Bien connu des Morlaisiens, le photographe et homme d’engagement Jean-Marc Nayet, s’est éteint brutalement lundi, en son domicile de Locquénolé à l’âge de 75 ans.
Originaire de Béthune, cet ancien employé d’Air France, amoureux de la Bretagne, mais aussi de la photo et de la pêche en Irlande, s’était installé avec sa femme Lucienne, dans le petit bourg de Locquénolé, au début des années 1990.
Homme de combat, compagnon de route du Parti communiste français, Jean-Marc Nayet était depuis toujours engagé dans de nombreuses causes sociales et humanitaires, utilisant son talent de photographe amateur pour couvrir et mettre en image les diverses manifestations de la vie locale, qu’elles soient politiques ou culturelles.
C’est dans ce cadre qu’il prendra part dans les années 2000, à un voyage en Palestine organisé à l’occasion du jumelage Morlaix-Wavel, un camp de réfugiés palestiniens au nord du Liban. Les photos qu’il en rapportera seront exposées par la suite dans des fêtes et dans des expositions, notamment à Traoñ Nevez, en Plouezoc’h. Mais au-delà de l’action politique, Jean-Marc Nayet était reconnu par tous comme un homme d’une grande gentillesse et comme un artiste d’une extrême sensibilité, ouvert à tous et présent dans beaucoup d’associations.
Son univers photographique s’étendait de la Bretagne à l’Irlande dont il était amoureux et où il passait une partie de l’année. Après une exposition sur les poilus à la Feuillée, il fut, avec Philippe Grincourt, un des deux photographes qui ont couvert le projet « Oeil Mosaïque » de l’artiste Pierre Chanteau.
Une cérémonie d’hommage à Jean-Marc Nayet aura lieu à l’espace funéraire de Saint-Thégonnec, samedi 8 février, à 17 h.
Jean Marc Nayet, ici à son domicile le 4 novembre dernier, lors de la préparation de l’exposition de photos de Poilus.
Jean-Marc Nayet est décédé à son domicile mardi 4 février à l’âge de 75 ans. Originaire de Béthune (Pas-de-Calais), il s’est installé, avec son épouse Lucienne, à Locquénolé en 2005, après une carrière à Air France. Adhérent du PCF, il réside alors à Champigny-sur-Marne, où Lucienne préside le Réseau du Musée de la Résistance Nationale. Depuis 2005, Jean-Marc Nayet est la cheville ouvrière du jumelage Morlaix - Wavel, du nom du camp de réfugiés palestiniens au nord du Liban, où il s'est rendu à plusieurs reprises, ainsi qu'en Palestine, en tant que photographe amateur engagé.
Photographie et engagement
Le 11 novembre dernier, les photographies de Jean-Marc Nayet, une quarantaine de photos de Poilus de La Feuillée, avaient investi les cimaises de la salle du Préau à Locquénolé. Avec son voisin photographe Philippe Grincourt, il a aussi photographié les yeux en mosaïque réalisés par l'artiste Pierre Chanteau et scellés sur les cales, jetées ou digues du littoral finistérien.
Un dernier hommage sera rendu à l'espace funéraire de Saint-Thégonnec, samedi 8 février à 17h.
L’annonce de la disparition brutale du photographe Jean-Marc Nayet de Locquénolé a provoqué une vague de réactions empreintes d’émotion, notamment sur les réseaux sociaux. Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère, parti politique auquel était attaché Jean-Marc Nayet, a notamment salué, dans un communiqué, « le cœur noué » un « compagnon de luttes et de rêve d’une autre société, animateur de l’association pour un jumelage Morlaix-Wavel (camp de réfugiés palestinien au nord du Liban où Jean-Marc Nayet avait été à plusieurs reprises), un homme sensible, vif, drôle et cultivé ».
Histoires d'images, images d'Histoire réalisé en 2014 par Moïra Chappedelaine-Vautier (54 mn) http://www.tebeo.bzh/replay/354-histoires-dimages-images-dhistoires/8880334
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:
38/ Edouard Mazé (1924-1950)
Ouvrier du bâtiment ; militant de la CGT à Brest (Finistère).
Frère du secrétaire général du syndicat CGT du bâtiment de Brest (manoeuvre chez Sainrapt et Brice), Édouard Mazé fut tué par les forces de l’ordre d'une balle en pleine tête lors de la manifestation du 17 avril 1950 à Brest.
Presque entièrement détruite en 1944, encore un énorme chantier de reconstruction en 1950, Brest vit de plein fouet les tensions de la guerre froide en pleine guerre d'Indochine.
Au mois de janvier avait déjà eu lieu dans le Finistère la grève des carriers d’Huelgoat, rejoints par les marins-pêcheurs qui protestent contre les importations de poissons puis par les fonctionnaires de Brest qui réclament le maintien de l’indemnité qui leur est versée au titre de « ville sinistrée ».
"Le 19 mars, ce sont plus de 5 000 ouvriers du bâtiment qui entrent à leur tour en grève, afin d’obtenir une augmentation de salaire. Ils sont bientôt suivis par les dockers du port de Brest et, peu à peu, la cité finistérienne prend des allures de forteresse assiégée par la grève générale. Elle durera plus d’un mois et sera sanglante.
Les manifestations se succèdent devant un impressionnant déploiement de forces de police jusqu’à la tragique journée du 17 avril 1950 : une fusillade éclate et Edouard Mazé, 26 ans, frère du secrétaire du syndicat du bâtiment, affilié à la CGT, s’effondre. Au final, le bilan est très lourd : un mort, de nombreux blessés dont certains gravement, à l’image de Pierre Cauzien, qui est amputé d’une jambe cinq jours plus tard. Edouard Mazé devient instantanément un emblème de la répression policière et se forge autour de lui une mémoire d’autant plus vive que l’enquête diligentée aboutit à un non-lieu" (Erwan Le Gall, site internet En Envor).
Sa mort provoqua un grande émotion et fait partie de la mémoire ouvrier de la ville et de la région. Ses obsèques ont lieu le 19 avril 1950. Un cortège accompagne les proches de l'ouvrier sur la tombe duquel figure l'épitaphe "Mort pour le pain, la paix et la liberté". L'enquête lancée à la suite de ce drame, au cours duquel un autre militant, Pierre Cauzien, est grièvement blessé, a abouti à un non-lieu.
