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14 mai 2021 5 14 /05 /mai /2021 06:00
Jérusalem: des militants d’extrême droite israélienne exacerbent les tensions, les violences redoublent (Médiapart, Nejma Brahim, 13 mai 2021)
Jérusalem: des militants d’extrême droite israélienne exacerbent les tensions, les violences redoublent
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Mercredi soir, des militants de l’extrême droite israélienne ont manifesté à travers le pays, aggravant ainsi les tensions déjà fortes qui opposent manifestants palestiniens et police israélienne depuis lundi. En parallèle, l’escalade militaire s’est intensifiée entre l’armée israélienne et le Hamas, faisant 83 morts dont une journaliste et dix-sept enfants à Gaza et sept morts côté israélien.

es violences se sont intensifiées à Jérusalem, dans la nuit de mercredi à jeudi, lorsque des militants de l’extrême droite israélienne ont décidé de manifester à travers le pays, provoquant des affrontements avec la police et des Arabes israéliens. Les images – choquantes – d’un homme présumé arabe, lynché par ces militants près de Tel-Aviv, ont été diffusées en direct sur la chaîne de télévision publique Kan, à une heure de grande écoute.

Elles montrent un homme agressé sur la promenade en bord de mer de Bat Yam, au sud de la métropole de Tel-Aviv. D’abord sorti de force de sa voiture, il est roué de coups par une dizaine de personnes, jusqu’à ce qu’il perde connaissance, rapporte l’Agence France-Presse (AFP). Selon celle-ci, les agresseurs ont justifié leur acte en prétextant que l’homme aurait tenté de foncer sur le rassemblement d’extrême droite, alors que les images laissent penser qu’il tentait au contraire d’y échapper.

En parallèle, depuis lundi, l’armée israélienne et le Hamas ont poursuivi leurs frappes aériennes et de tirs de roquettes. Sur la bande de Gaza, au 13 mai, 83 personnes dont 17 enfants ont été tuées. La journaliste palestinienne Reema Saad – enceinte de son troisième enfant – son mari et leurs deux enfants sont morts des suites d’une frappe israélienne dans la nuit de mardi à mercredi, rapporte l’organisation internationale Women in Journalism dans un tweet. Côté israélien, sept personnes ont perdu la vie.

Pour la première fois depuis le début des affrontements en cours, l’armée israélienne a annoncé ce jeudi une alerte à la roquette dans le nord du pays. Jusqu’ici, les tirs de roquettes lancés par le Hamas avaient visé le sud et le centre d’Israël. Selon l’AFP, tôt jeudi matin, les sirènes ont retenti à nouveau dans la métropole de Tel-Aviv, conduisant les habitants à se mettre à l’abri, mais aussi dans la vallée de Jezreel, en Galilée, au nord du pays.

Les quelque six cents tirs visant la bande de Gaza revendiqués par l’armée israélienne et la centaine de tirs de roquettes en direction de différentes villes d’Israël assumée par le Hamas (1 500 selon l’armée israélienne) ont conduit les autorités aéroportuaires à détourner, dès mercredi soir, tous les vols en direction de l’aéroport de Tel-Aviv jusqu’à nouvel ordre. Ce jeudi, le Hamas a affirmé avoir lancé une roquette d’une portée de 250 kilomètres en direction du second aéroport d’Israël, Ramon, près d’Eilat, et appelé les transporteurs aériens à « suspendre » tous leurs vols vers l’État hébreu, rapporte l’AFP.

Benny Gantz, ministre de la défense israélien, a par ailleurs ordonné un renforcement « massif » des forces de sécurité dans les villes mixtes, où cohabitent Juifs et Arabes, et le rappel de dix compagnies de gardes-frontières opérant habituellement en Cisjordanie occupée. « Nous sommes dans une situation d’urgence », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Les affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens ont débuté lundi soir à Jérusalem, avec pour détonateur l’expulsion programmée de trois cents résidents du quartier de Sheikh Jarrah, dans la droite ligne de la politique de colonisation développée par Benyamin Netanyahou à Jérusalem-Est et en Cisjordanie depuis plusieurs années (lire ici notre analyse).

En réponse à l’escalade des violences à Jérusalem-Est et Gaza, Médecins du Monde a appelé la communauté internationale à « prendre des mesures urgentes » pour « pour protéger les Palestiniens de Jérusalem-Est occupée et de Gaza » et « mettre fin aux violations du droit international », condamnant la mort d’enfants lors des frappes aériennes sur Gaza.

« Les Palestiniens souffrent d’une occupation militaire perpétuelle et d’une action ciblée et prolongée visant à les expulser de leur terre et à les priver de leurs droits humains fondamentaux, y compris le droit à la santé », a expliqué le coordinateur général de Médecins du Monde France à Gaza, Willy Bergogne, pour qui « appeler à la désescalade n’est pas suffisant ». « La communauté internationale doit reconnaître et s’attaquer à la profonde inégalité de pouvoir, à l’usage excessif de la force, aux violations du droit international, et prendre des mesures claires et concrètes pour protéger les Palestiniens. »

Washington envoie un émissaire en Israël et dans les territoires palestiniens

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a réclamé une « désescalade urgente » et « exhorté » Israël et les Palestiniens à « faire preuve de retenue ». L’Union européenne a elle aussi appelé à un « arrêt immédiat » des violences par le biais du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Reconnaissant le « besoin légitime » d’Israël de protéger sa population civile (de même que l’Allemagne), ce dernier appelle à une réponse « proportionnée » et « une retenue maximale dans l’usage de la force ».

