celle-ci doit être combattue, naturellement, elle s'apparente néanmoins à une souris au regard de la montagne que représentent la fraude
patronale (travail au noir, TVA…) et l'évasion fiscale.
 
Le magazine Challenges vient d'ailleurs de révéler que la multinationale californienne Airbnb n'a payé que 148 138 euros d'impôt sur les sociétés à la France pour 2018, alors même que les bénéfices de la plateforme
augmentent et que Paris, avec plus de 60 000 annonces enregistrées, est son premier marché. Cette fiscalité dérisoire trouve sa source dans des montages financiers qui permettent de facturer les services à une
filiale implantée en Irlande, paradis fiscal notoire. Au total, la fraude et l'évasion fiscales coûtent chaque année à notre budget entre 80 et 100 milliards d'euros.
 
Si le gouvernement veut vraiment lutter contre toutes les formes de fraude, qu'il commence par renoncer à supprimer, comme il vient de l'annoncer, 5 800 nouveaux postes à Bercy d'ici la fin du quinquennat.
Ce qui ferait 10 000 depuis l'élection du président de la République.
 
Fabien Roussel, secretaire national du PCF, député du Nord,
 
Paris, le 4 septembre 2019.
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