Le cinéaste finistérien René Vautier, 20 ans, communiste, tout jeune auteur du brûlot anti-colonial "Afrique 50", se rend clandestinement à Brest à la demande de la CGT pour relater cette fin tragique dans son film Un Homme est mort (film disparu, mais à l'époque projeté 88 fois dans les rues de Brest, la 89e projection lui ayant été fatale), dont le titre et l'histoire ont été repris par une belle bande dessinée de Kris et Davodeau (Futuropolis, 2006), base d'un long métrage d'animation de Olivier Cossu sorti en 2017.
Ce titre "Un homme est mort" est emprunté à un poème d'Eluard en hommage au journaliste de L'Humanité et militant communiste Gabriel Péri, fusillé par les Nazis:
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli.
Après les grèves du bâtiment de 1950 et la mort d'Edouard Mazé le 17 avril 1950, le député communiste de Brest Gabriel Paul, ami de Pierre Cauzien, a accompagné la grande grève des travailleurs de l'Etat en 1951 et joué un rôle décisif à l'Assemblée Nationale pour la promulgation du décret du 22 mai 1951 qui alignait les salaires des travailleurs de l'Etat sur ceux des métallurgistes de la région parisienne. 1950 fut, dans le contexte de la lutte contre la guerre d'Indochine, des mouvements ouvriers et populaires dans un climat d'exaspération sociale liée à la misère, et de guerre froide, une période d'anti-communisme d’État très violent: ainsi les députés communistes du Finistère, Alain Signor et Marie Lambert, furent emprisonnés cette année-là pour avoir manifesté contre la guerre d'Indochine, comme Jacques Duclos, lui-même, pourtant figure de la résistance.
En 1950, "Brest dont il ne reste rien" comme l'a écrit Prévert dans le poèmeBarbara, connaît une reconstruction difficile après les bombardements. Brest compte plus de 15 000 ouvrier-e-s (un dixième de la population), dont 6 à 7 000 à l'Arsenal, autant dans la construction, le reste essentiellement des dockers. Si les salaires sont corrects pour l'époque car on a besoin d'eux (l'Arsenal construit même des navires marchands), on en exige beaucoup et les deux dernières catégories restent dans la précarité.
La construction emploie des Maghrébins, mais aussi des ouvriers venus des campagnes léonardes très catholiques que l'évêché incite à adhérer à la CFTC et même à prendre part aux grèves. Avec la scission FO-CGT, celle-ci, courroie de transmission du PCF, voit dans la scission comme une manœuvre des Etats-Unis dans le cadre des débuts de la guerre froide et de la guerre d'Indochine.
Néanmoins, une convergence s'opère même avec des militants de la CNT anarchiste présente à l'Arsenal. La manifestation, suite à l'Appel national du 12 mars 1950, pour la paix en Indochine et contre la misère est interdite par le maire RPF (gaulliste), Alfred Chupin. Cependant deux ou trois centaines d'ouvriers décident de manifester. Ils sont bloqués, mais le lendemain le jeu est calmé par quelques augmentations (dont celle de la future victime Edouard Mazé) malgré un affrontement musclé entre la police et les dockers en position de force, car ils contrôlent l'importation de vin d'Algérie et de charbon.
Un mois plus tard, la situation reste bloquée et une députée PCF (Marie Lambert) et deux délégués CGT venu-e-s porter plainte, sont arrêté-e-s. Le 16 avril, une manifestation unitaire est prévue. Dans la nuit du 16 au 17, le maire décide l'interdiction, appuyé par le député de droite André Collin, par ailleurs Secrétaire d'Etat à l'Intérieur. Face à une présence policière massive et des heurts violents, la situation s'aggrave et la police reçoit l'ordre de tirer dans la confusion générale, peut-être pour disperser la manifestation. Mais le résultat est là: 24 gendarmes et 9 CRS blessés (un seul devra se rendre à l'hôpital, le long duquel s'est déroulé l'affrontement!), 12 ouvriers hospitalisés et 14 autres blessés légers, mais un homme est mort, Edouard Mazé, qui accompagnait son frère, délégué CGT.
Le traumatisme est grand. Un an plus tard, une manifestation du souvenir a lieu, et en 1951-52, si les grèves et manifestations persistent et même s'intensifient, la police reçoit l'ordre d'éviter les affrontements.
La BD Un homme est mort, de Kris (scénariste) et Etienne Davodeau, s'articule aussi sur la personnalité de René Vautier, résistant à 15 ans, étudiant à l'IDHEC (Institut des Hautes Etutdes Cinématographiques), qui s'était déjà distingué par son premier film Afrique 1950 , commandé par la Ligue de l'Enseignement, mais que Vautier détourne de son objectif pour en faire un film anti-colinialiste, ce qui le conduit à l'acheminer clandestinement par le Sahara vers la France, où il restera 40 ans sous le boisseau. Natif de Camaret, il profite d'une campagne de pêche pour aller filmer en Irlande des militants de l'IRA, bien qu'il désapprouve leurs actions terroristes.
Rentré à Brest, il se trouve évidemment au cœur des événements. C'est ainsi qu'il filme la manifestation tragique du 17 avril. Après la mort d'Edouard Mazé, il décide de projeter le film dans les quartiers sur un drap à l'arrière d'une camionnette et dans des salles improvisées. Mais il a omis de faire des copies et après 150 projections le film se dégrade et casse. Seuls quelques bouts seront sauvés. En 2006, il s'avère que quelques "rushes" non utilisés par Vautier ont été donnés à un autre cinéaste engagé, Robert Ménégoz, qui les avaient utilisés dans son film Vivent les dockers. Et dans ces quelques images des années 50, le scénariste Kris découvre avec émotion le visage de son grand-père venu apporter avec d'autres camarades une gerbe de fleurs à l'endroit où est tombé Edouard Mazé*.
* A la présentation de la BD, le 14 décembre 2006 à Brest, Etienne Davodeau était absent. Restaient à la tribune Kris, Pierre Cauzien, amputé d'une jambe après sa blessure, et René Vautier, que je connaissais personnellement grâce à France-Algérie. Malheureusement, depuis, Pierre et René sont décédés.
