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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 19:48
Béthléem 2015

Béthléem 2015

« Deal » / Trump : l'expression d'un mépris du peuple palestinien et du droit international (PCF)
 
Trump vient d’annoncer son « deal du siècle ». Comment Trump et son gouvernement peuvent-ils être aussi irresponsables en qualifiant de plan de « paix » un projet dont la seule issue présentée aux Palestiniens est
la création de « bantoustans » sans aucune continuité territoriale et sans souveraineté – une reproduction sinistre de l’apartheid aboli par le peuple sud-africain il y a près de trois décennies.
Le gouvernement de M. Macron ose affirmer qu’il « salue les efforts du président américain Donald Trump et étudiera avec attention ce plan de paix ». Ces propos, outre leur allégeance à l’hégémonie de la Maison
Blanche, sont une négation de la Charte des Nations unies. Ils sont indignes de la France et de sa vision de la paix au Moyen-Orient Devant cette proposition d’annexion de la vallée du Jourdain, d’annexion
des colonies qui deviennent des terres d'Israël, d’annexion des routes y conduisant depuis l'Ouest, c’est-à-dire une coupure de fait en au moins trois parties de la Cisjordanie, et, bien sûr, de maintien du "statut"
carcéral actuel de la Bande de Gaza, sans liaison avec l'autre partie de la Palestine, la France s’honorerait de proclamer fermement qu’aucune paix ne peut se faire si le droit international et les résolutions de
l’ONU ne sont pas respectés. Seule la reconnaissance de l’État de Palestine – que le Parlement français a exigée  - dans ses frontières de 1967 et avec Jérusalem Est comme capitale, peut permettre la construction d’un avenir pour les deux peuples, israélien et palestinien.
Le PCF apporte tout son soutien et sa solidarité au peuple palestinien méprisé (dans son intégrité) et aux progressistes israéliens qui luttent pour la paix, la démocratie et la justice en véritables 7h acteurs de
l’avenir de leur pays.
 
Parti communiste français,
 
Paris le 29 janvier 2020
 
 
Deal / Trump : l'expression d'un mépris du peuple palestinien et du droit international (PCF)
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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 08:47
L'Humanité - 27 janvier : dossier sur les 75 ans de la libération d'Auschwitz avec une interview de Beate et Serge Klarsfeld
Histoire. Il y a 75 ans, la libération des camps révèle le système génocidaire nazi
Lundi, 27 Janvier, 2020

Le 27 janvier 1945, le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau est libéré par les troupes de l’Armée rouge. Jusqu’en avril et la libération des autres camps, ce sera une course contre la mort pour sauver les déportés rescapés.

 

La date du 27 janvier choisie pour la commémoration internationale du génocide des populations juives d’Europe n’est pas celle retenue de longue date pour évoquer la déportation en France, le dernier dimanche d’avril. Elles sont pourtant liées et ne méritent pas d’être mises en concurrence. Même si ces choix ont chacun une histoire sur laquelle il ne s’agit pas ici de revenir, rappelons que la première correspond à l’arrivée des troupes soviétiques devant le camp d’Auschwitz évacué précipitamment par les SS, qui ont entraîné des dizaines de milliers de déportés juifs dans des marches de la mort vers d’autres camps et n’ont laissé derrière eux que quelques milliers de malades qu’ils n’ont pas eu le temps d’éliminer. La deuxième date en avril correspond à l’effondrement général du système concentrationnaire nazi et à l’ouverture des camps par les différentes armées alliées, qui découvrent l’ampleur de l’hécatombe et l’état physique déplorable des survivants.

Deux objectifs : une déportation de répression et une déportation de persécution

En France, il est d’autant plus important d’envisager dans leur globalité la persécution et le génocide avec la répression et la déportation qu’ils ont bien souvent eu partie liée à travers l’action résistante d’un côté et la mise en place du système répressif associant l’Allemagne et l’État français de l’autre. Les travaux historiques qui ont permis aujourd’hui d’avancer dans la connaissance de la déportation depuis la France mettent en évidence l’importance de la déportation de répression  – environ 90 000  – à côté de la déportation de persécution – environ 80 000 avec seulement 3 % de survivants.

La politique génocidaire menée par le régime nazi avec ses idéologues, ses tortionnaires mais aussi ses élites intellectuelles et économiques à l’égard des populations juives et tziganes a procédé d’une entreprise délibérée d’extermination associée à des projets de colonisation, mais aussi d’asservissement de populations entières (par exemple, le sort réservé aux prisonniers de guerre slaves, soviétiques notamment dont 60 %, soit 2 millions, meurent dans les camps). La discrimination antisémite est indissociable chez les nazis de l’idéologie raciste qui légitime l’inégalité au sein même de l’humanité. Le projet nazi, avec les moyens de l’économie la plus moderne d’Europe, s’est développé en exacerbant le racisme et l’antisémitisme existant dans les pays occupés et en suscitant des collaborations qui ont dramatiquement concouru à la politique génocidaire. Songeons à la rafle du Vél’d’Hiv en France ou aux massacres par balles perpétrés dans les territoires de l’URSS, dans les pays Baltes ou en Ukraine, avec l’aide des populations locales, et qui se sont soldés par plus d’un million de morts.

La brutalisation de l’armée allemande ne s’est pas exercée de la même manière selon les pays

Le génocide a partie liée avec le système concentrationnaire de répression et de déportation conçu d’abord en Allemagne puis étendu à l’ensemble des pays contrôlés ou alliés du Reich allemand. L’ingénierie scientifique et technique mise en œuvre par les grands offices du Reich placés sous l’autorité de Himmler avec le concours de l’armée allemande et de tout l’appareil d’État confère une efficacité redoutable à la répression des populations civiles récalcitrantes à l’ordre nouveau. La brutalisation opérée par l’armée allemande et tous ses supplétifs ne s’est pas exercée de la même manière selon les pays en fonction des différents projets stratégiques du Reich, mais aussi de la Résistance des populations (1).

Ce n’est pas parce que l’entreprise génocidaire n’a pu être arrêtée avant que tout le système nazi soit écrasé qu’il faut ignorer les actes de résistance au sein même des lieux d’extermination, que ce soit l’insurrection victorieuse des détenus du camp de Sobibor en 1943, le soulèvement désespéré du Sonderkommando d’Auschwitz en octobre 1944 ou la lutte armée héroïque des jeunes du ghetto de Varsovie.

La connaissance de ce qui s’est passé est une préoccupation non seulement des survivants, comme en témoignent les serments prêtés envers les morts au moment de l’ouverture des camps comme à Buchenwald ou à Mauthausen, mais de ceux qui savaient leur mort proche comme Gradowski, de Grodno, qui, appartenant au Sonderkommando d’Auschwitz, enterre son témoignage exhumé quarante ans plus tard : « Cher découvreur de ce récit ! J’ai une prière à te faire, c’est en vérité mon essentielle raison d’écrire, que ma vie condamnée à mort trouve au moins un sens. Que mes jours infernaux, que mon lendemain sans issue atteignent leur but dans l’avenir. »

Aujourd’hui le témoignage – alors que les derniers survivants disparaissent – emprunte nécessairement des voies nouvelles, mais cela ne saurait faire oublier la diversité de la déportation et l’histoire de l’occupation nazie, comme celle de ses collaborateurs dans les pays occupés.

