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4 janvier 2020 6 04 /01 /janvier /2020 07:00
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)
Corentine Tanniou Dornic est la bigoudène située au centre, elle est entourée de Rol Tanguy (chef FFI qui a libéré Paris, ancien métalo né à Morlaix, ancien des Brigades Internationales), Paul Le Gall (futur secrétaire départemental du PCF Finistère Sud), Alain Signor, responsable communiste depuis l’avant guerre, résistant, député à la Libération, et Pierre Le Rose (archives Pierre Le Rose)

Corentine Tanniou Dornic est la bigoudène située au centre, elle est entourée de Rol Tanguy (chef FFI qui a libéré Paris, ancien métalo né à Morlaix, ancien des Brigades Internationales), Paul Le Gall (futur secrétaire départemental du PCF Finistère Sud), Alain Signor, responsable communiste depuis l’avant guerre, résistant, député à la Libération, et Pierre Le Rose (archives Pierre Le Rose)

 

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère

4 - Corentine Tanniou (1896-1988): héroïne de la résistance bigoudène

Nous empruntons cet article à notre ami Gaston Balliot et à son excellent blog sur l'histoire sociale et politique du pays Bigouden. 

https://bigouden1944.wordpress.com/2016/09/21/2667/

Un couple de Résistants de la première heure
Marie-Corentine et Pierre Tanniou 

Tanniou Corentine, née Nicolas le 16 novembre 1896, à Combrit était brodeuse à l’origine. Mariée en première noces à Albert Dornic, militant communiste, elle l’aide dans ses tâches militantes. Celui-ci décède en 1928, atteint d’une tuberculose contractée au front durant la guerre 14-18.

Veuve, elle se remarie à Pierre Tanniou, né, quant à lui le 1er février 1888 à Pont-L’Abbé. Corentine et son mari adhérent au PCF dès le début de l’occupation allemande alors qu’ils sont déjà  « la boîte aux lettres » du PCF à Pont-L’Abbé depuis son interdiction par le gouvernement Daladier en septembre 1939..

Fin 1941 et en 1942, leur tâche était de recevoir à leur domicile, rue de la Gare à Pont-L’Abbé, des colis de tracts et de journaux ( «  l’Humanité » , « La vie ouvrière » et autres journaux et tracts du PCF clandestin et plus tard ceux du « Front National » ) venant de Paris par le train, via Quimper. Ils répartissaient tout ce matériel entre les groupes clandestins en Pays bigoudens. Qui pouvait imaginer que cette vieille petite bigoudenne transportait une telle « marchandise » dans son grand cabas ? Ils hébergent fréquemment des Résistants en mission. Fin 1942, Corentine et Pierre sont arrêtés en même temps par des policiers français. Corentine sera relâchée faute de preuves et d’aveux, après un séjour à la prison surpeuplée de Mesgloaguen à Quimper. Mais Pierre aura moins de chance et sera détenu à la prison de Quimper puis au camp de Pithiviers deux années durant, jusqu’à la Libération.

Biographie établie par Jean Kervision sur la base des biographies de l’ouvrage de Eugène Kerbaul : « 1918-1945 , 1640 militants du Finistère » 

Corentine est décédée à l’âge de 92 ans. En 1983, elle se présentait à Pont L'Abbé sur la liste municipale du Parti communiste, prouvant ainsi la fidélité à son engagement.

Gaston Balliot : J’ai très bien connu Corentine à Pont L’Abbé mais hélas à l’époque je n’ai pas recueilli ses récits passionnants. Elle utilisait la réserve de son magasin rue Victor Hugo, prés de la gare de Pont L’Abbé, comme cachette pour la Résistance, et dissimulait dans son sac de bigoudène certains « objets illicites ».

On m’a apporté une cassette audio dans laquelle Corentine raconte « sa Résistance ». Cet enregistrement date de décembre 1979 – Corentine avait 83 ans – et la qualité audio n’est pas très bonne, j’ai donc ajouté une transcription téléchargeable en PDF (seuls quelques petits bouts de phrases peu audibles manquent).

Lecteur audio

 
 
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Lien vers le fichier audio

Corentine Tanniou Dornic est la bigoudène située au centre, elle est entourée de Rol Tanguy (chef FFI qui a libéré Paris, ancien métalo né à Morlaix, ancien des Brigades Internationales), Paul Le Gall (futur secrétaire départemental du PCF Finistère Sud), Alain Signor, responsable communiste depuis l’avant guerre, résistant, député à la Libération, et Pierre Le Rose (archives Pierre Le Rose)

Corentine Tanniou Dornic est la bigoudène située au centre, elle est entourée de Rol Tanguy (chef FFI qui a libéré Paris, ancien métalo né à Morlaix, ancien des Brigades Internationales), Paul Le Gall (futur secrétaire départemental du PCF Finistère Sud), Alain Signor, responsable communiste depuis l’avant guerre, résistant, député à la Libération, et Pierre Le Rose (archives Pierre Le Rose)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)
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4 janvier 2020 6 04 /01 /janvier /2020 06:36
BlackRock : la décoration qui fait tache
Vendredi, 3 Janvier, 2020

Alors que le fonds de pension américain est accusé d’influencer le gouvernement pour sa réforme des retraites, son patron français, Jean-François Cirelli, vient d’être décoré de la Légion d’honneur.

 

Après le scandale de l’affaire Delevoye, le pouvoir n’a, semble-t-il, pas tiré quelques leçons élémentaires de communication… Parmi la cohorte des décorés de la Légion d’honneur du 1er janvier figure un nom qui ne peut que provoquer des remous en plein mouvement de grève contre la réforme des retraites : Jean-François Cirelli. Avec cette décoration, au-delà de la faute politique au milieu d’une mobilisation sociale, c’est un nouvel indice qui vient se cumuler aux précédents sur la finalité véritable de la réforme des retraites : créer les conditions pour que les gestionnaires d’actifs puissent s’emparer du pactole des pensions françaises.

Cet homme d’affaires de 61 ans n’est en effet pas n’importe qui dans les arcanes du pouvoir. Conseiller économique de Jacques Chirac, directeur de cabinet d’Édouard Balladur, il était devenu patron de Gaz de France, puis numéro 2 du groupe après sa fusion avec Suez. Surtout, il est aujourd’hui à la tête de la branche française du plus puissant fonds de pension mondial, BlackRock, qui a déjà fait parler de lui au moment de l’affaire Delevoye. BlackRock est le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, avec un portefeuille de 7 000 milliards d’euros. Ce groupe est également considéré, de par ses activités financières, comme ayant un intérêt tout particulier à la réforme des retraites élaborée par Emmanuel Macron.

BlackRock n’est pas seul intéressé par la réforme des retraites

Pour rappel, l’Humanité avait publié, le 11 décembre, un document du fonds de pension dans lequel BlackRock dispensait une quinzaine de « recommandations » au gouvernement français pour inciter les citoyens à se constituer une épargne retraite en dehors du régime par répartition. Ce document, daté du mois de juin 2019, s’appuyait alors sur la loi Pacte, votée deux mois plus tôt, qui instaurait des mesures d’incitation fiscale pour les salariés désireux de confier leur retraite à des groupes comme BlackRock…

À la suite de ces révélations, le fonds de pension américain s’est donc trouvé accusé d’avoir influencé le projet de réforme des retraites élaboré par le gouvernement. La proximité de son PDG, Larry Fink, n’est pas un secret : il avait été l’un des premiers milliardaires à être reçu à l’Élysée en juin 2017. En outre, BlackRock n’est pas seul intéressé par la réforme des retraites. En pleine tourmente, Jean-Paul Delevoye avait été contraint de se justifier sur ses liens avec le monde des assurances avant de démissionner de son poste de haut-commissaire. La décoration de Jean-François Cirelli n’est donc qu’un avatar supplémentaire de ce scandale.

Diego Chauvet
BlackRock, la Légion d'honneur pour Jean-François Cirelli: la décoration qui fait tâche (Diego Chauvet, L'Humanité, 3 janvier 2020)
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3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 14:16
Roman - Le répondeur de Luc Blanvillain - L'histoire d'un double qui ne perd jamais le fil, par Muriel Steinmetz, L'Humanité, 2 janvier 2020

Très heureux: notre journal L'Humanité consacre une demi-page hier, jeudi 2 janvier, un article signé de l'une de ses plus belles plumes, Muriel Steinmetz, au dernier roman de l'écrivain morlaisien Luc Blanvillain​, si brillant et prolifique!


Cette chronique littéraire donne envie de courir acheter le livre. Et on est jamais déçu en lisant Luc, dont la plume alerte et ironique saisit l'époque avec beaucoup d'humour.