Extrait de la BD de Kris et Davodeau Un homme est mort chez Futuropolis (2006)
Extrait de la BD de Kris et Davodeau Un homme est mort chez Futuropolis (2006)
Photo Le Télégramme: Le cinéaste René Vautier, 82ans, entre le portrait d'Édouard Mazé et l'un des frères de ce dernier, Ernest (de profil), était présent, hier, dans la ville qu'il a plusieurs fois filmée en ébullition.
Lire aussi nos autres publications pour l'année du centenaire du Parti communiste dans la série "100 ans d'engagements communistes en Finistère":
Sous un soleil éclatant, 400 manifestants à Morlaix ce 6 février 2020 pour la nouvelle journée de grève et de manifestation à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU, et ... du PCF:
La mobilisation est intacte et toujours aussi déterminée contre le projet anti-social et pro-finance de réforme des retraites de Macron et de sa majorité de "députés playmobil" (Fabien Roussel).
Plein de pensées tristes et émues pour Jean-Marc Nayet qui aurait dû être avec nous aujourd'hui... Et photographier la manif!
Morlaix Manif contre la réforme des retraites jeudi 06 février 2020
Et 3000 manifestants à Brest, 200 à Carhaix, 600 à 800 à Quimper, 150 à Quimperlé.
4000 à Rennes, 800 à Lorient, 600 à Saint-Brieuc.
1000 à Evreux, 10 000 à Toulouse, 1000 à Montauban, 1500 à Rodez, 1800 à Tours, 5000 à 7000 à Bordeaux, 1500 à Orléans, 2000 à Poitiers...
L'intersyndicale CGT, Force Ouvrière, FSU et Solidaires, FIDL, MNL, UNL et UNEF s appelait ce 6 février au soir à une nouvelle journée d'action le 20 février.
Communiqué intersyndical du 6 février 2020
Publié le 6 fév 2020
Le retrait, point. Les journées des 5 et 6 février ont été de nouveaux temps forts de mobilisations et de grèves, de la jeunesse et des salarié.es.
Chaque semaine et ce depuis le 5 décembre, des A.G se multiplient sur les lieux de travail, dans les lycées et universités malgré les diverses pressions.
En aucun cas la réponse à la crise sociale ne peut être une répression à l’encontre de celles et ceux qui expriment un désaccord.
Chaque jour des actions et des initiatives sont organisées dans tous les territoires. Le rejet de la réforme et la détermination d’obtenir le retrait sont intacts et se propagent de manière inéluctable.
Notre intersyndicale partage et porte des propositions sur le financement et l’amélioration de notre système de retraite solidaire et intergénérationnel.
Elle travaille à l’organisation d’une contre-conférence nationale courant mars, déclinée localement, pour débattre largement et publiquement des solutions et propositions envisageables pour un projet sérieux d’amélioration des régimes de retraite.
De même, au-delà de l’opinion publique défavorable au projet de réforme, les différentes caisses de retraites comme les institutions, dont la plus haute, celle du Conseil d’Etat, ont toutes acté un avis critique voire négatif. Continuer à vouloir imposer ce projet relève de la part du gouvernement d’un vrai déni de démocratie.
Nos organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL et UNEF sont persuadées que cette mobilisation inédite et historique vaincra.
Elles appellent au renforcement et à la continuité de la mobilisation et de la grève là où les salarié.es le décident.
Elles engagent à tenir des AG, à poursuivre durant la période à venir des actions diverses de mobilisations et d’informations larges de la population, à multiplier les initiatives locales et interprofessionnelles pour créer les conditions d’une journée d’ampleur.
Elles appellent à préparer d’ores et déjà de nouveaux temps forts de mobilisation, autour du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Elles seraient effectivement les plus grandes perdantes, avec ce projet de loi sur les retraites.
C’est dans ce contexte de mobilisation continue que nos organisations syndicales et de jeunesse, appellent l’ensemble de la jeunesse, des salarié.es, des privé.es d’emploi, des retraité.es à une nouvelle journée de convergence de grèves et de manifestations le 20 février.
L’intersyndicale se réunira le 20 février pour définir les suites.
1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère
37/ Guy Liziar (1937-2010)
Notice biographique du Maitron en ligne - Jacques Girault et Alain Prigent
Né le 7 février 1937 à Quimerch (Finistère), mort le 14 novembre 2010 à Brest (Finistère) ; instituteur ; militant communiste dans le Finistère, maire du Relecq-Kerhuon.
Fils d’un ajusteur mécanicien et d’une future couturière d’opinions communistes, Guy Liziar reçut les premiers sacrements catholiques. Il obtint le baccalauréat « Mathématiques élémentaires » et devint instituteur. Après avoir travaillé comme surveillant dans un collège technique, il enseigna à Treffiagat et à Lesconil, à l’école primaire Kergoat dans la ZUP de Brest, puis à partir de 1970, au Relecq-Kerhuon. Il se maria en août 1963 au Relecq-Kerhuon avec Marie-Louise Léost, assistante sociale, communiste, fille d’un maçon socialiste. Le couple eut trois enfants puis divorça. Liziar se remaria en mai 1992 au Relecq-Kerhuon, avec Marie-Hélène Aubert, fille d’un secrétaire comptable à l’arsenal maritime de Brest.
Membre du Syndicat national de l’enseignement technique en 1958, Liziar devint membre du Syndicat national des instituteurs.
Liziar adhéra au Parti communiste français et aux Jeunesses communistes en mars 1959. Il entra au bureau de la fédération des JC, puis fut membre du secrétariat de la section communiste du Relecq-Kerhuon, chargé de l’organisation et de la commission des fêtes. Responsable de l’organisation départementale de Loisirs et vacances de la Jeunesse, il entra au comité de la fédération communiste en 1966, puis de la fédération Finistère-Nord à partir de 1972, responsable de la commission « vie municipale et cantonale » à la fin des années 1970, et y resta jusqu’en 1987, année où il demanda à être libéré pour s’investir davantage dans les associations.
Il était en effet membre du conseil d’administration du patronage laïque et militait dans le comité local de l’association de parents d’élèves. Depuis 1964, il avait créé des centres nautiques (Esquibien près d’Audierne, puis Lechiagat-Le Guilvinec, puis du Relecq-Kerhuon et de Camfrout). Il créa en 1977 une association TUL qui se transforma après des difficultés, à partir de 1990, en « Association vacances, évasions, loisirs » qui acheta la « Résidence-club Le Savoy » au Grand-Bornand (Haute-Savoie) dont il s’occupa avec d’autres bénévoles.