La Fondation pour la mémoire de la déportation, créée en 1990 à l’initiative de déportés regroupés en fédération, a la mission de défendre, pérenniser et transmettre la mémoire des déportations en s’appuyant sur l’activité des Amis de la fondation dans plus de 70 départements. Elle met au premier plan le travail de recherche et d’historiographie en lien avec les universités, avec les archives publiques, mais aussi les institutions représentatives de la République. C’est dans ce cadre qu’a été noué avec le Conseil économique, social et environnemental (Cese) un partenariat autour de la thématique « Mémoire et vigilance ». C’est dans ce contexte qu’est préparée une exposition sur le retour des déportés qui se tiendra à la fin du mois d’avril. En somme, la mémoire de la déportation, dans sa globalité et sa diversité, reste, en France notamment, d’une grande actualité.

(1) Voir la revue En jeu, histoire et mémoires vivantes, Transmettre la criminalité de masse du nazisme, des mémoires à inscrire dans l’histoire. Juin 2018, Presses universitaires du septentrion.
Serge Wolikow Historien
L'Humanité - 27 janvier : dossier sur les 75 ans de la libération d'Auschwitz avec une interview de Beate et Serge Klarsfeld
Beate et Serge Klarsfeld, lanceurs d’alerte contre l’oubli

Elle gifla un chancelier ancien nazi. Il dressa le mémorial des 76 000 juifs déportés de France, dont 11 000 enfants. Depuis plus d’un demi-siècle, ce couple franco-allemand n’a jamais laissé vieillir en paix les criminels nazis impunis.

 

Il y a soixante-quinze ans, Auschwitz-Birkenau était libéré par l’Armée rouge. Le monde découvrait la réalité de la Shoah et l’extermination de 6 millions de juifs. Toutes les leçons ont-elles été tirées, ou bien la bête immonde peut-elle encore renaître de ses cendres ?

 

Serge Klarsfeld

Aujourd’hui, il y a une extraordinaire connaissance de la Shoah, des dizaines de milliers de livres, de thèses, des centres de documentation puissants et des mémoriaux dans de nombreux pays. De ce point de vue, je ne suis pas inquiet. Le problème est plutôt l’environnement politique, qui fait que dans certains pays la transmission de la Shoah peut être gommée ou sabotée si l’extrême droite vient au pouvoir. Elle était à 2 % il y a cinquante ans et est aujourd’hui entre 30 % et 40 % dans certains pays, ce qui constitue une menace. Il y a ce risque en France, avec celui de voir la réhabilitation de Pétain et la négation de ce qu’il s’est passé. C’est un danger immense : il ne faut surtout pas oublier qu’il y a eu faillite de l’homme avec la Shoah.

 

La transmission de la mémoire du crime le plus effroyable du XXe siècle se pose donc en termes nouveaux. Comment faire vivre ce devoir de mémoire une fois que les derniers survivants auront disparu ?

Serge Klarsfeld Bien que 3 millions de personnes viennent chaque année à Auschwitz, nous avons une inquiétude quant à l’état d’esprit des nouvelles générations, puisqu’elles n’ont pas connu la guerre et considèrent comme acquis ce que nous considérons comme un miracle : les libertés, la justice, la protection sociale, les droits de l’homme. Les Européens sont face à un choix : soit conserver les valeurs de l’Union européenne, soit devenir une sorte de forteresse d’extrême droite, avec chaque pays qui se replie et une situation qui nous rappelle les années 1930. La transmission de la mémoire de la Shoah doit ici aller au-delà des dates et des faits. Il faut tirer les conséquences et s’engager. Si l’on reste passif, cela ne sert à rien d’emmagasiner des connaissances. C’est une question d’éducation. Les enfants vont au Mémorial de la Shoah, les policiers y vont, les juges y vont, mais qu’en retirent-ils ? Est-ce que cela retient le bras du policier lors d’une manifestation ? Dans des pays comme la France et l’Allemagne, beaucoup a été fait : des films, des livres, des documentaires, des manuels scolaires… Mais dans ces deux pays beaucoup votent pour le RN et l’AfD.

Comment expliquer qu’après la Shoah l’antisémitisme et le racisme n’aient pas disparu ? Des réécritures de l’Histoire se font également : après la Pologne, la Lituanie a adopté une loi exonérant les dirigeants de ce pays d’une quelconque responsabilité dans la Shoah, et Horthy est réhabilité en Hongrie…

Serge Klarsfeld Quand vous avez une vie bouleversée, sans ressources, sans éducation, vous êtes une proie facile pour les démagogues. Certains, en difficulté, se laissent aller à la haine antijuive et à la haine de l’autre. Et à des votes nationalistes. Près de 95 % des juifs de Lituanie ont été assassinés et 90 % des juifs de Pologne, parce que l’antisémitisme y était très vivace : il y avait des pogroms, des populations hostiles qui considéraient les juifs comme des éléments tout à fait étrangers. Il ne faut pas masquer cette histoire et les responsabilités des gouvernements. En France, la loi Gayssot protège heureusement les juifs contre la contestation des crimes contre l’humanité. Mais les réseaux sociaux font que cela est contourné : auparavant les négationnistes et les révisionnistes pouvaient envoyer dix ou vingt lettres anonymes. Sur les réseaux sociaux, il leur est aujourd’hui possible d’en envoyer des milliers d’un seul coup. Ils y trouvent un espace immense où s’exprimer.

Vous avez œuvré à la reconnaissance de la responsabilité de la France dans la déportation des juifs, ce qui a mené au discours du 16 juillet 1995 par le président de la République Jacques Chirac. Est-il primordial à vos yeux ?

Serge Klarsfeld Oui. Chirac était un enfant pendant la guerre. Il a vu deux France s’affronter durant le conflit : celle du maréchal Pétain et celle du général de Gaulle et de la Résistance intérieure. Il était pour lui normal de le reconnaître. De Gaulle considérait qu’il n’y avait qu’une seule France, la France résistante qui s’incarnait en lui. Mais ce n’était pas vrai : il y a eu la bataille de Bir-Hakeim au mois de juin, c’était la France libre, et il y a eu la rafle du Vél’d’Hiv un mois plus tard, c’était la France de Pétain. Deux France s’opposaient. C’est la France chevaleresque qui a gagné mais les actes commis par le Pétain et par Pierre Laval l’étaient aussi au nom de la France. C’est ce qu’a reconnu Chirac, qui, enfant, voyait accroché en classe le portrait de Pétain. Mais demain Le Pen serait élue qu’elle dirait le contraire. Elle reprendrait les mensonges éhontés de Zemmour, selon lequel, devant la menace d’arrêter les Français juifs, Pétain aurait eu le « courage » d’assumer l’arrestation par la police française des familles juives étrangères et de leurs enfants français.

Serge Klarsfeld, l’immense travail que vous avez accompli en établissant la liste des 76 000 juifs déportés depuis la France a contribué à l’établissement de la vérité sur la Shoah. Un combat opiniâtre auquel vous avez consacré votre vie…

Serge Klarsfeld J’ai commencé cette liste quand nous menions campagne pour faire juger les criminels nazis qui avaient organisé la déportation en France. Je me suis dit qu’il fallait que tout le monde soit au procès, et tout le monde y était à travers le livre le Mémorial de la déportation des juifs de France. On avait des centaines de parties civiles vivantes, et avec ce livre, tous les assassinés, avec le nom, la date et le lieu de naissance de chaque déporté, convoi par convoi, ce qui n’avait pas été fait jusque-là. J’ai également réalisé le Mémorial des enfants. Nous avons retrouvé plus de 5 000 photos des 11 400 enfants qui ont été déportés, avec un dossier pour chacun, pour expliquer où il a été arrêté, dans quelle commune, à quelle rue, son état civil, son acte de naissance pour 8 000 d’entre eux. C’était indispensable. Ce sont trente à quarante années de recherches pour établir cette liste et rétablir les arbres généalogiques et l’unité des familles, souvent séparées dans différents convois. Dans Vichy-Auschwitz, j’ai enfin mis en lumière d’un côté le rôle essentiel de Vichy dans la déportation et de l’autre le rôle celui de la population française, qui a dans sa majorité réagi tout à fait positivement et aidé les trois quarts des juifs français à survivre.