Roman. L’histoire d’un double qui ne perd jamais le fil
Jeudi, 2 Janvier, 2020

Muriel Steinmetz

Le Répondeur Luc Blanvillain Quidam éditeur, 252 pages, 20 euros
L’un répond au téléphone à la place de celui qui écrit. Qui est qui à la fin dans ce roman qui laisse entendre la friture technologique de l’ère de la communication ?

Devenu l’outil domestique essentiel, le répondeur parle à notre place, enregistre la voix de l’interlocuteur, prend les messages. Ce rôle échoit à Baptiste, personnage central de ce roman. Imitateur de son métier, il galère à la petite semaine en enchaînant les apparitions dans des spectacles mal payés. Il y contrefait à merveille les voix des politiques et gens en vue. À chacun son image mentale : Hollande, c’est un « fauteuil en cuir épais, des ongles sur un accoudoir » ; Balladur, « une oseraie sous la lune » ; Bacri, « une grosse racine », et Jean-Paul Sartre, « un œuf humide ». À la fin d’une représentation, Jean Chozène, écrivain célèbre, vient voir Baptiste dans sa loge. Il lui propose un contrat étrange au salaire faramineux : répondre à sa place au téléphone en imitant sa voix. Doublure vocale. Son but : s’isoler pour écrire, échapper aux sollicitations extérieures. « Je me suis aperçu, dit Chozène, que les gens m’appelaient presque toujours pour parler d’eux. D’eux-mêmes. Ils ne me posent aucune question. »
Le lecteur est plongé sans préavis dans l’existence d’un romancier quasi absent des pages

Baptiste se voit donc confier une « bible ». Classé par lettre alphabétique, chaque proche du romancier est assorti de quelques points importants le concernant. Baptiste, embarqué dans une spirale fictionnelle sans fond, doit duper l’entourage d’un homme en vue. Avant d’inaugurer sa mission d’infiltration dans la vie d’un autre, il travaille sa voix : choix des mots, inflexions, rires, silences…

Le lecteur est plongé sans préavis dans l’existence d’un romancier quasi absent des pages. Le récit chemine sur la corde raide sans en souffrir, à partir d’un être falot, peu satisfait de sa vie, qui gagne en épaisseur à mesure qu’il se dissout en endossant l’identité d’autrui. Autour de ce vrai-faux « je » gravitent – par téléphone – les intimes de l’écrivain (sa fille, Elsa, son ex, un vrai « crotale », l’amante délaissée, le père mutique, Jean-Louis le traducteur coréen « paresseux », l’attachée de presse, un jeune auteur indépendant et radical, un hipster en vue).

Les bévues, gaffes et ruptures de ton, ainsi que des appels inconnus non référencés dans la bible pimentent le récit, qui roule bon train. Chozène, bien à l’abri, écrit son livre. Baptiste, lui, se débrouille avec la réalité plurielle en ligne, interceptée en cours de route, qu’il étoffe avec brio.

Ce roman téléphonique réjouissant donne à entendre, en filigrane, les symptômes d’une époque abusée par la technologie, quasi schizoïde, compulsive sur écran tactile, gourmande de hashtags et soumise à la puissance des trolls. Une époque « d’extinction des feux » où tout un chacun peut, armé d’outils dits de communication, naviguer dans le faux-semblant et plonger au cœur de la « mimêsis », loin de ce que Lacan, cité par l’auteur, nomme le « réel », qu’il définissait ainsi : « Le réel, c’est quand on s’en prend plein la gueule.»
 

Muriel Steinmetz

Roman - Le répondeur de Luc Blanvillain - L'histoire d'un double qui ne perd jamais le fil, par Muriel Steinmetz, L'Humanité, 2 janvier 2020
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3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 12:36
Assassinat du général Iranien : une véritable déclaration de guerre de D. Trump (PCF)
 
Dans une nouvelle escalade, D. Trump vient d'organiser  l'assassinat de général Ghassem Souleimani, figure majeure du régime iranien, chargé des opérations extérieures et omniprésent représentant de l'Iran en Irak.
Cet acte est une pure folie et peut conduire à l'irréparable.
 
En rompant les accords sur le nucléaire iranien et en imposant un embargo contre l'Iran, de manière unilatérale, l'administration américaine a d'abord fait le choix de briser une paix fragile. Elle menace maintenant de faire cette région du monde un nouveau théâtre de guerre dans laquelle les peuples seront toujours les perdants.
 
Ce choix du Président américain intervient après une série de tensions, de provocations provenant de tous les belligérants. Mais le choix de l'administration américaine est de participer violemment à cet escalade.
Elle décide d'ailleurs de déployer des soldats supplémentaires aux 14 000 déjà sur place !
 
Cet engrenage guerrier est un nouveau désastre dans un Moyen-Orient assommé par quarante ans de guerre et pour le peuple irakien engagé depuis plusieurs années dans des luttes sociales pour mettre un terme à un système politique confessionnel corrompu, imposé par les Etats-Unis, et qui favorise toutes les ingérences étrangères. La surenchère actuelle ne manquera pas de souder les milices pro-iraniennes pour l'essentiel responsables des massacres des manifestants et qui multiplient les pressions sur le président de la République Barham Saleh pour imposer leur candidat au poste de premier ministre.
 
Au nom du PCF, je condamne ces nouveaux bombardements américains ordonnés par Trump qui font de l'Irak, déjà meurtrie, un nouveau champ de bataille.
 
Je demande au gouvernement français de condamner aussi cet escalade et d'exiger sans attendre une réuinon exceptionnelle du conseil de sécurité de l'ONU pour stopper l'escalade en cours. Le PCF apporte son soutien au peuple irakien qui rejette toute les ingérences étrangères, lutte pour se débarrasser de dirigeants et d'un système ayant plongé le pays dans la guerre et la ruine. Le Parti communiste irakien porte avec courage la voix de tout un peuple que les Etats-Unis et l'Iran veulent étouffer pour la souveraineté, la sécurité, la stabilité et la paix.
 
Le PCF mettra tout en œuvre pour que notre pays participe à cette désescalade guerrière, pour trouver des solutions politiques et surtout pour éviter que notre pays soit impliqué demain, au nom de l'OTAN, dans
une nouvelle guerre.
 
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF,
 
Paris, le 3 janvier 2020.
Assassinat du général Iranien : une véritable déclaration de guerre de Donald Trump (Fabien Roussel - PCF)
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3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 07:30
1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère

 3 - Albert Rannou (1914, Guimiliau-17 septembre 1943, Le Mont-Valérien)

Albert Rannou ancien lieutenant des brigades internationales en Espagne, a été fusillé au Mont-Valérien (Suresnes, Seine, Hauts-de-Seine) le 17 septembre 1943 en même temps que 18 autres communistes brestois ou résidant à Brest: Lucien Argouach, Albert Abalain, André Berger, Louis Departout, Yves Guilloux, originaire des Côtes-du-Nord, Eugène Lafleur, venu de Paris, Louis Le Bail, Paul Le Gent, Paul Monot, Henri Moreau, Jean-Louis Primas, un ancien des Brigades Internationales en Espagne, Jean Quintric, Albert Rolland, Etienne Rolland, Joseph Ropars, Jean Teuroc, Charles Vuillemin, et Louis Leguen

Fils de Jean Rannou, maçon, et de Marie-Anne Coat, couturière, Albert Rannou, ouvrier maçon, adhéra au Parti communiste en 1935. L’année suivante, il devint membre du comité de section à Brest (Finistère). Volontaire dans les Brigades internationales en Espagne, il y devint lieutenant du génie et fut grièvement blessé.
Dans la Résistance, il fut chef de groupe communiste, puis de l’Organisation spéciale (OS) et enfin d’un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP). Il se chargea de transports d’armes et participa à certaines actions, comme l’attentat contre la Kommandantur de Brest et celui contre la station électrique de l’Arsenal de Brest*.
Il fut arrêté le 2 octobre 1942, interné à la prison Jacques-Cartier de Rennes (Ille-et-Vilaine), transféré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) et condamné à mort par le tribunal allemand du Gross Paris, qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), le 28 août 1943.

Jacques Guivarch, ancien adhérent du PCF comme son père Jean, tous les deux tour à tour anciens commerçants à Saint-Martin des Champs à la marbrerie Guivarch de la barrière de Brest, a fait lire et confié à Alain David et à Ismaël Dupont, ces doubles de lettres de prison d'Albert Rannou qui se trouvaient dans une commode du père de Jacques, ancien résistant du maquis de Morlaix, militant communiste, raflé dans un premier temps le 26 décembre 1943 à Morlaix avant d'être relâché (il cachait des tracts de la résistance sous le landau de Jacques Guivarch, qui avait quelques semaines à l'époque), ce dernier les ayant peut-être reçu de la famille de ces résistants condamnés à mort ou par un autre canal. Etaient-ils des connaissances? Des amis? Ou étaient-ce les parents de Jacques Rannou qui ont voulu confier ces lettres à un militant communiste et un ancien résistant?