Liziar fut le suppléant du candidat communiste Yves Cam aux élections législatives dans la troisième circonscription (Landerneau) en 1967 et en 1968. Candidat aux élections législatives dans cette circonscription (Brest II) en 1973, il obtint 3 392 voix sur 64 760 inscrits (6, 18 % des suffrages exprimés au premier tour). Candidat aux élections législatives de 1978 dans la même circonscription (5 402 voix au premier tour, 77 410 inscrits), au Conseil général en 1970 (canton de Landerneau), en 1973, en 1976 (canton de Brest 2, Guipavas-Kerhuon-Guesnou), en 1982 dans le septième canton de Brest, il fut également candidat aux élections régionales.
Candidat sur la liste présentée par le PCF aux élections municipales de 1971 au Relecq-Kerhuon, chef de file des communistes sur la liste d’union de la gauche en 1977, Liziar fut élu et devint maire de la commune. Pendant son mandat, il réalisa des aménagements de logements sociaux, une maison des associations et une salle des fêtes.
Vice-président de la communauté urbaine de Brest, il fut chargé des questions des eaux, de l’assainissement, de la collecte des déchets et du service public de ramassage. Il présidait aussi le syndicat mixte de l’aménagement hydraulique de l’Elorn et de la rivière de Daoulas (construction du barrage de Drennec). Il fut élu, le 25 novembre 1979 au congrès de Pantin, au conseil national de l’association des élus communistes et républicains. La liste qu’il conduisait fut battue en 1983 par la droite mais il resta conseiller municipal minoritaire jusqu’en 2008. Il apporta son soutien à la liste d’union conduite par un militant socialiste qui l’emporta contre la droite qui administrait la commune depuis 1983.
Liziar mourut à la clinique Pasteur de Brest. La presse régionale et diverses personnalités de tendances politiques différentes lui rendirent hommage.
https://maitron.fr/spip.php?article139276, notice LIZIAR Guy, Edouard, Paul. par Jacques Girault, Alain Prigent, version mise en ligne le 9 janvier 2012, dernière modification le 9 janvier 2012.
Guy Liziar Photo Le Télégramme
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En dépit des dénégations du gouvernement, le projet de réforme des retraites a bien pour objet de favoriser la capitalisation. Officiellement, c’est pour la bonne cause : assurer le financement de l’économie française. Dans les faits, il s’agit de transférer tous les risques sur les épargnants. Ce qui ne peut que créer un choc de défiance.
C’est le dernier article du projet de loi sur la réforme des retraites. Mais pour beaucoup, en tout cas pour les banquiers et les assureurs, c’est l’article essentiel : la voie royale de la retraite par capitalisation est ouverte !
Bien que le gouvernement se défende de vouloir toucher au régime de retraite par répartition, il met tout en œuvre pour installer la capitalisation. D’abord sur un mode volontaire – en attendant que la capitalisation devienne ensuite obligatoire. Dans le projet de loi touffu de la réforme, l’article 64 vient compléter à point le travail de sape engagé par la loi Pacte (lire notre article) : « Les organismes de retraite professionnelle supplémentaire constituent, dans ce cadre complété, des véhicules spécifiquement conçus et adaptés pour porter des engagements de retraite et pour financer l’économie sur le long terme, en dégageant une performance attractive pour les épargnants. »
Mais naturellement c’est pour la bonne cause : « Le secteur de l’assurance est appelé à se mobiliser, afin que le recours à ces véhicules se généralise et que l’économie française puisse ainsi bénéficier pleinement du dynamisme de l’épargne retraite généré par la loi PACTE. »
Assurer le financement de l’économie, c’est l’argument massue qu’avait avancé le gouvernement lors de la suppression de l’impôt sur la fortune. Toutes ces sommes inutilement captées par l’État allaient se recycler vertueusement dans l’économie, assurait alors le ministre des finances. Trois ans après la suppression de l’ISF, la démonstration se fait encore attendre. « Sans surprise, l’étude de l’institut des politiques publiques identifie d’ores et déjà une baisse significative des fonds propres des entreprises concernées, causée par la reprise de la distribution des dividendes au profit des actionnaires », note le rapport du Sénat sur l’évaluation de la suppression de l’ISF. Dans le même temps, les fonds investis dans les PME et qui ont donné le droit à déduction sur l’ISF (581 millions d’euros en 2017) se sont volatilisés, selon ce même rapport.
Le ministre des finances Bruno Le Maire recycle aujourd’hui le même argument du financement de l’économie. À une différence près cependant : alors que le gouvernement avait opté pour le laisser-faire à l’égard des plus fortunés au moment de la suppression de l’ISF, il choisit aujourd’hui la répression financière afin de contraindre par tous les moyens les Français à se tourner vers les produits d’épargne proposés par les banques et les assurances.
La baisse du taux du livret A, porté à 0,5 %, soit son plus bas historique, s’inscrit dans ce cadre. Il s’agit de disqualifier l’épargne réglementée, honnie par les milieux financiers mais privilégiée par les Français, « afin de les inciter à diversifier leurs placements et choisir une épargne longue pour assurer le développement de l’économie », reconnaît Bruno Le Maire. De même, la réforme des retraites doit servir à réorienter l’épargne et assurer le financement de l’économie à long terme.
Mais pourquoi une telle insistance ? La France ne manque pas d’argent. Il n’y en a même jamais eu autant. Avec un taux d’épargne de plus de 15 %, les ménages français figurent même parmi les Européens les plus économes. Sauf à être cachée entre deux piles de draps, toute cette épargne sert tous les jours à faire fonctionner et financer l’économie. Mais elle serait trop mal orientée, selon le monde financier.
« La vulgate financière, en France notamment, reflète un large éventail de convictions communes parmi les praticiens ou les professionnels de la finance et les politiques libéraux […]. Un de ses leitmotiv est de déplorer le manque d’épargne financière et risquée des ménages, épargne qui serait absolument requise pour financer les investissements productifs considérables et nécessaires à la croissance », écrivent Luc Arrondel et André Masson, tous les deux économistes, directeurs de recherche au CNRS et membres du Paris School of Economics, dans un article décapant publié dans Capitalisme : le temps des ruptures (Odile Jacob), un livre écrit à plusieurs mains dirigé par l’économiste Michel Aglietta.