Parallèlement, vous avez tous deux sans cesse dénoncé que d’anciens nazis et d’anciens collaborateurs soient protégés et continuent dans certains cas à exercer les plus hautes fonctions. Que Maurice Papon soit préfet de police, que Kurt Waldheim soit secrétaire général des Nations unies, cela apparaît impensable aujourd’hui…

Serge Klarsfeld Pendant les années 1950 et 1960, nombre d’anciens nazis sont restés ou revenus dans les sphères du pouvoir. En France, une grande partie de l’administration préfectorale a été relancée par de Gaulle. On a fermé les yeux sur l’action antijuive. Beaucoup moins sur l’action antirésistante, parce que les résistants qui revenaient étaient en mesure de protester. Les familles juives étaient décimées, abattues, et elles n’ont pas pu obtenir le jugement de tous les préfets en poste en 1942, qui ont tous arrêté les juifs sauf celui de Corse. C’est pourquoi le procès Papon était important, parce que c’est le procès de l’obéissance aux instructions reçues du gouvernement de Vichy.

Beate Klarsfeld, la gifle que vous avez administrée au chancelier Konrad Kiesinger en 1968 en lui lançant « Nazi ! Démissionne ! » a été retentissante. Ce fut une gifle à tous les nazis qui campaient dans l’appareil d’État de la République fédérale. Aviez-vous alors conscience de la portée historique de ce geste ? Vous êtes restée une conscience pour les antifascistes, au point qu’en 2012 le parti de la gauche allemande Die Linke vous a soutenue comme candidate pour la présidence fédérale…

 

Beate Klarsfeld

Cette gifle, c’était un acte symbolique, c’était la jeunesse allemande qui giflait la génération des parents qui étaient des nazis. On m’a reproché la violence du geste mais imposer aux jeunes un propagandiste nazi comme chancelier, c’était cela la vraie violence. J’ai eu comme condamnation un an de prison ferme, sans sursis. Étant donné que j’étais française, cela a été révisé. Mais le retentissement a été international. L’écrivain allemand Heinrich Böll m’a envoyé cinquante roses pour me remercier. On a compris immédiatement que c’était un acte historique. D’ailleurs Serge m’a dit : « Jamais plus tu ne feras quelque chose d’aussi historique ! »

 

Vous avez milité sans relâche pour l’extradition de tous les criminels nazis protégés par des dictateurs dans le monde entier…

Beate Klarsfeld Alois Brunner était protégé en Syrie par Assad, Klaus Barbie en Bolivie par le dictateur Hugo Banzer, au Chili Pinochet faisait de même, tout comme Peron en Argentine. J’ai manifesté partout, et j’ai recherché Joseph Mengele au Paraguay. Les dictatures protégeaient les criminels nazis. Mais, en Allemagne aussi, des cadres qui prenaient les décisions ont été protégés. Aujourd’hui, l’Allemagne juge encore des subalternes qui étaient tout jeunes à l’époque alors qu’elle n’a pas jugé dans les années 1960-1970 des grands criminels qui auraient dû l’être… Mais nous avons œuvré aux condamnations d’Herbert Hagen et de Kurt Lischka. Nous n’avons jamais accusé personne sans preuve. Et nous nous sommes mobilisés, sans nous résigner, pour obliger la société politique allemande à faire ce qu’elle devait faire, c’est-à-dire mettre un terme aux conventions qui pouvaient protéger des criminels et mener à bien des procès.

Entretien réalisé par Jean-Paul Piérot et Aurélien Soucheyre

Une gifle à tous les nazis

Exposée au-dessus de la vaste table de travail de Beate et Serge Klarsfeld, la première page du Berliner Morgenpost du 8 novembre 1968 annonçant la gifle la plus célèbre de l’histoire allemande. Une jeune femme de 30 ans a souffleté en public le chancelier fédéral Konrad Kiesinger, ancien nazi, lors du congrès de son parti, la CDU. La jeune militante est née à Berlin en 1939, dans une famille ordinaire, son père a fait la guerre dans la Wehrmacht comme comptable de son régiment. Depuis 1960 elle vit en France, a épousé en 1963 un Français juif, Serge Klarsfeld. Jeune avocat, né à Bucarest en 1935, il a échappé, enfant, à la déportation en 1943, lors de l’arrestation de son père qui mourra à Auschwitz. Après Kiesinger, ils s’attaquent à Ernst Aschenbach, qui fut l’adjoint d’Otto Abetz pendant l’occupation en France et qui pose sa candidature en 1970, au nom du FDP, à un poste de commissaire européen. Le couple milite contre l’impunité des criminels nazis, Lischka, Hagen, Heinrichson, Barbie. Ils font campagne contre Kurt Waldheim, qui sévit contre la Résistance yougoslave pendant la guerre, ce qui ne l’empêcha pas d’être nommé secrétaire général de l’ONU, puis président de l’Autriche. Beate et Serge Klarsfeld sont à l’origine des poursuites contre René Bousquet, Maurice Papon, Jean Leguay et Paul Touvier. En 1979, Serge Klarsfeld fonde l’association Fils et filles de déportés juifs de France. Il a réalisé le Mémorial de la déportation des juifs de France à partir de la liste des 76 000 déportés. Il rédige le Mémorial des enfants et tente de retrouver photo et identité des quelque 11 000 enfants envoyés à la mort.

En Pologne, parler de collaboration est passible de poursuites
Lundi, 27 Janvier, 2020

L’État polonais entend garder son récit national. Aucune collaboration n’a été commise, les crimes de la Shoah ne sont l’œuvre que des forces nazies. Celui qui dit le contraire peut faire l’objet de poursuites.

 

Des survivants de l’Holocauste et une soixantaine de chefs d’État et de gouvernement seront ce lundi à Auschwitz pour célébrer le 75e anniversaire de la libération du camp de concentration et d’extermination nazi. À la veille de ces célébrations, le président polonais s’est fendu d’une pleine page dans le Figaro du 23 janvier au nom d’« une mémoire qui ne doit pas mourir ». Il ose affirmer qu’il est « défendu de dénaturer » et « d’instrumentaliser » la mémoire de la Shoah pour quelque motif que ce soit. Des déclarations surprenantes de la part d’Andrzej Duda, candidat à un second mandat pour le parti Droit et Justice (PiS, extrême droite), et fervent défenseur d’une loi négationniste adoptée en 2018. Ce texte condamne l’usage du terme « camps de la mort polonais » et tout propos accusant « publiquement et contrairement aux faits, la nation ou l’État polonais de responsabilité ou de complicité dans les crimes nazis commis par le IIIe Reich, ou de tout autre crime de guerre, crime contre l’humanité ou crime contre la paix ».

Cette loi mémorielle prévoit des poursuites civiles qui visent aujourd’hui principalement des enseignants, chercheurs ou journalistes qui porteraient atteinte à la réputation de leur pays.

La Pologne a le plus grand nombre de justes parmi les nations

Pourquoi ce révisionnisme ? Depuis les victoires du PiS en 2005 et 2015, la droite et l’extrême droite insistent sur le roman national polonais, qui met essentiellement en avant le rôle de son mouvement de résistance et les souffrances immenses vécues par la population entre 1939 et 1945. Une réalité avec 6 millions de citoyens tués lors de la Seconde Guerre mondiale, dont 3 millions étaient juifs. La Pologne a également le plus grand nombre de justes parmi les nations : 6 863 Polonais, selon Yad Vashem, qui ont pu sauver 1 % des juifs polonais (30 000).

