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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 05:59
Photo France Chapa - Meeting de Ian Brossat à Rennes

Photo France Chapa - Meeting de Ian Brossat à Rennes

Jeudi, 14 Mai, 2020 - L'Humanité
Déconfinement : « Les maires considèrent que l’État a été absent », affirme Ian Brossat

Entretien. La Coopérative des élu.e.s communistes et partenaires a enquêté auprès des maires qui en sont membres sur la préparation du déconfinement et la gestion de la crise sanitaire. Entre colère, détermination et exigence, Ian Brossat, le président de l’association, en dresse le bilan.

 

Nombre de maires pointent des problèmes liés à la question des masques. Quelles sont les principales critiques et est-il encore temps de redresser la barre ?

Ian Brossat La centaine de maires qui nous a répondu considère unanimement que dans cette affaire l’État a été absent. Nombre d’entre eux parlent d’une gestion « lamentable », « consternante », « catastrophique » ou encore « calamiteuse ». L’un d’eux va même jusqu’à dire, reprenant la métaphore du président de la République : « On nous envoie en guerre, sans les armes. » Dans le même temps cependant, une grande majorité de communes déclarent qu’elles auront les masques, parfois en retard certes. Les communes permettent cet accès à un équipement minimal. Mais au vu du risque que l’épidémie s’installe pour les mois à venir, il va bien falloir que l’État prenne le relais et assume pleinement ses responsabilités. C’est la raison pour laquelle le Parti communiste réclame le remboursement des masques par la Sécurité sociale. Il n’est pas normal que des familles aient à consacrer parfois 100-150 euros de budget pour se protéger et protéger les autres.

La réouverture des écoles a suscité de nombreuses inquiétudes. Quel bilan de la préparation de ce déconfinement ressort de votre enquête ?

Ian Brossat Les maires soulignent unanimement que cette affaire, elle aussi, a été très mal gérée par l’État. 70 % d’entre eux considèrent que l’ouverture des écoles au 11 mai a été prématurée. Ce taux est particulièrement élevé dans les communes rurales. Dans les communes populaires de la métropole parisienne, les maires considèrent que l’absence d’école pendant une longue période dans ces quartiers pèse très lourdement sur la vie des enfants de milieux modestes. C’est l’une des motivations qu’ils pointent pour la réouverture des écoles. Tous considèrent que l’État ne leur a pas donné de consignes claires et facilement applicables. Néanmoins, et c’est là encore un paradoxe, 63 % d’entre eux déclarent être en mesure de rouvrir cette semaine. Cela témoigne de l’esprit de service public qui les anime. Ils réussissent grâce à leur énergie, leur dévouement et celui des agents à assumer des responsabilités qui au départ ne devraient pas leur incomber.

Les maires, en première ligne, font face à une autre question, celle des moyens financiers grevés par des dépenses imprévues. Quel est l’état des lieux et qu’attendez-vous du gouvernement ?

Ian Brossat L’impact est doublement négatif. D’une part, des dépenses supplémentaires interviennent à court terme avec les masques, la désinfection des écoles, l’adaptation des locaux, etc., comme à moyen terme avec l’augmentation des dépenses sociales. Dans le même temps, les recettes vont très sérieusement baisser. Les estimations sont claires : les pertes cumulées des collectivités territoriales en 2020 et 2021 risquent de s’élever à 4,9 milliards d’euros parce que leurs ressources sont très liées à la conjoncture. Il va y avoir un vrai choc sur leurs finances. On ne peut pas leur demander de faire toujours plus avec toujours moins. Le gouvernement - qui a redécouvert les maires à l’occasion de la crise des gilets jaunes et qui les a re-redécouverts à l’occasion de cette crise du coronavirus - va devoir donner des moyens nouveaux aux collectivités territoriales pour faire face. Les élus communistes travaillent en ce moment avec nos sénateurs à une proposition de loi à cette fin, notamment via un fonds de soutien de 4,9 milliards d’euros sur deux ans.

L’organisation au mois de juin des élections municipales trouve de nombreux soutiens. Quelle est votre position ?

Ian Brossat Nous disons une chose assez simple : la décision relative aux élections municipales doit être guidée par des impératifs sanitaires et non pas politiciens. C’est pourquoi nous étions très hostiles à l’idée d’un report de ce scrutin au mois de mars 2021, couplé aux régionales, qui circulait il y a encore quelques mois. Nous souhaitons que le gouvernement s’en tienne au calendrier prévu. Si sur la base du rapport des autorités sanitaires qui doit être rendu le 23 mai il apparaît possible de tenir le deuxième tour à la fin juin, nous y sommes favorables.

L’argument économique est aussi avancé, peut-il s’entendre ?

Ian Brossat Si les écoles, les magasins, les chantiers peuvent reprendre, il n’y a aucune raison que les élections municipales ne puissent pas se tenir, sauf contrordre des autorités sanitaires. Il est également vrai que les collectivités territoriales par leurs investissements contribuent très largement à l’économie, et notamment pour le BTP. Or, de fait, tant que le deuxième tour n’a pas lieu dans les 5 000 communes concernées, qui représentent 40 % de la population, une bonne part des projets sont à l’arrêt et cela pèse notamment sur ce secteur très pourvoyeur d’emplois.

Entretien réalisé par Julia Hamlaoui
Déconfinement : Les maires considèrent que l’État a été absent , affirme Ian Brossat (L'Humanité, 14 mai 2020)
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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 05:46
4 milliards d'euros versés aux actionnaires cette année - L'obscénité du libéralisme sauce SANOFI - Pierre Laurent

L'obscénité du libéralisme sauce #SANOFI est à vomir

Paul Hudson, directeur de Sanofi au niveau mondial, a dit clairement où penchait le coeur des actionnaires : du côté de celui qui met le plus de dollars sur la table. Les vaccins du Covid-19 iront d'abord là où çà rapporte, aux Etats-Unis. La France doit d'urgence reprendre la main de cette multinationale à base française.

Cette annonce fait suite au versement de 3,949 milliards d'euros le 6 mai dernier aux actionnaires et alors que ce groupe a englouti plus d'un milliard d'aides publiques sous forme de CICE et de CIR.

Voici le vrai visage du capitalisme qui se frotte les mains quand il y a une pandémie mondiale.

Si la santé n'est pas une marchandise, mais un bien commun de l'humanité, le groupe pharmaceutique SANOFI doit être intégré dans un pôle public français du médicament. Fort de ce pôle public la France pourrait reprendre l'initiative au niveau de l’Union européenne pour garantir une coopération industrielle internationale qui contribue le moment venu à un accès universel au vaccin contre le Covid-19.
Arrachons le médicament aux griffes du marché et de la rentabilité à tout prix !

#PlusJamaisCa

Vendredi, 15 Mai, 2020 - L'Humanité
Le chantage de trop de Sanofi : Big Pharma ne peut plus faire la loi

En prétendant délivrer son éventuel vaccin d’abord à l’Amérique de Donald Trump, Sanofi fait scandale, et dope les partisans d’une remise au pas des multinationales, afin de répondre aux besoins sanitaires sur la planète. D'autant que ce chantage du géant pharmaceutique n’est que la pointe émergée d'un système de prédation d'argent public et de restriction de l'accès aux traitements. Explications.

 

Le directeur général de Sanofi pouvait-il imaginer le scandale qu’il allait déclencher ? Mercredi soir, Paul Hudson a, avec ou sans naïveté, déclaré à l’agence de presse financière Bloomberg qu’en cas de mise au point réussie d’un vaccin contre le nouveau coronavirus par la multinationale française, les États-Unis seraient les premiers servis. Rien de plus normal, à ses yeux : pour essayer de protéger sa population, l’administration Trump aurait accepté de « partager le risque » en glissant quelques dizaines de millions d’euros à Sanofi dès le mois de février ; ils ont donc « droit aux plus grosses précommandes ». Au fond, le transfuge de Novartis qui a pris la tête de Sanofi l’été dernier n’a rien fait d’autre qu’édicter la règle cardinale des affaires au sein des Big Pharma : « Celui qui paye commande. » C’est le business, quoi !

Voir aussi : Le business du coronavirus : comment l'industrie pharmaceutique veut dicter leur conduite aux politiques

Un géant qui bénéficie de milliards d’euros de la BCE

Mais voilà, tout remonte à la surface. Les superprofits, les pénuries, les logiques financières à l’œuvre dans la recherche qui doit être rentable, la privatisation des profits émanant de connaissances bâties dans un cadre public au départ, les aides d’État sans aucune contrepartie, etc. Sur ce dernier point, en plus du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice), du crédit d’impôt recherche (CIR) et des autres cadeaux donnés aveuglément en France, Sanofi se débrouille très bien en la matière à l’échelle européenne. Le géant pharmaceutique français était, l’année dernière, parmi les trois plus gros bénéficiaires de la manne de la Banque centrale européenne (BCE), à travers ses achats d’obligations émises par les multinationales (voir notre enquête) : d’après une estimation arrêtée en juillet 2019 par le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore, ce sont 4,42 milliards d’euros au total qui lui avaient été apportés, et depuis lors, ce montant a, à l’évidence, encore gonflé, étant donné que la BCE vient d’acheter deux nouveaux lots de titres de dettes de Sanofi ces dernières semaines, au taux défiant toute concurrence de 1 % et 1,5 %.

Les États-Unis, eldorado des labos pharmaceutiques

Paul Hudson s’étend moins sur un autre aspect qui peut expliquer le privilège que Sanofi voudrait accorder aux États-Unis : pour les grands groupes pharmaceutiques mondiaux, le pays demeure un eldorado absolu car les prix des traitements et des vaccins n’y sont pas encadrés, et du coup les bénéfices attendus peuvent vite s’avérer mirobolants. Jeudi, Olivier Bogillot, le président de Sanofi France, a, lui, choisi d’en rajouter dans une forme d’enchère, en appelant l’Union européenne à être « aussi efficace » que Donald Trump « en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin ». Une manière de reluquer allègrement sur le pactole de 7,4 milliards d’euros amassé dans le cadre d’un appel aux dons, avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la fondation Bill et Melinda Gates notamment, lancé il y a une quinzaine de jours par Bruxelles…

Des accords avec Gilead, détenteur du brevet du Remdevisir

Le chantage de Sanofi n’est, en réalité, que la pointe émergée de l’iceberg, comme l’illustre une autre information tombée à peu près au même moment. Connue pour ses tarifs souvent prohibitifs sur le marché américain, la multinationale Gilead, détentrice des brevets sur le Remdevisir, un des traitements qui, malgré des résultats controversés jusqu’ici, figure dans divers essais cliniques en cours pour soigner les malades atteints par le nouveau coronavirus, a officialisé un accord de licence avec plusieurs autres labos dans le monde afin de permettre une production et une distribution plus importante de ce médicament, développé dans la sphère de la recherche publique avant d’être privatisé. Mais ce programme écarte, d’après l’ONG états-unienne Public Citizen, près de 3,7 milliards de personnes dans le monde entier qui devront toujours passer par Gilead, selon ses capacités de production et à ses conditions financières, pour obtenir le traitement éventuellement efficace.

Vaccins et traitements, des biens publics 

Un accès universel à des tarifs abordables sur la planète pour tous les futurs médicaments et vaccins contre le Covid-19… Cette exigence de civilisation a pris une ampleur sans précédent depuis le début de la pandémie. Elle sera au centre de l’assemblée générale de l’OMS qui démarre mardi prochain, en l’absence des États-Unis, qui ont suspendu leur participation financière à cet organisme multilatéral sans doute plus nécessaire que jamais.