Mardi, l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, a alerté sur une « guerre à grande échelle », alors que l'état-major n'exclut pas l’arrivée d’une troisième intifada. En France, les députés du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, dont Aurore Bergé, présidente du groupe, ont marqué leur soutien à Israël, sans un mot à l’égard des Palestiniens et des nombreux morts recensés à Gaza, dans un communiqué publié mercredi. « Nous refusons de rester silencieux et affirmons notre amitié et notre soutien indéfectible à l’État d’Israël face au terrorisme islamiste, déclarent-ils. Il n’est pas question ici de soutien politique à l’égard d’un gouvernement mais de l’affirmation du soutien à un pays ami et allié de la France. »

Le secrétaire d’État français aux affaires européennes, Clément Beaune, a quant à lui déclaré avoir besoin de l’engagement américain, reconnaissant, d’une certaine manière, l’impuissance de l’Union européenne – ou le manque de volonté d’agir ? – face au conflit israélo-palestinien qui n’a que trop duré. « Il est clair que ce sont eux [les États-Unis – ndlr] qui ont aujourd’hui encore les principaux leviers diplomatiques même si l’Europe doit être davantage présente. […] Il faut effectivement que Joe Biden et l’administration américaine, avec nous, soient impliqués », a-t-il affirmé sur France 2.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a annoncé, en plus de l’envoi d’un émissaire en Israël et dans les territoires palestiniens, avoir échangé avec le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas concernant la situation à Jérusalem et Gaza, insistant sur la nécessité de mettre fin aux tirs de roquettes et appelant à une désescalade de la violence. « Les Israéliens et Palestiniens méritent des mesures égales en termes de liberté, dignité, sécurité et prospérité », a-t-il souligné dans un tweet.

Mercredi, le président américain s’est exprimé pour la première fois depuis le début des affrontements, pressé par l’ampleur des violences, et a annoncé s’être entretenu avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, affirmant avoir l’espoir que les violences se tarissent « le plus rapidement possible », mais défendant le droit d’Israël « à se défendre quand on a des milliers de roquettes » qui s’abattent sur son territoire.

Aucune mention aux Palestiniens en revanche, alors qu’au sein même de son parti, vingt-cinq membres du Congrès, parmi lesquels Alexandria Ocasio-Cortez et Mark Pocan, ont dénoncé les violences commises par Israël et adressé un courrier au secrétaire d’État Antony Blinken, l’encourageant à exercer une « pression diplomatique » sur Israël afin de prévenir l’expulsion de Palestiniens de leurs maisons. Pour ceux qui espéraient voir Joe Biden réaffirmer les droits humains des Palestiniens après le soutien aveugle de l’administration Trump (2017-2021) à Benyamin Netanyahou, la réaction reste faible et décevante.

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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 08:34
Jérusalem, violences à l'égard des palestiniens: Lettre des députés communistes à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères
Jérusalem, violences à l'égard des palestiniens: Lettre des députés communistes à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères
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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 06:01
Manifestation de solidarité aux Palestiniens et Palestiniennes : samedi 15 mai (10 h 30 – Square de la Résistance à Morlaix)

Manifestation de solidarité aux Palestiniens et Palestiniennes : samedi 15 mai (10 h 30 – Square de la Résistance à Morlaix)

Devant la gravité de la situation en Palestine occupée, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza et des événements de ces dernières semaines et particulièrement de ce week-end (plus de 300 blessés, plusieurs dizaines de morts) l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) pays de Morlaix a lancé un appel unitaire pour une manifestation le samedi 15 mai, un large rassemblement de solidarité internationale (manifestation qui devrait prendre la direction de la Sous-Préfecture).

Cette manifestation sera portée par de nombreuses organisations : AFPS ; PCF ; PS ; EELV ; GENERATION.S ; UDB ; Gauche indépendantiste bretonne; NPA ; ENSEMBLE ! ; UL CGT Morlaix ; ACAT; (d’autres organisations devraient rejoindre cet appel).

Le PCF Morlaix est bien évidement signataire de cet appel : la situation que vise les palestiniens est inacceptable ; le droit international doit prévaloir ; …

Le PCF dénonce le déferlement de violence auquel sont confrontés les palestiniens :

  • Violences de la part de l’armée israélienne (armée qui a envahi une mosquée)
  • Menaces d’expulsion de familles palestiniennes de leur logement à Jérusalem Est.
  • Bombardements meurtriers à Gaza

Cette violence est le résultat à la décision du pouvoir israélien, au mépris du droit international, d’annexer Jérusalem-Est et d’en éliminer toute présence palestinienne, dans le même temps qu’il s’emploie à coloniser définitivement la Cisjordanie.

Le PCF, dans un appel national, appelle tous les communistes à participer aux rassemblements dans leurs villes.

Et bien évidemment le PCF Morlaix appelle à la manifestation programmée à Morlaix. Soyons-y nombreux.

Jérusalem : Exigeons des sanctions ! (Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord)

Je dénonce la réponse honteuse du ministre Jean-Baptiste Lemoyne faite à ma collègue Elsa Faucillon lors de sa question au gouvernement aujourd’hui. Dans sa réponse, le gouvernement renvoie dos à dos la politique de colonisation de l'Etat israélien et l’appel de l’autorité palestinienne, à faire respecter toutes les résolutions de l'ONU.

Pourtant, les violences contre les Palestiniens de Jérusalem ont culminé ce lundi 10 mai. La répression policière israélienne des manifestants de l'Esplanade des Mosquées a fait, selon le Croissant rouge palestinien, plus de 305 blessé.es.

A Gaza, plus de 20 personnes - dont plusieurs enfants - ont succombé sous les bombes israéliennes.

Déjà vendredi, sur l’Esplanade des mosquées, mais aussi dans la Mosquée Al Aqsa, lors de la prière à laquelle participaient 70 000 fidèles, l’armée israélienne — armée d’occupation de Jérusalem-Est depuis 54 ans, au mépris de toutes les résolutions des Nations unies —, est intervenue tirant à balles métalliques enrobées de caoutchouc, utilisant des gaz lacrymogènes.178 personnes ont été blessées dont 88 grièvement.

Les Palestiniens sont confrontés à un déferlement de violence de l’armée israélienne, allant jusqu'à envahir la mosquée.