Mais ce récit est largement contesté par les travaux de nombreux historiens, notamment polonais, dans le sillage de Jan Tomasz Gross (les Voisins, la Peur, la Moisson) qui a travaillé sur l’assassinat des habitants juifs de la bourgade de Jedwabne, en juillet 1941, par leurs voisins polonais. Ces chercheurs ont démontré que les crimes allemands se sont déroulés dans la relative indifférence d’une partie des Polonais, gangrenés par un antisémitisme virulent, et grâce à des formes de participation, directe ou indirecte, des Polonais non juifs. 200 000 à 300 000 juifs ont été tués, non par la Wehrmacht et les Einsatzgruppen, mais par des collaborateurs, avancent-ils.

Cette historiographie suscite l’ire de la droite polonaise qui va jusqu’à menacer directement ces chercheurs. « Leurs visages apparaissent en une des hebdomadaires les plus radicaux comme des visages de criminels ; on réclame du gouvernement qu’il revoie la politique de financement de leurs instituts de recherche », explique Judith Lyon-Caen en avril 2019 dans « la Vie des idées ».

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 15:00

Juan Guaido à l’Élysée: la diplomatie Française 100% alignée sur l’administration américaine ! (PCF)

Dans le sillage des États-Unis, de Bruxelles et du sommet de Davos, Emmanuel Macron vient de recevoir comme un chef d’État, Juan Guaido, alors qu’il a été désavoué par les siens, le 5 Janvier dernier à l’assemblée nationale de son pays. L’opposition de droite lui a préféré Luis Parra, un député rival après un vote de l’Hémicycle à l’occasion du changement de présidence.

C’est au moment où Juan Guaido est de plus en plus fragilisé sur la scène internationale, tout comme dans son pays, que le président Macron met en avant celui qui représente aujourd’hui l’arrière-ban de l’extrême-droite latino-américaine, autoproclamé président au mépris du suffrage universel.

En soutenant Guaido, au mépris des questions de souveraineté nationale, Emmanuel Macron marque un pas de plus sur sa réelle idée de la démocratie et sa vision du rôle de la France à l’échelle internationale.

Par cet acte, il donne une image bien pitoyable et inquiétante de la fonction présidentielle. Il rabaisse la politique diplomatique de la France a un niveau rarement atteint.

Au lieu de mettre de l’huile sur le feu, notre diplomatie devrait favoriser le dialogue avec le pouvoir vénézuélien et respecter la souveraineté du peuple vénézuélien comme celle de tous les peuples d’Amérique Latine qui subissent l’impérialisme américain.

Parti Communiste Français,

Paris, le 27 Janvier 2020.

Juan Guaido à l’Élysée: la diplomatie Française 100% alignée sur l’administration américaine ! (PCF)
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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 08:37
Résumé du livre Babélio: Et si notre esprit fonctionnait encore quelques instants après notre mort biologique ? 10 minutes et 38 secondes exactement. C’est ce qui arrive à Leila, jeune prostituée brutalement assassinée dans une rue d’Istanbul. En attendant que l’on retrouve son corps, jeté par ses meurtriers dans une poubelle, ces quelques précieuses minutes sont pour elle l’occasion de se remémorer tous les événements qui l’ont conduite d’Anatolie jusqu’aux quartiers les plus mal famés de la ville. C’est ainsi que la romancière Elif Shafak retrace le parcours de cette jeune fille de bonne famille dont le destin a basculé et qu’elle nous raconte, à travers elle, l’histoire de tant d’autres femmes dans la Turquie d’aujourd’hui.

Résumé du livre Babélio: Et si notre esprit fonctionnait encore quelques instants après notre mort biologique ? 10 minutes et 38 secondes exactement. C’est ce qui arrive à Leila, jeune prostituée brutalement assassinée dans une rue d’Istanbul. En attendant que l’on retrouve son corps, jeté par ses meurtriers dans une poubelle, ces quelques précieuses minutes sont pour elle l’occasion de se remémorer tous les événements qui l’ont conduite d’Anatolie jusqu’aux quartiers les plus mal famés de la ville. C’est ainsi que la romancière Elif Shafak retrace le parcours de cette jeune fille de bonne famille dont le destin a basculé et qu’elle nous raconte, à travers elle, l’histoire de tant d’autres femmes dans la Turquie d’aujourd’hui.

Elif Shafak : « En Turquie, les droits des femmes n’ont cessé de régresser »
Jeudi, 23 Janvier, 2020

À l’occasion de la parution de 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange, la romancière turque Elif Shafak, qui vit à Londres, parle du combat des femmes et de la difficulté d’écrire dans un pays qui bafoue la démocratie.

 

Il faut beaucoup de talent et une grande confiance en la fiction pour commencer un roman par sa fin et la mort de son personnage principal. Portrait d’une femme libre dans une société patriarcale et autoritaire, 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange retrace la vie de Tequila Leila, une prostituée assassinée en 1990. Au plus près des sensations, Elif Shafak rend hommage à Istanbul à travers une galerie de personnages à la marge, unis par l’amitié et la solidarité.

Le roman est construit autour des 10 minutes et 38 secondes qui suivent la mort de Tequila Leila. Comment avez-vous eu cette idée ?

Elif Shafak J’ai lu avec intérêt des études scientifiques et médicales qui montrent une activité persistante du cerveau humain, dix minutes après que le cœur a cessé de battre. C’est très intrigant pour une romancière. Que se passe-t-il dans le cerveau ? Les morts se souviennent-ils ? Cela m’a donné la structure du livre. On sait dès le début que le personnage principal est mort. Son corps a été jeté dans une décharge, mais son cerveau fonctionne toujours et se souvient. Son histoire est reconstituée minute par minute.

Le livre s’appuie sur l’histoire vraie d’une vague de meurtres de prostituées à Istanbul en 1990…

Elif Shafak 1990 a été un tournant. À l’époque, il existait une loi qui réduisait la peine des violeurs s’ils arrivaient à prouver que leurs victimes étaient des prostituées. Dans la tête des législateurs, une prostituée ne pouvait pas être affectée par un viol, ni physiquement ni psychologiquement. Une forte mobilisation des femmes s’est élevée contre cette loi. Je crois que ça a été l’une des dernières victoires du mouvement des femmes en Turquie. Je voulais terminer là-dessus, car, depuis, les droits des femmes n’ont cessé de régresser à cause de l’accroissement du populisme, de l’autoritarisme, du nationalisme, de l’islamisme. Le sexisme, l’homophobie et le patriarcat n’ont fait qu’empirer. Les cas de violences faites aux femmes et le nombre de petites filles mariées de force ont augmenté. Il est urgent de changer les lois en Turquie.

Vos personnages sont des marginaux (prostituée, transgenre, immigré, révolutionnaire…), qui forment une famille de cœur. En avez-vous rencontré certains ?

Elif Shafak Ils sont inspirés par certaines personnes que j’ai rencontrées à Istanbul, où je me suis installée quand j’avais une vingtaine d’années. À la fin des années 1990, j’habitais rue Kazanci, près de la place Taksim. Historiquement, c’était un endroit peuplé par des minorités : des familles juives, des Arméniens, des Grecs, des chrétiens, mais beaucoup ont dû partir. Dans les années 1970, les minorités sexuelles s’y sont installées, puis en ont été chassées. Dans les années 1990, des artistes, des féministes y sont venus. J’avais pour voisins une vieille personne transgenre, un juif, un Grec, des gens issus de tous ces groupes qui avaient dû partir. Quand on vit dans une telle rue, on a le sentiment de tous être dans le même bateau. À Istanbul, rien n’est solide, tout est liquide. J’étais là-bas la nuit du tremblement de terre et je n’oublierai jamais cet épicier ultraconservateur qui ne parlait jamais aux gays, aux travestis. Quand nous sommes tous sortis dans la rue, ses mains tremblaient : il a ouvert un paquet de cigarettes et en a offert une à ma voisine transgenre, qui pleurait. Ils ont fumé l’un à côté de l’autre. Le lendemain, il a de nouveau refusé de lui parler, mais pendant quelques heures, il a mis de côté ses préjugés. Istanbul regorge d’histoires comme celle-là.