« Pour la vulgate, poursuivent les deux économistes, “la faute” en incomberait d’abord aux ménages eux-mêmes, trop frileux et peu éduqués financièrement, mais aussi à l’État du fait d’une fiscalité inadaptée et de réglementations tatillonnes et accessoirement aux nouvelles normes ou réglementations internationales, comptables ou prudentielles, adoptées depuis la crise. »
Souscrivant sans le moindre recul à cette analyse, le gouvernement entend lever tous ces obstacles pour « libérer les énergies », et réformer dans les moindres recoins. Afin de mettre la totalité de l’épargne française à la disposition de la finance. Mais tant d’efforts sont-ils justifiés ? Les changements peuvent-ils produire les effets escomptés par le gouvernement ? Retour sur la capitalisation et les fictions du financement de l’économie.
L’épargne des Français est-elle si mal orientée que cela ?
Les Français épargnent, épargnent beaucoup même. Chaque année, ils réservent en moyenne 15 % de leurs revenus disponibles. Seule l’Allemagne fait plus : le taux d’épargne s’y élève à plus de 17 %. Mais l’Italie, l’Espagne épargnent beaucoup moins (10 %), la Grande-Bretagne encore moins (6 %), sans parler des États-Unis où le taux d’épargne est à peine au-dessus de 2 %.
Selon la comptabilité nationale, la valeur totale des patrimoines des Français s’élevait à 13 125 milliards d’euros en 2017, soit 5,7 fois le PIB français. Depuis le début des années 2000, cette valeur a plus que doublé. Une fois l’endettement des ménages déduit (1 631 milliards d’euros), le patrimoine total s’élevait à 11 494 milliards d’euros. Cette accumulation de capital cependant est très inégalitaire : 50 % du total des patrimoines est détenu par les 10 % les plus riches en France.
Les Français gèrent-ils très mal toute cette épargne ? Non, répondent Luc Arrondel et André Masson dans leur article. Reprenant les chiffres de la comptabilité nationale, les statistiques européennes, la conclusion des deux économistes est sans appel. Les Français ne sont ni plus incultes en matière d’économie, ni plus timorés que les autres épargnants. Ils sont dans la moyenne.
La priorité des Français, c’est le logement. Les actifs immobiliers représentent 60 % du patrimoine total des ménages. Cette importance de l’immobilier explique en partie la très forte augmentation des patrimoines ces dernières années : les prix de l’immobilier, surtout dans les grandes villes, ont explosé.
Mais le comportement des Français ne diffère pas de celui des Européens. En Italie, en Espagne, en Belgique, les ménages consacrent une grande partie de leur épargne, voire beaucoup plus que les Français pour se constituer un patrimoine immobilier.
Il existe une exception européenne : l’Allemagne. Pour des raisons historiques, qui ont amené à la constitution de parcs locatifs très importants détenus par les villes ou des institutions mutualistes, les ménages allemands ont moins éprouvé le besoin d’accéder à la propriété et d’acquérir leur logement que dans le reste de l’Europe. La part de l’immobilier représente à peine 40 % de leur patrimoine. Cette situation cependant est en train d’évoluer très vite. La hausse des prix de l’immobilier et des loyers dans les grandes villes, en particulier à Berlin, pousse de plus en plus de ménages à acheter leur logement.
Les 40 % restants de l’épargne française sont consacrés à un patrimoine financier. Mais là encore, les comportements d’épargne présentent de nombreuses similitudes d’un pays européen à l’autre. L’épargne liquide ou quasi liquide prédomine partout. Elle est même beaucoup plus élevée en Italie et en Allemagne (48 %) qu’en France (36,4 %).
Les banques et les assurances françaises la considèrent pourtant comme trop élevée. Et surtout stérile. Le livret A, support premier de cette épargne court terme disponible à tout moment, empêcherait les investissements à long terme. Ce qui est totalement faux. Les avoirs du livret A permettent de financer des projets de logements sociaux qui représentent souvent des engagements sur 50 ou 60 ans. Combien de placements dit de long terme, gérés par les banques et les assurances, prennent des engagements sur de si longues périodes ? Pratiquement aucun.
Pour le reste, l’épargne financière européenne est surtout constituée par des placements reposant sur des produits de dettes, obligataires essentiellement. La grande différence entre les pays européens est liée à des placements qui ont été orientés par des décisions fiscales et réglementaires. L’Italie a ainsi privilégié la détention directe des obligations d’État ou des grandes institutions par les épargnants : 20,5 % de l’épargne italienne est placée en obligations contre 3,4 % en Allemagne et à peine 1 % en France.
En France, la détention de titres obligataires est indirecte. Parce que les gouvernements français successifs ont décidé depuis plusieurs décennies d’orienter par des incitations fiscales l’épargne vers l’assurance-vie, celle-ci a une place prépondérante dans la composition des patrimoines des Français. Elle représente 39,4 % du patrimoine financier des ménages contre 24,4 % en Allemagne et à peine 7,2 % en Italie.
Les fonds récoltés par l’assurance-vie en France représentent quelque 1 500 milliards d’euros. Des sommes qui normalement sont censées irriguer toute l’économie, la gestion en étant confiée à des gestionnaires professionnels (banques ou assurances). Par bien des aspects, ces produits s’apparentent aux fameux fonds de pension que ceux-ci veulent développer. Mais, pour les financiers, ces produits ont des tares irrémédiables : ils sont trop réglementés et doivent offrir des garanties de maintien du capital. Cela empêcherait des investissements à risque, selon eux. Et cela augmente aussi leurs obligations prudentielles et leur ratio de solvabilité, tout en leur imposant d’immobiliser plus de capitaux, surtout.
Un premier verrou a été discrètement levé juste avant Noël. Par arrêté, le gouvernement a autorisé les assureurs-vie à comptabiliser la provision pour participation aux bénéfices dans les fonds propres des compagnies. En d’autres termes, la partie des gains qui revient chaque année aux assurés et leur appartient peut être annexée pendant huit ans dans les fonds propres des assureurs, si ceux-ci ont des difficultés à respecter leur ratio de solvabilité. C’est un premier pas. Mais pour le monde financier, ce sont tous les verrous qui doivent sauter, afin de faciliter la prise de risque.