Il y a dans le lot de 30 pages photocopiées les copies des dernières lettres de deux autres résistants condamnés à mort dont l'exécution a eu lieu en même temps que celle d'Albert Rannou, le 17 septembre 1943.

Les lettres originales d'Albert Rannou, s'étalant sur 6 mois du 20 mars 1943 au 17 septembre 1943, ont été remises il y a quelques années au frère d'Albert Rannou. 

Il faut les lire dans leur intégralité, car au delà de l'apparente trivialité de certaines lettres et du caractère bouleversant et pleins de hauteur tragique de plusieurs autres, et notamment de la lettre écrite le jour de l'exécution, elles livrent beaucoup du quotidien des résistants prisonniers et de leurs préoccupations, ainsi que de l'état d'esprit, des informations et des espoirs d'un résistant arrêté en 1943.

Elles témoignent aussi d'une foi inébranlable dans les idéaux communistes et en la victoire prochaine.  

Ces lettres sont présentées dans l'ordre chronologique. Les fautes d'orthographe les plus évidentes ont été corrigées par souci de compréhension. Certains passages sont peu lisibles et dans ce cas indiqués comme tels.

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)
1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

Fais en Prison de Rennes le 20 mars 1943

Bien chers Parents, 

Je suis bien content d'avoir eu du papier à lettres ce matin pour pouvoir vous donner de mes nouvelles qui sont toujours pour le mieux. Je m'habitue peu à peu à une vie de prisonnier. Si ce n'était l'insuffisance de nourriture et le manque de tabac, on arriverait peut-être à s'y faire à la longue.  J'ai reçu une lettre du 3 Février de Papa et 2 de maman du 15 Février et du 15 Mars, avec plaisir de vous savoir toujours en bonne santé. Mais je suis peiné de voir que vous vous faites du mauvais sang à mon égard. Il n'est point besoin de vous en faire pour moi, on n'est pas si malheureux que vous le supposez ici, on est bien couché. C'est déjà une bonne chose. Là il aurait fait froid autrement et je n'ai pas à me plaindre des gardiens, qui sont corrects envers nous. Ce matin, je suis bien heureux, car à partir d'aujourd'hui on peut m'envoyer des colis. Je ne sais toujours pas jusqu'à quel poids ni rien, mais la Croix Rouge vous l'a peut-être expliqué. Envoyez moi un peu de savon ainsi qu'un peigne et surtout à manger si vous trouvez quelque chose de nourrissant avec, tel que beurre ou fromage car on manque surtout de matière grasse. Crêpes, biscuit ou même du pain. Je ne crois pas avoir le droit à mon tabac. Mettez-moi un peu quand même, on verra bien. Je vous le dirai car j'aurai sans doute le droit de vous écrire toutes les semaines maintenant. Maman pourrait peut-être me faire une autre paire de chaussons car ceux-ci commencent à s'user. C'est embêtant de ne pas avoir de nouvelles de Yfic non plus ni de sa femme. Quand vous en aurez, ça sera peut-être pour vous annoncer que vous êtres grand-père et grande mère. Moi ça ne me déplairait pas que l'on m'appelle "tonton" un jour aussi, vous ne pouvez pas vous imaginer combien j'ai le loisir de penser à vous tous ici. J'ignorais l'affectueux sentiment dont était doué le coeur d'un homme vis-à-vis de ses proches mais seul tout le temps, on a que ça à faire du matin au soir. Revoir en pensée les êtres qui nous sont chers en attendant d'être parmi eux un jour. Je termine en vous embrassant de loin. 

Votre fils Albert. 

***

Fais à la Prison de Rennes le 27 Mars 1943

Chers Parents, 

Depuis bientôt trois semaines, je n'ai pas eu de vos nouvelles, mais je pense que la santé est bonne. Quand à moi, ça va aussi, surtout maintenant que je puis vous écrire. Je vous sais plus heureux. J'espère au moins que vous avez reçu ma lettre de samedi dernier vous annonçant que j'ai le droit de recevoir des colis. Avec quelle joie il sera reçu ce premier paquet. Double joie, d'abord la joie d'avoir quelque chose de vous, et ensuite, de pouvoir se mettre un peu plus sous la dent (illisible)... Si malgré ces temps de restriction, vous pouvez trouver encore de quoi m'envoyer tant soit peu, toutefois sans vous priver, je crois que de votre vie, il y a le temps pour m'écrire, ce n'est pas un reproche que je vous fais, loin de moi, parce que je sais ce que c'est, loin de moi, (illisible) mais seul, ici on s'ennuie, à défaut de nouveau, c'est qu'il ne doit rien avoir de sensationnel à raconter de Guimiliau... (illisible). J'ajoute que vous m'envoyez un peigne et du savon, et à maman de bien vouloir me préparer une paire de chausson. Car dans la cellule ici, je les use beaucoup ne mettant mes sabots que pour le quart d'heure de promenade dans la cour. En attendant de vous lire je finis cette missive en vous embrassant bien affectueusement tous les deux et en pensant à mon frère Yves et à Marie-Louise (je crois que c'est ça le prénom de sa femme). Bien le bonjour à toute la famille par ailleurs, et dites leurs que je ne les oublie pas. 

Donc sur ceux je vous quitte. Votre fils Albert.

***

Fais à la Prison de Rennes, le 3 Avril 1943 

Mes Chers Parents

Aujourd'hui je suis transporté d'allégresse, tous les bonheurs m'arrivent à la fois. Je viens de recevoir la lettre de Papa avec le message de mon frère et de ma belle-soeur. Jugez comme je suis heureux à présent de vous savoir tranquillisé sur leur sort. J'ai reçu la lettre de Maman aussi mardi datée du 18 mars (j'espère que vous recevrez la mienne toutes les semaines également) avec ça jeudi matin j'ai eu le plaisir de recevoir votre premier colis; comment (illisible) et le lard qu'est-ce qu'il est bon (illisible) poisson d'avril, c'était bien réussi. Et hier au soir, quand j'ai vu le gardien rentrer dans ma cellule avec un paquet, je n'en croyais pas mes yeux, quand je l'ai vu déballonner tout ça devant moi je me demandais si je ne rêvais pas. Aussi quand le soldat fut sorti, j'en pleurai de joie. Je me demandais par quoi commencer. Enfin j'ai mangé le pain avec du lard et des oeufs et bien entamé la crêpe avec le beurre (illisible) qui est toujours délicieux. Pour finir, une bonne pipe de tabac frais la dessus, rien de tel pour vous remonter un bonhomme. Aussi je vois qu'il est possible d'être heureux même en prison; quand on est choyé par les siens, comme je suis, et surtout d'avoir reçu des nouvelles d'Yfic; je n'ai plus d'inquiétude de ce côté là. J'ai assez de savon et de mouchoir comme ça, merci pour les chaussons et le peigne aussi car l'autre n'a plus que 3 dents. J'ai le droit de recevoir tout ce que je veux ici donc s'il est possible, et sans vous priver, profitez-en de m'envoyer car après on ne sait jamais si on pourra recevoir quelque chose, au premier mettez-moi une boîte d'allumette et un carnet de feuille et à chaque fois des journaux récents, car je ne sais absolument rien du dehors ici. J'ai droit au pinard aussi, mais ça je n'ai pas besoin, d'ailleurs j'ai une chopine le jeudi et le dimanche de la cantine en payant. J'ai même un quart de café tous les matins et une tranche de pâté et de la confiture le dimanche avec l'argent que j'ai en dépôt ici, la prochaine fois je vous retracerai mon emploi du temps quotidien en prison. Je comprends combien vous avez dû être malheureux avec tout ça depuis six mois, mais j'espère que le plus dur soit passé pour moi. J'ai le bon moral et je pense qu'il en est de même avec vous. Je termine ma lettre en vous embrassant de tout coeur. Votre fils Albert (dites-moi si vous recevez mes lettres). 