Vous abordez la question arménienne à travers la figure du grand-père de votre héroïne qui a collaboré avec le gouvernement contre les Arméniens…

Elif Shafak Beaucoup d’histoires que je raconte sont vraies. C’est toujours très difficile de parler du passé en Turquie, mais nous devons le faire. Quand j’ai écrit la Bâtarde d’Istanbul, en 2006, on m’a fait un procès. Ce roman, qui met en scène une famille turque et une famille arméno-américaine, parle de la mémoire, de l’amnésie et du génocide arménien. Quand il est sorti, des groupes nationalistes sont descendus dans la rue en crachant sur ma photo, en brûlant des drapeaux européens. Le procès s’est poursuivi pendant un an, j’étais enceinte à ce moment-là. C’était surréaliste car, pour la première fois, une œuvre de fiction était poursuivie en justice au motif qu’elle portait atteinte à l’identité turque. Mon avocat turc a dû défendre mon personnage de fiction arménien devant le tribunal. Au bout d’un an, mon personnage et moi avons été acquittés. J’aimerais vous dire que la situation s’est améliorée depuis, mais c’est loin d’être le cas. Cette année, mon travail a fait l’objet d’une enquête, menée par des procureurs, cette fois pour un soi-disant crime d’obscénité, parce que j’avais écrit sur des violences sexuelles, des discriminations de genre, des enfants maltraités. Ils ne veulent pas que les romanciers écrivent sur ces sujets.

Est-ce pour ces raisons que vous êtes partie vivre en Angleterre ?

Elif Shafak Je suis partie au Royaume-Uni il y a onze ans. Bien sûr, je suis très attachée à la Turquie, mais c’est devenu très compliqué pour les écrivains, les journalistes, les universitaires. Il est difficile d’écrire non seulement sur les tabous politiques, mais aussi sur la sexualité, sur les questions de genre. Dans un pays où la démocratie n’existe pas, l’espace de l’art et de la littérature se rétrécit.

Quand et comment avez-vous commencé à écrire ?

Elif Shafak J’ai commencé vers 8 ans. Je ne pensais pas devenir écrivain, mais je trouvais la vie très ennuyeuse. Je suis née à Strasbourg, et la première maison où j’ai vécu était pleine d’immigrés, d’étudiants de gauche qui fumaient des Gauloises, qui parlaient d’Althusser, de Sartre (plus que de Simone de Beauvoir), de la révolution… C’était un environnement très à gauche. Et puis, mes parents se sont séparés, mon père est resté en France et ma mère m’a emmenée en Turquie. Nous sommes allés vivre chez ma grand-mère, à Ankara, dans un environnement très patriarcal et conservateur. Nous n’avons pas pu nous y adapter parce que ma mère était une jeune divorcée, une mère célibataire. Ma grand-mère m’a élevée jusqu’à mes 10 ans. Pendant ce temps, ma mère est revenue à l’université, elle a appris les langues, est devenue professeure, puis diplomate, et ensemble nous avons beaucoup voyagé. J’étais suffisamment turque pour comprendre la culture, mais j’étais aussi à l’extérieur, au bord de la société. Les livres sont devenus mes meilleurs amis et l’écriture était presque un besoin vital.

Pourquoi écrivez-vous aujourd’hui en anglais ?

Elif Shafak J’ai écrit mes premiers romans en turc, puis je suis passée à l’anglais, il y a quinze ans. L’anglais m’a donné un autre espace, une autre zone de créativité. Je n’étais pas bilingue et il y a toujours un fossé entre le cerveau et la langue. Mais il ne faut pas se laisser intimider. Chaque nouvelle langue nous donne une couche supplémentaire de liberté. Quand j’écrivais en turc, j’essayais toujours de repousser les frontières de la langue car elle a été « turquifiée » et a rétréci. Certains mots ont été enlevés parce qu’ils n’étaient pas assez turcs. Nous avons perdu beaucoup de mots de vocabulaire. Si je veux parler du chagrin, de la mélancolie, c’est plus simple pour moi de l’exprimer en turc, mais si je veux exprimer l’humour, l’ironie, la satire, l’anglais est plus adapté. Je ne crois pas que nous, les Turcs, soyons très doués pour l’ironie.

L'Humanité - entretien de Sophie Joubert avec la grande romancière turque Elif Shafak: En Turquie, les droits des femmes n'ont cessé de régresser
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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 05:45
Vues sur des colonies juives israéliennes dans la vieille ville d'Hébron

Vues sur des colonies juives israéliennes dans la vieille ville d'Hébron

Proche-orient. La Palestine a besoin de remettre les choses en l’État
Jeudi, 23 Janvier, 2020

Emmanuel Macron a rencontré Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas. Il parle d’antisémitisme pour qui nierait l’existence d’Israël comme État mais refuse toujours d’en reconnaître un pour les Palestiniens.

 

Présent en Israël pour la commémoration organisée à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, Emmanuel Macron a rencontré, hier, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, puis, à Ramallah, en Cisjordanie, le président palestinien, Mahmoud Abbas. Une façon pour le président français de respecter l’habituel équilibre voulu par Paris, qui veut qu’à une rencontre avec l’un s’ajoute une discussion avec l’autre. Il a pourtant semblé qu’un vent d’instrumentalisation soufflait au moment de ses entrevues israéliennes, d’abord avec son homologue Reuven Rivlin, puis avec Netanyahou. Ainsi, Rivlin a salué les efforts français pour juguler l’antisémitisme, dont la loi récemment votée par le Parlement assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme. Netanyahou y est allé encore plus franchement, affirmant que la menace nazie d’antan porte aujourd’hui un autre nom : celui de l’Iran, car la République islamique menace, par son programme nucléaire et balistique dit-il, l’existence même d’Israël. C’est là le fond de la nouvelle construction politique et diplomatique israélienne que Tel-Aviv impose, et sur son propre territoire avec la loi de l’État-nation du peuple juif votée en 2018, et à l’extérieur, les représentants israéliens se voulant ceux des juifs partout dans le monde. C’est ce qu’avait avalisé Emmanuel Macron lorsqu’en 2017 il avait invité Netanyahou aux commémorations de la rafle du Vél’d’Hiv.

La « négation » de l’existence d’Israël comme État est une nouvelle forme d’antisémitisme, a redit Emmanuel Macron. Et qu’est-ce que la négation de l’existence de la Palestine comme État ? La question n’a pas été posée, elle reste pourtant centrale alors que le processus de paix – si on peut encore parler de processus, voire de paix – est au point mort. Pour preuve, le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne n’a plus abordé ce problème depuis janvier 2018. Deux ans pendant lesquels il s’est pourtant passé beaucoup de choses qui ne relèvent plus seulement de la « politique du fait accompli », comme l’affirme l’Élysée à propos de la colonisation, tout en promettant pour les commémorations de ce jour, au mémorial de Yad Vashem un discours musclé contre l’antisémitisme.

En deux ans, les États-Unis ont accepté l’annexion du plateau du Golan syrien par Israël, reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et pensent que le processus de colonisation n’est pas contraire au droit international. Pour parachever le tout, le « plan du siècle » est présenté comme la panacée. Même s’il tarde à être présenté, on peut présumer qu’il s’agit surtout d’en finir avec la revendication palestinienne d’un État, le tout avec la complicité de la plupart des pays arabes.