L’ennui, pour eux, est que les épargnants français n’aiment pas assez le risque. Mais en cela, ils sont comme tous les autres ménages européens. La part des actifs financiers risqués (actions, fonds communs de placements, parts de fonds, etc.) représente à peine 15 % du patrimoine des ménages européens. Cette part varie sensiblement selon la fortune des ménages : plus ceux-ci sont aisés, plus ils investissent dans des placements risqués.
De même comme tous les Européens, les Français investissent peu en bourse (moins de 10 % de leurs actifs). Comme les Belges, les Allemands ou les Néerlandais, ils ont abandonné les marchés boursiers après la crise de 2008 pour y revenir après 2014, sur la pointe des pieds.
Le rêve des PME allemandes
Pas un discours sur l’industrie en France ne se tient sans qu’il n’y ait une référence aux PME allemandes. Le 21 janvier, Emmanuel Macron n’a pas échappé à la règle. Recevant quelque 500 dirigeants d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) à l’Élysée, après avoir accueilli la veille 500 PDG de multinationales à Versailles, il s’est lancé dans un vibrant hommage du modèle allemand. « Quand on se compare, on observe que c’est en effet une potentielle faiblesse française de ne pas suffisamment mettre l’accent sur ces ETI », a souligné le chef de l’État.
Pour le gouvernement, le « Mittelstand », ce réseau de moyennes entreprises industrielles allemandes, souvent familiales, parfaitement intégrées dans l’appareil productif, c’est le Saint-Graal industriel. Le modèle qu’il faut absolument reproduire. Si la France n’y parvient pas, selon lui, c’est que les entreprises ne disposent pas de suffisamment de fonds propres pour se développer, que l’argent leur manque. D’où la nécessité de réorienter l’épargne française pour les aider.
L’ennui est que ce cercle censé être vertueux n’existe que sur le papier. Le capitalisme actuel fonctionne sur la dette. C’est encore plus vrai en Europe où le financement des entreprises repose sur le crédit bancaire et non sur le marché des capitaux, comme aux États-Unis. Cette réalité est si bien admise que la Banque centrale européenne n’a cessé d’invoquer les besoins de financement de l’économie réelle pour justifier toutes ses mesures monétaires exceptionnelles (LTRO, QE, TLTRO, etc.) pour soutenir les banques et le secteur financier. En négligeant au passage le problème de transmission monétaire : l’essentiel des moyens engagés par les banques centrales a été capté uniquement par le monde financier.
C’est un des problèmes auxquels se heurtent les PME françaises. Face à des équipes bancaires interchangeables, ignorant tout des secteurs industriels, travaillant selon des procédures d’engagements normées, les dirigeants d’entreprise ont de plus en plus de difficulté à trouver des interlocuteurs acceptant de les accompagner, d’avoir accès au crédit.
Une des clés de la réussite allemande repose sur le fait qu’elles ont pu s’appuyer sur des réseaux bancaires locaux ou régionaux, connaissant parfaitement leurs clients industriels, acceptant de les accompagner mais aussi les contrôlant. (Tout est loin cependant d’être parfait. En 2008, l’État allemand a dû massivement intervenir pour renflouer ces caisses d’épargne en pleine déroute.)
La France a fait tout l’inverse. Avec un acharnement qui mérite d’être souligné, elle a détruit à partir du milieu des années 1980 tous les outils financiers sur lesquels pouvaient compter les dirigeants d’entreprise. Le Crédit national, institution bancaire publique qui était un des moyens de soutien aux PME, a été liquidé, privant au passage l’appareil d’État d’un outil très fin de connaissances des réalités industrielles sur le territoire. Les sociétés de financement régionales ont été privatisées pour le plus grand bénéfice de quelques amis. Tous les produits financiers (crédits à taux bonifiés, aides sélectives, financement de filière) ont été supprimés. Il ne reste que des dispositifs indifférenciés (CICE, CIR, etc.), arrosant grands et petits sans distinction et sans contrepartie.
La deuxième clé du succès des PME allemandes est encore plus compliquée à réaliser. Leur réussite tient beaucoup à une intégration, menée de très longue date, de chaînes de valeur industrielle, où la coopération, même si elle est parfois très rugueuse, entre grands groupes et sous-traitants existe, où il y a partage des connaissances, des innovations, des techniques, des marchés, de la valeur.
En défendant au-delà du raisonnable le modèle des « champions nationaux », les gouvernements successifs ont choisi la voie exactement inverse. Ils ont applaudi à tous les rachats des PME qui faisaient de l’ombre aux grands groupes. Ils ont encouragé l’assèchement du tissu industriel et des innovations. Tout devait être mis à la disposition de nos « champions ».
Les rapports entre les grands groupes et les PME françaises relèvent désormais de la subordination plus que de la coopération ou de l’intégration dans une chaîne de valeur. Les petites entreprises vivent sous la menace constante du laminage des prix et des marges, des délocalisations, et de l’abandon des commandes. Ce sont les PME qui doivent assumer les risques, les frais de développement, la compression des coûts, les retards de paiement en lieu et place des grandes entreprises. Les surprofits (88 milliards d’euros en 2018) que dégagent aujourd’hui les groupes du CAC 40 disent aussi cela : ils ne sont pas seulement le reflet de leur performance, mais aussi d’un accaparement de la valeur non seulement au détriment des salariés, mais aussi de leurs sous-traitants.
Ce n’est pas une nouvelle orientation de l’épargne qui pourrait corriger les tares de ces organisations du système productif auxquelles le gouvernement n’apporte aucun remède. D’ailleurs, de l’argent il y a en déjà. Au cours du seul premier semestre 2019, huit milliards d’euros ont été à nouveau levés auprès d’investisseurs institutionnels pour alimenter les fonds de capital risque, selon l’association France Invest qui regroupe les principaux intervenants de capital-risque.