***     

Fais à la Prison de Rennes, le 10 Avril 1943

Bien chers Parents

Encore huit jours de passés depuis que je vous ai écrit. La santé est toujours bonne, et j'espère qu'il en est de même avec vous, depuis lundi on m'a mis avec d'autres camarades, dans une plus grande cellule. Je m'ennuie moins à présent après avoir passé 65 jours tout seul, c'est drôle de pouvoir causer avec quelqu'un, avec ça j'avais juste fini mes colis, mais mes copains venaient d'en recevoir et en ont eu encore depuis, donc j'ai pu manger à ma faim à peu près depuis le (illisible) de ce mois, je regrette de ne pas vous avoir dit plus tôt de m'envoyer des pommes de terre cuites dans les colis, comme ça vous auriez pu m'envoyer davantage, il est vrai que le transport aussi doit être assez cher, mais quelques livres de patates en plus par semaine feraient du bien. J'espère recevoir quelque chose de vous sous peu. J'aurai le plaisir de pouvoir partager avec mes collègues de cellule à mon tour. Autrement, voici ce qu'on a ici: à peine un quart de jus avec la cantine et la ration de pain de la journée (350 grammes environ) qui est avalée tout de suite naturellement, après on a 1/4 d'heure de promenade dans une petite cour. Entre 9 heure et 10 heure la soupe, deux louches (d'un quart environ) de bouillon et de légumes. Carottes (illisible) avec des rutas et des navets. Après ça (illisible)... en supplément le soir, à 4 heures repas du soir, une louchée de bouillon ainsi qu'une louchée de patates, haricots ou pois cassés, sauf le dimanche où c'est nouille et un morceau de viande, donc vous voyez que quand il n'y avait rien à ajouter à ces plats cétait maigre. Heureusement qu'on peut recevoir des colis maintenant,  ça relève drôlement. En attendant de vous lire et de recevoir quelque chose de votre part, je finis ma lettre en vous embrassant de loin. Votre fils qui ne cesse de penser à vous ainsi qu'à mon frère et belle-soeur. Albert. 

***

Fais à la prison de Rennes, le 24 avril 1943

Mes Chers Parents

Je n'ai plus le droit de vous écrire que tous second samedi, donc vous devez sans doute attendre cette lettre depuis un moment. La santé est toujours bonne. J'ai eu un abcès à une dent au début de la semaine mais c'est guéri à présent. J'ai eu deux lettres de maman du 5 et du 12 avril, heureux de savoir que vous allez bien. J'ai également reçu un colis il y a 15 jours et un autre dimanche matin. Je devais écrire avec Jo Ropars mais depuis une huitaine on ne peut plus se voir, ils ne nous envoient plus ensemble à la promenade. J'espère que vous êtes en bonne santé mais que vous devez attendre impatiemment la fin de la guerre. Yfic et Marie-Louise doivent aussi avoir hâte à la victoire. Tout va bien pour le moment nous avions appris hier que Orel est pris par les Russes et que Palerme en Sicile par les Alliés (nouvelle de la radio). Si les anglo-saxons mettent un peu du leur les Allemands auront chaud cette année, n'importe comment. Je ne crois pas qu'ils passeront un autre hiver en Russie. Nous avons l'espoir d'être bientôt délivrés, à côté de nous il y a un gars de St Eutrope qui est condamné à mort depuis le mois d'avril. Mais il paraît qu'ils ne fusillent plus. Pourvu que ça soit vrai car autrement, si on est jugé, je ne me fais pas d'illusions. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mes 2 blessures où j'ai échappé à la mort. J'ai confiance d'échapper encore cette fois-ci. Sur une autre lettre, je vous ai demandé de m'expédier mes souliers bas et 100 ou 200 F car on dépense une moyenne de 100 F par mois pour la cantine. On a du café, du vin et de la charcuterie le dimanche. Comment que les crêpes sont appréciées par les copains et par moi-même. C'est à savoir lequel qui reçoit les meilleures choses, sitôt qu'un paquet nous arrive on le met sur la table et c'est moi qui est désigné pour faire les distributions entre nous six à mesure de nos besoins. Depuis le 1er avril, je peu dire que j'ai mangé à ma faim, on a tous repris un peu de graisses. J'aurais bien voulu pouvoir écrire à ses beaux parents à Yfic, vous n'avez qu'à leur souhaiter le bonjour de ma part, ainsi qu'à toute la famille et surtout aux cousins André, Henri, Thérèse et Célestin. Je finis ma lettre en vous embrassant de loin. Votre fils qui ne cesse de penser à vous ainsi qu'à mon frère et belle-sœur.

Albert.

***

Fais à la prison de Rennes le 6 juin 1943,

Chers Papa et Maman

J'espère que cette lettre vous parviendra sans tarder. J'ai eu une occasion pour vous écrire sans passer par la censure. Je ne sais pas si vous avez reçu mes lettres (bi mensuelles). Car depuis le 5 mai je n'ai pas eu de vos nouvelles. Les copains n'en reçoivent pas non plus. Je pense qu'elles doivent être jetées au panier. Ma santé est toujours excellente. Je souhaite qu'il en est de même avec vous. Nous attendons toujours le jugement. Certains disent qu'il aura lieu à Paris et d'autres parlent qu'il aura lieu dans peu de temps à Rennes. Enfin, rien ne presse pour ce qu'on a à en tirer, de l'instruction. J'ai demandé à l'inspecteur allemand quelle serait ma peine. Il m'a dit que je pouvais espérer mais que la loi est dure. On cause aussi de nous envoyer dans un camp de travaux en Allemagne. Mais je prends ça pour un calmant qu'on donne à un malade sur le point de calancher. Quand j'ai fait mon boulot, je savais à chaque fois à quoi je m'exposais, et maintenant j'attends stoïque qu'on décide de mon sort. Les premiers camarades arrêtés ont été cravaché sur tout le corps, leurs fesses étaient rendu comme du pâté de foie par la police française au service de l'ennemi (c'est joli ça). Par ça ils ont dû avouer. Ce qui m'a fait arrêter, ainsi que beaucoup d'autres. Mais il y a des mouchards aussi dans la bande. Raoul D. de Landerneau qui doit être en liberté maintenant et René R.* de St Marc le frère à Gabi. De mauvais communistes quoi mais ils payeront tôt ou tard, ainsi que les policiers collaborateurs et vichyssois. Nous sommes ici 45 de Brest avec les 5 femmes, donc certains ont déjà été jugés par les Français, mais qui doivent encore l'être par un tribunal Allemand. La moitié d'entre nous risquons le grand paquet. Le pire, c'est qu'il y a beaucoup de mariés et de pères de famille. Pour moi, si ça m'arrive j'aurai seulement le grand désespoir de vous quitter ainsi que mon frère et sa femme. Mais rien ne m'inquiète à votre sujet, votre santé est bonne et rien ne vous manque par ailleurs. Donc s'il faut se résigner un jour ça sera avec calme et fierté que je marcherai. J'ai fait mon devoir de Français et de communiste. Je suis allé en Espagne parce que là-bas se jouait le sort de la France et que l'Espagne Républicaine vaincue, c'était la guerre pour notre Pays. A présent le capitalisme est en train de creuser sa propre tombe, malheureusement qu'avant de disparaître il peut encore faire beaucoup de mal. Je viens d'apprendre que 3 jeunes classes vont partir pour l'Allemagne sur ordre de Pétain-Laval. Une fois là-bas, ils seront déguisés en mannequins du 3ème Reich et envoyez sur le Front pour combattre leurs camarades Russes contre leur propre liberté. La bête agonise mais elle a du mal à crever. J'aurais bien voulu pouvoir assister à sa fin. Si je n'y suis pas, vous pourrez dire que votre fils a maintes fois risqué sa vie pour le triomphe de son idéal et pour la victoire de notre juste cause. La défense de la République française que nous voulons voir prospérer dans une union des Républiques mondiale. Peut-être que les Alliés arriveront à temps mais ils n'ont pas l'air de se presser, quoi qu'il advienne ils ne perdent pas pour attendre, car les peuples anglo-américains ont aussi compris que leur salut est aux côtés de leurs camarades bocheviques, qu'il faut qu'ils luttent, pour écraser à jamais le fascisme fauteur de guerre et de misère.

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage » (Karl Marx*)

Si Henri ou André plus tard ont l'intention d'apprendre le métier de maçon, Papa peut leur donner quelques-uns de nos outils pour commencer. Le bonjour à Thérèse aussi. J'espère que Baptiste va mieux à présent. S'il venait à manquer, ce serait triste pour mon filleul et sa petite sœur. Je me demande aussi ce qu'a pu devenir (illisible), sa femme et Riri là-bas en Tunisie pendant l'occupation, Célestin va probablement partir pour l'Allemagne. Dites lui de ma part qu'il fasse le mieux possible, car tout ce qu'il fera, c'est (illisible : contre lui?). Dites à Grand-mère et à toute la famille que j'ai bien pensé à eux pendant ma détention.

On a tous un moral extraordinaire ici. Je pense que de votre côté vous êtes bien courageux et le (prouverez?) bientôt car les temps sont durs mais il y aura des jours meilleurs bientôt. Si j'arrive à vous manquer, pas de prières ni surtout de service religieux, cette race là a déjà fait assez de mal à l'humanité. Lui donner un jour de plus, c'est un crime. Dans votre prochain colis, mettez des feuilles et des allumettes. J'aurais bien voulu goûter encore du (Churchill ?). Si vous voulez bien m'envoyer un peu dans un bock marqué (vinaigre) dessus. Sitôt reçu écrivez-moi en mettant (?). Reçu nouvelle du cousin René. Je vous embrasse.