Dans le quartier de Sheikh Jarrah, comme dans tout Jérusalem-Est, des familles palestiniennes sont, de nouveau, menacées d’expulsion par les colons israéliens et militants d’extrême droite soutenus par le système judiciaire israélien. Même si la décision d’expulsion a été reportée au 15 juin, la résistance non violente des Palestiniens s’est organisée et la police israélienne a bouclé le quartier.

Cette violence est le résultat à la décision du pouvoir israélien, au mépris du droit international, d’annexer Jérusalem-Est et d’en éliminer toute présence palestinienne, dans le même temps qu’il s’emploie à coloniser définitivement la Cisjordanie.

La communauté internationale a condamné cette annexion mais n’a pas accompagné cette condamnation de sanctions, ce qui conforte le sentiment d’impunité de ceux qui, en Israël, n’hésitent pas à crier « Mort aux Arabes » et de ceux qui, depuis 1967, le pensent tout bas, en prétendant annexer Jérusalem-Est.

Le Conseil de sécurité de l'ONU n'est pas parvenu, ce lundi, à s'accorder pour condamner le gouvernement israélien. Et pourtant une décision d'urgence portée par la France et l’Union européenne est nécessaire pour apporter une protection internationale au peuple palestinien mais aussi imposer des sanctions au gouvernement israélien et dans l'immédiat, faire respecter les droits des Palestiniens à la sécurité dans leur vie quotidienne. 

Une fois de plus, la preuve tragique est apportée que seule une solution conforme aux résolutions des Nations unies peut créer une paix durable avec la création, aux côtés d’Israël, d’un Etat palestinien sur les territoires occupés de Cisjordanie et Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le PCF appelle tous les communistes à participer aux rassemblements dans leurs villes et à Paris ce mercredi 12 mai de 16h à 18h devant le Ministère des Affaires étrangères, à l’appel du Collectif national pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens.

Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF

Paris, le 11 mai 2021.

 

***

Publié le 12/05/2021 par MJCF
Augmentation des violences à l’égard des Palestiniens : La France doit réagir vite !

Depuis plusieurs semaines, les destructions de maisons et arrêtés d’expulsions se multiplient dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est. La stratégie de colonisation mise en place dans tout le pays s'intensifie d’année en année, particulièrement à Jérusalem où l'État israélien ambitionne d’éliminer toute présence palestinienne afin de mener à bien son projet de Grand Jérusalem, en dépit des conventions internationales. À cette violence de l'État s'ajoutent les multiples provocations de groupes d'extrême droite et fascistes ainsi que la mise en place de restrictions d’accès à la vieille ville par l’armée israélienne. Cette situation déjà tendue a pris un nouveau tournant vendredi avec l’intrusion et l’attaque de l’Esplanade des Mosquées par l’armée israélienne. Alors que des dizaines de milliers de fidèles étaient réunis, la présence militaire a déclenché un mouvement de foule, auquel l'armée a répliqué avec des gaz lacrymogènes et des tirs. Le quartier de Sheikh Jarrah après de nombreuses violences policières a été rapidement interdit d’accès à tous les Palestiniens et Palestiniennes.    Les deux cents Palestiniens blessés n’ont pas pu recevoir de soins corrects, la force occupante ayant tiré des gaz lacrymogènes jusqu’aux salles de soins du Croissant rouge.

Samedi soir, les Palestiniens et Palestiniennes réunis sur l’Esplanade des Mosquées ont de nouveau été attaqués. Ce dimanche, l’accès à l’entièreté de Jérusalem-Est a été restreint par l’armée israélienne alors que ce territoire n’est pas, normalement, sous contrôle israélien. Ce lundi matin, ce sont de nouveau des centaines de Palestiniens et Palestiniennes qui ont été blessés à Jérusalem.

Cette situation n’est pas un hasard, elle est la conséquence de la politique menée par Israël depuis des dizaines d’années. Construction de colonies, arrestations arbitraires, enfermements massifs de militantes et militants, évacuations forcées, répression constante sur le territoire cisjordanien mais aussi à l’intérieur même d’Israël avec la mise en place de lois ouvertement racistes.

Le soutien international dont a bénéficié Benyamin Netanyahou dans son objectif d’effacer la Palestine de la carte et notamment à Jérusalem, alors même qu’une partie de la communauté internationale demeure silencieuse ou inactive, n'a fait que renforcer cette politique. Il est temps d’agir, les condamnations ne suffisent pas à faire reculer la politique raciste et coloniale menée par l'État israélien. La communauté internationale doit apporter tout son soutien à la population palestinienne face à ces attaques et à la situation d’apartheid mise en place. Le silence du gouvernement français et d’Emmanuel Macron est particulièrement insupportable.

Le Mouvement jeunes communistes de France exprime sa solidarité aux Palestiniens et Palestiniennes face à ces attaques.   

Le MJCF appelle l’ensemble des jeunes à se mobiliser partout en France pour exiger de notre gouvernement une action immédiate sur la scène internationale pour une paix juste et durable en Palestine. Nous nous donnons rendez-vous à Paris le 12 mai à 16 heures devant le ministère des Affaires étrangères.

Le MJCF demande que la France intervienne :

  • Pour la reconnaissance de l’État Palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.
  • Pour la mise en place de sanctions financières et diplomatiques    à l’égard d’Israël.
  • Pour la convocation d’un conseil de sécurité à l’ONU.
  • Pour la libération des prisonniers et prisonnières politiques palestiniens et palestiniennes, dont celle de Marwan Barghouti.

Clémentine Le Duey

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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 05:48
Jérusalem-Est: les jeunes Palestiniens brisent le mur du silence (L'Humanité, Pierre Barbancey, 12 mai 2021)
Jérusalem-est. Les jeunes Palestiniens brisent le mur du silence
Mercredi 12 Mai 2021

Malgré la répression israélienne ayant fait plus de 500 blessés et les raids meurtriers sur Gaza, la colère ne retombe pas face à l’occupation et la colonisation.