Voir aussi : Pourquoi Donald Trump torpille l'OMS en pleine pandémie

En dépit du sabotage de Donald Trump et de ses alliés, comme le Brésilien Jair Bolsonaro, de plus en plus de dirigeants se positionnent sur la ligne d’un classement comme « biens communs mondiaux » des éventuels vaccins anti-coronavirus. « Ce n’est pas le moment de placer les intérêts des multinationales et des gouvernements des pays les plus fortunés au-dessus de l’impératif universel qui est de sauver des vies, ou de laisser ce devoir moral aux forces du marché, écrivent le premier ministre pakistanais, Imran Khan, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et une cinquantaine d’ex-chefs d’État et de gouvernement dans une tribune parue ce jeudi. L’accès aux vaccins et aux traitements, ces biens publics mondiaux, est dans l’intérêt de toute l’humanité. Nous ne pouvons pas laisser les monopoles, le jeu de la concurrence et les nationalismes bigleux se mettre en travers du chemin. »

Un appel à la coopération mondiale

Alors que l’Union européenne soumet une proposition à l’assemblée générale de l’OMS visant à constituer sous l’égide de l’institution multilatérale un pôle d’échanges sur les traitements et vaccins anti-Covid-19, les coalitions d’ONG et d’associations essaient de se faire une place dans un cadre où les représentants de Big Pharma ont encore leurs entrées, à la différence des citoyens. Dans un communiqué publié ce jeudi et signé par 250 organisations du monde entier (dont Oxfam, MSF, Attac), elles appellent à entrer résolument dans une logique de « solidarité » et de « coopération mondiale ». « Le développement de médicaments, en s’appuyant sur des monopoles privés, est un échec pour le monde, dénoncent-elles. Les gouvernements devraient soutenir une recherche scientifique librement disponible et des pratiques de recherche pour les besoins sanitaires liés au Covid-19 qui permettent d’allier innovation et l’accès aux résultats. Les propriétaires des technologies de santé devraient placer les brevets, les secrets industriels, le savoir-faire, les cellules souches, les droits d’auteur, les logiciels, les données et toute autre propriété intellectuelle pertinente dans le domaine public. »

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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 05:25
 Morlaix. L'opposition municipale ne compte pas se faire oublier durant la crise  (Nord Bretagne.fr)

Alors que la crise sanitaire se poursuit, et que la tenue d'un second tour n'est pas encore d'actualité, l'opposition municipale à Morlaix compte bien ne pas se faire oublier. Si elle ne conteste pas la réalité du travail effectué par l'équipe en place, elle dénonce toutefois l'omnisprésence médiatique d'Agnès le Brun, maire de la ville, au cours de cette crise du coronavirus.
Selon Ismaël Dupont (en photo), secrétaire départemental du PCF Finistère et élu d'opposition sur la liste « Morlaix Ensemble », l'une des deux listes d’union de gauche qui a pris la tête du 1er tour le 15 mars dernier, il est « difficile d'avoir des infos sur les dispositions prises dans et par la ville sans passer par le filtre de "Super Agnès", en campagne permanente pour refaire son retard sous couvert de combat contre le Covid-19 ».
Il nous livre son point de vue sur la gestion de cette crise à Morlaix.

En audio.
Ismaël Dupont. 
audio_ismael_dupont_3.mp3 AUDIO Ismaël Dupont.mp3  (10.72 Mo)
 
Réécoutez un extrait des 12 mn d'interview sur Radio Nord Bretagne: 
 
https://www.nordbretagne.fr/Morlaix-L-opposition-municipale-ne-compte-pas-se-faire-oublier-durant-la-crise_a3688.html?fbclid=IwAR08O1-36Zb5GUjU1lQZHbaYfGmcaHAPqUObkd9S0ANIKGsVU7uIIJ513Lo
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16 mai 2020 6 16 /05 /mai /2020 07:06
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 100/ Simone Moreau (1908-1962)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:

100/ Simone Moreau (1908-1962)

Simone Moreau, née Pineau le 24 novembre 1908 à Bourgueil (Indre-et-Loire), adhère au PCF clandestin dans les conditions les plus dangereuses, sous l'occupation allemande, le 9 janvier 1941. Mais elle avait déjà aidé et participé aux activités illégales de son mari dès 1940: Henri Moreau. Le local de la fédération du PCF Finistère est installé dans une petite rue, entre la rue Jean Jaurès et le cimetière Saint Martin, qui porte le nom de ce grand résistant communiste brestois.

Fils d’Alexandre Moreau, charcutier puis facteur des PTT, revenu très malade de la 1ère guerre mondiale, et d’Adrienne Leroux, sans profession puis couturière, Henri Moreau fut adopté par la Nation en 1925. Il s’engagea jeune dans la « Musique des Équipages de la Flotte ». D’après Eugène Kerbaul, il était l’un des deux militaires de carrière en activité qui furent membre du Parti communiste à Brest à la fin des années 30, l’autre étant Georges Cadiou. Simone Pineau et lui se marièrent à 22 ans, le 9 septembre 1931, à Chouzé-sur-Loire (Indre-et-Loire)  le couple avait un enfant. Henri Moreau aida la Jeunesse communiste de Brest à constituer une chorale et une société de musique, « La Lyre Populaire Brestoise », à la fin des années 40 mais elle eut peu l’occasion de se manifester.À la fin de 1940 il fut démobilisé en zone non-occupée, et devenu retraité de la marine nationale, il revint à Brest. Il y reprit aussitôt le contact avec le PCF clandestin depuis son interdiction par le gouvernement Daladier.

Le domicile d'Henri et Simone Moreau de la rue Portail devint un dépôt de matériel léger d’imprimerie : stencils pour ronéo (petite machine à imprimer de bureau), papier, encre, etc. En mai 1942, à la suite de la mise sur pied des FTPF dans le département, leur appartement servit aussi de dépôt d’armes et d’explosifs. Il participera personnellement à de nombreux sabotages.

Simone Moreau devient responsable à la propagande du comité brestois de l'Union des Femmes Patriotes (organisation clandestine créée par le PCF, qui en fait à Brest, en fin 1941 et en 1942, ne regroupe que des femmes communistes). Elle transporte du matériel de propagande à travers toute la Bretagne. Elle participe à l'organisation et au déroulement de la manifestation des femmes pour un meilleur ravitaillement, en avril 1942, avec Jeanne Goasguen-Cariou notamment, et à celles des femmes communistes de l'U.F.P conte le STO (Service de Travail Obligatoire) créé par Pétain pour fournir de la main-d’œuvre aux usines de guerre allemandes. Simone Moreau travaillait aussi avec Henri à l'impression des journaux et tracts clandestins dans leur petite maison de la rue André Portail à Brest. Arrêtée le 4 octobre 1942, elle fit preuve d'un grand courage. Relâchée en août 1943, faute de preuves et d'aveux, elle resta sous une étroite surveillance policière. Elle fait alors des démarches pour essayer de sauve son mari de la peine capitale, en vain. 

Henri Moreau, qui s'occupait du matériel de propagande et d'impression de la propagande résistante des communistes brestois et du Front National de Libération de la France à Brest, puis de cacher les armes, munitions et explosifs, dans le domicile qu'il partageait avec Simone et leur fille, puis qui était devenu responsable pour le Finistère de la propagande du PCF, avait été arrêté le 4 octobre 1942, peu de temps après cette nomination, par des policiers brestois. Il sera interrogé avec brutalité et jugé... deux fois! Et deux fois condamné. Une fois par la section spéciale (française) de Rennes, en décembre 1942, puis par un tribunal allemand - auquel les juges vichystes l'ont livré - à Fresnes, le 28 août 1943. Il avait été emmené de prison en prison, de celle du Château à Brest à celles de Vitré, Fontrevrault - où il est responsable d'un groupe clandestin de détenus - Jacques Cartier à Rennes, Fresnes, près de Paris. Henri Moreau est fusillé le 17 septembre 1943 en même temps que 18 autres communistes brestois (Albert Rannou, Albert Albalain, Andé Berger, Eugène Lafleur, Joseph Ropars, Paul Monot, Louis-Marie Le Guen, Louis Departout, Etienne Rolland, Albert Rolland, Jean-Marie Teurroc, Lucien Argouarch, Charles Vuillemin, Yves Giloux, Louis Le Bail, Jean-Louis Primas) au Mont Valérien près de Paris.

Simone Moreau, après la Libération, continue de militer au PCF. Elle meurt à Brest en 1962.    

Lire aussi:

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 36/ Henri Moreau (1908-1943)

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 30/ Angèle Le Nedellec (1910-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 29/ Jules Lesven (1904-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 27/ Jeanne Goasguen née Cariou (1901-1973)

Albert Rannou: Lettres de prison d'un résistant communiste brestois né à Guimiliau fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 21/ Joseph Ropars (1912-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 20/ Paul Monot (1921-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 13/ Albert Abalain (1915-1943)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 75/ Yves Giloux (1921-1943)

 

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 100/ Simone Moreau (1908-1962)

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1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 88/ René Lijour (1900-1979) et Lucie Lijour, née Le Goff (1909-1986)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 87/ Eugène Le Bris (1913-1943)

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1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 74/ André Garrec (1922-1944)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 73/ Frantz Boucher (1924-1944)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 72/ François Echardour (1925-1988)

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100 ans d'engagements communistes en Finistère: 70/ Charles Moigne (1894-date de décès inconnue)

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1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 68/ François Tanguy (1925-1987)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes: 67/ François Tournevache (1919-1993)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 66/ Jos Quiniou (1900-1976)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 65/ François Gaonac'h (1901-1978)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 64/ Paul Lespagnol (1949-2003)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 63/ Jean-Marie Le Scraigne (1920-2016)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 62/ Le docteur Tran

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes en Finistère: 61/ Jean-Marie Plonéis (1934-2018)

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes dans le Finistère: 60/ Guillaume Bodéré

1920-2020: Cent ans d'engagements communistes dans le Finistère: 59/ Pierre Salaun

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 58/ Guy Laurent (1940-1994)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 57/ Eugène Kerbaul (1917-2005)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 56/ Pierre Cauzien (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 55/ Albert Jaouen (1909-1976)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 54/ Pierre Hervé (1913-1993)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 53/ Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier (1910-2007)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 52/ Yves Le Meur (1924-1981)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 51/ Jean Burel (1921-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 50/ Jacob Mendrès (1916-2012)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 49/ Henri Tanguy dit Rol-Tanguy (1908-2002)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 48/ Carlo de Bortoli (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 47/ Robert Jan (1908-1987)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 46/ Denise Roudot (1933-2002)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 45/ Paul Le Gall (né en 1925)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 44/ René Le Bars (1933-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 43/ Louis Le Roux (1929-1997)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 42/ Pierre Corre (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 41/ Daniel Le Flanchec (1881-1944)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 40/ Joséphine Pencalet (1886-1972)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 39/ Sébastien Velly (1878-1924)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 38/ Edouard Mazé (1924-1950)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 37/ Guy Liziar (1937-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 36/ Henri Moreau (1908-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 35/ Alphonse Penven (1913-1994)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 34/ Michel Mazéas (1928-2013)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 33/ Pierre Guéguin (1896-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 32/ Jean-Louis Primas (1911-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 31/ François Paugam (1910-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 30/ Angèle Le Nedellec (1910-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 29/ Jules Lesven (1904-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 28: Raymonde Vadaine, née Riquin

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 27/ Jeanne Goasguen née Cariou (1901-1973)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 26/ Gabriel Paul (1918-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 25/ François Bourven (1925-2010)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 24/ Yves Autret (1923-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 23/Pierre Jaouen (1924-2016)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 22/ André Berger (1922-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 21/ Joseph Ropars (1912-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 20/ Paul Monot (1921-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 19/ Jean-Désiré Larnicol (1909-2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 18/ Jean Le Coz (1903-1990)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 17/ Alain Cariou (1915-1998)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 16/ Jean Nédelec (1920-2017)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 15/ Alain Le Lay (1909-1942)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 14/ Pierre Berthelot (1924-1986)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 13/ Albert Abalain (1915-1943)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 12/ Andrée Moat (1920-1996)

1920-2020: cent ans d'engagements communistes en Finistère: 11/ Jean Le Brun (1905-1983)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 10/ Denise Larzul, née Goyat (1922-2009)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 9/ Pierre Le Rose

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 8/ Marie Salou née Cam (1914-2011)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 7/ René Vautier (1928-2015)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 5/ Fernand Jacq (1908-1941)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

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16 mai 2020 6 16 /05 /mai /2020 05:52

 

Dans une longue tribune collective, 150 personnalités du monde politique, associatif, syndical et culturel appellent à " préparer l’avenir ".  " Nous ne sommes pas condamnés à subir ! " assurent-elles.  Elles  proposent qu’un grand événement, une " convention du monde commun ", réunisse dans les prochains mois " toutes les énergies disponibles ".