Votre fils Albert Merci bien à vous

* Les noms figuraient dans la lettre mais nous ne voulions pas les reproduire.

** En réalité Jaurès.

 

***

Fais à la Prison de Rennes le 12 juillet 1943

Bien chers Parents

Il m'arrive d'avoir une occasion de vous écrire clandestinement donc je profite pour vous dire que je suis en bonne santé avec un moral épatant (suite illisible). J'ai reçu votre colis avec grand plaisir. Ne mettez pas de pain dedans car nous en avons largement, on en refuse même souvent. On est à 11 ensemble dans la même cellule et nous recevons une douzaine de colis par semaine. Hier matin j'ai reçu mon complet avec des chaussons et du beurre, et je vous ai retourné mon autre paletot et pantalon. Vous voudriez bien m'envoyer mes paires de souliers bas et une paire de chaussettes dans votre prochain paquet. Je n'ai pas eu le temps de réaliser hier matin. Sans ça je me serais dessaisi d'autres choses encore. Je continue à recevoir du tabac par la Croix-Rouge mais je ne sais pas d'où il vient. Je vois Jo Ropars tous les jours. Il est gros et gras signe qu'il se porte bien et que comme moi il ne s'en fait pas. Moi je n'ai jamais été aussi gros (illisible) J'ai presque un double menton comme un curé de campagne. Enfin les Alliés ont débarqué en Sicile. J'espère qu'ils arriveront bientôt à bout des (macaronis) et qu'ils débarqueront sans tarder ailleurs pour nous délivrer. Ma confiance augmente de jour en jour, car on n'est pas encore jugé et je commence à croire qu'on ne le sera jamais. Donc je crois que j'aurai bientôt le bonheur de vous voir, malgré que je ne suis pas trop sûr de moi tant que je serai entre leurs mains. La prison est archi-pleine, il y a des généraux, un (colonel?), un commissaire de police, un comte, un baron. Et aussi 3 ou 4 curés, il y a 8 Morlaisiens à côté pour vol d'huile d'aviation. On a appris aussi qu'il y a 2 trains de permissionnaires qui sont rentrés en collision près de Rennes. Il y aurait un millier de victimes. Je finis ma lettre en vous embrassant de loin, en espérant le faire bientôt de près si la chance me sourit, car la fin de la guerre est proche. Le bonjour à tous.

Votre fils Albert.

 

***

Fais à la Prison de Rennes le 25 juillet 1943

Bien chers Parents

J'espère que vous recevez ces quelques mots que je vous envoie par des voies détournées. J'ai reçu votre colis hier encore, mais des lettres, je n'en ai pas eu depuis longtemps, les copains non plus d'ailleurs. Nous sommes à 11 ensemble et on ne s'ennuie pas, on a également assez à manger grâce aux colis que nous recevons. Inutile de nous envoyer du pain. La semaine dernière, on a eu 2 kilos de pêche. Je suis avec Ernest Mazé et son fils du Forestou en St Marc. Le Roux dont la femme est institutrice à Bolazec. Jean Nedellec. Charles Cadiou et Théo Drogou, ouvriers de l'arsenal. Charles Bénard de la rue Louis Pasteur qui nous amuse avec ses équilibres, des fois on s'instruit avec Albert Abalain du Pont-de-Buis qui a son Bac et René Claireaux de Brest qui n'est pas trop seul, malgré qu'il a raté trois fois son bachot. Avec toute cette équipe, on ne sent pas le temps passer car on a aussi des journaux et des revues, on a fait des jeux de cartes et de dominos. André et Henri seraient jaloux de nous. S'ils nous voyaient avec nos jeux de gosse, je pense que Thérèse et Célestin doivent s'amuser quand même aux pardons. Dimanche, j'ai pensé à celui de Guimiliau. Je pense bien le voir l'année prochaine. Je termine en vous embrassant bien fort avec l'espoir de vous voir un jour prochain.

Albert qui pense à vous.

 

***

Fais à la Prison de Rennes le 28 juillet 1943

Chers Parents,

Je pars avec les copains pour une destination inconnue. Je vous embrasse bien fort.

 

***

Fais à la Prison de Fresnes le 17 Août 1943

Bien chers Parents

Quelques mots pour vous dire que je suis en bonne santé et je pense que vous soyez de même ainsi que Yfic et ma belle-sœur et les parents. Vous pouvez m'envoyer un colis de 5 kilos toutes les quinzaines avec du tabac et un peu de savon. L'adresser à la Croix-Rouge Française – 16 boulevard Raspail pour Albert Rannou 3ème division prison de Fresnes, Seine-et-Oise. Le jugement est commencé depuis ce matin. Il y en a pour un moment. Je finis ma lettre en vous embrassant bien fort. Votre fils Albert qui pense à vous.

P.S. Vous pouvez m'envoyer des journaux aussi. Ecrivez-moi à la prison de Fresnes, section allemande. Seine-et-Oise.

 

***

Fais à la Prison de Fresnes le 23 Août 1943

Bien Chers Parents

Je crois pouvoir vous écrire tous les mois ici. Pour le moment tout va bien et j'espère qu'il en est de même avec vous. Ne vous inquiétez pas pour ma santé car sur quatre que nous sommes dans la cellule il y a un docteur. J'ai eu la visite de tante Célestine jeudi qui m'a causé une grande joie. Elle m'a donné un paquet de tabac, des gâteaux et du raisin. J'ai reçu votre colis le lendemain, on peut en recevoir un par quinzaine. Tachez de m'avoir du tabac si cela est toujours possible. On est pas trop mal nourri donc ne vous privez pas de trop pour moi. J'aurai besoin d'une chemise, une serviette et quelques mouchoirs. Je termine en vous embrassant. Le bonjour à tous.

Votre fils Albert qui ne vous oublie pas.

 

Fais à la Prison de Fresnes le Mardi 31 août 1943

Biens chers Oncle et tante

Je suis en bonne santé et j'espère que ma lettre vous trouvera de même. J'ai été condamné à mort samedi matin et j'attends le dénouement de l'affaire avec calme. Mon avocat espère que je serai gracié, ce que je crois aussi tout en restant dans le doute. Je saurai le résultat définitif dans une quinzaine. Je pense avoir la visite de Maman cette semaine si au moins elle veut venir à Paris. Je suis dans la même cellule que Jo Ropars à présent ainsi que d'autres Brestois. Donc Tante Célestine , tu voudras bien mettre Papa et Maman au courant de ce qui est et que dans ce moment pénible je pense beaucoup à eux ainsi qu'à mon cher frère et belle-sœur et aussi à grand-mère et toute la famille. En attendant de te revoir je t'embrasse ainsi que tonton Henri et mon jeune cousin espérant que vous aurez bientôt de ses nouvelles.

Votre neveu.

Albert Rannou

 

***

Fais à la Prison de Fresnes le 17 septembre 1943

Cher Papa et chère Maman

Il est 11 heures moins le quart, on vient de nous prévenir qu'on va être fusillés à 16 heures. Je vais donc donner ma vie à la France, pour ma patrie que j'ai toujours aimée et pour laquelle j'ai combattu. Je meurs content car mon sacrifice (j'en ai la certitude) n'aura pas été vain. J'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour que la paix règne en ce monde.

(censuré)

Mes chers parents, vous savez que je vous ai toujours aimés et que vous me le rendez bien ainsi qu'Yfic. Ça me fait une peine immense de vous quitter à jamais. Je ne sais comment vous exprimer toute ma gratitude pour ce que vous avez fait pour moi. Vous m'avez choyé depuis mon enfance jusqu'à ma dernière heure. Si quelquefois je vous ai fait de la peine, vous m'avez pardonné. Je n'oublie pas non plus ma belle-sœur. Grand-mère et toute la famille auxquels vous voudrez bien envoyer mes amitiés dernières. Je pense à vous tous en ce moment qui est plus pénible pour vous que pour moi. Je viens de voir l’aumônier, j'ai refusé la communion. Donc aucun service religieux à mon intention. Mes amitiés aussi à tous les voisins et camarades, qu'ils sachent que j'ai fait mon devoir de Français et de communiste.

Papa, Maman, ma dernière pensée sera pour vous et pour mon frère. Je vous embrasse tous dans un même élan.

Soyez courageux.

Adieu tous.

Votre fils Albert.

Vive la France, Vive le parti communiste

Paix- Liberté- Justice

 

***

A remettre à Madame Berard. Fresnes le 17 Septembre 1943

Chers oncle et tante

Je pars… d'où l'on ne revient pas. Dans 4 heures, je vous aurai tous quittés. Embrassez tous mes parents pour moi, et votre fils Henri quand vous aurez le bonheur de le trouver.