Si l’on en croit le quotidien israélien Haaretz, Benyamin Netanyahou et Emmanuel Macron ont abordé, lors de leur entretien, les questions de l’Iran, du Liban, du Hezbollah ainsi que des développements en Libye à la lueur de l’intervention turque. Et la Palestine ? Sans doute l’ont-ils évoquée – comment faire autrement ? – mais on ne saura pas en quels termes. Le premier ministre israélien ne cache pourtant pas son intention d’annexer toute la vallée du Jourdain et quasiment 80 % de la Cisjordanie. Le président français aurait pourtant gagné, quelques heures avant son déplacement à Ramallah, à reprendre publiquement et à son compte les déclarations du représentant permanent de la France auprès des Nations unies.

« Les paramètres d’un règlement du conflit sont connus »

Nicolas de Rivière s’exprimait ainsi mardi devant le Conseil de sécurité : « La France appelle à relancer d’urgence un processus de paix crédible, alors que la détérioration de la situation sur le terrain constitue une source d’instabilité majeure. Nous le voyons notamment à Gaza, où la situation humanitaire est désastreuse (…), ainsi qu’à Jérusalem, où les démolitions, les expropriations et les atteintes au statu quo des Lieux saints se multiplient. » Le diplomate français poursuit en ces termes : « Les paramètres d’un règlement du conflit sont connus, des frontières basées sur les lignes du 4 juin 1967, avec des échanges agréés de territoires équivalents, négociés par les parties ; une solution juste, équitable et agréée au problème des réfugiés ; Jérusalem comme capitale des deux États ; des arrangements de sécurité qui permettent aux deux États de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité. C’est sur cette base agréée par la communauté internationale que doivent reprendre sans plus attendre les négociations entre les deux parties afin d’en fixer la mise en œuvre. Il serait illusoire et dangereux de croire qu’une solution qui s’affranchirait de ces paramètres serait susceptible d’apporter une stabilité durable à la région, en premier lieu pour Israël. »

Les Palestiniens ont saisi la Cour pénale internationale

On voudrait penser que Nicolas de Rivière exprime là la position officielle de la France. La ligne de conduite qui vaut autant pour le président de la République que pour son ministre des Affaires étrangères. Pourtant, Emmanuel Macron semble s’en affranchir en expliquant : « Il ne s’agit pas pour la France aujourd’hui d’arriver avec une proposition sur la table, j’ai compris que d’autres en avaient, parfois attendues depuis longtemps. Quelque processus de paix que ce soit n’est possible que si les parties en présence veulent bâtir la paix, alors la France aidera et dans le rôle qui doit être le sien et sera le sien. »

À Ramallah, il est allé redire à Mahmoud Abbas son penchant pour la solution à deux États. Mais il ne fait aucun geste dans ce sens. Il a pourtant à sa disposition une mesure que redoute le gouvernement israélien : la reconnaissance officielle de l’État de Palestine. Alors que les Palestiniens ont saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour enquêter sur d’éventuels crimes de guerre commis par Israël, Tel-Aviv argue que, la Palestine n’étant pas un État, elle ne peut pas se tourner vers la CPI !

Au sein de l’Union européenne, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, demande en vain que la question de la reconnaissance de l’État de Palestine soit discutée. Un diplomate européen affirme d’ailleurs que si la France accédait à cette reconnaissance « au moins six ou sept pays européens suivraient immédiatement ». Ce serait également un changement total pour l’examen de la question palestinienne. Il s’agirait alors de discussions entre deux États souverains, dont une partie du territoire de l’un est occupée par l’autre. Ce qui ne manquerait pas d’alimenter les débats en comparaison avec l’annexion de la Crimée par la Russie et la batterie de sanctions économiques prises par l’Union européenne à l’égard de Moscou. Outre la notion de justice – 72 ans après, les Palestiniens attendent leur État alors que celui d’Israël existe –, on voit bien qu’aujourd’hui seule une reconnaissance officielle pourrait mettre en échec la stratégie israélo-américaine de la force comme argument décisif en lieu et place du droit international. Encore faut-il le vouloir.

Pierre Barbancey
Proche-orient. La Palestine a besoin de remettre les choses en l’État - L'Humanité, Pierre Barbancey - et lettre ouverte du poète gazaoui Ziad Medoukh à Emmanuel Macron
N’est-il pas temps, pour la France, de reconnaître l’État de Palestine ?
Jeudi, 23 Janvier, 2020 - L'Humanité

Lettre ouverte au président Emmanuel Macron par Ziad Medoukh Universitaire, poète et citoyen de Gaza (Palestine)

Monsieur le Président,

Je vous adresse cette lettre, non pas en tant que professeur de français au département de français à l’université de Gaza (…) ni en tant que chercheur universitaire ou bien encore comme écrivain poète d’expression française, je vous écris en tant que simple citoyen palestinien qui vit le blocus, la souffrance et l’horreur dans cette prison à ciel ouvert de Gaza (…).

Mais un Palestinien souvent bloqué dans sa ville et empêché de sortir de sa cage pour participer à des conférences et colloques universitaires dans des pays francophones à cause du blocus impitoyable et ses fermetures des frontières qui relient la bande de Gaza à l’extérieur.

Un Palestinien qui garde espoir d’un lendemain meilleur, un lendemain de paix et de justice, et qui a décidé de rester très attaché à son pays et à sa ville natale, aux côtés de ces jeunes et ces enfants afin de les soutenir (…).

Un Palestinien qui a décidé de résister contre les mesures atroces de l’occupation par l’éducation et par l’enseignement de cette si belle langue : le français. Un Palestinien très attaché aux principes de démocratie, de liberté et des droits de l’homme, (…) inspirés de la Révolution française (…).

Les Palestiniens comptent beaucoup sur la France et sur l’Europe pour relancer le processus de paix en plein échec, à l’agonie plus exactement. Un processus de paix commencé à Oslo en 1993, alors que vingt-sept ans après les Palestiniens n’ont rien obtenu, bien au contraire, et ils voient leurs terres volées et colonisées jour après jour.

Je vous écris cette lettre au nom des enfants de Gaza qui sont privés de leurs loisirs et de la simple joie, des enfants qui apprennent dans des écoles et des classes détruites par les différentes agressions israéliennes. Même leurs rares centres culturels sont quasiment tous détruits suite à des bombardements israéliens.

Je vous adresse cette lettre au nom des jeunes Palestiniens qui ont entre 20 et 25 ans et qui n’ont jamais quitté leur ville ; des jeunes désespérés et qui souffrent du chômage, du blocus, et de l’absence de perspectives pour l’avenir.

Je vous envoie cette lettre au nom de ces familles palestiniennes en Cisjordanie qui souffrent de la colonisation, du mur de l’apartheid, des check-points de l’armée de l’occupation, et qui malgré tout cela envoient leurs enfants à l’école.

Je vous adresse cette lettre au nom des mères des enfants et jeunes palestiniens tués tous les jours soit en Cisjordanie, soit dans la bande de Gaza par les tirs de l’armée israélienne ; au nom des mères qui ne trouvent personne pour effacer leurs larmes ou clamer leur colère.

Soixante-douze ans après la décision de l’ONU, nous sommes encore et toujours occupés, humiliés et privés de nos droits. Le temps n’est-il pas venu, Monsieur le président, d’instaurer la justice dans notre région ?

(…) Le temps n’est-il pas venu pour que la France prenne une décision courageuse pour dire non à l’injustice, à l’oppression, et pour mettre fin à l’occupation ?