 

 

La France affronte un séisme d’une ampleur inouïe. Favorisée par la destruction de la nature, la pandémie a généré une crise économique de grande ampleur, une commotion sociale brutale, notamment pour les plus précaires, et une mise entre parenthèse du fonctionnement démocratique. Elle a révélé l’improvisation des pouvoirs publics face à cette crise majeure. L’engagement extraordinaire des soignantes et des soignants, le courage de celles et ceux qui n’ont cessé de travailler sans relâche au service de tous et le civisme de millions de personnes confinées dans des conditions difficiles appellent une reconnaissance unanime. Dès maintenant, il s’agit d’éviter le pire et de préparer l’avenir. La réparation des dégâts annoncés, la défense des libertés, l’obligation de préparer une société résiliente nécessitent de fortes dynamiques collectives. La crise confirme l’urgence radicale des grandes transitions. De cette impérieuse nécessité, faisons naitre une espérance. Nous ne sommes pas condamnés à subir ! 

 

Au coeur de cette crise, il nous faut tourner la page du productivisme. Il faut affronter les périls immédiats, s’accorder pour engager la transition écologique et dans un même mouvement les transformations sociales et économiques trop longtemps différées. L’impasse où nous ont conduits les politiques dominantes depuis quarante ans et le capitalisme financier exige une offensive résolue. Avec cette initiative commune, dans le respect de nos différences, nous nous engageons à la hauteur des principes que nos prédécesseurs ont affirmés dans la « reconstruction » qui suivit la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, en temps de paix, nous devons faire preuve d’une égale ambition, avec la volonté que les Français s’emparent de ces débats. 

L’état d’urgence sociale doit se déployer dès maintenant dans l’ensemble du pays, à commencer par les quartiers populaires et les territoires ruraux, partout où la crise remet à vif la grande pauvreté et les inégalités. Les familles déjà vulnérables, comme celles qui viennent brutalement de plonger dans le chômage et la pauvreté, se comptent par millions. La solidarité nationale doit intervenir pour aider les locataires, contribuer à payer les factures d’eau et d’électricité, par l’aide alimentaire et la fourniture gratuite de masques, par des soutiens exceptionnels individualisés pour que vivent décemment celles et ceux, y compris les jeunes, qui ont vu leur travail et leurs revenus disparaitre. Cette crise doit enfin imposer un basculement des politiques publiques : « sortir » des dizaines de milliers de personnes de la rue, c’est affaire de dignité d’abord, mais aussi d’ordre public sanitaire et social. 

 

Pour aller plus loin, la France, comme d’autres en Europe, doit imaginer et mettre en chantier dès cette année un nouveau modèle de protection sociale. Pour ces temps de grande transition, il y a urgence à assurer un revenu digne rendant possibles à toutes et tous la formation, l’accès à un nouvel emploi ou un projet professionnel. Compte tenu de la hausse explosive du nombre des sans-emplois, ce serait une faute historique de maintenir la « réforme » de l’assurance chômage de 2020. Il faut permettre dès maintenant à tous les territoires volontaires de mettre en oeuvre la belle initiative Territoires zéro chômeur de longue durée, inspirée des expériences du mouvement associatif. Quant aux travailleurs étrangers en situation irrégulière, soutiers plus anonymes encore de nos économies, leur accès au droit au séjour doit être facilité. 

 

Pour pouvoir mobiliser les énergies de toutes et tous, il faudra inventer et consolider des protections collectives plus adaptées à notre temps, combler les failles majeures que la crise a soulignées, agir pour l’accès à la santé et des retraites décentes. Certains, à l’inverse, manifestent déjà la volonté de réduire les droits sociaux à la faveur de l’émotion générale, notamment sur la question du temps de travail. Nous ne laisserons pas faire, et nous demandons qu’il soit renoncé définitivement au projet de réforme des retraites qui mine la cohésion nationale dont nous avons tant besoin. Face à la précarité ou aux inégalités femmes-hommes, tous les travailleurs et travailleuses, indépendants, artisans et commerçants, professionnels des plates-formes, salariés en CDD, intermittents ou intérimaires, doivent être dotés de droits sociaux individuels complets et d’une capacité réelle de négociation collective. 

 

Le statu quo n’est plus possible. Nous défendons une société de la reconnaissance, qui sache valoriser celles et ceux sans lesquelles elle ne tiendrait pas, dans la crise comme après. Travailleurs de l’aube et du soir, fonctionnaires de jour comme de nuit, soignants et enseignants dévoués, elles (très souvent) et ils sont en droit d’attendre bien sûr des primes immédiates et légitimes, mais aussi une amélioration significative et sans délai de leurs conditions d’emploi et de salaire, à commencer par le Smic. Lorsque ces personnes ont des enfants, la prise en charge par les employeurs des frais de garde, l’organisation de nouveaux centres de vacances dès 2020 avec les mouvements d’éducation populaire seraient aussi de justes rétributions. Le confinement a mis également en exergue la nécessité de reconnaitre le féminicide en droit français et de ne plus reporter un plan national d’ampleur contre les violences faites aux femmes et aux enfants, en doublant le budget alloué aux associations venant en aide aux victimes et aux lieux de prise en charge. 

 

Les Français vivent intensément les effets de l’affaiblissement de notre système de santé. Sous tension bien avant le tsunami du Covid19, l’hôpital public a été asphyxié par des années d’austérité budgétaire et la marchandisation de la santé. Une loi de programmation doit assurer au plus vite un financement pérenne des investissements des hôpitaux et des Ehpad, rompre avec la spirale des fermetures de lits et permettre la revalorisation des métiers de soignantes et soignants. Cette refondation permettra de retrouver une capacité de prévision et d’anticipation, et les moyens d’affronter collectivement les chocs de grande ampleur. Elle devra également garantir à tout moment la disponibilité des principaux médicaments sur le territoire national. Elle assurera enfin la réhabilitation des soins de premiers recours, efficients et réactifs face à de nouvelles crises et la fin des déserts médicaux, indignes de notre pays. 

 

L’avenir de notre économie et sa conversion écologique se jouent en ce moment. Le soutien public à la survie du système productif est vital. Il doit être associé à une conditionnalité environnementale et sociale exigeante. Des fleurons de notre économie sont au bord de la faillite, avec le cortège habituel de restructurations brutales et de chômage massif. Face à ces risques, la réaction de l’État en faveur de l’emploi doit être couplée à la mise en oeuvre accélérée de la transition écologique, à commencer par le respect des Accords de Paris sur le climat. C’est seulement ainsi que le sauvetage des emplois sera durable. Une politique industrielle crédible implique des choix stratégiques nationaux ; elle se construit dans chaque région avec toutes les parties concernées, entreprise par entreprise, branche par branche. La mobilisation doit intégrer pleinement les enjeux d’indépendance et de relocalisation, de recherche et d’innovation, mis en lumière de façon éclatante dans la crise actuelle. 

 

D’ici la fin de cette année, il appartient à la puissance publique d’identifier avec tous les acteurs les secteurs stratégiques à relocaliser au niveau français ou européen, les chaines de valeurs à contrôler et les productions à assurer au plus proche des lieux de consommation. Les événements récents confirment une fois de plus les fragilités de l’Europe quand elle se limite à n’être qu’un marché livré aux excès du libre-échange, renonçant à protéger son économie. La signature des traités qui amplifient cet abandon doit être stoppée, et ceux qui existent déjà révisés. Rien ne sera possible sans un pilotage ambitieux du système de crédit, avec un pôle public de financement et la BPI jouant enfin réellement son rôle. La mise en oeuvre de nationalisations là où il le faut doit permettre non de mutualiser les pertes, mais d’atteindre des objectifs d’intérêt général. Dans ce but, il faudra aussi miser davantage sur l’économie sociale et solidaire pour mieux ancrer l’économie dans les territoires et impulser le nouveau modèle de développement. 

 

Cette épidémie et sa propagation rapide sont liées à la destruction accélérée des habitats sauvages combinée à une mondialisation insuffisamment régulée. Elles renforcent l’urgence d’une remise en cause de notre mode de production et de consommation : la transformation écologique de la France est le nouveau défi de notre République au XXIème siècle. Cette prise de conscience des communs naturels à protéger et de l’impasse des modes de consommation actuels est essentielle, tout comme les combats de la gauche. Les propositions des participants de la Convention citoyenne pour le climat et sa méthode ont permis que progressent dans la société des projets d’une grande richesse. Les politiques publiques doivent être au rendez-vous de cette urgence planétaire. 

 

Nous proposons que soit discutée et mise en oeuvre rapidement une Prime pour le climat, afin d’éliminer en priorité les passoires thermiques et sortir les plus pauvres de la précarité énergétique. Elle accompagnera aussi les travaux de rénovation énergétique rendus obligatoires pour l’ensemble du bâti afin d’atteindre deux millions de logements par an, en privilégiant les rénovations complètes. Des dizaines de milliers d’emplois non délocalisables pourraient être ainsi créés. 

 

La France a besoin également de bâtir un plan ambitieux de transition vers une mobilité durable, pour soutenir l’électrification des motorisations, les modes de transports collectifs et partagés, la relance des réseaux ferroviaires, mais aussi l’extension du droit au télétravail dans des conditions protectrices pour les salariés. 

Conçue pour éviter un recours accru aux énergies fossiles, dont les prix baissent du fait de la crise, la Contribution Climat Énergie doit s’accompagner de mesures de redistribution de grande ampleur pour en compenser les effets sur les plus vulnérables. Une relance publique du soutien à la transition écologique locale est plus que jamais indispensable afin d’impliquer beaucoup plus les territoires et les citoyen.ne.s dans le déploiement des projets collectifs d’énergies renouvelables. Ces investissements supplémentaires dans la transition écologique devront être sortis des critères budgétaires européens. 

 

La refonte des aides de la PAC en soutien des petites et moyennes exploitations doit être accélérée, pour permettre une agriculture respectueuse de l’environnement, la croissance des productions bio, et pour développer le paiement des services environnementaux (stockage du carbone, arrêt des intrants chimiques...). Il faudra enfin donner toute sa place dans nos textes fondamentaux au droit de la nature et mettre en oeuvre de façon strict sur l’ensemble du territoire la politique du « zéro artificialisation nette » et la protection de la biodiversité. 

 

Ces investissements massifs, pour l’immédiat ou le futur, exigent un financement soutenable et équitable. L’engagement de l’Europe en est l’une des clés. C’est une nécessité qui conditionne la survie de l’Union, quand les forces de démembrement prospèrent grâce au manque de solidarité européenne dans chaque moment de crise. On attend de l’Europe qu’elle conduise durablement une politique monétaire à la hauteur du risque actuel, mais aussi qu’elle mette en oeuvre des formes inédites de financement en commun pour empêcher une hausse de l’endettement des États, en particulier les plus affectés par la crise sanitaire. Il faudra aussi dès les prochains mois engager le chantier de la restructuration des dettes héritées des crises successives. 

 

Tous les pays en ont en effet un urgent besoin pour permettre un nouveau départ et la transformation de leurs économies tellement interdépendantes. Ces financements européens ne sauraient être assortis des mesures d’austérité qui ont creusé entre les peuples des blessures encore inguérissables. Les conditionnalités aujourd’hui se nomment écologie, cohésion sociale et respect de la démocratie. Une transformation profonde des structures de l’Union européenne est indispensable pour rendre possibles ces politiques ambitieuses de solidarité. Cela implique la remise en cause du pacte budgétaire. 

 

Mais l’Europe ne pourra pas régler seule l’addition de la crise. Les États devront eux aussi apporter une réponse fiscale et budgétaire dans un esprit de justice. Pour corriger les inégalités creusées au cours des dernières décennies et aggravées par la crise, et pour prévenir l’effondrement de nos sociétés. La France doit rétablir un Impôt de solidarité sur la fortune, mettant à contribution les patrimoines les plus élevés, et renforcer la progressivité de sa fiscalité sur les revenus, notamment ceux du capital, largement érodée depuis 2017. Compte tenu de l’ampleur des dépenses engagées pour faire face à la crise, elle devra appeler une contribution anti-crise des citoyens les plus aisés. La taxation des secteurs qui ont bénéficié de la crise et de ceux qui ont décidé, au coeur de la tempête, de continuer à distribuer des dividendes ou à s’enrichir à l’abri des paradis fiscaux doit être proposée sans délai au Parlement. La maitrise à l’avenir des écarts de salaires au sein des entreprises participe de ces préalables de justice : au-delà d’un écart d’un à douze, il ne serait plus possible de déduire les rémunérations et les cotisations de l’impôt sur les sociétés. Ces choix sont inséparables d’une action ambitieuse pour que les bénéfices des sociétés multinationales cessent d’échapper largement à la fiscalité française, notamment en les obligeant à une totale transparence sur leurs activités et les taxes payées dans les pays où elles sont présentes. Cette reconquête ne sera complète que lorsque les géants du numérique contribueront par un impôt juste aux efforts d’investissement qui attendent la France et l’Europe. 