Mais cet argent est essentiellement investi dans les sociétés existantes, qui se voient imposer des taux de retour sur capitaux toujours plus élevés. Pour ces fonds comme pour le private equity (fonds d’investissements privés), l’entreprise n’est qu’un bien comme un autre, à acheter, à vendre, à endetter, à dépecer. La multiplicité des exemples de ces PME totalement essorées illustre ces pratiques de prédation (lire ici, là ou là encore). Apporter une épargne supplémentaire à ces fonds sans rien changer à leurs méthodes et leurs critères de rendement ne servira qu’à alimenter un secteur qui, de l’aveu même des connaisseurs de ce milieu, connaît une véritable bulle.
Pourquoi la bourse ne finance plus l’économie
C’est un autre sujet régulièrement apporté par le monde de la finance : les marchés boursiers sont, selon eux, le meilleur moyen de financer l’économie réelle, de permettre aux entreprises de renforcer leurs fonds propres et de se développer. Pourtant, les marchés boursiers n’ont toujours financé que très partiellement l’économie et les entreprises. Et depuis plus d’une décennie, ils n’assurent pratiquement plus cette fonction.
Le vrai financement des entreprises en bourse intervient lors des introductions en bourse, des augmentations de capital, lorsque les entreprises lèvent des fonds pour renforcer leurs bilans ou pour financer des projets. C’est ce que les économistes appellent le marché primaire. Mais ce marché primaire a quasiment disparu au cours des quinze dernières années, de l’aveu même de l’Autorité des marchés financiers (AMF). « Partout les introductions en bourse ont été décevantes, voire en net repli. Si à Paris elles sont plus nombreuses qu’en 2017 (34 contre 28), elles concernent des valeurs de plus petite taille et ont collecté moins de capitaux nouveaux (1,1 milliard d’euros contre 2 en 2017). De même, les émissions de titres de capitaux sont en recul, avec seulement 2 milliards levés (au lieu de 14 milliards en 2017) », indique l’autorité boursière dans son rapport de 2018, le dernier disponible.
Tout laisse penser que les chiffres seront à peu près les mêmes en 2019, en France comme à l’étranger. Car la bourse n’est plus maintenant qu’un marché secondaire, un marché d’occasion, où s’échangent et se négocient les actions existantes, sans relation avec les entreprises : celles-ci ignorent souvent l’identité de leurs actionnaires.
Et pour cause : la durée moyenne de détention des actions n’a cessé de s’effondrer. Aux États-Unis, elle serait autour de 20 secondes, selon des chiffres avancées par un universitaire américain, Michael Hudson, en janvier 2011. En France, les dernières évaluations remontent à 1999. Elles ont été faites par la Banque de France. À l’époque, les ménages détenaient leurs actions pendant 2 ans et 10 mois, les sociétés pendant 9 ans et 10 mois, et les fonds d’investissement, pendant 1 an et 1 mois. Pour les clients non résidents en France, la moyenne tombait à 4 mois. Tout porte à croire que ces durées ont été considérablement raccourcies. Alors que la finance s’est convertie au trading à haute fréquence, aux interventions à la nanoseconde, la durée moyenne doit tourner autour de quelques secondes. Ce qui donne une illustration de la vision long terme des investissements.
Loin d’assurer un financement des entreprises, les marchés boursiers sont devenus au contraire une arme de captation et de destruction du capital et des profits. Ils exigent des rendements, toujours plus de rendements. Le taux de distribution des profits atteint des records. Et les entreprises françaises du CAC 40 figurent parmi les premières de la classe : en 2019, elles ont distribué 49,2 milliards d’euros de dividendes, soit 58 % de leurs bénéfices, selon la Lettre Vernimmen de janvier.
Mais cela ne s’arrête pas là. Le capitalisme financier est devenu cannibale, exigeant la destruction du capital par le biais des rachats d’action. Instituée au cours des années 1990, cette pratique s’est généralisée et fait des ravages. En 2019, les groupes du CAC 40 ont dépensé 11 milliards d’euros pour racheter leurs actions. Aux États-Unis, selon les dernières estimations, les rachats d’action ont atteint la somme gigantesque de 850 milliards d’euros.
De l’argent pour soutenir des actions, souvent en pure perte. Entre 2008 et 2018, le groupe américain GE a dépensé 67,1 milliards de dollars en rachats d’actions qui sont venus s’ajouter à 105,2 milliards de dollars de dividendes. Résultat ? L’action GE a été divisée par deux en dix ans, elle a même perdu 75 % de sa valeur fin 2018 par rapport à 2016. Et le groupe licencie à tour de bras, incapable de financer les bouleversements dans ses activités.
En quoi orienter l’épargne française vers des placements dans une économie de casino permettrait-il de mieux financer l’économie réelle ? Mystère.
Le transfert du risque sur les épargnants
Dans une note récente, Patrick Artus, directeur des études chez Natixis, s’est interrogé sur la situation des salariés français s’ils avaient eu un régime de retraite par capitalisation depuis 1980. Sa conclusion était sans appel : la capitalisation permettait de bénéficier d’une retraite bien plus élevée que la répartition. Selon ses calculs, un euro cotisé en 1982 rapporterait 1,93 euro en 2019 dans notre système par répartition mais 21,90 euros dans un système par capitalisation « Le coût d’avoir eu, depuis 40 ans, seulement de la retraite par répartition est donc considérable », concluait-il de façon définitive.
Cette note a déclenché une volée de critiques de la part de nombreux économistes, dénonçant la fantaisie de ces calculs. « Si on reprend ceux de Patrick Artus, on arrive à ce résultat manifestement absurde selon lequel les retraites représenteraient aujourd’hui 156 % du PIB au lieu de 13,8 % », a répliqué l’économiste Michel Husson, membre d’Attac sur son blog. Ironisant sur la pensée magique qui a fait de nombreux émules dans l’histoire économique, il rappelait quelques principes de base, notamment que les rendements du capital ne peuvent être élevés qu’à la condition que les détenteurs soient peu nombreux. « L’extension de leurs privilèges à d’autres couches sociales impliquerait leur “évaporation”. » Avant de conclure : « La valorisation fictive d’actifs financiers, déconnectée de l’économie réelle, ne peut que s’effondrer. »
Il n’y a pas que lui à lancer cet avertissement. De plus en plus d’analystes de banque, dont JPMorgan, Deutsche Bank, CIT, de grands gestionnaires dénoncent la dangerosité du système financier. Un système qui, bien que censé être en régime normal, ne sait plus vivre sans l’assistance permanente des grandes banques centrales. Quelque 11 000 milliards de dollars ont été déversés dans la planète financière depuis 2008. Le monde financier croule désormais sous des liquidités mal investies, qui provoquent des bulles d’actifs partout, des montagnes de dettes, et un dérèglement généralisé d’une finance qui n’a plus aucun lien avec l’économie réelle. Immanquablement, ces bulles finiront par exploser, prédisent les uns et les autres.