Aidez-nous, Monsieur le Président, par une décision courageuse, qui va sans doute encourager d’autres pays européens qui bougent sur ce sujet, à reconnaître notre État afin d’aider à mettre fin à la souffrance de toute une population civile et à réaliser les espérances et les revendications de tout un peuple.

Nous demandons un geste politique fort et utile à la France : nous lui demandons la reconnaissance de l’État de Palestine. Nous demandons de la France une décision pour la justice, car nous croyons qu’elle a une voie singulière à exprimer dans notre région.

Nous sommes pour une paix juste et durable, une paix qui passera avant tout par l’application des décisions internationales et par la création d’un État palestinien libre et indépendant.

Béthléeem

Béthléeem

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22 janvier 2020 3 22 /01 /janvier /2020 11:58
Carhaix. Maha Hassan vient porter la voix des Syriens (Ouest-France Carhaix, Anaëlle Berre, 22 janvier 2020)
Carhaix. Maha Hassan vient porter la voix des Syriens

Dans le cadre de la projection du film Pour Sama, le Grand Bleu invite l’autrice et journaliste Maha Hassan, originaire de Syrie, installée en France depuis 2004, pour un échange avec les spectateurs.

Ce jeudi, le cinéma le Grand Bleu projette, en partenariat avec Amnesty international, le film Pour Sama, de Waad Al-Kateab. Un film qui sera suivi d’un échange avec la journaliste et romancière Maha Hassan. Kurdo-Syrienne, l’autrice est arrivée en France, comme réfugiée politique d’abord, en 2004. Aujourd’hui Française, habitante de Morlaix, elle n’a de cesse de porter la voix du peuple syrien.

L’exil

Elle parle de l’exil, d’abord. «La souffrance» de tout quitter, de se « sentir comme un vagabond, sans avoir vraiment de pays. On n’est nulle part ». C’était d’ailleurs le thème du premier roman qu’elle a écrit en France, Cordon ombilical. La France c’est aussi le pays qui lui a donné « la liberté, le courage et la confiance de publier librement, ce que je ne pouvais pas faire en Syrie ».

L’intégration

Et puis Maha Hassan parle aussi de l’intégration, « un pacte qui doit se faire des deux côtés, rappelle-t-elle. En France, je me suis rendu compte qu’être Française sur le papier ne donne pas forcément le droit de se sentir l’égale au regard des autres… »

La guerre en Syrie

Sa parole, ses mots, elle les utilise aussi pour parler de la guerre. La guerre en Syrie. « En France, on voit encore Bachar Al-Assad comme un défenseur de la laïcité, mais c’est faux. Cette guerre, c’est une guerre contre le peuple syrien, et le peuple syrien, on ne l’entend pas ».

Pour Sama

Elle interviendra ce jeudi à Carhaix, au cinéma, après la projection du film Pour Sama. Une œuvre réalisée par Waad Al-Kateab, femme et journaliste syrienne. Elle a filmé le quotidien de la vie à Alep, pendant la guerre, avec en toile de fond ce questionnement qui tiraille : faut-il partir ? « C’est une voix honnête qu’elle porte, et qu’il faut entendre. Un petit exemple qui montre ce qu’est la vie pendant la guerre en Syrie. Qui rappelle que quand on part, ce n’est pas par plaisir », détaille Maha Hassan.

Ce jeudi 23 janvier, à 20 h, au cinéma le Grand Bleu.

Carhaix. Maha Hassan vient porter la voix des Syriens (Ouest-France Carhaix, Anaëlle Berre, 22 janvier 2020)
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19 janvier 2020 7 19 /01 /janvier /2020 17:50
[Espagne, une qualité d’engagement salué par la presse. Ouest-France 15 janvier 2020 ]

[Espagne, une qualité d’engagement salué par la presse. Ouest-France 15 janvier 2020 ]

L’homme du jour. Alberto Garzon
Mardi, 14 Janvier, 2020 - L'Humanité

Le ministre des humbles

Alberto Garzon assistera ce mardi à son premier Conseil des ministres. Le coordinateur d’Izquierda Unida, élu pour la première fois député en 2011 après avoir participé au mouvement des Indignés, siégera ainsi aux côtés d’une autre communiste, la Galicienne Yolanda Diaz, et de ses partenaires de Podemos, dont Pablo Iglesias et Irene Montero, au sein d’un gouvernement de coalition de gauche dirigé par le socialiste Pedro Sanchez. Un événement politique majeur en Espagne. Aucun communiste n’avait intégré une telle instance depuis la Seconde République, à la suite de la victoire du Front populaire en 1936, lorsque Vicente Uribe et Jesus Hernandez étaient respectivement chargés de l’agriculture et de l’instruction publique. Alberto Garzon, qui s’est vu confier le portefeuille de la consommation, a prêté serment lundi, avec, épinglé sur le revers de sa veste, le triangle rouge, symbole des prisonniers politiques durant la Seconde Guerre mondiale. « Le gouvernement de coalition va défendre la paix, la cohabitation et l’amélioration de la vie des familles travailleuses (…) c’est le début d’un moment historique », a déclaré le jeune homme de 34 ans, qui défend l’idée d’un « nouveau pays des humbles, avec les humbles et pour les humbles ». La présence de communistes à l’exécutif a réveillé des fantasmes rances. L’Église catholique, qui fut l’un des piliers du franquisme, a appelé à « prier pour l’Espagne », tandis qu’un obscur eurodéputé de Vox (extrême droite) s’est tourné vers l’armée pour qu’elle remette de l’ordre dans les affaires du pays. La peur du rouge a encore de beaux restes.

Cathy Dos Santos
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19 janvier 2020 7 19 /01 /janvier /2020 17:47
Shoah : la Lituanie réécrit l’histoire et ses crimes
Vendredi, 17 Janvier, 2020

La Lituanie entend présenter une loi qui exonère la participation du pays et de ses dirigeants dans la Shoah. Au moins 200 000 juifs ont été tués.

 

Le révisionnisme est-il en train de s’imposer en Europe de l’Est ? Des gouvernements de plus en plus nombreux réécrivent totalement l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de la participation de leur pays à l’extermination des juifs. C’est au tour de la Lituanie de rejoindre ce mouvement négationniste. Ce pays de 2,7 millions d’habitants, frontalier de la Pologne, a vu son gouvernement déposer la semaine passée un projet de loi qui a pour intitulé : « L’État lituanien, qui a été occupé de 1940 à 1990, n’a pas participé à la Shoah ». Le texte stipule que « ni la Lituanie ni ses dirigeants n’ont participé au génocide ».

 

Une démarche révisionniste inspirée de la Pologne

Cette initiative a profondément choqué les survivants de la Shoah et les historiens qui travaillent sur le sujet. Entre 1940 et 1945, les juifs de Lituanie ont été quasiment tous exterminés. « Plus de 95 % sur les 250 000 qui y vivaient », rappellent de nombreux centres de recherche sur la Shoah et mémoriaux. La Lituanie apparaît comme le cas le plus caricatural, avec la Pologne. « Bien évidemment, les forces nazies ont commis l’essentiel de ces crimes mais elles ont reçu le soutien de collaborationnistes. Une série de pogroms ont été perpétrés uniquement par les fascistes lituaniens avant l’arrivée d’Einsatzgruppen allemands. Cet antisémitisme s’appuyait à l’époque sur l’accusation que les juifs étaient le pilier du système soviétique, les complices du pacte germano-sovié tique », explique le journaliste et historien Dominique Vidal.