 

Ces mesures n’auront de sens et d’efficacité que si dans l’après-crise, une transition démocratique offre à tous la capacité d’agir pour un monde commun. La verticalité du pouvoir fracture la société. Elle alimente l’impuissance et la défiance. C’est l’échec de la Vème République. Seule une refondation de nos institutions permettra de le dépasser. Il est impératif de ne pas confier à un « sauveur suprême » ou au pouvoir technocratique « la sortie de crise », mais au contraire d’augmenter la participation des citoyen.nes aux décisions qui les concernent et cela à tous les niveaux. 

 

Réussir les transitions exige un développement des emplois publics partout où leur manque cruel se vérifie aujourd’hui. Il faudra aussi rénover l’action publique en inventant les outils, l’organisation, les métiers du secteur public de demain. Rien ne progressera sans des délibérations collectives, valorisant bien davantage les citoyens et leurs compétences, l’éducation, l’innovation sociale et la création culturelle, les territoires, villes et villages. 

 

Cet impératif s’adresse aussi aux entreprises : pour réussir la sortie de crise, il faut y faire entrer la démocratie en associant réellement les salariés à leur stratégie. Cela doit s’incarner dans une codétermination à la française avec la présence de 50% de représentants des salariés dans les conseils de surveillance ou les conseils d’administration des grandes entreprises et le renforcement des pouvoirs des représentants des salariés à tous les niveaux. 

 

Lourde de souffrances inédites, cette période ne doit pas confisquer les espoirs de changement, bien au contraire. Faisons place à l’action collective et à ces premières convergences. Pour être à ce rendez-vous de notre Histoire, nous proposons qu’un grand événement, une « convention du monde commun », réunisse dans les prochains mois toutes les énergies disponibles, les citoyennes et citoyens épris de profonds changements, les formations politiques, les forces associatives, les initiatives que portent syndicats et ONG. C’est une première étape cruciale et attendue pour une alternative démocratique, écologique et sociale. Nous voulons lui donner la force de notre engagement.

Premiers signataires* :

 

Syamak Agha Babaei, Christophe Aguiton, Amandine Albizzati, Claude Alphandery, Nathalie Appéré, Guillaume Balas, Jeanne Barseghian, Marie-Laure Basilien-Gainche, Laurent Baumel, Romain Beaucher, Anne-Laure Bedu, Jacqueline Belhomme, Esther Benbassa, Patrice Bessac, Olivier Bianchi, Habiba Bigdade, Loïc Blondiaux, Alice Bosler, Maurice Braud, Rony Brauman, Axelle Brodiez, Ian Brossat, Philippe Brun, Julia Cagé, Sophie Caillat, Andrea Caro, Fanélie Carrey-Conte, Lucas Chancel, Pierre Charbonnier, Christian Chavagneux, Alain Coulombel, Annick Coupé, Jezabel Couppey-Soubeyran, Françoise Coutant, Thomas Coutrot, Cécile Cukierman, Ronan Dantec, Joël Decaillon, Laurence De Cock, Carole Delga, Stéphane Delpeyrat, Laurianne Deniaud, Emmanuel Denis, Gregory Doucet, Marie-Guite Dufay, Cécile Duflot, Antoine Dullin, Jérôme Durain, Guillaume Duval, Timothée Duverger, Nicolas Duvoux, Anne Eydoux, Olivier Faure, Rémy Féraud, Aurélie Filippetti, Diana Filippova, Alain Foix, Didier Fradin, Philippe Frémeaux, Guillaume Garot, Karl Ghazi, Jean-Luc Gleyze, Raphael Glucksmann, Daniel Goldberg, Guillaume Gontard, Gaëtan Gorce, Aziliz Gouez, Bernadette Groison, Florent Gueguen, Denis Guenneau, Hélène Hardy, Jean-Marie Harribey, Anne Hessel, Catherine Hoeffler, Pierre Hurmic, Marie-Hélène Izarn, Pierre Jacquemain, Yannick Jadot, Hugues Jallon, Vincent Joineau, Régis Juanico, Nina Karam-Leder, Pierre Khalfa, Yazid Kherfi, Hella Kribi-Romdhane, Thierry Kuhn, Joël Labbé, Guillaume Lacroix, Delphine Lalu, Aurore Lalucq, François Lamy, Sandra Laugier, Pierre Laurent, Guillaume Le Blanc, Joël Le Coq, William Leday, Claire Lejeune, Corinne Lepage, Elliot Lepers, Nadine Levratto, Medhi Litim, René Louail, Benjamin Lucas, François Mandil, Bénédicte Manier, Edouard Martin, Gus Massiah, Nora Mebarek, Dominique Meda, Philippe Meirieu, Claire Monod, Beligh Nabli, Naïri Nahapetian, Alexandre Ouizille, Christian Paul, Renaud Payre, Willy Pelletier, Camille Peugny, Maxime Picard, Thomas Piketty, Eric Piolle, Dominique Plihon, Dominique Potier, Alexis Poulin, Angèle Préville, Audrey Pulvar, Valérie Rabault, Jean-Paul Raillard, Gilles Raveaud, Sandra Regol, Nadine Richez-Battesti, Martin Rieussec-Fournier, Jacques Rigaudiat, Marie-Monique Robin, Johanna Rolland, Barbara Romagnan, Laurence Rossignol, Muriel Rouyer, Virginie Rozière, Michèle Rubirola, Bernard Saincy, Eva Sas, Mounir Satouri, Frédéric Sawicki, Laurence Scialom, Sabrina Sebaihi, Aissata Seck, Gabrielle Siry, Emmanuel Soulias, Jo Spiegel, Olivier Szulzynger, Sophie Taille, Bernard Thibault, François Thiollet, Isabelle This Saint-Jean, Stéphane Troussel, Henri Trubert, Hulliya Turan, Boris Vallaud, Najat Vallaud-Belkacem, Shahin Vallée, Antoine Vauchez, Denis Vicherat, Anne Vignot, Patrick Viveret.

* à titre personnel

 

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 12:39
La Bretagne ouvrière, paysanne, et maritime reparaissant le 18-4-41 (site: https://politique-auschwitz.blogspot.com/2012/07/le-lay-alain.html)

La Bretagne ouvrière, paysanne, et maritime reparaissant le 18-4-41 (site: https://politique-auschwitz.blogspot.com/2012/07/le-lay-alain.html)

Dans les archives de Pierre Le Rose, j'ai retrouvé une longue missive tapée à la machine d'Eugène Kerbaul exprimant ses remarques sur le livre "Le Finistère en guerre" de MM Thomas et Legrand, ouvrage jugé utile et intéressant, mais où Kerbaul repère des erreurs et approximations, notamment en ce qui concerne les conditions d'entrée en résistance des communistes. Nous reproduisons ici de larges extraites de cette lettre-témoignage d'un des responsables de la résistance communiste à Brest, historien du Parti communiste également.

I.D

Témoignage d'Eugène Kerbaul

"Le 26 septembre 1939, le parti communiste est interdit. 47 élus sont destitués dans le Finistère. Une répression accompagne ces déchéances: interdictions de séjour de nombreux militants, perquisitions, provocations - on alla jusqu'à tirer au pistolet sur Alain Signor, le secrétaire régional, alors qu'il faisait sa classe - , les licenciements, etc. 

Le P.C se reconstitue à partir de groupes de trois, appelés "triangles", prévus secrètement dès le mois de juillet dans chaque localité importante du département par le responsable du PCF pour l'Ouest de la France, Auguste Havez. Je fis partie du "triangle" de Brest, avec Jeanne Goasguen-Cariou et Roger Chaigneau et je peux témoigner de notre acharnement à reconstruire le parti dans la clandestinité alors qu'une grande partie de nos militants se trouvait mobilisée. Nous pouvons dire qu'il n'y eut aucun renégat et que les quelques camarades qui renâclèrent devant l'action illégale le firent par crainte pour eux ou les leurs des dangers réels présentés. La plupart devaient rejoindre le P.C clandestin plus tard d'ailleurs. 

L'interdiction du PCF fut rendue possible par la coalition qui des socialistes à l'extrême-droite fasciste croyait pouvoir en finir ainsi avec le communisme français. Pas un seul socialiste du Finistère n'éleva la voix pour protester, nombre d'entre eux s'en félicitaient publiquement. La mise hors la loi du Parti s'accompagnait de l'interdiction de sa presse y compris de son hebdomadaire régional "La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime". Ce journal était sous presse quand nous parvint la nouvelle de son interdiction. Je fus chargé d'aller demander aux ouvriers d'en continuer le tirage en cours, ce qu'ils firent en dépit des risques encourus. Des équipes de militants entraînés par Henri Ménès et Frédéric Corre s'en allèrent le diffuser par les rues de la ville. Tous les exemplaires furent vendus sans les incidents que nous redoutions dans le climat d'hystérie anti-communiste entretenu dans le pays. 

Très vite nous reçûmes dans le Finistère les premiers numéros, hélas en nombre insuffisant, de l"Humanité clandestine". Le premier tract clandestin communiste sorti à Brest le fut fin octobre 1939. Son rédacteur Kerbaul fut convoqué à la police spéciale où on lui dit que l'on avait reconnu son style. Bien entendu, il nia tout mais ne fut relâché qu'après avoir supporté injures et menaces. 

La majorité de la direction de la CGT était alors réformiste, elle décida d'exiger des militants communistes ayant des responsabilités syndicales qu'ils renient leur parti interdit. Dans le Finistère, deux membres, et non des moindres, du bureau de l'U.D, se chargèrent de cette besogne. A Brest, ils convoquèrent, Le Mignon, un responsable cheminot, et Rabardel, responsable d'un syndicat de professeur qui avait été le dernier secrétaire du comité de Front Populaire de la ville. Ils refusèrent l'ignoble marché qui leur était proposé et exigèrent d'être entendus des syndiqués qui les avaient élus. Les réformistes ne voulurent surtout pas entendre parler de ça! Et au mépris des statuts syndicaux, violés avec la bienveillante complicité des autorités, nos camarades furent "déchus" de tous leurs mandats syndicaux. Mais leur fermeté avait frappés les réformistes et ceux-ci hésitèrent à continuer dans cette voie.

La situation sociale s'était dégradée sérieusement. Tout à leur consensus accordé à la politique de la grande bourgeoisie, socialistes et syndicalistes réformistes laissaient faire un pouvoir acharné à détruire les conquêtes du Front Populaire et même des acquis antérieurs. A la fin de 1939, il y avait près de 20 000 militants ouvriers, en grande majorité communistes, auxquels se mêlaient des sympathisants et des libertaires, emprisonnés en France. Et bientôt on déversa le trop-plein des prisons dans les camps de concentration qu'avaient "inauguré" les soldats républicains espagnols réfugiés en France. Officiellement la France était toujours une démocratie du "monde libre".

Le coût de la vie augmenta dans des proportions considérables, tandis que les patrons et négociants accumulaient des fortunes. Les épouses des mobilisés ne percevaient que des allocations dérisoires pour subsister avec leurs enfants, ce qui avait une répercussion désastreuse sur le moral des soldats au "front". Au début de 1940 on fera appel à Brest à la main-d’œuvre féminine disponible pour la défense nationale. Il se présenta 5 000 femmes qui quêtaient vainement un travail quelconque, mais seulement un millier furent embauchées dans divers services et entreprises, comme l'arsenal.

Dans ces conditions on comprendra que la propagande du PC clandestin n'est pas sans écho. L'hebdomadaire finistérien "Le Breton socialiste" écrit en début de 1940: "On espère que le président du Conseil se rendra compte que la répression ne suffit pas à détourner les ouvriers de prêter l'oreille à la propagande clandestine des communistes". Les premières semaines de la clandestinité ont vu le PCF enregistrer des adhésions, par exemple à Brest, Pierre Corre, Jean Marc, etc. D'autres comme Charles Cadiou se mettent à la disposition du PC et partagent ses activités illégales. C'est alors que par la voix de son député Sérol le PS va demander la peine de mort contre les propagandistes communistes et obtiendra le vote de cette loi.