Déjà de nombreux fonds de pension, implantés depuis fort longtemps, rencontrent les plus grandes difficultés à se maintenir à flot. Alors quel est l’intérêt d’inciter des épargnants à aller vers la capitalisation alors que tout est à des niveaux stratosphériques et ne peut que descendre à un moment ou un autre ? La crise de 2008 a donné un aperçu des conséquences d’un effondrement des marchés pour les fonds de pension. D’un seul coup, des retraités américains, en première ligne dans la débâcle, ont vu leur retraite fondre de 30 %, 40 %, parfois 70 %. Certains d’entre eux totalement ruinés ont dû, à 70-75 ans, reprendre des petits boulots – livreurs, laveurs de voiture, coursiers – pour avoir un minimum de revenus.
Les banquiers et les assureurs, dans leur publicité, se gardent bien de mettre en garde les épargnants de ces risques éventuels. Pourtant, ils sont inévitables et même directement recherchés par les financiers. « Tous les fonds de pension appliquent aujourd’hui le principe de la cotisation définie pour éviter toute responsabilité en cas de mauvais rendement des systèmes privés d’épargne retraite », insiste Francesco Saraceno, directeur adjoint du département des études à l’OFCE, Sciences Po – USPC dans une étude sur les limites du projet de réforme français.
Mais c’est bien cela le vrai but poursuivi par les banquiers et les assureurs dans leur campagne pour la capitalisation : supprimer les garanties de capital telles qu’elles existent dans l’assurance-vie ou les produits réglementés et faire supporter tout le risque à l’épargnant. Un risque pouvant aller jusqu’à la disparition totale du capital engagé.
Un choc de défiance
Ce n’est pas le moindre des paradoxes du capitalisme actuel. Tout en revendiquant la prise de risques, à des rendements du capital exorbitants et des rémunérations hors norme, le monde financier et les grands groupes ne cessent de réclamer des garanties, des protections, des sécurités. Ils ont installé un capitalisme de rente protégé, normé, contractualisé, qui leur permet de poursuivre les États, mais interdit l’inverse.
Car dans le même temps, ils ne cessent de demander la suppression de toutes les garanties et des protections pour les salariés. Droit du travail, assurance-chômage, protection sociale et de santé, retraites… tout ce qui assure un minimum de protection au monde du travail, une mutualisation des risques par la collectivité leur paraît relever de privilèges exorbitants.
Ce programme de mise à bas des droits et des protections, d’insécurité sociale, créant précarité et incertitudes chez tous, est appliqué à la lettre depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron. Les Français voient se défaire sous leurs yeux leur statut, leurs protections, leur sécurité, leurs droits, leurs aides, leurs services publics. Comment prétendre dans le même temps créer un choc de confiance pour inciter les épargnants à prendre plus de risque ? Le gouvernement pourrait bien obtenir l’effet exactement inverse : il est en train de créer un choc de défiance.
L’enchaînement des réformes, l’effacement de tous leurs repères et cadres, créent un climat d’instabilité et d’insécurité généralisé, qui interdit de se projeter dans le futur, de rêver l’avenir. Ce qui ne peut que provoquer des réflexes de prudence, voire de paralysie, comme le rappelle Francesco Saraceno : « Comme on l’apprend en première année de microéconomie, les assurances améliorent l’efficacité en permettant la mutualisation du risque. Si onlaisse le risquepeser sur les épaules des travailleurs, l’efficacité de l’assurance collective est entravée. »
Parce que demain, plus rien ne sera assuré, que la précarité sera devenue la norme, qu’il faudra peut-être avoir rapidement de l’argent pour faire face aux aléas de la vie, y compris désormais pour la santé, les Français vont devoir épargner et plus sans doute qu’aujourd’hui. Mais geler de l’argent pendant des décennies, sans même avoir l’assurance de retrouver ses économies n’est pas une option dans un tel environnement. Ils choisiront des placements sûrs, immédiatement mobilisables pour pouvoir répondre aux accidents de la vie.
Pour le reste, ils risquent de privilégier encore plus qu’aujourd’hui l’immobilier, même si cela leur demande un effort financier encore plus important et long qu’aujourd’hui. Parce qu’avoir une maison, c’est la seule, la dernière protection qui leur est offerte face à un gouvernement qui a choisi de leur retirer protection et assurance collective et de les exposer à tous les vents, à tous les risques.
Face au rejet de l’opinion publique, l’autoritarisme en marche.
Alors que plus de 60 % des français.e.s continuent à demander le retrait de la réforme des retraites, le gouvernement fait le choix de bafouer la démocratie en s’entêtant à poursuivre son entreprise de casse de notre système de retraites. Des ouvriers aux cadres, des salarié.e.s du privé aux fonctionnaires, le refus de la retraite à points et de l’allongement de la durée de travail est massif.
L’étude d’impact qui vient d'être publiée , floue et incomplète, vient confirmer le risque de baisse drastique des pensions.
Le Conseil d’État lui même, dans son avis, pointe du doigt les « projections financières lacunaires » de la réforme du gouvernement. Face à son échec politique évident, Macron, le président de la Finance, agit par la force en foulant au pied les principes les plus élémentaires de notre démocratie.
Pour préserver les intérêts des plus riches, de la finance et du MEDEF, il choisit le coup de force.
Les forces de gauche et écologistes ont déposé une plateforme commune de propositions démontrant qu’il est possible d’améliorer notre système actuel sans le casser.
Ces propositions feront l’objet d’un texte de loi déposé à l'assemblée nationale par les députés communistes. Les parlementaires communistes proposent aussi à l’ensemble des forces de gauche le dépôt d’une motion référendaire à l’Assemblée nationale permettant de repousser la discussion du projet de loi et l’organisation d’un référendum.
La section du PCF du pays de MORLAIX appelle toutes et tous à participer à la prochaine mobilisation jeudi 06 Février :rassemblement à 11 h 00 Place des Otages à Morlaix
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Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.