Comment un gouvernement intervient directement pour réécrire l’histoire ? La paternité de ce projet revient au député Arunas Gumuliauskas, qui préside pour le Parlement lituanien la commission de la mémoire des luttes pour la liberté et de l’État. Ce proche du premier ministre Saulius Skvernelis a annoncé, le mois dernier, que sa commission supervisait l’écriture du texte. Une démarche révisionniste qui s’inspire directement de la Pologne. Il y a deux ans, le pays dirigé par un gouvernement ultranationaliste et xénophobe (parti Droit et Justice) avait adopté une loi similaire, déjà combattue par l’ensemble des historiens, des partis progressistes et de nombreux intellectuels. Le Parlement a encore voté une nouvelle législation qui prévoit d’attaquer en justice « ceux qui imputent au peuple polonais une complicité dans les crimes de l’Holocauste ». Elle interdit désormais d’évoquer l’implication des Polonais dans les crimes nazis, le pays étant sous occupation, selon ses dirigeants. En 1945, 3 millions de juifs polonais – c’est-à-dire 90 % de la plus grande communauté juive au monde avant la guerre – ont été exterminés.

L’histoire sous la tutelle du pouvoir

En septembre, Arunas Gumuliauskas a donc organisé une rencontre avec des députés polonais sur la mémoire historique. Ce rendez-vous fut l’occasion pour lui d’exposer son projet. Le parlementaire, évoqua « un défi commun » pour les deux pays menacés, selon lui, par des forces prêtes à les renverser par « le prisme de la mémoire historique ». Il afficha clairement son soutien à la loi polonaise et affirma vouloir « promouvoir la coopération entre les historiens des deux pays, à la poursuite de buts communs ». Quelques semaines plus tard, dans un entretien dans la presse, Arunas Gumuliauskas précisait encore sa vision : « L’État lituanien n’a pas participé à l’Holocauste parce qu’il était occupé, tout comme la nation lituanienne n’a pas participé à l’Holocauste parce qu’elle était asservie. »

La rhétorique utilisée est exactement la même qu’en Pologne. Le gouvernement lituanien, dominé par des forces nationalistes et conservatrices, veut mettre l’Histoire sous la tutelle du pouvoir et blanchir le pays de ses crimes. « En Europe, l’amplitude de l’extermination des juifs en Pologne et en Lituanie ne se retrouve nulle part ailleurs. Les travaux du mémorial de la Shoah, Yad Vashem, démontrent de manière documentée une collaboration active. Elle n’est pas l’œuvre d’une majorité. En comparaison, la France, où l’État a collaboré et où vivaient 330 000 juifs, dont 75 000 d’entre eux ont été exterminés. La solidarité, le rôle de la Résistance, des justes, des communistes ont permis d’éviter le pire », rappelle Dominique Vidal. Le mémorial Yad Vashem (institut international pour la mémoire de la Shoah) décrit la Lituanie comme un cas à part, notant « l’enthousiasme » de son peuple pour la collaboration avec l’Allemagne. Lorsque cet enthousiasme « s’est apaisé… l’hostilité envers les juifs et la dénonciation ont persisté », indique le musée.

Une montée inquiétante du nationalisme

Le plus inquiétant dans ce type de loi reste l’impact éducatif. Des voix critiques s’élèvent contre cette réécriture, qui ne touchera pas forcément les historiens dont les travaux pourront être publiés ailleurs, mais bien l’enseignement de cette période dans les cursus scolaires. Il s’agit d’une tentative de blanchir les Lituaniens quant à leur participation dans le meurtre des juifs du pays par les nazis, condamne le Centre Simon Wiesenthal.

Ce négationnisme en Pologne et en Lituanie traduit une montée inquiétante du nationalisme en Europe de l’Est, où des forces obscurantistes tentent de faire passer la collaboration avec l’Allemagne nazie comme le moyen d’ « obtenir l’indépendance de l’Union soviétique ». L’occasion de faire passer des forces fascistes impliquées dans la Shoah pour des courants patriotiques mus par une volonté de « décommunisation ».

Vadim Kamenka
Shoah: après la Pologne... La Lituanie réécrit l'histoire et ses crimes - Vadim Kamenka, L'Humanité, 17 janvier 2020
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15 janvier 2020 3 15 /01 /janvier /2020 20:07
Jeudi 23 janvier à 20h30: Ciné-débat à La Salamandre: Le char et l'olivier, une autre histoire de la Palestine - avec le réalisateur Roland Nurier invité de l'AFPS et de la Salamandre
 
 
LE CHAR ET L'OLIVIER, UNE AUTRE HISTOIRE DE LA PALESTINE
A LA SALAMANDRE LE JEUDI 23 JANVIER à 20h 30
Morlaix, La Boissière (place de la Commune)

"Un documentaire fascinant de précision" dit la critique de Télérama. Et en effet celles et ceux qui l'ont vu comme tous les comptes rendus de projections sont unanimes : Le film est bon, très bon même !

"L'histoire de la Palestine, de son origine à aujourd'hui, loin de ce que les médias appellent le conflit israélo-palestinien. Experts internationaux, historiens, diplomates des Nations unies, juristes en Droit International mais aussi, témoignages de simples citoyens… Un éclairage primordial basé sur des éléments factuels incontestables, pour se débarrasser des clichés et idées reçues !"

Une critique piochée parmi beaucoup d'autres : "Quel film époustouflant de vérité. D'une pédagogie implacable. La première partie qui raconte l'histoire de la Palestine d'avant la création d’Israël nous éclaire intelligemment. Le rythme est parfait et pendant 1 H 40 on ne s'ennuie pas une seconde ! Je le conseille vraiment... Il faudra le montrer dans les Lycées ! Ce Documentaire changera probablement le regard de beaucoup de nos concitoyens. Courrez le voir : Télérama, La Croix, Politis, etc... avaient raison de le défendre, c'est LE film à voir sur cette thématique pour tout comprendre !"
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10 janvier 2020 5 10 /01 /janvier /2020 19:32
Gouvernement espagnol : un nouvel espoir pour les peuples d'Espagne (PCF)
Gouvernement espagnol : un nouvel espoir pour les peuples d'Espagne (PCF)
 
La constitution d'un gouvernement de coalition de gauche en Espagne, pour la première fois depuis le début de la transition démocratique post-franquiste met fin à de nombreuses années de gouvernement conservateur et néolibéral. Celui-ci a laissé le pays dans un état socialement exsangue et où les tensions politiques et nationales sont exacerbées par le réveil de l'autoritarisme hispaniste qui a ouvert la
voie à l'extrême-droite.
Le PCF salue fraternellement et chaleureusement la bataille menée par le Parti communiste d'Espagne et la Gauche Unie, au sein de la coalition Unidas Podemos, qui ont contraint le PSOE à conclure un programme de
gouvernement fondé sur la récupération des droits remis en cause par la droite : droit des travailleurs et des travailleuses, droit à l'éducation, droits des retraités, droit d'accès à l'énergie, droit d'expression et de réunion, droits des femmes, droits des LGBTI, pour une vaste réforme fiscale. Ce programme de gouvernement comporte le ferment d'importantes avancées pour les peuples et les nations
d'Espagne.
Le PCF salue la coalition Unidas Podemos et nos camarades du PCE et de la Gauche Unie Alberto Garzon et Yolanda Diaz, qui auront respectivement les portefeuilles de la consommation et du travail ausein du prochain gouvernement.
Une autre bataille majeure commence désormais : celle de faire respecter cet accord, celle de combattre partout la droite et l'extrême-droite revanchardes, celle de sortir le pays de la crise sociale et institutionnelle. L'intervention et les mobilisations populaires seront déterminantes pour faire respecter l'accord et imposer des choix en faveur des travailleurs. Cette bataille est aussi celle de la gauche européenne. Nos camarades espagnols de la Gauche Unie et du PCE pourront compter sur la solidarité constante et active des communistes français dans cette lutte.
 
Parti Communiste Français,
 
Paris, le 10 janvier 2019.
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