Dans le Finistère, les numéros de l'Humanité clandestine arrivèrent vite régulièrement, hélas en quantités insuffisantes, grâce surtout aux filières de cheminots mises en place, à Brest, Morlaix et Quimper.  Quand les armées allemandes approchèrent de la Bretagne, les responsables des groupes communistes de Brest se réunirent au Dourjac et décidèrent de rester sur place coûte que coûte pour continuer le bon combat, en dépit des formes aggravées que ne manquerait pas de prendre la répression anticommuniste avec l'occupation hitlérienne de notre région. Des décisions analogues furent prises par d'autres "triangles" du PC dans le département. 

(...)

La direction interrégionale du PC- Auguste Havez et Marcel Paul - conserva constamment le contact avec l'ensemble des "triangles" mis en place dès 39 et qui pour la plupart n'avaient connu que peu de changements de personnes. Il n'y eut pas qu'à Brest que les communistes récupérèrent des armes lors de la débâcle: à Nantes, c'est le membre du Comité Central du PC Marcel Paul qui s'en occupe personnellement. De plus quand l'armée allemande déferla en Bretagne elle fut précédée dans son avance par un courrier de l'interrégional Havez donnant des consignes précises aux communistes pour qu'ils sabotent le matériel militaire à l'arrivée de l'ennemi afin qu'il ne tombe pas dans ses mains. Et c'est pourquoi à Brest des communistes ont effectué des sabotages dans cette optique et que un groupe au moins - celui de Yves Labous, Louis Morvan et Jean Marc - s'en vont saboter à St Marc des camions et des motocyclettes en risque de tomber entre les mains des Allemands. En juillet parvint à Brest un tract rédigé par Marcel Paul à Nantes et qui donnait des conseils de résistance. En fin août c'était le texte de l'appel du 10 juillet du Parti où il est écrit: "... c'est autour de la classe ouvrière, ardente et généreuse, que peut se constituer le front de la Liberté, de l'indépendance et de la renaissance de la France" - qui parvenait dans le Finistère et cet appel était pour nous sans ambiguïté. 

En ce qui concerne les inscriptions effectuées à Brest par les groupes de la section clandestine, elles furent plus nombreuses que ce que les rapports de police laissent à penser, et faites à plusieurs reprises. C'est le "triangle" de direction qui avait décidé du texte "A bas les traîtres de Vichy, Thorez au pouvoir" (en une phrase et non pas en deux) avec l'accompagnement d'une faucille et d'un marteau. Mais jamais nous n'avons écrit alors "Vive de Gaulle". Cela fut fait par d'autres ou rajouté, mais pas par nous, je m'en souviens fort bien. De Gaulle nous apparaissait comme un général politicien et d'ailleurs nous ne le connaissions que comme un ancien sous-ministre de Paul Reynaud ce qui pour nous n'était pas une référence.

Il n'y eut pas qu'à Brest que le parti fut actif dans le Finistère... pour les premiers mois d'occupation. A Pont -l'Abbé, par exemple, c'est sous la conduite d'un enfant du pays, Corentin Cariou, réfugié de l'exode en Pays Bigouden et qui occupait d'importantes responsabilités dans le PC à Paris ainsi que dans les syndicats que se tint en juin 40 (les Allemands étaient à peine arrivés) une réunion clandestine de communistes à laquelle participèrent entre autres Alain Le Lay responsable départemental. A Scaër, ce fut sous la direction de P. Kersulec, dans la région d'Huelgoat, sous celle du Dr Jacq, etc. Au demeurant la création de l'O.S (organisation spéciale du Parti pour la défense des militants en action et les sabotages) ne fut pas une initiative locale mais nationale du parti. Et le groupe de Kerguillo de l'O.S, dont je je faisais partie, ne fut pas une initiative locale, mais l'application d'une directive de l'interrégion dont m'avait fait part personnellement R. Ballanger. On ne peut donc sous quelque forme que ce soit opposer le patriotisme à la base du Parti à une prétendue "inertie" de la direction du parti: Thomas et Le Gand soulignent le dynamisme de combats du parti: l'O.S, et les FTP, qui lui succédèrent, la grande activité patriotique du Front National créé à l'initiative du Parti dès mai 1941 (avant l'agression allemande contre l'Union soviétique). Ce qu'ils disent de certaines autres organisations souligne les différences de conceptions du combat entre communistes et certaines de ces organisations qui se seront créées plus tard (en 1943, généralement). "Libération", disent les responsables, doit poursuivre l'encadrement, l'instruction des effectifs... et attendre un mot d'ordre d'insurrection qui viendra de "Londres". Le Parti comme le Front National avaient une autre conception que nos auteurs appellent "l'action directe". Ils indiquent d'ailleurs que la plupart des attentats et sabotages sont l’œuvre des FTP créés par les communistes. N'empêche que bien des parachutages dans le Finistère, comme ailleurs, allèrent le plus souvent à des organisations qui en matière de combat avaient des positions attentistes, tandis que nos combattants manquaient d'armes.

Quand à l'importance de ces combats, un rapport dont il fut donné connaissance lors du procès d'un policier collaborateur à Rennes indiquait que pour la seule organisation communiste brestoise, on comptait plus de cent actions à son actif pour la seule année 1942.          

  

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 05:43

 

L’Humanité, avec sa plate-forme numérique l’Humanite.fr, prend l’initiative d’ouvrir ses colonnes pour repenser le monde, avec l’ambition d’être utile à chacune et chacun d’entre nous. Cette initiative aura des prolongements avec la publication d’un hors-série à la fin de l’été et l’organisation de grands débats publics permettant de prolonger ces écrits. Aujourd’hui : «Le système de santé d’une nouvelle civilisation», par Catherine Mills, maître de conférences honoraire à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directrice de la revue Économie et Politique.

Il faut préparer dès maintenant un plan d’urgence pour sortir de la crise où ont été plongés les hôpitaux et le système de santé par le rationnement des dépenses publiques et sociales et de leur financement, visant à monter les prélèvements financiers du capital. La longue grève des personnels hospitaliers nous avait alertés, pourtant, malgré la non-réponse aux revendications, un mouvement extraordinaire de solidarité et de créativité s’est levé dans tout le pays, abolissant les hiérarchies et la coupure médecine de ville/hôpital.

Il faut créer 100 000 emplois à l’hôpital et titulariser les contractuels, élaborer un plan de développement des formations

Il nous faut construire l’avenir et mettre en chantier une réorganisation progressiste, en rupture avec le démantèlement de l’hôpital, partant des propositions des personnels, ce qui exige un nouveau financement. Ce plan concernerait aussi la démographie médicale, la couverture territoriale, les relations ville-hôpital, les Ehpad et les personnes âgées dépendantes, la psychiatrie, etc. Il faut s’attaquer à la désertification médicale et aux inégalités sociales et régionales de santé, répondre à l’exigence de proximité de la population à partir d’un maillage territorial impliquant centres de santé, médecins de ville, hôpitaux. Il faut créer 100 000 emplois à l’hôpital et titulariser les contractuels, élaborer un plan de développement des formations, construire une sécurité d’emploi et de formation permettant l’adaptation aux modifications techniques avec la promotion salariale et sociale des personnels. Il faut mettre un terme à la souffrance des personnels et des malades, en promouvant de nouvelles conditions de travail et de vie et en donnant un vrai pouvoir aux instances de représentation du personnel. Un moratoire sur les suppressions de lits, les fermetures d’hôpitaux et de services permettrait l’élaboration des projets médicaux avec les organisations syndicales, les élu.e.s, les associations d’usagers. Il faut stopper la montée des partenariats public-privé et les privatisations, la vente de biens fonciers et immobiliers.

Proposer un nouveau mode de financement répondant aux besoins et mettant en avant des critères d’efficacité sociale

Un nouveau financement de la Sécurité sociale et de l’hôpital pour répondre aux besoins du XXI e siècle. Il faut promouvoir la prise en charge de tous les soins prescrits à 100 % par la Sécurité sociale. Il s’agirait d’accroître les rentrées de cotisations à partir d’un accroissement et une modulation des cotisations patronales, branchées sur le développement des salaires et des emplois, afin que les entreprises qui suppriment des emplois et compriment les salaires, ou ne respectent pas l’égalité salariale femme/homme, voient leur taux de cotisation s’élever. Pour faire face à l’urgence, tout en combattant la financiarisation, on instituerait une cotisation sur les revenus financiers des entreprises et des banques (dividendes et intérêts), à même hauteur que la cotisation patronale sur les salaires, affectée au système de santé et aux Ehpad. Il faut rompre avec les enveloppes fermées, limitées avec un objectif national des dépenses (Ondam) relevé pour répondre aux besoins. La dette explosive des hôpitaux, liée à la restriction des financements, doit être convertie en une dette à long terme et à 0 % d’intérêt des emprunts, avec la construction d’un pôle financier public et un nouveau rôle de la Caisse des dépôts et consignations. La puissance de création monétaire de la BCE peut être mobilisée à travers un fonds européen de développement des services publics. En France, pour l’hôpital, nous proposons le remboursement de la TVA, qui constitue un prélèvement indirect de l’État sur la Sécurité sociale (4 milliards d’euros), ainsi que la suppression de la taxe sur les salaires. Il faut remplacer le mode de financement actuel de l’hôpital : la T2A qui incite aux actes rentables, à la mise en concurrence et à la privatisation, proposer un nouveau mode de financement répondant aux besoins et mettant en avant des critères d’efficacité sociale. En outre, il faut un plan d’urgence de financement des dépenses d’investissements, de formation et de recherche pour l’hôpital (qui sont à la charge de l’État).

Concernant les Ehpad, la crise sanitaire a révélé une situation dramatique : nous proposons un service public des personnes âgées

Une grande loi de santé publique devrait être élaborée afin de sortir des lois Bachelot/Touraine/Buzyn. Concernant l’hôpital, il faut promouvoir une gestion démocratique permettant l’évaluation des besoins, supprimer les groupements hospitaliers de territoires (GHT) imposés, et les regroupements par pôles qui favorisent les privatisations. Il faut aussi un volet soins de ville avec la création d’un service public de soins primaires, un volet psychiatrie, un volet prévention. Concernant les Ehpad, la crise sanitaire a révélé une situation dramatique. Les politiques gouvernementales d’austérité conjuguées à la gestion financière des groupes privés comme Korian ont abandonné les résidents. Il faut créer 100 000 emplois. Nous proposons un service public des personnes âgées, articulé à un grand service public hospitalier et de santé de qualité regroupant l’ensemble des besoins et des structures sanitaires et sociales.

Le marché capitaliste financiarisé est incapable de répondre aux besoins de la population

Un pôle public du médicament et des biens médicaux permettrait de s’émanciper de la dépendance à l’égard des autres pays et de la domination des multinationales, réarmer nos industries de santé. Ce pôle public concernerait la recherche, la production (vaccins, masques, tests, réanimateurs), la distribution. Il faut rompre avec les scandales sanitaires, les pénuries de médicaments et de biens médicaux dans les pharmacies. Le marché capitaliste financiarisé est incapable de répondre aux besoins de la population. Les nationalisations ou réquisitions nécessaires exigent des pouvoirs réels d’intervention des travailleurs dans la gestion des entreprises. Construire un système de santé novateur nécessite la promotion du rôle central des services publics, de la Sécurité sociale, de la recherche fondamentale. Il faut mobiliser les compétences et les énergies considérables en matière de santé, de la médecine de ville aux hôpitaux, aux laboratoires et aux pharmacies. Au-delà, nous voulons construire une nouvelle civilisation fondée sur la coopération et le développement non capitaliste pour réaliser, dès maintenant, « les Jours heureux ».

 

 

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 05:23

 

La politique étrangère de Trump produit le paradoxe de voir la puissance qui a pour l’essentiel façonné et conditionné le cadre et les règles des relations internationales depuis 1945 les contester aujourd’hui fondamentalement pour assouvir son rêve de « suprématie globale permanente ».