 

Étudiant en psychologie à l’université de Bir Zeit, non loin de Ramallah, en Cisjordanie, Judeh, 27 ans, vit à Jérusalem-Est. L’occupation et la colonisation israéliennes, il sait ce que cela signifie dans sa chair. Pour pouvoir suivre ses cours, il lui faut, tous les jours, emprunter un bus réservé aux Palestiniens – ainsi qu’en ont décidé les autorités israéliennes – régulièrement ciblé par les contrôles de la police et bloqué plus que de raison au checkpoint à franchir. De quoi alimenter la colère. D’autant qu’il lui arrive régulièrement de subir les provocations des colons, de plus en plus nombreux dans la partie orientale de la ville. Le triste quotidien d’un jeune à Jérusalem-Est. « La vie est difficile », dit avec colère l’étudiant contacté par téléphone.

Judeh le dit tout de go : « Je ne suis pas musulman. » Ce qui ne l’empêche pas, en cette période de ramadan, d’être tous les soirs avec ses copains pour l’iftar, cette rupture du jeûne lorsque le soleil s’est couché. Un moment convivial où tout le monde se retrouve, au-delà de ses convictions religieuses. D’ailleurs, l’armée israélienne n’a pas posé ce type de question lorsqu’elle a évacué à plusieurs reprises tous les jeunes assis pacifiquement sur les marches formant agora devant la porte de Damas, l’une des entrées de la vieille ville.

Cheikh Farrah, cœur du plan de colonisation de la ville

Mais c’est sans doute ce qui se passe dans le quartier de Cheikh Jarrah qui a fait éclater ce trop-plein d’humiliations. Vingt-huit familles palestiniennes ont reçu un ordre d’expulsion. Il y a une dizaine de jours, des centaines de jeunes sont alors spontanément venus manifester leur opposition à cette éviction et à l’installation de colons. « On ne veut pas laisser ces familles seules face à l’occupant, souligne Judeh . Si on est là, les colons osent moins provoquer. » Si Cheikh Jarrah est ainsi visé, ce n’est pas anodin. L’argument d’une présence juive il y a plus d’un siècle, sans doute réelle, ne tient pas. En revanche, on comprend mieux cet acharnement lorsqu’on sait que ce quartier – qui ne dépend pas de la vieille ville – s’étend jusqu’à la route numéro 1. Celle-ci désigne la ligne verte, où les combats s’étaient arrêtés en 1949 et franchie par les troupes israéliennes en 1967. Vider Cheikh Farrah de ses habitants palestiniens, c’est ouvrir la voie à une continuation « ethniquement » homogène entre Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est, but ultime de la colonisation de la ville (lire ci-contre).

Maral Qutteine, une ancienne journaliste qui vit dans la vieille ville, que nous avons pu joindre, témoigne aussi. « Les gens ne supportent plus la présence des colons et la pesanteur de l’occupation. » Si Israël parle de Jérusalem comme de sa « capitale une et indivisible », en réalité le traitement n’est pas le même entre l’ouest et l’est. Les services municipaux sont pratiquement inexistants dans la partie occupée malgré les taxes toujours plus nombreuses que paient les Palestiniens.

«  Ce n’est pas une guerre inévitable, mais une politique délibérée »

Comme cela se produit souvent dans l’histoire des révoltes et des révolutions, arrive un moment où la goutte d’eau… « Les jeunes se révoltent car ils sentent bien qu’ils n’ont pas d’avenir, souligne Maral Qutteine. Rien ne change pour eux. Des résolutions sont votées à l’ONU, il y a beaucoup de déclarations mais les jours se suivent et se ressemblent. Les jeunes réalisent que la seule solution qui se présente à eux est de se libérer eux-mêmes, sans l’aide de quiconque, ni des pays arabes, ni de l’Union européenne et pas plus de l’Autorité palestinienne, qui est très faible. »

Phénomène intéressant : à Cheikh Jarrah, ce ne sont pas seulement les Palestiniens de l’Est qui manifestent. Ils sont rejoints par ceux que l’on appelle les Arabes palestiniens, qui vivent en Israël. Les députés de la Liste unie, conduite par le communiste Ayman Odeh, sont venus les soutenir. Mais des dizaines de juifs sont aussi présents. Certains sont là à l’appel de Standing Together, qui regroupe juifs et Arabes pour la paix et l’égalité. « Nous rendons le gouvernement responsable de ce qui se passe. Ce n’est pas une guerre inévitable, comme veulent le faire croire les autorités, mais une politique délibérée », affirme Uri Weltmann, animateur de l’association. Celle-ci agit aussi à Tel-Aviv, Haïfa, Jaffa ou Nazareth pour « mobiliser autant que possible les citoyens d’Israël ».

L’enjeu est d’autant plus important que l’extrême droite israélienne, qui a le vent en poupe, s’agite et tente de créer un climat de violence contre les Palestiniens, et pas seulement à Jérusalem-Est mais partout en Israël. Lundi, un Palestinien a été tué à Lod. « C’est une “hébronisation”de la situation », dit Uri Weltmann en référence à la ville d’Hébron, en Cisjordanie, où les colons terrorisent les Palestiniens. Une extrême droite et un Netanyahou qui trouvent dans la tactique destructrice du Hamas les justifications d’un massacre à Gaza. « Deux faces d’une même pièce », comme l’ose un jeune Palestinien qui ne veut pas dire son nom.

À Jérusalem, la répression a fait plus de 500 blessés. Judeh craint cette violence des colons. « Mais nous resterons aussi longtemps que possible pour empêcher l’expulsion des familles de Cheikh Jarrah », prévient-il. Quoi qu’il arrive maintenant, les Palestiniens de Jérusalem-Est ont brisé au moins un mur, celui du silence.