Recevez les derniers baisers de votre neveu

Albert Rannou

      

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)
1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)
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3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 07:23
Rencontres de quartier: Morlaix Ensemble donne rendez-vous aux habitants du centre-ville et des alentours de la rue Villeneuve le samedi 4 janvier
Rencontres de quartier: Morlaix Ensemble donne rendez-vous aux habitants du centre-ville et des alentours de la rue Villeneuve le samedi 4 janvier

Visitez notre site internet: https://morlaix-ensemble.bzh/

Notre page Facebook:

https://www.facebook.com/morlaixensemblebzh/

 
 
Samedi 4/01Morlaix Ensemble · Morlaix
 
Sam. 4 14:00 6 place des Otages
 
 

 

Les colistiers et soutiens de la liste "Morlaix Ensemble" poursuivent leurs diagnostics de quartiers "La Parole aux habitants" en rencontrant les Morlaisiens qui le souhaitent pour les interroger sur leur quartier et les améliorations qu'ils aimeraient y apporter dans le haut de la rue Villeneuve (à l'angle de la voie d'accès au port) à 10h le samedi 4 janvier puis dans la bas de la rue Villeneuve devant la place Cornic à 11h.

L'après-midi, pour les habitants du centre ville (fond de vallée, Venelles), "Morlaix Ensemble" propose une rencontre préalable dans notre local de campagne, au 6 place des Otages, de 14h à 19h, avant de pouvoir se déplacer sur les lieux si c'est utile et souhaité à quelques-uns.

N'hésitez pas à venir nous rencontrer.

L'historique de nos rencontres de quartiers en photos.

 

Samedi 23 novembre: Morlaix Ensemble avait rendez-vous avec les quartiers de la Vierge Noire et Bakounine à La Boissière pour faire des diagnostics de quartier

Les colistiers et soutiens de la liste Morlaix Ensemble rencontrent les habitants du quartier de Kernéguès ce samedi 7 décembre

Morlaix Ensemble - Rencontres "La parole aux habitants" dans les quartiers de Kerfraval et Penlan le samedi 21 décembre

Et nos prochains rendez-vous:
 
- Réunion Publique Atelier participatif "La Santé et les Solidarités" à Morlaix - jeudi 9 janvier, 18h30, salle socio-culturelle de Ploujean 

- La Boissière – samedi 18 janvier, de 10h à 12h00

- La Madeleine - samedi 18 janvier, l'après-midi à partir de 14h
 
- Réunion Publique Forum "La place des habitants dans la gestion de la ville, la démocratie participative" - jeudi 23 janvier, 18h30  

- Ploujean – le samedi 1er février toute la matinée

- Troudousten/ Coatserho : le samedi 1er février après-midi
 
- Réunion publique forum "Mieux vivre en ville", jeudi 6 février, 18h30
 
- Réunion publique forum "L'atout de la jeunesse à Morlaix", jeudi 13 février, 18h30  

- St Augustin/Gare : le samedi 15 février de 10h à 12h30

- quartier de la route de Callac : le samedi 15 février l'après-midi
 
- Réunion publique "écologie et développement durable à Morlaix", jeudi 20 février

- le 29 février : Forums des Quartiers Ensemble Morlaix
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2 janvier 2020 4 02 /01 /janvier /2020 07:53
 1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)
Congrès du PCF à Strasbourg en 1947 - Daniel Trellu, le premier à gauche: à ces côtés, Gabriel Paul, Pierre Le Rose, Marie Lambert (archives Pierre Le Rose)

Congrès du PCF à Strasbourg en 1947 - Daniel Trellu, le premier à gauche: à ces côtés, Gabriel Paul, Pierre Le Rose, Marie Lambert (archives Pierre Le Rose)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère

2 - Marie Lambert (1913-1981): la première femme députée du Finistère

Née le 26 octobre 1913 à Landerneau (Finistère), morte à Ivry-sur-Seine le 22 janvier 1981 ; secrétaire fédérale communiste du Finistère (1947-1949) ; députée PCF du Finistère (1948-1951).

" Marie Lambert a été la première femme à représenter le Finistère à l'Assemblée nationale, il a fallu attendre 1962 pour en voir une autre avec l'élection de la gaulliste Suzanne Ploux, et ce n'est qu'en 1978 qu'une 3ème Finistérienne est devenue députée, la socialiste Marie Jacq" (Yvonne Rainero, secrétaire de section du PCF Quimper) 

"Il y a eu un article dans l'Huma sur son activité de journaliste . Elle a été la première à employer le mot guerre pour l'Algérie. https://www.humanite.fr/la-force-communiste-fut-lorigine... " (Jean-Paul Cam, secrétaire de section du PCF Brest)

 

Article de Christian Bougeard - pour le MAITRON

Originaire de la petite ville de Landerneau (Finistère), Marie Perrot avait un grand-père qui avait participé, contre son gré, à l’écrasement de la Commune de Paris mais aurait exprimé de la sympathie pour les Communards. Il aimait porter les jours de fêtes un chemise rouge pour manifester ses opinions.
Marie Lambert avait interrompues ses études après le brevet. Elle acquit par la suite, , en autodidacte, une importante culture. Elle avait épousé jeune Henri Lambert , avec qui elle eut trois enfants : Jean-Paul en 1932 ( serge nt cassé pour refus d’être appelé en 1956), Henri en 1935 et Annie en 1944. Elle fut brièvement institutrice pendant la "drôle de guerre".
Son mari fut un résistant FN et FTP. Arrêté en Ille-et-Vilaine en décembre 1943, torturé et déporté. Sous l’Occupation, Marie Lambert participa aux actions de son époux ,diffusant tracts et journaux clandestins dans la région de Landerneau. Elle servit d’agent de liaison à Daniel Trellu chef des FTP du Finistère et organisa des groupes de « femmes patriotes », malgré une grossesse. Pour son action, elle obtint la médaille de la Résistance et la Croix de guerre.

Ayant adhéré au PCF en 1943, mettant en rapport ce geste et la lecture avec la lecture de Lyssagaray et de son Histoire de la Commune, « la ménagère » Marie Lambert fut élue conseillère municipale de Landerneau en mai 1945 (réélue en 1947) dans la municipalité dirigée par l’ancien maire révoqué et ancien député (réélu en 1945), le socialiste Jean-Louis Rolland.

Elle appartenait aussi en 1945 au bureau de l’UFF du Finistère.

N’ayant pas été candidate en octobre 1945, Marie Lambert figurait en 4e position sur la liste communiste du Finistère aux élections à la seconde Assemblée Constituante le 2 juin 1946 qui recueillit 95 343 voix en moyenne (24,6%) et deux élus, les députés sortants Pierre Hervé et Gabriel Paul. 

Le 10 novembre 1946, elle était toujours 4e alors que le PCF obtenait 27,8% des voix et trois députés (Alain Signor *en plus). Mais la démission de Pierre Hervé le 15 juin 1948, permit à Marie Lambert de lui succéder à l’Assemblée nationale en juillet. Inscrite à la commission de l’Agriculture, elle déposa plusieurs propositions de loi en faveur des ouvriers agricoles.

Auparavant, Marie Lambert était devenue une des principales dirigeantes du PCF. Elle entra au bureau fédéral élargi de 9 à 13 membres lors de la IXe conférence d’août 1946, devenant ensuite secrétaire fédérale, sans doute en 1947, lors du départ de l’instituteur Alain Cariou. En 1948 et au début 1949, Marie Lambert assura de manière transitoire la fonction de première secrétaire fédérale du Finistère. Elle en fut écartée à la suite de la XIIe conférence fédérale de février 1949 présidée par Jeannette Vermeersch, et remplacée par Daniel Trellu. Elle fut critiquée pour n’avoir pas su diriger sa fédération, en perte de vitesse, et éviter les graves conflits qui divisaient la CGT, peut-être aussi parce qu’il lui était difficile d’assurer ses tâches de direction avec son mandat de députée. Les critiques portaient sur la trop grande importance accordée par la fédération à la question de la laïcité sous l’impulsion de Pierre Hervé. Au total, 24 membres de la direction fédérale sur une quarantaine furent remplacés. Cette véritable « purge » permit un durcissement et une stalinisation de la fédération avec son lot de critiques, d’autocritiques, d’exclusions (même temporaires) et de chasse aux « titistes » et aux « mous ». En 1951-1952, le bureau politique lui-même fut contraint de reprendre les choses en main.