Première puissance mondiale économique et militaire, chantre du capitalisme, les États-Unis sous l’admi­ni­stration Trump entendent restaurer leur hégémonie sans partage sur les peuples et pays du monde. La domination US est toutefois contestée. Le « na­tio­n­alisme antimondialiste » du business milliardaire devenu président en 2016, Donald Trump, qui « mêle la revendication d’une Amérique forte (strong again ) et prioritaire (America first ) » distingue la puissance américaine mais l’isole également.
À l’occasion de son discours d’investiture de janvier 2017, Donald Trump exposait sa vision du monde qui se réduirait à deux catégories, « ceux qui auraient des comptes à rendre aux États-Unis, et ceux qui au contraire méritent leur soutien ». Le quarante-cinquième président des États-Unis rappela à qui voulait encore l’ignorer que « le fondement de [sa] politique sera une totale allégeance aux États-Unis d’Amérique et grâce à notre loyauté au pays, nous redécouvrirons la loyauté envers les uns les autres » mais pour préciser : « Nous conforterons certaines de nos alliances, et nous en nouerons de nouvelles. »

« Il ne s'est jamais agi pour les États-Unis d'en finir avec l'OTAN, il s'agit de passer à un stade supérieur de sous-traitance – matérielle et budgétaire – aux pays membres, des choix stratégiques, militaires et diplomatiques états-uniens sauvegardant les intérêts propres des États-Unis. »

Cela n’a pas manqué de jeter le trouble parmi nombre de dirigeants d’États pro-atlantistes en particulier en Europe, trouble confirmé par les difficultés créées par les choix américains de ces trois dernières années et la « méthode Trump », la menace et le chantage, le deal négocié en catimini et imposé à tous au mépris du droit international. Mais les dirigeants pro-atlantistes occidentaux n’ont guère contesté le fond de ces décisions – hormis celle de la rupture unilatérale des accords de Paris (COP21) et de l’accord sur le nucléaire iranien obtenus par l’action multilatérale. À l’exercice du pouvoir la nouvelle administration américaine est confrontée à ses contradictions internes dans la poursuite de son objectif de domination absolue.

 

Un gouvernement de guerre

Le prétendu « hérault de l’antisystème » élu à la Maison-Blanche en 2016 a mis en place à la tête de son pays un véritable « club de milliardaires » (dixit Le Figaro !), un « cabinet Goldman Sachs », bref, un « gouvernement de guerre », ainsi qu’il l’a lui-même qualifié, composé de grands financiers, lobbyistes et dirigeants de grands groupes (notamment pétroliers ou du BTP) multipliant les cas de conflits d’intérêts, ainsi que de militaires tantôt obsédés par la Chine, tantôt par l’Iran, tantôt par la Russie, qui se sont confirmés tous plus bellicistes les uns que les autres et qui ont commencé par obtenir la plus forte augmentation du budget américain de la Défense de son histoire récente. Appuyé par l’extrême droite et les églises évangéliques, Trump installe leurs idées (pourtant minoritaires) au plus haut du débat politique national et sera aussi le premier président de l’histoire de son pays à participer à une manifestation contre l’IVG (janvier 2020). Le choix des dirigeants des agences gouvernementales américaines comme la CIA ou des juges à la Cour suprême a complété ce dispositif « de guerre » et chaque initiative – unilatérale – prise a confirmé des prétentions hégémoniques qui se révèlent en inadéquation complète avec le contexte international.

« Il n’y a donc pas d’un côté, un « fou », Trump, et de l’autre une administration qui rattraperait les impairs mais bien une orientation générale, une ligne politique et idéologique, impérialiste, ce qui n’exclut pas des dissensions internes. »

Les déclarations de Trump sur l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) n’ont pas trompé grand monde, pas plus que la formule fracassante d’Emmanuel Macron la déclarant en « mort cérébrale ». Il ne s’est jamais agi pour les États-Unis d’en finir avec l’OTAN, il s’agit de passer à un stade supérieur de sous-traitance – matérielle et budgétaire – aux pays membres, des choix stratégiques, militaires et diplomatiques états-uniens sauvegardant les intérêts propres des États-Unis. Il n’en a jamais été réellement autrement mais cela redevient, sous l’impulsion de Donald Trump, l’alpha et l’oméga assumé de la politique américaine avec brutalité et cynisme qui se manifestent tant au Venezuela, en Bolivie, que contre Cuba mais aussi à l’égard de son voisin, le Mexique et ses ressortissants migrants, contre l’Iran ou la Chine ou encore, sans maquillage, contre ses propres alliés. L’Union européenne a beau avoir arrimé sa politique de sécurité et de défense à l’OTAN, conditionné ses nouvelles entrées à l’adhésion à l’OTAN, ses États-membres ont beau atteindre l’objectif de 2 % du PIB consacrés aux dépenses militaires, les États-Unis considèrent l’UE somme toute comme une rivale, et Trump la traite en concurrente sournoise.

L’administration Trump a conscience de la contestation de l’hégémonie américaine et de la crise qu’elle traverse. Avec un budget annuel de 686 milliards de dollars (onze fois plus que celui de l’éducation), les forces armées US comptent 1,5 million de personnels répartis sur tous les continents du monde, dont au moins 20 % d’entre eux dans près de 800 bases, selon certaines sources, dans 164 pays d’après le département d’État lui-même… les États-Unis n’ont pourtant aucune victoire militaire à leur actif depuis le lancement de la « guerre internationale contre le terrorisme ».

Qui plus est, l’hégémonie US qui s’appuie sur sa force de frappe économique, politique et militaire, et qui a formaté pour l’essentiel les relations internationales et dominé ses institutions multilatérales ne survit plus aujourd’hui qu’en les piétinant. L’administration Trump impose ses choix, ses actions et… ses revirements. Cette posture participe elle aussi à la reconfiguration de l’espace mondial et des relations internationales.

« La politique protectionniste de Trump n’apporte aucune réelle réponse à l’état de crise profonde de la société américaine elle-même et aux mobilisations nouvelles de millions d’Américains sur des enjeux tant sociaux que de société. »

Les États-Unis continuent de jouer un rôle déterminant dans la mondialisation telle qu’elle existe. Si pour une part Trump déploie une diplomatie alternant « coups de poing » et « flatteries » à visée électoraliste (puis­que son électorat considère que l’interventionnisme coûte cher et qu’il est en échec), il s’est néanmoins fixé comme objectif de rasseoir la domination absolue états-­unien­ne directe ou indirecte sur l’ensemble du monde via l’OTAN et, à nouveau, par l’ingérence directe, plus ou moins affichée. Trump a certes adopté en politique étrangère ses méthodes de businessman vorace mais l’état-major ou le département d’État adaptent leurs stratégies et leurs objectifs politiques avec leur maturité légendaire, comme l’exemple bolivien vient de le démontrer. Et ce, malgré les coups portés par Trump lui-même à la parole états-unienne, par exemple lors de l’invasion turque de la Syrie. Il n’y a donc pas d’un côté, un « fou », Trump, et de l’autre une administration qui rattraperait les impairs, mais bien une orientation générale, une ligne politique et idéologique, impérialiste, ce qui n’exclut pas des dissensions internes.

Habiles, malgré là aussi les apparences, Donald Trump et le pouvoir qu’il incarne allient la peur de la « mondialisation », d’un monde qui « vous échappe », et l’aspiration mégalomane de le dominer et de le diriger. Portée par des conceptions ultraconservatrices et ethnocentristes, adepte du « choc des civilisations » de Samuel Huntington, l’administration Trump veut en finir définitivement avec le multilatéralisme issu de l’après Deuxième Guerre mondiale et multiplie les actions en ce sens contre les accords de Paris, contre l’accord sur le nucléaire iranien, contre les accords d’Oslo ou les résolutions internationales sur la Palestine, avec les accords sur les missiles de portée intermédiaire, avec la Corée du Nord où il ne vise pas la chute du régime mais qui entre dans la stratégie d’isolement de la Chine, avec la Chine qu’il provoque en duel commercial entraînant les dégâts collatéraux que l’on sait pour les pays de l’UE et l’économie américaine elle-même ; on peut encore citer son incursion dans la crise UE-Grande-Bretagne à l’heure du Brexit, ou les nouvelles relations établies avec la Russie de Vladimir Poutine.

Là où l’administration Trump veut un ordre régi par les États-Unis et ses sous-traitants, Emmanuel Macron milite pour un « minilatéralisme », un multilatéralisme de clubs (du G7 au G20 tel que la présidence française a conçu et dirigé la formule 2019) où les puissances se mettent d’accord, transigent éventuellement sur leurs désaccords et donnent le la au reste du monde. Ensemble cependant ils participent d’une surmilitarisation des relations internationales et d’une nouvelle course aux armements : la France était en 2018 le cinquième budget militaire (à hauteur de 63, 8 milliards de dollars) sur le plan mondial après les États-Unis la Chine, l’Arabie saoudite, l’Inde et juste avant la Russie, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon. Qu’il s’agisse d’opérations extérieures sous l’égide de l’OTAN, de l’UE ou de l’ONU, la France est présente dans trois régions hautement conflictuelles : le Sahel, le Proche-Orient et les États baltes. Les plus forts contingents se trouvent en Afrique avec bientôt 8 000 soldats dont plus de 5 000 dans la zone sahélo-saharienne. Emmanuel Macron a dans ce mouvement engagé la France dans le peloton de tête des pays membres de l’OTAN portant à 2 % du PIB leur budget de défense, et 40 milliards d’euros supplémentaires seront consacrés aux dépenses militaires jusqu’en 2022.

 

Des expériences politiques inédites pour des générations entières d’Américains

Les résultats à court terme de ses choix économiques sur l’emploi et la croissance états-uniens ont conforté Donald Trump dans son intention de briguer un nouveau mandat mais sa politique a dès le premier jour mobilisé largement contre lui, aux États-Unis mêmes.

La violence de la politique de classe, raciste, sexiste et xénophobe de Donald Trump a poussé des dizaines de millions de citoyens à se mobiliser ; qu’il s’agisse des mouvements pour l’égalité entre femmes et hommes, contre le sexisme, les violences sexuelles ou le harcèlement, pour le droit à l’IVG, ou qu’il s’agisse des votes référendaires dans une série d’États pour la création ou l’augmentation d’un salaire minimum, ou encore des manifestations massives contre le port des armes ou les violences policières, les résistances populaires sont nombreuses, larges, et constituent des expériences politiques inédites pour des générations entières d’Américains que leur modèle de société ne séduit plus et qui entrent en politique.

Elles trouvent pour une part leur traduction dans l’élection de représentantes et de représentants de l’aile gauche du Parti démocrate au Congrès ou à la tête de municipalités importantes comme, tout dernièrement, à Chicago. La course à l’investiture du Parti démocrate place Bernie Sanders en position favorable, et pourrait en constituer la bonne surprise ; hypothèse combattue ardemment par les candidatures de Joe Biden et de « l’autre milliardaire », Michael Bloomberg, mis en selle pour contrecarrer la percée des courants de gauche du Parti démocrate, incarnée par Sanders. D’autant que Bloomberg pourrait s’avérer une alternative bien plus satisfaisante, sur le plan du marketing, aux intérêts des classes dirigeantes US. Enfin, la politique protectionniste de Trump n’apporte aucune réelle réponse à l’état de crise profonde de la société américaine elle-même et aux mobilisations nouvelles de millions d’Américains sur des enjeux tant sociaux que de société – et cela demeurera, pour les Américains appelés aux urnes, le facteur déterminant de leur choix.

 

Le « déploiement mondial » de l’OTAN

Pour mener à bien son projet de restauration hégémonique, l’administration états-unienne vise notamment à concrétiser l’idée d’un « déploiement mondial » de l’OTAN – déjà fort avancé. De désaccords internes entre membres « historiques » de l’alliance (Allemagne, France) et nouveaux entrants (Pologne), à ceux qui ont opposé États-Unis et affidés sur leur part d’engagement dans les interventions et coalitions américaines (en Irak en 2003 ou en septembre 2013 s’agissant de la Syrie…), ainsi que sur leurs parts d’investissements dans l’industrie militaire américaine, est apparue au grand jour une crise interne d’un nouvel ordre. À l’occasion de l’invasion turque de la Syrie, il est devenu patent que ce n’est ni le secrétaire général de l’OTAN, ni ses États membres qui prennent les décisions, c’est l’administration US en fonction des intérêts qu’elle défend.