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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 05:12
Violences à Jérusalem-Est : se préoccuper ne suffit plus, il faut condamner: Pierre Laurent, sénateur PCF, pose une question écrite à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères

Violences à Jérusalem-Est : se préoccuper ne suffit plus, il faut condamner

Alors que l’extrême-droite israélienne sort renforcée à la Knesset des élections anticipées du 23 mars, les agressions de Palestiniens vivant dans le Vieux-Jérusalem par les militants ultranationalistes de Lahava se sont multipliées ces dernières semaines.
La semaine dernière, ce sont de nouveaux projets d’expulsion de Palestiniens vivant dans les quartiers occupés illégalement par Israël de Sheikh Jarrah, de Bab Al-Zahra et de la porte de Damas qui ont mis le feu aux poudres. Dès vendredi, l’ONU a tenu à rappeler à Tel-Aviv que ces expulsions forcées pourraient constituer des crimes de guerre.
En difficulté politiquement, Benyamin Netanyahou souhaite donner une nouvelle fois des gages à l’extrême-droite israélienne. Après le plan d’annexion du poumon économique de la Palestine qu’est la Vallée du Jourdain, soutenu par les États-Unis et l’accélération de l’installation de colons en lieu et place des Palestiniens en Cisjordanie, Jérusalem-Est est la prochaine priorité du gouvernement israélien. Arguant d’une rétroactivité du droit immobilier pour les propriétés juives d’avant 1948, il organise l’expulsion de familles palestiniennes. La mobilisation de ces dernières est réprimée dans le sang.
Le 10 mai, la France a finalement réagi, mais en renvoyant criminels et victimes dos à dos, condamnant les sept tirs de roquette partis de Gaza contre Israël, et se contentant de se montrer « préoccupée » par les violences à Jérusalem-Est. C’est consternant et indigne de la France.
Les parlementaires du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste condamnent fermement les exactions israéliennes dans tous les territoires palestiniens occupés et réaffirment leur soutien aux populations palestiniennes. Ils réitèrent leur attachement à une solution à deux États. Ils rappellent enfin qu’à leur demande, le Sénat avait débattu en juin dernier du projet d’annexion de la vallée du Jourdain. Ils y avaient exigé une parole forte de la France, une reconnaissance de l’État de Palestine et des sanctions contre l’État d’Israël en vertu du droit international.
Pierre Laurent
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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 14:56
Daniel Jadue, photo L'Humanité, 7 mai 2021

Daniel Jadue, photo L'Humanité, 7 mai 2021

Chili. Daniel Jadue : « Le néolibéralisme est absolument incompatible avec la démocratie »
Vendredi 7 Mai 2021- L'Humanité

Maire de Recoleta, dans la banlieue de Santiago du Chili, ce militant a pris une part active dans le mouvement populaire d’octobre 2019. Figure très populaire de la scène politique chilienne, il vient d’être désigné candidat à l’élection présidentielle du 21 novembre prochain par le Parti communiste.

Entretien réalisé par Pierre Cappanera et Rosa Moussaoui

Les élections à la Convention constituante, initialement prévues les 10 et 11 avril, ont été reportées aux 15 et 16 mai. Motif invoqué : une nouvelle flambée épidémique, malgré la vaccination d’un tiers de la population. Comment avez-vous accueilli cette décision ?

Daniel Jadue Cette décision s’explique par la situation sanitaire que vit le Chili. Ce gouvernement n’a perdu aucune occasion de se tromper, alors même qu’il met en permanence en scène ses prétendus succès. Ses membres répètent que tout ce qu’ils ont fait face à cette pandémie est formidable, bien que l’évidence dise absolument le contraire. Depuis le mois de décembre, alors que le nombre de contaminations se maintenait à un niveau assez élevé, le gouvernement, en invoquant des raisons économiques, a commencé à ouvrir la voie à la reprise des activités. Ils ont parié sur l’arrivée du vaccin, certains de pouvoir contenir une deuxième vague. Les gens ont été autorisés à partir en vacances, à sortir du pays, ce qui a permis l’introduction des nouveaux variants qui ont accéléré l’expansion du virus. Les centres commerciaux, les cinémas, les casinos et bien d’autres lieux publics ont rouvert leurs portes, les enfants sont retournés à l’école. Voilà les décisions qui nous ont conduits au point actuel, où, pour sauver leurs consciences, ils ont opté, in extremis, à quatre jours de la date retenue, pour le report des élections. Le seul résultat, c’est un affaiblissement profond de la démocratie. Dans la rue, les gens circulent toujours, les travailleurs sont obligés de s’acquitter de leurs tâches, les familles sont privées des aides qui leur permettraient de rester vraiment à la maison, de se confiner, pour bloquer l’avancée des contagions. Nous sommes devant une politique inconsistante.

Avant même la crise sanitaire, avait commencé la crise économique. Ses conséquences sociales sont dramatiques. Comment affrontez-vous cette crise sociale comme maire d’un secteur populaire ?

Daniel Jadue Les conséquences économiques de cette crise sont liées au modèle économique qui s’est imposé ces trente dernières années. Nous essayons, au niveau local, d’affronter cette situation avec des mesures qui garantissent la vie des gens, qui contribuent à la rendre plus simple. Nous avons été précurseurs, à Recoleta, de plusieurs initiatives, avec la création de structures solidaires : des pharmacies populaires (pharmacies municipales qui vendent les médi­caments à prix coûtant, soit en moyenne 30 % de moins que dans les pharmacies privées – NDLR), des opticiens, une librairie, une boutique de musique et d’autres services qui facilitent la vie et tissent, en même temps, une communauté ouvrant la possibilité d’une transition culturelle pour sortir des valeurs du néolibéralisme. Je crois que c’est la meilleure recette pour affronter cette crise.

Quelles sont les propositions immédiates, concrètes du Parti communiste chilien pour faire face à cette crise ?