En mars et avril 1950, une série de grèves très dures secoua le Finistère, provoquant une forte mobilisation syndicale et de solidarité. Le 14 avril, une manifestation des femmes de l’UFF à la mairie de Brest se transforma en affrontement avec la police : la députée Marie Lambert (tabassée gravement pendant la manifestation) et deux dirigeants communistes furent arrêtés. Le 17 avril 1950, une manifestation de protestation de 5 000 personnes fut vivement réprimée provoquant la mort de l’ouvrier communiste Edouard Mazé, le frère du conseiller municipal PCF Pierre Mazé. Alain Signor fut lui aussi arrêté et Jacques Duclos interpella le gouvernement sur ces arrestations considérées comme illégales, en violation de l’immunité parlementaire. Plusieurs milliers de personnes participèrent aux obsèques d’Edouard Mazé. Rapidement libérés, Marie Lambert et Alain Signor furent condamnés à cinq et à six moi s de prison avec sursis. Comme en 1935, la violence des affrontements avec les forces de l’ordre allait marquer durablement la mémoire du mouvement ouvrier brestois.

Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Marie Lambert , en 3e position sur la liste communiste qui obtint 20,9 % des suffrages ne fut pas réélue, le PCF ne conservant que les sièges d’Alain Signor et de Gabriel Paul. Il semble que l’ancienne députée communiste quitta rapidement le Finistère. De toute façon, en janvier 1953, elle ne figurait plus dans aucun organisme de la direction fédérale. On sait qu’elle devint journaliste à l’Humanité puis à France nouvelle et directrice de Femmes nouvelles, le journal de l’UFF, chargé de la culture, ce qui lui permit de connaître le principaux artistes communiste, notamment le couple Aragon-Triolet.. Le 8 novembre 1954, l’Humanité publia sous le titre "Des tortures dignes de la Gestapo", un reportage de Marie Perrot : "Les arrestations se poursuivent en Algérie et de nombreuses personnes à des sévices innommables dans les locaux de la police [...] la bastonnade, le lavage d’estomac à l’aide d’un tuyau enfonce dans la bouche et le courant électrique". Ces scènes lui rappelaient les tortures qu’avaient subies son premier mari en 1943. Elle participa en 1955 au premier voyage de journaliste au premier voyage de journalistes à Hanoi. Son statut de journaliste lui permit également de découvrir le Yougoslavie et laTunisie.

Marie Perrot, vécut avec Georges Gosnat à Saint-Ouen à partir de 1950. Elle l’épousa le 30 juillet 1970 (on trouve ailleurs le 30 décembre 1970) et habita avec lui à Ivry-sur-Seine. Georges Gosnat était député d’Ivry-sur-Seine et un des principaux responsables des finances du PCF. Elle décéda en 1981 dans ce bastion du communisme de la banlieue sud-est et fut enterrée au cimetière communal.

 
SOURCES : Arch. du comité national du PCF. Organigrammes des comités fédéraux du Finistère (1953-1968). — Arch. PPo., dossier Georges Gosnat. — Eugène Kerbaul, 1918-1945 : 1640 militants du Finistère, Bagnolet, 1988, notice Henri Lambert et Marie Perrot, p. 140 et 232-233. — Isabelle Picart, Le PCF à Brest de la Libération à la fin de la Quatrième République (1944-1958), maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1989. — Le bande dessinée de Kris et Étinne Davodeau, Un homme est mort, Futuropolis, 2006. — Cédérom le Maitron. Notice Georges Gosnat par Jean Maitron et Claude Pennetier.
 
 
***

Dans une lettre datée du 16 octobre 1985, Pierre Le Rose donne à Pierre Crépel, un camarade de l'IRM (Institut de Recherche Marxiste) basé à Lanester, des renseignements complémentaires sur le Parti Communiste à la Libération, période qu'il a connue en tant que dirigeant et acteur. On trouve dans cette lettre des informations tout à fait importantes d'un point de vue historique qui justifient qu'on la publie, avec l'accord de la fille de Pierre Le Rose:

"L'audience du Parti était très grande dans le Finistère à la Libération. On évaluait les adhérents à 10 000 ou 12 000. Les cartes étaient placées aux réunions publiques au lendemain de la libération. L'organisation ne suivait pas. Mais dans les localités importantes (Brest, Morlaix, Quimper, Douarnenez, Concarneau), les cellules avaient des Bureaux et des activités réelles. Le premier pointage réel que j'ai pu faire en Avril 47 (je venais d'avoir la responsabilité de l'organisation fédérale) faisait apparaître plus de 7000 adhérents. Nous avons vu jusqu'à 12 000 personnes à nos fêtes fédérales (fête de la Bretagne, notre journal, avec Marcel Cachin; 40 000 personnes à Brest sur le cours d'Ajot avec Maurice Thorez le 6 juillet 1947). Parallèlement, les JC (44-45) puis l'UJRF (à partir d'avril 45) comptaient entre 9 et 10 000 adhérents (jeunes venus des FTP, jeunes filles très nombreuses). Les jeunes prenaient leurs responsabilités pour organiser les activités ( 400 Jeunes Communistes à Quimper, 200 à Concarneau, mêmes chiffre à Douarnenez; organisations existant dans les localités rurales du Centre Finistère, Riec sur Belon, etc...). Les meetings des JC rassemblaient autant et parfois plus d'auditeurs que le Parti. Ce sont les JC (garçons et filles) qui ont vite fourni les cadres du Parti (peut-être au détriment de l'organisation des jeunes).

L'audience du Parti est venue du combat clandestin, puis de l'activité des militants, des élus et des ministres communistes, activité qui continuait le combat national, le confirmait.

Dans des élections législatives à la proportionnelle, le Parti Communiste recueillait 70 000 voix en novembre 1945 (2 députés), 80 000 voix en mars 1946 (2 députés), 105 800 voix en novembre 1946 (3 députés sur 10 députés finistériens).

La part de la jeunesse et des femmes fut considérable dans cette période. Nous avions la première femme maire (Kernevel), des adjointes. Notre Parti faisait le plus confiance aux jeunes (Gabriel Paul, député et secrétaire fédéral à 26 ans), Marie Lambert, députée et secrétaire fédérale à 33 ans (idem dans les Côtes d'Armor avec Hélène Le Jeune). On retrouve des jeunes de nos fédérations bretonnes également à Ouest-Matin (sur Rennes comme correspondants).

La direction du PCF milite pour la reconnaissance politique des femmes: "Les femmes viennent de plus en plus à la vie politique. Il faut les organiser et laisser de côté les préjugés encore tenaces sur l'infériorité de la femme qui ne sont pas dignes de communistes".  

La fédération vient de transférer son siège à Brest. Elle connaît déjà quelques difficultés financières qui l'ont contraint à réduire son nombre de permanents.  

* Note biographique de Jean-Claude Cariou sur Marie Lambert et Pierre Hervé

Marie Lambert remplaça ensuite à l'Assemblée Nationale Pierre Hervé (du secteur de Morlaix-Lanmeur), lequel quitta plus tard le PCF pour rejoindre la SFIO puis un groupuscule gaulliste. Il redevint professeur de philosophie, son métier initial en région parisienne. Sa femme, résistante, avait servi de modèle à Jacques Prévert, dont il était l'ami, pour son célèbre poème "Barbara". Marie Lambert divorça ensuite de l'officier d'infanterie dont elle était l'épouse et quitta la Bretagne avec son nouveau mari, Georges Gosnat, trésorier national du PCF et membre du Bureau politique. 

Lire aussi:

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 1/ Daniel Trellu (1919-1998)

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2 janvier 2020 4 02 /01 /janvier /2020 06:59

 

Journaliste retraité, auteur de plusieurs livres récents sur l’agriculture et les enjeux climatiques, collaborateur régulier du site internet de l’Humanité, Gérard Le Puill, qui fut aussi paysan puis ouvrier d’usine entre de 1965 à 1983, a regardé hier soir l’allocution du président de la République. Il nous livre ses impressions.

 

Gérard Le Puill, en mai 2019, la publication de votre livre « Halte aux spoliations » (1) était une lettre ouverte au président Macron que vous accusiez de mener une politique spoliant les retraités, mais aussi les salariés et les paysans tout en ne faisant rien pour lutter contre le réchauffement climatique. Quel regard portez-vous huit mois plus tard sur son allocution de fin d’année ?