« À l’occasion de l’invasion turque de la Syrie, il est devenu patent que ce n’est ni le secrétaire général de l’OTAN, ni ses États membres qui prennent les décisions, c’est l’administration US en fonction des intérêts qu’elle défend. »

La crise au sein de l’OTAN n’a d’ailleurs pas opposé l’OTAN et Ankara sur l’invasion militaire turque du Rojava et de la Syrie, ni sa guerre contre les Kurdes. L’OTAN n’a jamais condamné l’opération turque de novembre et Jens Stoltenberg, son secrétaire général, a même insisté : « Les préoccupations sécuritaires de la Turquie sont fondées. […] Je suis convaincu que la Turquie agira avec modération et de manière proportionnée. » Le vrai différend entre l’OTAN et la Turquie est l’affirmation de celle-ci comme puissance impérialiste régionale autonome de l’alliance, avec le développement de son propre complexe militaro-industriel et l’achat de missiles antiaériens russes S400 qui permettraient une défense indépendante de l’OTAN de l’espace aérien turc et qui a entraîné un embargo de la vente de l’avion américain F35 à Ankara. D’autant que Donald Trump a ranimé le schéma d’une OTAN du Moyen-Orient fondée principalement sur un arc Israël-Arabie saoudite-États-Unis au sein de laquelle la Turquie, première armée de l’OTAN après les États-Unis, doit jouer sa partition.
2020 verra une campagne d’exercices militaires au cœur de l’Europe. Cette démonstration de force vise la Russie – alors que le conflit que l’UE et l’OTAN ont nourri en Ukraine pourrait enfin trouver une résolution politique – mais elle envoie aussi un message de mise en garde aux peuples du monde entier.
L’impératif d’une dissolution de l’OTAN est plus actuel que jamais et nous devons continuer de porter l’idée d’une suspension immédiate de la participation française au commandement intégré, et d’une perspective de sortie de l’alliance à l’appui d’une initiative multilatérale sous égide de l’ONU qui pose, en Europe pour ce qui nous concerne, les bases d’un cadre commun de coopération, de sécurité collective et de paix, inclusif, c’est-à-dire avec la Russie et les pays de l’Est européen.

Ce serait trouver à la crise de l’hégémonie américaine une réponse nouvelle et propice à l’émergence d’un nouvel ordre mondial fondé sur la solidarité des peuples et la satisfaction des besoins humains et sociaux. 

Lydia Samarbakhsh est membre du comité exécutif national du PCF, elle est chargée du secteur International.

Cause commune n° 16 • mars/avril 2020

 

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 05:04
Francine Poulichet (à droite) lors d'une cérémonie patriotique d'hommage à la Résistance - Photo Le Télégramme

Francine Poulichet (à droite) lors d'une cérémonie patriotique d'hommage à la Résistance - Photo Le Télégramme

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:

99/ Francine Poulichet (1918-2014) et Christophe Poulichet 

Née Massé en 1918 à Scaër, Francine se marie avec Christophe Poulichet, né à Scaër en 1914. 

Ouvrière papétière, Francine adhère à la CGT en 1936 et au PCF en 1937. Son mari, d'abord sabotier puis ouvrier aux Papeteries Bolloré (il deviendra boucher ensuite) adhère aussi au PCF en 1937. Syndicaliste CGT, il est licencié après la grève générale du 30 novembre 1938. Mobilisé en 1939, il sera prisonnier de guerre jusqu'en 1945. Pendant l'occupation, Francine s'engage dans la Résistance, diffuse des journaux et tracts clandestins du PCF, de la JC, du Front National de Libération de la France, etc, dans la région scaëroise. Elle héberge des résistants en mission, organise des dépôts d'armes et de munitions chez elle, assure des liaisons entre le PCF et les FTP. A la Libération, et à son retour de captivité, Christophe Poulichet devient secrétaire de section de Scaër du PCF, conseiller municipal de 1953 à 1969, puis il prend la succession de Pierre Salaün comme maire communiste de Scaër de 1969 à 1983, conseiller général (1970-1976) quand il gagne le siège au premier tour, alors que le canton était à droite depuis 1937. Christophe Poulichet est également candidat titulaire sur la liste communiste aux élections sénatoriales dans le Finistère en 1971 ; membre du comité de la fédération du PCF du Finistère Sud en 1972. Membre du comité de la fédération du PCF du Finistère Sud en 1972, il fut candidat suppléant de la fédération du PCF du Finistère Sud dans la circonscription de Quimperlé aux élections législatives de 1973. Il fut élu conseiller général en 1976.  

Francine décède à 95 ans en 2014.

Sources:

- Article d'Eugène Kerbaul

- Article d'Alain Prigent dans le Maitron

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 6/ Denise Firmin née Larnicol (1922-2019)

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1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 4/ Corentine Tanniou (1896-1988)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère: 3/ Albert Rannou (1914-1943)

1920-2020 - 100 ans d'engagements communistes en Finistère - 2/ Marie Lambert (1913-1981)

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14 mai 2020 4 14 /05 /mai /2020 11:57
Appel. Au coeur de la crise, construisons l’avenir - Tribune collective de 150 pesonnalités du monde politique, associatif, syndical et culturel -  Mercredi 13 mai 2020, L'Humanité
Mercredi, 13 Mai, 2020 - L'Humanité
Appel. Au coeur de la crise, construisons l’avenir

Dans une longue tribune collective, 150 personnalités du monde politique, associatif, syndical et culturel appellent à " préparer l’avenir "" Nous ne sommes pas condamnés à subir ! " assurent-elles.  Elles  proposent qu’un grand événement, une " convention du monde commun ", réunisse dans les prochains mois " toutes les énergies disponibles ".

 
 
 
La France affronte un séisme d’une ampleur inouïe. Favorisée par la destruction de la nature, la pandémie a généré une crise économique de grande ampleur, une commotion sociale brutale, notamment pour les plus précaires, et une mise entre parenthèse du fonctionnement démocratique. Elle a révélé l’improvisation des pouvoirs publics face à cette crise majeure. L’engagement extraordinaire des soignantes et des soignants, le courage de celles et ceux qui n’ont cessé de travailler sans relâche au service de tous et le civisme de millions de personnes confinées dans des conditions difficiles appellent une reconnaissance unanime. Dès maintenant, il s’agit d’éviter le pire et de préparer l’avenir. La réparation des dégâts annoncés, la défense des libertés, l’obligation de préparer une société résiliente nécessitent de fortes dynamiques collectives. La crise confirme l’urgence radicale des grandes transitions. De cette impérieuse nécessité, faisons naitre une espérance. Nous ne sommes pas condamnés à subir ! 
 
Au coeur de cette crise, il nous faut tourner la page du productivisme. Il faut affronter les périls immédiats, s’accorder pour engager la transition écologique et dans un même mouvement les transformations sociales et économiques trop longtemps différées. L’impasse où nous ont conduits les politiques dominantes depuis quarante ans et le capitalisme financier exige une offensive résolue. Avec cette initiative commune, dans le respect de nos différences, nous nous engageons à la hauteur des principes que nos prédécesseurs ont affirmés dans la « reconstruction » qui suivit la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, en temps de paix, nous devons faire preuve d’une égale ambition, avec la volonté que les Français s’emparent de ces débats. 
 
L’état d’urgence sociale doit se déployer dès maintenant dans l’ensemble du pays, à commencer par les quartiers populaires et les territoires ruraux, partout où la crise remet à vif la grande pauvreté et les inégalités. Les familles déjà vulnérables, comme celles qui viennent brutalement de plonger dans le chômage et la pauvreté, se comptent par millions. La solidarité nationale doit intervenir pour aider les locataires, contribuer à payer les factures d’eau et d’électricité, par l’aide alimentaire et la fourniture gratuite de masques, par des soutiens exceptionnels individualisés pour que vivent décemment celles et ceux, y compris les jeunes, qui ont vu leur travail et leurs revenus disparaitre. Cette crise doit enfin imposer un basculement des politiques publiques : « sortir » des dizaines de milliers de personnes de la rue, c’est affaire de dignité d’abord, mais aussi d’ordre public sanitaire et social. 
 
Pour aller plus loin, la France, comme d’autres en Europe, doit imaginer et mettre en chantier dès cette année un nouveau modèle de protection sociale. Pour ces temps de grande transition, il y a urgence à assurer un revenu digne rendant possibles à toutes et tous la formation, l’accès à un nouvel emploi ou un projet professionnel. Compte tenu de la hausse explosive du nombre des sans-emplois, ce serait une faute historique de maintenir la « réforme » de l’assurance chômage de 2020. Il faut permettre dès maintenant à tous les territoires volontaires de mettre en oeuvre la belle initiative Territoires zéro chômeur de longue durée, inspirée des expériences du mouvement associatif. Quant aux travailleurs étrangers en situation irrégulière, soutiers plus anonymes encore de nos économies, leur accès au droit au séjour doit être facilité. 
 
Pour pouvoir mobiliser les énergies de toutes et tous, il faudra inventer et consolider des protections collectives plus adaptées à notre temps, combler les failles majeures que la crise a soulignées, agir pour l’accès à la santé et des retraites décentes. Certains, à l’inverse, manifestent déjà la volonté de réduire les droits sociaux à la faveur de l’émotion générale, notamment sur la question du temps de travail. Nous ne laisserons pas faire, et nous demandons qu’il soit renoncé définitivement au projet de réforme des retraites qui mine la cohésion nationale dont nous avons tant besoin. Face à la précarité ou aux inégalités femmes-hommes, tous les travailleurs et travailleuses, indépendants, artisans et commerçants, professionnels des plates-formes, salariés en CDD, intermittents ou intérimaires, doivent être dotés de droits sociaux individuels complets et d’une capacité réelle de négociation collective. 
 
Le statu quo n’est plus possible. Nous défendons une société de la reconnaissance, qui sache valoriser celles et ceux sans lesquelles elle ne tiendrait pas, dans la crise comme après. Travailleurs de l’aube et du soir, fonctionnaires de jour comme de nuit, soignants et enseignants dévoués, elles (très souvent) et ils sont en droit d’attendre bien sûr des primes immédiates et légitimes, mais aussi une amélioration significative et sans délai de leurs conditions d’emploi et de salaire, à commencer par le Smic. Lorsque ces personnes ont des enfants, la prise en charge par les employeurs des frais de garde, l’organisation de nouveaux centres de vacances dès 2020 avec les mouvements d’éducation populaire seraient aussi de justes rétributions. Le confinement a mis également en exergue la nécessité de reconnaitre le féminicide en droit français et de ne plus reporter un plan national d’ampleur contre les violences faites aux femmes et aux enfants, en doublant le budget alloué aux associations venant en aide aux victimes et aux lieux de prise en charge. 
 
Les Français vivent intensément les effets de l’affaiblissement de notre système de santé. Sous tension bien avant le tsunami du Covid19, l’hôpital public a été asphyxié par des années d’austérité budgétaire et la marchandisation de la santé. Une loi de programmation doit assurer au plus vite un financement pérenne des investissements des hôpitaux et des Ehpad, rompre avec la spirale des fermetures de lits et permettre la revalorisation des métiers de soignantes et soignants. Cette refondation permettra de retrouver une capacité de prévision et d’anticipation, et les moyens d’affronter collectivement les chocs de grande ampleur. Elle devra également garantir à tout moment la disponibilité des principaux médicaments sur le territoire national. Elle assurera enfin la réhabilitation des soins de premiers recours, efficients et réactifs face à de nouvelles crises et la fin des déserts médicaux, indignes de notre pays. 
 
L’avenir de notre économie et sa conversion écologique se jouent en ce moment. Le soutien public à la survie du système productif est vital. Il doit être associé à une conditionnalité environnementale et sociale exigeante. Des fleurons de notre économie sont au bord de la faillite, avec le cortège habituel de restructurations brutales et de chômage massif. Face à ces risques, la réaction de l’État en faveur de l’emploi doit être couplée à la mise en oeuvre accélérée de la transition écologique, à commencer par le respect des Accords de Paris sur le climat. C’est seulement ainsi que le sauvetage des emplois sera durable. Une politique industrielle crédible implique des choix stratégiques nationaux ; elle se construit dans chaque région avec toutes les parties concernées, entreprise par entreprise, branche par branche. La mobilisation doit intégrer pleinement les enjeux d’indépendance et de relocalisation, de recherche et d’innovation, mis en lumière de façon éclatante dans la crise actuelle. 
 