Daniel Jadue Ce que nous proposons dans l’immédiat, c’est la création d’un revenu familial d’urgence, pour une durée minimale de six mois, afin de freiner ce cycle de crise, tout en créant des conditions favorables à la réduction de la mobilité, en décrétant des restrictions plus fortes. Dans un second temps, nous défendons un programme de création d’infrastructures publiques indispensables à la relance de l’économie. Nous sommes, enfin, attachés à deux propositions centrales : la reconnaissance constitutionnelle du travail domes­tique, pour aller vers l’élaboration de politiques publiques qui le régulent, le protègent et lui reconnaissent sa valeur productive, et la construction de logements sociaux en location à un prix équitable dans tout le Chili, de façon à réguler le marché de l’immobilier. Ce sont là des mesures d’urgence qui viendraient en complément d’autres propositions, comme une réforme fiscale permettant entre autres une imposition des super-riches, la récupération de nos ressources naturelles par une taxe spécifique sur leur exploitation. Le système fiscal chilien doit être refondé pour permettre à l’État de retrouver les ressources indispensables à une intervention plus profonde pour faire face aux circonstances présentes.

Vous parlez des ressources naturelles. Les expor­tations du Chili dépendent à 60 % du cuivre. Comment le Chili peut-il en profiter et pas seulement les propriétaires des mines ? Comment sortir de la dépendance à l’économie d’extraction ?

Daniel Jadue Nous sommes favorables à l’instauration d’une taxation progressive sur l’exploitation du cuivre : au-dessus du prix de 5 dollars la livre, tout reviendrait à l’État. La proposition générale consiste, en fait, à augmenter la contribution de toutes les activités liées à l’exploitation des ressources naturelles, pas seulement les activités minières. Et nous ne parlons pas seulement du cuivre, mais aussi de l’or, du molybdène, des terres rares, etc. La loi jusqu’ici est très permissive et laxiste pour le secteur privé, auquel elle assure une rente économique énorme. Ce secteur génère tant de profits qu’il y a là, je crois, un gisement de ressources très important. Mais il y a plus : nous avons l’intention d’investir une grande partie de ces ressources dans la science, la technologie, l’innovation, de façon à générer un enchaînement productif en amont et en aval de l’extraction des ressources naturelles, avec l’objectif de renforcer l’industrialisation de notre pays. Cela requiert un profond changement de notre base productive. L’horizon, c’est bien sûr la sortie d’un modèle extractiviste totalement épuisé, aussi épuisé que la vision idéaliste de la globalisation économique. Je crois que désormais les territoires doivent faire le choix d’activités durables, de l’autosuffisance, pour faire face à ce qui vient dans le monde. Cela implique le plus fort ralentissement possible de l’exploitation des ressources naturelles, en particulier de l’extraction des ressources non renouvelables.

Tous les partis d’opposition se sont réunis, il y a quelques semaines, pour discuter d’une primaire en vue de l’élection présidentielle. Que peut-on espérer de ces échanges, qui se poursuivent ?

Daniel Jadue Je crois qu’il est un peu tôt pour savoir ce qu’on peut attendre de ces pourparlers. Pour l’instant, nous essayons surtout d’avancer sur la discussion programmatique, et sur la possibilité même de parvenir à l’unité. La tenue des élections à la Convention constituante sera déterminante, car elles nous donneront une photographie précise de l’influence de chacune des forces politiques, ce qui éclaircira les perspectives pour déterminer clairement la meilleure façon d’affronter la droite aux prochaines élections générales. Actuellement, il y a autant de possibilités d’arriver à un candidat unique de l’opposition que de déboucher sur deux candidatures : l’une sociale-démocrate, l’autre antilibérale. Dans tous les cas, il faut arriver à un accord d’appui mutuel pour le second tour s’il n’y a pas de candidat unique.

Comment la droite a-t-elle balisé ce processus constituant pour en limiter la portée ?

Daniel Jadue Sa stratégie est la même que celle utilisée partout dans le monde : la mobilisation des médias qu’elle contrôle. Au Chili, quasiment 100 % des médias sont liés au camp conservateur, à la droite, à l’extrême droite, et au centre droit représenté par la démocratie chrétienne. Ils ont mené une campagne vraiment odieuse contre les possibles réformes profondes qui pourraient sortir de cette Convention constituante. Et, dans le même temps, ils cherchent à effrayer les Chiliens en invoquant des expériences politiques étrangères qui n’ont pas mené aux succès escomptés, ou qui ont échoué. L’objectif est de tirer dans les imaginaires un trait d’égalité entre la nouvelle Constitution et le chaos. Mais il semblerait que cette stratégie, jusqu’ici, ne porte pas vraiment ses fruits.

Si vous étiez élu président de la République, symbo­liquement, quelle serait votre première mesure ?

Daniel Jadue Symboliquement ? Laissez-moi réfléchir… La renégociation des grands contrats miniers, l’ouverture d’un processus de nationalisation dans ce secteur. Et puis, aussi, la reconnaissance constitutionnelle du travail domestique, qui est au cœur de la contradiction entre capital et travail.

Comment analysez-vous les processus politiques en cours en Amérique latine ?