Gérard Le Puill. Le président de la République a cherché à nous parler de l’avenir du pays de manière assez vague dans le but évident d’occulter son bilan. S’agissant des actuels retraités dont je fais partie, il a réduit les pensions nettes de 10 millions d’entre nous de 1,82 % dès janvier 2018 en augmentant la CSG de 1,70 % sur les pensions brutes. Leur non-valorisation en cette même année 2018, pourtant indispensable pour tenir compte de l’inflation, a entraîné une baisse supplémentaire de leur pouvoir d’achat de 1,2 %. Ensuite, la petite hausse de 0,3 % en 2019 a réduit d’un nouveau point le pouvoir d’achat de ces mêmes retraités. Au total ils ont perdu au moins 4 % de pouvoir d’achat en deux ans. Du jamais vu avant l’arrivée de l’actuel chef de l’État à l’Élysée. Emmanuel Macron a débuté son quinquennat en commençant par spolier les retraités pour une raison simple. Il considérait qu’ils étaient moins bien armés que les actifs pour défendre leurs revendications. Mais ils ont souvent été les premiers à descendre dans la rue depuis deux ans. Au-delà de l’injustice qu’ils subissent après une vie de travail et de cotisations pour acquérir des droits, la remise en cause de ces droits, via une baisse sensible du pouvoir d’achat, révèle le cynisme politicien du président des riches qu’est vraiment Emmanuel Macron.

 

Qu’avez-vous pensé de sa volonté réaffirmée de mettre en place le système de retraite par points ?

Gérard Le Puill. Depuis son élection, le président Macron répète, sans rien démontrer, que le système par point est le plus égalitaire et le plus juste qui soit puisque, selon lui, « chaque euro cotisé donne les mêmes droits pour tous ». Non, il est seulement le système le plus individualisé. Avec ce système, les personnes qui ont été victimes de pertes d’emplois plusieurs fois dans leur vie, les obligeant à repartir à zéro après une période de chômage, ne bénéficieront d’aucun mécanisme de correction au moment de prendre leur retraite. Or regardons le fonctionnement de l’actuel système de la Caisse Nationale d’Allocation Vieillesse (CNAV) qui verse la pension de base des travailleurs du secteur privé. Il prend en compte les 25 meilleures de la carrière de chacun et de chacune pour le calcul de la pension. Cela donne un meilleur résultat que sur l’ensemble de la carrière. La CNAV calculait même cette pension sur les dix meilleures années jusqu’en 1993, année où est intervenue la réforme du premier ministre Balladur, sous le second mandat présidentiel de François Mitterrand. Moi je suis né en 1941 et la pension que je perçois de la CNAV a été calculée sur les 18 meilleures années de ma carrière. Dans le cadre du passage de 10 à 25 années, j’étais à mi-chemin entre les natifs de 1933 qui ont été les derniers à bénéficier du calcul sur les 10 meilleures années et les natifs de 1948 qui ont été les premiers à voir leurs pensions calculées sur la moyenne des 25 meilleures années. Du coup, la pension que je perçois de la CNAV a été réduite de 8 % par rapport à ce que j’aurais perçu elle avait été calculée sur 10 dix meilleures années de ma carrière qui s’est déroulée entre mes 18 ans et mes 60 ans dans trois métiers différents. Si le président et son gouvernement arrivent à faire passer la retraite par points, des millions d’hommes et de femmes ayant connu de longues périodes de précarité, voire seulement de bas salaires, dans leur parcours professionnel n’auront que des retraites de misère.

 

Dans votre livre vous interpellez aussi le président de la République sur la situation des paysans et sur les enjeux climatiques. Son allocution vous a-t-elle convaincu sur ces deux sujets.

Gérard Le Puill. À Rungis le 11 octobre 2017, Emmanuel Macron avait dit aux paysans : « Nous modifierons la loi pour inverser cette construction du prix qui doit pouvoir partir des coûts de production ». La loi a été votée le 2 octobre 2018. En 2019 les coûts de production ont augmenté sensiblement du fait des conséquences de la sécheresse. Mais les prix des céréales ont baissé tout comme ceux de la viande bovine et des fruits frais. La loi ne fonctionne pas car les enseignes de la grande distribution ne veulent pas l’appliquer et le gouvernent ne fait rien pour les y obliger. S’agissant du climat, Emmanuel Macron a dit hier soir qu’il n’y aurait plus de forage en France pour chercher du pétrole. Mais ce discours est ridicule sachant que notre pays importe 99 % du pétrole qu’il consomme tandis que la circulation sur route ne cesse d’augmenter au détriment du rail. S’agissant de centrales à charbon, elles ne produisent que 1,1 % de notre production annuelle d’électricité, contre 80 % en Pologne et plus de 40 % en Allemagne. Mais peuvent avoir leur utilité quand la demande est forte dans certaines de nos régions. Réduire nos émissions de CO2 passe d’abord par la réduction de la circulation sur route, par l’isolation des bâtiments et leur durabilité, par l’arrêt des délocalisations industrielles dans les pays à bas coûts de main-d’œuvre et la réimportation des produits finis ce qui nous donne aujourd’hui un secteur automobile avec un déficit annuel de 9 milliards d’euros contre un excédent de 3,8 milliards en 2006, sans oublier les 531 000 emplois productifs perdus par le pays entre ces deux dates.

 

Finalement votre livre rédigé sous forme de lettre ouverte n’a donc pas influencé le président Macron. Pensez-vous qu’il lui soit seulement soit parvenu depuis sa parution ?

Je sais que mon éditeur lui en a adressé un exemplaire et j’ai la conviction qu’il a été lu par au moins un membre du service « communication » du président. En effet, bien que je ne sois pas accrédité à l’Élysée, je reçois par mail depuis le mois de septembre 2019, l’agenda et les discours du président alors que je ne recevais rien de tel auparavant. J’imagine que l’on cherche à me convaincre du bien-fondé de sa politique. Moi je participe surtout à des débats dans tout le pays, pour convaincre les Français qu’une autre politique est possible et urgente si on veut freiner le réchauffement climatique. Sur ce terrain-là, le président Macron ne porte aucune réflexion prospective.

Halte aux spoliations, lettre au président Macron de Gérard Le Puill, éditions du Croquant, 156 pages, 12 €

 

 

 

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2 janvier 2020 4 02 /01 /janvier /2020 06:53

 

La République nous appartient, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, de croyance, de sexe ou de genre. Chaque année depuis 2010, Mediapart demande donc à un·e citoyen·ne de remplacer et de précéder le président en place dans l’exercice des vœux présidentiels.

Pour 2020, les humoristes Charline Vanhœnacker et Guillaume Meurice, accompagnés à la guitare par Frédéric Fromet, nous offrent en chanson les vœux joyeux et moqueurs d’une présidence paritaire.

Les accueillir tous les trois à Mediapart, c’est aussi manifester notre soutien aux personnels de Radio France en lutte contre le plan de suppression de postes au sein de la radio publique, mouvement qu’ils soutiennent et auquel ils participent. Charline Vanhœnacker co-anime avec Alex Vizorek l’émission « Par Jupiter ! » sur France Inter, dans laquelle Guillaume Meurice a son moment et Frédéric Fromet sa chanson.

Chaque matin, les auditeurs de France Inter peuvent écouter le billet de Charline Vanhœnacker. Elle est l’auteure d’un savoureux Bonjour la France ! et, plus récemment, la co-auteure, avec Guillaume Meurice et la dessinatrice Cami, du premier Cahier de vacances de Manu. Pour tout savoir des activités de Guillaume Meurice, et notamment la tournée de son nouveau et décoiffant spectacle The Disruptives, rendez vous sur son site officiel. De même pour Frédéric Fromet.

Ce trio succède dans cet exercice citoyen et mediapartien à Stéphane Hessel (vœux de résistance pour 2011), Moncef Marzouki (vœux d’espoir pour 2012), Édouard Martin (vœux de lutte pour 2013), Ariane Mnouchkine (vœux d’épopée pour 2014), François Morel (vœux de courage pour 2015), Océanerosemarie (vœux de paix pour 2016), Assa Traoré (vœux de fraternité pour 2017), Sandrine Rousseau (vœux de liberté pour 2018) et Vincent Verzat (vœux de lucidité, solidarité et radicalité pour 2019).

En bonus, ce bêtisier du tournage, dans le studio de Mediapart :

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1 janvier 2020 3 01 /01 /janvier /2020 08:21

 " Dans le cadre des actions menées depuis des semaines contre la réforme des retraites, nous vous remercions de bien vouloir publier le communiqué de presse suivant :

Les organisations syndicales GGT, FO, FSU et Solidaires du Finistère continuent à appeler à la mobilisation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
Aussi,  pour gagner une grande journée de grève et de manifestation le 9 janvier prochain dans le cadre de l’appel national, elles appellent les travailleurs, salariés, fonctionnaire, retraités, privés d’emploi à se retrouver vendredi 3 janvier 2020 à 11h00 devant la permanence de Richard Ferrand à Châteaulin, rassemblement qui sera suivi d’un casse-croûte de solidarité avec les grévistes à la gare de Châteaulin.

Pas de trêve! Continuons d'être mobilisé.e.s jusqu'au retrait de la réforme des retraites du gouvernement!

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