D’ici la fin de cette année, il appartient à la puissance publique d’identifier avec tous les acteurs les secteurs stratégiques à relocaliser au niveau français ou européen, les chaines de valeurs à contrôler et les productions à assurer au plus proche des lieux de consommation. Les événements récents confirment une fois de plus les fragilités de l’Europe quand elle se limite à n’être qu’un marché livré aux excès du libre-échange, renonçant à protéger son économie. La signature des traités qui amplifient cet abandon doit être stoppée, et ceux qui existent déjà révisés. Rien ne sera possible sans un pilotage ambitieux du système de crédit, avec un pôle public de financement et la BPI jouant enfin réellement son rôle. La mise en oeuvre de nationalisations là où il le faut doit permettre non de mutualiser les pertes, mais d’atteindre des objectifs d’intérêt général. Dans ce but, il faudra aussi miser davantage sur l’économie sociale et solidaire pour mieux ancrer l’économie dans les territoires et impulser le nouveau modèle de développement. 
 
Cette épidémie et sa propagation rapide sont liées à la destruction accélérée des habitats sauvages combinée à une mondialisation insuffisamment régulée. Elles renforcent l’urgence d’une remise en cause de notre mode de production et de consommation : la transformation écologique de la France est le nouveau défi de notre République au XXIème siècle. Cette prise de conscience des communs naturels à protéger et de l’impasse des modes de consommation actuels est essentielle, tout comme les combats de la gauche. Les propositions des participants de la Convention citoyenne pour le climat et sa méthode ont permis que progressent dans la société des projets d’une grande richesse. Les politiques publiques doivent être au rendez-vous de cette urgence planétaire. 
 
Nous proposons que soit discutée et mise en oeuvre rapidement une Prime pour le climat, afin d’éliminer en priorité les passoires thermiques et sortir les plus pauvres de la précarité énergétique. Elle accompagnera aussi les travaux de rénovation énergétique rendus obligatoires pour l’ensemble du bâti afin d’atteindre deux millions de logements par an, en privilégiant les rénovations complètes. Des dizaines de milliers d’emplois non délocalisables pourraient être ainsi créés. 
 
La France a besoin également de bâtir un plan ambitieux de transition vers une mobilité durable, pour soutenir l’électrification des motorisations, les modes de transports collectifs et partagés, la relance des réseaux ferroviaires, mais aussi l’extension du droit au télétravail dans des conditions protectrices pour les salariés. 
 
Conçue pour éviter un recours accru aux énergies fossiles, dont les prix baissent du fait de la crise, la Contribution Climat Énergie doit s’accompagner de mesures de redistribution de grande ampleur pour en compenser les effets sur les plus vulnérables. Une relance publique du soutien à la transition écologique locale est plus que jamais indispensable afin d’impliquer beaucoup plus les territoires et les citoyen.ne.s dans le déploiement des projets collectifs d’énergies renouvelables. Ces investissements supplémentaires dans la transition écologique devront être sortis des critères budgétaires européens. 
 
La refonte des aides de la PAC en soutien des petites et moyennes exploitations doit être accélérée, pour permettre une agriculture respectueuse de l’environnement, la croissance des productions bio, et pour développer le paiement des services environnementaux (stockage du carbone, arrêt des intrants chimiques...). Il faudra enfin donner toute sa place dans nos textes fondamentaux au droit de la nature et mettre en oeuvre de façon strict sur l’ensemble du territoire la politique du « zéro artificialisation nette » et la protection de la biodiversité. 
 
Ces investissements massifs, pour l’immédiat ou le futur, exigent un financement soutenable et équitable. L’engagement de l’Europe en est l’une des clés. C’est une nécessité qui conditionne la survie de l’Union, quand les forces de démembrement prospèrent grâce au manque de solidarité européenne dans chaque moment de crise. On attend de l’Europe qu’elle conduise durablement une politique monétaire à la hauteur du risque actuel, mais aussi qu’elle mette en oeuvre des formes inédites de financement en commun pour empêcher une hausse de l’endettement des États, en particulier les plus affectés par la crise sanitaire. Il faudra aussi dès les prochains mois engager le chantier de la restructuration des dettes héritées des crises successives. 
 
Tous les pays en ont en effet un urgent besoin pour permettre un nouveau départ et la transformation de leurs économies tellement interdépendantes. Ces financements européens ne sauraient être assortis des mesures d’austérité qui ont creusé entre les peuples des blessures encore inguérissables. Les conditionnalités aujourd’hui se nomment écologie, cohésion sociale et respect de la démocratie. Une transformation profonde des structures de l’Union européenne est indispensable pour rendre possibles ces politiques ambitieuses de solidarité. Cela implique la remise en cause du pacte budgétaire. 
 
Mais l’Europe ne pourra pas régler seule l’addition de la crise. Les États devront eux aussi apporter une réponse fiscale et budgétaire dans un esprit de justice. Pour corriger les inégalités creusées au cours des dernières décennies et aggravées par la crise, et pour prévenir l’effondrement de nos sociétés. La France doit rétablir un Impôt de solidarité sur la fortune, mettant à contribution les patrimoines les plus élevés, et renforcer la progressivité de sa fiscalité sur les revenus, notamment ceux du capital, largement érodée depuis 2017. Compte tenu de l’ampleur des dépenses engagées pour faire face à la crise, elle devra appeler une contribution anti-crise des citoyens les plus aisés. La taxation des secteurs qui ont bénéficié de la crise et de ceux qui ont décidé, au coeur de la tempête, de continuer à distribuer des dividendes ou à s’enrichir à l’abri des paradis fiscaux doit être proposée sans délai au Parlement. La maitrise à l’avenir des écarts de salaires au sein des entreprises participe de ces préalables de justice : au-delà d’un écart d’un à douze, il ne serait plus possible de déduire les rémunérations et les cotisations de l’impôt sur les sociétés. Ces choix sont inséparables d’une action ambitieuse pour que les bénéfices des sociétés multinationales cessent d’échapper largement à la fiscalité française, notamment en les obligeant à une totale transparence sur leurs activités et les taxes payées dans les pays où elles sont présentes. Cette reconquête ne sera complète que lorsque les géants du numérique contribueront par un impôt juste aux efforts d’investissement qui attendent la France et l’Europe. 
 
Ces mesures n’auront de sens et d’efficacité que si dans l’après-crise, une transition démocratique offre à tous la capacité d’agir pour un monde commun. La verticalité du pouvoir fracture la société. Elle alimente l’impuissance et la défiance. C’est l’échec de la Vème République. Seule une refondation de nos institutions permettra de le dépasser. Il est impératif de ne pas confier à un « sauveur suprême » ou au pouvoir technocratique « la sortie de crise », mais au contraire d’augmenter la participation des citoyen.nes aux décisions qui les concernent et cela à tous les niveaux. 
 
Réussir les transitions exige un développement des emplois publics partout où leur manque cruel se vérifie aujourd’hui. Il faudra aussi rénover l’action publique en inventant les outils, l’organisation, les métiers du secteur public de demain. Rien ne progressera sans des délibérations collectives, valorisant bien davantage les citoyens et leurs compétences, l’éducation, l’innovation sociale et la création culturelle, les territoires, villes et villages. 
 
Cet impératif s’adresse aussi aux entreprises : pour réussir la sortie de crise, il faut y faire entrer la démocratie en associant réellement les salariés à leur stratégie. Cela doit s’incarner dans une codétermination à la française avec la présence de 50% de représentants des salariés dans les conseils de surveillance ou les conseils d’administration des grandes entreprises et le renforcement des pouvoirs des représentants des salariés à tous les niveaux. 
 
Lourde de souffrances inédites, cette période ne doit pas confisquer les espoirs de changement, bien au contraire. Faisons place à l’action collective et à ces premières convergences. Pour être à ce rendez-vous de notre Histoire, nous proposons qu’un grand événement, une « convention du monde commun », réunisse dans les prochains mois toutes les énergies disponibles, les citoyennes et citoyens épris de profonds changements, les formations politiques, les forces associatives, les initiatives que portent syndicats et ONG. C’est une première étape cruciale et attendue pour une alternative démocratique, écologique et sociale. Nous voulons lui donner la force de notre engagement.
 
 
Premiers signataires* :
 
Syamak Agha Babaei, Christophe Aguiton, Amandine Albizzati, Claude Alphandery, Nathalie Appéré, Guillaume Balas, Jeanne Barseghian, Marie-Laure Basilien-Gainche, Laurent Baumel, Romain Beaucher, Anne-Laure Bedu, Jacqueline Belhomme, Esther Benbassa, Patrice Bessac, Olivier Bianchi, Habiba Bigdade, Loïc Blondiaux, Alice Bosler, Maurice Braud, Rony Brauman, Axelle Brodiez, Ian Brossat, Philippe Brun, Julia Cagé, Sophie Caillat, Andrea Caro, Fanélie Carrey-Conte, Lucas Chancel, Pierre Charbonnier, Christian Chavagneux, Alain Coulombel, Annick Coupé, Jezabel Couppey-Soubeyran, Françoise Coutant, Thomas Coutrot, Cécile Cukierman, Ronan Dantec, Joël Decaillon, Carole Delga, Stéphane Delpeyrat, Laurianne Deniaud, Emmanuel Denis, Gregory Doucet, Marie-Guite Dufay, Cécile Duflot, Antoine Dullin, Jérôme Durain, Guillaume Duval, Timothée Duverger, Nicolas Duvoux, Anne Eydoux, Olivier Faure, Rémy Féraud, Aurélie Filippetti, Diana Filippova, Alain Foix, Didier Fradin, Philippe Frémeaux, Guillaume Garot, Karl Ghazi, Jean-Luc Gleyze, Raphael Glucksmann, Daniel Goldberg, Guillaume Gontard, Gaëtan Gorce, Aziliz Gouez, Bernadette Groison, Florent Gueguen, Denis Guenneau, Hélène Hardy, Jean-Marie Harribey, Anne Hessel, Catherine Hoeffler, Pierre Hurmic, Marie-Hélène Izarn, Pierre Jacquemain, Yannick Jadot, Hugues Jallon, Vincent Joineau, Régis Juanico, Nina Karam-Leder, Pierre Khalfa, Yazid Kherfi, Hella Kribi-Romdhane, Thierry Kuhn, Joël Labbé, Guillaume Lacroix, Delphine Lalu, Aurore Lalucq, François Lamy, Sandra Laugier, Pierre Laurent, Guillaume Le Blanc, Joël Le Coq, William Leday, Claire Lejeune, Corinne Lepage, Elliot Lepers, Nadine Levratto, Medhi Litim, René Louail, Benjamin Lucas, François Mandil, Bénédicte Manier, Edouard Martin, Gus Massiah, Nora Mebarek, Dominique Meda, Philippe Meirieu, Claire Monod, Beligh Nabli, Naïri Nahapetian, Alexandre Ouizille, Christian Paul, Renaud Payre, Willy Pelletier, Camille Peugny, Maxime Picard, Thomas Piketty, Eric Piolle, Dominique Plihon, Dominique Potier, Alexis Poulin, Angèle Préville, Audrey Pulvar, Valérie Rabault, Jean-Paul Raillard, Gilles Raveaud, Sandra Regol, Nadine Richez-Battesti, Martin Rieussec-Fournier, Jacques Rigaudiat, Marie-Monique Robin, Johanna Rolland, Barbara Romagnan, Laurence Rossignol, Muriel Rouyer, Virginie Rozière, Michèle Rubirola, Bernard Saincy, Eva Sas, Mounir Satouri, Frédéric Sawicki, Laurence Scialom, Sabrina Sebaihi, Aissata Seck, Gabrielle Siry, Emmanuel Soulias, Jo Spiegel, Olivier Szulzynger, Sophie Taille, Bernard Thibault, François Thiollet, Isabelle This Saint-Jean, Stéphane Troussel, Henri Trubert, Hulliya Turan, Boris Vallaud, Najat Vallaud-Belkacem, Shahin Vallée, Antoine Vauchez, Denis Vicherat, Anne Vignot, Patrick Viveret.                                         * à titre personnel
 
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