Daniel Jadue Je suis plutôt critique. Lorsque la droite a commencé à revenir au pouvoir dans certains pays, beaucoup ont prédit le retour d’un cycle néolibéral. Je ne le crois pas. Le néolibéralisme comme programme politique est, à mes yeux, absolument incompatible avec la démocratie. Si la droite gagne, ce n’est pas parce qu’un cycle néolibéral serait revenu avec la promesse, pour les gens, d’une meilleure qualité de vie. Si la droite gagne, c’est uniquement et exclusivement à cause de l’échec de la gauche. Et cet échec tient, de mon point de vue, à quatre facteurs essentiels, qui devraient faire l’objet d’une autocritique. Le premier, c’est que la gauche, en Amérique latine, n’a pas changé la base productive là où elle a gouverné. Elle a mieux réparti les richesses, mais sans jamais aller au fond de la contradiction entre le capital et le travail. C’est ce qui s’est passé au Brésil, en Argentine, au Venezuela, où la rente a été mieux distribuée, mais sans toucher au mode de production. C’est là un problème que nous devons affronter d’une façon ou d’une autre. Je crois, au passage, que la reconnaissance constitutionnelle du travail domestique serait une façon de se confronter à cette contradiction capital/travail, de reconnaître que la richesse que le capitalisme crée supposément se crée en fait en payant les travailleurs moins que la valeur de leur travail pour rémunérer le capital davantage que ce qu’il apporte au procès de production. Cette contradiction s’exprime de manière radicale dans ce travail domestique de tous les jours, tout au long d’une vie, que personne ne rémunère jamais. Second facteur : les processus initiés par la gauche ont cédé au caudillisme en tournant le dos à la construction collective, avec de fortes person­nalités qui se sont construites dans les imaginaires des peuples comme indispensables, ce qui a fini par tuer ces processus. Pour conduire les changements, il faut dépasser l’alliance historique entre les secteurs déclassés de la bourgeoisie et le monde populaire. Et cette rupture ne peut intervenir qu’à condition de renforcer le rôle dirigeant de la classe des travailleurs dans le processus. Pas en s’appuyant sur des dirigeants issus de cette bourgeoisie déclassée. Troisième facteur : la complaisance que nous avons observée vis-à-vis de la corruption et du gaspillage des ressources publiques. Je crois qu’il y a là une dette historique, une trahison envers la conscience d’avant-garde des mouvements progressistes. Finalement, de ce point de vue, nous n’avons pas réussi à gouverner mieux que la droite. La dernière limite de ces processus latino-américains, c’est l’absence d’investissement dans l’économie de la connaissance. À l’exception de la Bolivie, personne n’a investi dans la science, la technologie, l’innovation, indispensables au développement d’une industrie. Il faudra tirer les leçons de ces échecs car, si nous ne leur portons pas l’attention qu’ils requièrent, il ne sera pas possible de réenchanter la politique.

Que représente pour vous la Palestine ?

Daniel Jadue La colonisation de la Palestine m’affecte particulièrement puisque je suis à la fois chilien et palestinien. Mes origines palestiniennes ont tenu une place fondamentale dans la constitution de mon identité. La Palestine représente l’une de mes grandes douleurs, avec le Chili de Pinochet et l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid. Ces trois lieux du monde ont été le théâtre de grandes souffrances à l’humanité.

Marathon électoral en 2021

Neuf élections sont prévues cette année au Chili. Les 15 et 16 mai, les électeurs sont appelés à désigner les membres de la Convention constituante, ainsi que les maires et conseillers municipaux des 356 communes. Ce sera aussi le premier tour de l’élection des gouverneurs des 16 régions (second tour le 13 juin). Le 18 juillet, des primaires départageront les aspirants à la candidature à l’élection présidentielle du 21 novembre, en même temps que les élections sénatoriales, législatives et régionales. Le second tour de la présidentielle doit clore ce marathon, le 19 décembre. Et en 2022 devrait se tenir un référendum pour approuver ou non la  nouvelle Constitution.

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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 05:28

 

Je dénonce la réponse honteuse du ministre Jean-Baptiste Lemoyne faite à ma collègue Elsa Faucillon lors de sa question au gouvernement aujourd’hui. Dans sa réponse, le gouvernement renvoie dos à dos la politique de colonisation de l'Etat israélien et l’appel de l’autorité palestinienne, à faire respecter toutes les résolutions de l'ONU.

 

 

Pourtant, les violences contre les Palestiniens de Jérusalem ont culminé ce lundi 10 mai. La répression policière israélienne des manifestants de l'Esplanade des Mosquées a fait, selon le Croissant rouge palestinien, plus de 305 blessé.es.

A Gaza, plus de 20 personnes - dont plusieurs enfants - ont succombé sous les bombes israéliennes.

Déjà vendredi, sur l’Esplanade des mosquées, mais aussi dans la Mosquée Al Aqsa, lors de la prière à laquelle participaient 70 000 fidèles, l’armée israélienne — armée d’occupation de Jérusalem-Est depuis 54 ans, au mépris de toutes les résolutions des Nations unies —, est intervenue tirant à balles métalliques enrobées de caoutchouc, utilisant des gaz lacrymogènes.178 personnes ont été blessées dont 88 grièvement.

Les Palestiniens sont confrontés à un déferlement de violence de l’armée israélienne, allant jusqu'à envahir la mosquée.

Dans le quartier de Sheikh Jarrah, comme dans tout Jérusalem-Est, des familles palestiniennes sont, de nouveau, menacées d’expulsion par les colons israéliens et militants d’extrême droite soutenus par le système judiciaire israélien. Même si la décision d’expulsion a été reportée au 15 juin, la résistance non violente des Palestiniens s’est organisée et la police israélienne a bouclé le quartier.

Cette violence est le résultat à la décision du pouvoir israélien, au mépris du droit international, d’annexer Jérusalem-Est et d’en éliminer toute présence palestinienne, dans le même temps qu’il s’emploie à coloniser définitivement la Cisjordanie.

La communauté internationale a condamné cette annexion mais n’a pas accompagné cette condamnation de sanctions, ce qui conforte le sentiment d’impunité de ceux qui, en Israël, n’hésitent pas à crier « Mort aux Arabes » et de ceux qui, depuis 1967, le pensent tout bas, en prétendant annexer Jérusalem-Est.

Le Conseil de sécurité de l'ONU n'est pas parvenu, ce lundi, à s'accorder pour condamner le gouvernement israélien. Et pourtant une décision d'urgence portée par la France et l’Union européenne est nécessaire pour apporter une protection internationale au peuple palestinien mais aussi imposer des sanctions au gouvernement israélien et dans l'immédiat, faire respecter les droits des Palestiniens à la sécurité dans leur vie quotidienne. 

Une fois de plus, la preuve tragique est apportée que seule une solution conforme aux résolutions des Nations unies peut créer une paix durable avec la création, aux côtés d’Israël, d’un Etat palestinien sur les territoires occupés de Cisjordanie et Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le PCF appelle tous les communistes à participer aux rassemblements dans leurs villes et à Paris ce mercredi 12 mai de 16h à 18h devant le Ministère des Affaires étrangères, à l’appel du Collectif national pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens.

Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF

Paris, le 11 mai 2021.

 

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9 mai 2021 7 09 /05 /mai /2021 05:52

En Colombie, des manifestations ont débuté le 28 avril contre la réforme fiscale du gouvernement colombien, réforme fiscale taxant les pauvres (hausse de la TVA par exemple) et exemptant les plus riches.

Elles ont donnés lieu à des brutalités policières, des morts, des détentions arbitraires, ...

D'ailleurs la Colombie est spécialisée dans les violences, par le gouvernement ou des paramilitaires, faites à tous ceux qui luttent pour la justice sociale, violences se traduisant par des centaines de morts chaque année.

Supposons que cela se passe au Venezuela ou à Cuba, tous les médias Français en feraient leur gros titres en dénonçant les violences et les atteintes aux droits de l'homme.

Mais là, c'est en Colombie, un pays bien aligné sur les Etats Unis .... alors silence !

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Le site "Les 2 Rives" est une plateforme francophone d'information sur l'Amérique Latine et les Caraibes lancée par le journaliste indépendant Romain Migus.

Les 2 Rives est une voix discordante dans la doxa médiatique dominante. Son objectif est d’offrir une autre information basée sur les luttes et la réalité quotidienne des Peuples latino-américains. Un autre point de vue qui est, malheureusement, invisibilisé dans les lignes éditoriales de la plupart des médias francophones.

Voici un entretien édifiant sur ce qui se passe actuellement en Colombie, entretien repris du site "Les 2 Rives"

On fait le point avec Fabien LASSALE, étudiant français en relations internationales depuis Bogota

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7 mai 2021 5 07 /05 /mai /2021 05:38

 

Il y a quarante ans, le 5 mai 1981, le gouvernement britannique de Margaret Thatcher laissait mourir Bobby Sands ; le premier des dix grévistes de la faim que le pouvoir de Londres a laissé mourir. Leurs demandes n’étaient que justice : voir rendre aux détenus politiques irlandais leurs droits, dont le gouvernement britannique les avait lésés dans les terribles « blocks H ». L’inhumanité glaciale de Margaret Thatcher et du système répressif britannique en Irlande leur a coûté la vie. Quarante ans plus tard, notre colère est toujours intacte contre ce crime et ses responsables.

 

 

La lutte de Bobby Sands et de ses camarades nous oblige encore aujourd’hui : c’est celle de la dignité humaine, du respect dû à leurs camarades de lutte et de la liberté et de la souveraineté du peuple irlandais. Le PCF s’était fortement mobilisé en solidarité avec les demandes justes et légitimes des prisonniers politiques et pour les droits du peuple irlandais.

Les Accords de paix de 1998, dits Accords du Vendredi Saint, ont ouvert de nouvelles perspectives pour le peuple irlandais. Aujourd’hui encore, face au vandalisme politique de la direction des partis unionistes et du gouvernement de Boris Johnson, le PCF est solidaire et engagé pour la réalisation des droits historiques et souverains du peuple irlandais à l’unité de l’Irlande, à la République irlandaise, pour tous ses habitants. Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’application pleine et entière des Accords de paix de 1998, et les tensions récentes dans les six comtés du Nord, soulignent à nouveau l’importance et la nécessité de cette perspective.


Le PCF soutient les exigences légitimes portées par le Sinn Féin d’une République irlandaise fondée sur la justice sociale pour tous. Le temps de l’unité de l’Irlande est venu. Les derniers résultats électoraux, dans les six comtés du Nord comme dans les vingt-six comtés du Sud, faisant du Sinn Féin la première force politique de l’île, montrent l’actualité de cette exigence. Il est possible et nécessaire d’organiser dans les cinq ans un référendum sur l’unité de l’Irlande. C’est le seul moyen pour forger un nouvel avenir pour tous les Irlandais.

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7 mai 2021 5 07 /05 /mai /2021 05:32

 

Le peuple colombien s’est soulevé. Depuis le 28 avril, dans toutes les régions du pays, tant dans les grandes villes que dans les zones rurales, travailleurs, étudiants, organisations des peuples autochtones ont organisé des manifestations et rassemblements massifs pour revendiquer le retrait du projet de réforme fiscale du gouvernement du président Iván Duque.

 

 

Une réforme dont l’objectif était de faire payer aux ménages modestes la crise économique et la mauvaise gestion du pays, tout en épargnant les privilèges des plus riches. Mais si la réforme a été le détonateur, la force de la mobilisation populaire exprime le profond rejet de toute une politique fondée sur l’accroissement des inégalités, la violence et la corruption.


Par leur détermination, les Colombiennes et Colombiens ont contraint le président Duque à retirer sa réforme et conduit à la démission le ministre des Finances, Alberto Carrasquilla. Des premières victoires et conquises de haute lutte, face à un gouvernement aux abois, qui a décidé d’utiliser la répression et la terreur pour maintenir sa domination.


La répression policière est brutale et l’armée a été déployée dans les rues des grandes villes du pays. Selon les informations du Défenseur du peuple en date du 3 mai, 18 civils ont été assassinés depuis le début de la mobilisation, dont 11 dans la seule ville de Cali. Selon la campagne « Défendre la liberté », 305 personnes ont été blessées par la police et 988 arrêtées. Des défenseurs des droits humains sont également pris pour cible, y compris des représentants de l’ONU.


Face à cette grave situation, le Parti communiste français (PCF) exprime son entière solidarité avec la lutte du peuple colombien et dénonce avec force la répression meurtrière déchaînée contre les manifestants.

La France et l’Union européenne ne peuvent demeurer silencieuses. Elles doivent cesser de soutenir le gouvernement d’extrême-droite, héritier direct de la « guerre sale » contre les mouvements populaires et démocratiques. Un gouvernement responsable des morts de ces derniers jours, mais aussi de l’assassinat de centaines de leaders sociaux et de signataires des Accords de paix depuis sa prise de fonctions. Une condamnation ferme des violations des droits humains est nécessaire, ainsi que l’activation sans délai de la clause de suspension de l’accord de libre-échange avec la Colombie.

 

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